Retour à Fernel

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Louise de Fernel
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Louise de Fernel


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MessageSujet: Retour à Fernel    Retour à Fernel  I_icon_minitimeSam 2 Jan 2021 - 14:35


Barkios, deuxième mois du printemps
An 18 du XIe cycle







C’est la fin d’un long, très long voyage qui a vu une frêle silhouette parcourir la Péninsule et, dans une moindre mesure, les rues animées de Thaar.

C’est la fin d’une traversée riche en découvertes et en apprentissages variés, riche aussi de désillusions et d’abandon de soi pour un retour à Fernel totalement transformée. Un nouveau départ. Une nouvelle vie munie d’un précieux bagage acquis par les rencontres, bonnes ou mauvaises, qui ont jalonné son périple.

La Louise partie de Fernel il y a de cela de si nombreuses ennéades n’est plus. Celle qui est en train de chevaucher, sourire aux lèvres, sur les terres familières brillamment éclairées par un beau soleil de printemps, redécouvre ce qui lui appartient d’un œil neuf, acéré et logique. Rien ne lui échappe, elle note mentalement, ainsi qu’elle en a pris l’habitude, toutes les améliorations qui ont été effectuées en son absence, sous la houlette de l’Intendant et selon les ordres qu’elle lui a fait parvenir par courrier pendant son absence.

Les routes se sont sensiblement améliorées, dès l’entrée sur son territoire. Si les carrosses n’y sont pas encore les bienvenus, compte tenu des écueils visibles ici et là et de la fragilité de leurs essieux, les charrettes de marchandises, plus lourdes et plus lentes, trouvent un nouveau confort dans tous les aménagements établis. Des portions entières de chemin sont désormais pavées de pierres plates, de couleurs et de formes inégales mais qui permettent aux chevaux et aux charrettes de circuler sans heurts. Louise, ainsi que ses compagnons, avancent au petit trop vers le château, encore lointain, prenant le temps de s’arrêter – souvent – pour parler au petit peuple heureux de les revoir.

L’épopée de la châtelaine est connue de tous. Tous savent très bien qu’elle a été absente pour se rendre dans le Sud, rencontrer de nouvelles personnes, d’autres membres de la noblesse péninsulaire, d’autres mondes et si beaucoup se sont interrogés sur la réelle utilité d’un tel déplacement, il est unanimement apprécié qu’elle n’ait en rien oublié ses gens, en donnant des ordres à distance.

Ainsi, diverses choses ont été mises en place, afin de mettre Fernel en valeur, ainsi qu’elle l’a toujours souhaité. Les routes et les chemins sont désormais entretenus régulièrement, ce qui améliore le confort de vie de tout un chacun dans toute la seigneurie. Une mission diplomatique a été envoyée vers le Zagazorn, afin d’établir des contacts qui, semble-t-il, se sont avérés amicaux.

D’autre part, des mesures ont été prises en ce qui concerne les défenses extérieures et les personnes qu’il convient ou non de laisser passer. Il n’a échappé à personne à Fernel que désormais, si la seigneurie tend à s’ouvrir vers le monde extérieur, une interdiction d’entrer pure et simple frappe désormais les Sombres. Nul en ces lieux n’a jamais vraiment douté du fait qu’ils n’étaient de toute façon pas les bienvenus en terres du Nord, compte tenu des précédents qui ont meurtris la région, à cause de ces créatures, mais aucun ordre, aucune recommandation formelle n’était jamais venue de la part de la châtelaine sur ce point précis. C’est désormais chose faite. Aucun Drow ou engeance hybride de cette race maudite n’a le droit de passage en ces lieux et si d’aventure il arrivait que l’un d’entre eux essayait tout de même de forcer les choses, il serait accueilli par des salves de flèches et de lances, depuis la frontière de son territoire jusqu’au château. Il n’en fallait pas plus pour que les Fernelois approuvent la décision de Louise. Ils approuvent toutefois un peu moins la seconde loi qui ordonne de laisser les loups en paix lors de leur passage dans la seigneurie, même s’ils s’en accommodent de leur mieux.

En discutant avec son peuple, Louise a noté les regards curieux, les sourires étranges, les gestes inhabituels, de tous ces gens à son égard. Comme s’ils peinaient à la reconnaître, physiquement. Et on peut les comprendre.

