Un héraut chevaucha à brides abattues jusqu'aux terres voisines de Missède. Rendu fier par l'ampleur de sa tâche, il ne négligeait aucun raccourcis et ses pauses dans les relais étaient aussi rare que faire se peut. Il ne se priva pourtant pas de deux ou six pintes de bières afin de se donner quelque coeur au ventre.
Parvenu devant l'imposant palais de Missède, le jeune homme se courba rapidement devant l'homme qui s'avança vers lui, lui tendit la lettre, souhaita bien le bonjour et rentra dans ses pénates aussi promptement qu'il était arrivé.
La missive, adressée à Viktor de Missède était écrite d'un trait élégant et rond, typiquement féminin.
" A monsieur le baron de Missède,
J'ai eu vent que votre arrivée en ces terres n'était guère plus précoce que la mienne, aussi, j'aimerais vous rencontrer afin de pouvoir vous féliciter de votre accession à la tête de la glorieuse baronnie de Missède.
Il est toujours utile de savoir à qui l'on s'adresse lorsqu'il s'agit de politique et je mets un point d'honneur à ne point négliger mon voisinage. Je vous convie donc à un séjour dans ma demeure du palais de Merval. J'espère que vous répondrez favorablement à mon humble invitation.
Soyez béni,
Eulalie de Merval, baronne de Merval"
Le message était pour le moins bref mais la lettre était parfumée et la qualité de la calligraphie, presque parfaite, témoignait du temps qu'elle avait passé à rédiger ces quelques lignes. Eulalie avait en effet tenu à se montrer la plus soigneuse possible afin que le pensionnaire du palais de Missède ne la prenne pas pour une vulgaire souillon sans éducation. Son perfectionnisme naturel la poussa aussi dans ce sens malgré ses nombreuses obligations.