Droit dans l'impasse

Voilà maintenant un moment que Katrina voyageait. Elle revenait vers Soltariel pour retrouver son foyer et la sécurité. Bien que son père ne voulait pas qu'elle accomplisse de tâches seules, la jeune femme ne pouvait supporter non plus de rester sous la protection d'un mentor qui n'avait pas forcément les mêmes intérêts qu'elle. Et puis, elle savait se débrouiller et elle n'était plus une enfant! Alors, voilà. Elle avait rempli la tâche demandée avec un confrère spadassin, mais une fois le tout terminé, l'un et l'autre avait fait route séparée. Alors que son compagnon d'armes voulait aller voir des connaissances, Katrina elle ne voulait que revenir chez elle et prendre un repos bien mérité. Pas à dire, leur cible n'avait pas été facile à retrouver et à capturer. La somme par contre était forte intéressante pour l'amener devant le noble qui avait conflit à régler avec lui. Ainsi donc, pendant quelques jours, Katrina et son partenaire avaient cherché leur cible, prit le temps de la connaître un peu et avait finalement frappé vite et chirurgicalement pour le maîtriser au mieux. Une fois sous contrôle, le duo avait fièrement rapporté l'homme au noble qui avait donné le contrat et avait perçu leur prime bien mérité. C'est là que les deux spadassins avaient décidé de se séparer. Son père allait monter le ton, mais la jeune femme se sentait capable d'assumer sa décision. Et puis, son paternel s'emportait vite, mais pardonnait vite aussi, alors elle saurait lui faire rapidement oublier sa petite inconduite aux règles qu'ils avaient mises en place ensemble quand il avait accepté de lui apprendre le métier.

Ainsi donc, la demoiselle voyageait à pied sur la route du retour. Profitant de la journée pour maximiser sa progression et dormant d'un seul oeil la nuit, après avoir trouvé un endroit à l'abri des yeux indiscrets et pourvu de mauvaises intentions. Bien évidemment, des bandits et autres racailles rôdaient, mais Katrina tâchait de toujours garder l'avance sur eux et de déjouer ceux-ci. Une fois ou deux, la nuit, elle se réveillait en entendant des sons trahissant les ennuis qui approchaient et elle filait discrètement pour s'éviter de mauvaises rencontres. Ce n'était pas un style de vie pour une femme à ce qu'on disait, mais qu'à cela ne tienne, Katrina la vivait quand même et c'était ainsi. Et plus elle approchait du duché de Soltariel où elle pourrait enfin rentrer chez elle, plus elle gagnait en confiance. Après tout, ce n'était pas si terrible. Cependant, elle se dit que l'achat d'un cheval ne serait pas une mauvaise chose, car cela ménagerait ses pieds et lui ferait une présence pour briser la solitude qu'elle ressentait en ce moment. Tout en passant les doigts avec lenteur sur sa petite bourse, elle se demandait si un jour elle aurait une part plus importante des contrats qu'elle remplissait avec ses mentors et si elle pourrait de ce fait se permettre un peu plus de luxe... comme une monture. Probablement pas. Cela était déjà une chose peu commune que d'avoir été acceptée parmi le regroupement de son père, si elle en demandait trop on la remettrait rapidement à sa place. Enfin, elle avait au moins pu s'équiper d'un sabre valable et de deux dagues en moins mauvais état que celle qu'on lui avait fournie au début de sa 'carrière'.

C'est d'ailleurs dans ce qu'elle estimait être sa dernière ou avant-dernière journée de voyage qu'elle manqua de vigilance. En fait, c'était toujours quand on se croyait dans une zone sécuritaire qu'on baissait sa garde. Ce que les bandits avaient sûrement comprit, car Katrina marcha droit dans l'impasse sans s'en rendre compte. Encore jeune, la spadassin n'avait pas l'expérience d'un vétéran comme son père et elle avait encore à apprendre. Seulement, cette erreur, elle ne la referait plus à l'avenir. Alors qu'elle marchait sur la route de sa démarche à la fois agile et dansante, elle eut la surprise de voir surgir devant et derrière elle des bandits qui décidaient n'étaient pas enclins à la laisser continuer son chemin. Rapidement, son cerveau s'activa pour tenter de trouver une issue à la situation. Désavantager par le nombre, elle avait comme avantage le fait que ces hommes devaient sous-estimer ses compétences. Pourtant, l'idée d'un combat ne la réjouissait nullement. Elle se doutait aussi que si elle tentait de fuir par les côtés, des bandits embusqués lui feraient rapidement regretter. Ce qui ne lui laissait que peu d'options : trouver un moyen de convaincre les lascars de la laisser continuer son chemin ou tailler une voie à l'aide de son sabre. Et, elle doutait du taux de réussite de l'un ou de l'autre si la 'rencontre' devait se prolonger. Elle devait donc en finir rapidement, avec vitesse et précision, quitte à fuir les derniers qui tiendrait debout.

« - Je retourne à Soltariel, j'aimerais terminé le trajet sans ennuis.

- Ho, mais on ne veux pas créer d'ennuis. En fait, on est même prêt à collaborer.

- Alors pouvez-vous me laisser la voie libre?

- En échange de ton or et de ta chaleur, on t'escortera même jusque là-bas ma jolie. »

Katrina s'y attendait un peu. Elle n'était pas vraiment en position pour négocier non plus avec la petite bande de racailles. Rapidement, elle fit le décompte. Trois devant elle, deux derrières et peut-être encore deux ou trois cachés pour s'assurer qu'elle n'échappe pas à l'embuscade. Des hommes sans entraînement autre au combat que d'avoir survécu au prix de leur sang et de leur sueur... ce qui en faisait des adversaires imprévisibles et redoutables dans un sens. Sur ses gardes et prête à réagir au moindre mouvement, Katrina espérait bien pouvoir réussir à échapper à la situation sans trop de perte de son côté. Elle n'avait pas non plus envie de connaître le traitement qu'on lui réserverait si elle était prise comme prisonnière par cette bande de dégoûtant personnage. Croisant les bras sous sa poitrine, elle avait la main très près de son sabre pour le dégainer à la moindre nécessité. Elle avait peut-être appris à se défendre en étant désarmée, mais la jeune femme préférait éviter ce scénario aussi.

« - Je n'ai pas besoin d'escorte, merci.

- Mais ce n'est pas une proposition, tu vois beauté, c'est à prendre ou à laisser, parce que dans tous les cas, nous allons te prendre, ajouta celui qui semblait les diriger avec un sourire.

- Elle a une arme par contre... tu crois qu'elle à une autre arme cachée sous sa jupe en bas de la ceinture, chef, demanda un jeune homme encore inexpérimenté tout en déclenchant le rire général.

- Et bien, nous allons le découvrir, je pense bien. Et, je doute qu'une femme soit capable de manier réellement une arme; je crois même qu'elle se blessera avec celle-ci. »

À nouveau les truands eurent un rire gras et moqueur, qui fit un peu bouillir les nerfs de la demoiselle qui subissait cet assaut verbal sans réagir. Elle ne voulait pas commettre l'erreur de se placer en position désavantageuse par colère. C'est donc le dernier bandit qui avait parlé qui s'approcha d'elle, dans son dos, avec l'espoir visiblement qu'elle ne résisterait pas. Le coeur battant à tout rompre, elle patienta en plaçant subtilement ses pieds dans une position idéale pour ce qu'elle avait prévu faire. Le bandit ne sembla même pas remarquer le mouvement de ses pieds et sûr de lui, tendit la main pour empoigner la chevelure de la demoiselle. Comme un félin, Katrina sortit de son immobilisme pour réagir à cette attaque. Agilement et souplement, elle attrapa le poignet de l'homme, la tête tourner pour s'assurer de voir son objectif et elle se propulsa sous le bras en repoussant l'homme devant elle, se retrouvant dans son dos. D'une fluidité travaillée, elle dégaina son sabre et fit tracer un demi-cercle à ses pieds pour frapper le deuxième bandit qui avait pris position derrière elle, ouvrant une entaille qui fit pousser un cri de douleur à l'homme. Katrina en profita pour se reculer, ayant maintenant tout le groupe de racaille dans son champ de vision, de ses pas dansants de duelliste. Son sabre en main, dans une garde traditionnelle de l'escrime, elle allait défendre chèrement sa peau, c'était certain. Vêtue de sa jupe ouverte sur le côté gauche pour ne pas nuire à ses mouvements, de son corset souple et ajusté à sa silhouette, sous lequel se trouvait une chemise féminine couvrant sa poitrine sous laquelle se terminait le corset et une partie de ses bras avec les manches courtes; elle ne devait sûrement pas donner l'allure d'une guerrière. Pourtant, un aura flottait autour d'elle, comme l'aura d'un félin qui le fait craindre malgré sa silhouette élancée. Ses brassards en métal, ses jambières de cuir et ses bottes terminaient le portrait. Et, pourtant, elle n'était pas au bout de ses surprises, car une aide inespérée allait faire son apparition pour lui porter main forte.

Fortune avait décidé de profiter du début de l'été et de son temps agréable pour quitter le duché de Soltariel, à destination de Scylla ou peut-être du médian, elle n'en savait trop rien encore. Elle profitait souvent de la belle saison pour changer d'endroit, le voyage n'en étai que plus agréable. Même les brigands semblaient moins actif, ou en tout cas moins acharnés. Bien sur, ils n'en demeuraient pas moins présents et il fallait se déplacer avec soin.
Elle n'avait pas quitté la ville depuis deux jours que, alors qu'elle s'était arrêtée pour prendre un frugal repas sur ses provisions -elle n'avait jamais été douée pour la chasse ou les pièges-, elle perçus à la limite de son audition quelques bruits singuliers. Abandonnant sa pitance et le foyer qu'elle avait dressé, elle se releva et se dirigea vers la source de ce désagrément. Elle ne tarda pas à apercevoir, non loin le long de la route, un groupe d'hommes entourant une femme seule. Si elle semblait aussi, voir mieux, armée que ses évidents agresseurs, il ne faisait aucun doute qu'elle n'était pas en position de force.
Si Fortune s'approcha de son pas décidé, ce n'était ni par sympathie, ni par justice, ni par quelque autre noble sentiment. Elle s'approchait uniquement parce que sa rapière la tiraillait et qu'elle avait soif de combat. Maigre silhouette solitaire sur la route, elle ne devait pas paraître bien menaçante. Néanmoins, le seul fait qu'elle ose s'approcher aurait du mettre la puce à l'oreille des deux bandits qui se retournèrent. La rapière à son flanc n'était guère visible, elle se tenait légèrement de profil comme dans chaque combat.

-Tiens, un autre oisillon perdus, approche ma belle, on ne te fera aucun mal.
-Essaye donc de me toucher, sale porc.
-Comment oses-tu me parler ainsi ?

