[TERMINE] Le temps passe trop vite...[Rév et Dragan]

Le soleil approchait de son zénith lorsque nous arrivâmes à Alëandir. Voila plusieurs semaines que nous étions, peut-être même un mois entier. La bataille à Alonna avait été violente et sanglante. Et par-dessus tout, elle avait apporté sont lots de surprise, notamment ces alliés que s’étaient trouvés les drows. Les Enfants du Chaos, voila comment ils se nommaient. D’après le peu que nous avions appris des défenseurs et des prisonniers drows, ces alliés seraient une sorte de secte, vouant un culte à un dieu unique, Chaos justement. Leurs motivations restaient sommes toutes obscures, mais il était indéniable qu’ils avaient des pouvoirs inconnus. Ce que nous savions aussi, c’est que c’est un assemblage hétéroclite qui compose leurs rangs. Des humains, des demi-elfes, beaucoup de demi-drows par contre. Rien d’étonnant si là-bas on ne les tue pas dès qu’on les voit. Il nous faudra être prudent à l’avenir, et garder un œil sur eux.

Un soupir s’échappe de mes lèvres tandis que je me rappelle à regret que je ne suis plus commandant. Dans quelques jours je serais couronné roi, et je devrais laisser définitivement le commandant des troupes à quelqu’un d’autre. Peut-être à Eth, mon vieil ami. Je ne vois que lui pour prendre la relève. Il fera un bon commandant. Je pourrais compter sur lui pour me tenir au courant de la situation.

Suivit des Aigles, je traverse la place Tyräl afin de me rendre au palais. Certaines personnes me reconnaissent, et louent le retour de leur régent. C’est étrange de se dire que je suis admiré pour ce rôle. Les gens rêvent donc tant que cela de me voir les gouverner ? J’espère que c’est ça, et non le fait qu’ils n’aient pas aimé être gouvernés par Aglarer. Je ne tolérerais pas de racisme à son encontre. Elle est ma fille, et bientôt sera leur princesse. Ils lui devront le respect du à son rang. Mais ce n’est pas tant le peuple que je crains, mais les nobles. Quoi qu’ils en disent elle sera princesse royale, et donc en ligne droite pour me succéder s’il m’arrivait quoi que ce soit. Voila pourquoi ils cherchent tant à me trouver une épouse. En prenant femme c’est elle qui sera la plus proche pour me succéder, et non plus ma fille. Seulement je ne suis pas prêt d’épouser qui que ce soit, ne leur en déplaise.

J’arrive au bas des marches du palais, et je descends de cheval. Je porte encore mon armure, ne l’ayant pas retirée depuis que nous avons quitté Alonna. Contrairement aux armures humaines, nos armures privilégient l’agilité et celle-ci ne fait pas exception. Elle me permet de jouer facilement des bras et des épaules, me permettant de frapper plus aisément avec mon épée. Elle a été lavée du sang qui la maculait, la rendant aussi propre que si elle n’avait jamais servie. Mon épée à deux mains est fixée dans mon dos, sa place habituelle.

En haut des marches j’aperçois Aglarer et Dragan qui m’attendent. Ils ont du entendre parler de mon retour par les rumeurs qui parcourent la ville, ou bien un messager. Souriant, j’enlève mon casque que je donne à un de mes Aigles.

« Bonjour mes enfants. Je vous serrerais bien dans mes bras, mais je ne voudrais pas vous faire mal. »

Mais bien sûr cela n’arrête pas Aglarer qui se jette à mon cou en criant.

« Ada ! »

Je la serre tendrement dans mes bras avant de voir Dragan aux prises avec ses deux enfants. Bon sang, ce qu’ils ont changés.

« Hé bien. Je vois que certains ont grandis depuis la dernière fois que je les ais vus. »

Un peu de mélancolie dans ma voix. Avec ma position de régent je n'ai guère pu profiter de mes petits-enfants.

« Alors ? Tout s'est bien passé en mon absence ? »

Le Régent rentrait.

La rumeur s'était répandue à vive allure, précédent Rima-Marcil et ses soldats. Mais au palais, nous étions déjà au courant, prévenus par un messager qu'Alonna avait été gagnée, que les drows s'étaient vu repoussés et avaient sonné la retraite. Ils n'avaient donc pas réussi à mettre un pied dans les royaumes humains. Rima-Marcil avait épargné les détails, mais apparemment, les drows avaient trouvé des alliés puissants et avaient aussi frappé à oesgard, détruisant la baronnie, avant de faire machine arrière, car trop peu nombreux. C'était ça l'avantage des humains : leur nombre.

Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, Rima-Marcil rentrait à Alëandir et pour l'occasion, nous l'attendions, vêtus de nos plus beaux atours pour se retour officiel. Pour ma part, c'était ensemble couleur glace, brodé d'argent, des couleurs habituels chez moi.

Et voilà mon beau père qui arrive, vêtu de son armure rutilante. Cela m'arrache un sourire en coin. Il descend de son destrier et nous salue alors. Je reste droit et digne, mais Rév n'a pas ma réserve et elle se précipite à sa rencontre pour se pendre à son cou, ravie. Je soupire, amusé malgré moi de cette impétuosité. Les enfants sont là, bien entendus, dans mes bra,s puisque Rév m'a donné Lomion pour courir vers son père. Ils gigotent, comme respectifs à l'effervescence alentour.

- "Oui, et ils sont de moins en moins obéissants, on dirait leur mère."

Rév, Rima, un petit coup de main là, prenez-en un, ce serait bien gentil de votre part.

- "Oh oui, à la perfection. Cela dit, je te rends les rênes, c'est trop contraignant, je préfère avoir les avantages et pas les inconvénients et reprendre ma place de simple Conseiller."

Et d'avoir plus le temps pour ma famille...

Mon père, bien sur que je lui saute dans les bras, comment aurait’ il pu en être autrement ?! Pau importe l’armure, la crasse ou encore le sang voir la poussière, rien ne m’aurais empêchée d’agir en un acte d’amour profond et sincère pour celui qui est mon père.

« Ada ! »

Lui avait je lancée avant que mes pieds ne quitte le sol et que mes bras n’étreigne son coup et ses épaules larges. Une enfant, voila ce que je suis encore aux yeux des elfes mais également aux miens d’une certaine façon. Avoir des enfants et être mère n’avait en rien changé cet état de fait. N’avais je pas que quatre vingt ans après tout ? D’ailleurs mon père porte son regard sur nos fils, a Dragan et moi.

J’avais laissée un de mes fils dans les bras de son père pour agir de la sorte et le pauvre avait du mal a s’en sortir avec les jumeaux qui gesticulaient de plus en plus. Je relâchais donc mon père, voyant son étreinte et ses bras facilement alors que je venais prendre Valamel dans mes bras. Bien sur un rire s’échappa de mes lèvres à la réponse que servit mon époux quand a leur croissance et surtout leur apparence dissipée dans ses bras.

« Que nenni ! Je suis un ange de rigueur et d’étiquette … vas donc demander à tes chers et tendres gardes royaux qui ont eu tout le loisir de profiter de mes petites farces. »

Me voila qui tire la langue sous le regard amusé de mon fils, se dernier riant dans mes bras, l’éclat de sa voix trouvant écho rapidement dans celle de son frère sous mon sourire attendrit.

« Je suis sur que bientôt, ils mangeront la soupe sur la tête de leur père ! »

Nouveau rire pour moi, accompagner des jumeaux… c’est incroyable combien le rire une fois découvert leurs viens vite et souvent, accompagnant le moindre de mes éclats ou de ceux de leur père.

« Tu parle ! Nous n’avons eu de cesse de nous demander quand tu reviendrais ! C’est horrible combien les doléances sont contraignante ! Écouter les gens vous conter leurs petits problèmes ou simplement venir vous entretenir de sujet ridicule n’ayant en rien besoin de votre présence, c’est terriblement inconfortable. Pour ma part, la place de princesse me suffira amplement, bien que cela me semble déjà bien trop en soit. Si jamais une de mes chambrières cherche encore a me faire porter un corsage, je vous préviens tout les deux… vous la retrouverez pendu avec cet instrument de torture ! »

Plaisanterie ? Hum, pas si sur que cela hélas.

A quoi s’attendre d’autre de la part de ma fille ? A ce qu’elle reste sagement sur place et me salue protocolairement ? C’est mal la connaitre. Au contraire elle explose de joie et me saute au cou pour m’étreindre, insouciante au fait que je sois sale, et que sa robe en sera tâchée.

« Je suis heureux de te revoir hinya ! »

Je la soutiens en l’air, la prenant par la taille d’une main tandis que l’autre enserre son dos et ses épaules avant de la relâcher. Je constate alors que mes petits-fils ont changés, ce qui me rend d’un coté, mais triste de ne pouvoir profiter d’eux durant cet âge. Mes obligations m’ont tenus si loin que je me rends compte que je ne les ais pas vu grandir. Après ils ralentiront, je le sais bien, et j’espère pouvoir profiter un peu d’eux.