Louise a passé du temps sur les routes, au soleil, que ce soit en Péninsule ou à Thaar. Son charmant teint de porcelaine s’est quelque peu hâlé, lui donnant une mine resplendissante de santé. Elle a maigri aussi. La nourriture réduite à l’essentiel, la vie sur les routes, les passes d’armes régulières, toutes les activités physiques auxquelles elle s’est astreinte pendant des mois, tout cela a transformé une jeune femme un peu gauche et maladroite, aux formes pleines et rondes, en une femme svelte et à la silhouette élancée, athlétique, aux muscles fins et secs et à l’allure pleine d’une tranquille assurance qu’elle ne possédait absolument pas en partant.

Les hommes lorgnent ses pantalons, les femmes lorgnent son arme, toujours pendue à son côté, tous sont heureux de revoir ce sourire ravissant qu’elle a si peu eu l’occasion de montrer, avant de partir pour le Sud. Les regards se croisent en silence, en la voyant sauter sur le dos de Lasgalen avec la grâce d’une danseuse, diriger son hongre d’un simple mouvement des genoux, donnant des ordres d’un seul regard à des hommes qui obéissent sans discuter.

- Les choses vont changer, ici, c’est moi qui te le dis…
- C’est déjà en train de changer, Lucette... Allez viens, l’ouvrage va pas s’faire tout seul.


C’est à peu près le même scénario à chaque fois qu’elle croise des gens qui l’arrêtent, heureux. Et à chaque fois Louise prend le temps, elle parle, elle pose des questions, elle est aimable envers tout le monde, a un sourire pour chacun et à chaque fois, son cœur se gonfle de joie, à l’idée de bientôt revoir son château, les grosses pierres, les chevaux, et même Maïethé qui, elle le sait, quittera l’office en courant pour la prendre dans ses bras.

Et au-delà de tout cela, de toutes ces considérations matérielles, il y a cette personne qu’elle désire revoir avant toutes les autres, cet homme élégant et au maintient militaire, soutenant ses pas à l’aide d’une canne, pour la frime, un homme au regard de métal et au sourire rusé. Elazar.

Un fin sourire, tout aussi énigmatique que celui de son père, s’affiche sur ses jolies lèvres pleines.

Un sourire qui ne va qu’en s’étirant alors que la silhouette du château se dessine enfin, à la vue des quatre cavaliers. Lasgalen hennit bruyamment, tout autant que les trois autres montures, ce qui fait rire Louise. Bientôt, il semble qu’une agitation se manifeste tout autour des remparts qui reçoivent leurs dernières finitions et défense. Des bonnets s’agitent, des « bon retour » se font entendre, hauts et forts, alors que des petits enfants courent derrière les chevaux. Jamais Louise ne s’est sentie aussi aimée qu’en cet instant et elle sourit plus que jamais, tendant la main ici et là, saluant avec élégance tous ces gens qui se pressent pour les voir passer.

Ce fut bien plus démonstratif quand ils passèrent sous l’arche menant à la cour principale. Le bruit des sabots des quatre chevaux produisait un bruit considérable mais pas autant que celui de tous ces gamins, ceux qui doivent leur survie à Louise, qui se pressent pour la voir. Arrêtant Lasgalen qui hennit encore, en écho à tous les hennissements des animaux présents dans les écuries, Louise met enfin pied à terre, dans un rire de joie pure, prenant les enfants dans ses bras, sans distinction. Nicholas, lui, voit au lieu son vieux père, Henri, s’extirper d’une stalle, pour courir au plus vite le rejoindre et le jeune homme le prend à son tour dans ses bras, avec un sourire. Guillaume, lui, reçoit sa petite fille et la serre fort, tandis qu’Enguerrand reste là, serrant les mains qui se tendent vers lui, sincèrement heureux de rentrer à Fernel.

Il règne une atmosphère de liesse simple, loin de toutes les convenances, loin de toute l’étiquette nobiliaire. Louise profite de cet instant-là, longuement, avant de se défaire, peu à peu, de toutes les petites mains qui la touchent, désireuse de rentrer enfin chez elle. Ebouriffant une dernière crinière rousse aux larges boucles rebelles, elle redresse le visage et observe son château avec un sourire paisible.

- Je suis chez moi.

