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 Colère | Aranos & Timérion

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MessageSujet: Colère | Aranos & Timérion   Colère | Aranos & Timérion I_icon_minitimeSam 27 Avr 2013 - 22:33

9.

Colère

      L'elfe qui résidait au plus profond d'elle-même était en colère, l'ours le sentait. L'ire, telle un courant de lave, se déversait dans ses veines et elle courait dans l'espoir de lui échapper. Peine perdue. La rage de l'elfe qui résidait au plus profond d'elle-même n'était pas de celle auxquelles on échappait, elle n'était pas celles auxquelles on pouvait se soustraire. Elle était terrible et implacable. Parfois, l'animal se jetait contre le tronc d'un arbre. Son épaule massive frappait l'écorce et les feuilles frémissaient sous le choc mais rien, rien ne venait l'apaiser. Alors l'ours continuait de courir,s'éloignant toujours un peu plus de l'Ardamir. Elle évita les armées elfiques, évita les druides, évita tout et tout le monde jusqu'à finalement déboucher hors de l'Anaëh. Alors, l'ours gronda et sauta.
Dans une roulade parfaitement exécutée, Ril-Vywen se réceptionna, sa colère exacerbée plus encore par la défection de l'ours qui résidait au plus profond d'elle-même. Elle n'était pas étonnée, cependant, elle était une druide et, de ce fait, ne quittait la frondaison de l'Œuvre que pour une bonne raison. Sa course, cependant, n'était en rien guidée par une noble cause.
      La peau de l'ours claquait au vent, l'os de ses bijoux et de sa lame tentait au moindre de ses mouvements. Ril-Vywen incarnait, en cet instant, le druide des légendes, jusque dans la fureur qui régnait en maître sur ses Manaahen.
      Le soleil s'était retiré plusieurs heures plus tôt, laissant un ciel sans lune — ou tout du moins l'aurait-il été, quelques années plus tôt — comme seul témoin de l'escapade stupide de la Anaarooma. Si cette dernière se fondait parfaitement dans les ombres qui régnaient en maîtresses asbolues autour d'Ellyrion, elle ne fit pas mine de s'arrêter aux abords du fort en ruine. Poursuivant plus avant sa route, elle laissa sa colère la guider jusqu'aux abords de Yutar.
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MessageSujet: Re: Colère | Aranos & Timérion   Colère | Aranos & Timérion I_icon_minitimeDim 28 Avr 2013 - 20:24

      Maintenant l’I mahtari avait atteint les parages d’Ardamir, et le fort Ellyrion n’était plus loin à présent. Les bannières royales avaient été portées depuis Alëandir vers le Sud, on avait vu l’armée marcher à la guerre : tout irait vite désormais.
      Des campements et des bivouacs, Aranos s’éloigna à la faveur de la nuit ; une seule lune trônait dans le ciel ce soir-là. Le Capitaine avait senti le besoin de rejoindre Ellyrion, la pierre sur laquelle six siècles de sa vie avaient été consommés ; la roche n’était plus qu’un amas de ruines, et Aranos en conçut une grande tristesse. Les visages et les noms de ceux qui étaient tombés pour le Fort lui revinrent en mémoire, tous de dignes soldats, et à l’Ellyrion abattu le Capitaine souffla :

      « Nuhta ohta, yára arta, quildë ar fumë. Uilyë terhantë. »

      Alors il laissa ses pas le guider plus loin vers le Sud, jusqu’à atteindre la limite d’Anaëh : là cessait le rideau des arbres, et la vaste plaine désolée commençait de s’étirer, sous la coupe de Yutar au loin. Une brise froide balayait les terres au-delà de la lisière des arbres, elle saisit Aranos au visage comme il s’éloignait du couvert de la forêt. L’étrange lune faisait doucement luire son bouclier d’argent et sa lance mordante. Avant l’assaut prochain, le Capitaine était venu jauger et défier la pierre de Yutar, d’où l’anéantissement pour ses frères d’armes était venu.

      Aranos serait resté là longtemps encore, à quelques pas des derniers arbres, si une étrange silhouette n’avait bondi hors des ombres d’Anaëh. Une peau d’ourse valsait sur ses épaules, son pas était fauve ; elle semblait partir en traque contre Yutar. Le Capitaine n’avait que méfiance pour ces étranges créatures jaillissant des bois, sauvages et imprévisibles, parfois dévastatrices et trop souvent imprévisibles : on ne menait de guerre qu’avec des légions disciplinées.
      Pourtant, à voir filer cette forme vers le Sud et l’Est, Aranos sentit un remord lui gonfler les lèvres : voilà que les bannières royales restaient encore à l’abri des forêts, alors que déjà les esprits des bois ouvraient la chasse. Il n’était pas digne du dieu Soldat de laisser les valets des arbres lui damer le pion : l’instant d’après, Aranos laissait derrière lui les arbres recourbés, et il s’élançait à grands pas dans la plaine abrasée.

      « Mae l’ovannen, murmura Aranos comme il s’approchait de la rôdeuse, peditham hi sui vellyn sínomë siarë ? »

      Il y avait peu encore, Aranos aurait méprisé cette étrange silhouette qui présumait de son habileté pour aller rôder jusque sous la pierre même de Yutar. Mais depuis, le Capitaine avait parcouru la forêt géante de Wyslena, il avait connu la Haute-Prêtresse Hyrïel et la splendeur des bois sauvages. Sous la peau d’ours, Aranos décelait la grande sauvagerie de Kÿria traquant ses proies ; pour ces bêtes-là, les fidèles du dieu Soldat devaient concevoir un grand respect.

