Une ou deux rencontres? [PV : Ybu Ziewyn ][TERMINEE]

Ah, Diantra ! La belle Diantra. Chez d’œuvre des meilleures architectes, la capitale humaine était tout aussi resplendissante que la race qu’elle représentait. Quoi de plus magnifique, de plus somptueux, de plus grandiose pour représenter ces membres parfaits qu’étaient les Humains ? Splendeur sublime qui terrassait sans le moindre doute quelques maisons-arbres, un puit ou une mine. Cette ville pouvait être la fierté des Humains, pour Ybu, c’était une sorte de sanctuaire, de lieu sacré, de lieu de pèlerinage – que voulez-vous, quand on a un grain, rien ne va dans votre tête, enfin normalement, ou bien peut-être pas.

Le Charlatan avait jugé bon de passer sa journée dans le quartier le plus huppé de toute la cité pensant se bâtir une immense réputation de pur … honnête homme. Vous y avez cru ? Ecartez votre naïveté en présence de ce balafré je vous prie. Bref, Ybu avait pensé et déduit, après une très lourde démarche intellectuelle – nous n’en doutons pas – qu’une foule de nobles possédait davantage de marchandises intéressantes à voler, bien plus que le bas peuple du reste de cette ville. Le petit bémol, c’était que la foule, ici, il n’y en avait pas. Petit groupe d’individus escortés par une armée aussi importante qu’il y avait d’arbres en Anaëh – oh c’est à peine exagéré ! -, il était tout bonnement impossible même pour le meilleur des voleurs de soutirer la moindre piécette, le moindre mouchoir brodé ou même ne serait-ce qu’un infime cheveux de cette bande d’aristocrates, bourgeois ou tout autre être humain capable d’avoir quatre repas par jour et des gardes du corps mieux logés et nourris que le plus riche marchand du bas peuple.
Rien. On ne pouvait rien leur soutirer. Une journée de perdue. La côte grimpée pour accéder à cet endroit était bien trop raide pour même espérer la redescendre dans la même journée. Feignant ? A peine. Non en fait, il était juste usé par son quotidien de voleur à courir toute la journée sans jamais pouvoir se reposer. Cette occasion était en or, le brun ne ferait rien de sa journée. Une descente, oui oui une descente, mais vous ne pouvez pas imaginer les risques de déraper sur ces pavés lustrés !

Bref, le voilà posé sur un toit à profiter pleinement des rayons du soleil heurtant sa peau déjà assez halée, il ne souhaitait pas ressembler à ses grillades d’elfes noirs et c’est ce qui lui fit largement apprécier la venu de la nuit avec un sublime coucher de soleil vue des hauteurs de la ville.

Fichtre. S’était-il assoupi ? La nuit était trop avancée pour que ce ne soit pas le cas. Le grand bonhomme se redressa non sans retenir un grognement de douleur, je vous y verrais bien moi, rester allongé sur les tuiles à la pointe d’un toit pendant des heures ! Son dos était en miette, la sensation de bonheur était alors partie bien loin.

hurt, je sais que tu ne m’entends pas mais, mon bon vieux, je sais ce que tu ressens avec tes problèmes de dos vieux sage !

Et sur ses mots perdus dans la nuit silencieuse vagabondant dans les ruelles désertes du quartier aisé de Diantra – les nobles ne savaient-ils pas festoyer comme tout le monde, dans les rues ?. Il se redressa sans rien ajouter. Rapprochant ses mains, ses doigts se mirent à onduler, il fixait un point en leur creux. De ce creux jaillit un peu de lumière issue d’un feu naissant, il était peut-être totalement immatériel et ne procurait aucune brûlure celui-là mais au moins il éclairait bien et ne craignait pas le vent. La flamme difforme vacillait maintenant seule dans l’air, mais elle permettait à Ybu de voir où il devait sauter sans risquer de se casser une jambe, une hanche ou encore un bras – ou du moins, de limiter les dégâts par une vision quasi totale de son futur atterrissage. Le soucis ? C’est que cela n’anéantissait pas le boucan que pouvait faire ce clown. Peu importe, il ne réveillerait personne. Il se mit alors à arpenter les rues vues sous un autre angle, bénissant la solitude et le silence de l’instant présent. Il en était si absorbé que … que l’inévitable arriva. Bon dieu ! Incroyable ! Il y avait quelqu’un qui sortait d’entre ses quatre murs d’une maison - sûrement luxueuse et terriblement plus attrayante que le froid mordant d’une nuit estivale, il n’en doutait pas – pour découvrir la ville. Dommage que la rencontre se soit faite si brusquement.
Les deux protagonistes étaient à terre, un peu sonnés par cette rencontre … frontale.

