Situation d'urgence (3)

Après sa lecture Mëgilen'syre jeta le parchemin au milieu de la table comme si il s'agissait maintenant d'une question totalement publique.

- Voilà messire Lyriel, Dolce, tout cela est bien entendu signer et cacheter de la main et du sceau royal.

Il prit une grande respiration et s'enfonça, las, dans son siège, les bras sur les accoudoirs, et d'un air totalement indifférent il continua son commentaire.

- Pour ma part je pense qu'il s'agit de la meilleure décision que nous aurions pu prendre, notre Roi a vu clair, s'attacher à ce Fort est une faiblesse que l'on ne pourrait se permettre. Là, il se permit même de sourire : Et pour tout vous dire le Fort disparaitra pour moi sans grands chagrins, au vue de mon goût pour les immondices modernes...

Dyarque était certes un être froid, mais sa bienveillance était existante et cette lettre le prouvait. C'était un assez grand risque pour son image que de sacrifié ainsi le Fort, cela sonnerait sans doute telle une défaite aux oreilles de certains mais ce noble Roi avait choisi la sauvegarde de ses fils. Le bougre faisait de plus d'une pierre deux coups en déracinant du paysage ce patté de pierres, calque affiné de la barbarie mortelle, mais cette réflexion Mëgilen'syre allait certes la garder pour elle.

C'est par le plus grand des hasards que Mëgilen'syre s'était retrouvé là à lire à ses camardes la lettre du Roi, ayant presque l'air de présider cette tablée où la plupart des sièges étaient vides, les officiers en question n'étant pas actuellement au Fort au point que Dolce Lìvìan, Protecteur de l'Epine Dorée, fut obligé d'y siéger. En effet le matin même le messager envoyer avait pour but de trouvé le premier gradé du Fort venu et il tomba simplement sur Mëgilen'syre. Après avoir découvert dans l'intimité le contenu de la lettre, il fit comme il se doit appelle aux deux seuls gradés (ou équivalent) du Fort, c'est à dire Lyriel et Dolce. C'est dans le quartier général du Fort qu'ils se rejoignirent, endroit célèbre pour beaucoup, familier et dérisoire pour Mëgilen'syre qui dans ses vêtements amples et rougeoyant aurait préféré la nature par cette chaude journée d'été.

L'avis de ses deux confrères allaient être important dans toute cette histoire malgré la lettre du Roi, et particulièrement l'avis de Lyriel qui détenait les rennes de toute l'opération. Aux yeux de Mëgilen'syre il fallait être bien sot que pour aller à l'encontre d'un avis d'une si haute autorité et d'une toute aussi haute pertinente. Oui sot, sot ou néo-conservateur, ce qui était encore pire. Mais bon, comment qui pouvait-il bien prévoir les folies, ou le génie, pouvant germée dans l'esprit de cette génération trop inconnue à sa personne?

Après son agression de ce matin dans la forêt, le jeune capitaine était arrivé en début de soirée à l'heure du repas. A peine fut-il entrer dans le fort qu'un soldat accourut vers lui et lui raconta le contenu de l'ordre donné par Dyarque. Cette nouvelle fit parcourir un frisson dans le corps de Rywyn, il avait été trop enfermé sur lui même ces derniers temps, à tel point que jamais il n'aurait cru capable ce qu'on venait de lui dire.
Il fallait donc qu'il retrouve les autres hauts-gradés présents dans le fort, une discussion devait sûrement avoir lieu. Avant cela il fit une halte dans sa chambre où il pu enfin bander sa jambe, ce qu'il n'avait pu faire avant s'étant fait voler son sac par des voleurs. Son état physique n'était pas au mieux un un passage à l'infirmerie pouvait attendre un peu au vu de la situation.

Le capitaine d'archerie retrouva enfin les autres hauts-gradés, il reconnu Lyriel Amrénor le commandant en chef de l'armée et Mëgilen'syre Wirskeïnfyl le capitaine de cavalerie à qui il avait eu l'occasion de parler auparavant.
Son arrivée soudaine et imprévue provoqua sans doute un effet de surprise dans la salle. Rywyn salua et :

- Excusez mon retard, j'ai connu un imprévue sur la route et pour cette raison me voilà de retour.

