Où l'on s'en va faire affaire dans le Nord

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" C’est une belle prise mon seigneur, pour sur.

- En effet, Jonas. Encore que la bête ne s’est pas bien défendu, il faut dire que le cerf n’est pas animal très dangereux ; juste bon a servir de trophée. " Dit le marquis alors qu’il retirait la lance responsable de la mort de l’animal pendant qu’autour de lui, les quelques nobles et autres sergent d’armes riaient des dernières paroles de leur suzerain. Profitant de la fin de la guerre et de l’accouchement de sa mie, Grégoire avait laissé le bambin et la mère se reposer et avait sauté sur l’occasion de pouvoir aller chasser dans les bois environnant emportant avec lui quelques chevaliers et nobles de sa cour. Il ne pensait pas à vrai dire trouver un gibier aussi rapidement mais il ne pensait encore moins que sa partie de chasse se verrait écourter par un messager au couleur d’Odélian qui transmit une missive venant de la citée marchande d’Aphel. Si le marquis n’avait qu’une connaissance limité de la baronnie Sybrond, il connaissait du moins de réputation la citée aphéloise qui avait souvent su briller par son commerce ingénieux sortant du lot, dans une région à la situation géopolitique désastreuse pour ne pas dire inexistante. Appelant Christophe Bonand, conseiller et prud’homme de son excellence, l’homme au physique austère, taillé dans un tibia de cigogne s’avança avec de quoi préparer une réponse. Les deux hommes discutèrent un instant puis une missive de réponse fut couchée et après que le messager fut reparti, on retourna à l’activité du jour, celle-ci devant s’écourter de quelques journées.


Ainsi c’est dans les heures douces de l’après-midi, qu’une délégation se présenta aux portes du château alors que les gardes de la poterne indiquaient aux hôtes où ils devaient démonter et suivre les différents domestiques selon leurs besoins. Si une partie de l’escorte fut guidée vers les écuries et les quartiers qu’ils occuperaient pour la durée de leur séjour, le grand protecteur fut guidé avec sa suite au travers du château pour finalement aboutir dans la grande salle où ils purent voir le maitre des lieux poser fièrement sous le regard expert du maitre artiste Maltozzo. Si le marquis méprisait les sudérons il ne pouvait néanmoins que reconnaitre les talents du peintre qui avait à de nombreuses reprises officié dans le sud et créer de grandes scènes ou de magnifiques portraits pour la noblesse méridionale. La scène s’appelait le renard encorné et devait dépeindre les exploits odélian lors du conflit berthilois mais lorsque ses invités arrivèrent le seigneur des lieux les fit entrer et gouta aux joies d’une pause dans l’exercice monotone et fatiguant de tenir la position.

" Voici donc la délégation aphéloise, j’espère que vous avez fait bonne route et que celle-ci ne vous a pas trop fatigué. Laissez-moi vous appeler quelques rafraichissements. " Dit-il alors que les gardes ouvrez quelques portes dérobées pour laissez passer échansons et domestiques qui déposèrent sur une table verres, vins et victuailles afin que les invités viennent à se restaurer. On profita de l’instant afin d’aller mander quelques conseillers et chevaliers notamment le loyal Christophe. " Ainsi ami du sud " prononça Grégoire non sans une pointe de sarcasme pour ceux qui lui connaissait le mépris qu’il vouait à l’homme du sud " que me vaut le plaisir de cette entrevue. "

Spoiler:

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" Oui… "

Se contenta de répondre le marquis. Il est vrai que son vassal se trouvait en ce moment en Serramire et cette nouvelle ne l’enchantait guère, elle lui provoquait même quelques humeurs mais il serait se contrôler devant les sudérons, pauvres poudrés du sud, trop occupés à manier l’art plutôt que l’épée. Enfin ils étaient ses invités et le noble se devait de jouer les affables au moins tant que sa bile ne serait pas trop échauffée. Ses aigreurs d’ailleurs s’adoucirent à la vue du présent que la corporation transportait avec elle et dont ses hommes déposèrent celui-ci devant le noble. A l’instar de son regretté frère, Grégoire aimait les cadeaux, à vrai dire hommes, femmes ou enfants, peu de gens de par le monde n’appréciaient pas une offrande et les nobles ne faisait pas exception à la règle. Aussi c'est avec sourire en coin et se forttant les mains que l'homme inspecta le cadeau et remercia protocolairement ses hôtes du présent qu'on venait de lui offrir.

Ainsi la délégation aphéloise-issue des peuples marchands du sud- savait y faire pour mettre leur interlocuteur à l’aise (certains aurait dit " avant de vous plumer "). Puis vint alors le but de cette rencontre, finalement plus prompt qu’on aurait pu le penser dans les négociations ou du moins la mise en scène accompagnant la demande. Le délégué sortit d’un coffre ouvragé un manuscrit faisant état d’un vieux traité entre la ville Sybrond et le nouveau marquisat. Si le mépris de Grégoire pour les gens du sud était connu, on pouvait aussi connaitre son manque de passion pour les traités commerciaux ainsi que sa politique protectionniste qu’il tentait tant bien que mal d’appliquer malgré les conseils toujours plus pressant de ses conseillers. C'est sur un ton las, l’excitation du présent retombé que le seigneur des lieux énonça :

" Les années ont passés depuis que mon frère et votre prédécesseur ont rédigé ce bout de papier, aujourd’hui avec la malnuit, Odélian fournit en blé, en plus de la quantité qui lui est nécessaire, trois à quatre région péninsulaire. Les récoltes ont été mauvaises pour tout le monde et les produits de la terre sont devenus des denrées prisées. De quelle quantité parle-t-on ici ? Qu’est-ce que la citée marchande d’Aphel propose-t-elle en retour ? "