[Ellipse An XIII] Discordances II [Katalina]

Si l’on sait quels improbables chemins ils parcourent, quels détours tortueux ils empruntent pour se perdre l’un comme l’autre, est-il encore vraiment surprenant qu’ils choisissent un tel lieu pour se retrouver ?
Bon, introduit de la sorte, on peut être tenté de retirer à l’instant son habit d’improbable, mais interrompez votre geste, les jeunes, et rendez vous compte ! A l’exclusion de la courte apparition, un instant fugitif, qu’elle fit au mariage d’Astéride d’Erac et de Ciaran de Valis, il faut se projeter dans un temps où, dans le ciel ne se dressait, menaçante, aucune lune permanente, habité par des visages éteints, des ombres et des souvenirs, pour saisir l’instant d’une rencontre. A l’époque, un Bélier s’unissait à un Rossignol. C’était il y a plus de dix ans… à peine, et pourtant cela parait comme une éternité, et c’est en un lieu où ils ne se figuraient certainement pas se trouver qu’ils se croisent à nouveau.

C’est l’histoire d’une curiosité qui donne naissance à une autre…

Le Ciel paraît courber l’espace et le temps, réduisant les distances tant et si bien qu’aucun endroit ne semble plus inaccessible à celui qui l’emprunte, une ennéade devient un jour et les obstacles qui se dressent sur la terre, des forêts impénétrables aux immenses barrières montagneuses contraignant aux détours s’effacent et s’inclinent devant l’être porté par les Vents.
Ce jour-là, c’est une île lointaine qui intrigue le dragonnier, l’endroit le plus éloigné de ses origines, davantage même que les contrées arides où s’étendaient autrefois l’empire nisétien. Holimion, l’Île Voilée et, pour ce qu’il en savait, le siège du Culte de Tari en Anaëh. La veille encore, il examinait des cartes, relevant ce qui pourrait leur servir de repères.

Vers l’est jusqu’au Lac Uraal, en longer les rivages jusqu’à un corridor qui débouche sur l’Océan Nordique, et poursuivre le long des côtes, vers le nord. C’est encore le plus simple.
Et la pointe de terres qui précédent l’île, fournissait un repère de choix pour ne pas la manquer : si, en peu de temps, ils devaient brusquement virer à deux reprises à gauche pour suivre la côte, c’est qu’ils seraient trop loin. Il se nota d’autres repères, poursuivre le long de la côte, au nord, laisser passer l’embouchure d’un fleuve et remonter le second pour parvenir à la Quatrième Saison. Voilà qui constituerait son itinéraire de retour.

Le lendemain, alors que le jour se levait à peine, les deux compères - et Monarth abrité - s’envolèrent de la Cité Blanche avec le minimum jugeant inutile de s’encombrer pour un telle voyage, suivant l’itinéraire qu’ils s’étaient fixé, non sans se lancer dans certaines acrobaties, se distrayant et troublant la quiétude de certaines créatures à leur passage, se mêlant temporairement aux vols d’oiseaux. Si il leur aurait été possible, en poussant un peu plus, de l’atteindre à la fin du première jour, ils n’en éprouvaient ni le besoin, ni l’envie, et firent halte sur la côte, un peu au nord d’Eryndolen pour permettre au dragon d’aller chasser, et pour le dragonnier de se dégourdir les jambes. Le seul à n’en profiter qu’une fois un feu allumé, c’était le dräke qui ne semblait pas supporter les températures de cette région, et si il ne faisait aucun doute qu’autrefois, Drystan aurait partagé son inconfort, le froid n’était depuis longtemps plus un problème pour lui.
Au matin, ils repartent sans tarder pour parvenir au plus tôt à destination.

Parvenus aux abords de l’île, après que les brumes matinales se soient dissipées, ils commencent par la survoler, repérant les structures, le dragonnier prenant soin de noter dans son esprit l’organisation des “bâtiments”. L’ensemble semble s’organiser autour d’un immense et magnifique lac au bord duquel repose le fameux sanctuaire.
Ils ne s’attardent pas dans leur survol, conscient du caractère hautement sacré du lieu, il vaut mieux autant que possible en témoigner le respect dû.

