Aux portes d'Ydril [PV Eleaulë/Terminé]

Que faisait un Drow bien loin de chez lui ? lui même se le demandait. Le territoire humain n'était pas des plus accueillants en cette saison et seul les drows les plus fous sortaient aussi loin de chez eux... sans escorte. Les humains avaient soufferts de la violence de l'armée drow et ceux-ci paraissaient toujours comme des parias à leurs yeux, ce qui était logique. L'un d'eux pourtant, un assassin qui se nommait Filraen pansait ses blessures près d'une petite rivière. Il était dissimulé sous l'ombre d'un pommier et assit sur de l'herbe verdoyante et grasse. Cette nature l'écoeurait, le dépaysait, pour lui seul son volcan était la septième merveille du monde. Il avait arraché un bout de tissu de sa longue cape noire qui traînait maintenant sur le sol, plongeant celui-ci dans l'eau fraîche et revigorante afin de nettoyer une énorme plaie sur son flanc gauche. Mais commençons par le commencement...

Après le meurtre sanglant de son frère puis de son père, ainsi que la destruction totale de leur guilde d'assassin à lui seul, il avait réintégré l'armée, la Dothkas précisément dont il était devenu un Veldruk important. Il s'agissait d'un groupe d'élite de l'armée, comprenant essentiellement des assassins et des espions. Un jour, son Barra, c'est à dire son supérieur direct lui confia six hommes pour traquer un traître de la race drow. Ce scélérat avait dérobé des plans de bataille pour les amener au seigneur de la ville d'Ydril contre une bourse bien remplie probablement. Cette écart de la part d'un de ses congénères le dégoûtait mais il n'aurait aucune honte à lui ôter la vie pour le bien de leur communauté.

Donc accompagné de six autres assassins, la traque commença, mais le bougre avançait vite et il avait pris énormément d'avance. Le groupe de tueur se déplaçait à pied pour assurer leur discrétion, ils auraient été plus vite avec des chevaux mais leur mission était de tuer le voleur, récupérer les plans d'attaques et rentrer au bercail sans engager le combat contre les races libres. Cette course a pourtant durée plus de deux mois, le passage sur les terres stériles s'était fait sans encombre, pareil pour la forêt d'Anduram grâce à l'aide d'autres elfes noirs qui avaient négligemment laissé passer le traître. Tout se compliqua une fois arrivé aux plaines d'Atral car le groupe rencontra une escouade de cavalier humain. La bataille fut inévitable et les drows furent tous massacré sans aucune pitié... Blessé à la hanche gauche, leur chef Filraen était parvenu à s'échapper en tuant trois des chevaliers grâce à son poison mortel. L'échéance s'approchait de plus en plus car le roublard était proche de la ville et L'assassin ne pouvait se résoudre à entrer à Ydril après lui. Par chance, le traître avait fait une halte afin de se ressourcer près d'une rivière, Filraen ne perdit pas de temps et se rua silencieusement derrière son ennemi afin de lui prendre une bonne fois pour toute la vie. Il fut déçu de voir peu de résistance de sa part suite à cette longue course effrénée mais la mission était un succès malgré la perte de nombreux hommes...

L'assassin avait longé la rivière sur le retour pour éviter le reste de la cavalerie qui était à ses trousses, mais il perdait de plus en plus de sang à cause de sa blessure, et sa longue randonnée l'avait exténuée. Haletant, il s'affaissa près d'un pommier, affichant une expression amer en voyant toutes ces pommes juteuses bonnes pour les elfes clairs. Adossé contre celui-ci, il compressait sa blessure avec le bandage mouillé improvisé, il avait retiré le haut de sa combinaison, affichant une musculature prononcée, des biceps secs et des abdominaux parfaitement bien entretenues. Ses longs cheveux noirs lui retombaient sur les épaules, la partie gauche étant dissimulée par une partie de sa chevelure. D'humeur paisible, Filraen espérait simplement se reposer suffisamment et reprendre des forces pour continuer sa route seul jusqu'à chez lui. Mais des bruits de pas légers attirèrent son oeil rougeoyant vers l'aval de la petite source. De nature méfiante, il attrapa un couteau de lancée dans sa poche qu'il cacha derrière sa jambe... De qui s'agissait-t-il ?

