Parlons du présent au futur | Aegden & Sinieth

Milieu de la troisième ennéade
Printemps, Barkios 18:XI

Sinieth acheva de poser le dernier vêtement dans la commode avant d'en refermer le tiroir puis elle se retourna. La chambre d'enfant prenait forme, petit à petit. Sans connaître le sexe du bébé, ils avaient déjà choisi les teintes des murs, neutres et claires afin d'illuminer la pièce. Le lit avait été refait par un artisan du quartier. Un voile blanc ornait la tête du berceau. Le matelas était neuf et attendait sous un linge quelconque qu'on le pare d'un drap pour la première fois. Le futur né disposait déjà d'une garde robe pour les premiers mois ainsi que de langes et de couvertures, le tout donné par une famille dont le bambin n'en avait plus besoin. Il manquait encore quelques jouets, un mobile pour le lit et peut-être un livre ou deux pour lui conter des histoires... Mais les préparatifs avançaient bon train alors que la jeune femme n'était qu'à la moitié de sa grossesse.

L'ancienne vaanie prit la panière à présent vide et entreprit de redescendre au rez-de-chaussée. Sa vie était désormais paisible. Le Temple de Tari avait fait en sorte que son emploi du temps se libère et, en voyant son ventre s'arrondir, les dernières personnes à qui elle venait en aide avaient d'elles-mêmes décidé qu'ils n'avaient plus besoin de son soutien ou avaient demandé à être accompagné par quelqu'un d'autre afin qu'elle puisse profiter pleinement des deux mois qu'il lui restait avant l'arrivée du bébé. Alors Sinieth n'occupait plus son temps qu'avec la maison et les préparatifs de la naissance.
Ce jour-là, Aegden était à la maison. Ils devaient se rendre au Temple de Kÿria pour un examen. La prêtresse qui la suivait prenait toujours le temps de répondre à leurs questions sur la grossesse et, de plus en plus, sur l'accouchement et le bébé. Ils avaient encore tant de choses à apprendre... Si la jeune femme avait côtoyé nombre d'enfants avec les années, elle n'en avait jamais porté elle-même et encore moins élevé, surtout les premiers mois. Et puis... Aujourd'hui... Ils apprendraient le sexe du bébé, ce qui créait une certaine excitation chez le jeune couple.

Descendant les escaliers, Sinieth lâcha soudain la panière qui dévala les marches jusqu'au plancher. Aegden ne tarda pas à surgir rapidement pour la trouver debout au milieu de l'escalier, les mains posées sur son ventre. A son air inquiet, elle opposa un visage radieux et émerveillé. Elle savait qu'elle lui avait fait peur mais elle n'avait pu retenir sa réaction tant elle avait été surprise par cette sensation nouvelle.

-Je vais bien. Le rassura-t-elle avant de tendre une main vers lui. Viens vite !

Lorsqu'il la rejoignit, elle saisit ses doigts pour venir les poser sous les siens, sur son ventre arrondi. Presque aussitôt, le maynith put sentir le bébé donner un coup dans sa paume... Sa compagne sourit de plus belle, riant presque tant son bonheur était entier. Elle l'avait déjà sentit bouger en elle mais le militaire ne pouvait percevoir ses mouvements. Cette nouvelle manifestation de son existence et de sa bonne santé était aussi tangible pour elle qu'il l'était pour lui. C'était un véritable instant de joie qu'elle était heureuse de pouvoir partager avec lui.

-Je suis sûre qu'il attendait un jour où tu serais là pour faire ça.

Avec ses nouvelles attributions, Aegden était très occupé et une mission sans danger l'obligerait à s'absenter bientôt. En son absence, le voisinage lui proposait son aide, un voisin l'accompagnait pour faire ses courses et d'autres passaient simplement pour s'assurer qu'elle allait bien et qu'elle n'avait besoin de rien. C'était un mode de vie qu'elle ne connaissait pas du tout et elle n'osait pas vraiment solliciter davantage d'aide. Là d'où elle venait, tout avait un prix, monétaire ou non. Difficile pour elle de commencer à penser autrement maintenant. En tout cas, elle n'était jamais véritablement seule, même lorsque son compagnon partait aux aurores pour revenir après la nuit tombée. Alors, qu'il soit à la maison juste le jour où il commençait à donner des coups de pieds... Était-ce vraiment une coïncidence ?

Aujourd’hui l’armée royale devrait se passer de son commandant. Exceptionnellement il avait expliqué à ses soldats qu’il avait besoin de cette journée pour sa famille et contre toute attente, on lui avait accordé cela avec joie. Ses frères le connaissaient assez pour savoir que s’il demandait, s’il prenait la peine de demander, c’est que c’était important.

Et ô combien il l’attendait ce jour… Le moment venu ils pourraient en apprendre plus sur le petit être qui grandissait petit à petit dans le ventre de la jeune femme. Ils sauraient s’il s’agissait d’une fille ou d’un garçon et pour Aegden cela rendait leur futur encore plus tangible.

C’est pour cette raison que mine de rien il avait vraiment du mal à se concentrer sur les documents qu’il étudiait dans le bureau du rez-de chaussé. Il n’était pas du genre à se laisser distraire en général mais pour une fois ses pensées revenaient sans arrêt à sa compagne et son futur enfant. De toute façon, le destin semblait avoir décidé que même de chez lui il ne travaillerait pas aujourd’hui… Un bruit sourd lui fit brusquement hausser les oreilles et instantanément il se releva et se dirigea vers la source du bruit plus qu’inquiet.

Sinieth n’échappa pas à son visage anxieux lorsqu’il débarqua près des escaliers puisque, saine et sauve Kyria soit louée, elle lui adressa un éclatant et rassurant sourire. Il ne dit rien cependant, elle savait qu’il avait eu peur, il n’avait pas besoin d’en rajouter et à la place il obtempéra.

Son air s’adoucit considérablement alors qu’il posa délicatement sa paume contre le ventre rond de la future mère. Un sourire surprit s’afficha même l’espace d’une seconde.

-Il bouge. Constata-il en riant un peu nerveusement, le même sourire toujours sur les lèvres.

C’était la première fois qu’Aegden pouvait avoir la sensation d’être réellement en contact avec son enfant. Ça lui faisait tout drôle. Ça le rendait aussi incroyablement heureux. Un éclat brillait dans ses prunelles anthracite tandis que son regard allait des yeux de sa compagne à son ventre.

-S’il savait à quel point son papa est déjà fier de lui…

ll se rappela soudain qu’ils se trouvaient encore dans les escalier et doucement, il fit mine de vouloir descendre les quelques marches, aidant du mieux qu’il pouvait sa compagne à le suivre. Ils seraient mieux ainsi, loin d’un quelconque risque. Et puis à peine sur la terre ferme il recommença son manège. Posant délicatement ses mains de part et d’autre du ventre rond de sa bienaimée, il posa un genou à terre. Ses lèvres vinrent déposer un doux baiser contre le tissu parvenant difficilement à cacher les rondeurs maternelles. Le nourrison pouvait-il se rendre compte d'une manière ou d'une autre de se genre de contact ?

-Ou d’elle d’ailleurs. Ajouta-il finalement, un sourire joueur sur les lèvres.

Quoi qu’il en serait, Aegden en serait heureux, Sinieth pouvait en être certaine.

-Est que tu as une idée ? demanda-il avec un peu plus de sérieux. J’ai entendu dire que votre instinct vous le faisiez comprendre parfois.

Il ne savait pas trop comment ça marchait, et à vrai dire il ne savait même pas si c’était vrai. C'était une rumeur qu'il avait entendu comme ça, sans trop chercher plus loin. Aegden ne connaissait pas grand-chose à tout ce qui touchait au domaine de la parentalité en fin de compte. Ça lui avait fait peur au début mais au fur et à mesure il essayait d’apprendre ce qu’il pouvait.

Alors qu'Aegden se trouvait à genou, le visage contre son ventre, Sinieth glissa une main dans les cheveux de son compagnon. Ces dernières ennéades, elle avait l'impression de vivre dans un rêve. Tout était idyllique... L'amour de son amant, le bébé qui se manifestait de plus en plus, les journées paisibles qu'elle coulait... La présence de son père en ville en était même devenu supportable à ses yeux. Elle évitait les sujets qui fâchaient comme son travail, ses clients ou encore ce triangle amoureux. Les enfants de Glinaina aidaient bien à les distraire et à leur faire parler d'autre chose lors de leurs quelques visites.

