[Palais] La mission improbable

L’enfant s’agitait, ses pieds et ses points battant l’aire cherchant à atteindre des ennemis imaginaires. Un sourire fendit son visage gris puis il se calma. Il se trouvait debout sur une colline, il avait grandit. Le vent jouait dans ses longs cheveux blancs. Une épée dégoulinante de sang à la main il regardait d’un air narquois les corps sans vie qui jalonnaient la pente de la colline. L’un d’eux bougeait encore. Il s’approcha lentement de l’elfe, se délectant de la terreur qu’il lisait dans ses yeux. Il leva son épée, lentement et l’enfonça dans la poitrine de l’elfe. Il émit un gargouillis sonore et du sang jaillit en flots de sa bouche, emportant avec lui la vie et la souffrance.

- Quand je frappe on à la décence de mourir, elfe !

Ce furent les dernières paroles qu’il entendit. Se yeux se révulsèrent, ses muscles se détendirent, il mourût.

C’est à cet instant précis qu’une douleur malvenue tira l’enfant du plus doux des rêves. Celui qui représente l’achèvement de ses espérances et la réalisation de ses projets, même ci, à cet âge on ne comprend pas ce que cela signifie. On n’en jouit tout de même.

Il ouvrit les yeux, ébloui quelques instants. Il se formalisa d’un regard alentour, lorgnant d’un regard méchant quiconque passait dans son champ de vision puis il crispa d’avantage ses traits, rendant encore d’avantage inhumain ce visage qui ne l’était déjà guère habituellement. Il contracta du même coup ses intestins et sentit peu à peu la douleur diminuer avant qu’elle ne disparaisse complètement.

Alors soulagé il se mit à hurler. Ce procédé, en plus d’être simple, était on ne peut plus efficace. Alors que les adultes se répandaient en prières et courbettes pour obtenir se qu’ils voulaient lui n’avait qu’à hurler. Ce qui se révélait être un excellent moyen, de plus, de s’aérer les bronches.

Pourtant quelque chose clochait. Cela faisait déjà une demi-minute qu’il pleurait et toujours aucun garde à l’horizon. Troublé l’enfant faillit s’arrêter de brailler ; Il se reprit juste à temps et choisit de brailler plus fort. Jurant sans le savoir vraiment de se venger, ou en tout cas d’appliquer une sanction sévère (ce qui excluait la mort) à celui, celle ou ceux qui le faisaient poireauter, lui, Ramoth’Valuk, fils de la prime sorcière.

C’est à cet instant qu’il entendit un son.

- Qu'y a-t-il, mon Prince?

Il arrêta aussitôt ses cris et tourna un regard intéressé vers la source de ce son étrange que certains de ses gardes formulaient parfois. Il sonnait étrangement à son oreille, différemment de ses cris. C’était quelque chose d’étrange qui l’attiraient malgré lui. Des sons plus complexes qu’ils en avaient l’air, comme si cela avait un sens, bah s'était totalement absurde. A quoi donc cela servirait-il? Alors que l'on avait qu'à hurler ou frapper pour obtenir quelque chose hein? A quoi?

Mais l’heure n’était pas à la réflexion. L’humidité et l’odeur de ses linges le mettaient mal à l’aise. Il se tortilla dans le couffin tandis qu’une ombre se levait devant lui. Il s’immobilisa et dévisagea un homme qui avait l’air dans un de ses mauvais jours. Ce qui le fît naturellement sourire, d’un air mauvais bien entendu.

Sentant probablement le mauvais moment venu il reprit de plus belle son numéro de ténor, affin de bien faire comprendre à l’homme qu’il ne désirait pas rester plus longtemps ainsi, baignant dans ses excréments.

L’homme s’approcha, tendit les bras et souleva précautionneusement l’enfant, moins pour ne pas le faire mal que pour prendre garde à ne pas se salir. Il déposa l’enfant sur la surface froide de la table à langer, ce qui arracha un grognement à l’enfant. Il continua pendant quelques instants ses hurlements puis se tût. Dévisageant le visage de l’homme dont la répulsion et la colère s’échappaient massivement telles des ondes qui venaient frapper l’enfant de plein fouet. Ce qui le réjouit au plus profond de lui, sans qu’il ne comprenne pourquoi.

Il tourna la tête de coté pour mieux l’observer puis laissa échapper un « GAZOU ? » interrogateur.

Les deux partis s’observèrent encore un moment. Puis l’enfant afficha sans le savoir vraiment un sourire moqueur et laissa échapper un nouveau « AREUH ! », qui invita cette fois l’homme à le changer, il adorait ce moment de la journée.

Et elle commençait très bien.

Tout est clair à cet âge, comme l'eau qui fût jadis glace et ruisselle au redoux les pentes escarpées des montagnes. Elle serpente s'entrelace sans jamais s'arrêter tout comme les idées du petit monstre couché sur une table à langer de marbre.