Elle a un regard pour Enguerrand, qu’elle salue d’un signe de tête élégant, puis le laisse mener Lasgalen aux écuries afin qu’elle puisse rentrer, d’un pas assuré et vif, grimpant les marches menant au hall principal deux à deux, avec la rapidité et la souplesse d’un chat, sous le regard médusé des quelques gardes présents à l’entrée.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: Retour à Fernel    Retour à Fernel  I_icon_minitimeJeu 7 Jan 2021 - 11:59


Des visages s’illuminent, des têtes s’inclinent, avant qu’une voix tonitruante ne se fasse entendre depuis les offices. Une personne est en train de bousculer toutes les autres, assemblées dans le grand hall, pour se hisser au premier rang et s’arrêter, un poing sur la hanche, l’autre main s’élevant en une mascarade de réprimande.

- Dame Louise ! Par Neera ! On a cru que vous ne reviendriez jamais !!

La dame, respectable cuisinière, engoncée dans une robe garnie d’un tablier un peu sali avance alors pour prendre la chatelaine dans ses bras. Louise, elle, ne peut s’empêcher de rire, et de répondre à l’accolade. Elle connait Maïethé depuis son enfance, elle ne s’offusque donc pas de ses manières extrêmement familières. Pas du tout. Louise s’écarte pourtant, reculant un peu pour fouiller dans sa sacoche, en sortant un sac, lui-même rempli de plusieurs autres petits sacs extrêmement odorants.

- C’est mal me connaître, ça…

Elle dépose le sac dans les gros doigts boudinés de la cuisinière et sourit, de toutes ses dents :

- J’ai rapporté ceci de Thaar. Pour vos bocaux, conserves et ragoûts d’hiver. Ce sont des épices qu’on ne trouve pas ici. Est-ce que vous pourriez en accommoder un plat pour moi, quand l’occasion se présentera ?

Louise sait que la cuisinière ne pourra pas rester bougonne bien longtemps face à un tel cadeau qui va mettre sa créativité en ébullition.

- Moi aussi je suis heureuse de vous revoir Maïethé.

La cuisinière est déjà en train de tout examiner, les yeux agrandis par la surprise puis sourit, un large sourire lumineux avant d’esquisser une rapide révérence.

- Que la Damedieu me pardonne, je n’ai jamais rien senti de tel…Excusez-moi, je vais regarder tout cela de plus près aux offices.
- Je vous prie, allez-y…Hoo un instant Maïethé.

Elle arrête la cuisinière et observe le hall. Point de canne. Point d’œil gris. Elle avait pourtant annoncé son retour…La déception n’est pourtant pas visible. Elle se contente alors de demander :

- L’Intendant est-il au château ?
- Je ne sais pas, Dame, je ne l’ai pas encore vu aujourd’hui.
- Très bien. Ce n’est rien. A plus tard.


La grosse dame s’éloigne déjà, rapide, tandis que les autres domestiques laissent passer Louise qui grimpe les marches d’un air tranquille, ôtant ses mitaines de cuir, songeuse. Un mouvement vers la gauche, elle se dirige vers ses appartements et ouvre la porte pour découvrir l’endroit totalement transformé. Là où trônait encore à son départ les meubles d’Eudes de Fernel, il y a en lieu et place de ravissants meubles à l’exquise patine, des meubles très féminins, dans une décoration entièrement repensée et qui la stupéfie un instant, avant qu’elle ne ferme la porte et avance, les bottes crottées, la cape et la chevelure pleine de poussière, sentant le cheval, le cuir et le vent, au milieu de toute cette délicatesse raffinée. Elle passe son doigt sale sur une moulure ravissante, avant de rire. Désormais c’est elle qui fait tâche au milieu de toute cette élégance.

- He bien…On pourra dire que ce voyage aura été une surprise jusqu’au bout.


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Dante Corvac
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MessageSujet: Re: Retour à Fernel    Retour à Fernel  I_icon_minitimeSam 9 Jan 2021 - 14:25

Il y a de ces moment où même si on est attendus, on est mieux de ne pas se montrer tout de suite. Ca ne veut pas dire qu'on n'est pas inactif, loin de là. Aussitôt que l'annonce de l'arrivée imminente de Louise s'est faite, Elazar s'est activé. Il a veillé à ce que Maïethé et les gens des cuisines préparent un festin de bienvenue. Il a fait récurer et apprêter la grande salle de fond en comble, fait laver les tables au sable pour en enlever les taches et monté les tables à tréteaux et quelques alcools des caves pour fêter le retour du joyau de ces lieux, de Dame Louise de Fernel, comme il se doit.

