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 Quand on préférerait mourir | Alexis

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Këda
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MessageSujet: Quand on préférerait mourir | Alexis   Quand on préférerait mourir | Alexis I_icon_minitimeDim 12 Mai 2013 - 17:39

Aux limites de la forêt, encore et toujours. Il se tient là, debout en partie dissimulé par les arbres et regarde l'étendue, vallonnée et parsemée de chaumières, d'arbres, d'animaux en tout genre. Il sait que ce sont là des proies faciles, des familles assez isolée des villages pour qu'il puisse s'y nourrir à volonté, sans craindre de représailles ou une quelconque menace.
Mais il n'a pas envie de La laisser seule, pas ce soir. Parce que depuis quelques temps, il La laisse sortir plus souvent, s'oppose moins. Il souffre moins, se ferme à ses souvenirs et transforme la douleur en puissance. Parce que ça ne sert à rien de lutter, parce que si Elle veut sortir, elle sortira, qu'il essaye de l'en empêcher ou non. Alors pour son bien, autant qu'il ne résiste pas.

Le soleil s'est levé depuis quelques heures seulement, et il ressent déjà la fatigue embrumer son esprit et ses muscles. Il n'aime pas se sentir si faible, parce qu'il sait qu'Elle en profite, encore plus que d'ordinaire. Il retourne d'où il vient, le pas léger bien que le souffle un peu long. Il n'a pas dormit depuis deux jours déjà, et il commence à le ressentir dans son âme, au plus profond de lui. Il n'a pas produit de grand effort, mais son esprit se fatigue et il sait qu'il ne peut pas jouer avec sa vie, parce qu'il condamnerait celle de plusieurs autres. Et il ne se le permet pas. Savoir que le manque de sommeil était comme une porte de sortie sans contrôle pour Elle le rendait malade. Décider de La laisser agir était autrement différent d'être obligé de La laisser tuer.

Il sait qu'à quelques pas de là, il trouvera une sorte de grotte sous terre, un trou assez profond, avec des parois recouvertes de pierre,où il pourra dormir en sécurité. Enfin, assez relativement, puisqu'il ne dormira, de toutes façons, que d'un œil, se réveillant au premier bruit suspect qu'il entendra. Il y parvient rapidement et se glisse dans l'ouverture étroite que lui offre la roche. Il fait trop sombre pour qu'il distingue nettement les détails, mais il se souvient et cela lui suffit. Il sait qu'il y a un recoin, au fond à droite, où la terre est plus douce et plus sèche que n'importe où ailleurs dans la grotte.

Roulé en boule, coincé entre trois parois glacées, il s'abandonne au sommeil.
Le sang. Toujours le sang. Des grognements qui montent du fond de sa cage thoracique font trembler sa gorge puis écorchent sa langue pour venir frapper ses lèvres closes. Ses mains sont posées sur le sol et ses ongles raclent la terre humides. Ses genoux sont posés sur quelque chose de dur, sûrement un racine, ou une pierre. Ses pieds s'ancrent dans le sol et ses tendons sont saillants. La douleur, encore la douleur, toujours la douleur. Si seulement il pouvait être mon fragile, plus solide ! Elle se souvient qu'il est faible, toujours à La chercher pour se rassure, pour se rappeler qu'il peut être fort, violent et cruel. Pas seulement une engeance de la pire des espèces de sang mêlés, pas seulement une victime de l'amour de ses parents, et pas seulement quelqu'un qu'on pourchasse ou pour qui on a pitié.

Il hoquette de surprise et se réveille partiellement. Il a l'impression que sa gorge se contracte violemment à chacune de ses inspirations. Par réflexe, il porte la main à son cou. Rien, forcément. Il tente de se calmer, respire à fond, puis expire, mais sa gorge se contracte toujours aussi douloureusement. Crise d'angoisse. Son pouls s'accélère et des sueurs froides descendent le long de sa colonne vertébrale, enclenchant des tremblements irrépressibles. « Calme toi chat, tu es un peu sur les nerfs, c'est normal, tu La laisses sortir trop souvent, tu revois ses carnages, tu te dis que tu est peut-être Elle au fond, et tu n'as pas totalement tort. Mais tu pourrais L'utiliser, au lieu de La voir comme une ennemie. »

Utiliser sa bête. Mmm. Ça ne pourra pas fonctionner, Elle a sa propre voix, Elle a ses propres pensées et tout ce qu'Elle n'a pas pour être envie, séparée de lui, c'est un corps. Il ne peut La soumettre, c'est au dessus de ses forces. Il a déjà du mal à La contenir, alors qu'Elle soit à sa merci, ou sous ses ordres paraît complètement improbable.