      « Tolo ar nin, souffla Aranos en point du menton la citadelle des Sombres. »

      Le Capitaine avait longuement toisé la lande de Yutar, lorsqu’il défendait les contreforts d’Ellyrion ; aujourd’hui, à la fouler au pied sept ans après son exil vers Alëandir, Aranos retrouvait la terre changée sous son pas. Ce n’était plus le stable sol sur lequel il avait veillé : des coups sonnaient et faisaient onduler l’herbe dessous ses bottes.

      « Les tunnels, gronda le Capitaine, les Moriquendi continuent à percer la pierre vers les racines d’Anaëh. Nous devons empêcher cela. »

      Aranos jaugea du regard l’Elfe à la capeline d’ours, et il songea un instant à l’étrange couple qu’ils devaient former ; l’éclat de la lune se réfléchissait depuis les colifichets d’os de la rôdeuse, jusque sur le plastron ouvragé du soldat. L’émoi de la guerre avait largement labouré les flancs des Elfes, voilà qu’ils peinaient à se distinguer l’un l’autre.
      Alors le Capitaine lança à mi-voix :

      « Calimenthar reconnait ses guerriers. »
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MessageSujet: Re: Colère | Aranos & Timérion   Colère | Aranos & Timérion I_icon_minitimeLun 29 Avr 2013 - 0:19



La nuit était encore emplie de cauchemars et de sombres illusions. Il avait encore refait le pire de tous. Celui où il se trouvait avec sa tendre Nimuë au bord du lac Uraal, calmement enlacés dans le soleil printanier. Tout se passait pour le mieux, il était heureux, bien, pour la première fois depuis plus de mille cinq cents ans. Et soudain, une voix cruelle venait lui dire que ce n'était qu'un rêve. Et à la belle Elfe qu'il tenait dans ses bras venait se substituer le corps qu'il avait retrouvé en revenant à Aléandir après la bataille. Et d'un coup, le lac se faisait sang et la forêt dépérissait. Et il n'allait jamais plus loin.

Incapable de se rendormir, il avait marché jusqu'au fort. Celui-là même dont il avait vu la construction si longtemps auparavant. Désormais c'était le royaume du lierre et l'air se trouvait presque saturé de magie. Pourtant, comme en souvenir d'un temps révolu ou pour rendre hommage à son maître qui avait joué un grand rôle dans ces années de guerre, Timérion choisi de s'asseoir au milieu des entrelacs de lierre et de méditer un peu. Il pouvait entendre le chant noueux du lierre, toujours tortueux et insondable. Il lui était rassurant. Parce que la plante avait toujours été une alliée et même une arme sans doute, mais aussi parce que, même au milieu d'un terrain si hostile, il percevait encore une bribe de la Symphonie.

Il était là immobile sous les étoiles qui avaient enfin daigné se montrer après plusieurs jours d'intempérie. Il y avait aussi cette lune, inquiétant et immobile, mais sa présence ne perturba pas outre mesure le Seigneur Protecteur. Il avait bien d'autre chose à craindre qu'un nouvel astre gardien de Miradelphia. Dans quelques heures, la guerre aurait peut-être commencé. Dans quelques heures, il faudrait faire face, être fort, être fier. Dans quelques heures, il rejoindrait peut-être Nimuë...

Dans cette nuit silencieuse, un bruit le dérangea pourtant, une légère vibration du sol. Ouvrant les yeux, Timérion vit de son unique oeil, un ours parcourir la plaine et soudain l'ours devint elfe. Et son interrogation, déjà grande au premier abord, n'en fut qu'exacerbée. Qu'est ce qu'une druide faisait si loin des frondaison? Calmement, il se releva, saisi sa canne et s'avança. Son armure de cuir craqua légèrement et sa cape blanche flotta dans son dos. L'armure de son grand-père connaîtrait bientôt à nouveau la guerre.

Il n'avait aucune douleur ce soir, fort heureusement. Il espérait que la situation serait la même le lendemain et les jours qui suivraient. Il remarqua en chemin qu'un soldat avait rejoint la druide. Si sa vision nocturne lui permettait de distinguer l'armure de ce dernier, il était cependant incapable d'en reconnaître le visage. Aussi se contenta-t-il d'avancer, il saurait bien assez tôt. Intérieurement, il se prépara à user de sa magie. On était jamais trop prudent et cette rencontre étrange ne devait en aucun cas faire cesser son intervention, pas maintenant en tout cas. Cette guerre allait durer longtemps et il comptait bien en voir le bout. Nul n'aurait pourtant su en prédire la durée. Mais pour lui, l'issue était clair: Yutar tomberait.
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MessageSujet: Re: Colère | Aranos & Timérion   Colère | Aranos & Timérion I_icon_minitimeLun 29 Avr 2013 - 23:27