Eleaulë marchait rapidement, encore un peu perturbée par la rencontre faite dans les plaines d'Atral, en effet elle venait de prendre conscience que sa nature serait un immense fardeau à porter dans sa vie future, notamment avec les humains. Pourtant elle avait élevée comme eux, pensait comme eux, riait aux même choses qu'eux, mais elle était maudite. Maudite à cause d'une chose qu'elle n'avait jamais pu décider. Ces simples pensées la mettait en rage, lui donnant parfois envie d'abdiquer. Mais il fallait se fier à l'évidence, la vie était plus forte et reprenait le dessus. Elle devait se battre, après tout elle n'avait pas choisi. Respirant fortement pour se vider les poumons et la tête par la même occasion, elle reprit son chemin, son bâton tapant sur le sol toujours avec ce rythme de métronome. La ville était maintenant bien en vue et l'étendue bleue à l'allure majestueuse également. Les yeux gris perle d'Eleaulë semblaient happés par cette couleur où le soleil se reflétait. Peu à peu, ses soucis s'estompèrent et son pas devenait plus rapide. Eleaulë voulait faire table rase du passé et se trouver une nouvelle vie, elle pensait que dans cet endroit elle pourrait le faire. Le vent marin lui frappa les narines, révélant chez la Demi Drow de nouvelles sensations. Cette odeur et ce goût de sel étaient vraiment particuliers. Bientôt, elle arriva en vue des portes de la ville, la route serpentait étroitement pour se terminer devant une sorte de pont levis. Elle avançait tranquillement, les yeux fixés sur la porte qui symbolisait pour elle beaucoup de choses. La distance se raccourcissait de plus en plus, et le cœur de la jeune femme devenait de plus en plus léger, cette histoire avec cet homme et cette femme de même nature qu'elle était loin derrière à présent. Ses pas l'avait conduite vers une petite source, elle devait la descendre pour arriver à Ydril, cependant, alors qu'elle s'exécutait, elle entendit un léger feulement de feuilles et d'herbe. Quelqu'un n'était pas loin et semblait avoir réagi à sa présence. Eleaulë se remit à paniquer, craignant une nouvelle mauvaise rencontre. Bientôt, l'individu se distingua dans les feuillages. Sa peau était sombre, ses cheveux tout autant. La jeune femme n'en avait vu que peu mais elle savait qu'elle se trouvait face à un Drow. Un frisson la parcourut et ses yeux s'écarquillèrent, il y avait peu de chances de survie quand on en croisait un. Instinctivement, la sang mêlée pensa a sa dague dissimulée dans ses vêtements. Elle ne pourrait pas la prendre sans qu'il le remarque et elle n'était pas assez aguerrie au combat pour lui faire face. Elle préféra rester là, sans bouger, bouche a demi ouverte et yeux ronds. Quelques minutes passèrent quand elle eut enfin le courage d'articuler quelque chose, sa voix était hésitante et balbutiante et trahissait sa peur.

Pardonnez moi... Je ne fais que passer... Je ne voulais pas vous importuner...

Elle se maudissait mentalement de ses paroles soumises qui révélaient sa trop grande couardise. Cet être ne pouvait pas sentir qu'elle était demi Drow, ce n'était pas possible, même si apparemment son physique laissait planer quelques doutes. Dans le pire des cas elle se ferait passer pour une femme issue d'une caravane qui a beaucoup voyagé au soleil. D'un rapide coup d'œil elle détailla l'homme en face d'elle. Outre le fait qu'il soit un Drow, il avait tout de même un physique avenant et plaisant, voire même extrêmement charmant. Les yeux gris perle de la Eleaulë ne purent s'empêcher de se glisser lentement sur les abdominaux de celui ci, non sans esquisser un léger sourire. Toutefois celui ci disparut rapidement quand elle se souvint qu'elle était en position de faiblesse. Comment allait il agir? Allait il la tuer ici même? Ainsi tout son voyage n'aurait été que foutaises et sa vie inutile... Non, elle ne le voulait pas, elle devait survivre, par tous les moyens...

La silhouette tant attendue ne tarda pas à faire son apparition. Non, ce n'était pas un guerrier humain ou un elfe mais une femme... Ravissante qui plus est mais apparemment inoffensive. Filraen se doutait bien de l'effet qu'il pouvait produire hors de ses contrées, même ses anciens esclaves le craignaient toujours. Ce n'était pas de sa faute mais de celle de sa race, les sombres étaient tous mis dans le même panier et ils apparaîssaient comme le "démon" dans les petits villages. Dans ce tableau, la jeune semi-drow faisait office de la proie qui venait de tomber nez à nez avec un prédateur, Filraen. Mais celui-ci était blessé, ses forces le quittaient même si il se montrait toujours empli de vanité face à la jeune femme. Sa fierté naturelle était tellement forte qu'il se rehaussa auprès de son arbre pour ne pas paraître en position de faiblesse.

Il tourna alors son oeil froid couleur carmin vers Eleaulë qui semblait tétanisée par cette rencontre imprévue. Son visage resta de marbre devant cette parfaite inconnue, il aurait pu se lever et abuser d'elle avant de la tuer afin qu'elle ne signale pas sa présence aux gardes. Mais il se justifia lui même en se disant qu'il était trop faible pour faire ce genre d'action, en réalité il avait eu une certaine retenue à son égard. Oui, étrange pour un drow mais Filraen était un célèbre tueur pas un tortionnaire lubrique. Pourtant cela faisait plus de deux mois qu'il n'avait pas vu une femme et celle-ci était plutôt attirante à ses yeux. Elle avait un petit plus qu'il n'arrivait pas à déceler, un petit quelque chose qui les rendait lié finalement. Son oeil libre parcourra ses courbes aguichantes à travers sa cape de voyage, passant furtivement vers son décolleté appétissant. Il reposa lentement sa dague près de sa jambe sans perdre une miette de cette vision séduisante, il savait qu'il n'avait rien à craindre d'elle, car pour lui seul les femmes drows étaient capables d'exploits sur la champs de bataille. Son arrogance et sa fierté exacerbée étaient caractéristiques de sa race après tout. Il l'écouta alors balbutier ces mots...

