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| Besoin de solitude | |
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Zelvajra
Hybride
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| Sujet: Besoin de solitude Ven 27 Mar 2009 - 18:37 | |
| Odeurs nauséabondes, végétation abondante, créatures discrètes et vicieuses… Bienvenue dans les Marais de Faélia. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’endroit est inhospitalier. Y pénétrer seul quand on ne le connaît pas au moins aussi bien que la paume de sa main est folie, et le risque de se perdre dans ces conditions est quasiment inévitable. Et c’est dans ce paysage peu joyeux que j’ai décidé de faire mon bilan de conscience. Ce n’est pas la première fois, mais la journée est tout de même particulière. Je n’ai que peu dormi, les cauchemars m’emprisonnant dès que mes paupières se fermaient, et refusaient de me lâcher avant que, en sueur et le cœur battant la chamade, je ne me redresse. Quelle belle image je donne de la charge de Bourreau. Un être à fleur de peau peut-il vraiment juger en tout état de cause ? Voilà pourquoi, ce matin, j’ai quitté la forteresse, quitté Abyssea. Le besoin de me retrouver seul avec moi-même s’était fait fortement ressentir, comme à la mort de Sylea. Je retrouvais ainsi la Solitude, cette vieille compagne de mes premiers jours, non pas du fait des autres mais bien de ma propre volonté. Étrange, n’est-ce pas ? Enroulé autour de mon bras gauche, un tissu noir annonce mon deuil. Je ne sais pas moi-même pourquoi j’ai fait une telle chose, mais je l’ai fais, pris d’une inspiration soudaine. Peut être qu’ainsi, ceux qui me verront se souviendront d’elle et honorerons sa mémoire. Je ne veux pas qu’ils l’oublient, elle et son sacrifice. C’est stupide, je le sais, car Abyssea est une famille, et penser qu’ils puissent tourner le dos à une de leur sœur défunte est une injure que je jette à leur figure. Mais c’est plus fort que moi. Je mène mon cheval dans les zones que je sais sures, avançant lentement. Vêtu de ma chère armure, comme à mon habitude, et le bouclier prêt à parer toutes attaques imprévues, je suis sur le qui-vive : les Marais sont réputés pour leur mauvaise fréquentation. Mon cœur porte peut être ton deuil, mais je n’ai aucune envie de te rejoindre, Sylea, pas encore. Abyssea compte sur moi, et je doute que tu m’accueilles à bras ouverts si je l’abandonnais. Aucune envie, donc, de terminer en repas pour une quelconque créature. Mon heure n’est pas venue, j’ai encore à faire en ce monde. Le détruire, par exemple. Je me penche un peu et je flatte l’encolure de mon fidèle compagnon, l’encourageant durant la négociation d’un passage plus difficile que les autres. Chevaucher ici est risqué, il faut prendre son temps, ne pas brusquer l’animal qui accepte de vous porter. Je me rends compte alors que je ne l’ai toujours pas nommé. Cinq ans que nous voyageons ensemble, et jamais je n’ai pris le temps de lui choisir un nom. Toujours, je me dis que je remettrai ça à plus tard, c’est devenu une habitude. - Ne t’inquiète pas, en rentrant ce soir, je te donnerai un nom.Je suis un être de routine, il faut croire. Cette pensée m’arrache un léger sourire, le premier depuis que je me suis levé. L’humide atmosphère du marais agit déjà sur moi, le fait de devoir me concentrer sur le chemin m’empêche de songer au passé. Je peux ainsi me vider l’esprit. Je n’en demande pas plus, pour le moment. Mais la journée est déjà bien entamée, et j’ai besoin de manger quelque chose. Je tire donc doucement sur les reines, indiquant à ma monture ma volonté, avant de démonter et de l’attacher à un arbre. Je fouille ensuite dans mes fontes et en sort de la viande séchée. Tout en mangeant, debout, je commence malgré moi à réfléchir à mon nouveau rôle. Je suis la Loi, désormais. |
| | | Rhynilee Melrahel
Drow
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| Sujet: Re: Besoin de solitude Ven 27 Mar 2009 - 19:44 | |
| La végétation a des yeux et des oreilles au creux des mottes d’herbe humide, dans la vague boueuse de l’eau saumâtre, ou sur la cime des arbres morts. Elle entend, elle voit tout… Et ne peut rien dire. Qu’est-ce qui est le plus rageant pour un être vivant ? Tout percevoir mais être incapable de crier la vérité ? A moins qu’avoir le don de la parole sans vraiment pouvoir en faire usage soit pire. Quoiqu’il en soit, la nature actuelle, Faelia tout entier en réalité, aurait, si elle avait eu une voix, soufflé aux oreilles de l’hybride qu’il n’était pas si seul qu’il aurait peut-être voulu l’être. Deux yeux en amande le scrutaient avec attention, comme le prédateur paresseux qui se délecte de l’insouciance de sa proie avant de lui sauter dessus toutes griffes dehors.
Le corps félin est assis, le port droit et fier, à califourchon sur cette branche qui ne ploie pas tant. Il faut dire que l’espion – quoique ici il s’agisse d’une femme à en juger par ses formes et sa chevelure typiquement féminine – ne pèse pas bien lourd, et n’importe quel soldat un tant soi peu entraîné pouvait soulever la gracile silhouette à une main. Sa respiration est faible, très ténue, accompagnant les brises légères du vent qui parfois s’insinue autant dans son jupon qu’il frôlera, quelques instants plus tard, les oreilles masquées de cet homme étrange, qui parle à son cheval. La scène la fait indubitablement sourire. Donner un nom à un cheval, et qui plus est le rassurer, comme s’il percevait l’inquiétude de sa monture, comme si elle était .. « importante » ? Rhynilee avait du mal à concevoir que les hommes pouvaient se lier à des animaux, qu’ils pouvaient leur être d’une autre utilité qu’un simple transport. Pour elle, c’était bien simple. Soit cet inconnu est de ces hommes qui s’attachent aux animaux si facilement, soit est-il si solitaire qu’il ne peut se confier qu’à un animal ? La curiosité embarque la drow, qui s’avance le long de la branche, s’aventure et joue de trésors de discrétion pour arriver en bout de branche sans même que le bois ne craque, sans que rien ni personne ne puissent trahir sa présence.
Elle est une intruse, et à voir l’arme imposante accrochée au dos de celui dont elle observe le comportement avec un maigre intérêt, elle préfèrerait éviter d’être vue, imaginant déjà qu’un homme peut toujours être assez impulsif pour trancher une tête au moindre déplacement anormal. En cela, la nature montrait que tous, hommes et femmes, possédaient ce petit côté sauvage et imprévisible, certains l’ayant exacerbé au vu de leur vécu isolé et étrange.