La questions du militaire l'amusa et elle laissa échapper un léger rire qui n'avait rien de moqueur. Elle lui répondit avec le sourire et une douceur qui n'appartenait qu'à elle.

-"Parfois"... Mais nous n'avons qu'une chance sur deux. A mon sens, cette intuition ne veut rien dire et je préfère ne pas me prononcer. De toute façon, quel que soit son sexe, je serai heureuse. En revanche, à notre cinquième fille sur cinq enfants... Je commencerai peut-être à me languir d'un petit garçon.

Ses traits s'étirèrent avec une espièglerie toute particulière. Elle ne prévoyait pas forcément d'avoir une grande famille et de toute façon ce n'était pas eux qui en déciderait. C'était à Kÿria de leur en faire cadeau, comme elle l'avait fait lors de leurs tous premiers ébats. Alors non, elle ne se projetait pas dans un tel futur mais cela l'amusait d'évoquer cette possible situation, simplement par jeu.

-Et puis, de toute façon, il va être l'heure d'y aller. Elle releva la tête, cherchant manifestement quelque chose du regard. Sais-tu où j'ai mis mon châle ? J'ai l'impression de perdre toutes mes affaires en ce moment...

Même si le printemps était bien installé, l'air ici était très humide et elle n'avait guère l'habitude. Elle trouvait la fraîcheur assez difficile à supporter après avoir passé sa vie dans le sable d'Ithri'Vaan. Mais ce n'était qu'une question d'habitude et elle ne s'en plaignait pas. En attendant, elle se couvrait un peu plus. Quand elle retrouvait ses vêtements de sortie car elle passait souvent son temps à les chercher. Une réaction peu inhabituelle chez les futures mères qui se comportaient souvent différemment pendant leur grossesse.

Aegden lui avait rendu son sourire lorsque Sinieth plaisanta sur leur éventuel futur et beaucoup trop nombreux enfants. Pas plus qu’elle il n’envisageait que ce fut possible. En fait, Aegden n’arrivait même pas à pouvoir envisager un second bébé. C’était bien trop tôt, il lui fallait déjà le temps d’intégrer d’en avoir un…

-Ton châle ? Aegden se releva alors. Je l’ai rangé je crois. Excuse-moi, réflexe. Il étira un sourire contrit. Attend.

Et il remonta vivement à l’étage disparaissant à la vue de la jeune femme. Il revient une minute plus tard, un pan de tissus léger dans les mains. Il ne tendit cependant pas le châle à la jeune femme, à la place il passa dans son dos, volant au passage un baiser à l’angle de sa mâchoire.

-Ne bouge pas. Murmura-t-il à son oreille.

Et délicatement il passa le châle par-dessus les épaule de sa compagne, faisant de son mieux pour le placer comme elle en avait l’habitude. Il avait passé du temps à l’observer effectuer ce genre de petit geste. Elle était si délicate, si élégante ça lui faisait beaucoup d’effet et à force de la regarder faire imiter ses gestes était devenu facile.

-Voilà, je crois qu’on est prêts. Termina-t-il en revenant devant elle, ses yeux brillant d’admiration et d’amour.

Même le ventre arrondit par la grossesse, l’elfe la trouvait belle. Elle avait toujours cet éclat dans le regard, peut-être y avait-il autre chose d’ailleurs.

 -J’ai hâte. Un sourire un peu nerveux étirait à présent ses lèvres. Je...je suis un peu nerveux aussi. C’est normal à ton avis ? C’est plutôt toi qui devrait l’être, c'est toi qui fait tout les efforts.

C’était elle qui portait l’enfant après tout. Lui il n’était là qu’en tant que support. D’ailleurs c’était probablement la première fois qu’il se confiait aussi librement à sa compagne. Il ne mentait jamais, il l’avait juré et sans doute Sinieth l’avait-elle déjà remarqué à divers moments. Cependant naturellement il avait tendance à garder ce genre de sentiment pour lui. Là ils s’apprêtaient à franchir un tel pas qu’il faisait l’effort de verbaliser.

Sinieth regarda Aegden s'éloigner, fixa l'escalier et l'accueillit à son retour avec toujours le même sourire aux lèvres. Un sourire de bien-être et de bonheur mêlés à son air intriguant. Elle frissonna avec délice alors qu'il se plaçait dans son dos pour lui souffler quelques mots à l'oreille avant de disposer son châle sur ses épaules. Elle ne manqua pas de remarquer son mimétisme tandis qu'il ajustait le tissu sur elle. Ce moment était terriblement beau et enivrant si bien que, lorsqu'il revint face à elle, elle s'approcha, posant ses mains délicates sur sa taille et l'embrassa d'une façon qu'elle n'avait plus fait depuis un certain temps. Les elfes étaient moins portés sur la chose que les vaanis et, curieusement, ce mode de vie-ci lui convenait très bien. Cela donnait à chaque ébat bien plus de valeur et d'importance dans le cœur des deux amants. Il n'y avait pas de précipitation ni de passion brûlante. Il n'y avait qu'amour et tendresse et chaque fois était mémorable.

Lorsque le militaire lui avoua son appréhension, elle lui sourit avec douceur. Il n'était guère du genre à exprimer ce qu'il ressentait. S'il en parlait aujourd'hui, c'était que cela devait être important. Aussi lui prêterait-elle toute l'attention dont il avait besoin. Non pas comme une prêtresse cette fois-ci. Mais comme une compagne. Elle posa alors la main sur la joue de son bien aimé.

-Tu tiens à moi et à notre enfant. Et tu ne peux malheureusement pas l'atteindre. Je pense qu'il est normal que tu t'inquiètes. C'est la preuve de l'amour que tu nous portes.

"Notre enfant"... C'était encore si étrange de prononcer ces mots. Ils n'étaient ensemble que depuis un an et demi. Ils avaient à peine eu le temps d'emménager que, déjà, ils fondaient leur propre famille. Les choses allaient si vite... Mais elle l'aimait tellement. Elle prit finalement ses mains dans les siennes, le regardant toujours dans les yeux.

-Je ne doute pas un seul instant que, si tu le pouvais, tu le porterais à ma place. Et c'est... une expérience merveilleuse. De sentir qu'il est là... De le sentir vivre... et grandir en moi... Et de le voir grandir aussi dans tes yeux... Elle marqua une courte pause avant d'expliquer de quoi elle parlait. Ton amour.

Car c'était tout ce que cela représentait. Ce qu'elle portait en elle, c'était bien plus qu'un enfant. Bien plus que leur enfant. C'était le fruit de ce qui les unissait, ce sentiment aussi fort que permanent qui les habitait. Et plus le temps s'écoulait, plus elle se sentait amoureuse et aimée à la fois. Elle était si bien ici, dans son pays et à ses côtés. L'aspect grisant de la traque aux mages ne lui manquait même pas. Peut-être parce que son esprit était occupé par tellement d'autres choses... La maison, son nouveau peuple et maintenant le bébé... Avait-elle seulement l'occasion de penser encore à la magie ?

-Allons-y. L'invita-t-elle avec douceur.

***********

Après un examen silencieux de plusieurs minutes durant lequel Sinieth avait senti la magie traverser littéralement son corps, la prêtresse de Kÿria posa ses mains sur ses genoux et regarda les deux futurs parents, souriante. La jeune mère était allongée sur une table d’auscultation et tenait la main de son compagnon dans la sienne.

-Tout d'abord, votre enfant va très bien. Il est confortablement installé dans un environnement stable. Il grandit et se renforce. Ce sera un très beau bébé.

Elle laissa au couple le soin d'accueillir cette bonne nouvelle. L'ex-vaanie se tourna vers son compagnon, l'air radieux. Elle ne doutait pas de la vigueur du petit être qui logeait en elle puisqu'elle était la mieux placée pour savoir comment il se portait. En revanche, l'information avait de quoi soulager le militaire qui ne pouvait en faire autant. Lorsque les regards des deux amoureux revinrent sur elle, la prêtresse poursuivit. Elle savait déjà qu'il souhaitait connaître le sexe de leur enfant et avait réfléchi à une façon originale de le leur annoncer.

-J'espère que vous avez réfléchi à des prénoms de garçons. Parce qu'il va vous en falloir un.

Les yeux de Sinieth s'illuminèrent. Elle aurait pu lui annoncer que c'était une fille, elle aurait eu la même réaction. Finalement, le simple fait de savoir suffisait à son bonheur. Elle se tourna à nouveau vers Aegden, guettant sa propre réaction qu'elle imaginait similaire à la sienne.

