Visage du passé | Solo

Favriüs de l'an 18
A la Dross

Sous le pas lourd, le bois suintant d'humidité chuintait. L'air puait les marais, les herbes fumées, la chair rance. Aux alentours, d'innombrables gueules bavassaient et gueulaient, dans la ville branlante sur pilotis, aux racines embourbées. Un lieu des plus charmants, que le sombre s'était approprié au fil des ennéades embrumées. Des chasses infructueuses. Des bastonnades vaines. Une parfaite fange où y s'enfoncer avec ardeur, et noyer le reste.

Et pourtant, voilà qu'il y voyait un visage connu d'autrefois. Hameçon de souvenir, qui le harponna sans faillir. Il ne pouvait s'en détourner, il ne pouvait faire comme s'il n'en était rien. Il avait vu cette personne, sur laquelle scarifications et piercings occupaient la majeure part. Une double-hache au dos. Une démarche nerveuse et chaloupée. Il semblait bien étrange de voir cette femelle carapaçonnée de cuirs bouillis et à l'air féroce transporter son sac à provisions bien garni.
Un éclat parmi les ombres amorphes et misérables. Un énième souvenir à faire taire, parmi tant d'autres. Un souvenir fait de chair, que l'alcool seul ne noierait pas assez.

Au milieu des bâtisses exsangues, le sombre s'avançait avec une froide détermination, l'œil avide, le corps frissonnant d'anticipation. Les chamailleries et railleries, les plaintes des structures, le murmure aqueux n'était plus qu'un bruit de fond insipide, martelé par des battements de cœur voraces. Une transe étrange l'avait pris, différente des autres, qu'il n'avait plus connu depuis... Il en salivait. Peut-être cela aurait-il plus de sens que le reste.

Une baraque aussi misérable que les autres, mais où son œil avait suivi ce qui l'attirait tant... Au milieu des murs pourris et étroits, le sombre étouffait dans sa propre peau tannée, marquée, dont il souhaitait presque en l'instant en arracher des lambeaux. Un battement de cœur impatient, un pas, une porte qu'il brûlait d'éventrer pour en arracher les profondeurs habitées. Arracher...

Avec toute la subtilité dont il était capable, il commença par la porte, dans un hurlement de bois stupéfait. Et dans l'ouverture créée, une silhouette de guerrière qui se tourna avec souplesse, empoignant son arme qu'elle venait juste de déposer à côté d'elle. À ses côtés, un adolescent humain malingre et un gamin sombre comme la nuit s'immobilisèrent pour regarder avec stupéfaction l'intrus.

Comme les autres habitants de la Dross, la sombre a bien entendu les rumeurs. Elle est une guerrière, pas une membre de la Doth'ka. Le lien ne s'est pas fait dans son esprit immédiatement. Parce que des tarés qui débarquent à la Dross et essayent de s'imposer, il y en a un et un autre.

En voyant la porte s'arracher et tomber dans le milieu de la pièce, cette pièce de mâle affreuse qui la toise de l'autre côté, emplissant le cadrage tel un ogre des légendes anciennes, un frisson d'appréhension et d'excitation lui remonte le long de l'épine dorsale. Il est infiniment plus laid que dans ses souvenirs, plus gris aussi, sa posture à changée. Il est blessé, handicapé?... Mais ce sont les mêmes yeux, le même air... Mais en moins hilare.

Le Grand Gobelin dans toute sa splendeur. Lolri sait que sa seule issue est de ne pas le laisser incanter.  Sa grande bouche s'active malgré elle pendant qu'elle le provoque, remplie de mépris. Elle ne doit pas le laisser regarder le gamin.

- Tiens, le grand triumvir en vacance qui viens me rendre visite... Viconia est morte, y a rien pour toi ici.

L'éclat d'une double-lame brandit, les dents de la drow méprisante... Dans une grande inspiration, le sombre s'avance, s'imbibe des flagrances de renfermé et d'humidité, de corps dont la présence l'attise. Des mots reconnaissable, une arrogance à laquelle il s'est déjà frotté. Bien là, à la Dross, cette femelle.
Aux mots de la drow, un sourire détestable étire ses lèvres tandis qu'il gronde :
   
- Toi...
- Moi...
   