Ces pensées la ramenèrent à Malithra, tout naturellement. Rhynilee faillit en soupirer, mais plaqua à temps sa main contre ses lèvres, comme dans un réflexe d’enfant. Malithra… Son amie, la seule qu’elle avait véritablement et qui la comprenait à un point qu’elles avaient même rarement besoin de s’exprimer pour saisir les sentiments de l’une dans le regard de l’autre. Il était déchirant de sentir un poids s’affaisser quand elle parcourait du regard les foules et qu’elle n’y voyait pas l’allure effarouchée et froide de ce qui était sa sœur. Pourquoi l’appréciait-elle ? Quelle utilité aurait-elle à l’expliquer ? Ca n’était à la portée de personne, il n’y en avait pas un seul qui méritait de comprendre le pourquoi du comment, et encore moins quelqu’un pour concurrencer ce lien spécial. C’était la fougue, la sauvagerie et néanmoins le silence mesuré de la drow Malithra qui avait soulevé la curiosité et l’envie de connaître l’autre de Rhynilee. Alors pour que quelqu’un d’autre parvienne à battre ce « record », elle pouvait encore passer quelques décennies en paix… Du moins ses pensées étaient-elles ainsi arrêtées.
Malheureusement, le fruit de ses pensées la poussa à commettre la faute. Ayant relâché sa stature altière, un mauvais mouvement, bien qu’infime, et son corps bascula, perdant l’équilibre qu’elle avait réussi à capter. Se raccrochant vainement à la branche voisine dans un geste désespéré, celle-ci n’était cependant pas aussi solide que sa voisine, et elle céda dans un bruit sec, entraînant la drow dans une chute accompagné d’un « Aïe » sonore, et d’une glissade boueuse, la jeune femme dérapant dans un bruit de succion pour arriver à une hauteur ironique, celle du jeune homme.
Ah, la belle empotée qu’elle faisait… Inutile de lever le regard, ses joues ne s’empourpreraient pas, pourtant ses sourcils étaient délicatement froncés, et ses lèvres pulpeuses pincées dans un air refroidi et agacé, comme contrariée et vexée de cette entrée en matière fortement désagréable … Et surtout imprévue. Elle guettait le rire de l’homme tandis qu’elle pataugeait et tenta de déloger ses mollets dénudés de la boue herbue. |
| | | Zelvajra
Hybride
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| Sujet: Re: Besoin de solitude Ven 27 Mar 2009 - 20:33 | |
| Je mâche sans vraiment m’en rendre compte et avale mécaniquement, mon esprit centré sur lui-même. Mon cheval n’a toujours pas de nom, et j’ai déjà oublié cette promesse que je lui ai faite une centaine de fois. Il doit être habitué, maintenant, et ne m’en tiendra pas rigueur. En fait, je serais bien incapable de dire à quoi je songe en cet instant précis. Mon esprit vagabonde aux frontières de ma conscience, des images remontent, certaines récentes d’autre nettement plus anciennes, se succédant de manière désordonnée et tout sauf chronologique.
Mon bouclier pèse lourdement sur mon bras gauche, et je me demande un instant pourquoi je ne l’ai pas encore détaché. Avec un petit ricanement pour moi-même, j’entreprends de défaire les lanières. Une fois la chose faite, je pose l’objet contre l’arbre. D’un coup, mon bras me parait plus léger, étonnamment. Pensivement, je viens me gratter doucement la nuque, prenant garde de ne pas me blesser avec mes gantelets griffus. Ils sont bien pratiques sur un champ de bataille, mais dans la vie de tous les jours, c’est une autre paire de manche. Je regrette un instant d’avoir pris la peine de me revêtir de cette armure qui, semble-t-il, ne me servira à rien. Mais je reste un homme de routine, il faut croire. Ce sont mes habitudes qui régissent ma vie.
Mon esprit totalement relâché, je ne note pas la présence de la féline mercenaire qui m’espionne depuis un bon petit moment déjà. Je suis donc légèrement surpris quand elle tombe à mes pieds, petit être venu de nulle part. La surprise laisse place à l’animosité. Une sombre… Son peuple a beau être allié au mien, il n’en reste pas moins que la vue d’un des leurs m’inspirent le même genre de sentiment que je provoque chez eux : mépris, presque une envie de meurtre. Détail important, nous sommes seuls, et elle ne semble pas être en mesure de réagir promptement dans sa position.
Usant de toute ma volonté, je me contente de poser un genou au sol et de la regarder fixement de mes yeux d’or. D’ici, elle peut remarquer la grâce des elfes dans mes traits, mais aussi une partie de la robustesse des sombres dans ma carrure. Sauf que j’ai la peau pâle, et que ce détail ne trompe pas. Elle est en face d’un des quelques hybrides vivants, et la voir m’attaquer sur le champ ne m’étonnerait pas. Ce serait d’un banal.
- Je peux savoir ce que tu fais ici, drow ? Il y a tant d’endroits plus agréables pour une créature telle que toi.
La voix est froide, autant que le regard. Tout ce qui n’est pas dévoué à Chaos doit disparaître, mais parmi les hérétiques, mes proies préférées sont les elfes et les sombres, loin devant les humains. Mais Son Fils a décidé de s’allier aux sombres pour réaliser Ses desseins, aussi n’ai-je pas le choix. Qu’il est difficile de ne pas poser mes mains gantés sur sa gorge dénudée, de serrer jusqu’à la voir suffoquer, jusqu’à la voir pâlir, jusqu’à la voir s’immobiliser.
Mais je me retiens, pour Lui. Je ne serais pas celui qui ruinera Son retour. S’Il a voulu de cette alliance, alors je la respecterai. |
| | | Rhynilee Melrahel
Drow
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| Sujet: Re: Besoin de solitude Ven 27 Mar 2009 - 21:12 | |
| Aussi étrange que cela paraisse, le combat pur et simple n’était pas une habitude dans les manières de Rhynilee. Elle préférait les joutes verbales et les échanges, les manières plus subtiles pour affaiblir l’ennemi et ensuite le toucher. Ce n’était pas la mercenaire qu’on pouvait croiser, celle recouverte de métal, arborant fièrement ses épées maculées de sang et qui faisait résonner l’argent de ses bourses à chaque pas lourd qu’elle effectuait. Preuve en était cette robe si fine, trop fine qu’elle portait, ce jupon plus adapté pour des courses poursuites effrenées que pour un combat à l’épée. Elle n’avait d’ailleurs pas l’apparence de ce qu’elle était… Mais là encore, les gens aiment souvent jouer sur la première impression pour mieux tromper l’éventuel adversaire.
Ses yeux d’argent croisèrent l’or de ses iris sans détour, et ce qui s’apparentait à une moue refroidie se modifia en un sourire simple tant il respirait une profonde insolence. Rhynilee avait le droit, même le devoir de se sentir supérieure à cet être au physique … Douteux, étrange. Quelque chose clochait dans cet amas de détails corporels à demi parfait. La musculature cachée par les plaques de métal laissent deviner un corps imposant et bien rôdé, mais le visage est trop délicat, trop fin, la peau si pâle, trop même. Ses yeux fichés dans les siens hésitent entre lui faire comprendre le profond dégoût qu’elle ressent, et la méfiance de voir un hybride comme lui s’avancer vers elle pour lui poser de si futiles interrogations.
« Je peux savoir ce que tu fais ici, drow ? Il y a tant d’endroits plus agréables pour une créature telle que toi. »
Le ton volubile et intelligent qui lui répond pourrait autant agacer que surprendre, car aucune once de dédain ne se fait sentir, bien que ses yeux, son allure hautaine alors qu’elle est tâchée de boue, bref, tout son corps sent l’orgueil, bien qu’elle n’ait franchement rien pour être fière vu sa posture actuelle. Décidémment, Rhynilee devait vraiment prendre sur elle-même pour mentir aussi effrontément.