Un bateau fait la navette entre le continent et l’île, il doit y avoir un quai quelque part… De là, je continuerai à pied.

Ils ne mettent pas longtemps à le trouver, mais quelques mouvements au sol suggèrent que leur présence n’a pas échappé aux locaux, et lorsque finalement, ils se posent sur le quai de bois, c’est sans se presser qu’il récupère la sacoche à bandoulière dans laquelle s’engouffre le dräke en attendant de se trouver dans un endroit plus clément. Ils attendent. Pas bien longtemps, mais ils attendent, convaincu qu’on venait les accueillir, d’une manière ou d’une autre.
Cela ne manque pas, et c’est un elfe en tenue de prêtre sur le visage duquel se peigne intrigue et méfiance, à l’égard de l’étranger dont les traits trahissent un sang mêlé, à l’égard du dragon qui reste à proximité. L’attitude de Drystan ne suggérant aucune menace, c’est sur Pradias qu’il s’attarde, ce qui ne lui échappe pas. Les deux compères échangent un regard et le dragon décolle tranquillement et s’éloigne.
Bien que courtois, et au-delà de la méfiance qu’il garde à l’égard d’un sang-mêlé, c’est sous le signe du reproche que s’échangent les usages. Ça n’est pas  là la manière dont les choses se font, et c’est une terre sacrée qu’il foule… Toutefois, il le guide à travers des escaliers taillés dans les reliefs déchiquetés, il le conduit jusqu’au Sanctuaire où ils pourront l’avoir à l’oeil.

Emboîtant le pas de son guide, il se laisse aller à la contemplation des lieux… Anciens, sans âge… Comme de nombreux lieux en Anaëh, c’est ce sentiment qui domine et dont il n’arrive pas à se défaire, dans lequel il baigne et qui n’a de cesse de l’émerveiller. Ils pénètrent le sanctuaire, son regard croisant celui de résidents enclins à la même réserve à son sujet. Il ne s’en étonne pas, la Cité Blanche apprit à se faire à sa présence, mais il se trouvait dans un lieu qui n’avait peut-être même jamais vu de sang-mêlé, et encore moins d’humain.
Son guide le laisse dans une salle de prière où quelques dévots ou résidents œuvrent dans le calme et le silence.

“Pries en silence, ne trouble pas davantage ce lieu. Si ils désirent te rencontrer, nous viendrons te chercher.”

Il se retira, sans toutefois préciser ce “ils”, bien que Drystan suppose qu’il est question de figures d’autorités ou de sages, gardiens de ce sanctuaire. Il s’exécute néanmoins, conscient des regards qu’il attire, et procède selon la manière des elfes qu’il a apprise. Il fait le vide, se met en phase avec le lieu, l’instant, s’interrogeant sur le regard que cette déesse pouvait porter à l’être qu’il avait choisi de devenir. Les pentiens humains attribuaient à Néera et Tyra une punition infligée aux dragons, un courroux brutal envers eux et les fidèles du culte draconique… Pourtant, c’est vers la Gardienne de Néera que se tourna le Blanc, et cette dernière qui lui confia le précieux oeuf.
Et chez les elfes… Il n’existait pas de récit comparable, ce qui n’excluait rien, en vérité.

Du temps s’écoule, et la réflexion cède sa place aux recueillements.

Son esprit dérive, s’accordant au lieu, il joue le jeu, se permet de se souvenir, de rappeler dans le présent la mémoire des disparus qui lui étaient précieux. Il ne doit plus regretter, mais ne doit pas oublier… La souffrance qu’il ressent à les ramener, il ne la rejette pas, elle est la preuve de leur passage et de l’importance qu’ils eurent, aussi lui réserve-t-il un accueil, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. Alors qu’il repense à sa compagne, ses doigts viennent inconsciemment effleurer l’anneau d’argent, symbole de leur union. Spontanément, il se met à murmurer.