Au contraire de redouter le contact de la main de la jeune femme contre sa joue, Aegden se surpris à le quérir un peu plus en posant ses doigts contre ceux de sa compagne. Elle avait un effet apaisant sur lui. Thérapeutique pourrait-on dire. Il était bien, il était heureux avec elle.

Il souriait avec une tendresse dont seule Sinieth pouvait bénéficier. Ses mots le touchaient et il sentit sa gorge se serrer et les larmes monter sous le coup de l’émotion.Heureusement elle rappela qu’il était temps qu’ils y aillent et le soldat se contenta d’un hochement de tête.

Et tout le long de leur trajet, peut-être même durant les longues minutes d’examen du quel il ne pouvait rien savoir, il repensa à ces paroles. Leur enfant était le fruit de leur amour. Une preuve vivante du lien désormais inaltérable entre les deux anedhels.Aegden avait-il jamais été aussi heureux et fier qu’à cette pensée ?

Il n’eut pas le temps de trouver une réponse à cette question, l’adepte de Kyria terminant alors son examen et rendant son verdict.

Le futur père ne put cacher un bref soupir de soulagement en apprenant la parfaite santé du futur nourrisson.

 De son fils.

Lorsqu’elle leur fit comprendre ce qu’ils attendaient tous deux, c’est un immense sourire qui s’afficha alors sur le visage du soldat.

Un fils.

Son fils.

Il caressait les mains de la future mère, comme depuis de longue minutes, en intégrant cette nouvelle. Oui il était heureux, oh bien entendu tout comme Sinieth il aurait été tout autant comblé par une petite fille, mais ça ne l’empêchait pas d’être sous le coup d’une brève euphorie. En l’espace d’un mois et demi il n’avait toujours pas réussis à réaliser ce qui arrivait. Jusqu'au matin même il n'avait jamais eut de contact physique avec ce fils. C'était assez étrange comme sensation.

Et voilà qu’ils devaient désormais trouver un nom à ce petit elfe qui grandissait encore tranquillement dans le ventre de sa mère.

-Ah vrai dire, j’avais tellement hâte de savoir que je n’ai même pas envisagé de prénom. Rit-il alors nerveusement, une larme de joie en profitant pour apparaitre au coin de son œil. Est-ce que tu as une idée Nin meleth? Demanda-t-il alors plus doucement

Il voulait le nom parfait pour cet enfant. Tout devait être parfait pour lui. Mais comment ils faisaient les autres parents pour choisir ? Attendaient-ils le dernier moment où réfléchissaient-ils plutôt à cela avant même une potentielle grossesse ? Trouvaient-ils en un éclair ou en plusieurs ennéades ?

Le bonheur se lisait sur le visage des deux futurs parents si bien que la prêtresse elle-même était heureuse pour eux. La question d'Aegden donna un léger air amusé au sourire radieux de sa compagne. Jamais elle ne se moquerait de lui, il était normal qu'il ne sache pas ce genre de choses. Il était fils unique et n'avait que peu de proches avec lesquels il aurait pu évoquer tout ce qui entourait la grossesse, l'accouchement ou les enfants. Quant à elle, elle avait vu passer nombre de couples et avait connu nombre de naissances dans son entourage. Et la question du prénom revenait souvent dans les conversations avec les heureux époux.

-Nous avons le temps d'y réfléchir, Meldanya*. Ensemble.
-Je ne vous demandais pas de le nommer tout de suite, rassurez-vous. Certains parents attendent de voir ce que leur inspire le visage de leur enfant. D'autres ont déjà choisi avant même de venir me voir. D'autres encore changent d'avis en cours de route. Termina la prêtresse, amusée en repensant à ce couple et à la tête que le père avait faite lorsque son épouse lui avait dit vouloir changer de nom en apprenant le sexe de leur bébé.
-Nous avons presque deux mois devant nous pour trouver.
-Hum... Fit la servante de Kÿria pour attirer de nouveau l'attention de la future mère sur elle. Peut-être un peu moins que cela.

Sinieth posa son regard sur la prêtresse, semblant ne pas comprendre. Andrea n'avait pas pu se tromper en définissant la période de la conception de leur enfant et une seule date correspondait à cet évènement. Le bébé ne pouvait donc être plus âgé qu'ils ne le pensaient. La religieuse ne laissa pas le suspens durer plus longtemps et reprit, d'une voix douce et apaisante car il n'y avait pas de raisons de s'inquiéter outre mesure.

-Vous ressentez parfois une légère douleur en bas du ventre, n'est-ce pas ?
-Oui, en effet. Le bébé commence à peser un peu.

La jeune femme n'apprenait rien à Aegden. Elle lui en avait déjà parlé et, qu'il le lui demande ou qu'elle en prenne l'initiative d'elle-même, elle allait s'asseoir un peu lorsqu'elle ressentait cette gêne. Mais, lorsqu'elle sortait faire les courses, il fallait bien qu'elle attende d'être rentrée pour pouvoir se reposer.

-Votre enfant a été conçu dans un contexte un peu particulier et, s'il est fort et bien accroché, le premier mois a tout de même été éprouvant pour vous. Ce que vous ressentez n'est pas dû au poids du bébé, ce sont des contractions. Avant même que le couple ne panique, elle continua, toujours aussi calme. Ne vous inquiétez pas, cela arrive. C'est juste un signal d'alarme que votre corps vous envoie pour vous dire de vous ménagez. Si vous le faites, tout se passera bien mais il y a des chances pour que le bébé ait un petit peu d'avance malgré tout. Il faut juste prendre quelques précautions pour qu'il reste bien au chaud jusqu'à au moins cinq ennéades avant le terme.

Traduction:

-J’imagine que par précaution vous entendez du repos ?

Les oreilles de l’elfe semblaient hésiter entre se hausser et se plaquer contre son crâne, signe des émotions contraires qui agitaient son cœur. L’euphorie n’était pas tout à fait descendue mais il ne pouvait empêcher un soupçon d’inquiétude de s’emparer de son souffle.

Protecteur avant toute chose, c’était plus fort que le soldat. Il regrettait que la guerre eut marqué le début de la grossesse de sa compagne. Ils se l’étaient déjà dit : s’ils l’avaient su elle serait restée bien loin de tout ça.

Et puis il y avait une autre peur aussi. Cinq ennéades c’était immense. Cinq ennéades au sein de l’armée c’était autant de temps avec le risque d’être envoyé à l’autre bout d’Anaëh. Aegden ne voulais pas reproduire le schéma de sa propre enfance, et ça commençait maintenant : il était terrifié à l’idée de rater la naissance de son fils.

-On aura probablement besoin d’un peu d’aide. Admit-il en fixant tour à tour la femme enceinte et celle qui l’avait examinée. Il s’en voulait un peu de devoir admettre cela. Je ne suis pas assez présent pour que Sinieth puisse véritablement rester tranquille.

Ce n’était pas faute de tenter de faire le maximum, mais Aegden n’avait pas pris la voix la plus simple pour un elfe désirant à présent fonder une famille. A l’époque cela ne lui avait pas importé comme ça lui importait à présent.

La prêtresse hocha la tête.

-Du repos, oui. Puis elle se tourna vers Sinieth pour s'adresser directement à elle. Mais vous devrez aussi éviter de porter des charges, ne pas trop marcher et même ne pas rester debout trop longtemps si vous ressentez trop souvent cette petite douleur. Il va commencer à faire chaud, vous aller pouvoir privilégier les repas froid et donc éviter de faire la cuisine. Pour la vaisselle, essayer de trouver un siège ou laissez-la à Aegden. Elle se tourna ensuite vers se dernier. Si vous pouvez lui installer une chambre au rez-de-chaussée, ce serait parfait. Autant qu'elle évite les escaliers le plus possible.

Le militaire lui confia alors qu'il n'était pas assez présent pour prendre soin de la future mère de son enfant. Si la prêtresse ne le jugeait pas, elle ne lui conseillerait pas non plus de se libérer du temps pour elle. Il était libre de faire ce que bon lui semblait et, dans tous les cas, le devenir de sa compagne et de son fils lui importait visiblement beaucoup. Elle se contenta alors de hocher la tête une seconde fois pour signifier qu'elle avait entendu sa requête. Elle savait que ni l'un ni l'autre n'avait d'entourage pour les aider mais elle avait une solution à proposer

-Eh bien, j'ai coutume d'organiser un parrainage avec de jeunes parents. Les mères peuvent ainsi partager leur expérience de la grossesse, ce qui rassure souvent la future maman. Elles peuvent aussi discuter de l'accouchement et les futurs parents partagent des moments autour de l'enfant de la marraine. Cela permet de se poser déjà quelques questions à propos de l'éducation d'un enfant et même les premiers temps avec le bébé. Je peux sans doute trouver une famille prête à vous assister au quotidien, si cela peut vous rassurer. Et ainsi, il y aura toujours quelqu'un pour veiller sur Sinieth lorsque vous vous absentez. Conclut-elle à l'attention exclusive du militaire.