Je fais ce que je veux sans rendre de compte à qui que ce soit.. Hybride. Qui que ce soit.
Elle insista sur ces derniers mots, comme pour lui montrer que ce qu’il était n’importait presque pas. Il la nommait drow ? Elle n’allait pas se laisser embourber – c’était le cas de le dire – par ses petits airs autoritaires et intimidants, et l’appelait par ce qu’il semblait être à l’évidence, mais elle n’avait aucune envie de se laisser faire et de lâcher son regard, comme pour se prouver qu’elle n’allait pas ciller devant un homme, aussi sec et impérieux soit-il dans son ton et dans ses attitudes.
Je pourrais même vous retourner la question, à vous et à votre cheval que vous nommerez ce soir.
C’était là un vilain clin d’œil à ce qu’elle avait entendu, et Rhynilee le savait pertinemment – ce qui se traduisit par un regard étonnamment charmeur et moqueur, mais tellement habituel chez elle-.
Mais ayant ce sens de la politesse et de la retenue, bien sûr, je me contenterai d’un aimable silence.
Ou une autre façon tellement plus courtoise et hypocrite de laisser sous entendre que son interlocuteur était aussi poli et convenable qu’un nain crasseux et bien imbibé d’alcool. La délicatesse de son visage contrastait admirablement avec ses propos finement désagréables. Une jolie petite immondice de première classe, en somme. Dans un énième chuintement terreux, la drow se redressa souplement, sans quitter une seconde le regard mordoré. Physiquement parlant, elle préférait se tenir debout qu’assise, question de principe et de sûreté face aux inconnus. Car oui, ils étaient seuls, après tout. |
| | | Zelvajra
Hybride
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| Sujet: Re: Besoin de solitude Ven 27 Mar 2009 - 22:51 | |
| Mon regard se fait plus froid encore, si c’est possible. Alors que j’étais venu chercher tranquillité et solitude dans un milieu que les vivants avaient toutes les raisons de fuir, il fallait que je tombe sur une jeune sombre insolente et trop sûre d’elle… Ou plutôt, pour resituer les choses dans leur contexte, qu’une jeune sombre insolente et trop sûre d’elle me tombe dessus. En passant outre la désagréable surprise, le ton qu’elle emploie désormais me donnait envie de la frapper sur le champ. Mon poing gauche se serre légèrement, tandis que je me relève avec un léger temps de retard sur elle.
Elle est bien une drow. Les rares membres de son espèce que j’avais déjà côtoyés - souvent un très court laps de temps - savaient aussi manier la langue avec cette virtuosité qui vous fait douter de votre propre légitimité. Ca aurait pu marcher sur un autre, mais malheureusement pour elle, voilà bien longtemps que les piques ne m’atteignaient plus. Mes oreilles ont depuis longtemps développé une résistance naturelle à leur venin. Quoi que le sien reste peu virulent. Après tout, je n’ai pas noté de mépris dans sa prononciation de « hybride ». Pourquoi alors avoir soulevé mon métissage ? Je le cache bien, mais je suis légèrement surpris.
J’allais répondre, mais elle ne m’en laisse pas le temps. Déjà, elle enchaîne, continuant son petit jeu. Pourquoi me montrer avec autant d’évidence qu’elle m’espionnait réellement ? Si son but est de me faire sortir hors de mes gonds, je dois avouer qu’elle s’y prend bien. Pourtant, quelque chose dans son attitude ne correspond pas à ce que je connais. Je suis habitué aux insultes, aux crachats, aux coups, aux lourdes allusions sur ma « partie impure ». Elle se contente de me tourner en ridicule sur mes manières. Esquissant un froid sourire intérieur, je n’entre pas dans son jeu. Un peu de manipulation ne me fera pas oublier mon vécu. Désolé, ma belle.
- Que d’énergie. Tomber d’un arbre n’est donc pas ton unique talent.
Cruelle ironie, voilà bien longtemps que ma voix ne s’était pas faite aussi mordante. Il faut dire que la vision offerte par cette créature - l’orgueil d’une reine dans un corps couvert de boue - à de quoi faire sourire, et je ne m’en prive pas. Mes lèvres s’étirent en un mince sourire en coin, mais mon regard ne suit pas, toujours aussi polaire. Sa feinte tolérance et son orgueil enfantin ne l’auront pas réchauffé, loin de là.
- Nous nous tolérons parce que nos objectifs se rejoignent un temps, jolie Sombre. Mais tu es sur le Territoires des Enfants, et tu dois donc accepter de te soumettre à nos lois, ou de faire demi-tour.
Ce n’est plus l’Indésirable qui parle, mais bien le Bourreau d’Abyssea. J’entre dans la peau de ce personnage avec une facilité déconcertante. Peut être serait-elle surprise de savoir que c’est la première fois que de telles paroles franchissent mes lèvres. Jusqu’à il y a peu, mon armes était mon meilleur moyen d’expression… Mon arme, et ma haine, bien sur. Il me faudra bientôt apprendre à manier la langue avec autant d’aisance que la lame. En attendant, je me contenterai d’énoncer les vérités d’une voix dure et froide. |
| | | Rhynilee Melrahel
Drow
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| Sujet: Re: Besoin de solitude Sam 28 Mar 2009 - 15:32 | |
| Qu’est-ce qu’un Hybride faisait par ici avec son cheval ? Rhynilee n’eut pas le temps de cogiter sur ces entrefaites, son regard quittant un bref instant le sien pour remarquer que son poing s’est crispé. Elle le mettait donc en colère aussi rapidement ? Impulsif, oui. La jeune drow nota le détail avec amusement, la malice venant s’ajouter à son traître regard. D’un geste ample de la main gauche, elle se délesta de la boue qui était venue encombrer ses fragiles chevilles, envoyant alors la vase gluante au pied de l’hybride. Oh bien sûr, la boue ne vint pas le tâcher, mais son geste frôlait autant les limites de la coïncidence que du geste calculé et provocateur.
Elle se frotta les mains, effaçant tout résidu de boue, puis continua d’observer Zelvajra, ses yeux s’égarant de haut en bas, pour glisser jusqu’au cheval qui reposait gentiment près d’eux et observait la scène. Qu’est-ce qu’il pouvait bien se dire ? Il ressentait peut-être la même envie que son maître, celle de botter le train de cette dévergondée. Ca l’aurait fait encore plus sourire, et les remarques que l’homme lui rétorqua au visage la confortèrent dans son amusement intérieur. Elle était tombée sur un spécimen parfait pour la distraire. Car à ses yeux, après tout, chaque inconnu n’était qu’un jouet, un passe-temps de quelques heures en attendant meilleur compétiteur. D’une voix plus douce mais encore plus vicieuse, la jeune femme surenchérit à ses propos.
Il faut croire que pour certains, leur don se résume à murmurer à l’oreille des animaux. Pauvre bête.