Les tremblements se sont enfin calmés. Il espère pouvoir se rendormir rapidement mais craint ses cauchemars, ses carnages, toutes les visions ou les images de ce qu'Elle a put déchaîner comme haine, comme violence, comme cruauté. Au fond, il sait qu'il est comme ça. Mais L'hybride déteste l'idée de ne pas contrôler ces émotions, ces sentiments, et toute cette puissance. Il se fait peur, il se hait, il aimerait cent fois mourir, et ce depuis tellement longtemps. Trop longtemps peut-être. Les yeux fermés, il voit.
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Alexis d'Austra
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MessageSujet: Re: Quand on préférerait mourir | Alexis   Quand on préférerait mourir | Alexis I_icon_minitimeLun 13 Mai 2013 - 19:21

Le frisson de la chasse...Il n'y avait rien de comparable à cette sensation hybride d'exaltation et d'effroi, aux yeux d'Alexis. Effroi, car il y avait cette peur rampante et constante, de passer du chasseur à la proie, lorsque l'on traquait un individu réputé comme étant au bas mot, hargneux. C'était un jeu cruel, une danse où chacun se fuyait, et se traquait simultanément. Une infernale lutte avec les ombres, le doute et l'audace. Il fallait mesurer chaque pas, guetter chaque mouvement, et discerner le moindre bruit. En cela, Alexis adorait la chasse, car il se sentait loup sans toutefois se croire tout puissant, ou injustement armé face à sa proie. Il était, comme l'individu qu'il pistait pour abattre, sous le fil de l'épée, et le moindre faux geste pouvait lui coûter la vie. C'était grisant, enivrant...Depuis très jeune, il avait fait de la chasse un loisir régulier, qui tout en lui ayant valu quelques mauvaises rencontres, avait fortement contribué à la construction de son mental, de son caractère. Il se sentait loup parmi les hommes, comme loup parmi les bois. Il identifiait chaque cri, chaque odeur avec une aisance fulgurante, et s'était confortablement installé dans la beau d'un grand prédateur et carnassier. Durant sa jeunesse et les premières années de l'âge adulte, il avait chassé le gibier. Désormais, il chassait l'homme. Sa professionnalisation, et l'évolution de ses instincts barbares avait fait dériver l'objet de sa traque. Mais le frisson était le même. L'exaltation était toujours aussi grande, et l'excitation toujours aussi savoureuse. Et le meurtre, lui, rajoutait une légère saveur au chef d'oeuvre. C'était ce goût bref mais acide, qui fait frétiller la langue l'instant d'une seconde. Ce goût que l'on apprend à aimer et à retrouver.

Ce jour là, était jour de chasse. Équipé comme à son habitude, un arc à double courbures entre les mains, il était partit dans le fond des bois, pister sa proie, qui cavalait depuis des semaines. Après renseignement, Alexis avait appris que l'homme qu'il cherchait avait été repéré aux lisières de la forêt, et le soir même s'était mis en route. C'était un indicateur, une taupe parmi un réseau peu fréquentable de ruffians en tout genre, dont la couverture avait été compromise suite à une échauffourée quelconque, au coeur de Thaar. L'espion s'était rapidement enfui, menaçant de faire éclater au plein jour, certains secrets que l'on aurait préféré voir rester dans les ombres. Il s'agissait maintenant, de s'assurer que l'indicateur ne puisse communiquer quoique ce soit à ses maîtres, en l'expédiant vers une mort précipitée, mais nécessaire. Alexis était un bon archer, et si au terme de sa traque, il venait à repérer le fuyard, détalant dans les bois, ou tapis dans un fourré, il serait en mesure de l'abattre d'un trait. Du reste, s'il venait à manquer sa cible, le mercenaire trouverait une autre manière de parvenir à ses fins, sous la forme de l'épée glissée dans son fourreau, qu'il dissimulait sous son chaperon. Ainsi équipé, ses aspirations mortifères seraient nécessairement atteintes.

Le soleil ne fut pas long, avant de percer à l'horizon et d'éclairer faiblement les grands pins, qui peuplaient la forêt. Avec la levée de l'astre solaire, Alexis espérait voir une opportunité de débusquer l'imprudent se mettant en chemin après un court repos sur le tabis d'herbes et de feuille à l'ombre d'un arbre, sans prendre ses précautions. Le petit matin était une heure idéale, pour chasser - la faible mais suffisante luminosité qu'offrait le début du jour, ainsi que l'esprit engourdi de la proie par un réveil difficile, rendait la traque plus aisée. Prenant gare à se pas faire de bruits inutiles et trop indiscrets par une marche pataude, Alexis courrait à vive allure, évitant les feuilles sèches qui craquent sous le pas et préférant les pierres qui jalonnent ici et là le sol vivant des bois. Il traçait vivement son chemin, quelques bruit mât de bottes heurtant le roc et de légers cliquetis accompagnant son avancée redoutable. Il avait le souffle long à la manière des grands loups qui traquent sans relâche les proies les plus endurantes, et jamais ne laisse un pouce de distance supplémentaire s'installer entre lui et son gibier. Il avait sa cible à l'usure, rattrapant tôt ou tard l'homme s'essoufflant, pour le saisir à la gorge et lui porter le dernier coup.

Bientôt, alors qu'il sillonnait non loin de la lisière des bois, Alexis distingua un immense chênes aux racines sortant de terre, sous lesquelles il pouvait discerner un trou plutôt large. Il était trop grand pour être le terrier d'un renard, ou même d'un lapin, mais en revanche sans doute suffisamment large pour qu'un homme puisse s'y glisser. Le mercenaire passa son arc en bandoulière, et après avoir sortit au clair l'épée qui pendait à sa taille, il se courba pour passer sous les racines démesurées de l'arbre, et s'approcher du trou. Faiblement éclairé, l'endroit semblait profond et autrement plus large que semblait l'annoncer l'ouverture. Alexis prit une grande inspiration, et après avoir jeté un dernier regard au soleil qui s'élevait doucement dans le ciel, perçant la brume matinale, il se faufila dans le trou sans trop peiner à y rentrer tout entier, armé et cuirassé, les pieds en avant. La glissade fut très brève, et au terme de celle ci, Alexis put constater que ce qu'il croyait être un terrier, semblait être une petite grotte souterraine, vaguement éclairée par le rayon de lumière s'engouffrant par l'ouverture. Les parois étaient solide, et rocailleuses - un excellent refuge pour passer la nuit, après une journée de cavale.Après tout, l'endroit se prêtait plus au repos que l'extérieur, où rôdaient une pléthore de prédateurs tous plus affamés que les autre, une fois la nuit venue.