        La Anaarooma manqua sauter sur le capitaine, quand il s'approcha d'elle. Ses sens tous tournés vers Yutar, elle n'avait pas remarqué le soldat de fer marcher sur ses pas. Il s'en était fallu de peu pour que, sur la gorge du malheureux courût l'os tranchant de l'ours ; au lieu de lui sauter dessus, la druide réussit pourtant à garder son calme, ne laissant pas moins ses Manaahen foudroyer l'impudent qui venait la déranger. La voix grave du fils de la Mère ne l'apaisa pas, sans que ses paroles ne vinssent la heurter. En tant qu'Anaarooma des Almugkarkas, elle était la Voix des Dieux, qu'ils fussent la Mère ou les autres. De ce fait, elle connaissait le Guerrier, celui qu'il nommait Calimenthar, tout comme elle savait l'honorer. Elle savait qu'avant la bataille de l'Eraïson, les Sept lui avaient rendu hommage, livrant à ses flammes voraces les bois morts de leurs frères les arbres, se positionnant en cercle autour de son œil exigeant.
        L'ours qui résidait au plus profond d'elle même sortit de son silence et gronda, ce qui attisa un temps la colère de la druide. Elle se souvint pourquoi elle était là et tourna ses Manaahen vers la gueule sombre de Yutar. Non sans serrer les dents, elle se remémora les longs débats qui avaient agité les fils de la Mère, à Eraïson. Elle avait été impuissante, cette fois, à les convaincre, à les unir. Comme si son aura, déjà, faiblissait. Comme s'ils oubliaient et retournaient à leurs vieux démons., oubliant les ombres aux crocs bien plus réels qui se pressaient par delà la forêt.
        « Le ferait-il à travers tes yeux, fils couvert de fer ? » demanda-t-elle à voix basse, sans aucune chaleur dans une voix peut-être aussi tranchante que l'épée au fourreau d'un soldat. Doucement, cependant, sa colère diminuait, peut-être vaincue par l'ombre menaçante du rocher. Aussi ajouta-t-elle, plus doucement : « Ta place est auprès des tiens, fils couvert de fer, pas ici. Pas là où ta mort n'apporterait rien. » Mais il était là, tout autant qu'elle, aussi n'insista-t-elle pas plus et après lui avoir intimé le silence, lui fit signe de la suivre. De concert, ils commencèrent à tourner autour du monstre, sans que les Manaahen de Ril-Vywen ne quittassent la bâtisse. Quant à savoir ce qu'elle cherchait à agir ainsi... Peut-être l'ours qui résidait au plus profond d'elle-même savait.
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MessageSujet: Re: Colère | Aranos & Timérion   Colère | Aranos & Timérion I_icon_minitimeSam 4 Mai 2013 - 11:34

      Aranos jaugea du regard l’Anarooma à la peau d’ours, il considéra ses Manaahen vairons dans lesquels se reflétait l’éclat jaunâtre de la pierre de Yutar. La Druide pouvait avoir des paroles emplies de rudesse, le Capitaine perçait dans ces pupilles et il distinguait l’éclat du Soldat : oui, par un hasard insondable, celle-là aux griffes longues servait elle aussi Calimenthar.

      « Alatulya, ohtatyaro. »

      Dans la contemplation des prunelles de la Bête, Aranos se serait volontiers abîmé quelques instants de plus ; mais une nouvelle ombre avait jailli dans la plaine, et celle-là portait une cape blanche. A la voir s’appuyer sur une canne, le Capitaine sentit une grande joie dans son cœur de guerrier, et un large sourire étira ses lèvres parcheminées. Voilà un combattant qui surgissait à point nommé.

      « Elen síla, Adantar. »

      Les deux rescapés d’Uraal, quelques siècles plus tôt, s’étreignirent les bras : leur rencontre était providentielle, à l’heure de marcher vers la pierre de Yutar et précipiter son déclin. Ils ne seraient pas trop de deux, plus l’étrange guerrière à la peau d’ours, pour aller frapper jusqu’aux entrailles souterraines de ce bastion flétri. Ces trois-là ne parlaient pas beaucoup, cela était inutile : s’ils s’étaient retrouvés ensemble à marcher vers la pierre, à la faveur de la nuit, et armes en main, c’était qu’ils poursuivaient le même but.

      « A lelyalmë ! souffla Aranos. »

      Sa lance étincelait sous la seconde lune de Miradelphia, son bouclier était porté bas encore. Il rôda à la tête du groupe et mena les siens par le Nord, là où les ombres étaient les plus étendues, et la fadeur sans éclat de la plaine morte leur offrait un abri suffisant ; loin au-dessus et devant eux, des yeux hargneux devaient veiller depuis la citadelle de Yutar.

      Ils n’iraient pas plus avant dans la lande découverte, leur présence serait vite découverte : depuis que la Forêt avait repris ses droits jusqu’aux ruines d’Ellyrion, les Sombres se maintenaient sur le pied de guerre. On murmurait que de nouveaux seigneurs de guerre avaient pris possession de la garnison à Yutar, et que ceux-là montraient des crocs féroces.
      Aranos finalement cessa sa marche précautionneuse, sa grande stature courba l’échine jusqu’au sol, où il s’accroupit. Sous ses pied, le Capitaine sentait comment les terribles machines des Sombres avaient dû éventrer la terre pour forer une voie jusqu’aux racines d’Anaëh.