Aegden avait simplement hoché la tête à la proposition de la prêtresse. Sans doute faudrait-il que Sinieth et lui y réfléchisse à froid pour prendre la meilleure décision possible mais ça lui semblait une bonne idée. Que Sinieth ne soit pas seule lors de ses absences lui importait beaucoup.

Après avoir vérifié que le jeune couple n’avait plus de question, la prêtresse s’éclipsa les laissant seuls pour terminer d’intégrer toutes les informations.

- Je crois qu’on va encore devoir réaménager notre maison. Fit-il alors avec un timide sourire. Est-ce que tu veux dormir toute seule ou vais-je devoir déménager l'entièreté de notre chambre à la place de mon bureau ?

C’était un moindre mal bien entendu. Il ne faisait que plaisanter, ne sachant pas trop comment réaborder les sujets plus sérieux. Tout doucement cependant, ses doigts vinrent s’aventurer sur la joue de la jeune femme encore sur la table.

-On fera le nécessaire pour que tout se passe au mieux. Je serais soulagé de ne pas te savoir seule alors que tu as besoin d’un maximum de repos d'ailleurs. Et puis un sourire plus franc réapparu sur ses lèvres. Pour notre fils.

Il devrait probablement le répéter encore quelques fois avant qu'il ne finisse par enfin réaliser...

Sinieth adressa un sourire presque peiné à Aegden. Non pas pour elle, mais pour lui. Depuis qu'ils s'étaient retrouvés, il était particulièrement protecteur avec elle et surtout très inquiet. L'annonce que venait de leur faire la prêtresse n'aidait à rien à le rassurer. Alors qu'il lui annonçait qu'ils allaient devoir réaménager leur maison, elle lui caressa la joue. Une fois de plus, elle lui causait bien du tracas. Ce n'était pas de son fait, bien entendu. Elle n'avait pas choisi d'être enlevée et torturée par les Delzeenil, pas plus que de voir sa grossesse entachée par quelques difficultés, mais elle en était attristée pour lui. Cependant, cela devait-il réellement ternir leur bonheur tout neuf ?

-D'un côté, je ne veux pas te déranger... Et de l'autre, je n'ai pas envie de rester loin de toi.

Les elfes étaient plutôt adeptes des chambres séparés mais le jeune couple en avait décidé autrement. Après tout ce qu'ils avaient traversé, ils avaient besoin de sentir la présence de l'autre, de s'endormir en entendant leurs respirations, de se blottir dans la chaleur de leurs bras pour se réconforter et retrouver le sommeil. Elle ne voulait pas passer les deux prochains mois seule au rez-de-chaussée sans tout cela. Elle était partagé entre son désir un brin égoïste et son altruisme naturel. Elle ne voulait pas prendre la décision pour eux et se contentait donc de lui exprimer ce qu'elle ressentait.

Sinieth était bien obligée de reconnaître qu'elle aurait besoin d'aide pour parvenir au terme de cette grossesse. Si elle devait éviter de marcher ou même de rester debout trop longtemps, ce serait compliqué en étant seule. D'autant qu'Aegden serait parfois amené à s'en aller plusieurs jours. L'assistance d'une tierce personne allait s'avérer indispensable pour elle et jamais elle ne demanderait à son compagnon de mettre ses responsabilités de côté pour elle. Là d'où elle venait, cela n'était pas aussi naturel qu'ici.
Lorsque son compagnon parla de leur fils, elle étira un sourire radieux. Un garçon... Ils allaient avoir un garçon. Cette simple pensée semblait effacer toutes les inquiétudes du militaire et toute la gêne de la jeune femme.

-Notre fils... Répéta-t-elle, peinant à sortir du rêve dans lequel elle baignait.

D'une légère pression sur sa joue, elle le fit se pencher sur elle pour l'embrasser avec amour et ferveur. Une part de lui grandissait en elle. Un petit bout de l'homme qu'il était et qu'elle aimait tellement... Lorsque leurs regards se retrouvèrent, une étincelle brillait dans celui de l'ex-vaanie. Une étincelle qu'elle avait déjà en partant de chez eux mais que l'impatience de ce passage au Temple de Kÿria avait su faire taire. A présent, ils avaient leur réponse mais son cœur brûlait toujours de cet amour qu'elle voulait partager avec lui.

-Rentrons, s'il te plaît. Lui souffla-t-elle d'une voix douce mais qui en disait long sur ses intentions à leur retour...

-Je n’en ai pas envie non plus. Je suis bien près de toi .Avait-il répondu en toute honnêteté.

Les elfes n’avaient peut-être pas cette coutume, mais Aegden avait fini par s’habituer à dormir près de sa compagne, à la sentir s’endormir dans ses bras, à la voir si paisible lorsqu’il se réveillait avant elle. Deux mois sans elle, ce serait trop long pour l’un et l’autre. Ce n’était peut-être pas les habitudes du peuple anedhel mais cette intimité n’appartenait qu’a eux au final. Ils faisaient bien ce qui leur chantaient.

Si le baiser qu’elle vint quérir n’avait pas suffi à faire comprendre au soldat les idées qui traversaient l’esprit de la jeune femme, son regard était un peu plus équivoque. Aegden était un peu surpris mais pouvait-il résister à quoi que ce soit venant de Sinieth ? Le voulait-il seulement ?

Un air amusé sur les lèvres, le jeune homme se leva. Avec douceur, une de ses mains ses glissa au creux des genoux de la prêtresse et l’autre se plaça dans son dos.

-Accroche toi.

Une fois fait, il la souleva délicatement de sa place. Le pas sûr et léger, Aegden faisait attention à ne pas la secouer tandis qu’il pris le chemin de leur maison.

Et une fois la porte de bois vert refermée, les châles et autres couches de vêtements superficiels retirés et les escaliers franchis, il ne manqua pas de déposer un baiser au creux de la mâchoire de sa belle et un autre, et encore un tandis qu’il la déposait à nouveau sur ses pieds sans jamais vraiment la lâcher. Si elle voulait de lui, il devenait évident qu’il voulait tout autant d’elle et désormais réfugiés dans leur cocon d’amour, il n’y avait plus besoin de retenir leurs gestes.

Si l’amour était bel et bien là en tout circonstance, de tels élans de passion étaient rares pour un elfe n’ayant jamais connu autre chose que la culture très peu loquace des elfes des cités à ce sujet. Cela ne voulait pas dire pour autant qu’il ne savait pas désirer son amante loin de là. Sa façon d’aimer était simplement plus émotive que charnelle. Cela se ressentait dans sa manière d'agir si mesurée.

Sinieth l'avait regardé d’œil malicieux alors que son compagnon se mettait en place puis la soulevait. Elle se sentait telle une princesse et son chevalier servant. Une référence qu'Aegden ne comprendrait certainement pas mais qui l'amusait néanmoins. Sur le trajet, on les regardait d'un air tantôt curieux, tantôt amusé, tantôt surpris et, à mesure qu'ils approchaient de chez eux et que les gens les reconnaissaient, tantôt inquiet. Mais rien ne semblait entacher le bonheur des deux amoureux à qui il tardait de rentrer dans leur nid pour répondre à l'appel lancé par leurs cœurs.

Ce fut la jeune femme qui actionna le mécanisme de la porte puis qui la repoussa pour presque la claquer derrière eux. Au chaud dans leur maison, elle retira son châle d'un mouvement avant de le laisser nonchalamment choir sur le dossier d'un fauteuil. Alors que le militaire les menait vers l'escalier, les pieds de la belle œuvrèrent pour retirer une chaussure, puis la seconde, les laissant tomber sur le sol sans plus s'en soucier. C'était une douce provocation à l'attention d'Aegden qui était si maniaque et qui rangeait ses affaires dès qu'elle les laissait traîner, même à un endroit qui ne dérangeait en rien. Elle était pourtant loin d'être désordonnée mais elle avait choisi de s'amuser du comportement de son compagnon plutôt que de s'en offusquer.
Une fois arrivé à l'étage, elle fut presque surprise de sentir déjà les lèvres de son amant sur elle. Elle étira un sourire et soupira aux second baiser. Ses pieds se posèrent délicatement sur le sol de leur chambre tandis qu'elle savourait le troisième, les yeux fermés. Il avait une façon de l'aimer qui la faisait fondre. Avec douceur. Avec prévenance. Et, pourtant, avec force et passion. Une passion atténuée par la beauté de ses sentiments. Ils n'avaient pas fait l'amour depuis plus d'un mois et, pourtant, il n'y avait rien de précipité dans leur attitude. Elle le sentait désireux et patient, tendre et fervent. Tout cela à la fois...