La douleur se faisant sentir dans sa jambe là où la flèche l'avait transpercé, il alla prendre place sur un siège.

- On m'a mis au courant de la situation. Combien de temps nous reste-t-il avant l'offensive de nos ennemies?

Sa question pouvait être excuser, Rywyn était arriver en retard et avait donc louper une partie de la discussion.

Bien, Lyriel étant du même avis que le Roi, la majorité embrassait déjà la destruction du Fort bien que celle-ci semblait se faire à contre-coeur pour le commandant...

Après l'avis donner par son supérieur militaire, Mëgilen'syre tourna le regard vers Dolce dont le faciès marquait déjà quelques contrariétés. Il n'avait jamais vraiment connu Dolce, bien que connaissant évidemment sa fonction et quelques moeurs de sa réputation, jamais il n'avait directement eu affaire à lui en privé, si bien qu'il ne s'attendait à aucun type spécifique de réponse de sa part si ce n'est celle qu'annonçait sa contrariété.

Dolce s'était donc levé, prêt à discourir, quand un évènement inatendue se présenta, presque aussi inattendue que la lettre du Roi elle-même pour Mëgilen'syre! C'était Rywyn Enalden qui revenait au Fort, prêt à défendre le peuple. Et cela été heureux car son absence propice à l'approche de la guerre aurait pu fortement atténuer sa perspicacité auprès des bonnes gens... Il expliqua qu'il avait été victime de quelques imprévus sur la route, et il s'assit à sa place officielle, mais il sembla à Mëgilen'syre qu'une certaine douleur lançait la jambe du jeune capitaine. Que pouvait-il bien lui être arrivé? Une question qui allait devoir trouvé sa réponse mais pas tout de suite, Dolce allait enfin développé son point de vue.

Ignobles! Tel était le qualificatif exact pour qualifier les paroles de Dolce vis à vis de son homologue Protecteur. Tous ces dires étaient symboles d'un manque de foi en Kyriä, la sainte Mère, et une trop grande peur vis à vis des armes de l'adversaire. Toutes ces paroles étaient inacceptables et au grand jamais une telle idéologie ne devait passer aussi facilement entre ces murs. Néanmoins Mëgilen'syre garda le faciès impassible, semblant écouté avec autant d'intérêt les discours de l'un comme celui de l'autre. Il s'apprêta à reprendre la parole si personne ne voyait de protestation urgente à faire, mais Lyriel sembla avoir une objection. Son point de vue était certes intéressant, mais pas encore suffisamment trancher pour le capitaine de cavalerie, si bien qu'il se leva à son tour pour disserter de son point de vue.

- Je suis conscient de l'importance des préparatifs... Mais comprenez que je suis plus soucieux de savoir comment ce siège doit se terminer que de la façon dont il va commencer, ce pourquoi je tiens a vous rappelez aux conseils du Roi.

Ces premières paroles étaient évidemment adressé principalement à Lyriel pour son égarement sur les détails techniques du siège. Cela était dit sans une quelconque animosité personnel, si bien que quelqu'un n'ayant été témoins de rien précédent cette intervention aurait put croire qu'il s'adressait à l'assemblée entière. Il en fut de même pour ses prochaines paroles, bien que tous eurent compris qu'il s'adressait là aux dires de Dolce. La première chose à faire était d'effacer la splendeur du Fort aux yeux de tous, chose qui coulait de source pour un Wirskeïnfyl mais qui ne semblait pas être dans les moeurs de toutes les régions.