Pardonnez moi... Je ne fais que passer... Je ne voulais pas vous importuner...

Ses lèvres s'étirèrent face à cette peur presque jouissive, malgré la crainte des sombres qui passaient pour des monstres sanguinaires, le sourire carnassier de Filraen sur ce visage fin sans aucune balafre le rendait presque humain. Un petit rire sortit quelques secondes de sa gorge alors qu'il replaçait son regard sur la petite rivière. Les rayons du soleil furent soudainement cachée par des nuages gris, ce temps était idéal pour l'elfe noir car ses yeux avaient toujours du mal à s'habituer à la lumière du soleil. Il retourna alors son visage sur celui d'Eleaulë, toujours neutre et insensible. Dans une voix grave mais noble, il lui expliqua.

Amusant. Généralement ceux de ta race prennent la fuite ou tentent vainement de me tuer... Toi, tu restes là, à me fixer. Tu es soit courageuse soit folle. Mais bon, je n'ai eu aucune compagnie depuis des semaines et tout les drows ne sont pas des mons...

Il fut coupé dans sa phrase par une vive douleur lancinante, le petit bout de tissu était couvert de sang et l'essence même de la vie se répandait sur la nature elle même. Si on avait pu dire qu'il était devenu pâle, alors il n'aurait pas eu tout ses problèmes, mais sa tête retomba lourdement sur le tronc de l'arbre, il tourna légèrement de l'oeil pendant quelques secondes. Filraen était un grand assassin, son but n'était pas de prendre des coups mais de tuer le premier, son entaille à la hanche venait d'empirer et si il ne recevait pas de soins immédiat, le bougre allait mourir sur place. C'était une honte pour un guerrier de sa trempe de ne pas tomber au champs de bataille. Son instinct de survie se réveilla alors, il posa de nouveau ses yeux sanguinolents sur la jeune femme qui n'avait pas bougée. Dans un faible souffle et dans un grand moment de détresse, il lui demanda.

Pitié... Soigne-moi...

Éberluée, la jeune femme observa le Drow choir contre le sol. Il avait une plaie à la hanche et le sang coulait maintenant sur le sol, dévorant tout sur son passage et laissant sa marque écarlate. Un gémissement lancinant se fit entendre, signe de l'état d'affaiblissement de celui ci. Eleaulë restait interloquée; quelques secondes qui semblèrent durer une éternité s'écoulèrent et enfin elle revint sur Terre. Regardant autour d'elle pour vérifier si quelqu'un passait sur la route, elle commençait à s'inquiéter, si une personne la voyait en compagnie de ce Drow, alors sa réputation était finie, avant même d'avoir commencé son travail. Dans un geste qui lui arracha à la fois une profonde inspiration et un léger gémissement de désespoir, elle empoigna le blessé par les aisselles et entreprit de le traîner dans un coin où ils seraient dissimulés des regards. Quand, ils furent enfin à l'abri, la demi Drow le déposa lentement pour l'adosser à un rocher. Ils étaient sous le couvert d'arbres un peu plus loin que le bord de la route, dans une sorte de fossé. Là, elle entreprit de comprendre comment soigner quelqu'un. Délicatement, à l'aide de ses doigts fins aux ongles longs, elle ôta le pansement de fortune fait par le Drow pour constater les dégâts. La vue de la plaie lui arracha une légère moue de dégoût, celui qui avait voulu lui faire du mal n'avait pas raté son coup. D'un geste vif, elle arracha deux pans de tissu de sa cape et alla les humecter d'eau dans la source qui coulait toujours non loin d'eux. Revenant près de lui, elle appliqua son bandage sur la plaie en serrant fortement. Elle allait mettre le second bandage sur son front, quand elle ne put résister à ôter quelques mèches sur son front d'un geste délicat de l'index. Il était vrai que cet homme, passé la barrière de ses origines, était d'une grande beauté. A cette pensée, Eleaulë rougit, comment pouvait elle penser cela? Était ce dû a cette moitié de sang maudit qui habitait ses veines? Elle devait chasser ses pensées de son esprit, cela ne servait à rien. D'un geste vif, elle plaqua le bandage froid sur son front. Cherchant ensuite quelque chose dans sa besace, elle lui tendit un morceau de viande séchée. Pourquoi le soignait elle? Elle risquait sa vie après tout, si il recouvrait ses forces il pourrait l'attaquer. Mais cela la jeune femme en doutait fortement, elle avait vu la plaie, celui qu'il l'avait frappé avait eu la volonté de le tuer c'était certain. La blessure mettrait plusieurs jours à cicatriser, elle devait trouver un moyen d'achever ces soins. D'une voix un peu plus assurée, la demi Drow lui tendait toujours le morceau de viande et l'encouragea à en manger un peu.

Tenez... Vous devriez reprendre des forces...