La colère flamboient pareillement dans les mires des deux individus, avant que le sombre ne se jette en avant. Ses couteaux sont rangées, ses battoirs se meuvent pour mieux saisir le bras armé qui s'esquive souplement. Brutal et soudain, jouant sans concession de sa force et de sa masse, il s'avance, diminuant l'espace disponible pour la riposte de la drow. Dans son coin, l'humain se fait tout petit et le gamin écarquille des yeux, émerveillé devant la démonstration. Sa petite main brandit une figurine tandis qu'il imite les mouvements avec elle dans les airs avant que sa babysitter ne le prenne dans ses bras pour s'éloigner à couperons vers la sortie.  A chaque coup de hache et de battoir, chaque torsion de corps qu'ils s'infligent pour atteindre l'autre, le sombre desserre un peu plus les crocs, railleur et haineux. La table bancale vole en éclats, les provisions roulent sur le plancher.  Et la guerrière grince des dents.

- Plus triumvir'... Un coup qui porte. Plus d'Elda... La satisfaction d'atteindre la chair. Rien qu'une femelle... Le métal qui lui transperce la peau. Et son rejeton.

Dans un éclair de lucidité, le géant repousse brutalement la sombre, la plaie s'ouvrant d'autant plus, sans que le sang ruisselant ne le détourne de son obsession. Cette infime distance, il en profite pour jeter son bras... Vers le marmot. Il s'en saisit sans délicatesse, rien qu'une rage vibrante, l'arrachant à l'humain malingre, fixant des yeux son adversaire.

Loin de chouiner, le gamin le regarde de ses grands yeux en amande, écarlates de curiosité, les petites mains potelées refermées autour de la figurine grise, il essaye de choper une mèche sale de l'autre. il n'a pas appris encore à craindre ses semblables, ayant été, jusqu'à présent, choyé et protégé d'une façon toute sauf Eldéenne.  

- Pitoyable ih'ara*... susurre le grand sombre.

Un désir informe lui tord les entrailles : celui de la voir supplier, de la voir mentir... Comme il en a tant vu, tant entendu. L'enfant n'est qu'une masse qu'il brandit au nez de la sombre, la narguant... A présent, il n'aurait plus aucune raison de se sentir mal de le leur faire payer.

Traduction:

Se relevant avec pugnacité, une côte probablement cassée, Lolri reprend une hache de derrière les débris de la table en respirant difficilement. Une tempe en sang, elle s'approche. La colère fait briller ses yeux roses.

-Vas y mon gros, sacrifie-le à Zhak'bar, cette pourriture! Fais le maintenant! Je vais le tuer moi-même avant que tu le ramènes au Puy! Je crache à la gueule de tes dieux! Je crache à la gueule des Pleiks! J'ai jamais compris pourquoi elle t'a tant choisi. TU ne lui a apporté que des problèmes! Toi et vos dieux de merde!

Dit elle avec hargne en crachant au sol de mépris. Le fait est qu'elle aimait Viconia mais elle ne le lui avait jamais dit. Elle ne le pouvait pas.

Ces mots... Le grand sombre ne s'y attendait pas. Ne comprit pas. N'entendit pas la réponse attendue, seulement autre chose qui ne faisait pas sens. Le rictus vacilla, le faciès aux traits marqués se renfrogna, pris au dépourvu. La pogne ne demandait qu'à se resserrer, le battoir à cogner... Mais l'ennemi montrait un visage soudain étranger.

- Regarde toi ! Héraut de Zhak’Bar! Tu détruis tout ce que tu touche!!! Et Krish, pas mieux! Vous l’avez abandonnée! Elle a rien demandé Viconia! Rien d’autre qu’être digne de vos légendes parce que vous l’avez regardée… Et elle s’est toujours inquiétée pour toi !!!  Et ils se sont servi de sa mort pour mousser l’Eda, pour leur stupide guerre !!! Alors qu’elle savait que c’était juste un amas de conneries! Qu’elle voulait que ca cesse ! Nos dieux? Quels dieux s’amusent de voir leur enfants ramper dans la fange de leur naissance à leur mort ?