- Et vous rappelez également que le Fort n'a jamais été symbole de force... Il est le simple fruit de la peur primaire de notre peuple et de son manque de foi en notre Mère. Devant les puissances inconnues que nous ont apportés les mortels, nous nous sommes contenté de copié un style martial qui ne nous convenait nullement plutôt que d'adapté le notre au leur. Nous avons délaisser le cadeau de notre Mère, pensant celui-ci trop faible que pour affronter ceux offerts aux mortels par leurs propres Dieux... Réveillez-vous donc et oublié de considérer ce Fort comme une bénédiction! A quoi bon défendre Anaëh si c'est pour en faire là une seconde Aduram?!

Comme las de devoir insister sur cette vision qui aurait dut pour lui être connue de tous présent ici, il soupira puis repris :

- Enfin, tout cela pour vous dire que la destruction du Fort ne sera perçu comme négatif que suivant l'avenir du peuple et de la foret. Il n'y ait pas de révolution sans grands bouleversements après tout et si le peuple doit reprendre espoir en un avenir meilleur, ce n'est certainement pas en plagiant celui des Hommes qui ne les mène qu'à des actions vicelardes et belliqueuses. De plus, nonobstant le meilleur choix concernant un avenir relativement lointain, l'on peut considérer que cette initiative de destruction est la meilleure technique militaire à adopter. Un nombre très important de Sombres tomberont avec cet édifice bien que pour cela il faut que ces derniers soient dupes et leur offrir donc une défense des plus farouche! Je rejoins donc l'avis de Dolce concernant le fait de ne point prendre la fuite. Quant à la foret, nos troupes y trouveront un avantage des moins négligeables sur les Sombres, elle consiste à elle seule en un piège pour tout envahisseur. Je ne peux par contre obligés des Eternels à se sacrifier, si bien que je vous le dit de suite, je laisserait le libre choix à mes hommes de partir ou non. Quoi qu'un tirage au sort pourrait-être organiser, évitant ainsi aux survivants de vivre dans la honte... Et puis, je pense aussi à vous Lyriel, nos forces auront besoin d'un commandant car une fois cette bataille terminée la guerre sera sans doute loin d'être finie...

Il se rassit tout à fait paisiblement, attendant les réactions de ses compères. Ceux-ci devaient acceptés la mesure du Roi, tant de choses allaient pouvoir se joués ou non selon leurs simples caprices qu'il en était presque exaspérant d'assister à cette réunion pour Mëgilen'syre. Mais il devait garder son sang froid, aussi bien par respect des opinions de ses pairs que pour maintenir un certain degré de perspicacité visuelle.

Ce fut Dolce qui donna une réponse au jeune Rywyn. " Trop peu de temps " , c'est ce que Rywyn craignait. Dans peu de temps le fort allait être attaqué, assiégé, qui sait ce qui allait advenir précisément de l'édifice et de ses occupants, la plupart morts pour sûr, ce qui allait être inévitable. Le seul espoir était l'arrivée des renforts et Rywyn espérait qu'elle se ferait le plus rapidement possible. Certes le Fort permettait de tenir plusieurs jours face à l'ennemie mais les vivres s'épuiseraient assez rapidement vu le nombre de personnes qu'il y aurait à nourrir. De même pour les munitions, entre autre les flèches, cela inquiétait le jeune Enalden. Les pluies de flèches s'abattant sur l'ennemie seraient à limiter pour économiser le plus possible.
Après les propos du capitaine de cavalerie, Rywyn prit la parole à son tour.

" Je suis pour la destruction du Fort en ce qui me concerne. Le Fort tient peut être une place dans le coeur de certains ici, mais il sera remplaçable si il le faut. "

Il marqua un petit temps d'arrêt, sa jambe le lançait. Apparemment certains avaient remarqué sa blessure. Rywyn serra les dents une dernière fois et reprit la parole.

" Mes hommes seront prêts le plus rapidement possible, armés ayant reçus leurs ordres, néanmoins si vous avez des idées pour la défense du Fort qui concerneraient mes hommes, ne vous privez pas. Nous sommes là pour parler tous ensemble. Une dernière chose, l'économie des flèches sera à prendre en compte."

Sur ces mots, Rywyn Enalden reprit une position d'écoute sur son siège, observant ce que ces collègues allaient dire pour la suite de la conversation.