L'Intendant a fait aérer la chambre, rafraîchir le matelas de la chambre, allumé les cheminées pour chasser l'humidité de ces pièces. Et est en train de superviser la mise en place d'un bain chaud quand l'arrivée de Louise est annoncée. Regardant sa mise fort humide par la vapeur d'eau, le vieil homme se considère fort mal vêtu. Aussi prend il le temps de rejoindre son bureau pour se changer.


- He bien…On pourra dire que ce voyage aura été une surprise jusqu’au bout.


La canne qu'elle n'attendait plus claque au sol une seule fois quand son intendant se manifeste enfin, un sourire réjouit éclairant ses traits de grand-père. Une lueur brille dans les prunelles grises. Une lueur jamais vue. Il semble plus humain d'une certaine façon. Il est vêtu d'un pourpoint et de chausse d'un vert forestier galonné d'argent, version masculine des couleurs de la seigneurie. Manifestement, il a pris le temps de se vêtir convenablement selon le protocole.

[color=steelblue] Bienvenue chez vous, Dame de Fernel. Clame une voix à l'accent du Sud. Je suis ravi de vous voir en forme et bien portante. Avez vous fait un bon voyage?

Il y a un moment de silence, avant qu'il ne reprenne d'un ton plus doux, pas trop fort pour que personne n'entende

-Je suis content de te savoir revenue à la maison ma fille.

Avant d'ouvrir grand les bras, réclamant un câlin.

Il ne peut pas le voir dans l’immédiat mais le bruit de cette canne la fait sourire, un sourire qu’il pourra observer quand elle se tourne, tout autant que les transformations diverses occasionnées par le soleil, le grand air, la vie à l’extérieur. Elle a changé. Elle est resplendissante de santé, le teint hâlé, plus mince, plus souple. Elle hoche la tête en un signe de respect évident, avant de s’assurer d’un regard que la porte est bien close. Après et seulement après s’autorise-t-elle à approcher et à venir se lover, avec une tranquille affection, dans les bras grands ouverts, enserrant la taille d’Elazar de ses deux bras fins. Elle ferme les yeux un instant, parce que les contacts comme ceux-là sont rares. Elle en profite, inspirant cette odeur qui lui est propre, de bois et d’épice, tout en propageant la sienne, faite de fragrances de cuir, de cheval, de sueur et des épices qu’elle vient de manipuler, avant de murmurer :

- Je suis heureuse de te revoir, Père…

Elle s’écarte alors soudainement de lui, ne prolongeant pas l’étreinte plus que de besoin et garde une distance d’un pas, pour l’observer.

- …et de voir que tu as bonne mine. Ces couleurs te vont très bien.

Elle esquisse un sourire espiègle, notant silencieusement que son père a l’air…heureux. Vraiment heureux. Déjà elle se détourne de lui pour ôter sa cape qui finira sur un fauteuil ravissant, répandant un flot de poussière et révélant une tenue de voyage entièrement masculine et une arme suspendue à son côté, une lame de Thaar, offerte par Dante. Elle observe la pièce, les mains dans le dos.

- C’est très beau, ce que tu as fait ici…clair…

Un sourire pour lui.

- Je n’en pouvais plus de dormir dans ce lit, j’aurai de vraies nuits correctes désormais. Je te remercie pour tout ce que tu as fait.

Le sourire qui s'épanouit sur le visage de l'assassin est le sourire qu'il avait à trente ans.

Oh, mais ma chère Marguerite, tu n'a pas tout vu encore.

Tranquillement, il va à la porte communicante mais ne l'ouvre pas tout de suite. Il commence alors son discours.