Il voulut l'attraper par le bras mais, aussi vive qu'un serpent, elle dégaina et frappa. Un éclair lorsque le soleil se refléta sur la lame, une gerbe de sang projetée en l'air scintillante comme autant de rubis et un cri de douleur guttural. La rapière avait tracé un large arc-de-cercle dans les airs et une longue cicatrice effilée sur le visage de l'agresseur. Seul la vivacité de celui-ci lui avait évité de perdre un œil en se retirant juste à temps. Aussitôt son compère se jeta sur Fortune, laquelle fit un pas en arrière pour éviter l'assaut. Elle avait également dégainé son cimeterre.
Un rapide coup d’œil l'informa que le combat se déroulerait à deux contre cinq, dans le meilleur scénario possible. Le bandit qu'elle avait frappé s'était remis de sa douleur et pointait vers elle son arme rudimentaire. Ivre de rage, il s'élança vers elle pour essayer de l'atteindre à l'épaule. Il ne frappa que le vide.

Fortune était passé sous la garde de son adversaire, détournant juste assez son bras à l'aide de sa rapière, esquivant son adversaire d'une roulade au sol. Elle se releva juste au niveau de son second agresseur, un tantinet surpris de cette soudaine apparition. Il frappa par réflexe, sans conviction, et elle n'eut aucun mal à stopper l'attaque de sa garde. Son autre bras se déplia dans le même temps, et le cimeterre qu'il tenait ouvrit une longue plaie dans le ventre du brigand, déchirant sans problème le tissu et la peau.
Le bandit s'affaissa et elle accompagna son mouvement pour se débarrasser de son étreinte tout en se tournant de nouveau face à son premier adversaire. Celui-ci semblait hésiter face à ce qui était advenu de son confrère. Mettant ce temps d'absence à profit, Fortune bondit vers lui, lame en avant. Il voulut pare le coup qu'elle semblait lui destiner au flanc, mais un bond de côté au dernier instant porta l'attaque à la carotide. La pointe de métal s'enfonça dans la peau, traversa la gorge de part en part pour ressortir maquillé de fluide carmin, sans laisser le temps à sa victime de comprendre. Elle se retira aussitôt, pour laisser le cadavre choir dans un gargouillement sanglant tandis que le fluide vital lui coulait sur tout le torse.

Alors que Katrina faisait face aux cinq hommes en se demandant combien elle pourrait en abattre avant de perdre le combat, une intervention inespérée se produisit. Doucement, progressant sur la route, une autre femme dit son apparition, semblant bien à l'affût de la présence des truands. Pourtant, elle ne démontrait pas la moindre anxiété à approcher du combat en cours. Pour ces bandits de grand chemin, c'était peut-être une femme ordinaire, mais pour Katrina, il était facile de deviner la duelliste qu'elle était de par sa tenue. Après tout, la jeune femme n'était pas elle-même membre de cette école de combat? Première fois, par contre, qu'elle voyait cette femme ici. Cela ne voulait pas dire grand chose, puisque le duché était plutôt grand; mais quand même. Katrina connaissait plus ou moins bien les spadassins du coin alors, soit cette bretteuse était nouvelle, soit elle était à son compte ou leurs routes ne s'étaient jamais croisées. Mais, la jeune spadassin n'allait pas refuser de l'aide quand il venait à elle, alors elle se contenta de remercier le destin de cette chance qu'il avait glissé sur son parcours. Et pas seulement que de la chance, du talent aussi. Rapidement, Katrina put voir que sa nouvelle consoeur n'était pas dénudée d'expérience. La rapière de celle-ci ne tarda pas à faire des dégâts et démontrer ses habitudes. Un sourire amusé et admiratif se glissa sur les lèvres de la demoiselle en détresse. N'était-ce pas un preux chevalier qui venait à la rescousse dans les histoires? Qu'à cela ne tienne, elle ne doutait pas de pouvoir trouver une amie bretteuse à la fin de ce combat. À condition bien évidemment de mater sans pitié ce groupe de lascars malvenus.

Il ne fallait pas croire que la jeune Soltarienne était restée passive non plus. Profitant de la diversion que la nouvelle arrivante avait causée, la spadassin avait passé elle aussi à l'attaque. À pas court et rythmé, le tout léger et souple, elle approcha de l'homme qu'elle avait blessé. Si le groupe avait tourné la tête vers l'altercation ayant coûté la vie d'un de leurs compagnons d'armes, le bandit au torse entaillé par le sabre de Katrina n'avait pas perdu sa concentration de sur la duelliste. Gardant son corps mobile et détendu, Katrina avait l'allure d'une danseuse impétueuse qui possède la scène où se déroule sa danse. Un, deux, trois pas; pas de côté; main haute et sabre en angle pour dévier la lame fonçant vers elle; demi-tour gracieux et fluide pour quitter la trajectoire de l'attaque; le bras accompagne la lame vers le bas pour envoyer l'épée ennemie dans le sol; demi pas sauté pour s'enrouler voluptueusement autour de son adversaire... les yeux mi-clos, le corps de Katrina suivait l'impulsion de sa danse gracieuse et aérienne, son sabre fendant l'air avec la beauté d'un ruban au vent, alors que Katrina regardait son partenaire de danse paniqué en la voyant se faufiler dans son dos. Relevant avec agilité sa jambe comme un cygne prêt à prendre son envol, la spadassin l'abattit rapidement et avec précision derrière le genou du brigand, le faisant tomber à genoux au sol devant elle. Utilisant l'impact comme un ressort, elle replia sa jambe et déposa le pied au sol, le laissant glisser avec aisance, pour redescendre son sabre en oblique vers le bas. Le sang s'éleva dans l'air alors que le tranchant courbé, spécialement conçu pour couper la peau comme une serpe coupe le blé, ouvrait de tout son long le dos de l'homme, brisant dans le mouvement la colonne vertébrale et laissant retomber mollement l'homme contre terre. S'il n'était pas mort, il ne pourrait plus jamais se battre de sa vie.

D'un geste de bras lascif et lent, Katrina balaya le lieu du combat et se replaça face au groupe de bandit. Avançant sa jambe gauche avec agilité, elle se stabilisa et releva son sabre horizontalement au sol, tout en pointant sa prochaine cible, le plat de la lame au niveau des yeux de la fougueuse femme aux cheveux noir ébène. Donc, le compte : 2 morts, 1 blessé, 1 bandit en pleine forme et 1 chef de bande qui voyait la déroute arrivée. Pourtant, le chef était trop tranquille, même en ce moment. Quelque chose clochait. Cela contrastait d'ailleurs pas mal avec le reste de la troupe... enfin ce qui en restait... qui semblait beaucoup moins heureux de cet affrontement. Ce détail n'allait pas rester un mystère longtemps. Le truand à la tête du groupe grogna ce qui semblait être un ordre et Katrina sentit que quelque chose bougeait derrière elle. Comme elle tournait la tête et pivotait le haut du corps de profil, elle vu un des hommes embusqués qu'elle avait logiquement cru présent au début du combat. Cependant, il semblait volontaire pour venger ses compagnons. Ni d'une ni de deux, Katrina tourna sur elle-même, le bas de sa jupe s'élevant dans les airs puisqu'elle n'était pas complètement fermée sur elle, essayant de se retirer le plus possible de la ligne d'attaque ennemie. Son assaillant n'ayant pas prévu qu'elle ne serait plus en place à son arrivée dut faire un effort considérable pour arrêter sa charge et ne pas passer dans le vide. Profitant de son mouvement circulaire, la duelliste piqua au niveau de l'abdomen et son sabre perça la peau pour se glisser entre les côtes et faire des dommages considérables. Après avoir tourné la lame dans la plaie, Katrina allait retirer son sabre du bandit maintenant hors combat, quand une poigne forte d'homme lui agrippa les cheveux sans ménagement. Sentant les larmes lui monté aux yeux sous la douleur, elle échappa un cri trahissant sa fragilité. Bien qu'elle savait combattre, Katrina n'était pas une guerrière et la douleur ne la laissait pas indifférente.

« Espèce de fille de catin! Ton père aurait dû te mettre la claque plus souvent pour t'apprendre ta place! D'ailleurs, je crois que je vais m'occuper de son manque d'éducation à ton égard! »

Une solide gifle fit monter les larmes aux yeux de la duelliste. Sans perdre son esprit combatif, elle était maintenant en position délicate. Refusant de s'abandonner aux larmes, elle devait trouver un moyen de se défaire de l'emprise. Cela dit, la douleur rendait ses réflexions plus difficiles et pas à dire qu'elle allait avoir une marque sur la joue pendant quelques jours. La poigne ne relâchait toujours pas ses cheveux de couleur corbeau et la tension sur son cuir chevelu était plus désagréable du fait qu'elle pouvait finir par mener à la perte d'une poignée de cheveux... ce que Katrina prendrait avec beaucoup plus de douleur que ce qu'elle vivait actuellement. Une lumière s'allumant dans sa tête, Katrina laissa son instinct la guider. À l'aveuglette, elle lança un coup de coude contre l'homme derrière elle. La manoeuvre sembla porter ses fruits, car elle sentit les mains relâcher sa tignasse noirâtre et la libérer de l'emprise de son opposant. Sans perdre de temps, elle exécuta une série de pas de danse courts et rapides, prenant sa distance avec l'homme, qui ne réussit pas à la capturer de nouveau de ses mains ou de son arme. Un coup de chance? Un coup de coude plus efficace qu'elle ne le pensait? Ou peut-être une habile intervention de la salvatrice qui se trouvait maintenant derrière elle? Elle ne savait pas et ne voulait pas savoir. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle était maintenant libre. Combien de racailles avaient apparu du côté de la bretteuse amie lorsque que le chef avait donné son ordre? Elle l'ignorait aussi. Mais peu importe, si elles voulaient gagner ce combat, elle ne devait pas baisser les bras maintenant. Après tout, il ne pouvait pas avoir tant d'hommes que cela d'embusqué! Reprenant ses esprits au fur et à mesure que la douleur s'estompait dans sa tête, elle plaqua un sourire mauvais sur ses lèvres. Braquant un regard prédateur sur un des bandits toujours debout, elle espérait pouvoir le persuadé que la fuite serait la meilleure option.