Ses yeux s'accoutumant à l'obscurité, et récupérant ses repères, Alexis scruta les ombres, l'épée tenue à bout de bras. S'il elle était encore ici, sa proie devait être collée contre une des parois, dans les ténèbres de la caverne. L'espace d'un instant, il lui sembla distinguer une masse dans les ombres...Ses yeux se plissèrent instinctivement, brillant d'une lueur inquiétante, alors qu'il s'approchait à pas feutrés de "la chose", prêt à frapper au moment opportun.

Il fit quelques pas, engloutissant les quelques mètres le séparant de sa cible. Il était paré à tout, attendant que la chose lui bondisse au visage - son épée était tenue fermement, et son souffle ne trahissait aucun stress.

Il était rigide, patient, imperturbable. Il s'approchait davantage.

Il était prédateur.
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Këda
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MessageSujet: Re: Quand on préférerait mourir | Alexis   Quand on préférerait mourir | Alexis I_icon_minitimeMar 14 Mai 2013 - 16:49

Quelques instants lui suffisent. Il décèle un souffle animal, soutenu par un pas souple mais sûr. Un autre. Il ouvre les yeux, engoncé dans la pierre, n'osant le moindre mouvement. Lui descend encore et toujours, observe l'endroit, il le sent, tellement que s'en devient insupportable. Il craint qu'Elle se manifeste, qu'Elle fasse trembler son âme, vaciller sa volonté pour qu'il La laisse sortir. Mais Elle ne grondait pas encore, Elle ne voulait pas paraître de suite. Laisser monter le suspens, la crainte et l'angoisse, pour pouvoir mieux le débusquer. Il sait, parce qu'il fait de même avec ses proies. La colère monte rapidement en lui. Il a dormit quelques heures, largement suffisant pour pouvoir riposter en cas d'attaque, mais trop peu pour La confiner longtemps.

L'homme, parce qu'il n'a aucun doute sur sa race, brandit son épée, dans sa direction. Il le voit parfaitement, comme un aveugle frappé par la lumière. L'hybride sent qu'il est chasseur, qu'à cet instant, lui même est la proie. Parce que cette assurance et cette odeur que dégage l'épéiste ne lui laisse aucun doute. Parce que lui-même est ainsi lorsqu'il se sent en danger, quand il se sent puissant et quand il traque. Mais il sait que lui n'est pas pareil, qu'il aime profondément tuer. Alors que c'est ce qu'il exècre le plus. Retirer la vie, en un geste vif, intense ou maladroit, un geste lent, léger ou précis. Qu'importe la manière, le résultat est le même.

Doucement, il s’accroupit, ne laissant à celui qui se tenait devant lui aucune chance de sentir ce mouvement, ni même de voir son corps, ou son ombre se mouvoir. A vrai dire, l'hybride n'a aucune envie de lui expliquer ce qu'il risque en restant ici avec lui. Il sait d’ors et déjà que c'est peine perdue. Las de toujours se répéter, de toujours se voir rire au nez, ou de toujours être pris en pitié, il se dit qu'aujourd'hui, il ne ferait aucun effort, aucun geste vers l'autre. Le sang mêlé est plus fort, de part son agilité, sa dextérité à l'arme blanche, et surtout, parce qu'il a été façonné par des décennies d'errance, toutes plus douloureuses les unes que les autres.

Son souffle est inaudible, ses yeux sont deux fentes, à peine perceptibles. Fléchit sur ses genoux, il ne sait que faire. Sauter à sa gorge serait l'action la plus bête qu'il puisse faire. « Laisse La prendre le pouvoir, Elle saura mieux que personne, et jamais ne te desservira, tu le sais, laisse faire son instinct de chasseresse. » Lui aussi est un chasseur, lui aussi sait traquer, lui aussi sait jouer. Dans l'ombre, il attend toujours. Le temps semble se ralentir, et il peut percevoir le souffle qui s'échappe de la bouche de l'intrus. Entre ses lèvres souffle la vie. Il n'a pas ce besoin viscérale de tuer, et trouve dommage de La laisser se régaler. Surtout d'un second prédateur.

Sa posture ne laisse aucun doute, il se sait puissant, il exalte de haine et ressent cette joie morbide du tueur coinçant sa victime. L'hybride connaît ce sentiment, il l'aime plus que n'importe quoi au monde, plus que Saufy peut-être. Non, c'est faux. C'est totalement différent. Dans l’abîme de son doute, il manque ne pas saisir la seconde où il continue d'avancer, toujours et encore. Il bondit, roulant sur le dos, se réceptionne parfaitement sur un genoux, un poing au sol, l'autre sur sa ceinture. Il siffle doucement, imperceptiblement. Lui voit parfaitement l'humain, alors que lui ne le perçoit que très difficilement.

