Oësgard-la-Citadelle : l'appel aux armes !

Peu avant l'aube, les hérauts d'Oësgard sont sortis du castel où siégeait le Patriarche, Imbert le Vieux, régent du royaume et oncle de Goar.

Terre de guerres et de conflits, autrefois la marche la plus septentrionale de l'ancien royaume de Diantra, la Sgarde pouvait lever jusqu'à dix milles hommes lorsque ses seigneurs faisaient appel au ban et à l'arrière-ban.

Imbert, dict le Vieux, s'impatientait. La pluie battait contre les fenêtres dans un fracas qui l'empêchait de déguster en paix son repas. Un fin et doux gibier qu'on avait fait rôtir dans l'âtre. On se gaussait bien qu'il traînait de la guibolle, se tenant souvent sur une canne pour aller et venir, mais le vieux avait garder une forte dentition qui lui permettait de continuer à croquer dans la chair d'un habile sanglier débusqué le matin.

- " Par la Maledieu, quand cela va t-il cesser ?"

Le domestique pris au dépourvu resta un moment à se demander s'il recevrait quelques sanctions s'il répondait ou pis davantage s'il s'en abstenait. La prudence, non moins que l'habitude, le fit attraper la cruche de vin pour en verser dans le hanap du primat. Si l'adage se targuer de dire lorsque le vin entre, le secret sort, il aurait valu en créer un pour dire que les questions se taisent. Le hasard sauvant le maigre domestique de prendre cas de la réussite de son petit stratagème, les portes s'ouvrir en un grincement sifflotant.

- " Mon oncle, j'estois eut vent qu'il aurait malivolence en mes terres du sud. Si cela estoit faict, qu'on y pourvoie tout mes chevaliers pour rosser ces vilains qui nous attaquent ! J'irais à leur teste. On m'a faict une forte belle pièce d'armure ! "

Le jeune roy de Sgarde, la dizaine atteint, se trémoussait dans une forte pièce métallique. Un habile travail de forgerons, laissant se dessiner par ce manque total de talent des ornements absolument aucune gravure. Les traits grossiers et la rudesse d'un acier forgé ayant toujours plu à ce goût rustique du sgardien. La coutume prêtait à un ancien Roy d'avoir fait pendre tout les tisserands de la capitale, déclamant à son conseil. "Ainsi il n'estoit plus homme de robes !". La chose aurait fait grande peur qu'on trouvait peu de courtisan se risquant à se parer de pourpoint et autres coquetteries méridionales.

- " Votre Majesté, voilà chose qui saura faire frémir nos ennemis, qu'il sache donc à quel sang ils ont à faire icelieu. Mais point de tourments en ces affaires, nos osts sont fort et robustes, vostre personne saura point quitter Oësgard en délaissant la ville de vostre protection. "

Le Primat délaissant son repas de mauvaise volonté, pris le pas de s'accorder à nouveau ces flatteries à son petit neveu. L'enfant avait certes un tempérament des plus prometteur, non point quelques enfants douillet mais un rude gaillard toujours prêt à ferrailler. C'était d'ailleurs peut être un peu trop au goût du vieillard, la nature trop belliqueuse de l'oncle avait sonné le glas des invasions en Sgarde et la perte d'Alonna. Le Primat-Régent se faisait promesse de mesurer celle du jeune roy, qu'on ne le prenne point à faire également que trop de témérité en son règne.

L'enfant prenant un air boudeur, finit par lâcher un rire se pavoisant d'un large sourire. Attrapant son épée il finit par sortir en lançant des coups dans le vent, singeant de trancher quelques adversaires à coup d'estoc. Son comportement intriguait toujours le vieux Imbert, se demandant si l'enfant suivait ses recommandations sans réel raison, où si malgré son jeune âge il prenait conscience de ces affaires. Cette question restait bien au cœur du vieillard. Ces préoccupations cependant était autre, il avait été avisé de la trahison de Nulhadon qui aurait rendu les clés. Cette trahison saurait bien être payé par le sang, rendre ces terres aux anciens partisans des Ithériens avaient été une bien grave erreur. Le Primat jura en ses dents " Ils seront tous décapités jusqu'aux derniers, ou je ne suis point de Sgarde. " Passant dans son cabine,t il fit rédiger quelques actes à faire présenter au conseil avant de l'annoncer.

Citation :

Par la présente, Nous, Imbert VII, au nom du très glorieux Roy Geoffroy Ier, nommé par la volonté de Feu Goar Ier, Régent de Sgarde. Aux pairs du royaume, aux vassaux, officiers, et à tout qui la présente liront ou se feront lire, Salut.

Le lien qui unit le père à son fils est aussi fort qu'on le retrouve autant dans sa substance que dans sa puissance entre un vassal et son suzerain. Peine fut de constater que Nuhaldon malgré notre bon coeur de rendre ces terres aux héritiers à qui de droit de feu Ithier, nous ont trahit en cédant la ville aux vils envahisseurs à la botte du Félon de Clairssac.

Ainsi, il nous faut ce jour, faire commisse de ce fief et le retirer aux ayant droit pour leur vils félonie et trahison. Qu'il soit su qu'en ce jour qu'Aldebert, seigneur de Nuhaldon est déchu de son titre et avec lui tout ses vassaux, gens et familles sont considérés comme ennemis de la Sgarde, qu'en droit de cela, quiconque peut les occire à vue sans avoir à y répondre à la justice.

Par la mesme faissons savoir à tous nos vassaux, gens d'armes liés au Roy et au Royaume par serment, ainsi qu'a tout homme de Sgarde ayant terres et droits en ledit royaume, que toute personne se rendant à l'envahisseur sera par la mesme tenu comme traite ou félon, et qu'ainsi il pourra être occis par quiconque s'en fera le porteur, sans risquer d'encourir poursuite en justice.

Ne pouvant considérer l'un de nos fiefs sans suzerain, et bien que détenu par l'ennemie, nous faissons savoir ce jour que nous nommons Flourens, dit le Bastre, Chevalier de Sgarde, comme seigneur de Nuhaldon, qu'en ce droit il peut en disposer dès qu'hommage sera rendu pour son titre, et que ses propres enfants pourront par la mesme hériter et jouir de ce titre.

Faict et donné à Oësgard, le XXVI de Favrïus, et pour que soit su comme valable pareil acte, nous scellons au nom du Roy Geoffroy Ier, l'acte du sceau royal.

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