      « La porte de la citadelle doit s’ouvrir à l’Ouest de la pierre, loin encore devant nous, murmura Aranos, les yeux fixés sur ce fort damné vers lequel il avait regardé six siècles durant. Mais les Moriquendi ont avancé les yeux de Yutar jusque loin dans la plaine, cette lande est percée d’entailles par lesquelles nous sommes guettés. Nous n’entrerons pas dans la roche ailleurs que par ces tunnels étroits et retors. »

      Un lourd grondement s’attardait dans la voix du Soldat. C’était sous la terre qu’ils se glisseraient vers le fort, et c’était sous la terre que les Sombres tramaient un assaut vers les entrailles de l’Œuvre. Combattre loin de la surface était l’apanage des Nains, pas celui du Beau Peuple ; mais Aranos s’y risquerait, car la guerre, où qu’elle soit, demeurait un présent du Soldat.
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MessageSujet: Re: Colère | Aranos & Timérion   Colère | Aranos & Timérion I_icon_minitimeMer 8 Mai 2013 - 12:36



"C'est un bien étrange trio qui va porter la colère l'Oeuvre au coeur de la pierre. Et pourtant, il n'en serait être plus juste. Puissions-nous être digne de la Mère, Anaaroma."

Et ce fut là les seuls mots qu'il prononça alors que le capitaine se mettait en route et que le mage et la druide le suivait. Il resongea au plan établi... Un plan audacieux, du jamais vu sans doute depuis plusieurs cycle. Parce qu'il n'y en avait tout simplement pas. Le Trône Blanc leur avait donné carte blanche et ils comptaient bien en faire bon usage. Et au grand malheur des Drows, il n'y aurait pas de tactique connue à contrer aisément. Et alors qu'il était dans ses pensées, ses oreilles guettaient le moindre son et son oeil ne cessait de voler sur le terrain découvert en quête du plus petit indice sur le mouvement de l'ennemi. Mais rien ne bougeait à part eux trois, comme si la nuit elle-même bénissait leur action.

Le moment où Aranos s'arrêta, Timérion décida que sa cape n'avait plus lieu d'être arborée. Même une nuit sans lune, ou presque, elle restait trop visible pour les yeux de l'ennemi. D'un geste rapide et économe il la détacha donc et laissa l'étoffe glisser de son épaule pour venir se déposer souplement dans la poussière. La riposte à la razzia était déjà terminée depuis longtemps, celle pour les souffrances et les morts accumulés ne faisait que commencer. Ils étaient réunis pour porter le premier coup de la contre-attaque.

"Les Sombres ont souvent sous-estimé et négligé nos éclaireurs. Ce soir, ce sera l'occasion de leur prouver qu'en terrain découvert, les invisibles peuvent ramper. Nos Ethyari ont repéré plusieurs entrées dissimulées. Ce sont les plus avancées et elles n'ont certainement pas toute été découverte, cependant, nous en savons désormais suffisamment... Et il semblerait que les Drows aient fini par un peu négliger le fait que nous puissions savoir."

Il prit alors sa canne comme un stylet et commença à tracer des lignes dans la poussière. Mentalement, il visualisait cette carte qu'il avait si longtemps regardée, étudiée, jusqu'à en connaître la moindre aspérité du papier. Désormais, sa canne traçait les sillons dans le sol rendu sablonneux par le feu et les combats, sans une seule hésitation, le dessin prit forme.

"Voilà... Je pense qu'il est inutile de tergiverser, nous prendrons la plus proche. L'heure n'est plus aux débats ou aux détails, l'heure est à la revanche."

Il jeta encore un coup d'oeil à sa carte improvisée et attendit que ses deux compagnon en prenne note avant de l'effacer d'un coup de pied rapide. La tension précédent le combat semblait exalter ses sens et apaiser ses maux. Sa jambe paraissait reprendre vie au fur et à mesure qu'ils approchaient de leur objectif. Cette nuit, Yutar tremblerait. Cette nuit, ce serait le premier pas vers son objectif. Cette nuit, il savait que l'âme de Nimuë serait un peu plus en paix que la veille.
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MessageSujet: Re: Colère | Aranos & Timérion   Colère | Aranos & Timérion I_icon_minitimeSam 11 Mai 2013 - 11:49

      Ril-Vywen s'était lancée à l'assaut du monolithe avec pour unique dessein de trouver, à l'ombre du nid sombre, un peu de solitude. La présence du capitaine n'avait pas été pour lui plaire, ses pensées ne s'étaient donc pas apaisées quand un autre fils avait déchiré les voiles nocturnes. Ils étaient trois, désormais, trois fils et pas un qui ne fut semblable à l'autre. Le fils couvert de fer était un guerrier, dont la dureté du regard n'avait égale que celle de son épée. Le fils aux traits volés n'était pas de la même trempe ; sa démarche claudiquante ne suffisait pas à tromper les os de l'Anaarooma qui voyaient en lui un danger. Dardant ses Manaahen sur lui, elle se remémora sa rencontre avec Nakor ; ces deux là ne se ressemblaient en rien, mais ils partageaient un amour commun. Une passion dévorante pour une puissance... Était-elle responsable de ses blessures ? Ril-Vywen n'avait aucun moyen de le savoir, mais elle voulait penser que oui.
      Quand il parla, marquant la terre du bout de sa canne quelques dessins improvisés, la druide garda le silence. Elle n'était pas venue pour ça, seulement pour se confronter à son ennemi et trouver dans ses observations de nouvelles resolutions. Ce que projetait, pour sa part, le fils aux traits volés était bien plus dangereux. Plus fou. Mais ses paroles trouvaient un écho inavoué dans l'inconscient d'une druide lassée de ne pouvoir que regarder. Jamais, depuis la razzia, les drows n'avaient été si nombreux ni si hardis. Jamais la menace n'avait été plus pressante. Aussi devait-elle bien en convenir : elle n'était pas sans vouloir agir.
      « La Mère nous regarde, révéla-t-elle, elle attend de nous que nous fassions les bons choix. Ceci étant dit... » Son regard si particulier se porta alors sur le fils couvert de fer et elle demeura silencieuse. « Tu sers le Guerrier. Ton cœur bat pour la Mère, mais ton bras lève l'étendard de la Guerre. Serviras-tu ton Maître ce soir, ou attendras-tu la bataille ? Quel sera ton choix ? »
      Continuer n'avait rien d'intelligent, en tout cas pour elle. Ril-Vywen ne savait rien de ses camarades d'infortune, mais elle était certaine qu'elle morte, le conseil d'Ardamir se retrouverait une nouvelle fois paralysé. De par sa voix, elle pouvait trancher, comme aucun autre. Serrant les dents, elle regarda par dessus son épaule et chercha dans la vue de ses frères et sœurs les arbres un signe sur la marche à tenir. Un corbeau, venant de la prime forêt, passa alors au dessus d'eux et croassa alors qu'il rejoignait Yutar. Ril-Vywen soupira doucement, comme soulagée d'un poids. « Ainsi soit-il... murmura-t-il avant de raffermir voix et regard. Allons-y. Mère a parlé. »
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MessageSujet: Re: Colère | Aranos & Timérion   Colère | Aranos & Timérion I_icon_minitimeDim 28 Juil 2013 - 15:36