Sire Eudès de Fernel avait pour habitude de recevoir directement dans sa chambre et d'y travailler. Outre les commodités que cela confère indubitablement, il y a de ces choses qui ne sauraient être tolérées de la part d'une femme, de plus, il est malheureux de devoir dormir en vue de ses papiers de travail. Il lève la main, lui demandant silencieusement d'attendre. Aussi peu conventionnelle soit-elle. J'ai pris sur moi de faire de cette pièce un havre de paix. J'ai déménagé dans la maison du gardien pour ma part... Savais tu qu'il y avait un passage secret débouchant directement dans la cave? Je te le montrerai... pour en revenir à nos moutons. J'ai transformé la chambre de l'ancien intendant en bureau pleinement fonctionnel. J'y ai aussi gardé une petite couche prête, pour les temps de crise. Ce qui laissait cette pièce libre.
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MessageSujet: Re: Retour à Fernel    Retour à Fernel  I_icon_minitimeMer 20 Jan 2021 - 15:34


Même si elle ne le dévisage pas comme elle l’aurait sans doute fait autrefois, elle n’en note pas moins, de biais, ce sourire merveilleux qui la surprend beaucoup. Il a vraiment l’air heureux de la revoir, dirait-on. Cela lui plaît, évidemment, de savoir qu’elle était attendue, c’est…nouveau. Un fin sourire entendu s’affiche sur les lèvres de la châtelaine, en réponse à celui de son père. Il semble…non…il est différent. D’un homme austère aux sourcils constamment froncés, il devient un homme agréable, aimable et souriant. Le contraste est remarquablement saisissant. Cela étant, elle ne dit rien. Pas encore. Elle finira de toute façon par avoir le fin mot de l’histoire, si tant est qu’il y en ait une, d’ailleurs.

- Tu m’intrigues. Autant par cette histoire de passage secret que par tous ces mystères…

Elle l’écoute, restant à une sage distance de lui, jetant un œil sur la porte dérobée qui relie les deux pièces. Il s’est installé dans la maison qu’elle lui a recommandé.

-…quant à ce qui peut être toléré par une femme, mon voyage m’a permis de reculer mon seuil de tolérance sur bien des points, Père.

Un autre sourire espiègle. Il saura bien assez tôt. En attendant, elle le suit, lorsqu’il ouvre le passage pour découvrir cette nouvelle décoration, un mélange parfait, tout à fait exquis, du meilleur des deux mondes. Elle avance sans dire un mot, les mains dans le dos, observant tout d’un œil rapide, notant les détails et les couleurs, les petites touches d’exotisme et les meubles qui lui rappellent le beau soleil de Thaar. Louise est pleinement satisfaite, heureuse même, passant une main douce sur le bureau, tout en se rappelant sa chambre au manoir…Elle n’a pas pu emporter tout ce qu’elle voulait emporter et elle le regrette bien.

Le lit a disparu, laissant place à un bureau aux lignes indubitablement féminines et Thaaries, version moins riche que celles que Dante a dans son manoir. Un tapis de laine épaisse aux couleurs de Fernel attends les pieds tandis que les tapisseries ornent les murs, contrastant agréablement avec les voilages estreventins qui ornent les fenêtres. Des poufs d'outre mer chamarrés de bleus et de verts De même que des fauteuils familiaux restaurés et bourrés de frais entourent une table basse devant le foyer des lieux. Les pierres froides des murs et du manteau, blanchi à la chaux, mettent en valeur la décoration hybride de fort jolie façon. Une  planche de bois massif, celle qui ornait la cheminée de sa chambre, surplombe désormais celle du bureau. l'épée familiale posée dessus, juste en dessous d'une nouvelle tapisserie fort délicate et forte à al fois reprenant avec moult détails le blason de Fernel. la bibliothèque de son ancienne chambre remis à neuf et le bois aussi blanchi et reverni complète l'ameublement,  donnant à la décoration une impression de calme, de dignité et de force a la fois.

Elle a un regard pour la noble épée posée en cette pièce avant de détourner le regard et de reporter son attention sur son père.

- C’est exactement ce dont j’avais besoin. Du calme, du confort, des détails simples. Tu as fait de l’excellent travail…

Ce simple compliment a le don d'épanouir un sourire radieux sur le visage ridé. Elle est émue. Vraiment émue. Assez en tout cas pour revenir près de lui et prendre sa main, dans un geste de tendresse rapide, fugace, qui ne dure qu’une seconde. Déjà elle s’éloigne, pour se diriger vers la cheminée.