Alors qu'elle offrait son cou aux lèvres de son compagnon, ses mains caressèrent son buste, remontant lentement depuis son ventre jusqu'à ses épaules. Elle trouva ensuite les limites de sa veste, en défit les boutons si nécessaires, avant de passer ses doigts sous cette épaisseur qui la séparait de lui. La peau de l'officier ne lui était pas encore accessible mais elle sentait les contours de sa silhouette sous sa chemise et prenait plaisir à se remémorer le corps d'Aegden plutôt que de se précipiter pour l'observer de ses propres yeux. Ils avaient tout le temps du monde après tout...
Explorant le torse de son compagnon, Sinieth finit cependant par lui ôter ce vêtement parfaitement inutile afin d'y avoir plus facilement accès. Elle passait et repassait sur ses épaules, ses pectoraux, ses flancs, son ventre... Au détour d'un passage, elle tirait sur sa chemise pour en faire sortir un pan de son pantalon puis repartait dans son exploration. Elle écartait un côté de son col et s’immisçait en dessous pour trouver un peu de sa peau et l'effleurer... avant de retrouver la séparation de tissu. Elle prenait son temps, se délectant de l'attente qui permettait de faire accroître le désir et soupirant aux attentions que son amant lui adressait également.

Tandis que ses lèvres ne laissaient pas de répit à la gorge de la jeune femme. Ses doigts se glissèrent le long des épaules de son amante.

-Je t’aime Sinieth. Je t’aime tellement.

A peine un souffle dans l’oreille de l’intéressée. Elle n’a pas besoin de plus pour le savoir mais il a besoin de l’exprimer avant que son cœur n’explose. Sa dextre s’aventure le long de la clavicule, puis de la gorge de la prêtresse. Elle ne fait jamais plus qu’effleurer. Elle s’aventure plus loin, le long de sa poitrine, redécouvrant ce corps changé par l’attente d’un enfant. Elle y reste un moment, explorant tout doucement, avec attention, et puis elle termine sa course contre une hanche, vers un ventre rond sans trop s’y attarder, elle parcourt  ce corps à la manière des mains de l’ancienne vaanie sur le sien.

Ses lèvres reviennent à nouveau rencontrer celles de son amante dans un baiser plus intense qu’à l’accoutumé. L’elfe est rarement à l’origine de telles entreprises, c'est nouveau. Il ne se connaissent pas encore par cœur. Malgré tous ces expériences sont encore toutes nouvelles pour eux. C’est une découverte, timide et tout de même pleine de confiance en l’autre. Ils ont le temps. Aujourd’hui, demain, dans vingt, cinquante, cent ans, peu importe. Ils ont le temps de s’aimer, de se découvrir petit à petit. C’est agréable.

Sa main jusque-là la moins active joue avec une des attaches qui maintiennent la robe de la jeune femme jusqu'à ce qu'elle cède. Il n’y a pas de raison qu'elle soit la seule à avoir droit à ce petit jeu après tout…

Sinieth ferme les yeux et soupire. Elle savoure cet instant. La déclaration d'Aegden, ses baisers sur sa peau, ses caresses à peine effleurées... C'est aussi doux qu'enivrant. Mais pas autant que les attentions qui suivent...

-Moi aussi, nin meleth... De tout mon être... Murmure-t-elle comme pour ne pas briser la magie de ce moment.

De son côté, la sang mêlé dévoile de plus en plus le buste de son compagnon. Maintenant que la chemise est sortie de son pantalon, elle en défait régulièrement un bouton avant de plonger ses mains sous le tissu, redécouvrant toujours plus son torse, centimètre par centimètre. Sa peau est douce sous ses doigts et elle trouve les caresses qu'elle lui adresse aussi plaisantes que celles qu'il lui procure. Le souffle légèrement raccourci par leur désir croissant, ils s'embrassent avec plus de passion que précédemment. La belle étire un sourire en sentant sa robe se détendre. Il veut rééquilibrer les forces et cela lui convient parfaitement.
Les vêtements de grossesse sont faciles à enfiler et à enlever. Ils sont maintenus par un simple ruban intégrer qui ajuste la tenue sous la poitrine. Le reste de la robe est laissé libre, s'adaptant de lui-même à la taille du ventre de la future mère. Sinieth s'est arrondie mais pas encore au point de remplir ses habits. Bien loin de là. Si Aegden repousse ses bretelles, tout pourrait tomber très soudainement... La laissant totalement nue devant lui.

De son côté, elle a fini par ouvrir totalement la chemise de son amant qui ne fait plus que la gêner désormais. Alors, au même titre que sa veste, elle en repousse les pans sur ses épaules et ses bras, interrompant brièvement les attentions qu'il lui porte, pour la lui retirer et la laisser choir sur le sol à son tour. A présent, son buste tout entier est à la portée de ses doigts. Elle le caresse, le parcourt, depuis ses épaules jusqu'à son ventre et même son dos. Elle ressent la chaleur grandissante de son corps tout près du sien. Elle le voudrait contre elle, qu'ils soient nus l'un contre l'autre, mais ils ont le temps... Elle veut surtout profiter de l'instant présent, ne pas le voir se finir trop vite. Elle se sent bien ainsi... Aimée, désirée... Dans les bras de l'homme qui aura le plus marqué sa vie au point qu'elle avait tout quitté pour lui... Pour finir ses jours à ses côtés...

Sa chemise finit par rejoindre le plancher et Aegden savoure l'instant quelques secondes. Les mains de son amante sur son propre corps lui font un effet incroyable. Non seulement ça l’électrise mais surtout il se sent en paix près de la jeune femme. Il se sent aimé lui aussi. Et il a juste à aimer en retour. Il n’a pas à devoir être constamment sur le qui-vive. Pas à être un leader d’une armée. Dans les bras de l’amour de sa vie et de son éternité, il a juste à être lui, rien qu’Aegden.

Sinieth est importante pour lui. Plus qu’elle ne peut l’imaginer. Il a changé depuis qu’il est tombé amoureux de cette mystérieuse vaanie au détour d’un spectacle. Il sait que même si le monde s’effondre, elle, elle sera là. Toujours. Elle lui a donné un enfant après tout. Il n’existe pas plus ultime preuve d’amour.  A ses côtés, il a confiance et il est heureux.

En parlant d’être dans ses bras, plus ça allait et plus il avait envie d’elle et plus cela devait se ressentir. Il a envie de l’observer dans toute sa sublime simplicité. Il a envie de lui offrir mille caresse et milles attentions. Il a envie de partager tout ce qu’ils ont de plus intime tous les deux. Il a envie de montrer ce que ses paroles peinent à exprimer à sa juste valeur.

Avec cette éternelle douceur extrême, un de ses doigts viens ôter une bretelle de son support. S’étant très légèrement reculé, les prunelles anthracites du jeune homme étaient rivées à celle de la  sang mêlé. Comme à chaque fois qu’il se montrait un peu plus aventureux, il cherchait son approbation, un consentement pour qu’ils continuent, toujours ensemble. S’il le trouvait, alors ce serait le second lien qui subirait l’assaut de ses mains.

Et une fois cela fait, peut être se montre-t-il un peu plus enivrant dans ses caresses. S'il continue de se montrer doux et patient, les effleurement deviennent peu à peu des caresses plus tangibles sur la peau dorée de son amante, au fur et à mesure que le désir échauffent leurs coeurs et leurs corps.

Sinieth soutenait le regard d'Aegden alors qu'il libérait l'une de ses épaules du poids de sa robe. Ses yeux brillaient d'un éclat rare qui témoignait tant de son désir que de son impatience. Cependant, elle ne fit rien pour le presser et attendit... Avec douceur, il dégagea la seconde épaule et le vêtement ne tarda pas à glisser le long de son corps, le mettant rapidement à jour. Une fois le ventre passé, le tissu acheva de s'effondrer sur le sol dans un bruissement sourd. Le cœur battant et la respiration forte, la belle resta là à observer l'homme qu'elle désirait tant. Plutôt que de se jeter sur lui pour sentir sa peau contre la sienne, elle le laissa venir à elle. Et lorsqu'il posa de nouveau ses mains sur son corps désormais offert, elle ferma les yeux et soupira de plaisir.