(PS: Je suis vraiment désolé de la courte longueur du post, mais manque de temps malheureusement... )

Mëgilen'syre n'eut aucun mal à réprimander la satisfaction qui prenait possession de lui à l'entente du soutien de ses pairs, particulièrement à celui de Lyriel qui s'avérait décisif. Enfin la mauvaise blague qu'était ce Fort avait une occasion de disparaitre, il aurait été bien dommage de manquer cela pour Mëgilen'syre mais le bougre n'était pas encore arrivé au point où le sacrifice de si précieuses vies elfes valait la peine de mettre en place ses desseins.

Après une acceptation de l'avis général de la part de Dolce qui était toute à son honneur, la discutions concernant les préparatifs put reprendre. Ils discutèrent longtemps, du moins trop longtemps relativement au temps qui leur restait, mais les décisions prises furent bonnes du point de vue de toutes et c'est Dolce qui amorça la fin de cette réunion :

- M'est avis que nous devrions commencer les travaux d'aménagement immédiatement après être sorti de cette salle. Nous devrions nous répartir les tâches pour faciliter le travail. Je veux bien m'occuper des mages, pour préparer la destruction du fort et mettre en place les combinaisons magiques sont nous avons parlé plus tôt. Voulez vous également que je m'occupe d'aller voir les herboristes et choisisse les plantes ?

La magie était bien l'un des seuls domaine que Mëgilen'syre n'avait pas encore exploiter ce pourquoi il se devait évidemment de laisser Dolce s'en occuper, lui qui était apparemment le seul a avoir les connaissances magiques nécessaires ici présent. Quant au plante, c'était là une affaire qu'il connaissait bien, mais il aurait été presque insultant d'aller prendre le pas sur Dolce dont le Protectorat était bien plus proche que celui de Mëgilen'syre.

- Bien, je n'ai rien contre vos propositions Dolce, vous avez quelques connaissances magiques que nous n'avons pas et la flore de cette région vous ait plus familière qu'à moi... Pour ma part j'ai étudier le fonctionnement des machines de guerre et si personne ne se déclare expert je veux bien m'en charger, ainsi que de mes 300 cavaliers dont j'aimerais superviser l'entrainement afin de mieux les adapter à la situation.

Il attendit paisiblement l'avis de ses pairs. Il était de bien meilleur ton d'entendre le dernier avis de chacun avant de s'en aller.

Ce fut la décision de la destruction du fort qui l'emporta. Ce qui était une bonne chose après tout, bien que Rywyn n'avait rien contre les humains, il appréciait l'architecture et ses merveilles, mais ce Fort n'en était pas une.
De plus les longs mois qu'il y avait passé l'avaient fait détester ce fort d'une certaine manière, il l'avait trop vu. Et il le verrait à sa chute.
Rywyn n'y connaissait pratiquement rien dans le domaine de la magie, mais les stratégies évoquées par ses compagnons et se basant sur la magie semblaient fonctionner. Il avait donc écouter, acquiescé de la tête mais n'avait dit presque aucun mot.
Selon Dolce ils devaient impérativement commencer l'entraînement des troupes et les travaux d'aménagement immédiatement après être sorti de cette salle. Rywyn était tout à fait d'accord, le temps était compté, mais il en était de même pour sa jambe qui souffrait d'une blessure causée par une flèche depuis ce midi, si il attendait encore plus longtemps, il risquait une infection à sa jambe, ce qu'il voulait absolument éviter. Une fois la réunion terminée il irait donc directement à l'infirmerie pour se faire prodiguer les soins nécessaires. C'est donc Rywyn qui fut le premier à quitté la salle.

- Très bien, l'archerie jouera son rôle dans la bataille. Je m'excuse mais ma blessure à la jambe me fait souffrir, je dois me retirer pour ce soir. Bonne chance à tous.

Ensuite, le jeune capitaine d'archerie se leva et salua ses collègues, puis il partit le premier, en direction de l'infirmerie.