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 [solo] La fin justifie les moyens

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Louise de Fernel
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Louise de Fernel


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MessageSujet: [solo] La fin justifie les moyens   [solo] La fin justifie les moyens I_icon_minitimeLun 2 Aoû 2021 - 17:56


Précédemment
Kÿrianos de la première ennéade de Karfias, An 19 du Xième Cycle
Par après...



Elle a enfilé ses pantalons simples, ses bottes souples et une chemise tout aussi banale que le reste de sa tenue, une tenue qui ne la distingue pas des deux hommes qui l’accompagnent dans les rues animées de Diantra en cette fin de matinée. Drapée dans une cape qui tombe sur ses chevilles, capuche rabattue sur sa tête de manière à ce que personne ne puisse la voir ou la reconnaître, Louise avance d’un pas léger et rapide, bien loin de la démarche onctueuse et disciplinée qu’elle affiche en présence de ses pairs au sang bleu. Enguerrand et Aymeric la talonnent, eux aussi drapés dans leurs longues capes de voyage, tout aussi méconnaissables.

C’est presque la mi-journée et pourtant les rues et ruelles des beaux quartiers et des quartiers commerçants sont bondées. Les événements qui agitent la capitale pour le sacre du petit roi semblent avoir réuni l’ensemble de la Péninsule ici, en sa capitale. Il y a des rires, il y a des cris de joie, des gens heureux, comblés d’être enfin en paix. Le couronnement de Bohémond génère un nouvel espoir, un espoir qui peut, du jour au lendemain, être coupé aussi net que le blé sous la faux du moissonneur. Le peuple, inconscient, ignore tout ce qui se trame en coulisses, des coulisses sombres où assassinats, diplomatie et avenir incertain se côtoient afin de façonner un destin global dans lequel Louise a un rôle à jouer.

Or, pour jouer, il faut posséder des pions et des outils. La Dame de Fernel n’est peut-être personne aux yeux de ses semblables mais elle possède un épais carnet d’adresses, façonné et construit par ses innombrables rencontres et tous les voyages qu’elle entreprend depuis de si nombreuses ennéades. Un épais carnet mais peu d'outils. Il est donc temps d'y remédier.

Son réseau est vaste et comprend toutes les strates de la société, d’ici ou d’ailleurs, que ce soit en Péninsule, en Estrevent ou même au Zagazorn. Et du Zagazorn il est précisément question aujourd’hui, en sourdine, dans les rues du quartier des Mille-Soleils. Il se murmure des choses, on colporte des rumeurs, des rumeurs terribles qui évoquent le sang, les lames et la mort. Ces rumeurs sont venues aux oreilles d’Enguerrand qui était présent aux noces du Grand Roi du Zagazorn, Harald Barbe-Sanglante.

- Dame Louise…Est-il vrai que des incidents ont causé la mort de guerriers Dawis et de chevaliers pendant que nous nous trouvions à Langehack ?

La question lui avait été posée le matin même par le digne maître d’armes de retour du palais royal, après avoir porté la missive écrite par la châtelaine et destinée au Conseil. La jeune femme n’a pas répondu de suite, plongée dans ses pensées, des pensées tournées loin vers le Nord, vers Fernel et au-delà, vers les montagnes du Zagazorn dont elle se rappelle la beauté sous le soleil couchant, haut perchée sur le point le plus élevé de Kirgan en compagnie du Grand Roi des Nains.

- J’ai entendu des bribes de conversations entre les laquais et les pages…Ce n’était pas très clair. Est-ce vrai, ma Dame ?

La châtelaine a un regard pour Enguerrand, un regard soucieux et navré à la fois.

- Je crains en effet que d’irréparables incidents soient survenus là-bas, Enguerrand. Et c’est bien ce qui me cause le plus profond des soucis.
- Les Dawis…
, murmure-t-il.