« Alors, féroce guerrier, tu n'as plus envie de valser avec une charmante demoiselle? Après tout, je m'attendais à ce que tes confrères maîtrisent mieux les pas de danse que la piètre performance qu'ils m'ont accordée! »

Montrant ses dents à travers son sourire, elle était décidée à ne pas laisser sa faiblesse passée la discréditer auprès des hommes perfides qui l'attaquaient et auprès de la bretteuse visiblement expérimentée qui l'aidait. D'ailleurs, la femme qui avait fait son apparition semblait plus habituée qu'elle à se battre et à faire couler le sang. Cynthia espérait juste ne pas trop se ridiculiser par sa performance. Déjà qu'à la base, on riait de sa manière de combattre 'de femme'. Après tout, la danse ce n'était pas vraiment viril dans un combat... alors souvent on discréditait ses résultats sur le fait qu'elle ne se battait pas, mais dansait et que jamais elle ne pourrait réussir si on lui demandait de se battre de façon virile. Et c'était bien vrai, alors que pouvait-elle objecter à ce genre d'attaque envers son style de combat? Mais bon, à quoi bon pensé à tout ça? Profitant du fait et sa bienfaitrice et elle soient dos à dos, elle ajouta à l'intention de la bretteuse, d'un ton léger et jovial :

« Je ne m'attendais pas à croiser une consoeur bretteuse sur la route. En guise de remerciement pour votre aide, je paye la tournée à l'auberge de votre choix. Une fois ses fauteurs de trouble mis en déroute bien évidemment. »

Fortune se retourna pour faire face aux derniers adversaires -sa confrère n'était pas restée plus inactive et deux cadavres gisaient le sol, ainsi qu'un en devenir- lorsque le chef du groupe donna un ordre. Aussitôt un homme surgit des fourrés sur le bord de la route pour s'en prendre à l'autre combattante. Fortune, elle, s'était replacé pour faire face au dernier homme valide. Celui-ci esquissa un sourire mauvais à son intention, qui fit remonter la balafre qu'il portait au coin des lèvres, sans qu'elle ne comprenne.
Juste après elle sentit deux bras puissants l'enserrer et la soulever de terre. Elle ne comprenait pas comment son agresseur avait pus se déplacer aussi discrètement pour la masse qu'elle sentait contre son dos, mais il y était bel et bien parvenus. Dans la surprise, elle avait lâchée ses deux armes, que Balafre, que nous appellerons désormais ainsi, envoya plus loin d'un coup de pied. Fortune, essayait vainement de se défaire de l'étreinte mais elle était aussi solide que l'acier. Elle ne put même pas obtenir un peu de jeu entre l'étau des bras.

-On fait tout de suite moins la maline hein... Ça c'est pour mon frère !

Il lui décocha un coup de poing au creux de l'estomac qui lui arracha un grognement de douleur, malgré sa poitrine compressée. Mais elle avait grandis dans une arène, et avait encaissé des coups bien pires que ceux-là durant toutes ces années. Elle resta passive, et il approcha son visage répugnant à quelques centimètres du sien.

-Et crois-moi, c'est rien à côté de ce que je vais te faire cette nuit...

Il n'eut pas le temps de détailler plus sa pensée puisqu'elle lui donna un coup de tête en plain visage, qui lui brisa le nez. Inattendue, la réaction surprit le colosse qui la maintenait et elle eu juste assez de jeu pour bouger une jambe. Elle la replia et sa botte vint frapper les parties sensibles de son geôlier, lequel la relâcha soudainement pour poser ses deux mains sur ses organes génitaux. Elle se réceptionna souplement au sol, alors que la Balafre se remettait tout juste de son coup dans le nez. Elle empoigna son katar en main gauche et l'une de ses dagues en main droite, retourner chercher sa rapière l'aurait trop exposé.

Avant que la Balafre ne soit totalement remis, elle se jeta sur lui et essaya de lui porter un coup de katar au côtes flottantes, qu'il détourna. Il n'eut pas le temps en revanche de parer la dague, qu'elle avait amené au niveau de son visage, en inversant sa prise. L'acier frappa à la joue et emporta une bonne partie de celle-ci, rajoutant une nouvelle marque à celle qui lui valait déjà son surnom. Fortune se laissa entraîner d'encore quelques pas avant de se retourner pour contempler sa victime. Elle avait la joue entaillé sur toute sa longueur et une abondante quantité de sang coulait de la plaie. Une blessure impressionnante, mais superficielle. En tout cas assez pour lui permettre de continuer le combat. Quelques pas en arrière la menèrent dos-à-dos avec l'autre bretteuse.

« Je ne m'attendais pas à croiser une consœur bretteuse sur la route. En guise de remerciement pour votre aide, je paye la tournée à l'auberge de votre choix. Une fois ses fauteurs de trouble mis en déroute bien évidemment. »
-Avec plaisir, mais réglons d'abord notre petit problème. Je prends le balafré et le colosse, vous vous chargez des deux autres ?

Bref acquiescement et elles repartirent toutes deux à l'assaut. Fortune n'avait jamais misé sur un style défensif et ne comptait pas commencer aujourd'hui. Un duel ne se gagnait que par l'attaquer, la défense n'était qu'une réponse et elle préférait poser les questions. Elle se fendit d'une première attaque sur la Balafre, qui l'évita facilement avant de lui asséner un coup de son arme, une vieille épée mais encore tranchante. Elle était désavantagé par la longueur de ses armes et son infériorité numérique. Le colosse s'approcha d'elle et voulut frapper de son gourdin -mais non pas celui-là, bande de pervers- lorsqu'elle lui fila littéralement entre les jambes. Son gabarit fin n'avait eu aucun mal à passer entre les piliers de son adversaire et, désormais dans leur dos à tous deux, elle se jeta sur ses armes. Elle saisit du bout des doigts sa rapière, aidée en cela des rubans qui l'ornaient, et roula sur le côté pour éviter un coup d'épée de la part du balafré.
Elle se redressa souplement sur ses jambes et fit face à son adversaire, rapière en main droite et katar en gauche. Le cimeterre reposait toujours au sol. La Balafre attaqua une première fois, maladroitement, et elle esquiva sans problème, la deuxième attaque fut plus technique et Fortune manqua se faire toucher. Elle reprit l'ascendant sur la troisième attaque. Un coup d'estoc, qu'elle évita en se baissant sur son côté gauche. Utilisant la lame de son katar, elle dévia légèrement la lame de son adversaire, juste assez pour dégager son aisselle. La rapière frappa, avec précision, dans la chair tendre et perfora le muscle. Un tendon dut lâcher car la Balafre poussa un cri de douleur inhumain avant que son bras ne s'effondre mollement.

Sans perdre plus de temps, Fortune se glissa sous sa garde, transperça de sa rapière le deuxième bras, qui voulait la saisir à la gorge, avant d'enfoncer jusqu'à la garde le katar entre les côtes de son ennemi. La Balafre mourut dans un gargouillement sonore tandis que Fortune se dégageait de son étreinte en quelques saut habiles. Ne restait plus que face à elle le colosse, qui était resté passif durant leur affrontement, ne sachant comment intervenir sans toucher son allié sans doute. Profitant de la seconde de désarroi, Fortune roula au sol et récupéra son cimeterre avant de se redresser face au dernier belligérant de ce côté.

HRP : Il faudrait passer le titre du topic en jaune je pense, vis-à-vis du contenu ^^

Dernière édition par Neïra "Fortune" le Jeu 30 Aoû 2012 - 13:01, édité 1 fois

Sans grande surprise, Katrina remarqua que sa consoeur d'arme désirait elle aussi terminer cette altercation sans trop allonger la rencontre. Tant mieux, le repos et la bonne discussion à l'auberge après allait être sans contredit très apprécié par la jeune spadassin. Pas que l'expérience de ce combat lui déplaisait, après tout, c'était toujours agréable de joindre sa lame à une fine bretteuse amie. Seulement, elle se sentirait mieux une fois certaine d'avoir remporté le combat avec sa collègue. Après tout, les deux jeunes femmes touchaient à la fin, il n'en restait plus que 4, alors que 3 étaient déjà hors combat. Pratiquement 50% du groupe était maintenant éliminé, alors il devait certainement être possible de s'en tirer. Acquiesçant brièvement à la distribution des cibles restantes, qui était quand même équitable en nombre, Katrina détailla ses deux adversaires d'un oeil de lynx. L'un était un homme à la fois nerveux et visiblement peu confiant de la tournure du combat, bien que l'épée à sa main semblait être considérablement dangereuse. L'autre était le chef de la bande et aux muscles puissants de ses bras, on comprenait rapidement pourquoi. L'intelligence se trouvait en partie de ses yeux, ce qui le rendait encore plus redoutable. Un homme de ce type avec la moindre étincelle d'intelligence était à prendre avec soin. Ceci dit, il serait sûrement aussi très facile de lui faire lâcher prise quand il n'aurait plus ses fier-à-bras avec lui. Katrina avait donc une idée de stratégie pour ne pas trop s'exposer à ses attaques.

Une fois d'accord sur la suite, les deux femmes replongèrent dans le combat. Cependant, Katrina n'était pas du style à passer à l'attaque vraiment. Elle préférait manipuler ses adversaires pour qu'ils se compromettent et ainsi profiter de leur instant de doute et de déchéance pour attaquer de manière rapide et précise. C'était peut-être plus risqué comme manière de combattre, mais c'était celle qu'elle maîtrisait le mieux la jeune demoiselle. Quand elle tentait de faire les choses de manière offensive et agressive, elle finissait toujours par faire un faux pas dans sa danse et les conséquences en étaient rarement agréables. Comme cette cicatrice qui lui traversait l'oeil. Gracieusement, par une série de petits pas bien calculés, elle approcha des deux bandits dont il était à elle de prendre soin. Avec des gestes de main lents et marquant un défi certain, elle invita ses partenaires de danse à la rejoindre sur la piste et lui accorder la prochaine danse. Si le chef de groupe paraissait sûr de lui, il ne semblait pas non plus vouloir faire l'effort de combattre. Comme si cela allait de soi, il menaça d'un ordre le dernier truand qu'il lui restait à ses ordres de mettre fin à ce combat qui n'était qu'une grande blague depuis le début. Après tout, ce n'était qu'une femme! Et puis, une fois matée, elle allait être un prix sans nul doute plus qu'agréable.

Cependant, Katrina n'avait pas comme objectif de se faire vaincre par ces deux hommes et ils allaient regretter d'essayer. Faisant face à son adversaire qui approchait doucement, elle ne perdait pas de vue le chef du groupe, ne voulant pas qu'il profite de son inattention pour lui faire une attaque-surprise. Un bruit de corps percutant le sol se fit entendre et au visage du bandit devant elle, la spadassin savait que sa consoeur plus agressive avait foncé dans le combat et déjà fait efficacement une partie du ménage qu'elle avait décidé de prendre en main. Katrina profita de ce moment de distraction pour attaquer l'homme, mais il fut assez rapidement pour repousser son sabre avec son épée. Sautant gracieusement à l'arrière, Katrina reprit une distance appréciable. Avançant rapidement sur elle, l'homme trancha l'air avec sa lame vers sa tête. Avec une souplesse longuement travaillée, la spadassin se pencha vers l'arrière et utilisa sa lame courber pour faire dévier vers le haut la trajectoire de l'attaque, attendant que la lame adversaire dépasse son corps savamment courbé, pour se redresser. La lame de son sabre, qui se trouvait à la hauteur de sa poitrine, vint rapidement prendre appui sur le bras du truand et alors que Katrina faisait un pas en diagonale vers l'avant, le tranchant mordit avec soif de sang la peau tendue du biceps pour y laisser un sillon témoignant de son passage. Enchaînant un bond de côté, elle fut hors de portée de l'épée de son adversaire qui tentait de la réduire en charpie.