      Dans les cieux noirs qui tournaient au-dessus de Yutar, les yeux des Elfes suivirent un corbeau de jais, qui filait croassant vers les remparts naturels de la Roche. Pour le Capitaine, c’était comme si les fouets de Calimenthar avaient claqué derrière le plumage de l’oiseau, le forçant à fondre vers l’Est et les Drows. Au-dessus d’une plaine aussi dévastée par la guerre, et inondée par le sang de milliers d’immortels, Kÿria ne commandait plus à ses bêtes, et c’était le Soldat qui les menait et les dominait. Aranos vit dans cet oiseau noir de nuit un bon présage, aussi il fit jouer la hampe de sa lance au bout de son bras, et il plongea en avant vers les ténèbres.

      « Nolo ! Tolo ar nin ! souffla la voix rauque d’Aranos. »

      Le plan tracé à la pointe de sa canne par Adantar était clair, et le Capitaine remonta la piste des bouches d’accès à la Roche. Le pas léger des Elfes marquait sans bruit la poussière de la lande, les trois s’approchèrent en silence de l’ouverture indiquée par Timérion : celle-là était la plus proche de la lisère d’Anaëh, pour qui aurait quitté la forêt par le flanc de l’Est, comme pour passer au-dessus de Yutar.
Ni bois, ni pierre, ni fer : cette bouche était pratiquée à même le sol de terre meuble, sans renfort d’aucune mécanique. C’était une motte de terre comme découpée et remise en place, un bouchon de tourbe pour coiffer l’un des nombreux tentacules qui couraient depuis le cœur de Yutar sous la plaine de l’Ouest. Etrangement, les Drows semblaient avoir délaissé ces points d’accès lointains de la Roche ...

      « Alae ! »

      C’est en rampant qu’Aranos parvint jusqu’au bord de l’ouverture, ses yeux gris tenus grands ouverts, lourds de méfiance. Comme une bête qui chassait ses proies, le Capitaine avait appris à traquer et abattre le Sombre : et sous cette calotte de terre grasse, Aranos espérait saisir un gibier de choix. De la main droite il arma sa javeline robuste, et il tendit son bras gauche jusqu’au couvercle de terre.

      « No dirweg, gronda Aranos entre ses dents. »

      Soudain il arracha la motte de terre, et propulsa l’estoc dans les entrailles du sol. Un son mat, et sourd, monta à ses oreilles, comme si l’arme s’était fichée dans un tronc de chêne ou une carcasse de Makragnos. Puis il n’y eut plus aucun bruit autour de la bouche, ni cri d’alarme, ni course de pas.
      Sans attendre, Aranos bondit lestement et se laissa tomber sous la surface du sol, à l’intérieur du tentacule de Yutar. Son poignard tiré ne se montra d’aucune utilité, car il n’y avait rien de vivant dans cette profondeur, hormis quelques araignées effarouchées par cet intrus : le seul Drow qui se tenait là, sûrement un guetteur, était mort depuis longtemps. C’était dans sa peau tannée comme du cuir, et desséchée par le temps, que vibrait encore la lance d’Aranos.

      Le Capitaine balaya d’un regard la minuscule cavité où il avait pris pied : très vite la galerie faisait un coude, aussi on ne pouvait dire quels dangers recélait le tunnel. Mais dans l’immédiat, il n’y avait aucun péril à craindre, et pas la moindre odeur de Drow pour empuantir cette galerie glaciale.
      Aussi leva-t-il la tête vers ses compagnons restés dehors, et les invita à le rejoindre. Mais dans un souffle, il les avertit :

      « On a précédé le Soldat ici, et de plusieurs années encore... »

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MessageSujet: Re: Colère | Aranos & Timérion   Colère | Aranos & Timérion I_icon_minitimeJeu 1 Aoû 2013 - 12:34



Timérion était resté calme. Il n'arborait pas une posture particulière, simplement courbé en deux pour éviter de se dresser tel un arbre solitaire entre les deux forts et de faire échouer par la même leur folle entreprise. Mais son pas restait léger. Sa canne ne servait à rien ce soir là et son entraînement d'éclaireur, bien que datant de plus d'un siècle semblait encore faire quelque effet convenable. Lorsqu'ils arrivèrent à l'entrée qu'avait repéré les éclaireurs de l'armée elfique, il lui parut plus qu'étrange que le seul garde présent soit ainsi déssèché. Les Drows était beaucoup de chose, mais certainement pas laxistes.