- Ce que tu peux me manquer… Je sais bien que tu préférerais que je tourne la page, mais n’ai-je pas toujours déçu tes attentes à ce sujet ? Combien de fois as-tu tenté de me convaincre de te laisser partir, pour le mieux, disais-tu ? Même si ce ne sont qu’à travers des souvenirs, je veux te garder auprès de moi, aussi longtemps que nous nous le sommes jurés. Il soupira doucement, continuant de sourire. Mais je vais continuer, ne t’en fais pas, et lorsque nous nous retrouverons enfin, je partagerais avec toi les ciels que j’aurais parcouru, les existences que j’aurais croisé, les aventures que j’aurais vécu… Puisque tu es partie, je vais probablement en vivre pour nous deux, n’est-ce pas ? Alors s’il te plaît, sois patiente, je suis sûr que tu peux comprendre que je ne suis plus aussi pressé de te rejoindre… Je dois vivre, pour lui, pour nous.

Il poursuit dans le silence, d’abord indifférent aux mouvements autour de lui. Jusqu’à ce qu’une curieuse sensation l’agite… Ou en l’occurrence, c’est le dräke, toujours soigneusement dissimulé qui lui transmet une perception qui le trouble, de celle qui ne trouve aucun mot et demeure presque indéchiffrable. Il revient au présent, laissant les fantômes derrière lui pour comprendre. Son regard s’arrête soudainement sur sa nouvelle “voisine”, et tout d’abord, il ne comprend pas, il ne croit pas ce que lui disent ses sens.
Il la connaît, mais sa présence ici, si distant d’un lieu et d’une époque où il lui serait apparu naturel de la croiser, ça n’a d’abord aucun sens, si bien qu’il se défie de sa propre mémoire. Il se souvient, oui, que la noble et puissante marchande était devenue, pour quelques raisons, la Gardienne de la Voilée, mais c’était il y a plus d’une dizaine d’année et dans les contrées humaines. Alors il s’attarde, et chaque instant apporte ses détails à un regard qui se veut inquisiteur, et quoique dix ans d’une existence singulière l’ait changé, il ne lui est pas permit de douter de l’identité de sa voisine.
Il se lève, s’éloignant d’abord de quelques pas, aussi bien pour maîtriser son trouble que pour l’observer avec un peu plus de recul, son regard s’égarant sur l’elfe qui l’avait manifestement amené et qui semble attendre quelque chose, mais quoi ? Il écarte cette énigme insignifiante et en revient à la Noblegriffon présumée. Après un nouveau coup d’oeil à l’elfe, il se décide à agir et s’approche pour se placer devant de sa voisine, s’accroupissant pour lui faire face. Il se souvient de leur dernière rencontre, un moment délicat qui avait commencé par une phrase qui l’avait marqué.
Un sourire plus affirmé et un ton légèrement amusé, il se permet alors de lui rendre la pareille, indifférent à ce qu’il pourrait provoquer chez les elfes présents dans la pièce.

- Vous devriez être morte, Katalina.

Qu’est-ce qu’ils peuvent bien manigancer, ces elfes ? Oh, il n’a pas entendu un traître mot de leurs échanges, mais du coin de l’oeil, il saisit les gestes qui trahissent tant l’agitation que la tension. Alors quoi ? Il doute d’être le véritable objet de cette conversation… Ils ne sont pas offensés, ça n’est pas sa petite mise en bouche amusée qui les dérange sans quoi ils seraient certainement déjà sur lui, à l’accuser d’un sacrilège qu’il aurait commis. Il s’attarde dans un examen discret des deux elfes, mais renonce presque immédiatement en supposant ne rien trouver de cette façon - mais si l’envie lui vient, il sait comment il peut s’y prendre… Non, clairement, ces deux elfes sont le cadet des sujets d’intérêts qui s’impose à lui.

Karalina lui paraît dans le vague, elle semble présente sans l’être, l’esprit vagabondant, non dans l’espace mais dans le temps. Elle se souvient… Soit, mais de qui ?  Tant ont rejoint le Royaume-d’en-dessous-les-flots, tant appartiennent à la Voilée. Néanmoins, sans perdre son sourire et sa légèreté, il se saisit de l’audace de contredire une Gardienne.