Au fond de la grotte, il sait qu'il a encore une sortie, sur la droite. La lame ne fait aucun bruit en sortant de son fourreau. L'acier ne peut briller, étant trop loin de toute source de lumière. Seul ce sifflement rapide peut permettre à l'homme de savoir. Parce que s'il est proie, l'humain est loup. Et un loup n'est pas pour le moins effrayant, tant qu'on ne le provoque pas. Sur les lèvres de l'hybride se dessine un sourire, mi-fauve mi-homme. Les dents sont partiellement dévoilées et sa lèvre se retrousse légèrement.

Elle arrive, Elle guette et Elle juge. L'art de ce combat résidera dans la volonté de garder l'homme en vie, tout le restant lui-même. Il sait que ce sera dur, parce que blesser sans toucher de points vitaux lorsqu'on on est surentraîner dans ce but relève du défi. Mais l'hybride est joueur. Et bien que tiré de son sommeil, il fait taire la colère qui gronde dans ses entrailles pour se concentrer sur son adversaire. Un dernier sifflement pour lui indiquer, un dernier appel au combat, un dernier signalement de sa position. Par équité sûrement, même si jamais au paravent il n'en avait fait preuve. Peut-être que de sentir cet être qui lui était si semblable proche de lui excite sa curiosité, titille ses nerfs et chatouille sa lame.

Encore quelques secondes, et le combat serait engagé.

HRP:

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Alexis d'Austra
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MessageSujet: Re: Quand on préférerait mourir | Alexis   Quand on préférerait mourir | Alexis I_icon_minitimeDim 19 Mai 2013 - 22:28

Alexis avait engagé le combat férocement, dégainant son épée bâtarde et l'empoignant à pleine main, avant de l'écraser sur la garde bien préparée de la créature. Il ignorait quelle était cette chose - de toute évidence, il ne s'agissait pas de sa proie, mais bien d'un individu à la physionomie humanoïde, quoique vaguement étrangère. Cela importait peu - vu comme les choses tournaient court, et constatant l'hostilité manifeste de "la bête", Alexis n'avait d'autre choix que de se jeter dans la mêlée. Certes, ledit choix était peu contraignant au vu des exigences minimes du mercenaire pour ce qui était de la tuerie impromptue; mais tout de même, c'était une obligation. Frappant vite et fort, avec une agilité rapace, Alexis tâchait d'acculer l'hybride dans les coins, tentant quelques coups sur les flancs pour pousser la créature dans ses retranchements. Très vite, pourtant, Alexis put constater que son adversaire, tout en parant avec un léger manque de difficulté ses coups et ses assauts redoutables, se refusait à porter des coups susceptibles de tuer. Il jouait, frappant ici, de gauche à droite et de bas en haut, afin d'entamer cette fameuse danse périlleuse, dans laquelle s'engagent prédateur et proie...Quelque part, cela faisait bouillir Alexis d'une colère sourde - et quelque part, ailleurs, il se prenait au jeu. Rapidement, ce qui semblait être un bête affrontement à mort, prit les traits d'un duel entre deux escrimeurs tentant des coups d'estoc et de revers osés, sans jamais assaillir les points vitaux. Oui, c'était définitivement une danse.

La chose était sans doute, à bien des égards, belle. Pas tant des ses traits, ou dans son physique, mais dans la grâce qu'elle conservait dans son combat élégant et fluide. La lutte était acharnée, mais jamais vorace, et jamais l'un des deux escrimeurs ne s'essaya à occire proprement l'autre. La violence était là; mais elle ne cherchait pas tant à blesser l'autre, sinon à l'entraîner dans une valse épuisante, dont l'issue serait l'effondrement. Relevant le niveau, Alexis intensifia les coups portés, y mettant tout son art, et tout son talent pour la maîtrise des armes, qu'il avait acquis au fil de la dernière quinzaine d'année. Son adversaire était fort - bien plus fort qu'un humain moyen - et doté d'une expérience très certaine. Mais après tout, lui aussi avait accumulé un certain sens des armes après ses multiples services militaires, et son activité de mercenaire. C'était là toute sa fierté, et quelque part, tout ce qu'il avait jamais possédé dans sa trentaine d'année d'existence, qu'il fut en mesure de faire fleurir vers des hauteurs inespérées. Ma culture de la guerre...C'était là son plus fabuleux trésor. Et ces rares jours, où il tombait sur un adversaire ô combien doué pour ce qui était des voies martiales, étaient marqués d'une haine féroce ainsi que d'un appétit vorace de progresser; de se dépasser.

Le dépassement; oui, c'était là l'essence même de la pratique guerrière d'Alexis. C'était là tout ce qui le motivait, le poussait à aller de l'avant et à triompher de tous ceux se dressant sur son chemin, ainsi que de quiconque lui portant offense. C'était là sa manie, son obsession la plus forte - dépasser tous les autres, et en fin de compte, lui même. Était-ce là une phobie d'être perçu comme étant faible, ou d'être projeté dans une position de servitude ? Était-ce là un désir inextinguible d'être constamment en mesure de se dresser face à ce qui menaçait de l'asservir ? Il ne le savait pas...Tout ce qu'il savait, c'est qu'il était inscrit au plus profond de son coeur, que toute sa vie serait colorée par cette aspiration à vaincre tout les hommes, et écraser trois mille êtres se dressant contre lui, et trois mille autres encore.