Bête. Parlait-elle du cheval ou de Zelvajra ? L’un comme l’autre était envisageable, ses iris perlés s’étant reposées à nouveau sur la silhouette masculine qui se permettait de la tutoyer. Oh, ce tutoiement n’avait aucune espèce d’importance pour elle, mais pour sa part, le vouvoiement serait de rigueur. Elle détestait marquer une proximité quelconque avec des gens qu’elle ne connaissait pas et qu’elle n’avait aucunement envie de connaître plus. Et là, il se trouvait qu’une fois de plus, Rhynilee imposait une distance froide envers son interlocuteur. Peut-être parce qu’il était hybride, oui, après tout la drow n’était pas tolérante à un point si haut. Mais elle avait toujours eu cet instinct de ne pas tutoyer, car c’était sous-estimer l’autre, et ça, c’était une grave erreur qui pouvait souvent se révéler dans les pires instants.
Tolérer ? C’est un bien grand mot au vu de votre comportement. Vous semblez aussi aimable et poli qu’un bou… qu’un nain. On ne peut pas dire que je vous ai agressé, mais vous, semblez chercher à ce qu’on vous soit hostile.
Elle s’était rattrapée à temps, ayant failli énoncer le terme « bouffeur de laitue », mais au vu des caractéristiques physiques de son interlocuteur, elle aurait entraîné un combat inutile et agaçant. Décidemment, ce jour-ci, elle n’en ratait presque pas une. Fronçant à nouveau les sourcils, la jeune drow arbora une véritable incompréhension, et haussa les épaules avec simplicité, quelques mèches bouclées couleur neige glissant de ses épaules au mouvement. Hostilité, c’était exactement l’envie qui lui venait quand elle devait supporter le ton froid et professionnel de cet être qui se croyait au dessus d’elle, sûrement parce qu’il avait un entrejambe et assez d’armes pour lui clouer le bec. Tss tss ... Qu’il se trompait. Quitte à l’ennuyer, autant le faire jusqu’au bout, et Rhynilee n’était pas décidée à fuir comme une petite soumise qu’elle n’était pas.
Alors pourquoi Tari ferais-je demi-tour ? Je ne nuis à personne pour le moment, et mon comportement n’a rien d’outrageant. N’est-ce pas ?
Et il ne pouvait rien lui reprocher. Ses soupçons d’espionnage étaient après tout infondés, car Rhynilee pouvait être dans cet arbre depuis bien longtemps que lui, et elle n’était peut-être même pas là pour l’écouter, lui et ses bavasseries d’enfant et de cheval. La jeune femme aurait croisé les bras si elle ne venait pas d’avoir pris un petit bain de boue, et de toute manière, rien n’était sûr, sa main droite restant étrangement sagement placée sur sa hanche, le tissu de la robe dessinant une forme presque peu visible, celle d’une lame. Prudence était mère de sûreté.
Et puis, comme vous le dites… Nos objectifs nous rejoignent pour un temps. Donc ma présence ici n’est pas gênante. |
| | | Zelvajra
Hybride
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| Sujet: Re: Besoin de solitude Lun 30 Mar 2009 - 13:20 | |
| Ne peut-elle pas se taire ? Juste arrêter son petit manège agaçant, terminer de se redonner une apparence à peu près acceptable et s’en aller comme je lui propose gentiment ? Ne peut-elle pas comprendre que je n’ai aucune envie d’échanger avec une créature vicieuse et sournoise, dont l’unique but est la domination de son prochain. Tout dans son attitude ne vise qu’une seule chose : me faire comprendre à quel point elle est meilleure que moi. Ses yeux la trahissent constamment. Véritable fenêtre sur son mépris, ils m’en apprennent plus encore sur ses intentions. Je ne suis qu’une curiosité à ses yeux, un drôle de métissage, une erreur de la nature. Sa première pique n’est qu’une entrée en matière, habile, elle reprend mes mots et les renvoient contre moi. Ma colère augment d’un cran, mais si mes yeux se font encore plus dur, le reste de mon être ne bouge pas d’un iota.
Je sens mon contrôle sur l’illusion qu’est mon visage s’étiolé à mesure que grandit ma colère. Cela me fait toujours ça, quand l’envie de me saisir du pommeau de mon épée devient pressante. Mon apparence perd de son importance, seul compte le sang que je vais rependre sur ces terres impies, déjà gorgées du pourpre des massacres précédents. Seul compte mon tribu à Sa gloire. Elle affirme ne nuire à personne, alors que nuire est une capacité naturelle des gens de son espèce. Son petit air innocent et sa jolie petite frimousse chaste et pure ne trompent qu’elle. Quant à moi, la soumettre ne m’intéresse pas. Je ne demande qu’à l’oublier, et pour cela, elle doit partir ou mourir. Son évocation de la Déesse usurpatrice tombe d’ailleurs au bon moment.
Se doute-elle seulement de l’endroit où elle se trouve ? A l’en croire, elle nous prend pour des alliés ordinaires. Mais ce qu’elle n’a peut être pas saisi, c’est que cette alliance ne la protège que temporairement. A la fin, seule restera Abyssea, baignant dans la gloire de l’Oublié. Le Monde renaîtra alors, à l’image de son nouveau Créature, et ses Enfants pourront enfin vivre paisiblement. En attendant ce moment, nous acceptons volontiers de nous battre pour cet Idéal… Bientôt, son âme rejoindra Chaos, avec toutes celles de son peuple.
- On dirait que tu n’as pas saisi.
Je me rends compte alors d’un détail amusant. Malgré tout mes efforts, mon illusion s’est légèrement fragmentée. La moitié gauche de mon visage présente désormais un aspect peu ragoutant, des brûlures sont présentes par endroit, et l’œil est surement devenu beaucoup plus pâle. Je caresse un instant l’idée de faire tomber totalement le masque, mais y renonce. Pas encore. Ca ne viendra que si la lame est tirée de son fourreau et pointée vers son cœur.
- Tu n’es pas la bienvenue, tout simplement. Tu pourras inventer toutes les pirouettes que tu veux, me ridiculiser, montrer au grand jour ma stupidité et mon ignorance, tu ne seras toujours pas la bienvenue.
Je reste totalement immobile, la fixant avec attention. Mon regard reste planté dans ses yeux lorsqu’elle est immobile, mais suit chacun de ses mouvements quand elle se décide à bouger. Les sombres sont connus pour leur amour propre et leur facilité à céder à la violence, et même si je la pense plus bavarde que dangereuse, je préfère éviter de prendre des risques inutiles.
- Ton peuple a beau être allié au mien, tu reste une hérétique. Une infidèle, croyant encore aux Usurpateurs, refusant d’accepter Sa légitimité. Soyons réalistes, les Sombres se servent des Enfants, les Enfants se servent des Sombres. Ca donne un équilibre précaire, et je ne pense pas que ni toi ni moi ne voulons tenter de le briser. |
| | | Rhynilee Melrahel
Drow
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| Sujet: Re: Besoin de solitude Lun 30 Mar 2009 - 19:26 | |
| Rhynilee soupire. Bon sang que cet homme peut être têtu… C’est mal la connaître que de penser qu’il l’effraiera. Elle sent de plus en plus la colère qui déborde de cet être incapable de se contenir. Il n’arrive à rien, ni à se concentrer, ni à éviter les menaces, qui font franchement sourire d’incrédulité la drow. Elle sait parfaitement qu’elle n’aurait rien à faire sur les territoires des Enfants. Elle sait ce qu’elle risque, elle sait qu’il peut la frapper, l’envoyer valser contre l’arbre d’une pression sèche et lui marteler le corps de coups si elle continue ses crises de gamine. Mais elle n’en a strictement rien à faire. Elle va même croiser les bras, l’impudente, ne répondant à aucune de ses répliques, si ce n’est par un silence diablement irritant.
