Mines sombres, tristes nouvelles | Merwyn

Voilà une semaine que la belle Katalina avait laissé son amant derrière elle, prenant les routes pour rejoindre la baronnie d’Etherna, et voilà autant de temps que Merwyn n’avait plus aucune nouvelle. Situation dérangeante alors qu’elle avait promit à son duc qu’elle ferait le nécessaire pour le prévenir de son arrivée à la Cour d’Estel. Quoi de plus normal, après tout, entre jeunes gens épris, alors que la compagne laissait son homme seul pour se lancer sur les routes inhospitalières ? Sauf qu’aucun pigeon voyageur ne s’était encore présenté, une semaine après son départ. De quoi inquiété, surtout pour un voyage censé durer un à deux jours.

Les trois cavaliers survivants finirent par rejoindre la capitale du duché au petit matin, épuisés par leurs blessures. Ils auraient pu prendre le temps de se reposer, mais n’en avait eu aucune envie, non… Ils avaient un message à porter, un message qui ne plairait sans doute à personne dans cette ville qui avait vu grandir l’une des plus grandes négociantes du Royaume. Ils s’étaient présentés à sa demeure, et avait demandé à voir l’Intendant. Ce dernier était devenu blanc comme la mort quand il avait compris la raison de leur venue, et n’avait rien dit de plus. Se levant, il leur avait presque aboyé de le suivre, ce qu’ils avaient fait, penauds et légèrement inquiets. Faisant le tour de la bâtisse, il les avait conduit jusqu’à l’écurie et sans un mot avait scellé son cheval. Comprenant le message, ils étaient partis chercher les leurs, et étaient montés en scelles sans un mot. C’est donc un groupe austère et pressé qui se présenta aux portes du château ducal. Dès qu’il le put, l’Intendant aborda un garde.

« Nous venons voir sa Grâce le Duc de Serramire. Nous avons des nouvelles importantes à lui communiquer.
- On ne voit pas le duc sur simple demande, l’ami. Il y a des jours de doléances pour ça.
- Tu expliqueras à ton maître pourquoi il aura du attendre des nouvelles de dame Noblegriffon autant de temps, dans ce cas. »

Le garde hésita, visiblement au courant des dernières rumeurs au sujet du couple. D’un autre côté, comment aurait-il pu en aller autrement ? L’installation de la noble le lendemain même de sa balade en tête à tête avec le maître de Serramire n’avait pas manqué de déchaîné les commères. On parlait ça et là de la chose avec mépris ou amusement, mais on en parlait quand même.

« Je vais voir ce que je peux faire… Toi, là ! » Se tournant vers un autre garde en faction, il lui fit signe de s’approcher. « Fais patienter ces seigneurs le temps que j’aille prévenir le duc de leur visite. »

Surpris par cette demande incongrue, il n’en hocha pas moins la tête et prit le poste de son camarade, ce dernier ayant de toute façon déjà traversé la porte du château. Etonné, il se tourna vers l’Intendant et entama la discussion, dans l’espoir de comprendre ce qui se passait.

« Depuis quand on va quérir le duc dès qu’on le demande, hein ?
- Crois-moi, la réponse ne t’intéresse pas. »

Et, après avoir foudroyé l’imprudent du regard, le fidèle compagnon de Katalina tourna son regard vers la porte, attendant de voir le duc la traverser ou qu’on lui fasse signer de le faire lui-même.

Voilà une semaine que Katalina était partit pour la baronnie d’Etherna. Elle avait quelque affaires à traiter avec la dame du château et n'avait pas accepter une escorte bien composé. D'ailleurs, elle m'avait promis qu'elle m'enverra un message m'informant de son arrivé. Et cela fait cinq jours que je l'attendais ! Au bout du quatrième j'avais envoyer une missive à la baronne Estel, qui m'a répondu qu'elle n'avait pas vu Katalina depuis fort longtemps. Et c'est à se moment là que j'ai vraiment commencé à m'inquiéter, six jours étaient passé et je n'avais pas de nouvelle. J'ai donc envoyé mes soldats à sa recherche mais tous étaient revenu le lendemain penaud sans avoir trouvé ma belle.