Cet être là, celui là même qui sortait des ombres, était bien différent de ces masses qu'Alexis aspirait à férocement écraser dans sa quête insatiable de pouvoir, et de vouloir vivre. Vouloir vivre - oui, il chérissait cette impression d'exister pleinement. Il chérissait la peur dans le regard de ses ennemis, car il pouvait y voir le reflet de son existence et de son emprise tyrannique sur la vie de ses proies. Il chérissait le craquement des os et les hurlements d'agonie, car il y entendait une louange à sa vie, et une confirmation de sa supériorité et capacité à faire souffrir. Enfin, il chérissait le sang et les champs d'honneurs dévastés, car il y trouvait une fresque à ce pouvoir inestimable de façonner le monde, qui reposait dans sa poigne acérée, et sur le fil de son épée. Détruire...qu'y avait-il de mieux pour affirmer son existence, et cette faim frénétique de vie ? Qu'y avait-il de mieux pour affirmer la fureur de vivre ?

Cette fureur de vivre, il voulait la montrer à cet individu si étrange, pétri d'un savoir de la guerre qui l'impressionnait et l'excitait simultanément. Il voulait montrer cette frénésie affamée si propre à sa nature profonde - très vite, il redoubla de fureur dans ses coups, doublant en sournoiserie, et multipliant les attaques perfides et calculées. Il frappait comme un naja cherchant à jeter sa proie pourtant plus forte, dans une faille impardonnable. Il envoya un coup de pied dans le tibia de la créature, attaquant par la suite d'un revers vicieux, qui fut pourtant paré par l'être obscur. Alexis poussa un juron, son regard étincelant d'une fureur aussi ardente que la plus radieuse des étoiles. La lutte s'intensifia.

L'euphorie guerrière fut nettement brisée lorsque l'ouverture de la petite tanière s'effondra à la grande stupeur des deux plongés dans leur duel. Alors que l'entrée devint inaccessible, et qu'une grande partie de la lumière qui filtrait dans la grotte disparut, le combat cessa immédiatement, alors qu'Alexis fit glisser sa lame hors de portée de celle de la créature, pour lancer un regard moribond à l'entrée de la grotte. Quelques derniers rayons de soleil perçait au travers de l'éboulement de pierre. Sortir n'allait pas être une partie de plaisir.

Alexis grogna, et jeta son épée aux pieds de son adversaire, observant la créature d'un air mêlé de défiance, de fierté et froideur, agacé par la tournure des événements.

- Comme cela tombe bien, siffla Alexis avec une pointe de sarcasme dans la voix, jaugeant son adversaire. A ce stade, je ne suis même plus sur que se battre ait un sens...lâcha le guerrier avec un mépris affirmé pour les circonstances.

- Belles prouesses martiales l'ami, dit Alexis en lui tournant le dos, faisant face à l'éboulement, et tâchant de trouver une issue praticable.

De toute évidence, ce serait long...

Si long...


Dernière édition par Alexis d'Austra le Mer 12 Juin 2013 - 9:21, édité 1 fois
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Këda
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MessageSujet: Re: Quand on préférerait mourir | Alexis   Quand on préférerait mourir | Alexis I_icon_minitimeJeu 6 Juin 2013 - 17:13

L'homme est fort. Plus fort que tout ceux qu'il a put affronter jusque là. Et même s'il ne dépasse pas certains maîtres elfiques ou encore, le drow qui avait été son père, il surpasse largement tout individu de la race humaine. L'hybride n'a aucun doute là-dessus. Mais il sait qu'il pourrait le tuer s'il en avait seulement l'envie.

Ils virevoltent tout deux un certain temps, feintant, frappant et touchant. Un coup de pied de la part de son adversaire lui est décoché dans le tibia. Trois fois rien. Ses os sont bien trop solide, et son corps habitué aux coups qu'il ne ressent qu'une légère sensation d'écrasement et de pression, rien de plus. Ce ballet aérien est bientôt interrompu par l'écroulement de terre et de roche qui vient subitement boucher l'entrée, et par là-même la seule source de lumière. Plus embêtant pour l'humain que pour lui.

- Comme cela tombe bien. A ce stade, je ne suis même plus sur que se battre ait un sens.

La colère due à cet imprévu gronde dans sa voix. L'hybride sent que l'autre est tendu, frustré même, par l'arrêt soudain de ce duel si finement exécuté.

- Belles prouesses martiales l'ami

Prouesses martiales... Il sourit lorsqu'il entend ses mots, ceux-là même que sont Père a si souvent prononcés. Comme si l'humain, supérieur à lui, n'avait fait que jouer. Une inversion des rôles en quelques sortes, un comique de situation qui n'était pas des moins déplaisant. Cet affrontement avait mis Këda en confiance. L'arme qui a frappé sa lame gît désormais à ses pieds. Quel moment serait plus propice à l'exécution de celui qui lui tourne le dos ?

- Këda. C'est ainsi qu'on me nomme lorsqu'on ose m'adresser la parole, ou seulement me regarder sans crainte ni compassion. Cette compassion absurde qui traverse si souvent le regard des sylvains. Enfin, je suppose que c'est loin d'être votre cas, vu la rapidité et l'adresse de vos passes. Avant que nous nous attaquions au déblaiement de la sortie, puis je vous demander ce que vous cherchiez en venant ici ?