Il attendait sûrement d’elle qu’elle rechigne, qu’elle réplique vertement qu’il n’était qu’un abruti, qu’elle se mette à découvert elle et sa petite face de fouine raciste. Or, elle ne faisait rien de tout ce qu’il voulait. Non contente de désobéir, elle tapotait du pied droit distraitement le lopin de terre sur lequel ils se disputaient, l’atmosphère s’alourdissant crescendo au beau milieu des fleurs vénéneuses et autres végétaux pourris. La puanteur des eaux croupies ne se fait pas sentir d’ici, c’est un endroit moins infect que les tris quarts du territoire, cependant l’apparence de l’endroit n’est en rien attirante.
L’espace d’un instant, Rhynilee cligne des yeux, comme si elle encaissait un choc un peu soudain. Sauf qu’il n’en est rien, cet hybride continue son discours moralisateur et ses promesses dangereuses, ne remarquant peut-être même pas qu’elle n’en écoute pas un traître mot, qu’elle le regarde fixement, ce visage, ces lèvres fines qui s’articulent, la peau douce et trop claire de cette joue droite, la brûlure éphémère détériorant le bel aspect du faciès qui, quelques secondes auparavant n’arborait qu’une jeunesse elfique écoeurante de pureté. Comment se faisait-il ? Ses yeux dorés s’étaient alors éclaircis, mais cela ne stoppait en rien son élan de violence verbale. La jeune femme laissa tomber entièrement le moindre de ses propos qu’elle aurait pu écouter, ou qu’elle aurait pu suivre, son regard se concentrant sur les changements imperceptibles mais bien présents.
Qu’était-ce ? Magie, camouflage ? Un traître quelconque mal dissimulé sous une couverture un peu trop étroite au point qu’elle cède déjà ? Son sourire se ternit, ses yeux laissant entrevoir un faible éclat. Elle se méfie, se rétracte un peu, et la courbe sinueuse et si féminine de son dos cambré se raidit subrepticement –et seul un observateur attentif le noterait-. A cet instant, la jeune femme a des allures de félin farouche. Ce qu’elle voit – et non pas ce qu’elle entend – l’intrigue encore plus, mais elle se garde bien de le montrer ou de le signaler, n’affichant en apparence qu’une mine condescendante. Ses bras qui étaient toujours décroisés se déplient un peu plus amplement, ses mains se posant plus bas sur ses hanches. Le contact discret de ses doigts couleur d’ombre frôle toujours la silhouette menue de l’arme, la lame froide restant en contact permanent avec sa peau tiède sous le tissu. Comme si ce semblant de geste pouvait la rassurer et lui assurer une protection…
Elle n’entendit de ses paroles que les derniers mots. Equilibre précaire qu’aucun ne voulait briser. Mon postérieur, oui, songea cyniquement la drow, ses lèvres obstinément closes. Lui n’attendait que ça, de s’en donner à cœur joie avec sa lourde armure. Vas-y, approche-toi, semblait dire son regard. Viens donc briser la frêle drow que tu as en face de toi, tu te sens si supérieur, ou du moins tu veux le prouver. L’un comme l’autre criait la vérité dans ses yeux, et Rhynilee avait bien saisi que d’une manière ou d’une autre, le conflit allait éclater. Elle n’avait à présent même pas besoin de mots pour le sentir et faire grossir la boule de violence qui allait leur éclater en pleine figure. |
| | | Zelvajra
Hybride
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| Sujet: Re: Besoin de solitude Lun 30 Mar 2009 - 21:41 | |
| Silence. S’il y avait une chose à laquelle je ne m’attendais pas, c’est ce curieux silence qui plane entre nous. La Nature semble reprendre ses droits, ses petits bruits emplissaient de nouveau l’air. Un temps, je ne sais comment réagir, ignorant comment prendre ce soudain changement de personnalité. Au début, sa tentative était clairement une marque de désinvolture. Seul comptait cet acte futile de puérile rébellion. Mais sa réaction change. Quand ? Je ne sais pas, je ne m’en rends pas compte toute suite. C’est quand ses bras se déplient lentement et que ses mains se posent sur ses hanches que je remarque son léger raidissement. Et même là, il aurait pu m’échapper si, vérifiant son visage, je ne trouve pas que l’ombre du sourire qu’elle a collé à ses lèvres depuis le début de l’entrevue. Allons bon, que me réserve-t-elle ? La lente dégénérescence de mon visage prend fin quand ma voix s’éteint. Une lourde marque part du front pour descendre jusqu’au menton, et des petits tâches cramoisies l’entourent. A-t-elle compris qu’il ne s’agit en fait que d’une seule et unique blessure, cachée au yeux du monde afin de lui éviter des cauchemars et pour me permettre de me regarder dans une glace sans avoir le cœur au bord des lèvres devant le spectacle que j’offre ? L’onguent d’Arashkam a commencé à faire son effet. Je me suis appliqué, ce matin, à suivre les conseils avisés de mon frère, ne jugeant pas la chose vraiment digne d’intérêt - la douleur est devenue une vieille compagne, désormais - mais souhaitant respecter cet élan qui l’avait animé. Parce qu’il s’était inquiété, je me devais d’y remédier. C’était aussi simple que cela. Je n’ai remarqué aucune arme, mais sa suffisance et son assurance ne me laisse aucun doute. L’autre alternative est qu’elle est stupide, foutrement stupide, assez pour s’aventurer dans ce marais putride et tenir tête à un hybride visiblement en colère et lourdement armé. Or les drows sont rarement stupides. Et encore moins suicidaire. Je fais alors l’erreur de m’intéresser à ses yeux. Oh, je ne les fuyais pas, mais en plus d’être agréable à l’œil - laissant au moins à cet enfant téméraire le mérite de sa beauté - il délivre en continue des informations utiles, comme par exemple les prémices d’une attaque. Mais je ne trouvais rien de tel, aussi l’argent rencontra de nouveau l’or… Pure provocation que ces deux iris qui me fixent dans un silence hautain. « Tu ne vaux même pas la peine que je perde mon temps à te répondre » semblent-ils chanter, rieurs. Ils se moquent, se gaussent de mes menaces malhabiles. Ils ne plient pas, non… Quelle belle image je donne au Bourreau. Incapable de mater une jeune fille sans en venir aux poings. L’envie de les utiliser se fait de nouveau sentir, mais je l’écarte fermement. Je ne serais pas un de tes jouets, jolie sombre. Pas cette fois. Pendant trop longtemps, j’ai été suspendu à vos jeux malveillants, faisant exactement ce que vous vouliez, marionnette entre vos mains habiles et sournoises. Pendant trop longtemps, j’ai subi vos affronts, j’ai fuit vos perversités, que ce soit dans l’errance ou dans la violence. Et désormais, comble de l’arrogance, vous venez ici, sur mon terrain. Là où ma parole fait désormais Loi. Son perfide silence est un défi qu’elle me jette à la figure, et bien soit. Mais je