“J’ai pourtant manifestement tort.” Mais il ne s’attarde pas, c’est une plaisanterie et il doute que la Noblegriffon, dans son état, y soit même sensible. “J’ai le sentiment que tu t’es perdue, et je ne dis pas parce que nous sommes sur cette île. Es-tu seulement présente, Katalina ?” Il semble cette fois songeur, soucieux en observant la femme à la fois familière et étrangère. Mais lui-même ne sait pas comment il doit l’approcher. Il se creuse la tête, tente d’arracher à sa mémoire quelques idées de leur précédente rencontre. Vous devriez être morte, lui avait-elle dit, elle en avait l’intuition et ne l’avait approché que pour comprendre le sens de cette dernière… Il ne s’était alors pas montré particulièrement courtois, si son souvenir était juste.
Alors il décide… Elle se souvient ? Il ignorait de qui, de quoi, mais elle s’y intéresse. Une nouvelle intuition ?

“De qui te souviens-tu ? Qui qu’il soit, pourquoi devrait-il l’avoir rejoint ?” C’est qu’il ignorait la nature de ces souvenirs, aussi l’assurance qu’elle affiche dans sa conclusion l’interpelle.

Il est étrange de l’observer et de l’écouter. Elle paraît folle, mais il comprend que ça n’est pas tout à fait le cas… Pas tout à fait. Elle n’est pas toujours présente, ici et maintenant, elle divague et tantôt s’adresse à lui, puis semble s’adresser à un autre, à des fantômes. Elle ne l’avait pas sauvé, à sa connaissance, encore moins aimé. A qui peut-elle s’adresser ? La chose est frustrante mais il l’accepte. Il le doit.
Il a le sentiment qu’il peut l’aider, et justement parce qu’il le pense, ça aussi, il le doit. Parce qu’elle appartient à son passé, même d’une bien maigre façon… Parce qu’elle lui était fidèle, parce qu’elle était appréciée de lui.  

“C’est mon nom, en effet.” Se contente t-il de répondre quand elle le retrouve. Il y a renoncé, mais c’est sans importance parce qu’elle est égarée, pour une raison qui le dépasse.
Puis elle se souvient, c’est en tout cas ce qu’il y voit, avant de s’égarer de nouveau, de douter même de qui elle est, mais il y a plus… Elle s’accroche à ce qu’elle vient de saisir, elle accélère comme si cela pouvait lui échapper dans un souffle, alors il poursuit, il décide de lui donner plus qu’elle ne demande, il emploie sa mémoire et fait l’effort.

“Tu es Katalina, oui, Katalina Noblegriffon, fille de Noah. C’est en tout cas à ce seul nom que tu répondais la dernière fois que nos chemins se sont croisés.” Commence t-il par répondre, avant de donner plus de détails. “Nous étions en Odélian, et tu m’as abordé avec ces mots, m’expliquant, si j’ai bonne mémoire, que je m’étais rendu sur le seuil de son Domaine mais que j’en avais été ramené par la volonté d’une femme, par une magie inconnue de toi. Et si mes souvenirs sont juste, tu as suggéré que son acte changerait le cours de ma vie… Mais je doute que tu ais entrevu à quel point, n’est-ce pas ?” Il acheva ces mots sur le ton de l’amusement. A l’époque, il n’était devenu que chevalier et baron, toutefois, sa situation actuelle découle tout autant de sa rencontre avec Roxane… Il était mort ce jour là, à Diantra, effectivement, et elle lui avait fait le don d’une seconde vie.

“Que t’est-il arrivé pour que tu sois dans un tel état..?”

Son regard glisse sur les deux elfes qui semblaient plus tôt au bord d'une dispute et s'interroge quant à leurs parts de responsabilités.