A son tour, ses doigts retrouvèrent la peau du militaire et en parcoururent chaque parcelle. Ses lèvres se posèrent dans son cou et sur ses épaules, gouttant elle aussi à cette chair qui l'appelait. Elle était enivrée par son goût, par son odeur, par son souffle à son oreille... Plus d'une fois le pantalon d'Aegden s'opposa aux excursions de ses mains et, bientôt, elles se dirigèrent vers sa ceinture. S'éloignant d'un demi-pas, elle se soustrait alors aux attentions ô combien délicieuses de son compagnon afin d'en défaire l'attache d'un geste fébrile et pourtant patient. Tout comme lui avec sa robe, elle souhaitait rééquilibrer les choses. Elle était nue et il est temps qu'il l'accompagne...
Sans honte et avec douceur, elle dénoua la boucle puis le lien du pantalon avant de le repousser afin qu'il rejoigne le reste de leurs vêtements au sol. Si elle avait douté un seul instant du désir de son amant, elle ne le pouvait plus désormais. Elle plongea alors son regard dans celui de l'officier et prit délicatement ses mains dans les siennes. Lentement, elle recula d'un pas... Puis d'un autre... L'attirant ainsi vers leur lit qui, peut-être, passait sa dernière journée ici avant plusieurs ennéades.

A reculons, elle monta à genoux sur leur couche. Puis elle cessa de s'éloigner, rapprochant Aegden encore et toujours. Elle l'accueillit contre elle en l'embrassant avec langueur. Elle n'était pas pressée qu'ils se couchent, ni que leurs ébats commencent. Ils avaient encore le temps de se couvrir encore de milles attentions avant d'en arriver là. Il y avait bien des choses que son compagnon ignorait encore sur l'intimité d'un couple. Bien des choses qu'elle ne lui avait pas montré...

Leur moment ne faisait que commencer...

La robe avait glissé sur le sol et il avait repris ses caresses sous le soupir de contentement de l’intéressé. Mais bientôt elle voulut à nouveau qu’ils furent égaux et les menottes féminines virent s’attaquer à la boucle de sa ceinture jusqu’à ce qu’elle cède.  Et il fut aussi nu qu’elle.

Point de honte ni dans l’un ni dans l’autre de leur regard. Ils se faisaient confiance malgré le peu de fois qu’ils avaient encore partagés ce genre de moment. Il y avait bien trop d'amour dans leur yeux pour être gêné devant l'autre.

Cependant, si Sinieth avait vécu d’autres vies dans les bras d’autres amants, ce n’était pas le cas d’Aegden qui se retrouva un peu hésitant une fois lui aussi les genoux posés sur le matelas. Il voulait que ce moment dure. C’était si doux. Délicatement il exerça une pression sur les mains de la prêtresse dont les doigts enlaçaient toujours les siens afin qu’elle s’allonge. Libérant une seule de ses mains, tout prêt d'elle, il caressa une pommette rosie. Alors qu’il vint déposer un baiser passionné sur ses lèvres, il souffla quelques mots presque gênés, tandis que ses doigts glissaient de sa gorge à sa poitrine comme une plume, se refusant à cesser tout à fait leur petit jeu mais n’osant s’aventurer bien loin.

-J’ai besoin de toi meleth…Je ne sais pas...

Sans qu’il n’y puisse grand-chose, il rougissait de devoir l’avouer ainsi. Mais il avait besoin de son aide. Il avait peur d’aller trop vite. Leur première fois, elle avait fait en sorte que ce fut à son rythme. Il avait envie de lui rendre la pareille. D’écouter ses désirs à elle. Et elle semblais bien partie pour profiter de cet instant jusqu'au bout.

Sinieth se laissa mener par Aegden, s'allongeant à sa demande. Sa main libre, elle la plongea dans ses cheveux alors qu'il l'embrassait avec passion, répondant à son désir qui faisait écho au sien. Ses jambes se mêlaient déjà à celles de son amant tandis que certaines de leurs phalanges restaient nouées les unes aux autres. Elle ne se sentait aucunement prisonnière dans cet posture mais simplement aimée. Ce geste anodin de leurs doigts entremêlés était un symbole magnifique de l'amour qui les unissait et qui vibrait en eux à cet instant précis.
Sous les caresses et les lèvres du militaire, elle soupirait de plaisir. Il ne semblait pas plus pressé qu'elle d'en venir au fait et elle en était bien aise. Ses minces attentions sur sa poitrine suffisaient à attiser son désir mais elle avait envie de prolonger cet instant et, dans cette optique, ses mains ne la contenteraient bientôt plus assez. Bien vite, Aegden admit qu'il avait besoin de son aide. Ou plutôt, de son expertise. Elle lui sourit avec tendresse, touchée de le voir désireux d'explorer ce moment un peu plus qu'ils ne l'avaient déjà fait. C'était le signe qu'il aimait cet instant autant qu'elle...

Relevant légèrement la tête de son oreiller, elle reprit leur baiser puis, d'une légère pression sur son épaule, l'invita à s'étendre sur le côté plutôt qu'au-dessus d'elle. Cette position les obligèrent à se lâcher les mains mais c'était pour la bonne cause. Lentement, ses baisers quittèrent les lèvres de son amant pour descendre dans son cou. Elle ne s'arrêta cependant pas là, descendant encore, jusqu'à ses pectoraux. A leur tour, elle les couvrit d'attentions... De ses doigts et de ses lèvres, elle les parcourut entièrement durant de longues minutes. A quelques occasions, elle s'arrêta sur ses tétons durcis par le désir. Elle les embrassa avec attention et langueur, jouant aussi avec sa langue à plusieurs reprises.
Après un moment, elle remonta jusqu'à ce que son visage revienne à hauteur de celui d'Aegden. Elle l'embrassa avec amour et ferveur puis elle plongea son regard dans le sien. Un regard pétillant d'envie et de malice. Elle étira son cou d'un côté comme pour l'inviter à s'y plonger. Elle venait de lui montrer ce qu'elle aimait et lui proposait de répéter les mêmes gestes sur elle. Il découvrirait bien vite que cela provoquait bien plus de sensations sur une femme que sur un homme.

Mine de rien, le sourire tendre de son amante sembla rassurer le jeune homme. Bien entendu lorsqu’elle poussa un peu son épaule, il changea de position. La jeune femme entrepris alors de délaisser ses lèvres pour venir s’occuper de son cou et Aegden se surpris à pencher la tête plutôt que craindre ce contact.

Mais ce n’était pas ce que Sinieth semblait avoir en tête puisqu’elle s’intéressa bientôt à son torse. Et pendant de longues minutes il ne fut pas sans pousser quelques soupirs. Ses mains venaient se perdre dans la crinière de la sang mêlée qui n’en finissait pas de délicieuses attentions. C’était tout bonnement enivrant de la sentir là, tout contre lui, enflammant chaque parcelle de sa peau par ses baisers, par ses caresses et aussi par sa langue, la malicieuse...

Et lorsque la prêtresse vint croiser à nouveau son regard, le sien était parsemé de plaisir et d’envie. Le message était on ne pouvait plus clair…Alors bon élève il s’appliqua à réitérer la leçon que l’on venait de lui donner.

Comme si elle fut une statue du cristal le plus pur qui fut, il s’appliqua à rester délicat malgré le désir qui brulait dans son corps et son esprit. Il s’attarda un moment au creux de la mâchoire de la jeune femme, s’enivrant de son odeur, de la sensation de sa peau et de ses cheveux contre son visage, de son souffle court dans ses oreilles. Et puis petit à petit il délaissa cette zone connue. Tout doucement, laissant sur son chemin une infinité de baisers, il descendit vers une zone qu’il savait définitivement érogène à présent. 

Et pendant de longues minutes il s’appliqua à découvrir le haut de corps de sa partenaire. Comme pour chaqu’un de ses gestes, il s’y prenait avec une délicate lenteur. Attentif, il prenait grand soin d’être à l’écoute des soupirs de son amante à ses baisers, des frissons sous sa main, des signes qui prouvaient qu’il lui procurait un plaisir égal à ce qu’elle lui avait procuré.

C’était ça ‘’faire l’amour’’ pour l’anedhel. Partager avec la personne que l’on aimait, être ensemble, corps contre corps. Il n’y avait pas de question de jeu de pouvoir, ou de volonté personnelle de l’un sur l’autre, mais d’un partage sincère entre deux être dans ce qu’ils avaient de plus intime. Il y avait plus que le simple acte charnel selon lui.