n’agirai pas selon ses méthodes. Je force mon esprit au calme, et me prépare pour la suite. Tu veux rester ? Eh bien soit. Je vais te faire un cadeau. Je vais te montrer Abyssea. Un large sourire, haineux et malsain, apparaît sur mes lèvres alors que je me laisse totalement aller. Le masque tombe enfin, laissant apparaître ma véritable nature. Mon visage se ride légèrement, laissant apparaître mon véritable âge, et la brulure le dévore aux yeux de tous. Je ne sais pas à quoi je ressemble exactement en cet instant précis, et je préfère ne pas le savoir. Je me console en me disant que je ressemble, enfin, vraiment à un monstre, ce qui n’est, je pense, pas le cas en temps normal. Elle peut admirer cette beauté sacrifiée en l’honneur de l’Oublié. Cette beauté sacrifiée qui a fait de moi ce que je suis maintenant. Un Chevalier du Chaos. Elle croyait voir ma colère exploser sous la forme d’un coup de poing, mais c’est tout autre chose qui vient la frapper par surprise. Je tends ma main droite, et, ignorant son léger mouvement de recul, le clapet rajouté sur mon gantelet laisse s’échapper une noire et vive tentacule. Cette dernière vient s’enrouler autour de son poignet et la ramène brusquement vers moi. Surprise, elle n’aura pu que tenter de se dérober… Mais trop tard. Sa main libre dégaine alors une arme, mais c’est inutile. Quand je la sens percuter durement mon plastron, je libère mes émotions sous la forme d’une vague noire la frappant de plein fouet. Elle se tord alors de douleur, et envoie convulsivement son arme vers ma tête, pile dans ma brulure. Avec un hurlement de douleur et de rage mêlée, j’envoie mon genou durement contre son ventre. La pauvre se tord, surprise, laissant à découvert sa nuque. Je l’envoie alors au pays des songes. ___ Un léger mouvement me fait tourner la tête en arrière. Elle vient de se réveiller. Les bras et les jambes attachés par le tissu - découpé pour l’occasion - qui servait à montrer mon deuil, posée à plat ventre sur ma monture, elle s’indigne du mauvais traitement que je lui fais subir. Le bandeau que j’ai posé sur ses yeux l’empêchent de voir où elle se trouve et quel chemin mène à Abyssea. Une main autoritaire vient appuyer sur son dos. - Tu as bien dormi ? |
| | | Rhynilee Melrahel
Drow
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| Sujet: Re: Besoin de solitude Mer 1 Avr 2009 - 11:43 | |
| Au fur et à mesure que le masque tombe sous ses yeux d’argent, la jeune drow se montre de plus en plus méfiante, le sourire à ses lèvres se rétrécissant dans une attitude presque sérieuse, comme si à cet instant elle considérait la menace potentielle qu’elle avait face à elle. Ses réflexes de chasseuse la sauveraient sûrement, et Rhynilee ne pouvait miser que sa rapidité, car son adversaire, lui, était armé jusqu’aux dents et loin d’être doté d’une frêle charpente.
L’horreur du visage frôle la fascination, et ses yeux dévisagent les plaies qui se dévoilent, l’étrange sacrifice que cet inconnu arbore sans ciller. Son expression malsaine renforce la vieillesse et l’effroyable allure de ces traits masculins déformés par on ne sait quel étrange maléfice… Rhynilee reste immobile, aux aguets, attendant le moindre geste, prémices d’une attaque.
L’échange ne sera pourtant pas des plus concluants. A peine la jeune femme esquissa t-elle un geste du poignet qu’elle fut violemment saisie par une tentacule gluante et sombre qui étreignait sa peau avec force. Attirée contre l’hybride, la drow pesta intérieurement alors que son autre main s’agitait dans un réflexe un peu tardif, saisissant sa dague par-dessous son jupon. La lame file ricocher à regret contre l’armure, et la jeune drow encaisse difficilement le choc étrange qui en découle, étouffant le gémissement qui ne franchira pas ses lèvres. Courbée en deux, la jeune femme se méprise, et dans un dernier geste elle abat la dague finement ciselée vers le visage brûlé de Zelvajra. Le hurlement qu’il pousse lui convient parfaitement comme réponse, mais abattue par la douleur, sa nuque accueille le coup fatal, la plongeant dans une obscurité étoilée d’absences.
Le silence, soudain et brutal… Le vide, effrayant et étrange…
Puis un, deux, trois ballottements anodins qui se succèdent, à vous en lever le cœur pour n’importe quelle personne inhabituée aux cahotements d’un cheval, ou d’une charrette… La jeune femme cligna lourdement des yeux, tentant de se redresser en vain dans un faible battement de pieds. Ses poings étaient aussi liés que ces derniers par un tissu noir, tout du moins elle sentait ses membres fermement attachés entre eux. Par Tari, qu’est-ce que c’était que ça ?! Dans quel merdier s’était-elle fourrée –Rhynilee ne contenait plus les insultes intérieurement- ? Qui plus est, sa vue était cachée. Bon sang, elle ne pouvait même pas voir où ils se dirigeaient, elle était totalement aveugle ce fichu bandeau noir. Ignorant le mal de crâne qui lui pesait encore un peu –mauvais souvenir du coup à la nuque-, la jeune drow parvint à se redresser mais fut repoussée à plat contre le poil de l’animal d’une pression de main. Ils étaient sur un cheval, c’était obligé –un animal émettant des bruits de sabot et au pelage pareil, ça ne pouvait être que cela-. La voix de l’hybride se fit entendre au loin. Cet enfant de salaud devait être bien fier de son petit coup. Il l’avait assommé, emprisonné et maintenant à sa merci. Qu’allait-il faire ? Rhynilee espérait que la seule idée lui venant en tête serait de s’en débarrasser sur un bas-côté d’un sentier, ou jeter le corps dans un champ hostile et à l’abandon.
D’un ton aride et agacé, la jeune femme protesta, de manière audible, mais s’empêchant de s’égosiller – gagner du temps, encore et toujours, et ne pas trop s’énerver, c’était ses maîtres mots-.
Le voyage est très confortable, quoique le conducteur s’y prend comme un pied pour diriger sa monture. Où va-t-on ? |
| | | Zelvajra
Hybride
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| Sujet: Re: Besoin de solitude Mer 1 Avr 2009 - 18:41 | |
| Je souris. Le reste du voyage promet d’être bien moins tranquille, maintenant qu’elle est réveillée. Je la vois chercher la lumière, sa tête s’agitant vainement au grès de ses tentatives. Comme un oisillon cherchant à percer sa coquille. L’image me fait sourire, bien protégé de ses piques par le tissu qui recouvre ses doux yeux d’argent. Nul doute qu’elle me sautera dessus à la première occasion. Cela ne me dérange pas autre mesure, elle ne peut pas grand-chose dans son état. Utiliser le cercle des morts n’était peut être obligatoire, mais ça plus le coup dans la nuque l’a assez engourdi pour ce que je compte en faire.