Enguerrand est un homme de guerre, un homme qui a combattu aux côtés d’Eudes de Fernel lors du conflit qui a apposé les Nordiens aux Eldéens. Lorsqu’il a vu les armures des Nains, leurs armes, leur fierté omniprésente, toute leur attitude pleine d’honneur, il a instantanément eu le plus profond des respects pour eux. Le respect d’un homme de guerre envers un peuple qui est taillé dans le roc des batailles. Il sait aussi, tout autant que Louise, qu’un tel incident ne sera pas sans conséquences et qu’elles sont potentiellement dramatiques pour la Péninsule. Il ne sait pas tout, il ignore les détails mais il est certain d’une chose : dans une guerre contre le Zagazorn, la Péninsule n’a pratiquement aucune chance. Son visage se voile en un instant à cette idée, même s’il déplore la perte des chevaliers langecins.

- Oui, je sais. C’est pour cette raison que je vous ai envoyé au palais ce matin. Et c’est également pour cette raison que vous m’accompagnerez tout à l’heure. Je dois voir quelqu’un avant de me rendre à la Grande Foire cet après-midi. Je me déplacerai sous couvert de l’anonymat. Veillez à ne porter aucune de mes armes, sur vos habits. Je ne veux pas qu’on puisse reconnaître Fernel là où nous nous rendons. Demandez à Aymeric d’en faire autant et revenez ici dans une heure. Et Enguerrand…

Le maître d’arme s’inclinait déjà pour sortir, il se relève pour regarder Louise qui vient de se lever et qui regarde par la fenêtre, le front barré de deux rides soucieuses.

- …gardez cela pour vous, je vous prie. Inutile d’affoler le reste des hommes, je les avertirai moi-même quand cela sera utile.

Il se redresse, opine de la tête et sort sans rien dire de plus. Louise, elle, sort de sa poche une petite missive apportée ce matin même par l’un des domestiques attachés à l’auberge gérée par Tibéria. Une missive adressée à M.R.


Votre demande a été entendue.
Midi, à l’endroit convenu.





[solo] La fin justifie les moyens Szopar10



Plus tard...




Le soleil est presqu’à la verticale du sol quand Louise pousse la lourde porte d’une maison un peu isolée du quartier de Templerond. Si Enguerrand et Aymeric n’affichent en rien les armes de Fernel, ils ont à leur côté leur épée, tout comme Louise porte sa lame de Thaar, bien cachée sous sa cape. Cela aurait été folie de se présenter ici sans escorte, sans armes, sans protection d’aucune sorte, tant l’endroit est misérable, crasseux, envahi d’un air vicié entretenu par les reflux de pots de chambres et autres déjections. L’attitude des gens étant souvent conditionnée par leur environnement, il y a donc tout à craindre de ces ruelles sordides aux maisons délabrées maintenues par des façades penchées et habitées par des personnes qui auraient sans le moindre doute besoin de manger, de boire et de se laver…Pour autant, Louise agit de manière à ne pas afficher son dégoût. Elle garde la tête droite, le front voilé par le tissu bleu de sa longue cape, avançant sans la moindre hésitation dans la boue noirâtre qui salit les pavés déchaussés.

D’un geste souple conféré par l’habitude, elle frappe ses bottes sur le mur extérieur afin d’en ôter la crasse et entre donc dans la dernière maison de la rue, suivie de près par Enguerrand et par Aymeric. Si Louise ne semble pas nerveuse, les deux hommes, eux, le sont. Le quartier, la rue, cette maison ne leur inspirent rien de bon et ils se perdent en conjectures, se demandant ce qui peut bien pousser une dame de qualité telle que Louise à se rendre en un tel endroit puant et mal famé.

L’intérieur de la maison est à la semblance de l’extérieur : peu éclairé, poussiéreux et il flotte une odeur douceâtre un peu dérangeante, assez en tout cas pour que la moustache d’Enguerrand s’agite frénétiquement sous son nez. La châtelaine déambule sans faire le moindre bruit sur le plancher, observant ici et là les étagères chargées de parchemins entassés, en rouleaux, certains garnissant le plancher, dans un désordre intense et visiblement voulu. Il y a des registres également, et plus loin, éclairé par une seule et unique chandelle de mauvais suif, un comptoir de bois noir étonnamment luisant et propre, lui. Une voix masculine, âgée, s’élève alors depuis les ombres, une voix rocailleuse, un peu moqueuse :

- Vous êtes ponctuelle. Demandez à vos chiens de garde d’attendre dehors.