Je vous prie de bien vouloir m’excuser, je suis absolument confus, je ne regardais pas où j’allais. C’est entièrement ma faute. On se forge des manières Ybu ?

Le fou s’était relevé rapidement et n’avait même pas pris soin de s’épousseter un peu avant de s’excuser. Le tout était de s’adapter à une situation potentiellement normale. Il était chez les riches, il devait se fondre dans la masse habituelle de cet endroit, ne perdant pas son assurance innée et sa bonne parole. De plus, ce maladroit avait osé emporter dans sa chute une … une jeune femme ! Le crime n’en était que plus grand. Il s’abaissa et lui tendit la main pour l’aider à se relever. La chose faite, il exagéra une parfaite révérence en retirant le chapeau qui ornait sa tête.

euillez accepter à nouveau les plus amples excuses du Comte de la Noisulli, ma Dame.

Tient ! Ça parlait cette chose ? A défaut d’en avoir rencontré un grand nombre, le jeune fou se basait sur de simples préjugés que pouvait laisser entendre la populace de la Capitale. Une jeune femme noble aurait pu être tout ce qu’il y a de plus coincée, si peu habituée à entrer en relation avec « des gens de l’extérieur », c’était cruel de tourner les choses de la sortes mais que voulez-vous ? Les connaissances de ce charlatan ne se basent pas sur la vérité mais sur ce qu’il veut bien garder en mémoire, sorte de connaissance sélective si l’on peut tourner la chose ainsi. Bon, petit état des lieux. Une jeune femme, en pleine nuit, au beau milieu du quartier huppé de la cité, seule. Qu’est-ce que c’était que ces contradictions de principes stéréotypés bon sang ? Elle se précipitait néanmoins dans l’ombre à la première occasion. Quelque chose à cacher la Damoiselle ? Noisulli n’était pas brusque et pouvait se montrer le plus parfait des gentleman – on se demande d’ailleurs où Ybu a bien pu tirer ces manières-là – ainsi il ne chercha pas à réduire la distance que cette jeune femme lui imposait, se contentant de la détailler discrètement et non comme un prédateur se délectant de sa proie avant de bondir dessus. Il ne pouvait voir sur son visage que deux yeux clairs et de traits fort bien dessinés, une belle femme en soit pour le peu qu’il en voyait, ça changeait de la faune féminine de la basse société généralement bonne femme de marchand ou alors des jeunes filles venant à peine de lâcher leur poupée pour devenir fille de chambrée. Etait-ce monnaie courante dans la haute bourgeoisie de Diantra de pareil spécimen ?

Dites moi, pouvez-vous m'indiquer la direction de la cathédrale je vous prie? J'aimerais bien la visiter.

La cathédrale ? En pleine nuit ? A moins d’y vouloir trouver un refuge, que diable pouvait-il lui passer par la tête ? Peut-être était-ce en fait, l’étrange spécimen n’était en fait qu’une voyageuse égarée n’appartenant nullement à ces quartiers riches, s’étant simplement perdue sans vraiment pouvoir trouver son chemin. Une voyageuse aisée également dans ce cas au vue du point parfait de sa robe et cape qu’il pouvait entrevoir malgré sa piètre vision nocturne d’Humain lambda – à ne pas prendre au sens qu’il n’en était pas satisfait, si les Cinq l’avait voulu ainsi, il serait rendu invisible aux Humains ce qui ne doit pas être vu, là était la chose, enfin les faits, bref vous me suivez.