A vrai dire, et avec le recul, je la remercierai presque de s’être invité à ma petite balade solitaire. Remettre à sa place une sombre trop bavarde et trop sure d’elle fait toujours bien à mon égo, je dois l’avouer, et c’est une petite revanche sur des années d’oppressions. Je suis l’Indésirable, il fallait bien qu’elle l’apprenne un jour où l’autre.
- Où allons nous ?
Mon sourire s’élargit légèrement, tandis que je relâche la pression sur son dos. Il lui serait si simple de se laisser tomber à bas de mon cheval, je le sais bien, mais je ne peux que vivement lui déconseiller. Il ne voit pas être agréable de tomber comme une pierre dans un sol spongieux, assez pour rendre la marche difficile à mon cheval sans nom. Si lui avance sans renâcler, je doute qu’elle accueille la froide étreinte de la boue avec autant de stoïcisme. Si l’envie lui prend de faire un bain de boue, qu’à cela ne tienne. Il me suffira de démonter et de la remettre à sa place. Je ne suis pas pressé.
- Tu voulais rester sur nos terres, non ?
Je ne peux m’empêcher d’avoir une légère nuance de satisfaction. Elle a voulu son sort, elle et moi le savons. J’ai surement l’air ridicule, mais je n’en ai cure. Ca ne peut pas dépasser le fait d’être jetée sur un destrier comme un vulgaire ballot. Qu’elle me haïsse, si elle le veut. C’est même le but de l’opération. Qu’elle me haïsse pour une bonne raison, ça me changera de d’habitude.
- J’accède donc à ta demande, et t’offre même mes services de guide. Je te conduis à l’unique lieu digne d’intérêt à des lieux à la ronde. Si j’étais totalement honnête, je dirais que c’est l’unique lieu valant la peine d’être vu sur ce monde minable, mais vous êtes fier de votre Puy, je crois.
Je suis de bonne humeur. Rien de ce qu’elle pourra dire ne viendra entacher ce sentiment que je retrouve avec joie - c'est le cas de le dire. Mes préoccupations deviennent secondaires, je me concentre sur ma « nouvelle amie », imaginant le trajet à travers Abyssea. Depuis que je lui ai lâché le dos, je me suis concentré sur le sol, tâchant de trouver le trajet le plus agréable pour mon brave et silencieux compagnons. C’est ainsi que je reconnais une racine noueuse, dont les entrelacs imitent de façon très sommaire, presque imperceptible, le symbole de la Cité. Un hasard, pour ce que j’en sais. Je suis peut être le seul à y trouver une quelconque ressemblance, d’ailleurs.
Je lève la tête et aperçoit sans surprise la Cité. Le soleil a commencé sa lente déchéance, bientôt il ira se reposer pour la nuit derrière l’horizon. Mais j’ai largement le temps de rentrer avant qu’il ne disparaisse. Dans une petite vingtaine de minutes, je serais de retour chez moi. Me retournant, je lui enlève le bandeau des yeux, en évitant de la blesser de mes ongles métalliques.
- Bienvenue à Abyssea. |
| | | Rhynilee Melrahel
Drow
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| Sujet: Re: Besoin de solitude Sam 4 Avr 2009 - 13:11 | |
| La moindre chose qu’elle puisse faire était en effet de rendre ce voyage mouvementé. Mais aveuglée et prisonnière, étendue sur une monture qui au moindre soubresaut lui faisait payer ses futiles gigotements, Rhynilee se trouvait fortement dissuadée d’essayer une tentative quelconque d’évasion. Qu’à cela ne tienne, la drow parlerait, ou se tiendrait sage, économisant ses ressources – maigres et verbales – pour se défendre là où on l’emmènerait. Elle dût donc patienter, la joue fraîche collée contre le poil de l’animal qui trottinait paisiblement dans la boue – chacun de ses pas était étouffé par l’herbe, ou la boue, ou un étrange sentier inconnu qui résonnait à ses oreilles effilées-.
Si elle le pouvait, la jeune femme se débarrasserait au moins de ses liens et se masserait sa nuque endolorie, mais ce maudit lien qu’elle tente de défaire avec ses ongles ripe contre la surface de ses doigts trop fins, et ses poignets sont enserrés. Ils vont sûrement bleuir si elle continue à frotter sa peau contre ce maudit tissu. La jeune Rhynilee laissait macérer son agacement intérieur de s’être fait piéger si bassement, et qui plus est de ne même pas savoir ce qui allait se passer. D’une voix presque impérieuse, la drow balaya toute honte, comme si elle était actuellement une passagère royale, une femme qui avait Zelvajra à ses services, ou du moins, une supérieure à cette enflure d’hybride. Il aurait presque pu s’en sentir agacé et déboussolé si sa captive n’était pas retenue par des liens solides.
Rester sur vos terres ? Vous interprétez vraiment les paroles comme un pied. La prochaine fois évitez de laisser la vase encrasser vos oreilles et vous annihiler le cerveau.
Elle trouvait encore le cran d’être désagréable ! Du grand art, cette petite Rhynilee. Comme une fillette qui se révolte contre cette sagesse qu’on lui impose, elle gigote, et son pied manque de peu de donner un coup de pied qui fait légèrement hennir le cheval, comme dans un avertissement. L’abruti. Les abrutis, plutôt, c’est ce qu’elle se dit alors que la bête finit par ralentir la cadence, comme si elle s’approchait du but à atteindre. Une légère boule de curiosité et d’adrénaline se forme au creux de son ventre trop plat. Où l’emmène-t-il ?
Vous vous trompez d’endroit, alors, vous feriez mieux en effet d’aller au Puy, ou bien même sur les rebords de la Faille. Encore que Nisetia a ses charmes. Mais ça, je doute que vous puissiez seulement le comprendre, vu que vous devez sûrement m’emmener dans je ne sais quel coin sordide…
A défaut d’entâcher sa mauvaise humeur, Rhynilee posera au moins quelques soucis comportementaux, et aura un peu ennuyé le cheval lors de sa promenade pour retourner au bercail. La jolie sombre pousse un soupir ennuyé, et continue son discours, n’ignorant pourtant pas que le cheval a encore ralenti, et que le bruit a considérablement augmenté par rapport au calme reposant et angoissant mais si familier des marais de Faelia.
Adorable, vous jouez les grands généreux en endossant le rôle de guide pour moi, mais c’est beaucoup trop d’honneurs, voyons.
S’il ne percevait pas l’ironie qui irradiait de ses propos, alors ce bouffeur de laitue croisé avec une bouse de dragon – tels pouvaient être les admirables qualificatifs dont était capable Rhynilee à cet instant précis – alors ce type était vraiment le roi des ânes.
Au contact de griffes lui effleurant la peau, la drow fronça les sourcils, mais sentit qu’on lui détachait ce misérable cache-yeux. Il était temps… Elle allait enfin voir, elle l’imaginait déjà, un coin miniature de Dross où assez de prostituées et de bougres mal famés pourraient la nuire et lui calmer ses ardeurs…
Le bandeau glissa, redévoilant les iris d’argent acérées.
Qui s’arrondirent, lentement, lentement… La pupille, si elle est cachée longtemps à l’obscurité, est si ronde et si parfaitement noire qu’elle donnerait l’impression d’avoir des prunelles sombres. Et il suffit d’un grain, d’un infâme et ridicule rayon de soleil pour détruire cette perfection oculaire, pour que la pupille se fasse fente ou point ridicule…
Et que Rhynilee constate avec horreur que la direction prise est loin d’être celle qu’elle aurait désiré.
