In vino veritas | Vals

Des codes et des symboles choisis arbitrairement pour représenter les énergies traversant les corps humanoïdes, de grossiers schémas de la silhouette de ta dernière victime, plusieurs traits soulignant les grandes différences notées entre son fonctionnement et celui des esclaves humains ou sang-mêlé à qui tu as pu infliger traitements similaires. Des détails, des détails, toujours d’extrêmement minimes détails, mais des détails qui voulaient tout dire dans une science aussi précise que celle que tu pratiques. Voilà de précieuses informations que tu aurais perdu si Krish s’était laissé aller à lui trancher la gorge sans sommation.

- Après avoir jeté un œil à mes notes, je te promets que la prochaine fois, tu me supplieras d’y aller encore plus lentement. Tu te tournes vers elle, un sourire malicieux au visage Un mort est un mort, autant tirer plus qu’une passagère satisfaction de son exécution.

Les yeux revenant sur tes manuscrits, tu te rapproches à nouveau de Krish, t’installes de manière à lui offrir une vue sur tes pages. Des lignes et des lignes de traité sur les circuits énergétiques du corps, de nombreux parallèles avec les lignes de force dessinées par la trame, des hypothèses dont certaines sont aussi évidents que d’autres semblent insensées, le genre de choses que tu pouvais te permettre de partager… contrairement à celles des dernières pages.
C’est sur l’une des dernières pages pourtant que tu rouvrais le grimoire après avoir soulevé ta plume, pour noter ce que t’avait invité à marquer Krish. La Doth’Ka, la Flamme Noire, le cadavre du Grand-Prêtre, le Palais des Baenfere, les protections magiques qui l’entouraient. Sur cette double page se recoupaient autant de schémas d’obscures flammèches que de notes quant à la manière de les disséquer, à leur possible signification, à des qualificatifs qui ne faisaient de sens qu’à ta perception du monde, mais dont le nom à qui ils s’appliquaient serait tout sauf étranger à la Maîtresse des Forges.

- À moins que je ne sois totalement à côté de la plaque, Haldren a quelque chose à voir avec tout ça. Il semblerait que je me sois trouvé sur le chemin de l’un de ses cavaliers… Tu soupires Le souci c’est que je n’ai pas beaucoup de pions à sacrifier. Je ne pensais pas que ces chiens m’auraient suivi jusque dans les quartiers Doeben.

Tu es le Fou aux déplacements imprévisibles, et tu sais pouvoir compter sur ton Roi pour à terme non seulement détourner l’attention, mais aussi pour se faire protecteur lorsqu’il le fallait. Mais Ran’Lyn… tu ne pouvais pas juste compter sur Ran’Lyn. Une Reine à la main ne pourrait pas faire de mal à ton jeu.

- À moins que tu n’aies toi aussi une raison d’être poursuivie ? ne venait-elle pas de dire avoir des contentieux à régler ? Suis un peu, Valsrik Alors ces litiges ? Une affaire plus grave que nos complots Eldéens actuels ?  

- On ne me poursuit plus. Depuis c'est plutôt un passe-temps. " Krish soupira en reposant le message à moitié déchiffré sur la table basse et se leva pour aller chercher son couteau dans le couloir en faisant bien attention de ne pas marcher dans la flaque à l'odeur caractéristique qui lui avait mis la puce à l'oreille.

Elle claqua la porte derrière elle en revenant dans la pièce, essuyant sa lame sur les vêtements dont elle s'était débarrassés avant de la glisser à sa ceinture au côté du couteau de la Doth'Ka.

- La Doth'Ka m'a collée au cul pendant près de trois siècles. C'était bien avant ta naissance." elle adresse un sourire amusé au mage et revint vers lui. " Elle m'a fait cadeau d'un certain nombre de belles cicatrices. Je lui rends la pareille en l’amputant de quelques membres quand j'en ai l'occasion sans trop me faire remarquer. Désolé, mais c'est toi et toi seul l'épicentre de tout ça. "

Une main sur le torse de Vlasrik, sans se préoccupé de son livre le moins du monde, elle le poussa jusqu'à ce qu'il soit assit sur la banquette pour grimper à califourchon sur ses genoux. Mais contre tout attente, elle s'arrêta pour brandir une petite clef d'argent juste sous le nez du jeune homme.

- Si tu as besoin d'un repère le temps que ça se tasse, demande une chambre au manoir Al'Serat. Le service d'ordre est bien foutu, la Doth'Ka ne s'en approche pas et je connais la gérante. " Sans attendre de réaction, elle s'empara de la main blanchâtre du mage et glissa la clef entre ses doigts. " D'ici l'ennéade prochaine, tu pourras passer aux Forges de Lave si tu en as envie, on devrait te trouver un petit coin sympathique pour tes expériences sur le métal. Après t'avoir vu traqué et seul, j'ai hâte de voir ce que tu vaut avec un minimum de marge de manœuvre. "

Dans la puanteur des restes de leur pauvre victime, sa poitrine dénudée enfin pressée contre son torse, elle embrassa Valsrik avec ferveur. Elle dégrafa sa capeline, la laissant glisser au sol, puis recula d'un bond félin.

- Mais nous ne devrions pas nous attarder ici. Tu peux peux garder la cape, ce sera toujours mieux que rien. Avec ce qui vient de se passer, il faut que je prépare ma prochaine rencontre avec Haldren. Nous pourrions refaire un point demain soir, qu'en dis-tu ? Dans un cadre plus calme, peut-être ? " ajouta-t-elle de son regard brûlant.