- Je n’ai pas eu beaucoup de nouvelles de ta part pendant mon absence…Je me suis inquiétée pour toi mais visiblement, j’ai eu tort. Tu te portes parfaitement bien. Le Capitaine est-il revenu de son déplacement à Thanor ?

- Oui. Avec des présents et des rouleaux qui te sont adressés. L'épée du Capitaine a été reforgée par les Nains, également.

Elle délace son gilet, négligemment, avant de se diriger vers son bureau et de voir, parmi tous les courriers qui l’attendent, deux rouleaux différents des autres. Une lueur de joie féroce brille sur son visage alors qu’elle décachète le premier et lit. Une réponse favorable du Roi des Nains en personne. Le second rouleau sera encore plus intense, si possible. Ce tube n’est réservé qu’aux missives les plus importantes envoyées par le Roi. C’est un cylindre d’acier, finement ouvragé, représentant une figure royale avec une couronne incrustée d’or, depuis laquelle rayonnent 6 rayons dorés. Et entre chaque rayon, se trouvent des scènes gravées représentant un forgeron forgeant une hache, un mineur au fond de sa mine, un guerrier dans le tumulte de la guerre, un runiste dans sa Grandsalle, un aubergiste dans sa taverne bondée, et un temple rayonnant de ses fidèles. Six aspects de la vie au Zagazorn, tous régis par la figure royale qui rayonne sur le monde des Nains tout entier. Ce tube est scellé de deux manières : un sceau de cire, sur le haut du cylindre, et un second, condamnant deux lacets de cuir tressés en étoile, qui maintiennent le cylindre fermé. Elle les dépose tous deux sur le bureau, inspirant l’air avec une profonde satisfaction. Elle dépose son gilet plein de poussière sur la planche du bureau, recouvrant les courriers, pour déambuler en chemise d’homme dans la pièce, le cœur en joie.

- Y a-t-il des choses concernant la seigneurie qui requièrent ma première attention, Père ?

- Il y a une quinzaine de juments qui étaient en gestation, là dessus il y en a sept qui ont pouliné... un bébé mort-né. La plus vieille jument ne doit plus en avoir d'autres, elle a presque succombé à l'accouchement. Maximus( le père de Melkor ) a d'ailleurs protégé une jument en train de pouliner d'une meute de loups. Les trappeurs ont trouvé comment les tenir  à distance sans leur faire de mal, conformément à tes instructions. A ce sujet, si ces rouleaux sont ce que je pense, je m'interrogeais si nous ne pourrions pas développer l'élevage de chien ours Fernelais comme moyen de dissuasion efficace contre ces bêtes.  Ils pourraient aussi servir pour la défense du domaine.

Louise secoua brièvement la tête.

- Non, ces rouleaux n’ont rien à voir avec les loups. Ces animaux sont les bienvenus sur mes terres. Il n’est absolument pas question de leur faire le moindre mal. Nous trouverons d’autres solutions, mais je refuse qu’on dresse un animal pour repousser ou tuer un loup.

-  A ta guise, Louise, D'ailleurs tu as certainement constaté que les rénovations de Fernel sont presque achevées, il ne reste que les détails qui doivent attendre le dégel complet. . Sire Efren et damoiselle Anaëlle se fréquentent assidûment. Le peuple est content, nous avons acceuilli les voyageurs et les étrangers sans faillir à tes instructions. il y a d'ailleurs un petit banquet de bienvenue prévu ce soir et un bain chaud t'attend pour te délasser du voyage.

Un soupire de bien-être accueille cette nouvelle. Un bain, le premier depuis des jours, sera plus que bienvenu.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: Retour à Fernel    Retour à Fernel  I_icon_minitimeLun 1 Fév 2021 - 19:20


- Pour mon manque de nouvelles, je te demande pardon. Simplement... Il y a de ces choses personnelles qui ne se disent pas par lettre. Alors, si tu me racontais tout ce que tu as apprise depuis ton départ de Fernel?

Louise hausse rapidement un sourcil en entendant les premiers mots puis se rabat sur ses découvertes, se dirigeant souplement vers le sac abandonné dans sa chambre. Elle fouille une sacoche de cuir et en sort quelques petits journaux, qu’elle garde dans ses bras.

- Tu m’as demandé d’écrire. Trois choses nouvelles par jour, avant de commencer mon apprentissage, t’en rappelles-tu ?