Pendant sa tirade, la voix rauque d’émotion faisant ressortir son accent du labyrinthe elle avait profité de la confusion de son adversaire pour lui bloquer l’accès à la sortie.

- Tu sais quoi, grand connard ? Mon souhait le plus cher c’est qu’on disparaisse de ce monde. Comme race on vaut rien.  Elda ne la méritait pas. Et toi non plus. Alors tue Velkyn’Ven qu’on en finisse !!!

A chaque mot martelé, les tripes du Grand Gobelin se tordaient un peu plus. De renfrognée, son faciès devint crispé, masque d'une fureur froide, sa respiration s'était bloquée, le drow se voutant de rage retenue. Et quand la drow hurla sa supplique... Il ne se fit pas prier, et jeta l'enfant sur l'arme brandie de la sombre.
Son poing n'était pas loin derrière.

Une hache vola au sol quand la sombre la lâcha pour réceptionner un bambin volant a grand rire... L'innocence de son jeune âge lui épargnant de comprendre l'esprit critique du moment. L'autre hache fit un quart de tour, faisant bouclier au jeune corps tendre de son acier.

Dans un hurlement de rage animal, le battoir du Gris se fracassa sur le visage de la guerrière. Comme autrefois, les bouts de métal qui l'ornaient lui entaillèrent violemment la peau. Un détail. Le trio s'effondra dans l'entrée, le bois grinçant sous leur poids, l'air du dehors leur offrant un peu d'une fraîcheur viciée.

- Que fais-tu ici... Lolri ? gronda bas le sombre.

Le rejeton frétillait entre eux deux, inconfortable alors qu'une autre question lui brûlait les lèvres... Qu'il refusa de poser. Ses yeux sanguins rivés dans ceux de la sombre, il s'y lisait sans mal la violence... Contenue. Car après les mots, il était encore capable d'attendre une réponse, sans aller chercher celle qu'il désirait le plus ardemment... Dans le  sang, et la brutalité aveugle.

Les prunelles rose pales fixent sans ciller le carmin avec haine. Et il pouvait être certain que la guerrière n'avait pas peur de mourir.  Mais avant de passer l'arme a gauche, elle n'allait pas se gener pour lui dire ses quatre vérité.

- Parce qu'elle me l'a demandé! Pour que ni le triumvirat ni Valsrik ni aucun de vous ne le corrompe avant qu'il ne revienne faire exploser ce putain de volcan et tout ce qu'il contient si ca lui chante !!! Il est le seul truc bien jamais sorti  de ces pleiks ! Lui hurle t'elle au visage.

Pour Lolri, Elda a tué Viconia, elle qui ne voulait que le bien de son peuple. Urgoll peut voir le jugement dans son regard. Il est coupable... Et si pour la guerrière il est coupable d'abandon, le colosse sait que la réalité est tout autre. Gémissant finalement son inconfort, le gamin se tortille un peu.

Le silence... Des sanguins yeux du Gobelin, la violence soudain reflua, laissant la place à une expression de complète stupéfaction, un bref instant. La pression exercée par son corps sur celui de la sombre se relâcha, alors qu'il se soulevait, un petit peu. Ses mires inspectaient celles de la sombre, y cherchant le moindre élément capable de démentir une vérité qui n'était pas attendue. Pas désirée.
Il n'y trouva rien qu'une haine pure.

Lentement, doucement, le torse du sombre se courba, sa gueule se rapprochant de celle de Lolri. Sa crinière d'un blanc terne et sale se répandit en un rideau autour de leurs visages, jetant des traits d'ombre sur le faciès ancien, marqué et usé. La gorge de la femelle était à portée, de même que les lames qu'il pouvait y planter. Pourtant, il n'en fit rien, tandis que son sang goûtait sur le petit et la hache. La sombre put sentir son souffle près de son oreille, alors qu'il disait bas, le timbre du Gobelin s'étant soudainement éteint :

- Le Père laissa une énième fois son propre Feu s'éteindre... Lentement, les lèvres modelaient ces paroles hérétiques sur les crocs du Haut-Prêtre déchu. Lui et ses séides... Je ne leur dois plus rien.