Sans perdre contact visuel avec le chef de bande, Katrina recula agilement vers l'arrière pour se ternir à distance des attaques rageuses du bandit. Remarquant qu'il n'était pas capable d'atteindre la jeune femme, l'homme à qui elle faisait face sembla perdre son sang-froid. Puis, une fois la rougeur de la frustration sur son visage, la spadassin lui rendit un sourire moqueur. Sautant vers la droite, tournant vers la gauche, exécutant un jeu de pieds vers l'arrière, elle restait efficacement hors de portée d'attaque. Cela, jusqu'à ce que la colère soit insoutenable pour le truand. Dans un excès de rage, il s'élança vers la jeune femme pour la prendre de vitesse dans un assaut de puissance brutale exclusivement. Préparée à ce dénouement, la bretteuse fit un pas de côté, glissa la jambe gracieusement en travers des tibias de l'homme et le laissa trébucher par lui-même dans son pied, poussant ce dernier vers le sol de sa main gauche pour le faire atterrit plus durement contre la terre. Comme il tentait de prendre un élan de son bras armé, Katrina propulsa son pied contre le coude de l'homme. Un craquement se fit entendre et Katrina releva la jambe en l'air dans un mouvement fluide, pour le rabaisser avec rapidité sur le coude déjà blessé et s'y appuyer de tout son poids par la suite. Les doigts masculins lâchèrent leur épée immédiatement et Katrina n'eut aucun mal avec un mouvement court et bref a planter la lame dans la chair tendre du cou et ouvrir une plaie béante qui déversa rapidement une quantité impressionnante de sang.

Cependant, le chef des truands ayant décidé de tirer les armes, Katrina dut plonger devant et rouler sur son dos arrondi pour revenir avec élégance sur ses pieds. Faisant à nouveau face à son ennemi, elle put voir par la même occasion que sa consoeur d'arme finissait d'achever sa deuxième cible avec une efficacité indiscutable. Cela faisait du chef, le dernier bandit encore debout et de Katrina, la plus lente des deux pour parvenir à bout de sa tâche. En même temps, la spadassin préférait éviter les échanges de coups, ce qui réduisait les chances d'être blessée. C'était aussi l'objectif de la demoiselle que le plus intelligent et le plus robuste de la bande soient bon dernier et prennent la fuite. Et cet homme n'était pas le chef du groupe qui lui était tombé dessus pour rien. Le sabre bien en garde pour se préparer à toute éventualité, Katrina désigna doucement les corps gisant au sol. Il était facile de voir que c'était maintenant les deux femmes qui avaient l'avantage. Avec un sourire carnassier et intimidant, la danseuse à la lame mortelle prit sur elle d'exposé la situation à ce bandit sans issue.

« Tu peux les rejoindre si tu veux. Je suis certaine que ma talentueuse alliée n'aurait pas de mal à te découper en pièce. » Prenant une pause, elle espérait créer un silence intimidant, avant de reprendre la parole « Ou bien, tu peux envoyer ta bourse au sol, prendre tes jambes à ton cou et essayer de trouver des danseurs plus compétents pour une prochaine fois. Vaincue par deux femmes... tu devrais te dépêcher à décider avant que quelqu'un ne passe et ne vois l'ampleur de ta chute. »

Le colosse ne semblait pas impressionner par le sort qu'avait subis son camarade et se tenait face à Fortune, avec l'évidente intention de lui faire très mal et ensuite de se faire beaucoup de bien. Prévisible de la part de tels brigands. Surtout qu'elle avait déjà mis à mal sa virilité, il ne faisait aucune doute qu'il avait une grande envie de la venger. Et quoi de mieux pour ça que de faire subir les derniers outrages à celle qui l'avait défié ? Certainement rien au regard de son cerveau reptilien, la loi du talion devait lui servir de seul code moral. Et elle tournait toujours à son avantage.

Il se jeta sur la duelliste et visa sa tête de son arme. Le coup était lent et peu précis, Fortune n'eut aucun mal à l'éviter en se baissant et se fendit d'une attaque de son cimeterre à la cuise, avant de passer derrière lui d'une roulade. Elle se redressa souplement et fit demi-tour pour l'avoir de nouveau en face. Il tenta une nouvelle fois de la frapper, aux côtes cette fois, mais un habile saut en arrière ne lui laissa que le vide pour cible.
Tandis que son élan l'entraînait, Fortune se fendit d'une nouvelle attaque et dessina une longue plaie sur la longueur de son biceps droit avant de reprendre ses distances pour éviter une troisième attaque toujours aussi maladroite. Sous les pieds du brigand, le sang commençait à se mélanger à la terre pour former une boue à la couleur ocre peu engageante.

Le combat continua ainsi, le colosse ne parvenait pas à toucher son agile adversaire et écopait en retour de blessures toujours plus nombreuses. Il était plus lent, des grosses perles de sueurs coulaient de son front. Il s'épuisait petit à petit, sans qu'il ne comprenne pourquoi. Dans l'adrénaline du combat et dans sa colère, il ne ressentait plus sa cuisse. Celle-ci, tranché au niveau de l'artère fémorale, laissait échapper un flot continu de liquide carmin, tant et si bien que la demi-douzaines d'attaques qu'avaient effectués Fortune semblaient anecdotique face à celle-ci.
Finalement, à bout de souffle, rendu plus pâle qu'un mort par l'hémorragie qui commençait à se faire cruellement sentir, le colosse s'effondra à genoux dans la boue, haletant. Il ne se rendit compte que trop tard de la blessure qui déversait toujours le fluide vital. Le métal sur sa gorge vint lui faire relever la tête. Fortune se tenait au-dessus de lui, le regard aussi impitoyable que l'ange de la mort, sa rousse crinière scintillant dans le soleil. La rapière glissa sur son corps, passa ses côtes, puis s'arrêta de nouveau. Soudain elle s'enfonça, se glissa entre deux os et transperça le cœur. La vie du brigand prit fin dans un battement de cils, et son corps s'effondra dans la boue.

Sans rengainer ses armes, elle s'approcha doucement du combat qui continuait, entre l'autre bretteuse et le chef de la petite bande. La désignant, sa confrère exprima au chef un dernier ultimatum. Lequel resta un instant interdit, silencieux. Puis il jeta une petite bourse de cuir au sol et se mit à courir à travers champ. Passa encore un instant avant que Fortune ne daigne ranger ses armes. Elle alla s'asseoir au bord du chemin sur une pierre plate, pour reprendre un peu son souffle, tandis qu'elle observait la spadassin d'un œil.

Sujet: Re: Droit dans l'impasse Dim 2 Sep 2012 - 20:19

Le regard féroce et félin braquer droit dans celui du chef des truands, la spadassin attendait la réaction de l'homme avec impatience, espérant ne pas avoir à croisé les lames de nouveau. Elle était un peu épuisée de ce petit affrontement et elle sentait encore des élancements dans sa mâchoire à cause de la puissante claque que lui avait administrée l'un des bougres qu'elle avait combattus. Encore une chance que la guerrière talentueuse ait fait son apparition pour venir l'aider, car il y aurait fort à parier que la tournure aurait été différente sinon. Après un moment d'attente tendu, durant lequel les deux femmes faisaient face à l'homme maintenant seul et ridiculisé, le combat prit fin abruptement par la fuite du dernier opposant. Bien évidemment, une bourse de cuir avait chuté au sol avant qu'il ne détale. Toujours sur l'adrénaline et la vigilance de la menace dans l'air, Katrina regarda les environs et se convainquit d'abord que le danger était passé. Quant à détrousser les hommes qui gisaient ici et là, ce pouvait attendre à plus tard. Pour le moment, elle avait bien envie de connaître un peu plus sa consoeur qui avait une rapière aussi féroce. De plus, elle lui devait toujours une boisson à la jeune demoiselle.

Lentement, Katrina se rendit prêt d'un des corps reposant contre le sol. Avec minutie, elle inspecta les quelques vêtements encore viables que l'homme avait et en prit un morceau qui n'était pas trop souillé pour retirer avec délicatesse et attention le sang qui maculait la lame de son sabre. L'entretien de son arme était une véritable dévotion pour la jeune femme. Peut-être que ceux qui avaient plus de facilité à changer leur arme obsolète s'en préoccupaient moins; mais pour la spadassin, l'argent pour payer le sabre représentait énormément de travail. Elle l'entretenait donc avec un soin et une fougue sans faille, pour qu'elle lui reste le plus longtemps possible. Elle ne pouvait pas faire mieux pour le moment, mais elle allait s'assurer de corriger la situation une fois chez elle. Agenouillée au sol, elle contempla son travail et jugea satisfaisant le résultat qu'elle avait obtenu. Dans un mouvement souple et fluide, elle fit entrer l'arme au fourreau et laissa la garde venir s'appuyer contre le haut du fourreau, ancrant ainsi l'arme en place. Pour plusieurs, une arme était une arme... mais pour Katrina, c'était des outils précieux et important, dont il fallait prendre le temps nécessaire pour les garder à pleine efficacité.

Se relevant sur ses pieds, la demoiselle se retourna vers la bretteuse qui avait élu une roche comme endroit où reprendre son souffle et ses esprits de toute cette action. De sa démarche légère et donnant un air d'insouciance, elle se dirigea vers sa consoeur d'arme et lui fit un ravissant sourire à la fois plein de gratitude, de respect et de fierté pour ce qu'elles venaient d'accomplir. Enfin, une grande partie des félicitations revenait à la duelliste, mais Katrina préférait juger du résultat comme le fruit d'un travail d'équipe. Par chance, elle n'avait pas trop sali ses habits. C'était l'avantage d'un style de combat à mi-chemin entre la danse et le duel, ainsi que l'utilisation d'une arme de précision. Le sang n'était pas propulsé partout et n'importe comment, ce qui lui évitait d'en être couverte de la tête au pied quand elle terminait une altercation. S'arrêtant à quelques pas de l'inconnue, que Katrina avait l'intention d'apprendre à connaître, elle s'inclina doucement et gracieusement en signe de respect et de reconnaissance pour l'aide apporter. Son père lui avait toujours appris à témoigner d'humilité et de politesse à ceux qui avait fourni les efforts nécessaires pour le mériter.

