Hisië [La route : 1er livre]

Un oiseau volait depuis plusieurs jours au dessus de sa tête. Son vol restait proche des nuages éparses, mais il semblait la suivre.Elle ne voilait pas que ce sentiment de paranoïa l’envahisse, mais se ressentiment la taquinait intérieurement. De plus, le chemin qu’elle suivait plongeait parfois dans les profondeurs de la forêt, ce qui la mettait de plus en plus mal à l’aise. La jeune femme se sentait épiée en permanence. Sa progression en territoire des Elfes pouvait s’avérer dangereuse.

Malgré la saison tardive, la région du lac lui renvoyait une atmosphère lourde et moite ce qui rendait souvent ses déplacements plus que difficiles, l’obligent à s’arrêter pour boire. Sa bourrique souffrait elle aussi déclenchant parfois de sa part une rébellion ne facilitant pas sa retenue à son encontre.

Une ombre attira son regard au moment ou elle pénétrait de nouveau dans la forêt. A la lisière, un léger craquement résonna à son oreille, ce qui fit sursauter à son tour la bourrique. Furtive, la silhouette disparue dans la pénombre des taillis. Cela ne présageait rien de bon. Elle se retourna vers la bourrique qui tirait maintenant sur la longe et bramant.

*Calme-toi ! Je l’ai vu aussi.* Sa main se posa sur sa tête pour l’apaiser et reprit.
*Il est seul pour l’instant … c’est un éclaireur. Le groupe doit être encore loin et les chasseurs ne sont pas encore sur nos traces. Mais mon petit ami, il va falloir que nous avancions beaucoup plus vite si tu tiens à tes gigots !*

Elle tira sur la longe et accéléra le pas. Étrangement, l’animal se tenait maintenant sur ses talons, les naseaux lui chauffant le bas du dos. Avec cette chaleur et le rythme qui leur fallait prendre, la route allait être plus dangereuse pour eux. Il leur fallait attendre une des rives du lac avant la nuit. La forêt était leur terrain de chasse et les voyageurs n’auraient aucunes chances sur leur territoire. L’eau était leur seul salue avant que la meute ne se regroupe.

Elle épiait tous les bruits de la forêt, écoutant les moindres cris ou appels qui se propageaient au loin.
La forêt assombrissait le soleil et la notion du temps devenait précaire pour la jeune voyageuse. Elle était à l’affut du chant de ses poursuivants. Elle écoutait leurs appels réguliers et de plus en plus proche.
Il fallait a tout prit rejoindre les rives du lac. Elle poussait maintenant son
compagnon pour le faire trotter. La chaleur étouffante lui brulait les poumons et suintait le long de son dos. L’animal était lui aussi couvert d’écume blanchâtre, subtile mélange de la peur et de la course qu’ils avaient
entreprit. Doucement elle le sollicitait de la voix.

*Trotte mon beau … Plus vite …Plus vite … Les chasseurs ont rejoint l’éclaireur et ils nous ont pris en chasse. Je n’ai pas envi de finir à leur carte ce soir ! Allez plus vite, le lac est notre seul chance … La nuit va bientôt tomber !*

La course folle commençait… Tout en courant, elle se focalisait sur leur voix, et elle comptait le nombre de ses ennemis en essayant d’estimer le temps avant l’affrontement. Ils étaient pour l’instant au nombre de sept. Fouillant dans sa mémoire elle considéra ainsi qu’il y avait entre quatre ou cinq chasseurs et deux attaquants. Le groupe n’était certainement pas
au complet. Les alphas n’apparaitraient que pour l’attaque finale. Les
chasseurs se contenteraient de suivre et d’isoler. Elle se parla à haute voix,
essoufflée.

*Donc … Oui donc Sept, plus les deux alphas …Neuf … Les petits de l’année … Bon sang… Une meute de dix membres … si la portée a été mauvaise … Il faut attendre le lac… sinon je n’ai aucune change de sauver tes fesses mon ami … !

Leur conversation résonnait maintenant très nettement. Cris et jappements de part et d’autre. Ils semblaient être à moins d’une heure d’eux, et la chance n’était toujours pas au rendez vous pour Aislin.
La folle course du désespoir les envahies … Soudain, le lac leur apparu au loin. La forêt se faisait moins épaisse et le salut scintillait de millier d’étoiles sous le soleil rougissant. La fraicheur et la quiétude des eaux semblaient les accueillir avec tendresse, se voulant rassurante face aux hurlements qui résonnaient dans leur dos. La luminosité s’estompait rapidement et le sursis était face à eux. Elle poussa l’animal sans ménagement dans le lac, l’obligeant à si enfoncer. Elle fit face à la lisière, pour leur faire fasse.

