Le choix

5e jour de la 9e ennéade de Karfias. 10e année du XIe cycle.

" L'hiver laisse place au printemps, et pourtant, des jours plus sombres s'annoncent encore. Sans doute avez-vous déjà eu vent de la menace du Nord. Alors, je ne vous bercerais pas de faux espoirs ou de promesses rassurantes pour étouffer vos craintes justifiées. Néris s'est tourné vers Ancenis. Et la seule certitude que j'ai aujourd'hui, c'est que nos suzerains ont rompu les liens. Or, s'ils nous laissent à notre sort, je les laisserai au leur. Nul Homme de Néris ne donnera sa vie pour ceux qui ne répondent plus.

Mon épouse, Eïlyn de Néris, et moi-même avons respecté le pacte d'Abriel, lorsqu'il eut signé l’allégeance de Néris. Il l'avait jugé juste, et je respecte sa décision. Toutefois, je ne peux maintenir ses engagements, qui lui appartenaient alors. Aujourd'hui, mon devoir est de faire preuve de clairvoyance. Je défendrais vos vies, et j'agirai avec justesse pour ce qui me semble Juste. Que Nimmio de Velteroc et Blanche de Hauval assument leur choix. J'assumerai le mien.

La Châtellenie est menacée. Alors, si vous craignez pour vos vies, sachez que les prêtres de Néera proposent de vous accueillir à Edelys. Nul ne vous retiendra, que vous partiez ou restiez, ce choix est désormais votre. Je ferais le nécessaire pour accompagner tous ceux désireux de faire le voyage le plus sereinement possible.

Mais Néris est notre maison. J'y resterais, avec tous les courageux déterminés à la protéger, envers et contre tout."


Faraj relus le texte qu'il venait d'écrire. Il voulait être clair et honnête envers la population. Peut-être modifierait-il quelques mots le moment venu, également prêt à répondre à toute interpellation de la foule. Il réciterait le discours ce soir, accompagné par sa femme et ses enfants, devant la place publique.
Il inspira en s’enfonçant dans son siège, et leva les yeux sur le portrait de l'ancien Seigneur.

- Abriel... chuchota-t-il dans sa barbe. Où avais-tu la tête.