Et tout doucement, alors qu’il jouait de caresse et de baisers sur les monts de chair de l’ancienne vaanie, sa seconde main venait timidement continuer son exploration. D’abord vers son ventre, puis remontant un peu une hanche. Tout doucement elle caressait la peau de satin avant d’explorer le bas d’un dos, puis une cuisse, avant de revenir plus sagement se reposer sur un flanc… Comme si à se contact il mémorisait chaque courbe de son corps, petit à petit.

Les soupirs se succédaient chez Sinieth. Sous les doigts et les lèvres délicats de son amant, elle sentait le feu en elle s'embraser. C'était peut-être la première fois qu'il avait ses attentions-là pour elle mais il était si prévenant et à l'écoute qu'il n'avait pas tardé à trouver comment lui procurer du plaisir avant même de lui faire l'amour. Elle emmêla ses mains dans ses cheveux, l'invitant à continuer et récompensant de temps à autre ses efforts par quelques caresses là où elle pouvait l'atteindre.

Les minutes s'écoulèrent ainsi dans un silence délectable jusqu'à ce qu'elle sente une main s'éloigner pour se rendre plus bas sur son corps. Elle frémit à cette initiative tandis que sa silhouette accompagnait involontairement ses gestes en ondulant au gré de ses allées et venues sur sa peau. Lorsqu'Aegden arrêta son exploration, elle ne fut pas déçue mais elle comprit qu'une fois de plus il avait peut-être besoin d'être guidé. Alors la dextre de la belle se fraya un chemin plus bas sur le corps de son amant.
A son image, elle reproduisit ses caresses sur ses hanches et ses cuisses afin de lui montrer les sensations qu'il lui avait procuré. Un plaisir doux et sensuel. Puis elle continua... allant même un peu plus loin que lui et ne semblant pas vouloir s'arrêter. Au fur et à mesure de ses passages, elle commença à se rapprocher de l'intérieur de ses cuisses mais aussi de son entre-jambe... Si bien qu'après de nombreux allers et retours, elle effleura son vît du revers des doigts. Puis elle repartit, s'éloignant de cette zone la plus érogène qui soit pour mieux y revenir. Progressivement, ses attentions -a priori involontaires- se firent plus tangibles. Les effleurement devinrent des caresses. D'abord ténues. Puis plus appuyées et plus longues. Jusqu'à ce qu'elle ne se préoccupe plus de rien d'autre que de cette partie du corps d'Aegden, avec douceur et volupté, se plaisant à le sentir de plus en plus fébrile dans les attentions qu'il lui donnait.
Il lui procurait du plaisir. Elle le remerciait en lui en offrant davantage. Lui montrant en même temps la voie à suivre pour faire durer ce moment de pur bonheur partagé.

Tandis que l’elfe s’attelait toujours à donner de l’attention à la poitrine de son amante, il avait senti les mains de cette dernière explorer quelques parties de son corps plus sensibles. Un hoquet l’avait pris la première fois puis au fur et à mesure qu’elle redoubla de contact, des soupirs graves étaient monté dans sa gorge. Il ne pouvait empêcher son corps de frissonner d’extase devant cette douce indécence.

-Oh Sinieth…avait-il soupiré sans même le réaliser.

Et soudain il eut une idée. Le souffle rauque, il fit mine de vouloir basculer sur le dos tout en tenant son amante dans ses bras. Dans le même temps, il exerça une pression de son pied contre le matelas avant qu’il se retrouve dos contre la tête du lit, presque assis, et la créature enivrante qu’était devenue Sinieth assise contre lui. Tout prêt, dans ses bras.  Ainsi il pouvait de nouveau avoir accès à son regard tandis qu’ils exploraient tous les deux ce pan de leur relation encore méconnu.

Et à nouveaux il déposa deux doux baiser contre sa poitrine qui elle aussi démontraient bien des choses sur ses sentiments actuels. Et puis ses prunelles revirent se river à celle de son amante alors que ses propres mains prenaient le chemin de l’indécence. Timidement mais surement il explora le bas de son ventre, son dos, la rondeur d’une cuisse.

Le soldat vint quérir un nouveau baiser tandis qu’il osait aller plus loin. Vers l’intérieur de ses jambes sculptées. Tout doucement il remonte et ose effleurer une zone beaucoup plus secrète, la plus intime. Une fois, deux fois. Puis il cherche comment la faire soupirer un peu plus. Il imite tendrement la manière de faire de l’amour de sa vie pour lui rendre ce qu’elle lui offre. Et il apprend.

En même temps il ne cesse de gouter à ses lèvres, comme s’il ne pouvait désormais plus s’en passer. Parfois il cesse, simplement pour la voir. Pour saisir son regard, son air, sa manière de réagir. Il aime l’observer. Depuis toujours il a une attirance folle pour sa beauté, et dans ces moments sa beauté prend un autre tournant bien plus tentateur. Parfois c’est à nouveau un morceau de chair rosie sur lequel il vient poser un ardent baiser. En bref, maintenant qu’elle est accessible et qu’il l’a pour lui toute entière, il ne lui laisse que bien peu de répit. Pour combien de temps arriverons-t-ils à ne pas céder trop vite à leur désir brulant, c’était une autre question…

Un doux gémissement s'échappe des lèvres de la belle sang mêlé. Ses prunelles à l'éclat si particulier demeurent plongés dans ceux qu'Aegden alors qu'il lui procure du plaisir à travers de simples caresses, les lui rendant avec la même tendresse. Lorsqu'il se penche à nouveau sur sa poitrine, elle ne le quitte pas des yeux et l'observe faire. Il apprend encore mais il comprit tellement de choses en seulement une heure... Elle a rarement pris autant de plaisir avec un homme et ils n'en sont qu'aux préliminaires... Elle se sent parfaitement bien et tout semble si naturel. Elle se sent plus que désirée, elle se sent aimée comme jamais et c'est sans doute cela qui fait toute la différence.

Le militaire l'embrasse sans plus s'arrêter et elle répond à ses baisers avec la même ardeur. Leur passion est pleine de volupté. Ils repoussent le moment des ébats et savent en même temps qu'ils approchent à grands pas. Plus elle donne et reçoit de plaisir, plus Sinieth sent son corps se rapprocher de celui d'Aegden tant et si bien que la pointe de ses seins effleure son torse dans une caresse qui la fait frisonner avec délice. Bientôt, leurs mains deviennent une gêne alors que l'espace entre leur bassin s'amenuise de minute en minute. Alors, elle interrompt ses caresses et pose ses doigts sur le poignet de son amant pour qu'il fasse de même et se retire. Elle prend un instant avant de laisser son corps descendre sensiblement pour venir s'asseoir sur lui. Il n'est pas entré en elle et ce n'était pas ce qu'elle cherchait à faire.
Leurs intimités sont désormais l'une contre l'autre, brûlant de se découvrir davantage. Après quelques baisers supplémentaires, le frêle corps de la belle ondule de nouveau sur celui de son amant dans un mouvement lascif. Ce ne sont plus leurs doigts qui se caresses désormais... C'est la fleur de Sinieth qui va et vient sur le vît de son compagnon, leur procurant des sensations aussi nouvelles que fortes...

Ils ne tiendront plus très longtemps, elle le sait, mais elle veut gagner encore quelques brèves minutes avant de se laisser envahir... Avant de laisser l'amour d'Aegden entrer en elle et l'emmener de plus en plus loin, jusqu'à l'emporter totalement. Avant qu'elle ne retrouve ce sentiment qu'elle se surprend à désirer soudain... Celui de ne faire plus qu'un avec lui.

Finalement, la prêtresse interrompt leur baiser pour plonger son regard dans celui son amant. Ils ont été plus que patient et cela a vraiment été un délice mais, cette fois, le moment est venu. La main posée sur le cœur de celui qu'elle chérit tant, elle se redresse légèrement et, d'un mouvement expert du bassin, elle fusionne avec lui. Avec une infinie lenteur, elle le fait venir en elle, ses yeux toujours dans les siens et un long soupir s'échappant de ses lèvres. Une fois totalement assise, elle leur laisse quelques secondes de répit pour profiter de ce moment... Elle lui adresse un doux sourire et se penche pour l'embrasser. Et tandis qu'ils échangent quelques baisers, elle entame de douces allées et venues, apprivoisant cette sensation tant désirée et enfin retrouvée. Une sensation qui ne lui a jamais été aussi agréable que maintenant.