Les mots sur ses lèvres restèrent suspendus, ce fait trahissant ses émotions partagées entre l’intrigue et l’angoisse soudaine qui lui chatouillait le cœur pierreux cognant dans sa poitrine. Qu’allait-il faire d’elle arrivés à … Abyssea ? Ce fut à son tour de se retrouver paralysée par cette question qui aurait tétanisé plus d’un froussard. |
| | | Zelvajra
Hybride
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| Sujet: Re: Besoin de solitude Sam 4 Avr 2009 - 15:12 | |
| Je me demande où elle retire toute l’énergie qu’elle parvient à déployer. Elle vient de se faire assommer et de subir une décharge d’énergie chaotique, mais au lieu de l’épuiser cela semble plutôt l’avoir remis en forme. Et elle ne se gêne pas pour me le faire comprendre de la plus grandiose des façons. Aveugle, immobilisée, elle n’en reste pas moins pleine d’esprit et de répartie. Sauf que ses piques sont comme un baume à mon cœur. Là, balloté sur la croupe de mon cheval comme un sac, elle ne peut pas faire grand-chose d’autre. Pour autant, je dois lui reconnaître un certain courage, beaucoup n’aurait gardé qu’un mutisme apeuré, alors qu’elle continue de me provoquer. Elle apprendra bien assez tôt le prix du courage, cela dit.
J’accueille en tout cas son silence avec une certaine fierté. Si je n’ai pas réussi à la faire taire, Abyssea y sera parvenu sans peine. Il est vrai que la Cité impressionne, tant elle dénote avec son environnement. Ses hautes tours sont comme un gant jeté à la figure du reste du monde, un défi à la création des dieux impies. Nous nous élevons contre cette imposture, nous et notre Cité. Symbole de notre lutte, elle se doit de l’incarner de la plus grandiose des façons. Je tourne mon regard vers la sombre, mais elle ne parvient pas à détacher ses yeux d’argents de sa destination, son imagination ayant sans doute pris le contrôle. Elle doit songer à tout ce qu’elle va pouvoir subir en nos murs. Abyssea ne sera pas sa dernière demeure, non, j’ai d’autres projets pour elle. Elle va devenir malgré elle mon porte parole, elle annoncera au monde ce qui l’attend. Je vais lui faire comprendre ce qu’est réellement le Chaos. Qu’elle et son peuple comprennent enfin avec qui ils sont alliés.
Je garde moi-même un silence respectueux tandis que son ombre imposante nous enserre, si bien que le reste du voyage se fait dans le calme. Je n’ai même plus besoin de guider ma monture, elle a reconnu son objectif et s’y dirige d’un pas tranquille. Mon esprit s’évade, je m’amuse à m’imaginer où se trouvent mes frères. Arashkam doit attendre avec impatience, confiné dans ses appartements, que le soleil s’efface enfin au profit de la lune pour pouvoir se promener sans crainte hors de la forteresse noire. Les muses s’entraînent surement avec leur chevalier personnel, développant leur danse et la synchronisant avec leur compagnon. Mon regard glisse vers le pommeau de mon épée. Cette danse que tu m’as apprise, Sylea, il me faudra l’oublier. En apprendre une nouvelle sera nécessaire, quand le moment sera venu.
On ne m’oppose aucune résistance quand vient le moment de passer les portes. Je vois dans leurs yeux une lueur nouvelle, et je comprends que l’Enfant du Chaos a tenu sa promesse. Tous savent désormais qui je suis. Le Bourreau d’Abyssea, la Loi Vivante de la Noire Cité. Ils jettent cependant des coups d’œil intrigué à mon bagage, surpris sans doute d’y trouver une sublime créature à la chevelure abondante. Quelques uns se permettent même quelques commentaires salaces, mais je les dissuade de pousser plus loin leur manège d’un regard sombre.
Le doux bruit des sabots s’enfonçant dans la boue est remplacé par le claquement sec des fers sur le sol pavé. Je continue ma route, ignorant les passants qui nous regardent passer. Je ne sais pas ce que fait ma jolie sombre, est-elle fascinée par l’étrange ambiance de la cité ? Chaque habitant ici porte une arme, et même si elle est rarement dégainée en ces murs, il sait s’en servir. Nous sommes tous des guerriers, des brutes avides de sang et de vengeance. Nous haïssons le monde extérieur, car nous n’y avons aucune place. Ici, la moindre des catins n’hésitera pas à trouer le cœur du porc qui tentera de la prendre contre son grès. Elles donnent librement leur corps à ceux qui partent ou reviennent de la guerre, car grâce à eux elles continuent à avoir un lieu où elles se sentent bien. De leur côté, les soldats ne réclament rien de plus que ce qu’elles veulent bien leur céder, car s’ils se battent pour elles, ce n’est pas pour les violenter ensuite. Je tuerai sans hésitation celui qui viendrait troubler cet équilibre, car celui là aura oublié le vrai sens d’Abyssea.
Je tire doucement sur mes rênes, et mon destrier s’arrête, tandis que je lève mon regard vers l’enseigne. « L’écaille du Dragon » est une bonne auberge, et son écurie est confortable. Après avoir démonté, je flatte son encolure, avant de le guider doucement vers un box. Durant tout le processus, je fais la sourde oreille aux éventuelles remarques de ma prisonnière. Bientôt, je parlerai, et j’énoncerai les règles du jeu.
Je l’attrape et la place, comme un vulgaire sac de denrées, sur mon épaule, plaçant ma main sur son dos pour l’empêcher de trop remuer. Elle tambourine mon armure de ses genoux et de ses poings, mais je fais mon possible pour l’ignorer. Parfois, un coup bien placé m’arrache une grimace, mais je parviens pendant les quelques mètres qui séparent l’écurie de l’auberge en elle-même à garder le silence. Quand je franchis la porte de l’établissement, la pièce commune jusqu’alors joyeuse se calme rapidement. Les regards convergent vers l’étrange couple que nous formons, les haussements de sourcils se font légions et quelques murmures étonnés percent la bulle de silence qui s’est installée sur les lieux. L’aubergiste s’approche et se contraint à une inclinaison de la tête et du buste spontanée qui me laisse perplexe. Je ne suis pas habitué à ce genre de fioritures.
- Que puis-je pour vous, Bourreau ?
Je pousse un léger soupire intérieur, maudissant cette tendance qu’ont les vivants à craindre ce qui peut leur être nuisible. Je suis devenu nuisible, dangereux même. Ceux qu’ils comprendront bien vite, c’est que je ne le serais pas sans bonne raison. Mais ils comprendront.
- Commences par me tutoyer, frère, et indique moi une table tranquille. Je dois parler avec mon amie, et je ne veux pas perturber ton enseigne à cause de ses cris.
Mon ton et ma demande le surprennent, mais il le cache bien. Avec un léger hochement de tête, il me fait signe de la suivre. Il nous amène dans une des chambres libres, m’en donne la clé, puis s’efface sans un bruit. Je ferme la porte derrière lui puis jette négligemment mon colis sur le lit.
Il était temps, elle est coriace. |
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