Pourquoi tant d'altruisme après tout? La jeune femme se posait cette question, qu'est ce qui l'avait poussé à faire cela? Cet homme avait voulu la poignarder, elle l'avait bien vu quand son couteau s'était rabaissé. Alors pourquoi? Le credo de la Sang Mêlée était de venir en aide à tout être qui soit, pour lui prouver que les êtres n'étaient pas tous foncièrement mauvais. Mais, devant ce Drow, cette volonté avait été soumise à une dure bataille entre raison et charité, après tout, la race Sombre était la plus malfaisante de toute, n'hésitant pas à commettre tous les supplices. Quoiqu'il en soit, pour une raison qui restait obscure même aux yeux de la jeune femme, l'altruisme l'avait emporté et elle était maintenant là en train de le soigner. Elle songeait même l'emmener dans la taverne dont elle voulait faire l'acquisition, en effet, un vieillard lui avait raconté qu'une ville mal famée nommée la Dross abritait quelques tavernes dont une qui était en excellent état et à vendre. Le propriétaire était aux fers pour avoir été surpris en train de vendre des stupéfiants et il serait torturé dans la saison. Personne ne voulait reprendre le bâtiment, de peur de recevoir des représailles. Elle pourrait donc l'acquérir pour une bouchée de pain ce jour même. Eleaulë devait juste se rendre en ville et trouver la famille du tavernier fautif, ce qui apparemment n'était pas si difficile. Ensuite, elle voulait ramener ce Drow dans une des chambres réservées à la famille du tavernier, cela se ferait au beau milieu de la nuit. Qui plus est, d'après ses calculs, il s'agirait d'une nuit sans lune en prenant compte le temps de voyage, elle pourrait donc le dissimuler sous une cape, après tout à une certaine heure, on ne trouvait plus personne en ville hormis les mendiants endormis et les gens ivres morts. Cependant, allait il accepter? Après tout, si il préférait souffrir c'était son problème. La main qui tendait la nourriture commençait à fatiguer un peu, la demi Drow reprit la parole mais cette fois d'une voix plus douce.

Allez mangez... Vous n'allez pas vous laisser mourir ici non?

Il avait tout de même tenté de la tuer, était son métier ou de part sa nature? Peut être les deux après tout. Pourquoi tant de haine? Elle ne comprenait pas, si elle avait été élevée par des Drows, aurait elle aussi agi ainsi? Une chose était sûre, elle se maudissait de ne pas avoir pu réagir, elle devait apprendre à se battre pour ne pas finir en morceaux. Diriger une taverne n'était pas chose simple et elle ne devait pas se laisser marcher sur les pieds. Pour le moment elle devait se concentrer sur son blessé, lentement son regard s'attarda sur ses muscles finement dessinés. Après tout il avait bien fait de même, elle l'avait remarqué, alors pour devait elle s'en priver?

Filraen se dégoûtait de lui même, il avait failli et il était maintenant livré à une humaine, du moins c'est ce qu'il pensait. La fièvre commença à grimper en flèche, des goûtes de sueur perlaient sur son front et ses pupilles bougeaient à une vitesse fulgurante. Les images de la bataille qu'il venait de subir lui revinrent en tête, allongé sur le sol suite à un vilain coup de bouclier sur le crane, le visage ferme et déterminé de ce capitaine lui revint en tête, il n'oubliera jamais avec quel hargne l'humain le frappa aux côtes pour probablement venger les siens au combat. Les drows n'avaient pas cette même noblesse d'esprit, l'assassin n'avait pas hésité une seule seconde à abandonner les siens pour une retraite anticipée, après tout son destin n'était pas de mourir dans ces conditions. Et pourtant il aurait mieux valu car si il ne réagissait pas, il allait lentement s'abandonner à cause de cette blessure. Le sombre n'avait jamais supplié aucune personne dans sa vie, même pas ses maîtres d'armes qui le tabassaient pour faire taire son insolence. Mais Filraen n'avait peur que d'une seule chose en réalité, de mourir en ayant laissé aucune trace de son passage sur ce monde...

Sa vision flou embruma son esprit et sans rechigner, il se laissa transporter par la jeune femme jusqu'à un endroit plus sûr pour eux d'eux, car il est vrai que Eleaulë risquait gros en étant aperçu près d'un des ennemies publics de la région. Il ne fut ni lourd ni encombrant à déplacer mais il perdit hélas le double de son sang en route malgré la délicatesse de la semi-drow. Alors qu'elle retira lentement son bandage, il n'afficha aucun rictus de douleur lorsqu'elle appliqua de nouveau fortement une bandelette trempée sur cette vilaine "coupure". Son corps restait de marbre sous les divines intentions de la jeune drow mais ses yeux la trahissait, derrière cette carapace se cachait une chose étrange... était-ce de la reconnaissance ?
Il ne comprenait pas pourquoi elle faisait ça, il est vrai qu'il venait de lui demander son aide mais c'était dû à l'instinct de survie, il pensait qu'elle allait simplement passer son chemin et le trahir. Mais non, bien au contraire elle risquait la prison voir la mort en protégeant ce fauve qui était devenu presque docile sous la souffrance. En vérité, personne ne s'était occupé de lui de cette façon... Lorsqu'il était malade, sa mère se contentait de l'injurier ou de le tabasser car seul les faibles étaient souffrants. Lorsqu'il revenait de missions blessé, ses compagnons le laissaient simplement récupérer dans un cachot moisi sans lui prêter réel assistance. C'était apaisant et nouveau pour lui de se faire tout simplement aider... Les valeurs comme la charité et l'amour lui était inconnu, seul la survie comptait.