Les yeux de l'homme doivent s'être quelque peu accoutumés à la pénombre. L'hybride range sa lame dans son fourreau et s'approche de l'éboulement, s'arrêtant sur la droite de son compagnon d'infortune. « Ironique, n'est-ce pas. Coincé là, comme un rat, en proie au doute à la folie et en insécurité constante. Et qui sait si Elle ne va pas décider de se manifester, hein ! Comme ce serait dommage... »

L'hybride souffle longuement, tentant d'évacuer la tension psychique qui commence à s'accumuler dans son esprit. Il est hors de question qu'il tue, là, dans cette grotte presque entièrement fermée par un éboulis. Hors de question qu'il reste pourrir là avec le cadavre d'une de ses victimes. Ce serait plus qu'il ne pourrait le supporter. Il se savait instable psychologiquement, et n'avait pas envie de La tenter outre mesure. Pas envie de tester ses limites maintenant en d'autres termes.

- Personnellement, j'avais l'intention de dormir ici, mais je doute que ce soit votre cas, et comme je n'ai pas envie de commettre une erreur, parqué là comme je suis, je suppose qu'il va falloir déblayer tout ça.

Il étire son dos et s'approche plus encore du tas de pierres et de terre qui bloque la lumière du soleil. Dans le faisceau lumineux, il se retrouve presque à nu devant l'homme. Mais cela lui importe peu, de toutes façons, il l'aurait vu un jour ou l'autre, alors autant que ce soit maintenant. Qu'il sache qu'il n'y a pas de danger, « d'ondes malfaisantes », si on peut appeler ça comme ça, qui émanent de lui.

Il tend ses mains vers les gravas et tente de repérer des trous par lesquels l'air passe, hormis celui qui est évident, plutôt placé vers le haut. La grotte étant sous terre, et l'ouverture plutôt en surplomb, le danger dans le dégagement de l'entrée est dans la possibilité que l'édifice s'effondre avant qu'il n'aient pu se retirer. De plus, ils ne peuvent rejeter que très difficilement les pierres en direction de l'extérieur. Cette pratique demande beaucoup trop de force et d'adresse par rapport à la quantité de matière qu'ils doivent retirer.

- Ça prendra un certain temps pour dégager l'entrée, je ne pense pas qu'on puisse y arriver avant la nuit. Et je doute qu'il y ait une autre sortie, vu la disposition de la grotte. Le creux à gauche, si vous pouvez le distinguer, ne mène nulle part. Le fond est bel et bien lisse. La partie droite, je ne l'ai que très peu examinée, mais je ne pense pas qu'on pourra y trouver une issue.

Il s'est tournée face à celui qui lui tient compagnie. Une question lui brûle les lèvres, sans aucun rapport avec ce dont ils devaient s'occuper, mais il la pose quand même, par véritable intérêt :

- Ma question peut paraître déplacée, mais où avez-vous donc appris à vous battre ainsi ? Je n'ai encore jamais rencontré un homme de voter niveau à l'épée.

La profonde attention qu'il porte à la question peut s'entendre dans sa voix. Ce n'est pas par simple politesse, ou pour faire la discussion qu'il le lui demande. Mais réellement pour en connaître la réponse.
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MessageSujet: Re: Quand on préférerait mourir | Alexis   Quand on préférerait mourir | Alexis I_icon_minitimeMer 18 Sep 2013 - 10:03

- Alexis, marmonna le mercenaire, en réponse au drow, qui s'affairait déjà à inspecter l'éboulis rocheux.

Ah, l'irritation de se sentir impuissant face au piège qui se refermait autour de lui. De toute évidence, ils n'allaient pas sortir bientôt, et ainsi la traque qui l'avait poussée jusqu'ici était avortée. Au delà du sentiment d'impuissance face aux événements, un contrat inachevé était ce qui déplaisait le plus à Alexis. En dépit des apparences, il avait une réelle éthique du travail - quoique les nobles moyens ne soient pas son destrier de bataille. Le mercenaire se mit à genoux, récupérant son épée jetée au sol, avant de se retourner vers la sortie condamnée où Këda continuait de parler dans le vide.

- Puis je vous demander ce que vous cherchiez en venant ici ?

- Ma proie, répondit nonchalamment Alexis en revenant vers l'hybride. J'étais en chasse, et cette cachette se trouvait sur le chemin. Logiquement, un gibier en fuite aurait pris cette cachette comme une opportunité pour se dérober à mes yeux. En fin de compte, me voilà.

Alexis posa ses mains sur les pierres bouchant l'entrée, tentant d'évaluer le terrain. De toute évidence, la journée allait être longue, et employée à une tâche fastidieuse. Cela l'enrageait au plus haut point. L'échec avait un goût amer; métallique comme celui du sang, et âpre, comme teinté par une centaine de souvenirs d'antan. Son père, l'air dégouté, qui le jaugeait méchamment alors que lui et son frère revenait des bois couverts de boue et les bras vides de toute proie susceptible d'être mangée. Puis, tous deux baissaient la tête piteusement, rentrant dans la grange délabré quelques pas derrière le patriarche, qui frappait doucement le plat de sa paume avec le bout de son bâton si redouté. Oui, décidément, il haïssait l'échec. Il le craignait, le redoutait, tant il avait été éduqué dans une frayeur absolue de la rétribution qui accompagnait son incapacité à plaire ceux qui se plaçaient au dessus de lui.

- Personnellement, j'avais l'intention de dormir ici, mais je doute que ce soit votre cas, et comme je n'ai pas envie de commettre une erreur, parqué là comme je suis, je suppose qu'il va falloir déblayer tout ça.