Sans trop savoir pourquoi, laissant son inconscient le guider comme un renard écoute son instinct, il retint quelques secondes encore Le contenu de sa vessie, tendant ses muscles jusqu'à en avoir mal. Une douleur nécessaire qu'il endura sans broncher.

Il ne bougea pas, laissant l'homme retirer le linge humide et nauséabond. Puis avec la dextérité de celui qui n'en est pas à sa première expérience il relâcha ses muscles, laissant filer un jet d'urine particulièrement adroit qui frappa Dartan de plein fouet

Plus tard, il serait archer. Quoi de plus jouissif que la souffrance surprise peinte sur le visage d'un ennemi lorsque il s'effondre, touché par un trait bien placé?

Rien. A par peut-être la fureur surprise de l'homme touché en plein front par un jet d'urine.

La résignation ainsi que la colère laissèrent place à une surprise muette qu'afficha Dartan. Il resta immobile un moment. Plus rien dans la salle ne bougea. Même le vent sembla cesser d'agiter les rideaux. Seule une goutte, légèrement jaunâtre décida d'aller voir un peu plus
bas se qu'il se passait et entreprit de dévaler le nez du guerrier.

Alors tout se remit en mouvement et de nouveau une colère froide animât ses traits.

Se sont les serviettes qui payèrent pour son outrecuidance. Il était intouchable et il le savait, bien des fois déjà il avait assaisonné de ses excréments ceux qui le changeait mais jamais il n'avait eut à en pâtir. Jamais une main ne s'était posée sur lui avec plus de violence qu'une caresse.

Dartan saisit l'une des serviettes et s'essuyât frénétiquement le visage Il ne sembla satisfait que lorsque son front présenta une large marque rouge de la taille d'un œuf.

Ramoth'Valuk, fils de reine, décida, dans ça grande clémence, d'accorder un peu de répit au guerrier, ou bien voulait-il lui donner de faux espoirs?

Mais sait-on seulement si l'esprit d'un enfant et capable d'une telle perfidie?

Son subconscient, lui, en tout cas n'avait pas l'air d'en douter.

Dartan lui essuya les fesses rapidement, sans égard pour la peau de pêche fragile du nourrisson. Le nettoyage sommaire terminé la véritable épreuve commença.

On ne dira jamais à quel point il est difficile de mettre des langes à un enfant normal. Installer tous ces bouts de tissus et faire en sorte que tout cela tienne relève du miracle, qu'accomplissent chaque jour à travers tout Miradelphia des centaines de nourrisses (une pensées toutes particulière nous vient pour les nourrisses naines, que les Dieux les gardent).


Ainsi donc Dartan, qui croyait avoir tout vu, qui croyait avoir tout vécu, entreprit la tâche la plus difficile de son existence. Mettre une couche à un nourrisson.

Avec l'expression du guerrier qui s'apprête à affronter une armée particulièrement puissante il se prépara à la lutte. La bataille commença.

Dartan souleva rapidement les fesses de Ramoth, qui, d'une pirouette particulièrement bien effectuée se retrouva sur le ventre, coinçant le linge propre. Le guerrier retourna l'enfant, récupérant le linge que le petit monstre agrippa de ses mains potelées, articulant un vague
grognement destiné à son agresseur. Dartan parvint tout de même à récupérer le linge et à le réinstaller sous les fesses du nourrisson de nouveau sur le dos.

Avec un sourire vainqueur Dartan saisit les trois bords du linge et entreprit de les nouer. Luttant contre le jeu de jambe particulièrement efficace de l'enfant

Il tenait décidément une bonne couche de sadisme.

Mon prince, arrêtez je vous en prie!

Mais rien n'y fît. Ni les protestations. Ni les menaces muettes lancées par son regard furieux. Finalement le guerrier se résignât.

Il se tourna vers une jeune esclave et ils échangèrent tous deux des sons. Puis la jeune fille s'avança vers la table, saisit les linges et les nouât rapidement, comme pour rester le moins longtemps possible en contact avec cet enfant qui fît lui preuve d'une immobilité propre à
agacer Dartan.

La besogne achevée elle disparue rapidement de son champ de vision tandis qu'une nouvelle fois une série de ces sons articulés retentissaient dans la pièce. Ils étaient durs et graves, ordonnés et portaient un grand respect.

Dartan reporta son attention vers l'origine des sons et répondit, impatient puis il semblât hésiter et se tourna de nouveau vers l'enfant que le regardait d'air air qu'il voulait narquois.

Semblant prendre une décision il disparut pendant quelques minutes puis revint, vêtu de son armure. Alors il souleva l'enfant et quitta la pièce d'un bon pas tandis que le nourrisson essayait de le mordre, plantant ses dents minuscules dans le métal, laissant sur la précieuse
pièce d'arme de minuscules rayures.