« Je vous remercie d'avoir pris part à ce combat et dans mon camp de plus. Que ce soit de nobles intentions ou par plaisir de croiser le fer, votre aide m'a tiré d'un bien triste mauvais pas et d'une soirée dont je n'ose pas imaginer le traitement qu'ils m'auraient infligé. »

Ne voulant pas s'asseoir pour sa part, Katrina se contenta de se relever et de se tenir debout face à son interlocutrice, sans faire preuve toutefois de fierté mal placée ou de supériorité quelconque. Elle n'avait pas envie d'être assise tout simplement. Croisant les bras, elle ne savait pas trop comment débuter la conversation, face à une inconnue avec qui elle venait pourtant de combattre. Ce n'était pas une situation habituelle et Katrina ne voulait pas faire de faux pas. La vie, à l'image d'une danse, était subtile et délicate, un faux pas entraînait l'échec des danseurs y prenant part. Et la spadassin aimait que la danse continue sans embûches.

« J'espère que vous me laisserez l'honneur de vous dédommager de cette dette que j'ai auprès de vous. Je ne suis peut-être pas une féroce combattante ou bien en possession de grandes richesses à vous offrir, mais je peux toutefois vous accompagner un moment pour tâcher d'agrémenter votre voyage de ma présence. Ainsi que de vous faire grâce de quelques boissons lors d'un arrêt à la prochaine auberge ou taverne. C'est la moindre des choses. »

Sujet: Re: Droit dans l'impasse Dim 9 Sep 2012 - 21:31

Fortune s'occupa également de débarrasser ses armes du fluide carmin qui les habillait. Moins soigneuse que sa consœur, elle se contenta des restes d'une chemise d'un des bandits pour retirer le gros du sang. Elle leva des yeux étonné en voyant la jeune femme venir s'incliner devant elle, de fort belle manière qui contrastait pour le moins avec ce qu'elle était. En réponse elle lui adressa un hochement de tête amical tout en se dépliant pour se remettre debout.

-C'était par simple plaisir. Et tu ne devrais pas renoncer à imaginer ce qu'il pensent, ça t'aidera au combat.

Un conseil qu'elle avait sans doute aucun déjà entendus. Se mettre à la place de l'autre, comprendre son style et ce qu'il voulait pour deviner sa prochaine action. Elle avait bien connus cela à Sol'Dorn, c'était facile, tous les esclaves ne désiraient que gagner, pour espérer obtenir leur liberté, comme elle l'avait fait. Mais dans le véritable monde, les choses n'étaient pas aussi simples. Même le moindre brigand sans envergure était plus complexe à comprendre que ceux qu'elle avait côtoyé la majorité de sa vie.

-J'accepte avec plaisir la boisson. Par contre, si tu veux me suivre, libre à toi mais arrête de parler comme ça. Garde cette langue pour le cul de nobles et sors toi de la tête que je te fais un honneur.

Les deux bretteuses reprirent donc leur route, une fois les quelques poches de leur victimes faites. Suivant l'autre, Fortune revint sur ses pas. Ce n'était pas sa direction première, mais elle ne comptait pas la suivre jusqu'à revenir à Soltariel, et elle pourrait toujours bifurquer vers des chemins plus au sud qui la mènerait sans doute vers Scylla. Elle attendrait juste, pour cela, d'avoir trouver une auberge qui pourrait toutes les deux les accueillir.
Chose qui devait normalement s'avérer facile dans ces régions commerciales et à cette saison propice. Cheminant d'un pas léger, sans toutefois trop se déconcentrer de ce qui se passait autour d'elle, Fortune entama sur le ton de la conversation polie.

-Et sinon, tu t'appelles comment au juste ?

Politesses basiques et nécessaires, même si le ton un peu brusque de la rouquine ne prêtait pas vraiment à la tendresse. Elle n'était pas adepte des ronds de jambe lorsqu'ils ne s'imposaient pas, et n'allait pas spécialement prendre des gants avec une consœur.

Sujet: Re: Droit dans l'impasse Lun 17 Sep 2012 - 5:05

Katrina savait très bien ce que ses bandits de grand chemin lui auraient fait et c'est d'ailleurs pourquoi elle avait combattu avec tant de hargne. Mais se l'imaginer n'était pas pour elle une obligation. Elle préférait se contenter de savoir et d'utiliser l'information sans avoir à se le faire vivre dans sa tête. Quant à se mettre à la place de sa victime, Katrina avait eu droit à cela durant sa formation et utilisait cette technique le plus efficacement qu'elle le pouvait. Seulement, elle savait aussi analyser l'adversaire. Sans se mettre totalement à sa place, ce qui pouvait devenir une lame à double tranchant, elle avait appris à reconnaître la manière de combattre, les techniques et les 'habitudes' des gens qu'elle combattait. Bien évidemment, elle devait échanger quelques passes d'armes avec l'ennemie pour avoir une évaluation juste, mais c'était une chose qui pouvait se révéler très intéressante et pratique. Elle ne jugea pas nécessaire de répondre pourtant à cette première phrase de consoeur et se contenta de hocher la tête pour montrer qu'elle comprenait le point de cette dernière.

La suite, par contre, fit naître un sourire sur les lèvres de la spadassin. Ainsi donc, la jeune femme qu'elle avait rencontrée était bel et bien une combattante de nature. Sa façon de parler, de réagir et de faire le démontrait. Nullement froissée, Katrina n'avait rien contre ce genre de personnalité. Ayant l'habitude de faire affaire avec les nobles qui embauchait les services de son regroupement ou bien avec ses collègues, elle savait s'ajuster à la personne qui était face à elle. Cela dit, Katrina restait quand même curieuse et se demandait bien d'où pouvaient arriver la bretteuse et la vie qu'elle avait pu connaître. Chose sûre, elle n'avait rien d'une noble, mais ne tenait pas plus de la paysanne. Ce serait un sujet à aborder une fois toutes deux à une table et avec quelque chose à boire pour égayer la conversation. La spadassin ne doutait pas que cette charmante demoiselle avait des histoires intéressantes à raconter. Car, quand bien même Katrina avait appris à manier les armes, elle n'avait pas eu une vie non plus d'aventure et de voyage. Son père, très protecteur à son égard, la couvait encore énormément dans un sens et elle était limitée dans ce qu'elle pouvait faire.

« Soit, alors faisons un bout de chemin ensemble, il est rare de voir de nouvelle duelliste sur les routes. Par contre, tu ne peux pas changer cela, je continue de croire que je t'en dois une et j'aime ne pas garder mes dettes trop longtemps. »

Reprenant le chemin, Katrina connaissait assez bien la région et savait exactement où elle allait. Bien qu'elle ignorait où voulait aller sa consoeur, elle n'était pas bête et savait qu'elle retournait sur ses pas en la suivant. Elle avait donc une idée de l'auberge où se rendre, qui donnait un accès facile aux routes principales. De cette manière, la bretteuse n'aurait pas de mal à prendre la route pour une destination ou une autre. Et puis, il paraissait que l'ambiance et ce qui y était servi en valaient le chemin. Avec un peu de chance, il n'y aurait pas d'autres mauvaises rencontres et le trajet serait tranquille. Sans négliger la vigilance nécessaire, Katrina restait calme et détendue en sachant que les routes étaient quand même sûres un minimum.

« Katrina. Je suis originaire de Soltariel où je me rendais avant que ces vermines ne décident de me barrer la route. Et toi? »

Elle n'avait pas elle non plus la moindre idée de l'identité de sa consoeur. Le ton de celle-ci n'était pas pour elle un problème. Elle avait dû se montrer à sa place dans un groupe d'homme et ce n'avait pas toujours été facile. Ce n'est pas un ton un peu direct ou dépourvu de cajolerie qui allait l'indisposé. Personnellement, Katrina préférait la subtilité, la douceur et la délicatesse. Sa voix douce et chantante en était un peu le témoignage. Son ton direct n'était pas agressif, mais n'était pas dans la dentelle non plus. Il fallait une balance à tout, l'excès n'était jamais profitable.

Sujet: Re: Droit dans l'impasse Mer 19 Sep 2012 - 16:42

Neïra se laissa guider par sa collègue, bien qu'elle eut passé le dernier mois dans la région, elle n'avait guère quitter la capitale. Dans des villes de ce genre, il n'y avait pas besoin de trop se déplacer pour trouver quelques travaux, pourvus que l'on ne se montre pas trop difficile. A vrai dire c'était même la monotonie qui l'avait poussé à retourner voir du côté de Langehack si l'air n'y était pas plus agréable. Au gré du chemin, elle obtenus une réponse et daigna donc en fournir une à son tour.

-On m'appelle Fortune. Je viens de l'autre côté de l'Olienne, mais je parcours le sud depuis quelques mois maintenant.

Elles n'étaient véritablement pas loin de l'auberge dans laquelle Katrina projetait de se reposer puisqu'elles l'aperçurent bientôt, au détour d'un petit bosquet qui leur en avait jusque là caché la vue. Il s'agissait d'une bâtisse simple posée dans la campagne, au carrefour de deux routes. Une petite palissade de bois entourait son arrière, servant de cour où attendaient les chevaux et où l'on garait les charrettes.
Le bâtiment en lui-même possédait un étage, ainsi que probablement des combes aménagés au vu de la hauteur du toit de chaume. Quelques fenêtres perçaient sa façade ainsi qu'une grande porte qui ne semblait pas avoir été conçue pour être fermée un jour. Alors qu'elles s'en approchaient, elles pouvaient entendre rires et conversations s'échapper de l'intérieur. Le soleil approchait de son zénith et sonnait pour la plupart des voyageurs l'heure du déjeuner, aussi l'établissement était-il quasiment plein. Une agréable odeur de viande grillée survolait la foule pour venir aguicher les narines délicates, tandis que quelques relents de bière guidaient l'alcoolique de grand chemin plus sûrement qu'un convoi de vin Hautval.

Elles entrèrent dans la salle principale, qui servaient à accueillir les repas. Elle était peu aérées et l'atmosphère lourde était un subtil mélange d'odeurs de bois, typiques de ces bâtisses sans âge, et de nourritures diverses qui avaient pus circuler sur les tables. A cela s'ajoutait un voile de fumée qui semblait ne pas vouloir quitter le plafond, entretenus par nombre de voyageurs. Katrina et Neïra trouvèrent finalement une table dans le fond de la salle et s'y installèrent. Neïra commanda une liqueur de prune à un serveur vieillissant et fatigué, qui prit également commande de Katrina.