J’ai bien peur que vous soyez bien loin de l’endroit désiré. Diantra est un vrai labyrinthe et trouver ne serait-ce que l’endroit le plus connu de cette cité serait comme chercher une aiguille dans une botte de foin. De plus, à une heure pareille, les rencontres n’y sont pas recommandées. Si vous tenez absolument à vous y rendre, plutôt que de suivre mes nombreuses indications, je peux vous y conduire mais la marche sera longue.
Cela va vous paraître bizarre mais j'aime me promener la nuit …
Bizarre ? Ça ne l’est pas. L’agitation fourmilière, la chaleur, les divers bruits et autres dérangements diurnes disparaissent avec la nuit, c’est un moment privilégié pour la solitude, solitude que je n’espère pas vous voler de par ma présence. Si c’est le cas je peux vous laisser profiter de ces quelques heures loin de ma compagnie sûrement dérangeante.

Solitude, solitude … Voilà qu’on la leur volait d’ailleurs. La mélodie paisible d’un dialogue vint se faire nonchalamment couper par l’intervention d’une troupe armée de soldat. Le grand brun observa du coin de l’œil l’action de la jeune femme qu’il avait précédemment percutée. Se cacher ? Mais pourquoi faire ? Vous ! Avez vous une elfe dans les parages ?

Bien le bonsoir Messire, je crains que nous soyons dans l’incapacité de vous renseigner sur cette elfe. Ma mère et moi nous baladions tranquillement et n’avons croisé personne d’autre que vous, ni entendu quoi que ce soit, et pourtant, le risque que nos paroles couvrent le ô combien bruyant déplacement d’un elfe est peu plausible, ma charmante mère est muette et je ne peux m’entretenir avec elle que par un langage faisant appel à notre gestuel. Croyez-en mon ouïe, si quelqu’un était passé, je l’aurais entendu comme on entendrait l’armée entière de Diantra chantonnant à la victoire de notre peuple sur nos éternel ennemi que sont ces elfes noirs. Est-ce l’un d’eux que vous recherchez ?
Le but du jeune homme n’était pas le moins du monde de leur conter la vérité – ça changerait du quotidien tient ! – il préférait les ennuyer au possible pour les détourner de l’attention que ce couple nouvellement formé suscitait.
Bien, bien. Ne vous en faites pas, ce n’est pas un drow que nous recherchons. Bonne soirée jeunes gens.

Il devait bien l’avouer, la garde de Diantra laissait à désirer et faisait presque honte à cette race Humain qu’il chérissait tant. Bon, cette femme était-elle si anodine que cela finalement, de bonne petite noble elle était passé à voyageuse aisée et égarée et maintenant … une elfe ? Ceci serait-il possible ? Il se pourrissait intérieurement d’avoir bien voulu s’excuser devant elle, les elfes … pouah ! Qu’ils aillent retourner manger leurs salades en Anaëh ! Mais Noisulli ne pouvait se permettre de réagir de la sorte, il était un Comte après tout.

Dame … Dame !

Les gardes étaient partis à l’embranchement, et la jeune femme dissimulée telle une petite vieille dans ses haillons s’en allait de la sorte, au hasard, s’enfonçant dans les méandres des abysses de Diantra. Ybu avait haussé la voix, non pas qu’il cherchait à se faire remarquer mais Noisulli ne laisserait pas vagabonder pareil individu. Il la rattrapa sans difficulté malgré le pas pressé de ce grain de bonne femme.

Vous ais-je importunée Dame ? Il est réellement dangereux de se promener dans la belle Diantra de nuit lorsqu’on est une jeune femme, souhaitez-vous vraiment prendre le risque de tomber nez à nez avec une bande d’ivrognes ou pire encore ?

Il ne pouvait pas affirmer qu’il avait vu clair dans son jeu, tout n’était peut-être qu’une simple coïncidence même s’il en doutait cruellement. Elle se cachait à l’approche du garde la cherchant voulant s’éloigner au maximum de l’endroit d’où elle venait, peut-être d’ailleurs connaissait-elle davantage la géographie de la ville que lui n’aurait connu ses poches – et, par les Cinq, il fallait sacrément s’y connaître pour ne pas se perdre dans les poches de cet hurluberlu !

Vous n’êtes pas d’ici, je me trompe ? Il empiétait sur son intimité ce que tout bon homme respectait se devait de ne pas faire à toute jeune dame qu’elle soit noble ou non, mais, peu importe son rang, il ne la laisserait pas partir tout droit dans les bras des malfrats de cette ville, même si ce n’était au fond qu’une elfe, rien que pour revoir son regard clair il aurait traversé tout Diantra mille fois.