Il examina le corps mais ne put rien remarqué de particulier. Et c'était là que résidait son plus grand malaise. Pas de traces de lame autres que celle laissée par la lance d'Aranos, pas une hampe de flèche non plus. Et en même temps, il ne pouvait sentir de magie non plus. Pourtant, il ne se fiait point à ce dernier élément. La présence de deux Nœuds Arcaniques de part et d'autre de leur position brouillait sa perception. Il n'était pas nécessaire d'utiliser tant de magie que cela pour tuer un Sombre, et les faibles traces pouvaient s'être aisément noyées dans le ressenti des deux énormes masses d'énergie pulsantes qui s'étendaient et sur Yutar et sur Ellyrion. Un mot résonnait malgré cette absence de sensation dans son esprit: Nécromancie.

Après une rapide estimation, il s'assura qu'il n'était plus dans le premier Noeud et qu'il n'était pas encore entré dans le second. Une fois chose fait, il fit appel à son don. Il fit appel à un sort oublié qu'il n'avait plus utilisé depuis Uraal. Cet enchantement l'aurait handicapé lors de leur marche à découvert, mais désormais que le danger rodait dans l'ombre, il semblait à ses yeux qu'une bonne défense valait mieux qu'une grande agilité. D'autant qu'agilité, il n'avait que peu, par la faute des Sombres, une fois de plus.

Il apposa sa main droite sur sa jambe. Et entonna à mi-voix la formule: A Laita Te, Laita Te! Anaëh, Taure Melda Tári! Lentement, le construct magique se mit en place dans son esprit puis à mesure que les mots s’égrainaient dans sa bouche légèrement sèche, la structure d'énergie se déployait dans son bras puis se propagea dans son propre corps. Le dernier mot mourut dans sa gorge et accompagnée d'une légère lueur verte, une écorce rude d'un blanc un peu sale vint recouvrir son corps, laissant intact ses vêtements. De l'écorce de Laurenorn, son arbre fétiche, son totem en quelque sorte.

Il était plus lourd, ses articulations avait moins d'amplitude. Mais il défiait un arc ou une épée de fendre sa chaire. Pour les arbalètes, il verrait bien en temps utile. Il se redressa dans un léger craquement végétal et se tourna, légèrement raide vers la druide.

"Je ne vois ni fer, ni magie. Voyez-vous quelque chose que j'aurais omis, Sœur druide?"

Il ne perdit pas de temps à observer l'anaarooma. Regarder quelqu'un qui observe est complètement inutile. Et l'inutilité ne leur était pas permis. Avec un léger grincement, il fit demi-tour pour faire face à son ami. Cette mission n'était pas normal en elle même, mais le fait que quelque chose de plus étrange encore ne survienne dés son début n'était pas pour le rassurer. Contre son torse couvert d'écorce, il pouvait sentir le lierre qu'il avait prélevé à Ellyrion, une plante bénie par la Mère, disait-on. Il espérait qu'il ne devrait pas s'en servir ou, du moins, qu'il fasse honneur à sa réputation...

"Aranos. Il y a des choses étranges qui se trame dans les dédales de Yutar. Les Drows ne laissent pas une porte ouverte, surtout quand la demeure qu'elle dessert est leur avant-poste principal dans le Nord et qu'il a une vue imprenable sur l'Anaëh. Nous aurions du trouver une garnison complète ici. Et à la place de la dizaine de Drows que nous attendions, il n'y a que ce cadavre desséché sans la moindre plaie..."

Il ne pris pas la peine de poursuivre sa pensée. Cela aussi aurait été de la perte de temps. Il avait déjà énoncé suffisamment de futilités dans son discours. Son regard appuyé ferait passer le reste de ses mots à son partenaire. Son expression figée dans un masque de bois, Adantar fixa les ténèbres de son oeil perçant. Si loin que portait sa vision d'Elfe, il ne pouvait discerner autre chose qu'un boyau de terre tenue par les racines d'arbres depuis longtemps disparus. Le noir ne pouvait rien contre ces pupilles ou presque, mais il redoutait ce qui se cachait dans des zones trop sombre que pour qu'il y voit et il redoutait plus encore ce qui se cachait derrière des ombres qui n'aurait pas dû résister à son regard.
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MessageSujet: Re: Colère | Aranos & Timérion   Colère | Aranos & Timérion I_icon_minitimeDim 4 Aoû 2013 - 21:29