Allez mangez... Vous n'allez pas vous laisser mourir ici non?

Filraen fronça des sourcils en voyant ce bout de viande, il avait pour habitude de toujours vérifier sa nourriture avant de goûter car les poisons drows étaient facilement placé dans les plats pour assassiner un individu. Il retint surtout la douceur de la voix d'Eleaulë, jamais on ne lui avait parlé sur ce ton, prouvant ainsi le passé douloureux du personnage. Il ne savait pas ce qu'était l'affection, l'assassin avait été élevé à la dure pour en faire un guerrier sans pitié, sans sentiments humains qui affaiblissaient l'esprit et le corps. Il était pour la première fois troublé et intrigué par une "humaine" qui ne faisait pas partie de ses esclaves, Filraen avait rencontré peu de gens de la surface et finalement il les trouvait "fascinant", enfin surtout elle. D'un geste brusque, lui prouvant qu'il lui restait assez de force pour montrer son fort tempérament, le drow arracha le bout de viande des mains de la demi-drow telle un animal farouche qu'on tente d'apprivoiser. Grâce à ses dents blanches parfaitement alignées, le Sombre déchira la viande et mâcha difficilement à cause de sa douleur à la hanche persistante. Posant son regard froid sur la jeune femme, un mot sortit difficilement de ses lèvres pincées.

Merci.

Terminant le modeste bout de viande avec empressement, cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait rien avalé, c'était un véritable délice sur le moment et il ferma un instant les yeux pour apprécier ce cadeau des "dieux". Reposant ses yeux rougeoyants sur sa sauveuse, il la contempla pendant un long moment, sans souffler ne serait-ce qu'un seul mot. Son regard croisait simplement le sien pour en savoir plus sur celle qui parviendrait peut-être à dégeler ce coeur de glace. D'un geste lent, il approcha soudainement sa main fine du visage d'Eleaulë afin de toucher cet étrange tatouage sous son oeil qui brillait de milles feux, sa main froide se termina par une caresse sur sa joue, probablement en signe de remerciement vu qu'il ne savait pas utiliser des mots pour exprimer ses sentiments. C'était probablement la douleur mais il ne parvint pas à décrocher son regard de son fin visage, ni même à l'ignorer, il n'était pas particulièrement séduit par les humaines mais celle-ci avait une chose en plus...

J'aimerais connaître l'identité de celle qui me vient en aide alors qu'elle aurait dû s'abstenir...

Filraen serra de nouveau les dents suite à une nouvelle vague de douleur, mais comme envoûté par la silhouette et la douceur de cette inconnue, il replaça rapidement son regard sur ses magnifiques yeux couleur ivoire. Non, le drow ne comptait plus lui faire de mal même si on lui avait appris à massacrer sans pitié tout ceux qui croisaient sa route, il avait de nouveau faibli car il venait de connaître ce qu'était l'affection et la charité à son égard. Dans un sourire presque triste, le guerrier détourna la tête de la jeune femme, avant de lui répondre dans des mots toujours aussi distants.

Tu ferais mieux de partir maintenant. Je ne suis pas le genre de personne avec qui on peut s'entendre et... je ne voudrais pas qu'il t'arrive des problèmes à cause de moi...

Eleaulë le regarda mordre dans sa viande tel un fauve affamé. Elle esquissa un léger sourire, déjà il retrouvait son air farouche alors que quelques minutes auparavant, il était à même le sol en train de quémander de l'aide. Les Drows étaient vraiment des êtres imbus de leur personne. Le remerciement qu'il lui adressa malgré son air hautain était donc un immense gage de gratitude. La jeune femme frissonna quand la main ébène du Drow vint toucher ses tatouages et lui prodigua une caresse. Silencieusement, la Demi Drow se laissa faire, respirant faiblement et gardant ses yeux plongés dans les siens. A tout moment il pouvait la tuer de ses mains, alors pourquoi restait elle là? Peut être était ce à cause de ce corps qu'elle ne pouvait s'empêcher de regarder par moments, de ce visage ténébreux qui possédait quelque chose d'hypnotisant, comme cet oeil grenat qui la fixait sans pouvoir se détacher d'elle. C'est donc à contrecœur que la jeune femme baissa la tête, le Drow lui demanda son nom, il voulait savoir qui était la personne qui lui était venue en aide, gardant le silence, elle attendit quelques minutes quand il se remit à parler, il lui demandait de partir, de le laisser seul. La raison se mit à prendre les devants, lui ordonnant de le laisser ici car une personne de cet acabit ne pouvait être qu'une menace pour elle, pourtant, elle fut bien vite bâillonnée par la voix d'Eleaulë qui se fit entendre, chuchotant dans les buissons.

Il n'en sera rien, vous allez m'accompagner jusqu'à la Dross, là bas je m'occuperais de vous... Quand pensez vous pouvoir marcher?...Ah oui et... Je me nomme Eleaulë...