J'étais assis dans un fauteuil du salon, mon frère à côté de moi. Il s'inquiéter de la disparition de Katalina presque autant que moi et essayer depuis notre réveil de me convaincre qu'elle va bientôt revenir avec des soldats du duché. Mais un des gardes nous interrompit et nous informa que l'on avait des nouvelles à propos de dame Noblegriffon. Me levant aussitôt, je lui ordonna de me conduire jusqu'à l'Intendant de la maison de ma belle. Il s'exécuta aussitôt et je le suivit emboité par mon frère. Arrivé à l'entrée du château, je remarqua que l'intendant était avec trois autres personnes.

Une fois arrivait près de lui, je ne pris pas la peine de les saluer, voulant savoir ce qui était arrivé à ma dulcinée ! Me le voir ainsi avec trois hommes gravement blessé et fatigué me donnait de faux espoir ! Prenant une voix sans appel, alors que mon regard se teinté légèrement de rouge tel que les quatres hommes reculèrent. Je leur demanda :

- Qui y-a-t-il ?!

Quand enfin l’Intendant finit par apercevoir Merwyn s’approcher à grand pas, il regretta presque sa présence en ces lieux. Il s’attendait à une réaction violente, et l’impatience qu’il montra dès la première phrase lui fit pressentir une conversation difficile. Maintenant qu’il était là, il ne pouvait de toute façon pas reculer, et ne le voulait pas. Katalina était un peu comme une fille qu’il avait vu grandir, et il ne voulait laisser à personne d’autre la tâche de livrer la… nouvelle. Il devait le faire, tout simplement, pour elle. La présence d’un autre homme ne l’enchantait guère, mais là encore ce n’était pas de son ressort.

« Je suis désolé, sire… »

Se reprenant, l’Intendant élimina toute trace de peine dans sa voix, se forçant à prendre un ton plus professionnel et détaché. Sauf que détaché, il ne l’était pas. Se tournant légèrement vers les trois hommes, il reprit.

« Ces mercenaires étaient employés par Katalina pour former sa garde personnelle. C’est ainsi qu’elle voyageait toujours, avec une compagnie ayant entre dix et quinze membres. Sauf qu’il y a eu un… problème. »

Laissant retomber le silence, il ne put retenir une grimace angoissée, tout en se forçant à supporter le regard rougeoyant de son interlocuteur. Puis, rendant les armes, il se tourna complètement vers les mercenaires et fit signe à l’un d’eux de le rejoindre. Quand il se trouva en face du duc, l’homme se racla la gorge.

« Sire, je m’appelle Helgar. Les gars et moi, on se chargeait de la sécurité de dame Noblegriffon, c’était pas la première fois et on était sur que ce serait pas la dernière… Pour tout vous dire, on était presque arrivé à destination, sauf qu’on nous attendait au tournant.
- Une embuscade, oui, une saloperie d’embuscade.
- Glenn, ça suffit, attendez qu’il ai fini, si nous avons des questions, nous vous le feront savoir. Continuez, Helgar. »

L’Intendant foudroya les deux hommes restaient en arrière. La chose était assez compliquée et il ne voulait pas voir des détails fuser d’un peu partout. Mal à l’aise, le dénommé Helgar tenta de reprendre le fil de son exposé.

« Donc… On est tombé dans une embuscade, et pas une petite. De la magie, et tout. On a perdu la moitié des nôtres avant de pouvoir enfin riposter, et une fois qu’on a eu l’temps de se compter sans risque de se prendre une lame en travers de la gu… figure, bah il manquait la dame et Reldas, notre chef.
On s’est lancé à leur poursuite, et on a retrouvé le corps de Reldas… Réduit en bouilli. Ceux qui le pouvait on continuait, mais nous trois… On était tous en mauvais état, donc on est resté en arrière. On est parti à la recherche du reste de groupe au petit matin… Ils étaient tous morts, sauf un, Kalgar. »

Jetant un regard incertain à l’Intendant, il hésita à continuer, mais finit par s’y résoudre.

« "Y allez pas les gars, c’est pas la peine, il l’a et la gardera…" Ce sont ses derniers mots… Tout ce qu’on sait de son commanditaire, c’est que c’est un drow, on a même pas de nom…
J’suis désolé. »