Des nouvelles bien évidemment édulcorées, cela va de soi. Elle dépose les petits livrets sur une console, d’un air malicieux.
Evidemment... Il me tarde d'ailleurs de découvrir tes voyages par ce biais., rétorque le vieil homme d'un ton réjouit en prenant possession d'un carnet au hasard pour le feuilleter.  Il verra des dessins, habilement exécutés. Louise a un talent que peu de personnes en ce monde connaît, c’est de pouvoir reproduire, de manière assez fidèle, des portraits, des silhouettes, des fleurs…tout ce qui la marque et tout ce qui lui plaît. Ici, c’est un croquis rapide du temple de Neera, à Sainte-Berthilde. Là-bas, un cheval noir, à la longue crinière et au comportement que l’on devine impétueux. Un peu avant, un homme nu dans un lac entouré de neige sous un ciel d’étoiles…

Comme s’il n’avait pas remarqué, Elazar tourne la page.
- Cela t’occupera. Sache que j’ai probablement plus appris en ces longues ennéades loin de chez moi qu’en toute une vie entre ces murs. Les armes, les peuples, les paysages, les royaumes…

La châtelaine parle d’un air rêveur, un vague sourire aux lèvres.

- Les rencontres de toutes sortes ! Ce monde est beau. Dangereux. Brutal. Violent. Mais beau.

Silencieux, les deux mains sur le pommeau de sa canne, Elazar examine la jeune femme qui prend appui avec une nonchalance étudiée près de la cheminée. le changement chez Louise est flagrant. Ou est sa petite Marguerite?

- J’ai appris tant de choses, Père. Sur moi. Sur mon frère. Sur Thaar. Sur tout.
Eh bien, les voyages ont de tout temps formés la jeunesse et j'en suis bien aise. Il est bon de te voir en si grande forme et si enthousiaste, confiante en tes capacités. Je vois que ton frère, justement a pris grand soin de toi. Il t'a transformée on dirait.

Dante l’a transformée de bien des façons, c’est une réalité. Il lui a montré les réalités de ce monde, ses côtés positifs et leurs pendants négatifs. Tout cela, pendant de si longues ennéades, a forgé une nouvelle Louise. Une Louise qui soupire de bien être, et qui demande enfin :
   
- De quoi voulais-tu parler qui ne pouvait être dit par courrier, papa ?

Un claquement de canne au sol, et Elazar va prendre place dans un des deux fauteuils jouxtant la cheminée.

Rien qui ne peut attendre ma fille. Je veux tout entendre de Thaar. Où as-tu logée? Qu'y a tu vu? As tu chevauché dans les principautés? Quelles y sont les nouvelles?

Elle ne s’assoit pas de suite, elle. Elle reste debout, approchant toutefois du fauteuil qui fait face à celui qu’occupe Elazar.

- C’est une ville merveilleuse…Tout y est tellement différent. Le soleil, les gens, les vêtements, la nourriture…J’ai mangé des choses dont j’ai oublié le nom mais dont le goût me revient immédiatement en bouche, rien qu’à y songer.

Elle pose ses doigts fins et gracieux sur le dossier du fauteuil, songeuse, un fin sourire aux lèvres. Il y avait aussi des ombres. Des ombres masculines aux longs cheveux de ténèbres et aux regards de braise, aux bras puissants entraînés pour toutes les étreintes, dans les quartiers dédiés aux plaisirs. Comment oublier…Elle se ressaisit et ajoute, d’une voix assurée :
   
- Nous avons été accueillis au manoir Rutsi…

Un léger rire, étouffé, en songeant à ce harem qui avait occupé les lieux. Les prunelles grises du vieil homme s'assombrissent un peu. Il a la présence d'esprit de ne pas l'interrompre cependant.

- J’avais une immense chambre, des tenues fabuleuses, toutes en transparence et en soie. Des voiles de jour. C’était très très beau.

Louise prend place dans le fauteuil, libérant au passage un flot de poussière en provenance de sa chemise et de son pantalon avant de se pencher en avant, les avant-bras posés sur ses cuisses, dans une posture qui n’a rien de digne ni de féminin.

- J’y ai vu des choses très belles, d’autres très laides. Comme partout. J’ai pu passer du temps avec mon frère, là où il a grandi, dans son élément, là où il a vécu avec toi.

