[Palais] Toc, toc, toc, s'ouvre la porte des ambitions | Zar'ehk, Lir

Cela faisait déjà plusieurs mois que la Haute prêtresse de Kiran ne tenait plus en place, une fébrilité à présent quasi incontrôlable l'étreignait en tout instant. L'enfermement prolongé au Puy ne lui réussissait pas, elle s'ennuyait affreusement ce qui se faisait ressentir passablement sur son humeur. Elle s'était occupée dans un premier temps en enchainant les partenaires plus que de raison mais, sans surprise, s'était lassée rapidement de cette activité ayant perdue toute saveur par excès. Les adeptes et prêtres de son temple avaient ensuite fait les frais de la détérioration de son mental, les blâmes tombaient sans prévenir pour des futilités très souvent, suivis par des punitions disproportionnées assurément discutables (même si personne n'osait en souffler un mot). Réalisant qu'elle ne pouvait plus continuer ainsi malgré son amertume virulente c'était finalement sur les prisonniers humains et demi que Liriel avait fini par passer ses nerfs systématiquement. Elle s'adonnait à ce passe-temps lorsqu'un messager autant essoufflé que paniqué avait fait irruption dans la cellule qu'elle occupait temporairement. Les traits de son visage illuminé par la dissection qu'elle était en train d'exécuter sur un patient au bord de l'évanouissement s'étaient alors figés. Mettre fin à son plaisir pour une vulgaire missive... elle en aurait tremblé de rage ! Fort heureusement « l'intrus » se hâta d'exposer l'importance de sa venue avant que la drow ne commette un geste regrettable (même si la majorité de ses maléfices étaient inefficaces sur les siens la menace d'un bâton massif et d'un poignard à la lame ondulée dardé dans sa direction suffisait à faire réfléchir). Elle le somma alors de transmettre son ordre avant de congédier d'un geste impérieux de la main le coursier. La curiosité de la prêtresse s'éveilla, remplaçant l'agacement avec une vitesse déconcertante.

Elle abandonna son supplicié et partit en direction de son temple pour changer ses vêtements souillés par un sang impur. A sa sortie la sorcière portait une robe de soie blanche s'arrêtant juste au-dessus des genoux, caractérisée par deux fentes latérales – elle ne pouvait résister à ce détail – dont l'encolure tombante dévoilait ses épaules ainsi qu'un décolleté vertigineux. De fines chainettes reliaient de façon lâche les bords du tissu de la jupe au moyen d'œillets placés face à face, sur trois étages, séparés chacun par moins d'une poignée de centimètres. Un bustier d'un pourpre sombre ceignait sa taille, flattant hanches et poitrine. On pouvait distinguer de discrètes broderies aux extrémités de ses longues manches, en bordure de son col lâche ou bien au milieu de son dos. Pour ce qui était des bijoux elle misait sur la sobriété, un simple collier ras-du-cou assorti à son serre-taille ornait sa gorge (il était hors de question de se munir de boucles d'oreilles tellement faciles à arracher). Des bottes de cuir souple, munies d'un léger talon comme elle adorait, complétaient sa toilette extravagante. Le moins que l'on pouvait dire était que son style personnel était assez marqué, qu'il ravisse ou horripile, il était rare qu'il laisse de marbre les gens la croisant et c'était précisément ce qu'elle recherchait.

Sa chevelure blanche laissée libre se balançait doucement au rythme de ses pas pressés. Son orgueil la poussa toutefois à ralentir l'allure une fois la moitié du chemin parcourue, donner l'impression d'un chien accourant au moindre claquement de doigt l'aurait rendue folle, elle pouvait bien faire taire sa curiosité pour une fois. Bientôt elle aperçut le chef de la garde ébène au détour d'un couloir, était-il aussi convié ? Peu à peu la réponse à son interrogation vint d'elle-même. Liriel repoussa la porte alors qu'elle se refermait derrière le deuxième invité et se glissa dans la pièce, s'immobilisant dans son habituelle posture un soupçon déhanchée. Elle inclina brièvement la tête et se contenta de sobres « Seigneur Brylyan », « Seigneur Zar'ehk » de sa voix grave et mélodieuse. Les formalités de ce genre n'avaient jamais été son point fort et il fallait dire qu'en général les drow de la gent masculine étaient plus occupés à observer son opulente poitrine ou ses fesses plutôt que veiller à l'application à la lettre des convenances. La séduction était quelque chose de très naturel chez elle, elle ne forçait grossièrement le trait que lorsqu'elle désirait passer pour idiote afin d'endormir la vigilance de ses interlocuteurs. La Haute Prêtresse attendit calmement la suite des évènements, un léger sourire enjôleur aux coins des lèvres. Faisant mine de s'étirer quelque peu, elle en profita pour mettre en avant ses attributs ; sa nature méfiante et suspicieuse la poussait à faire s'estomper son statut derrière des arguments de poids, il valait toujours mieux être jugé trop bête que dangereusement intelligent...