Amertume et mépris se mêlaient dans ce dernier mot.

Un éclair de compréhension traverse le regard pâles. Urgoll se trompe.  C’est pire que ca ! Ils ont aimé… ils applaudissent et pervertissent les sacrifices faits !

Le sombre se redressa, toujours agenouillé sur la drow, et le gamin étrangement silencieux qu'elle étreignait de son bras et de sa hache. Fixant la sombre avec froideur, le sombre ajouta :

- Lâche-le.

Lolri, écrasée par le poids du grand gris, se passa la langue sur sa lèvre déchirée. Le colosse ne faisait pas dans la subtilité ni dans la dentelle. Si il avait voulu la tuer, elle et le gamin, il n'aurait pas eu recours à la fourberie. Viconia avait eu foi en lui et même si ça lui coûtait, elle se devait honorer le souhait de sa maitresse.

La guerrière relâcha lentement son étreinte sur le moucheron dans ses bras et un pincement au cœur atroce se fit sentir quand elle regarda le gamin. Il avait les yeux et l'expression sérieuse de son père, certes, mais sinon c'était le portrait de sa mère au même âge. Une petite main potelée lui prit d'assaut le piercing de nez, le petit faisait toujours ce geste quand elle était perdue dans ses pensées.

-"Il", a un nom... Velkyn'Ven X'Ianxin...

Une lèvre se releva sur un croc.

- Il n'en aura plus besoin...

Comme en écho à la petite main, une bien plus grande se referma sur une épaule menue... Et la tira en arrière. Sans délicatesse aucune, le sombre se releva tout en attirant le petit à lui, loin de la protection de la sombre. Avec un piaillement, le môme agita les bras pour retrouver l'équilibre, attirant l'attention du sombre sur ce qu'il tenait.

Une statuette...

Les gros doigts se refermèrent sur le petit jouet : la figurine de granit lui rendait son regard, rubis, et son sourire, fait de dents en nacre. La posture droite et indomptable, comme un monolithe. Le petit glapit, fier de l'intérêt que le grand gris lui portait.

- Kel'nar*! piailla le gamin.

Puis le sombre croisa le regard d'émeraude d'une autre, d'obsidienne, que lui montrait en souriant l'enfant drow.

- I'ssuri* !!!

Il en avait ramené un petit sac...
Les dents anormalement pointues du grand sombre crissèrent, alors que son poing se serrait sur l'objet, des émotions contradictoires se disputant la part belle dans ses mires, ses oreilles frémissants entre les mèches ternes. Son expression ne manqua pas à la sombre qui se releva en soufflant bruyamment. Le crissement d’une hache qu’on ramasse...

Traduction:

Un coup d'oeil, vers l'extérieur. Entendre le murmure de pas sur le bois, d'une curiosité malavisée. Poussant gamin et femelle , le sombre se saisit de la porte arrachée et la plaqua brutalement dans son chambranle. La petite pièce se retrouva de nouveau plongée dans une maigre obscurité... Le grand dos du sombre obstruant le passage vers la sortie, sa pogne tâchant de sang le battant en place.

Lolri se dit que pour lui, réparer  ce qu’il a brisé est sûrement trop demander. Elle se détourne un moment pour redresser une chaise miraculeusement épargnée. Et elle y place le gamin avec un fruit récupéré de son sac. Les petites dents blanches s’y enfoncent avec plaisir, les deux figurines sur ses genoux.

- Imbécile... souffla-t-il. Un silence... Et puis : Depuis combien de temps... Êtes-vous ici ?

Non, sérieux? De tout ce qu’il peut demander cest ce qui vient en premier? Mais quel connard! Elle n’a pas à lui répondre mais sa bouche s’active d’elle-même.

- Je compte pas trop le temps et on a bougé beaucoup. Un an je dirais.  Répond-t-elle, sèche et furieuse contre elle-même.