Elle venait de lui donner son nom, dernière muraille avant l'immense secret qui habitait en elle. Son ton était devenu un peu plus autoritaire, signe qu'elle n'allait pas le laisser filer comme ça. La jeune femme était consciente du danger qu'elle encourrait mais ce Drow avait quelque chose en lui qui défait sa raison et lui donnait envie qu'il reste avec elle. Eleaulë jeta un nouveau regard vers la route, personne n'était passé ou alors ils n'avaient pas fait attention à eux. La question qui se posait était de savoir si le blessé aurait besoin de soins ou non. Après tout, elle pouvait toujours en acheter sur la route. Se décidant à se mouvoir, elle changea une nouvelle fois les pansements de celui ci, le ballet était toujours le même, et ses doigts s'attardèrent un peu plus longtemps sur son torse et ses cheveux. Ce ne fut qu'après cela qu'elle se décida à murmurer d'une voix douce, un léger sourire aux lèvres.

Et vous... Daignerez vous me donner votre prénom Messire Drow?

Eleaulë le savait hautain, il n'allait peut être pas donner son nom comme cela. Lentement elle baissa les yeux de nouveau sur ce corps finement musclé, plus elle le regardait plus il lui plaisait. Était ce un nouveau tour de son sang? Ou bien était ce juste une chose indéfinissable? La jeune femme n'en savait rien, pour le moment, elle ne pouvait détacher les yeux de ce fauve blessé à la peau de jais. Il fallait qu'il accepte, qu'il la laisse faire. On lui avait dit que les Drows étaient acceptés dans la Dross, en effet cette ville faisait partie des territoires neutres, tous les peuples pouvaient donc se côtoyer. Peut être devait elle aller à Ydril avant de faire ce voyage, pour se procurer quelques potions et nourritures. Ses yeux replongèrent dans ceux du Drow au nom inconnu, qu'allait il décider?

Il ne lui avouera jamais mais cette femme l'amusait, en temps normal il aurait châtié sans aucune pitié une "humaine" qui aurait utilisé ce ton là avec lui, mais quelque chose l'en empêchait. Depuis qu'il était petit, on lui avait appris à mépriser les races de la lumière, c'était à cause d'eux qu'il vivait au puy maintenant, un endroit glauque à l'autre bout du continent. Lorsqu'il vivait toujours dans la maison familiale, il se donnait un malin plaisir à ridiculiser et punir les esclaves de ses parents selon son humeur du moment. Comme tout les sombres, il qualifiait tout ce jolie petit monde "d'inférieur", et ce n'était pas sans réfléchir qu'il s'était lancé dans cette guerre pour reprendre le pouvoir aux mains des elfes clairs et des humains. Mais au contact de la douce semi-drow, Filraen sentait toutes ses valeurs s'envoler, il gardait certes son côté ténébreux et hautain, mais le faite qu'il ne l'ai pas tué directement l'étonnait lui-même. D'une part, sa raison l'avait stoppée étrangement mais d'autre part son corps semblait réagir face aux soins apporté par Eleaulë. Non, il n'y avait pas que les soins, plus il restait à son contact et plus il devait s'avouer qu'elle était vraiment désirable, ses formes arrondies et aguicheuses ne laissaient pas indifférent le mâle qui l'aurait sûrement séduite voir plus si elle était une drow.

N'étant pas décidé à l'abandonner comme ça, ce qui le stupéfia car c'était bien la première fois qu'une humaine s'occupait de lui de la sorte, bravant sa peur face à ce démon sanguinaire. Elle le força presque à l'accompagner à la Dross, un repaire de bandits qu'il connaissait bien hélas. Il avait autant d'amis que d'ennemis là-bas mais pour le peu qu'il y avait séjourné, c'était un endroit digne de son rang, rempli de nuisances et de toutes sortes de distractions. L'elfe noir devait bien se l'avouer, il ne pouvait pas rentrer seul dans cet état chez lui, et la Dross était justement sur le chemin du retour, il avait également mystérieusement envie de rester plus longtemps avec son inconnue, qui il faut l'avouer était extrêmement attirante sous ses airs d'infirmière.

Elle lui demanda alors si il était prêt à reprendre la route, ayant récupéré des forces grâce au petit bout de viande, l'assassin voulait surtout quitter cet endroit de malheur car les deux jeunes gens se trouvaient proche de la ville d'Ydril et les gardes ne lui voulait pas que du bien là-bas. D'un oeil affolé, il parcourra les alentours pour trouver ses effets personnels qu'il pensait avoir oublié près du pommier, mais il vit avec un sourire de soulagement que la fameuse Eleaulë avait emmenée avec lui ses armes, sa cape et sa veste émeraude mais surtout le sac en bandoulière du traître drow qui renfermait des plans qui dépassaient. Il la fixa alors toujours d'un air impassible mais son nom résonnait toujours dans sa tête, un nom qu'il ne comptait pas oublier de si tôt. Filraen se laissa de nouveau toucher par la ravissante semi-drow, ses mains douces le faisaient frissonner mais il resta de marbre pour ne pas trahir ses pensées, pendant qu'elle changeait son pansement de fortune, il s'exclama.

La Dross hein ? Un endroit intéressant, là-bas je serais plus en sécurité qu'en ces terres. Plus nous partirons tôt, mieux ça sera.

