Soirée à l'Escale. [PV]

Sujet: Soirée à l'Escale. [PV] Jeu 3 Sep 2009 - 11:54

[Privé : Aureane]

(Cela se passe de nombreux jours avant la guerre civile)

Par les Cinq, l'hiver serait froid, de cela Garemas était certain... Les températures s'abaissaient dangereusement, rendant la vie pour les clochards encore moins évidente que d'ordinaire. Il constata une chose curieuse, dénuée de toute logique alors qu'il progressait pour se rendre à sa taverne favorite. Les ivrognes, les gens de passage se plongeait dans l'alcool pour oublier la froideur des soirées mais après de trop nombreuses bières ingurgitées, les voilà trainant dans les rues dans la nuit, s'étalant lamentablement dans les ruelles déjà glacées... Il était malheureux de découvrir que les moins résistants, se plongeant dans l'alcool pour échapper au froid en mourrait la nuit, justement à cause de ce remède.
Une logique dépassant la perception et le raisonnement de notre soldat préféré, qui, contrairement à ses pairs ne se plongeait pas totalement pour s'occuper dans ses soirées, il fallait rester modéré même si on est soldat, c'était sa façon de voir les choses.

De nombreux jours étaient passés depuis la rencontre de la jeune et douce Aureane, timide demoiselle mais charmante, agréable compagnie et une amie qu'il espérait garder dans cette ville bien curieuse où elle se trouvait être particulière malgré sa discrétion.
Il en avait parlé à Constance, la gérante de l'Escale, petite taverne chaleureuse qui était souvent occupé par les voyageurs de passage, d'où le nom, mais elle était tout de même réputée pour sa bonne ambiance et le peu de bagarres qui dérangeaient les soirées... En effet, Constance était déjà une femme forte, dans tout les sens du terme, et n'hésitait pas à s'occuper personnellement des turbulents, à les mettre à la porte à coup de balai.
Et puis, il y avait Nestor, son mari... Oh, lui aussi c'était une force de la nature, enfin, pour la plupart des aventuriers et des clients. Il était assez petit mais vous savez, bûcheron en Erac pendant une vingtaine d'années, ça forge un physique puissant et dissuasif, il était donc costaud, et comme sa femme, c'était en tout sens.
En somme, c'était un endroit tranquille, et quand on ne se trouvait pas être un turbulent, on découvrait que derrière ces aspects massifs se cachaient un couple au cœur aussi important que leurs personnes, sympathique, d'une chaleur bien rare en ville et toujours attentif... Ils avaient aussi grand soin des quelques serveuses travaillant pour eux, dont Aureane, et les conditions de travail étaient de loin meilleure que dans nombre d'autres établissements.

C'était donc dans ce contexte, plusieurs jours après que la demoiselle se soit remise au boulot dans un environnement qui devrait lui convenir, que Garemas, notre gueux au noble cœur se mit en route, mais pas comme d'ordinaire... Il y avait des petits changements minimes mais intéressants qu'il fallait relever. La selle de sa monture, qu'il avait d'ailleurs pris aujourd'hui, était plus longue, convenant mieux que l'habituelle au transport de deux personnes. A cela s'ajoutait d'autres détails, la présence de deux duvets accrochés à celle-ci, d'autres petites choses qu'on ne détaillera pas mais qui serait très utile pour un voyage de plusieurs jours, bref, ces petites choses étaient là car il avait un plan... Car oui, Garemas peut concevoir des plans, même si c'est étonnant.

Il laissa son cheval dans l'arrière boutique, à l'abri des regards pouvant tenter de le dérober et entra par la porte de derrière, saluant Nestor reconverti cuisinier, car oui, Garemas, avec son caractère, ses manières étaient devenus un privilégié, presque un fils pour le couple, un membre de la famille qui parfois les aidaient quand il y avait de gros soucis dont ils ne pouvaient s'occuper, des petites courses.
Il salua Aude, l'autre serveuse de service et demanda où se trouvait Aureane alors en salle à prendre les commandes.
Il traversa l'ensemble, saluant Constance et la complimenta sur sa tenue, comme à son habitude alors qu'il portait la même que la première des rencontres avec la demoiselle timide. Il entra en salle, l'attendit au comptoir et quand elle revint pour signaler les dernières commandes, il s'adressa à elle avec un sourire charmant, chaleureux, comme la fois dernière.

Bonsoir chère Aureane... Comment vous portez-vous depuis la dernière fois ?

Il ne l'avait pas revu depuis la cathédrale, n'ayant pas les mêmes horaires que la jeune fille, alors maintenant qu'il l'avait disponible, il ne manquerait pas d'aller aux nouvelles et de lui parler un peu.