La jeune voyageuse sortit l’épée de son fourreau et coinça une série de fins couteaux dans sa ceinture. Il allait falloir leur faire face et … Négocier leur vie avec l’Alpha. Elle entreprit de s’interposer physiquement et par la voix en haranguant la meute. Sa voix était net et sans une once de panique, il fallait pousser l’Apha à hésiter … Sacrifier un ou plusieurs membres de la meute devait l’amener reconsidérer la proie devant la faim qui les tiraillait…

*Vient …. Maintenant montre toi … ne laisse pas tes chasseurs faire ton sale boulot … Tu es leur chef … Montre toi …*

A peine eu telle dit ces mots que les quatre chasseurs apparurent et entreprirent leur spectacle. Ils trottaient de droite et de gauche à une vingtaine de mètres, balayant le terrain en arc de cercle pour lui refuser toute fuite sur la terre ferme. En ligne de défense, il y avait les trois attaquants, plus forts et plus puissants que les chasseurs. Moins bon à
la chasse en raison de leur âge et de leur poids. Sa connaissance sur l’organisation et la structure familiale élaborées des Canis lupus lui venait si facilement en mémoire … Mais sur elle … toujours aucun souvenir.

Un grognement et des claquements de mâchoires lui signifiaient l’arrivée de l’Alpha … L’animal était magnifique …

L’Alpha avança lentement au milieu de son groupe, ce qui semblait perturber quelque peu la stratégie qui devait être opérante habituellement. Les chasseurs passaient devant lui en courbant l’échine, les oreilles basses et la queue rentrée en signe de soumission. Les attaquants qu’en à eux n’osaient
plus bouger pour ne pas provoquer leur chef.

L’âne se mit alors à braire à la vu du loup qui s’avançait. Aislin n’avait pas le temps de s’occuper de lui. Elle voulait qu’il se taise à tout prit, afin de ne pas provoque les loups plus qu’il ne fallait. Dans sa tête, elle ne faisait que répéter : Tait toi bon sang, Tait toi …
Elle entrouvrit les lèvres enfin libérer son obsession et prononça alors les mots à haute voix. Sa bouche émit un son limpide qui fit vibrer l’air autour d’elle, mais le langage dans lequel ils furent dit n’était pas compréhensible.
La langue était très ancienne et connu de peu d’humain, seul quelques magiciens et les Elfes en connaissaient le fondement. Elle avait employé le langage primaire des êtres vivants sans même sans rendre compte.

Elle ne se doutait même pas qu’on épiait non loin de là.

L’âne se tut aussitôt et l’Alpha stoppa son avancée vers elle. Dans ces yeux gris, elle pouvait lire une expression étrange et la danse de la meute s’arrêta.
Elle ne comprenait pas pourquoi les loups avaient stoppé leur manège ! Elle n’avait qu’intimé l’ordre à ce satané bourricot de se taire.
Elle prit alors les devant, saisissant sa chance de s’imposer face à la meute. La jeune femme saisit l’un de ces couteaux et fit un pas en avant, ne quittait pas les yeux de l’Alpha, car tout viendrait de lui et de lui seul.
Il ne bougea pas. Seule la meute reprit la danse, mais la donne était différente.
Ils ne coupaient plus la route du dominant, passant derrière lui, le laissant faire face à la proie.
Aislin saisit alors un autre couteau dans sa main gauche et avança d’un autre pas, tout en positionnant la paume de ces mains face à l’animal
pour qu’il puisse voir les armes meurtrières. Étrangement il ne semblait nullement être impressionné par les armes, mais seulement par cet humain qui lui faisait face sans être accompagné de l’effluve de la peur.

Il n’y avait plus que quelques mètres entre l’Alpha et elle, d’un bond il pouvait finir cet affrontement. Il n’en fit rien et les secondes apparaissant une éternité à la jeune femme. Soudain, ces mâchoires claquèrent et ces oreilles se couchèrent sur sa tête. Les poils sur son échine se dressèrent et sa queue disparut sous son train arrière. Son cou se tordit vers le sol et émit un couinement plaintif.

Il se soumettait devant elle …