Le sombre avait dit ses derniers mots de façon plus "amical", son animosité envers elle semblait disparaître au fur et à mesure du temps passé ensemble. Vu qu'il ne l'avait pas tué dès le départ, il ne pouvait que s'attendrir quelque peu auprès d'elle, mais ce n'était pas encore gagné. Pourtant, alors qu'elle avait terminé de placer d'une main tendre le bandage sur la blessure du drow, celui-ci posa sa main caressante et affectueuse sur la sienne. La remerciant de son regard rougeoyant et ayant bien saisit la signification de cette douceur à son égard. Ce fut alors dans un sourire discret qu'elle lui demanda son nom, ce qui était plutôt normal vu qu'il venait de lui demander le sien. Mais il fut au départ plutôt réticent car dans son métier d'assassin, la discrétion était de mise, toutefois il ne fut pas assez tordu pour lui donner un autre nom et il était plutôt franc pour un tueur.

Je me nomme Filraen Auvryndar. Mettons-nous en route avant la nuit tombée maintenant car je soupçonne ceux qui m'ont fait cela d'être à ma recherche. Par contre... J'aimerais que tu m'aides à me rhabiller.

En effet, malgré son caractère fier et vaniteux, le sombre se sentait faible de l'intérieur car il avait perdu beaucoup trop de sang en route et il lui était donc impossible d'effectuer des mouvements vastes. Se redressant quelque peu de lui même, il tenta difficilement d'attraper sa veste dont deux épaulettes en acier étaient couverts d'un tissu verdoyant, quémandant une fois de plus l'aide de la jeune femme, il se laissa faire de nouveau comme dépendant vis-à-vis de la semi-drow. Il n'eut pourtant nulle besoin d'aide en replaçant le fourreau de sa rapière à sa ceinture ainsi que son épée courte au dessus de son postérieur. Pour finir, le sombre se releva difficilement pour se couvrir de sa cape obscure avec toujours quelques difficultés, mais la volonté du drow de partir d'ici reprenait le dessus, il ne voulait pas risquer sa vie face à des cavaliers en colère mais surtout pas celle de son nouveau compagnon de route. Trop fier pour se faire soutenir durant sa route par la jeune femme, il commença à partir seul mais le sombre sentit soudainement ses jambes flancher et il se attrapa de justesse à Eleaulë dans sa petite chute, l'entourant de son bras musclé. Contraint de se faire "porter" durant leur voyage, il lui adressa son premier sourire en coin et il eut même l'audace de placer un habile compliment dans sa phrase.

Je crois que tes douces mains vont devoir me soutenir pendant un long moment.

Eleaulë se laissa faire quand les mains du jeune homme effleurèrent sa taille alors qu'il manquait de tomber sur le sol par manque de forces. D'un geste habile elle le releva et posa son bras sur son épaule, les doigts fins du Drow se balançant non loin d'une zone de son corps fort attractive. Un sourire mutin se dessina sur ses deux lèvres couleur grenat quand il la prévint qu'il allait devoir se faire porter pendant un bon bout de chemin. Eleaulë avait étudié de nombreuses cartes et savait que la ville souterraine de la Dross se trouvait dans une montagne au milieu des plaines, le voyage serait long et éreintant. Lentement, la tête de la jeune femme pivota pour observer la joue de cet homme, Filraen, pendant son mouvement, ses lèvres effleurèrent la peau ébène de celui ci. Vivement, la Semi Drow fit un léger écart, ses joues rosirent et elle espérait qu'il ne l'avait pas entraperçu. Elle ne pouvait pas faire cela, cet être devait déjà avoir une amante, en effet il était connu que les Drows mâles avaient un appétit de carnassier en ce qui concernait la gent féminine. Au fil des secondes, Eleaulë se rendait compte que cela la peinait de plus en plus, aussi elle préféra chasser ces idées de son esprit et de se concentrer sur la route. Elle avait rassemblé toutes ses affaires et s'était harnachée tant bien que mal avec son sac et celui du Drow. Lentement, elle essaya de faire un premier pas pour voir comment se portait le blessé. Apparemment, il semblait ne pas trop se plaindre aussi elle continua. L'étrange équipée put enfin quitter ces lieux. Heureusement pour eux, la nuit commençait à tomber et la route était déserte à cette heure. Ils avançaient lentement au grand dam de la jeune femme. Ils se devaient de passer par Diantra où elle allait acheter un cheval pour pouvoir le porter et ainsi accélérer l'allure. Pour le moment, le bâton avait repris son rythme de métronome mais sur un tempo bien plus lent. De temps en temps, Eleaulë ne pouvait s'empêcher d'observer cet homme qui se maintenait sur son épaule. Depuis qu'elle l'avait observé pour la première fois, l'intérêt qu'elle lui portait demeurait intact. Après tout, malgré son appartenance à la race sombre, sa beauté attirait la jeune Semi Drow. Cela ne faisait aucun doute que le sang de son père bouillonnait dans ses veines, chose qu'elle cherchait pourtant à occulter depuis bien des années. Cette peau ébène, ces muscles secs et si finement dessinés, cette chevelure couleur jais et cet oeil grenat illuminant le tableau. Tout semblait si bien s'agencer, tout était si désirable. La jeune femme se sentait défaillir rien qu'en sentant son souffle dans son cou. Comment était ce possible? Elle préféra garder le silence, sa voix pouvant la trahir à chaque instant. Il ne devait pas savoir, si il l'apprenait, peut être qu'il la tuerait de ses propres mains. Aussi, elle détourna lentement le regard et continua sa marche en silence, peut être qu'il ne s'était pas aperçut de son trouble, elle l'espérait vivement...