      Les Manaahen de la druide sondaient les ténèbres tandis que Ril-Vywen demeurait parfaitement silencieuse. Elle était restée en retrait, quand les deux mâles s'étaient lancés à l'assaut du boyau. Guetteuse silencieuse, elle avait assuré leurs arrières, non sans s'attarder sur le monolithe insolent qu'était Yutar. Il était si proche des frondaisons de l'Œuvre, tant que ça ne faisait qu'ajouter à l'insulte qu'il représentait : des siècles de négligences et de déni. Si les siens avaient tenu leurs frontières comme ils l'auraient dû, jamais l'avant-poste ne serait devenu cette arme mortelle.
      L'ours demeurait lointaine, c'était un fait nouveau pour l'Anaarooma et cela expliquait son silence depuis le vol du corbeau. Loin des branches protectrices de l'Anaëh, elle n'était qu'une fille de la Mère ; la peau de l'ours sur ses épaules ne lui était d'aucune utilité et elle regrettait soudainement de n'avoir pris la parure de la Liemakil plusieurs mois durant. Elle n'était plus une Mathar, cependant, et moins encore la première d'entre eux. Elle n'avait plus le droit de porter leur épée, pas plus qu'elle n'était dépositaire de brandir leur bouclier. L'arbuste avait grandi, les fleurs avaient fleuri. Le soleil ne se lèverait plus sur le printemps de son existence et elle l'avait accepté. Ce n'était que justice, dès lors, que la druide remplaçât la guerrière au seuil du repère des fils maudits. Lançant un regard vers l'Anaëh, elle murmura une prière à la Mère, puis embrassa l'obscure.
      Elle ne lança pas un regard à la dépouille tout juste découverte, pas plus qu'elle ne prêta attention aux propos du Seigneur Protecteur. La Mère était les arbres, elle était les bêtes, mais elle était aussi la terre nourricière et, fermant les yeux, ce fut à cette dernière que Ril-Vywen accorda caresses et attentions. Ses doigts fins coururent sur le boyau et son front se barra d'un plis soucieux. « La rage. La colère. La haine. Tout autour de nous. » Elle trouva le regard du guerrier et gronda légèrement. « Ils ne se contentent pas de brûler son Œuvre, ils la rongent, jusque dans ses entrailles, ils violent des sanctuaires inconnus des fils et des filles de la Mère, ils pillent des trésors dont l'existence n'était pas même soupçonnés. »
      Jamais Ril-Vywen n'avait soupçonné l'importance des galeries des fils et filles maudits, mais alors qu'elle en effleurait seulement la surface, elle prenait conscience de l'immensité du leur réseau. L'espace d'un instant, elle avait été la Terre, cette même terre sacrifiée, comme le reste, sur l'autel vengeur d'un peuple sacrifié. « Nous devons continuer, ordonna-t-elle et sa voix transpirait son autorité. Nous devons voir, nous devons comprendre. Cette nuit, notre ennemi ne doit plus fuir notre regard. Et nous ne devons plus fuir notre ennemi. »
      Se disant, la druide tourna le dos à ses compagnons et fit face au chemin qu'elle s'était imposée, à elle tant qu'aux autres, de suivre. Après une pensée pour Almugkaka, qui attendait son retour sans savoir le danger qu'elle affrontait, elle fit signe au Guerrier et au Mage de la suivre et ouvrit la marche. Elle n'avait cure d'être la plus jeune, ou même la moins vêtue. Elle était chargée d'une mission et devait la mener à bien ; elle était une fille de la Mère et la servait, parce que tel était son rôle. Sa destinée. En témoignaient ses Manaahen qui inlassablement cherchaient à déchirer le voile de ténèbres qui l'empêchait de voir les véritables intentions des fils maudits.
      Ils ne marchèrent guère longtemps, cependant. Très vite, la druide rompit les rangs, accélérant le pas alors qu'un mauvais pressentiment lui prenait la gorge et l'empêchait pratiquement de respirer. Au détour d'un coude plus accentué que les autres, elle se figea et murmura quelques mots à l'adresse des Cinq : sous terre, dans l'ignorance la plus totale, reposaient douze protecteurs de l'Œuvre. S'avançant respectueusement, elle s'agenouilla face à l'une des dépouilles et posa sa main sur ses yeux. La peau sous ses doigts étaient sèche et fragile et les paupières refusèrent de couvrir le regard du guerrier. Elle poussa un soupir. « Il était Ha'rendil Fhæmen, murmura-t-elle pour elle-même et ceux qui la suivaient et sa voix était empreinte d'émotions et de respect. Trois été durant, les clans d'Ardamir et d'Anaëh toutes entières le chercha, lui et ses braves. Nous pensions qu'il était tombé, victime d'une embuscade de nos frères maudits. Nous pensions qu'il avait succombé, comme tant d'autres, sous les coups injustes de nos ennemis. La vérité semble être bien différente et il sera loué comme celui qui porta la Mort jusqu'aux portes du monolithe. J'en fais le serment. »
      En effet, aux dépouilles des fils d'Ardamir se mêlaient celles des guerriers du sombre Elda.
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MessageSujet: Re: Colère | Aranos & Timérion   Colère | Aranos & Timérion I_icon_minitimeLun 5 Aoû 2013 - 16:42

      A leurs pieds s’étendait le charnier des enfants d’Anaëh, d’Ha'rendil Fhæmen et des siens tombés contre les Sombres. De leur lutte terrible, les murs épais de la cavité avaient conservé des traces, quelques gerbes boueuses de sang rouge ou noir, maintenant ponctionné par des colonies d’insecte. Kyriä donne et Kyriä reprend.
      Les pas d’Aranos le portèrent un peu à l’écart des Elfes, devant lesquels l’Anaarooma s’était agenouillée ; lui poussa plus loin dans la caverne, jusqu’à ce que sous ses bottes se fasse entendre le craquement lent de la chair qui se délie. Ici avaient été abattus au moins six des fils d’Elda, et leurs visages gisaient la face en terre, une auréole de rouge passée sur leurs cheveux autrefois blanchâtres.