Enguerrand et Aymeric posent automatiquement la main sur le pommeau de leur épée mais Louise lève la main. Elle tourne la tête vers eux et leur indique la porte d’un mouvement du menton. Les deux hommes grommèlent dans leur barbe mais s’exécutent, laissant Louise seule en compagnie de l’inconnu qui approche enfin, maintenant que l’escorte de la châtelaine ne représente plus une menace.

- Tant de méfiance me consterne…N’ai-je point été secourable, Mademoiselle Redinem ?

Ce pseudonyme émeut à peine Louise qui approche de son pas silencieux. La capuche rabattue de l’empêche pas de voir un homme mince aux avant-bras pourvus de longs muscles secs, de grandes mains aux doigts étonnamment préservés et un sourire qui n’est pas sans en rappeler un autre laissé là-haut, dans les remparts de son château.

- Avez-vous ce que j’ai commandé ?
- Pas causante, hein ?


Louise se redresse et attend, toujours silencieuse. Le vieil homme pose un ersatz de besicles à la monture approximative sur son nez avant de se détourner et de fouiller quelques petites caissettes déposées sur des étagères inaccessibles aux clients.

- Il a fallu que je tranche quelques gorges pour obtenir le métal nécessaire. On n’a rien sans rien, dit-il en farfouillant d’un air distrait. Ha la voilà.

La châtelaine ne bouge toujours pas et attend. Le vieil homme dépose un petit morceau de tissu sur le comptoir, un morceau de tissu qu’il ouvre pour révéler un anneau de métal argenté, une bague au large chaton orné d’un motif qu’elle ne voit pas d’où elle se trouve. Elle tend donc la main mais le vieil homme secoue la tête en souriant. Louise extirpe alors une bourse de sa ceinture, qu’elle lance sur le comptoir et révélant de nombreuses pièces, le paiement pour le travail effectué. Alors et seulement alors il lui tend l’anneau qu’elle regarde de plus près, approchant de la bougie de suif.

Dans sa paume, une bague d’argent robuste à l’anneau entièrement ciselé d’entrelacs. Le chaton, d’une rondeur parfaite, abrite en son centre une représentation qui la fait largement sourire, enfin.

- C’est le dessin que vous m’avez fait parvenir.


[solo] La fin justifie les moyens 3iw2



Une louve à la gueule ouverte, tous crocs dehors, figée en un long hurlement, l’œil fixe, droit devant elle, semblant défier quiconque s’opposerait à elle (*). Louise passe le bout du doigt sur la gravure. La Louve. Celle qui protège son clan et son territoire, férocement, contre toutes les menaces. Celle qui fera tout, y compris se battre jusqu’à la mort, pour défendre ceux qui comptent, sans état d’âme ou quelconque remord. Dante l’a appelée ainsi le premier, c’est désormais sous ce pseudonyme qu’elle œuvrera en sous-main à la préservation de sa seigneurie, du Duché de Serramire et de la Péninsule mais aussi…de ses intérêts. Impossible de passer par les artisans traditionnels pour un tel ouvrage, son identité devant demeurer secrète. Cette louve, ce sera la signature de tout ce que Louise de Fernel ne pourra pas demander, faire ou organiser.

Toute à l’observation de cet objet hautement symbolique, elle murmure, à l’adresse du vieil homme, d’un ton parfaitement clair :

- Le Lys noir et l’Ombre sont mes alliés. Si vous tenez à votre vie, vous saurez tenir votre langue.

Le vieillard pâlit et recule tout en prenant les pièces.

- Un réel plaisir de traiter avec vous…

Louise passe la bague à son auriculaire gauche et se drape dans sa cape avant de sortir de la maison, pour retrouver Enguerrand et Aymeric qui patientaient, inquiets. La châtelaine a le sourire même si ses hommes ne le voient pas. Et pour cause.

- Rentrons, Messieurs. Nous nous rendrons à la Grande Foire tout à l’heure, autant s’y présenter pleinement reposés.

Le trio de Nordiens finit par disparaître dans les ruelles crasseuses, ombres anonymes et souvenirs déjà lointains pour quiconque les aurait croisés.

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