Le temps qu'on leur amène leur boisson, Neïra resta silencieuse, détaillant son interlocutrice. Elle n'était pas sociable et ne savait pas quoi dire en de telles occasions. Non pas qu'elle le regrettait vraiment d'ailleurs, le plus facilement du monde elle s'en fichait. Elle ne se sentait juste pas à l'aise, elle n'allait pas faire un plat d'un petit instant d'incertitude. Il se dissiperait au prochain combat de toute façons, alors pourquoi s'en soucier ? Néanmoins elle ne pouvait s'empêcher, idiotement, de trouver la situation un peu embarrassante à terme.

HRP:

Sujet: Re: Droit dans l'impasse Mer 26 Sep 2012 - 5:04

N'y ayant jamais mis les pieds, Katrina sut quand même reconnaître la taverne quand elle la vit. On lui en avait assez parlé pour qu'elle puisse la reconnaître et elle s'était toujours dit qu'un jour elle y passerait quand son père la laisserait sortir de la capitale. Elle n'était pas des plus exceptionnelle et ne semblait pas se démarquer énormément, certes, mais parfois la simplicité était tellement plus douce. Cela dit, il se pouvait aussi qu'elle soit déçue, mais qui ne tente rien n'a rien, alors aussi bien y faire un tour et se faire une idée. C'est donc tout naturellement et sans stress que la spadassin entra avec sa collègue bretteuse pour trouver une table où se poser et récupérer un peu du combat qu'elles venaient de gagner. Avec un peu de chance, si les prix n'étaient pas trop outrageux, l'argent ramassé sur les quelques victimes du duo qu'avait récupéré Katrina serait suffisant pour couvrir la dépense. Mais chose sûre, elle tenait à rembourser sa dette et offrir la boisson à sa consoeur en signe de remerciement, quand bien même celle-ci jugerait qu'elle n'avait rien fait d'extraordinaire. L'honneur était une chose sacrée pour la demoiselle et il lui dictait de faire ainsi, elle ne pourrait pas accepter le contraire.

Elle s'assit donc à la table libre dénichée par sa consoeur et prit le temps d'apprécier le repos que ses jambes pouvaient reprendre suite au trajet et au combat qui leur avait demandé une bonne dose d'énergie. Il ne fallut d'ailleurs pas grand temps à Katrina pour comprendre que son interlocutrice n'était pas du genre bavard et à ce lancer dans de longs discours enflammés. Mais qu'à cela ne tienne, elle lui ferait quand même la conversation et lui tirerait quelques lignes de dialogues. D'ailleurs, la spadassin avait quand même une curiosité assez marquée et plusieurs questions sur l'identité de sa salvatrice lui trottaient en tête. Seulement, le serveur fut rapide pour se présenter à elle et prendre leur commande. Il était facile de voir que le vieil homme n'était plus dans la force de l'âge et que ses jeunes années étaient maintenant chose du passé. Était-il sur la fin de sa carrière? Est-ce qu'il vivrait encore bien des années? Cela, seule la vie pouvait le dire. Par contre, Katrina savait que l'âge était une des rares choses justes dans ce monde et que la vieillesse passait rapidement. Et, à travers ce lot de réflexion, elle commanda de l'eau de fraise, une boisson douce et aux arômes agréables qu'elle aimait bien.

Le vieil homme repartit et laissa les deux jeunes femmes à leur table. Si la bretteuse ressentait un malaise, Katrina, elle, non. Le silence n'effrayait pas la jeune femme qui avait appris à vivre avec et à s'en faire un allié. C'était une chose qui venait avec son métier aussi. Savoir écouter et analyser le silence pouvait être plus payant que de parler. Mais, Katrina ne ferait pas non plus exprès de laisser ce genre de silence se prolonger, car elle s'était un peu imposée auprès de sa consoeur. Ho, la spadassin ne doutait pas que si Fortune n'avait pas voulu d'elle, elle lui aurait dit. Ce n'était pas le genre de femme à faire dans la douceur et la dentelle de ce qu'elle avait vu. C'était une femme d'action et de passion. D'un certain côté, Katrina aurait bien aimé avoir une force de caractère et un talent au combat aussi grand que sa consoeur, mais elle savait que sa vie était différente et qu'elle ne se hisserait jamais à ce niveau. Quand le serveur rapporta leur commande, Katrina lui offrit un sourire agréable qui n'était pas pour autant déplacé et laissa filtré un merci sincère et reconnaissant. La clientèle masculine ne devait pas porter grande attention à ce vieil homme dont la vie semblait s'étirer de plus en plus. Katrina, elle, espérait pouvoir faire une petite différence dans ce travail qui n'était pas toujours facile probablement. Une fois que le serveur fut reparti vers une autre table, Katrina leva son verre et en prit une gorgée avant d'ouvrir la discussion.

« Donc, on t'appelle Fortune et tu viens de loin, enfin ce qui semble loin pour moi. Mais dis-moi, ton talent pour croiser le fer et pour les duels vient d'aussi loin lui aussi? » Katrina prit une autre gorgée doucement « Parce que sincèrement, tu ne semblais pas du tout en difficulté contre ses truands de grandes routes. »

Sujet: Re: Droit dans l'impasse Jeu 27 Sep 2012 - 13:16

Contrairement à sa collègue, Neïra ne daigna offrir quelconque attention au serveur en dehors du strict minimum, à savoir récupéré le verre d'alcool qu'on lui tendait. Une gorgée du breuvage lui réchauffa les boyaux. C'était sans aucun doute l'un des alcool les plus fort que l'on pouvait trouver en cette région, plusieurs fois distillé à vous en faire fondre la langue et déchausser les dents. Dans certains endroits on disait que ça rendait sourd et aveugle.
Puis sa compagne prit la parole, lui posant une question. La mercenaire prit quelques instant pour reprendre le contrôle de sa langue et lui répondit.

-Mon talent à l'épée vient de bien plus loin que tu ne peux sans doute l'imaginer, au-delà des mers et des dunes. Dans un ville que ses sombres habitants appellent Sol'Dorn.

Tandis qu'elle en parlait son visage devint curieusement songeur, ses yeux se perdirent dans la contemplation du plafond de la taverne, ou les volutes de fumées qui s'agitaient en tout sens égaraient son esprit et elle sentait revenir sur sa langue le goût du sable, le goût et l'odeur du fer comme du sang lui revenant en mémoire avec une précision rare.
Elle revint à la réalité, secoua légèrement la tête et avala une longue gorgée de liqueur, puis secoua de nouveau la tête tandis que la boisson de feu coulait dans sa gorge. Rien de mieux pour vous remettre les idées en place. Après un nouvel instant de digestion difficile où elle s'assura conserver la pleine maîtrise de ses mots, elle se retourna de nouveau vers la spadassin.

-Et toi ? De ce que j'en ai vus, tu n'étais pas mauvaise non plus. Alors, qui t'as appris ce que tu sais ?

Elle semblait un peu plus à l'aise qu'auparavant. L'alcool aidant, elle retrouvait un comportement plus normal, plus attendue chez une jeune femme comme elle. Et le sujet, à savoir le combat, faisait partis des rares qu'elle appréciait vraiment.

Sujet: Re: Droit dans l'impasse Dim 30 Sep 2012 - 19:51

Katrina prit le temps d'apprécier le goût de sa boisson et d'en percevoir les arômes qui faisait sa saveur. Même si elle maniait le sabre et faisait un 'métier' masculin qui lui valait certains reproches, la jeune spadassin n'avait jamais perdu sa féminité et adopté un mode de vie masculin. C'était entre autres ce qui faisait qu'elle ne serait jamais une aussi bonne combattante que sa consoeur et qu'elle devrait toujours avoir recours à la ruse et la dissimulation pour parvenir aux mêmes résultats. Mais, cela n'était pas un problème pour la spadassin qui se satisfesait de ce mode de vie avec joie. C'était donc dire que sa boisson n'était pas aussi forte que celle de la dénommée Fortune. Alors que la bretteuse qui lui tenait compagnie devait prendre certain moment de pause avant de répondre et de revenir à la discussion, Katrina elle était plus ou moins affectée par ce qu'elle ingurgitait. Elle écouta donc avec curiosité et intérêt la réponse de sa consoeur, dont la réponse n'était qu'en partie complète. Peut-être que la question de Katrina n'était pas assez précise aussi. Bien qu'elle savait maintenant la région d'où venaient les talents de la bretteuse, elle ne savait toujours pas comment elle les avait développés. Mais bon, elle aurait toujours moyen de revenir à se sujet un peu plus tard.

D'ailleurs, son interlocutrice sembla un moment se perdre dans ses souvenirs. Katrina ne l'importuna pas, sachant que c'était désagréable de se faire couper le fil de ses idées. Probablement que les souvenirs des moments durant lesquelles elle avait entraîné son corps et son esprit au maniement des armes lui revenaient. Agréable ou désagréable? Elle ne pouvait pas le dire. Pour elle, c'était quelque chose de positif, une chose agréable. Elle avait appris l'art d'être spadassin avec son père, avec sévérité et autorité, le tout dans une certaine douceur paternelle ne laissant pas de fond amère. Cependant, elle savait que tout le monde n'apprenait aussi agréablement qu'elle à combattre et à survivre à une vie qui ne faisait pas de cadeau ou qui ne témoignait pas de pitié. Le silence cette fois ne semblait pas être troublé ou inconfortable, prenant ainsi un moment de leur discussion pour permettre aux deux interlocutrices de revenir à leur souche et prendre leur repère respectif. D'ailleurs, Katrina sentait plus ou moins de regards sur elles. Deux jeunes femmes avec des armes, dans une taverne, discutant avec chacune leur boisson, avec des marques plus ou moins visibles de combat sur elles... difficile de passé inaperçus disons. Mais bon, la spadassin avait plus ou moins l'habitude et ne s'en formalisait plus. Le retour de question néanmoins la ramena à la discussion.

« Mon père. C'est lui qui m'a enseigné les ficelles du métier. » Elle eut un sourire en pensant à la joie qu'elle avait eue quand il avait accepté. « Il me racontait tout le temps de grandes histoires, j'ai toujours voulu vivre comme lui. Quand mon frère à refuser de continuer à porter le flambeau après mon père, il a accepté de me former avec lui. »

Elle prit une nouvelle gorgée. Elle ne se réjouissait pas du fait que son frère n'ait pas suivi le chemin que son père aurait voulu, mais elle était contente d'avoir eu sa place suite à ce refus. Son petit frère n'était pas un lâche, enfin pas pour elle, même si les gens voyaient souvent les choses d'un autre oeil. Il avait fait un choix différent que le métier des armes, mais tout aussi nécessaire. Mais bon, un jour il deviendrait un forgeron de renom comme il le voulait et les gens auraient pour lui du respect, elle n'en doutait pas le moins du monde.