- Non, j'ai a faire. Une fois cette grotte déblayée, il faudra contacter les commanditaires, appeler les autres pour organiser une battue, puis inspecter les environs, faire marcher les renseignements locaux, confier des petites bourses à droite à gauche, embaucher des oreilles et des longs couteaux...

Le mercenaire parlait presque pour lui même, énumérant la liste de tâches qui l'attendaient, sachant clairement ce qu'il avait à faire, une fois sortie de ce pétrin. Puis, il s'arrêta, intrigué par ce qu'avait dit son compagnon d'infortune.

- Commettre une erreur, vous dites ? Quelle erreur ? siffla Alexis, en inspectant un moment, l'oeil brillant, la créature à l'impressionnante stature.

Alexis secoua la tête, comme soudainement désintéressé, tâtant avec plus d'attention l'éboulis, afin de trouver la faille où commencer l'excavation. De toute évidence, le bonhomme n'était pas net. Peu de gens s'amusaient à dormir dans des caves sylvestres, et ceux là qui s'abaissait tout de même à le faire, étaient rarement exempt de quelques petits abords déplaisants en société. S'agissait-il d'un paria, d'un rejeté ? D'un criminel peut être ? Ou d'un fou ? Un peu des trois ? Quelque soit la condition exacte de son camarade, Alexis se savait dans une drôle de situation; ce n'était pas si inquiétant que ça - lui même se savait particulièrement tordu, et des deux, il était persuadé d'être le plus malsain et foncièrement mauvais. L'autre n'était peut être qu'un pauvre zouave torturé par quelques spectres passagers.

- Ma question peut paraître déplacée, mais où avez-vous donc appris à vous battre ainsi ? Je n'ai encore jamais rencontré un homme de voter niveau à l'épée.

Alexis scruta l'hybride un court instant, l'oeil brillant sous les reflets perçant l'éboulis rocheux. Il fixait l'être, comme soudain perturbé par cette question pourtant si banale. En effet, la question remuait son être profond, inspectait les recoins de son passé, soulevait un peu le voile qu'il avait tissé par dessus sa silhouette, afin d'entretenir un mystère salutaire autour de son identité.

- La guerre l'ami, la guerre, souffla Alexis. Il n'y a pas meilleur moyen de forger un homme au combat. Et ce n'est pas l'entraînement aux armes qu'elle fournie, qui est en cause. Mais la peur qu'elle inspire, chaque jour, chaque nuit...C'est l'exposition au risque et à la mort, chaque seconde qui passe. C'est cette impression de ne jamais être à l'abris, et de ne jamais pouvoir regarder derrière soit sans y trouver quelqu'un que l'on ne peut jamais clairement identifier comme un ami, un camarade, un frère. C'est cette impression d'être observé, contemplé, analysé et traqué. Ça vous façonne un être ça; un être plein de crainte et d'effroi, qui apprend à maîtriser le fer avec ferveur, car il sait que rien d'autre ne pourra lui sauver la peau. Car il sait que s'il ne peut pas se reposer sur lui même, il se fera broyer au premier moment venu. Je n'ai connu que la guerre, l'ami. Uniquement la guerre, et rien d'autre. La plus âpre des compagnes, et la plus terrifiante. Mais elle est fidèle, la chienne. Elle nous colle à la peau. Jamais elle ne nous laisse. Pas par ces temps ci. Elle nous suit depuis les ombres, met nos nerfs et nos bras à l'épreuve. Et petit à petit, elle nous bouffe; elle nous ronge jusqu'à l'os. On en devient dingue...On s'entraîne, encore et encore, pour s'échapper, pour se persuader qu'on est le meilleur, et que personne, personne, ne pourra jamais nous abattre. Et on s'entraîne. On tue, par plaisir d'abord, parce qu'on jouit du sentiment de supériorité, par besoin ensuite, parce qu'on réalise combien ceux qui nous entourent, ne sont que des obstacles...Par peur, enfin, parce que tous les hommes qui nous entourent ont une bête tapie dans leur coeur, et des crocs, et des griffes, pour nous lacérer la gorge.

Alexis s'interrompit, grimaçant.

- Oui, l'ami. La guerre est ce qui façonne les guerriers. Et c'est la peur, qui fait de nous des monstres ivres de force et de victoire. La peur est celle qui tire toutes nos ficelles, et nous fait cheminer petit à petit, vers le gouffre sans fin de la sauvagerie, dans laquelle nous nous jetons allègrement. Pourquoi ? Parce que c'est si plaisant de laisser derrière soit les émotions, et le doute, nos carcasses humaines pétries par l'effroi...C'est si plaisant d'être un monstre, Këda. Si rassurant. On s'oublie; on s'abandonne. Et c'est tant mieux; car aucun homme ne s'est jamais senti aussi fort que lorsqu'il est glorieusement assis sur son trône d'ossements. Car là haut, il est le roi d'un monde barbare, le seigneur du sang et des cris, le maître du charnier, qui a depuis des années jeté aux oubliettes, le fardeau des mortels et la croix du genre humain, que sont les émotions.