      « C’a été un carnage, souffla le Prêtre. »

      A plein nez il humait l’air vicié de l’endroit, comme pour renouer avec les effluves sanglants du combat. La colère du Soldat avait déferlé dans ces cavernes. Le Capitaine baissa alors les yeux et, du bout du pied, il retourna une carcasse de Drow : sur le visage mort et flétri, entre les tissus disloqués par le temps et les cloportes, s’étalait encore une large peinture ocre. Un marteau porté par une flamme.
      Les lèvres d’Aranos soudain se révulsèrent, son regard foudroya les dépouilles environnantes : combien d’autres portaient la marque du Guerrier ? Sa lance jaillissant dans sa paume, le Capitaine repoussa du bout du fer les masses putréfiées, et dans sa macabre besogne, il retrouve deux fois encore l’emblème peint sur le visage et la cuirasse percée des Sombres.

      « Ai, nae ! gronda Aranos. »

      Ainsi, le symbole du Guerrier hantait pas moins de trois des Drows tombés au combat dans ces cavernes. Le marteau était large, la flamme farouche, et ces blasons-là rappelaient davantage au Prêtre les cultes féroces entretenus sous la montagne par les derniers des Nains, qui sacrifiaient des bœufs entiers à la gloire du massacre, murmurait-on. Et ailleurs sur les dépouilles des Drows, d’autres runes plus noires s’étendaient, qu’elles aient été forgées à la lame ou peintes à grand renfort d’une encre mauvaise. C’étaient des symboles de mort, d’anéantissement, et qui ne parlait pas le jargon d’Elda aurait quand même perçu que ces runes invoquaient la calamité.
      Mais ce blason restait celui du Soldat, quelle que soit la fange dans laquelle son nom était traîné par les Sombres : et ces dépouilles éventrées, elles étaient dignes d’hommage comme tous les enfants de Calimenthar.

      « Le suilon, ohtarë, souffla Aranos en s’inclinant. »

      Alors que l’Anaarooma tout à côté rendait ses hommages aux Elfes défunts, le Capitaine, à dix pas en amont, s’agenouilla à son tour. Ses mains parcheminées se posèrent sur les visages couperosés des Drows vaincus, et il clôt leurs paupières aux orbites souvent vides, et redressa les armes sur leurs poitrines éventrées. Aussi dément qu’ait été leur culte, ceux-là avaient combattu sous l’égide du Soldat, jusqu’à ce que la dernière goutte de sang ait eu quitté leur dépouille, et que leurs bras furieux aient été tranchés ou brisés.

      « Iston mai acáriel. »
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MessageSujet: Re: Colère | Aranos & Timérion   Colère | Aranos & Timérion I_icon_minitimeMar 6 Aoû 2013 - 0:18



Timérion observa le recueillement de ses comparses d'infortune. Le combat qui avait ici fait rage n'était pas sans précédent, mais il était rare que des elfes restent sans sépulture, même après un violent affrontement. Et cela l'attrista de voir ses corps décomposés loin de la paix d'une sépulture. Il réfléchit un instant et pensa à la Voilée qui devait se lamenter de son dû. Peu étaient ceux qui pensait à l'humble Déesse qui avait tant été répudiée et qui ne recevait que si rarement les prières et les hommages qui lui étaient dus.

Aussi, il plongea la main dans une de ses poches et en sortit un petit paquet en toile brute contenant une poignée de petite graines. Une espèce très étrange sortie des grotte alentour du lac Uraal, capable de pousser en obscurité totale et avec un faible taux d'humidité. On était loin de la sépulture digne de ces soldats sous un des grands arbres de l'Oeuvre. Il en déposa un peu sur chaque corps d'Elfes, conservant tout de même la moitié de sa réserve au cas où d'autres macabres découvertes parsèmeraient leur chemin. D'une étincelle infime de magie, il redonna vie à ces embryons végétaux, la nature et la Mère ferait le reste. Ce que Kyrïa donnait, elle le reprenait.

Puis, il hésita un moment. Il regarda les Drows. D'un coté, sa haine pour cette race abjecte était des plus fortes, et pourtant, d'un autre coté, il ne pouvait laisser cela ainsi. Même si ils étaient ses ennemis, il n'aurait pas supporté de savoir des âmes demeurer errantes. De même qu'il n'aurait pas supporté que l'on laisse sa Nimuë pourrir sans sépulture au bon vouloir des corbeaux. Il réfléchit un instant et fini par sortir un autre sac, de toile cirée celui-là, qui contenait une poudre très fine. Il saupoudra chaque cadavre d'une pincée de l'étrange poussière.

A celle-ci, nulle magie n'était nécessaire. Les spores de champignons prendraient si telle était la volonté de la Voilée et de la Mère. Ainsi, pour la première fois, Adantar laissait une possibilité de pardon à ceux qu'il avait toujours maudit. Cette nuit dans les profondeurs de Yutar n'était pas en manque de surprise et d'étrangeté. Il finit par se relever dans un léger grincement d'écorce. Et s'appuyant, plus par habitude qu'autre chose, sur sa canne d'un air solennel, il patienta attendant que ses compagnons soient prêts à reprendre la route.
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