« Je n'ai donc pas beaucoup voyagé, j'ai tout appris à Soltariel, sous l'aile de mon père qui refusait de me placer en danger sans supervision de lui et d'un collègue. Il va d'ailleurs être peu ravi d'apprendre que j'étais seule sur la route. » Elle rigola en sachant que cette colère ne serait que passagère et qu'elle devait apprendre à ne pas toujours dépendre d'une tierce personne. « D'ailleurs, Sol'Dorn m'est inconnu... on y enseigne aux jeunes femmes à combattre là-bas? »

Sujet: Re: Droit dans l'impasse Mar 2 Oct 2012 - 17:12

Neïra écouta avec une certaine attention sa consœur. Elle se demandait si il en était toujours ainsi sur la Péninsule, les parents apprenant leur métier à leurs enfants. Ce n'était en tout cas pas la mentalité qu'elle avait pus voir en Ithri'Vaan. Et même pour cette région, son propre cas était considérer comme particulièrement... spécifique. Ni dégradant ou méprisable, comme elle s'y attendait sur les territoires humains. Non, les contrées de l'est voyaient passer trop de gens étranges pour se formaliser de quelques années de servitude, qui semblaient bien banale passé comparé à certaines légendes urbaines de ces endroits, où les légendes étaient souvent douloureusement vrai.
Elle répondit à la question de Katrina après avoir avalé une nouvelle gorgée du liquide alcoolisé.

-Je ne sais pas, je ne crois pas qu'on me voyait comme ça. Non en fait j'en suis sûr.

Elle laissa écouler quelques secondes de silence, tandis qu'elle réfléchissait silencieusement, le regard perdus dans les remous de son verre, à la légère teinte violacée. Une nouvelle gorgée plus tard, elle reprit.

-Mais j'ai toujours vus que des armes. Tout ce qui est en âge de se battre, doit être en mesure de le faire là-bas. C'est comme ça qu'ils s'entraînent. Pas le droit à l'erreur.
Fais chaud ici.

Cela dit elle se délesta de son gilet matelassé, sous lequel elle portait une chemise simple de lin, de toute évidence un peu trop grande au vu de la façon dont elle lui tombait sur les épaules. Alors qu'elle se débarrassait de son vêtement surnuméraire, un pan de tissu tomba pour dévoiler brièvement la gueule d'un félin, marquée au fer rouge sur sa peau halée. Quelques fines stries partaient de son épaule et disparaissaient dans son dos. Tout cela s'évanouit lorsque la rousse tira sur sa chemise, un peu plus fort que nécessaire, et en fit remonter le tissu.
Elle se rapprocha un peu de la table et y posa ses coudes, venant se masser légèrement les tempes. Elle avait fermé les yeux et se laissaient porter par les bruits qui l'entouraient : fracas des couverts, bruissements des conversation, raclement de chaise, commandes passée d'un bout à l'autre de la salle, rires en quantité...

Sujet: Re: Droit dans l'impasse Dim 7 Oct 2012 - 20:32

Encore une réponse évasive et vague qui laissait place à de multiples interprétations. Mais bon, doucement, avec de la patience, Katrina savait qu'on pouvait réussir bien des choses. Et puis, elle ne voulait pas forcer la jeune femme à parler plus qu'elle ne le voulait, alors elle n'allait pas non plus se montrer insistante et pointilleuse à l'extrême. Elle verrait bien au fil de la conversation ce que sa consoeur voudrait dire ou non. De son côté, elle n'avait pas grand chose à cacher ou a passé sous silence, tout comme il y avait peu de moments dans sa vie trop douloureux pour qu'elle ne puisse en parler. Cela dit, la conversation restait agréable et la spadassin était contente de voir une bretteuse avec qui partager un petit moment. C'était chose rare de rencontrer une femme formée à l'art du combat et du duel par ici; alors, aussi bien en profiter et, qui sait, se faire une amie et un contact pour plus tard. Les gens avec qui passer du bon temps devaient être appréciés et conservés dans ces temps troublés.

Pourtant, il était bien visible que la demoiselle ne venait pas de Soltariel. Son habillement n'était pas prévu pour les chaleurs de la région et sa façon d'être n'était pas celle de Soltariel non plus. Ce n'était pas un reproche non plus. Alors que sa consoeur avait un gilet matelassé en effet assez chaud, Katrina n'avait elle que son corset sous lequel se trouvait une chemise légère, ce qui lui évitait de suffoquer sous la chaleur. Ayant grandi dans cette région, le climat lui était plus familier aussi, c'était à coup sûr un avantage pour elle en ce moment. Mais bon, elle prit une autre gorgée de sa boisson et au moment où elle terminait, elle aperçut le motif qui ornait la demoiselle sous sa chemise. Elle vue aussi le mouvement énergique pour le cacher de nouveau sous le tissu, mouvement qui signifiait que la demoiselle ne voulait pas le laisser à la vue. Elle l'avait volontairement retiré des regards. Cela éveilla bien évidemment la curiosité de la spadassin, mais elle savait qu'une question directe n'allait pas porter ses fruits.

« Disons que le climat est plus chaud ici qu'à certains endroits oui, mais on finit par s'y habituer. Et puis, ça forge le caractère à ce qu'on dit. »

Avec un sourire, Katrina laissa Fortune replonger un peu dans sa tête sous les divers bruits qui s'élevaient en cet endroit. Ainsi donc, l'endroit où elle avait grandi était hostile ou militarisé. C'était du moins ce que comprenait Katrina des explications de sa consoeur, car elle imaginait mal un autre type d'endroit qui obligeait tous ces habitants à savoir se battre pour survivre. Encore une fois, la curiosité de la jeune femme était tenaillée par ces évasions et ces imprécisions. Avec un sourire, Katrina se contentait de profiter du moment, de la boisson, de la conversation et de l'ambiance, respectant les moments de silence dont avait besoin sa comparse. Pourtant, elle n'en pouvait plus de taire ses questions et ne put que reprendre la parole avec le plus de tact possible.

« J'ai vu brièvement votre marque. La mienne est la preuve de mon appartenance à mon groupe de spadassin dans lequel mon père m'a initié. Est-ce que la vôtre représente une affiliation aussi? »

Sujet: Re: Droit dans l'impasse Mar 9 Oct 2012 - 21:33

Fortune se laissa aller contre le dossier de sa chaise, un délicat sourire moqueur sur ses lèvres, lorsqu'elle entendit sa confrère dire que le climat ici était chaud. Oh, certes il n'était pas vraiment frais, et certaines contrées nordiques pouvaient le trouver chaud mais, quiconque avait déjà vécus l'été sec de Sol'Dorn ne pouvait décemment qualifier Soltariel de chaud. Chaleureux était plus exact. En ces contrées, la chaleur n'était qu'une douceur dont on profitait dans les beaux jours, qui incitaient marchands et paysans à sortir et faisait vivre tout le pays. A Sol'Dorn, lorsque la chape de plomb du soleil au zénith s'abattait sur la ville les rues se vidaient rapidement pour ne plus laisser qu'une ville fantôme, aux multiples bruissements en provenance des maisons et de tout autre endroit où la population avait pus trouver une once de fraîcheur. Et même pendant ce temps, eux s'étaient entraînés, jusqu'à ce que les lames soient trop brûlantes pour pouvoir les tenir. Donc, non, elle ne pouvait trouver Soltariel trop chaud. Il était parfait.

-Le climat n'est pas cause, en fait, dit-elle en désignant le verre de liqueur, quasiment vide, qui traînait devant elle.

Il s'écoula un autre temps de silence, guère troublé par le verre de Fortune qui claquait contre la table alors qu'elle venait de finir la gorgée qui lui restait. Katrina reprit alors la conversation, touchant une corde sensible qu'elle ne pouvait deviner. Le plat de la main de Fortune s'abattit avec fracas sur la table, assez pour attirer l'attention de leur entourage immédiat qui fit silence quelque temps avant de reprendre leur conversation en voyant que la spadassin ne se lançait pas dans une quelconque bagarre.
Elle était figée, la plupart de ses muscles contractés, la main posé à plat sur la table, la mâchoire serrée à s'en casser les dents et un regard dur, froid, fixé sur rien en particulier. Ironiquement, sa chemise glissait de nouveau, sans qu'elle ne s'en rende compte, révélant de nouveau le félin cause de ce trouble. Au bout de plusieurs secondes de silence tendues, elle finit par desserrer la mâchoire, pour répondre sur un ton tranchant et sec, dénué de toute influence de l'alcool.

-Je ne connais pas bien les coutumes de chez vous, mais marquer quelqu'un au fer rouge comme un animal ne me semble pas un très bon moyen de l'intégrer à un groupe. Non, cette marque n'est pas celle de mon affiliation, mais de mon appartenance, de ceux à qui je devais obéissance.
Puisque tu tiens tant à tout savoir de moi, écoutes donc et satisfais ta curiosité mal placée : j'étais une esclave, capturée jeune et entraînée pour devenir une gladiateur, un jouet sanglant pour les foules qui venaient se repaître de notre spectacle pitoyable. Nos maîtres sombres nous ont marqués, du symbole de leur maisonnée, pour nous enchaîner plus sûrement qu'avec des entraves d'acier et de fer.
Et le seul moyen de s'en sortir était d'être le meilleur, de tous les surclasser, sans exception. Je l'ai fait, je me suis libéré de mes chaînes, et je ne désire pour rien au monde retourné en ces terres.

Une fois finit son monologue, elle ne quitta pas son regard hostile, commanda impatiemment un nouveau verre de liqueur qu'elle vida quasiment d'une traite, ne s'arrêtant que le temps de reprendre son souffle entre deux longues gorgées.

Sujet: Re: Droit dans l'impasse Dim 21 Oct 2012 - 20:22

Katrina sourit en voyant le geste pour mentionner le verre. Elle hocha de la tête silencieusement pour marquer qu'elle comprenait ce qui avait été dit. Elle avait présumé vite, une erreur qu'elle tentait de limité le plus possible. Mais bon, elle n'allait pas non plus s'attarder sur cela. Alors que la bretteuse voyait la quantité de liquide dans son verre diminuer rapidement, celui de la spadassin diminuait plus lentement. La jeune femme aimait bien prendre le temps de goûté et de percevoir les arômes, ne voyant pas l'intérêt sinon de boire ou manger. Pas que la nourriture qu'elle mangeait était de grande qualité et d'un goût exceptionnel; elle ne venait pas d'une famille hautement fortunée malgré le fait qu'elle ne faisait pas partie des plus pauvres non plus. C'était seulement que quand elle avait l'occasion de pouvoir manger ou boire quelque chose de différent, elle aimait profité du moment. C'était peut-être enfantin ou ridicule, mais la jeune spadassin était ainsi. Cela créait pourtant bel et bien un certain duel en elle. Quant elle regardait la combattante devant elle, elle admirait son talent avec son arme, elle admirait le caractère et l'endurance qu'elle pouvait avoir. Seulement, elle ne pouvait se convaincre qu'elle était prête à adopter un mode de vie aussi 'masculin' et se dénaturer autant. Ce n'était pas un jugement négatif ou un reproche, loin de là, seulement une constatation. En même temps, la jeune femme n'avait aucune idée du passé et des raisons qui avaient forgé Fortune ainsi.

