Tu as tout à y gagner [PV Eänwen]

La journée était d’une banalité lourde. Aussi lourde que la chaleur qui régnait à l’extérieur de mon palais. J’avais passé mon temps à rechercher un peu de fraîcheur que les éventails et l’eau n’arrivaient pas à installer durablement.

Je pensais partir fuir cette maudite chaleur dans les thermes lorsque Elsbeth était venue baragouiner que la jeune femme que j’attendais était arrivée. J’avais d’abord cru qu’elle parlait d’Aerianna qui avait séjourné chez moi très récemment, mais elle m’avait détrompé en précisant qu’il s’agissait d’une demoiselle Eänwen.

A ce moment-là j’avais souri et avait frappé dans mes mains. J’étais en personne apparu sur le parvis de l’entrée principale du palais, chose rare. C'est que je m’ennuyais ce jour-là et j’étais d’humeur à me montrer en prince exemplaire  –ce que j’étais d’ailleurs tout le temps-.

-Soit la bienvenue. Fis-je en ayant tout de même l’air d’expédier les formules de politesse.

Je l’avais ensuite faite mener à une pièce assez petite pour un palais comme le mien, et formel qui plus est. S’il était bien entendu décoré comme pouvait l’être tout le reste de ma demeure, ça n’était pas la pièce la plus fastueuse et je ne m’y rendais pas souvent. Pourtant aujourd’hui elle avait un avantage considérable, elle se trouvait dans une aile du palais où il faisait un peu moins chaud. Et puis cette fois-ci je n’avais pas envie de perdre du temps avec l’aubergiste.  Le soir même il y avait un évènement que je ne voulais pas manquer, peu importe si je devais expédier le reste pour cela.

Entrés dans la petite pièce, je pris un tout petit instant pour observer la femme à qui j’avais affaire, car après tout je ne l’avais encore jamais vue en personne… Puis je m’asseyai soudain sur mon bureau, mon sourire narquoi naturel sur le visage.

-Bon, n’y allons pas par quatre chemin, j’ai beaucoup à faire. Je regardai autour de moi dans l’espoir d’y voir un quelconque plateau d’alcool mais il n’y avait rien que diverses papiers rangés et organisés par les soins de ma servante sans aucun doute. Je n’aimais pas discuter ainsi, mes esclaves le savaient pourtant… Pourtant je continuai ce que je disais. J’ai quelques projets en tête. Et toi... Je la pointais du doigt dans un geste presque théâtral. Tu pourrais m’y aider.

Je me tût pour l'instant, savourant mon petit effet et attendant une réponse de sa part. Un ‘’comment ça ?! je ne suis qu’une roturière !’’ Ou quelque chose du genre aurait été parfait. Parce que j’avais beau ne pas avoir envie d’y passer des heures, autant rendre ça un minimum divertissant tout de même…

Spoiler:

Il y avait quelque chose d’agréable à voir se dérouler une scène qu’on avait plus ou moins déjà imaginée. Je lui offris un sourire plein de charme alors qu’elle réagissait exactement comme je le voulais. Je croisais mes jambes nonchalamment  et d’un geste je fis mine de balayer ses protestations.

-Moi je le sais, c’est tout ce qui compte. Riais-je doucement.

Je laissais passer une ou deux seconde avant de redevenir plus sérieux. Là j’aurais apprécié avoir un verre dans la main afin d’accentuer mon effet mais visiblement j’en était privé pour le moment… Je me mis à parler relativement vite. Je n’avais pas envie de m’éterniser. La chaleur de la journée me donnait envie d’absolument tout sauf de parler affaire…

Un instant j’envisageais même  de continuer cette discussion dans les thermes du palais. Pourquoi ne pas mêler l’utile à l’agréable comme on disait ? Bien vite j’abandonnai cette idée, cependant. Malheureusement la jeune femme en face de moi avait peu de chance d’apprécier une telle proposition. Elle en serait probablement vexée (même si à sa place j'en aurais été flatté). Où bien se ferait-elle des illusions et je n'en avait pas plus envie. Les gens du bas peuple n’avaient hélas pas les mêmes mœurs et j'avais besoin qu'elle accepte ma proposition.

-Enfin soyons sérieux. Je repris. Tu es une aubergiste. Qui dit aubergiste dit auberge. Tu n’ignores pas qui je suis bien sûr. Mon visage se froissa une demi-seconde en imaginant pareille idiotie. Non ça n’était pas envisageable. Je repris alors mon visage habituel. Vois-tu j’ai un ou deux idées qui impliquent des établissements où le débit de boisson est maître. Je plissais les yeux sans cesser de sourire.

Bien sûr je ne recherchais que la meilleure qualité cela allait de soi mais on faisait de l’or avec de la boue comme il se disait… 

Tient... D'un coup d'oeil dans la pièce je remarquait mon violon soigneusement posé dans un coin. Bon peut être mes esclaves n'étaient pas si stupides au final... C'est donc tout naturellement que je me levais le récupérer sans cesser de parler.

-Je t'épargne toute la théorie ennuyante -et surtout je ne voulais pas trop en dire pour le moment- mais il s'avère que ton chez toi pourrais m'être fort utile dans les jours à venir. Je retournais me poser sur mon perchoir. Tu y gagnerais sans doute plus que tu ne l'imagine en me rendant service.