« S’ils tiennent de toi ils ne pourront pas être pire que leur mère à leur âge. »

Un sourire espiègle se dessine sur mon visage, attendant la réaction qui ne manquerait pas, de la part d’Aglarer. Elle prend un de ses enfants avant de sous-entendre que les gardes n’ont pas eu la vie facile avec elle.

« Oserais-je demander ce que tu as bien pu faire pour qu’ils se souviennent de tes farces ? Tu ne me les as pas trop traumatisés j’espère ? »

Pourquoi ai-je un affreux pressentiment ? Je sens déjà les gardes qui vont me faire des reproches, ou se plaindre de son comportement. Qu’est-ce qu’elle a bien pu leur faire ?

« Tu as encore du temps avant de servir de table Dragan, rassures-toi. Mais partit comme c’est partit, vous allez vous retrouvez avec deux géants comme fils. »

Un élan de fierté m’étreint en pensant qu’ils vont tenir leur taille de moi. Et de leur grand-mère accessoirement. Bien qu’Aglarer ne soit pas encore tout à fait adulte, il est étrange de constater qu’elle sera plus petite que nous deux.

Mais je suis bien obligé de quitter mes préoccupations de grand-père pour revenir aux affaires du royaume. Je rigole en imaginant les chambrières aux prises avec Aglarer et son corsage.

« Alors on va faire en sorte que je n’absente plus aussi longtemps. Je ne voudrais pas retrouver ma fille en prison parce que les corsets sont trop contraignants. Surtout qu’ils ne sont guères adaptés à ta morphologie. Quoi qu’il en soit, je ne pense pas repartir de sitôt. Les drows ont essuyés une lourde défaite à Alonna, même s’ils ont réussis à faire des ravages ailleurs. Je ne pense pas qu’ils recommenceront tout de suite. Tout le monde doit panser ses plaies après tout. Quoi qu’il en soit, profitez bien d’Ardamir, bientôt vous allez devoir me rejoindre au palais.»

Calmement, j'observais les retrouvailles entre le père et la fille, regrettant malgré moi de ne plus avoir mon père pour ce genre d'effusions. Ma mère, je ne l'avais pas connu, donc nuls regrets à avoir. La spontanéité de Révérie était touchante et sa fraicheur telle, qu'il était difficile de lui en vouloir pour ce manquement au protocole. Qui pouvait bien le lui reprocher d'ailleurs? Son père? Oh non, il était aussi à l'aise qu'elle pour ce genre de choses. Moi? Non plus, j'avais fais mon deuil des bonnes manières et de la bienséance la concernant et ce n'était pas plus mal.

Révérie finit par revenir vers moi, me prenant Valamel des bras, ce qui me soulage et me permet de raffermir ma prise sur son frère. Ils ont changé oui et ne sont pas aussi sages que Révérie veut bien le faire croire. Je lève les yeux au ciel alors qu'elle fait allusion aux gardes du palais qu'elle fait tourner en bourrique. Une vraie gamine parfois. Mais c'était cela qui faisait son charme.

Je souris alors que Rima lançait une petite pique à sa fille et que celle-ci faisait remarquer qu'ils seraient plus grands que moi. Oui, bon, je le savais cela. J'espérais juste qu'ils ne seraient pas aussi colossaux que Rima, parce que là, les choses se compliqueraient pour eux.

- "Oui, enfin, pas trop quand même."

Je tempérais doucement l'élan de fierté de Rima, rappelant quand même au passage qu'une telle stature n'étais pas forçément bien vue chez les elfes. Si Rima s'en moquait, et Révérie aussi, moi, cela m'importait. Je ne voulais pas que mes fils en souffrent plus tard.

Rima s'enquit de ce qu'il s'était passé pendant son absence et Révérie se plaignit du rôle contraignant de dirigeante, le lui laissant volontiers. Je savais qu'elle aurait préféré une vie plus simple et tranquille. Déjà à Ardamir, c'était difficile pour elle alors qu'il y avait bien moins de contraintes. Apparemment, Rima aurait bientôt besoin de nous. Je soupirais alors et lui fis signe de nous suivre, il fallait que nous en parlions au calme, en privé, ailleurs que sur le perron.