Elazar reste imperturbable. Il lui a fait visiter la parfumerie? Claude lui a assuré que c'était fermé avec l'hiver . Et qui est ce Rutsi?

Un regard perçant se pose sur le vieil homme, un regard aussi direct et malaisant que celui d’Elazar, dans un petit silence. La châtelaine penche la tête, en regardant son père, toujours sourire aux lèvres.

- Tu as de la chance d’avoir eu l’opportunité d’apprendre à le connaître. Il est extraordinaire, de bien des façons. J’aurais aimé passer plus de temps en sa compagnie. D’autant que j’ignore quand nous nous retrouverons. Je t’envie, Père, d’avoir eu cette chance de le côtoyer si longtemps. Dante…a pris soin de moi, à sa façon. Tous les jours. Et il me manque beaucoup.

Elle se redresse et s’enfonce dans son fauteuil, en ajoutant :
   
- Je n’ai malheureusement pas pu chevaucher longtemps, Lasgalen a beaucoup souffert de la chaleur…Je faisais l’essentiel de mes trajets à pieds dans les rues. Dans l’ensemble, j’ai donc passé un excellent séjour.

Elazar se met a rire légèrement.

-Eh bien A chaque information, tu soulève autant de questions ...  Qui est Rutsi? un aubergiste? Un désargenté qui loue son manoir pour subvenir à l'entretien?
- Non, Rutsi est…

Un autre sourire charmant et charmeur.

- …c’est un ami, une relation de Dante. Un homme tout à fait charmant et aux manières exquises. Plutôt grand, les cheveux sombres, le regard qui vous fouille l’esprit…Cultivé, raffiné. Un esthète.

Elle le laisse poursuivre, croisant les mains sur ses genoux.

Et tu m'intrigue sur où Dante a bien pu t'emmener. Thaar est vaste et il en connait chaque recoin, du plus beau au pire. Avec sa conception bien à lui de s'occuper des gens, j'espère qu'il t'a traitée en dame et qu'il ne ta pas mise en danger... Pour la chaleur, dis toi que c'est pire en été.
- Ohh Père, allons voyons…

La bouche de la châtelaine se tord en un sourire moqueur. Ouvertement et allègrement moqueur.

- Dante a fait plus que me traiter en dame.

Une étincelle de joie féroce luit dans son regard au prononcé de ces quelques mots.

- Il m’a traitée comme un membre de sa famille. Et dans une famille, on s’aime, tu le sais très bien, non ? Tu sauras tout en lisant mes journaux, c’est toi qui me l’as demandé, je te rappelle…

La vérité est que Dante lui a appris qui elle est. Et elle lui en sera toujours reconnaissante. Il tire un léger pli de son pourpoint.

- Les faits étant que Dante va revenir te voir sous peu, ce pli t'a précédée d'à peine une journée ou deux. Il dit qu'il va venir aussitôt sa solde rentrée. Tu as une idée de quoi il parle?

Manifestement, Elazar ne sait pas que Dante va être anobli. La châtelaine se lève et se dirige vers Elazar, d’un pas assuré, pour prendre le pli, et le lire rapidement, imperturbable. Elle ne sait pas avec une réelle certitude de quoi il parle même si elle le devine, peu habituée aux messages codés. Cependant, un bonheur intense irradie sur son visage à la lecture de ces mots posés rapidement sur un morceau de papier, un morceau de papier qu’elle garde dans sa main, comme un petit trésor. Il n’est pas très loin. Elle reporte son attention sur son père en disant, d’une voix posée, assurée :

- J’aimerais dorénavant que tu n’ouvres plus les courriers qui me sont personnellement adressés, peu importe de qui ils proviennent.

Et pour ponctuer sa demande, elle se place à sa hauteur, lui assis, elle un genou à terre, passant ses deux bras autour de son cou pour murmurer à son oreille :
   
- A chacun ses secrets, père chéri.

Un baiser est rapidement déposé sur sa joue impeccablement rasée, avant qu’elle ne le libère pour s’éloigner déjà et se servir un gobelet d’eau.

- Désires-tu savoir d’autres choses à propos de Thaar, papa ?

C'est ainsi que Louise rentra en ses pénates pour commencer une vie nouvelle.

Prochaine étape? Kirgan.
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