Déchiré entre raison et désir. Un combat terrible se déroulait dans l'esprit du drow qui semblait perdre de plus en plus ses repères aux côtés de la jeune femme. Sa raison parlait tout d'abord pour lui, il la voyait comme une"humaine", une race inférieure et bonne à être à son service comme une esclave. Filraen ne se reconnaissait pas, il ne comprenait pas pourquoi il ne l'avait pas tué lorsqu'elle était à portée de main, après tout elle faisait partie de clan de la lumière, un sentiment semblable à la pitié peut-être ?
Non, certainement un acte bienveillant qui ne se reproduirait plus jamais avec autrui. Le drow était partagé entre la rage et le bien être, la rage d'une part car il avait honteusement demandé à cette "humaine" de l'aider, mais d'autre part il y avait le bien être. Oui, il se sentait de plus en plus apaisé avec elle, oh n'ayez aucune pensée fallacieuse, il était toujours aussi sombre et ténébreux qu'avant, mais pourtant les sourires et les mots doux de la semi-drow l'avaient troublé. Comme si ce coeur de pierre s'effritait de plus en plus en sa présence, la pierre resterait toujours hélas mais il ne fallait qu'une faille, qu'une seule petite faille pour que l'arrogant Filraen connaisse le mot "amour".

Puis, il y avait le désir. Dès leur première rencontre, les deux jeunes gens ne pouvaient s'empêcher de se contempler mutuellement. Il n'était pas dupe, il avait ressenti les caresses timides sur son corps et son regard envieux. Encore une fois, l'elfe noir devait s'avouer qu'elle l'attirait. Ce corps somptueux mêlé à cette délicatesse à son égard ne pouvait que la rendre désirable, mais la raison se mêlait à cette envie et il fit preuve d'altruisme pour une fois. Se disant qu'il ne devait pas abuser d'elle vu qu'il lui été redevable, elle ne faisait pas partie de sa race et donc Eleaulë n'était pas en phase avec ses propres coutumes, c'était pour cela qu'il devait se contrôler. Mais même si il s'agissait d'un tueur, Filraen était doublé d'un séducteur, adepte de la déesse drow de la luxure, valeurs que sa famille lui avait enseignée. Leurs corps étaient presque collé pendant leur marche, il sentait le mouvement du bassin de la semi-drow frotter contre son autre hanche intacte. Sa main était extrêmement proche de sa poitrine charnue qui lui valait quelques regards tenter, la route étant parfois escarpée, il sentit sa main glisser de plus en plus, jusqu'à ce que le bout de ses doigts frottent au dessus de l'un de ses seins. Bien sur, le filou transformait ce frottement en caresses, qui il était certain étaient plaisantes pour la belle Eleaulë.

Malgré ce petit plaisir discret qui pouvait passer pour un moment d'inattention si elle lui faisait la remarque, le drow avançait plutôt bien mais souffrait en silence, il grinçait parfois des dents, retenant le bandage avec sa main gauche, compressant le plus possible pour garder le liquide vital à l'intérieur de son corps. La nuit était enfin tombée, ce qui redonna le sourire à l'assassin qui se trouvait dans son élément, sentant la fraîcheur d'une légère brise lui chatouiller les joues. L'un de ces chatouillements l'étonna pourtant, tournant la tête machinalement, il vit que la jeune femme venait de le fixer. Il s'était dit qu'elle devait encore être étonné de venir en aide à un sombre, mais le faite qu'il lui plaise ne fit pas tilt en lui, à vrai dire il préférait passer pour un type détestable auprès d'autrui, car c'était comme ça qu'il avait la paix. Alors qu'ils continuaient leur chemin vers Diantra, avec quelques caresses et d'autres regards cajôleur, le drow se prit au jeu du chat et de la souris. Lorsqu'elle fixait sa joue, il faisait style de rien et inversement lorsque c'est lui qui l'admirait. En effet, malgré son côté hautain à son égard, il la trouvait courageuse et forte, elle traînait depuis plusieurs mètre un sombre qui était semblable à un grand prédateur. Elle n'avait décidément peur de rien, la semi-drow était comme lui finalement. Alors que le silence devenait de plus en plus pesant, il engagea le discussion.

Au faite, que comptes-tu faire à la Dross ? Ce n'est pas vraiment l'endroit rêvé pour une dame. Mais peut-être que sous cette beauté se cache une farouche guerrière.

Elle ne rêvait pas, il lui adressa un sourire sincère pour la première fois. Un sourire en coin certes, mais elle put voir les dents écarlates du tueur, ainsi qu'une autre facette de sa personnalité. Filraen s'était également "dévergondé" en lui sortant un compliment sur son physique agréable. Oui, la pierre de son coeur continuait lentement à s'effriter comme du sable pendant que les deux nouveaux compagnons marchaient les yeux dans les yeux...

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