Sujet: Re: Soirée à l'Escale. [PV] Jeu 3 Sep 2009 - 17:22

Aureane n’avait pas eu à se plaindre depuis son entrée à l’Escale. Loin de là ! L’ambiance agréable qui y régnait lui aurait presque fait cesser de regretter sa famille. Les propriétaires étaient charmants, les clients pour la plupart tout à fait corrects, le salaire suffisant pour qu’elle s’en sorte sans souffrir de la faim. Peut-être même, pour la première fois de sa vie allait-elle passer un hiver sans être forcée de jeuner : ici, pas de risque de mauvaise récolte ou de température trop rigoureuse. Ou du moins, s’il faisait froid, elle avait un toit décent.

Elle s’entendait bien avec les autres serveuses, également, même si avec sa légendaire discrétion on ne pouvait qualifier leurs relations de réellement amicales. Enfin, au moins, elles échangeaient quelques mots et peut-être avec le temps finiraient-elles par mieux se connaître. Quand à Constance, elle avait réussi à tirer suffisamment de mots d’Aureane pour apprendre qu’elle savait tenir les comptes – ce qu’elle avait fait chez elle durant quelques années – aussi elle l’embauchait parfois pour ce supplément de travail ce qui permettait à la jeune fille de gagner un petit peu plus et donc de pouvoir espérer renouveler un jour son stock de pigments.

La jeune fille devait beaucoup à Garemas et elle ne l’avait pas oublié, souhaitant le remercier un jour. Pas tant par principe que parce qu’elle estimait qu’il le méritait vraiment et souhaitait lui faire plaisir à son tour. Pas évident quand on n’a pas un sou de trop et pas la moindre idée de ce que pourrait apprécier quelqu’un… Et puis elle avait fini par avoir sa petite idée sur la façon de s’y prendre quand elle avait entendu les rumeurs de guerre imminente. Restait à savoir s’ils se reverraient un jour, car, pour le moment, il n’était pas passé à la taverne et elle n’avait osé se rendre sans une bonne raison au Fort. Alors, pour le moment, tout ce qu’elle pouvait faire était se montrer digne du poste qu’il lui avait trouvé et pour cela, elle travaillait sérieusement. Elle devait reconnaître qu’elle s’écroulait tous les soirs de fatigue, mais le matin elle était toujours en forme pour commencer la journée. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, malgré l’hiver qui s’annonçait.

Les commandes prises, un plateau chargé de verres vides dans les mains, Aureane se dirigea vers le comptoir sans prendre garde à qui s’y trouvait. Comme lorsqu’elle avait rencontré Garemas pour la première fois, elle portait son éternelle robe de laine au bleu délavé et avait attaché ses longs cheveux en une seule natte afin d’être plus à l’aise pour travailler. Concentrée sur son plateau, elle n’avait rien remarqué.

" Bonsoir chère Aureane... Comment vous portez-vous depuis la dernière fois ? "

La jeune fille sursauta en entendant son nom, se tourna vers Garemas alors que son visage s’éclairait en le reconnaissant.

" Oh ! "

Non, elle n’était pas devenue plus bavarde depuis son arrivée à l’Escale. Peut-être même avait-elle perdu le peu d'aisance qu'elle avait acquis envers Garemas, durant sa première soirée avec le jeune homme. Cependant, elle déposa son plateau, donna les commandes qu’elle avait prises et finit par répondre doucement :

" Bien, je vous remercie ! "

Puis, dans un élan de bavardage absolument délirant en ce qui la concernait, elle ajouta avec un sourire timide :

" Cette taverne est un paradis comparée à l’ancienne ! "

Aureane se souvenait que Garemas n'aimait pas trop qu'on le remercie sans cesse, aussi elle n'ajouta rien, mais on pouvait lire clairement dans son regard qu'elle lui en était infiniment reconnaissante. Elle était visiblement ravie de revoir le jeune homme, mais elle ne perdait pas la tête pour autant : elle discutait sur ses heures de travail et elle le savait. Aussi, elle continua à jeter des coups d’œil à la salle pour vérifier que tout allait bien et que personne ne la réclamait. Pas pour le moment, aussi, elle se permit d’ajouter gentiment :

" Et vous-même, comment allez vous ? "

Aude, l'autre serveuse qui passait par là, lui jeta un regard étonné, surprise de la voir tenir une conversation sans rougir pour un oui ou un non. Bon, Aureane s'était bien un peu empourprée, mais ça ne comptait pas vu les efforts qu'elle faisait.

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