Lorsqu’elle lui demande de cesser ses caresses, le bout de ses oreilles s’agite et il n’a pas l’air de comprendre. Malgré tout il la laisse faire, il la laisse descendre sur lui et il pousse un long soupir. Elle pousse ce petit jeu plus loin et se met à doucement à onduler, leur bassin l’un contre l’autre. Il ferme les yeux une demi seconde en prenant le temps d’intégrer ce qu’il ressent. C’est nouveau, c’est intense. Ça enflamme son corps encore et encore et ça crée une myriade d’étincelles ardente dans son ventre. A chaque nouveau mouvement, son corps se tend un peu plus, sans regard s’emplis toujours plus de ce désir. C’est terriblement excitant. Il a envie d’elle. Bientôt ça ne suffit encore plus, il leur faut terminer ce qu’ils ont commencé.

Elle a envie de plus aussi, il le voit dans ses yeux. Alors il la laisse venir à lui, à son rythme sans quitter ses yeux. Ses mains viennent accompagner son bassin dans sa langoureuse descente. Pendant quelques secondes ils sont là, tous les deux à ne faire qu’un, physiquement cette fois. L’elfe redécouvre cette sensation unique. Ses oreilles s’agitent un peu. Il lui rend son sourire et son baiser et il sent son cœur battre à tout rompre sous la main de son aimée. Et ça n’est pas prêt de cesser. La jeune femme débute de lents mouvements qui arrachent de nouveaux soupirs rauques au soldat. Dieux qu’il aime cette femme. Dieux qu’il aime partager un moment aussi intime avec elle. Il ignore depuis combien de temps ils se sont perdu dans cet instant d’éternité, loin de tout le reste du monde mais il aurait tout donné pour qu’il ne cesse jamais. Il se sent…complet dans ses bras.

Quittant le bassin de la jeune femme, il vient tout doucement enserrer le corps de son amante plus haut, ses paumes contre ses omoplates. Il veut la sentir contre lui, sa peau contre la sienne, poitrine contre torse, alors qu’ils vivent tous les deux un plaisir aussi intense qui n’appartient et n’appartiendra jamais qu’à eux. Et de nouveau il vient déposer des baisers brulants dans son cou.

Ses mains tracent des chemins fébriles contre la peau dorée au fur et à mesure que leur état s’accentue. Il caresse tout ce qui passe sous ses doigts mais en même temps Aegden maintient Sinieth avec une force toute tendre et toute mesurée contre lui. Comme s’il avait peur qu’elle disparaisse au prochain soupir de plaisir qui les secouaient. L’espace d’un instant l’une de ses mains vient retrouver une joue bien connue et alors que la mysticiste ondule et qu’il l’accompagne du mieux qu’il peut au vu de la position dans laquelle il est, il vient poser son front contre celui de la jeune femme.

A chaque frisson de plaisir qui parcourait son corps, il réalisait un peu plus à quel point il était attaché à l’ancienne vaanie dont s’il se savait déjà fou amoureux depuis longtemps. A quel point il devenait impensable d’imaginer une vie sans elle, sans son amour, sans tous les petits délices de leur vie à deux autant que la passion fébrile des moments comme ceux qu’ils étaient en train de vivre. Il réalisait à quel point il était chanceux du moindre instant passé à ses côtés et cela contribuaient sans doute un peu à tout ce qui faisait chanceler son cœur.

- Rhoenîn no lîn, gurenîn no lîn, nin meleth…

‘’Mon corps est à toi, mon cœur est tient’’, les premiers mots du serment qui lient tant de couples entre eux lors de leur mariage. Un petit bout du symbole qui lie à jamais deux créatures souhaitant s’aimer pour toujours. Non, Aegden ne la demande pas en mariage, il sait que c’est trop tôt pour elle, et ce n’est pas vraiment le moment. Et c’est aussi pour cela qu’il ne prononce pas ces paroles sacrées dans leur intégralité. Cependant, il sait déjà depuis longtemps qu’elle est la femme de sa vie, mariage ou pas. Il sait que quoi qu’il arrive, elle a obtenu son cœur et que son corps il le lui donne maintenant. C’est une façon nouvelle de lui montrer l’aspect inconditionnel de l’amour qu’il lui porte. Enfin...en théorie. C'est simplement la première chose qui lui est venu en tête et ce n'est pas comme s'il pouvait réellement réfléchir dans l'état où il est.

Bientôt, leurs soupirs de plus en plus rapprochés les empêche de poursuivre leurs baisers mais ce n'est pas grave. Sinieth accroche son regard à celui de son amant et poursuit ses lentes allées et venues sans rougir. Elle apprécie de le regarder tandis qu'ils se témoignent leur amour et elle n'a pas honte de lui montrer à quel point elle l'aime également. Sa main posée sur son cœur ne lui sert en aucun cas d'appui. Elle l'a mise là pour une toute autre raison...

Tandis que les mouvements de la belle font doucement monter le plaisir en eux, Aegden se rapproche d'elle. Les doigts sur son torse remontent alors et passent dans son dos. Elle l'étreint, de la même manière qu'il l'étreint, et cela rend ses sensations d'autant plus délectables. Leurs corps semblent véritablement fusionner alors que le militaire la soutient avec douceur tout en parcourant sa peau. De son côté, elle n'a plus accès qu'au haut de son buste, une partie de son dos et ses cheveux dans lesquelles elle plonge les mains lorsqu'il l'embrasse dans le cou.
Front contre front, elle entend les mots qu'il prononce et sourit, amoureuse et heureuse. Elle ne connaît pas ce serment et ne peut donc pas imaginer leur portée mais elle les trouvent magnifiques... Cette déclaration la touche plus qu'il ne peut le croire et il ne saurait imaginer à quel point ses sentiments sont réciproques. Alors elle les répète, tel un soupir venant caresser son oreille. Puis elle l'embrasse comme pour sceller leurs paroles juste avant qu'un gémissement ne s'échappe de ses lèvres. Ce n'est pas encore le moment fatidique mais il approche à grand pas...

-Nin meleth... Dit-elle d'une voix plus audible tandis que ses bras viennent s'accrocher à son cou.

Quelques instants plus tard, les gémissements de Sinieth s'intensifient brusquement. Sa tête bascule vers l'arrière alors qu'elle se tient toujours fermement à son amant. L'extase la prend et l'emporte avec une puissance inégalée. Elle sent dans ses bras qu'elle n'est pas seule dans cette délicieuse tourmente et que le Souffle d'Aegden l'accompagne. Elle en sourit de se savoir avec lui et elle vient chercher ses yeux une dernière fois pour qu'ils partagent cela, ensemble. Quand la vague s'apaise et qu'elle ralentit sensiblement le rythme de ses allées et venues, elle l'embrasse avec ferveur. Le silence est revenu dans leur chambre et ils vont désormais pouvoir goutter au bonheur qui les entoure. Car elle le sent... Aussi sûrement que la douceur de l'air ambiant.
Au fil des minutes, les lèvres de la belle se font plus douces. Tandis qu'un bras entoure toujours le Commandant, sa main libre effleure sa joue avec tendresse. Puis elle le regarde. Immobile. Sereine. Et débordante d'amour. Un sourire discret illumine ses traits presque autant que les étincelles dans ses yeux.

-Si je ne portais pas déjà ton enfant, alors je prierai pour que cette fois nous en apporte un... C'était magnifique, nin meleth ! Je n'ai jamais rien vécu d'aussi intense et d'aussi beau.

Ses sentiments pour lui relèguent ce qu'elle ressentait pour ses anciens amants à de la simple affection. Elle les aimait pourtant, elle en est certaine, mais tout lui semble si différent avec Aegden... Elle sait que les émotions des elfes sont bien plus fortes que celles des humains mais elle ne saurait dire si un amour aussi puissant que celui qu'elle éprouve pour l'homme qu'elle tient dans ses bras vient d'elle ou si c'est celui de son compagnon qui emmène le sien aussi loin, tel un effet de masse. Mais peu lui importe... Ce qu'elle ressent la comble d'un bonheur tel qu'elle ne pense même plus aux sacrifices qu'elle a dû faire pour l'accompagner jusqu'ici. Ce ne sont même plus des sacrifices à ses yeux désormais... Mais la juste décision à prendre pour pouvoir vivre tout ce qu'il avait à lui offrir.

-Rhoenîn no lîn, gurenîn no lîn. Répète-t-elle encore une fois. Le cœur à présent apaisé, cela sonne avec tellement plus de sincérité... Ces mots lui plaisent car ils sont le reflet exact de ce qu'elle ressent.