Et cette corde sensible, elle l'avait fait remuer. Elle allait découvrir ce qu'elle ignorait. Ce n'était pas pour son plaisir ou bien par envie sadiques de faire souffrir la bretteuse. Katrina avait encore sans doute en elle beaucoup d'insouciance et d'inexpérience dans la vie. Elle n'avait pas vécu une vie qui lui avait fait connaître son côté le plus sombre. Elle avait eu ses épreuves, oui, elle n'avait pas eu une vie de princesse, loin de là, mais elle avait eu plus de chance que d'autres, dont Fortune à en croire son histoire. Quand Fortune claqua de la main sur la table, Katrina resta de marbre et regarda son interlocutrice à la fois surprise et à l'écoute. Sans broncher, elle laissa Fortune relater son récit sans l'interrompre ou sans émettre le moindre commentaire. Son visage à la fois attentif avait une touche tristesse d'entendre qu'on puisse vivre ainsi. Par contre, aucune pitié ou compassion ou fausse compréhension ne s'y trouvait. Peut-être que Katrina n'était pas aussi 'masculine' que sa consoeur, mais elle était une combattante elle aussi et savait que ce genre de démonstration n'était pas apprécié. Et puis, le résultat de toutes ces années restait une Fortune qui avait survécu, qui avait réussi et qui avait su en sortir plus forte. Il n'y avait aucune honte à ce que la femme était devenue.

« Je vois, cette marque est un affront plus qu'un signe de réussite. Pourtant, elle est aussi la preuve d'une femme forte et d'une survivante qui a su faire ce que peu aurait fait. Ce n'est pas une insulte, mais sache que je suis contente que ce soit une femme avec une marque comme toi qui m'ait trouvé, car sinon je ne crois pas que je pourrais me réjouir de la vie en ce moment. »

Avec un air sérieux, elle regardait son interlocutrice. Non, Katrina n'allait pas s'excuser de ce que Fortune nommait 'une curiosité mal placée'. Chaque personne avait un passé et c'était ainsi. Peut-être que Fortune s'était sentie offensée, mais ce n'avait pas été le but de Katrina. La spadassin ne jugeait pas de toute façon que des excuses soient nécessaires ou arrange la situation. Pendant encore quelques secondes, elle laissait le silence prendre la place dans la conversation et le serveur apporter la nouvelle commande. Harceler son interlocutrice ne serait pas bénéfique et Katrina lui laissait la place nécessaire pour reprendre son souffle. Elle n'aborderait plus la marque qu'elle avait vue, par respect pour Fortune. Elle ne lui ferait pas de discours non plus sur l'importance d'accepter son passé, ce serait déplacé. Et de toute façon, Katrina doutait d'être en position de donné des conseils à sa consoeur en se fiant à son passé à elle et ses compétences à elle. Doucement, après une petite pause qui semblait nécessaire, Katrina tira un peu sur ses habits pour mettre à découvert légèrement la naissance de sa poitrine et un peu de son épaule. Là se trouvait une partie de sa marque à elle qui plongeait vers ses côtes. La tête d'un dragon était visible.

« La preuve de mon allégeance au petit groupe de spadassin dont mon père fait partie et m'a initié. Les mots sont balayés par le vent, les blessures guérissent et le sang est trop précieux pour être gaspillé. Cette marque restera et la douleur de son obtention est le rappel de ce que la trahison cause et attire comme conséquence. Ce n'est pas le symbole d'un animal marqué, mais celui d'un sacrifice pour une cause plus grande que soi. » Elle laissa ses vêtements revenir à leur place et faire disparaître la marque. « Et puis, c'est moins incapacitant que de se mutiler dans un rituel d'initiation obscur et douteux. »

Cette marque ne représentait aucune honte pour la jeune femme et elle la portait avec fierté. C'était le témoignage de ce qu'elle était et voulait devenir; c'était la preuve de ce qui l'avait forgé en ce qu'elle était aujourd'hui. Avec un sourire à la fois diplomate et sincère, elle finit à son tour son verre et en demanda un nouveau. Doucement, elle regarda la salle qui les entourait pour voir les visages, les gens, l'ambiance et les lieux. Elle aimait par moment se plonger dans son environnement pour se changer un peu les idées et revenir à ce qu'elle faisait la tête plus ouverte. Quand on déposa le verre sur la table, elle remercia de nouveau le vieil homme d'un signe de tête et prit une nouvelle gorgée, replongeant son regard dans celui ardent de son interlocutrice. Une pointe d'admiration devait percer dans les yeux de la spadassin, mais Katrina ne jugeait pas nécessaire de la camoufler.

[HRP : Vraiment désolée pour cette longue attente, j'ai eu une période plus chargée que je l'aurais voulu. Si jamais quelque chose ne te convient pas ou que tu veux que je rajoute quelque chose à la fin pour relancer Fortune, MP moi.]

Sujet: Re: Droit dans l'impasse Mar 30 Oct 2012 - 22:09

Les belles paroles de Katrina, ainsi que ses flatteries, laissèrent Fortune de glace. Elle n'avait pas forcément la rancune tenace, mais elle était décidément de fort méchante humeur suite à ces révélations qu'elle aurait préféré taire à jamais. Et Katrina avait beau essayé, jamais elle ne considérerait cette marque autrement que comme le sceau de tout ce qu'elle avait pus vivre d'atroce et de douloureux dans sa vie. Il n'était pas simple de reconsidérer une telle chose, pas après si longtemps à vivre avec. Et elle n'avait ni la volonté ni l'envie de faire un tel effort. Il était tellement plus simple de concentrer sa haine et ses problèmes dans ses anciens tortionnaires lorsque l'envie lui en prenait.

-Cette marque n'est ni la cause ni la conséquence de ce que je suis actuellement. C'est moi qui me suis forgé, malgré les épreuves qu'on m'a infligés. Que l'on m'ait traité comme du bétail ne m'a pas rendus plus forte, ces souffrances n'ont pas été utiles.

Elle regarda d'un œil morne Katrina dévoiler la marque, dont elle semblait tirer une grande fierté. C'était une tête de dragon. Décidément les animaux avait la côte lorsqu'il s'agissait de faire un symbole. Fortune haussa les épaules au petit discours de Katrina. Elle ne savait pas vraiment ce que voulait l'autre spadassin : un avis, la pousser à la confidence ou bien encore rien de particulier.

-Joli.

Fut le seul mot qu'elle daigna prononcer en réponse. Elle s'absorba de nouveau dans la contemplation de son verre, trop vide à son goût. Avant qu'elle n'en commande un autre, elle se rappela qu'il ne s'agissait à la base que d'une brève escale et qu'elle était sensé reprendre la route. Non pas qu'elle soit pressée de quitter Soltariel ou Katrina -encore que- mais elle s'était décidée à partir dans la journée et n'aimait pas prendre du retard dans ses décisions. Ça lui donnait l'illusion d'avoir un but autre que de simplement se déplacer.
Elle se releva donc, posa son gilet sur ses épaules. Elle se retourna vers Katrina et parvint à esquisser un sourire sympathique bien qu'un peu crispé.

-Désolé de ne pouvoir m'attarder, mais j'ai encore une longue route et j'aimerais progresser avant la nuit. Contente de vous avoir rencontrer et au plaisir.

Elle quitta l'auberge sur ces paroles, régla sa part de l'addition -Katrina avait voulus lui payer un verre, pas la moitié d'un tonnelet d'alcool- et en profita pour prendre un peu de viande séchée pour la route, avant de repartir dans l'après-midi décroissant.

HRP:

Sujet: Re: Droit dans l'impasse Sam 17 Nov 2012 - 12:59

Katrina savait très bien que la bretteuse ne changerait pas de point de vue du tout ou tout uniquement à cause de ses paroles, loin de là son idée. Mais, parfois, en plantant un germe d'idée, il pouvait pousser fleurir et s'épanouir. Cela demandait du temps, mais ce pouvait arrivée. Enfin, rien ne servait de débattre du sujet pour le moment de toute façon, parce que l'humeur de son interlocutrice était loin de s'y prêter. Peut-être un jour lors d'une future rencontre elle pourrait voir un peu de la pousse de cette idée ou bien peut-être que ce germe ne pousserait jamais non plus, seul le temps pourrait le dire. Seulement, Katrina trouvait un peu dommage que la bretteuse se concentre sur l'aspect négatif de cette marque qu'elle porterait pour toujours. Ne serait-il pas mieux d'y voir le positif pour se retirer un poids qui sinon s’alourdirait au fur et à mesure qu'elle vivrait? Enfin, la spadassin n'y pouvait rien, c'était Fortune qui pouvait faire ce changement dans sa vie.

Quant à sa marque à elle, Katrina n'avait pas eu d'objectif précis non. C'était pour continuer le dialogue, pour lui exposer en partie son point de vue. Si pour Fortune une telle marque était comme la marque du bétail, ce n'était pas le cas pour Katrina. Bien évidemment, la marque n'avait pas les mêmes circonstances non plus. C'était aussi peut-être un point commun de plus entre elles. Après tout, des femmes formées à l'art du duel n'étaient pas une chose courante dans cette région. Et puis, Fortune avait accepté de lui dévoiler une bride de son passé, de son histoire, de ce qu'elle était, c'était un peu un juste retour des choses pour Katrina d'en faire autant. Quant au reste, elle ne réagit pas vraiment à la réaction de Fortune, plaçant l'humeur maussade de la précédente corde sensible en cause de cela.

Puis, n'ayant pas trop le temps de poursuivre la conversation en cours, elle vit son interlocutrice se relever. Ainsi donc, la bretteuse souhaitait continuer avant la tombée de la nuit. Katrina ne s'y opposerait pas et pouvait comprendre cette volonté. Elle utilisa l'argent retrouvé sur les brigands pour régler sa part de l'addition, ne voulant pas entrer en guerre ouverte avec la bretteuse concernant la division de la somme à débourser. Doucement, de sa démarche habituelle, elle se rendit jusqu'à la porte de l'auberge avec son interlocutrice du moment. Elle allait elle aussi repartir sur la route en direction de chez elle, alors à quoi bon s'attarder seule ici? Et puis, elle avait la possibilité elle aussi d'arriver à destination avant la nuit, alors aussi bien ne pas traîner inutilement.

« Bonne route, en espérant que notre prochaine rencontre soit en de meilleures conditions. »

[Sujet terminé]

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