Les monstres n'ont pas peur. Jamais. Ils ont juste faim. Si faim.
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MessageSujet: Re: Quand on préférerait mourir | Alexis   Quand on préférerait mourir | Alexis I_icon_minitimeVen 20 Sep 2013 - 9:12

Il revient finalement à ses côtés, l'aidant dans la tâche qu'il a entrepris. Il n'en revient toujours pas qu'un simple humain, un mortel, une proie, puisse autant le fasciner. Quelqu'un qui, disons le, il n'aurait eu aucun scrupule à tuer, se rend intéressant à ses yeux, involontairement, et sauve sa peau, en quelques sortes. Et c'est alors qu'il lui liste les actions qu'il lui reste à faire. Bon, il cherche quelqu'un. Et ensuite ? Une idée lui a traversé. Mais il ne veut pas y penser, parce qu'il est sûr qu'au fond, elle émane d'Elle.

- Je ne crois pas que vous vouliez connaître la nature exacte de mon erreur, mais disons qu'elle est du genre à ne pas vous laisser la vie.

Il pense à Elle bien sûr. Mais comment, pourquoi le lui dire ? Ce serait risqué, et inutile. En plus, tant qu'il n'est pas au bord de la crise, il n'a rien à lui avouer. Et même là, il n'est pas sûr que l'autre s'y intéresse réellement. Parce qu'il est tellement... sûr de lui.Et arrogant. Mais, ne l'est-il pas lui même ? Enfin, plutôt Elle. Parce que lui n'a cure d'être fort, d'être grand ou d'être mort. Tout ce qui compte, là, de suite, c'est de sortir de là. D'abord parce qu'il n'a pas envie de croupir ici, ensuite parce qu'il n'a pas envie de se battre plus que de raison. Et de finir le combat lorsque l'un des deux ne bougera plus.

Même s'il est vrai qu'il est tentant de se mesurer une nouvelle fois à Alexis avec son meilleur atout, dans un combat à mort, dans un combat où les conséquences n'importent pas, dans un combat où l'on pouvait frapper sans retenir ses coups. Et évaluer sa force. Evaluer sa défense. Evaluer son art. Oui, le combat est un art. Pas un simple massacre, comme Elle semble le croire. Comme Elle semble le concevoir. « Alors tu veux le garder intact seulement parce qu'il te rend curieux ? Seulement parce qu'il t'intéresse dans son discours et dans ses gestes ? Seulement parce que tu as l'impression de te retrouver dans quelques uns de ses traits ? » Sinon pourquoi ?

Se retenir pour le plaisir de souffrir, ce n'est pas tellement ce qu'il apprécie. Et comme il ne conçoit pas non plus la vie comme une succession de douleur permanente, ou de plaisir permanent, il évite de frustrer ses besoins lorsqu'il a la possibilité de les satisfaire. Dans la grotte, sans lumière aucune, et sans secours, il a clairement la possibilité de la libérer, si jamais Elle force trop. Mais pour le moment, il se retient, il la bride, la contient. Non pas que ce soit facile. Plutôt qu'il a envie de... de garder l'autre en vie.

- Je ne connais rien à la guerre. Mais je pourrais t'en dire autant sur la solitude et la fuite. Sur l'imminence de la mort et sur ce terrible instinct de survie. Oui, je crois qu'il y a nombre de similitudes.

Il s'arrête un instant, réfléchissant aux dernière paroles qui ont été dites. La guerre façonne les monstres. Et la peur. Oh, la peur. Sa compagne de tout les jours, celle qui le file mieux que quiconque, et qui s'insinue en lui à chaque respirations, qui fait corps avec lui. Se mêle à son esprit lorsqu'Elle arrive. Lorsqu'il la sent. Et qu'il est impuissant. Une impuissance si rageante, si terrible, qu'elle décuple ses forces, qu'Elle puise dedans. Elle instaure la terreur et s'en sert terriblement bien. Il fait alors tomber une pierre un peu plus grosse, un peu plus lourde que les autres. Le son sourd de la chute résonne sur les parois rocheuses qui les entourent, ce qui le ramène un peu plus au dialogue.

- C'est jouissif. Tellement bon. L'adrénaline, la force, et l'absence de conscience. L'absence de conséquences. L'absence de peur. Et la satisfactions de nos besoins. Assouvir notre soif, notre faim. Se sentir chasseur. Sans se rendre compte que nous sommes nous même proie. Se sentir libre en étant l'esclave de nos propres pulsions, de notre propre corps. Oui, je le sais. C'est certainement la meilleur expérience que j'ai put faire dans toute ma vie. Et que je ferais dans les siècles à venir.

Il baisse la voix, son ton devient plus sourd, plus grave, plus rauque. Un sourire se dessine sur ses lèvres.

- L'appel du sang... de la mort... et du désir. Affirmer sa supériorité, oui. N'être plus seulement faible, mais fort. N'être plus un survivant, mais un vivant. Etre invincible. Indestructible. Intouchable. Si puissant qu'on en est dévoré de l'intérieur. Si fort qu'on ne sent plus ses membres. Si chatoyant qu'on en devient aveugle. Le sang exerce une telle fascination, Alexis ! Il est... tellement plus beau que l'or, tellement plus enivrant que l'alcool, tellement plus attirant qu'un femme... C'est lui, lui qui nous fait si peur. Lui qui nous pousse à le découvrir chaque fois. Lui qui nous supplie de le libérer...

Le goût du sang, sur ses lèvres, coulant le long de sa langue, chatouillant ses dents. La chaleur. La vie. Et cette sensation si agréable d'être enfin rassasié ! Jusqu'à ce qu'il soit passé, jusqu'à ce qu'une autre gorgée soit nécessaire, jusqu'à ce que son corps réclame une nouvelle dose. Une véritable drogue. Qui lui fait perdre la tête.
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