Une nouvelle fois, il lui faut faire l’effort de saisir ce qui se passe, ce qui se dit, de faire la part entre ce qu’elle lui adresse et ce qui tient d’un égarement de sa part. Il lui suffit cette fois de l’observer, et à l’évocation de son père, son expression se perd dans le vague, un nom, une question qui manifestement ne lui est pas destiné, et la voilà qui paraît revenir à elle.
Il ne comprend toujours pas, il ne parvient pas à deviner ce qu’elle voit, ce dont elle se souvient, de qui.

Mais la voilà qui semble retrouver de la lucidité, de la consistance, offrant une réponse à sa dernière question ? Les Cinq sont arrivés… C’est ce qui l’aurait mis dans cet état ? Dans son souvenir, Jena et Callista ne lui semblèrent jamais dans un tel état, mais elles n’avaient certainement pas traversé les mêmes épreuves au fil des ans. Une réaction lui traverse l’esprit, mais il se garde du moindre mot, se méfiant de celle qui se cache au-delà de ce visage familier. De la Brume Luminescente, il garde à la fois le respect et la crainte de ce que ces dieux peuvent infliger à leurs “enfants”, il en perdit la foi aveugle qu’il pouvait témoigner, s’en détournant pour leur préférer les valeurs et les principes qu’ils véhiculent. Contempler l’attention qu’ils portent à l’une des Voix ravive cette conviction autant qu’elle l’invite au silence.

“Si il peut servir à quelqu’un, un plaisir.” Elle semble bien vivre la certitude que ça n’est là qu’un salut temporaire, alors il n’y attache pas de regret dérisoire : il est vain de penser qu’on peut durablement se jouer des dieux… sauf à s’appeler Nakor, évidemment. “Je transmettrai les remerciements à mes compagnons, c’est d’eux que me vient l’idée.” Il s’était contenté de l’évoquer, et d’y apporter davantage pour la consolider… Les noms sont moins puissants que les souvenirs en eux-même, mais ils révèlent et réveillent nécessairement quelque chose… Bon, en étant honnête, il n’espérait pas un succès, mais le trouble l’avait conforté et encouragé dans cette voie.
Il sourit lorsqu’elle employa curieusement sa nouvelle identité. “Le dernier hommage que je pouvais lui rendre…” pour toutes explications, même inutile. “Mais oui, j’ai bien changé, et encore, tu n’as rien vu.” C’était une boutade volontaire, la sachant aveugle, elle percevait certainement une partie des effets en ignorant l’aspect qu’il présente.  “De qui t’es-tu souvenue, un peu plus tôt ? Tu semblais t’adresser à d’autres.” Puisqu’elle était plus lucide, peut-être pouvait-il tirer un peu plus au clair les divagations qu’il avait écarté.

De la surprise lorsqu’elle évoque Roxane.

Il ignore, il ne devine pas mais s’interroge tout de même… Roxane… Tout au plus ne devait-elle être qu’un mirage dans la mémoire de la Gardienne, une figure parmi tant d’autres aperçu et aussi tôt oublié et même le mariage qu’elle présida se produisit après qu’elle soit devenue aveugle, pour ce qu’il en sait.

« Roxane ? » Il réfléchit encore en prononçant son nom. Mémoire… Elle est Mémoire. Alors quoi ? Comme les souvenirs des dragons qui résident dans sa mémoire, comme la Symphonie et les innombrables histoires qu’elle transporte dans ses « chants », selon ce qu’il en comprit, Katalina pouvait-elle être en mesure de puiser dans une mémoire qui n’était pas la sienne.
L’idée lui vient parce qu’elle est la seule parmi les nommés dont il doute qu’elle ait quelque importance aux yeux de la Gardienne, personnellement… D’une façon ou d’une autre, c’est en lui qu’elle a été la chercher, il en est convaincu… Comment ? Aucune idée et pas la peine d’y chercher un véritable sens… Les possibilités offertes par les dieux sont assurément hors de sa portée.

« Est-ce abuser que de te demander ce dont tu t’es souvenue, à son sujet ? » Non qu’il se soucie de ce que la Gardienne se souvient de son épouse, mais il veut comprendre, il veut vérifier… Il pourrait lui demander, mais le sait-elle elle-même ?