Une drow et une elfe, deux esclaves [Siss]

Contrairement à l’elfe paresseuse et pleine de temps libre qui déambulait dans le Puy pour le plaisir de déambuler, Sissthylias elle ne sortait pas de la chambre magmatique au hasard. Vêtue de son éternelle jupe, abordant presque fièrement - si jamais la sombre pouvait un jour ressentir un semblant de fierté - la ceinture qui annonçait clairement à tous qui était son maître. Et c’était investie d’un ordre pressant qu’elle s’était ruée un peu vite à l’extérieur du sacro-saint de son peuple. Heurtant « violemment » l’elfe, elle l’a fit basculer en avant tombant elle-même. Tendant les mains en avant par réflexe, elle put amortir le choc au prix d’une lancinante douleur aux poignets et des paumes légèrement écorchées. Laissant malgré elle échapper un gémissement douloureux, elle ferma les yeux histoire de se remettre les idées en place.

Mais sa compagne d’infortune ne semblait pas de cet avis. Il fallait la comprendre, aussi… Sissthylias avait beau être légère, elle pesait tout de même de tout son poids sur la frêle silhouette, si bien que cette dernière se tortilla pour pouvoir s’extraire… faisant rouler sur le dos une drow déjà bien sonnée. Fermant les yeux, elle tenta de mettre de l’ordre dans ses idées, ne s’attendant pas à un tel traitement… et s’en sachant quelque peu responsable. La roche, nue et irrégulière, lui meurtrissait le dos, si bien qu’elle ne reste pas longtemps immobile, se redressant. Et puis une idée la frappa, et elle sentit son cœur se figer. Etant une esclave, elle n’avait pas le droit de regarder directement dans les yeux un drow sans son autorisation… elle ne pouvait donc pas d’un simple coup d’œil observer celle qu’elle avait bousculé. Elle se permit tout de même d’observer ses jambes et ne put que remarquer qu’elle portait une cape le recouvrant de la tête au pied. Se mettant à genoux tout en se massant les poignets, elle tentait de trouver la marche à suivre. Elle remarqua alors la main tendue et son extrême pâleur. Surtout son extrême pâleur, d’ailleurs. Au vu de la finesse des mains… Une sylvaine ? Au Puy ?

« Ol zhah naut tha'tsit. »
Ce n’est pas possible.

Comment une elfe pouvait-elle se promener librement au Puy ? Dans son esprit, c’était une chose totalement contre nature, et d’ailleurs sa voix trahissait cet état de fait. Agressive, elle l’était devenue, et elle résistait avec peine à l’envie de frapper la main tendue, sans plus de cérémonie. C’était toute une éducation de haine qui jaillissait d’un coup. Elle se releva seule, ne voulant s’abaisser à se faire aider par une créature inférieure, et cracha à ses pieds. Les elfes étaient parmi les seules créatures à avoir le droit à son mépris. Quoi que… Tout ce qui n’était pas drow y avait droit.

« Dos inbal nau ditronw ulu tlu ghil ! »
Tu n’as pas le droit d’être ici !

Elle ne pouvait être qu’une esclave, il n’y avait pas d’autre solution. Aussi, Sissthylias n’avait pas à se retenir, et n’en avait aucune envie. Oubliant qu’elle était plus ou moins la responsable de tout ceci, elle rejetait la faute sur l’elfe qui l’empêchait de mener à bien l’ordre de son maître.