Même ici et comme ca son éducation l’oblige à répondre aux anciens. Elle souhaite juste qu’il ne pose pas la suivante.
Cette fois-ci, le sourire s’avéra franc, et un rire cynique se répandit dans la gorge du drow, emplissant l'humble pièce de ses sonorités âcres, à la puissance effacée. Laissant retomber son bras, au poing serré et sanglant, le sombre regarda la drow avec une lueur étrange dans le regard, sa dentition se révélant dans une parodie de bonne humeur.

- Bien, bien... Que serais-tu prête à faire pour l'enfant... ih'ara ? Chaque mot était délicatement déployé, telle une caresse... Après un coup acéré. ...Jusqu'où va ta loyauté ?

Un frisson de mauvais augure remonte le long de l'excentrique guerrière. Les yeux pâles se plissent, intenses. Elle n'a plus rien à perdre.

- Pas à toi. Crache t'elle, acerbe. Ma loyauté va à Viconia et à Velkyn'Ven... Mais tu peux pas comprendre...
- Cela me suffit... Souffla le Grand Gris.

Cependant, quelque chose le poussa à en dire davantage. Quelque chose qui clamait que cela n'était pas assez. Qu'il en voulait plus. Alors, il se retourna, ne cachant plus son visage, ni son rictus exacerbé, ni la folie dans ses yeux. A pas lents, il s'avança vers la drow, dans l'espace réduit de la bicoque misérable, sans attention ni pour l'enfant ni pour le mortel gringalet. Sa crinière terne se répandait sur ses épaules massives, encadrant son faciès tendu par un masque figé.

- Entend ceci, ih'ara : l'enfant est mien. Susurra-t-il avec une extrême lenteur, son timbre grave rampant hors de sa gueule, tinté de mépris et d'obsession. Il est ta raison de vivre, et notre entente. Demande, et tu obtiendras. Protège-le, et tu vivras. Faillis... Le ton se fit plus pesant encore, s'extrayant des profondeurs de ses entrailles viciées. Faillis, et je me dévouerai à faire de ta chair une ode à ceux que nous avons renié.

Dans cette promesse raisonnait le devenir de toutes celles qu'il avait étreintes. Le jugement des Dieux ne lui était plus une barrière. La présence-même de la drow lui était abjecte. Pourtant, une part de raison s'en était mêlée : le souvenir des prêtresses de Natha qui l'avait élevé. Qui de mieux qu'une femelle pour élever un rejeton ? Il l'autorisait... A ses conditions.

Un sourcil blanc embijouté de fer se lève et si les prunelles pâles ne s'adoucissent pas, la féroce guerrière n'étant en rien émue par ces menaces, elle ne lui fait pas confiance pour élever un gamin c'est un fait. Elle même peine à la tâche. Elle est une guerrière, pas une prêtresse de Natha.

Le fait qu'il réclame l'enfant comme sien l'inquiète grandement.. Comme la suite.

- Usst* est son nom désormais... Son passé n'a pas à être connu... A contrecœur, il ajouta. Qu'en penses-tu... ?

Usst... Une possession. Sans passé, sans avenir. Usst... Comme un vulgaire bagage, un trophée, il réclame l'enfant comme sien. Mais Urgoll'Ven est t'il seulement capable d'aimer comme le croyait Viconia? Elle se rappelle ce qu'elle avait demandé à un certain Grayle... Son esclave humain qu'elle avait laissé fuir. Une de ses expériences. Si il est heureux, laisse le ou il est... Si elle l'avait fait ramener par la peau du cul, elle serait peut-être reine d'Elda...  Et il lui demande ce qu'elle en pense en plus !

Et, ce qu'elle en pense, s'en soucie t'il vraiment? Est t'il sincère? Prendra t'il soin du gamin? Est ce une ultime bravade envers la défunte? Le fantôme de son amour les lie tout les trois, par le sang, par le cœur.... Et pour lui? Viconia lui aurait dit, avant que ces vipères ne la tuent,  que lui aussi a droit à sa chance... Et il veut que le gamin grandisse dans l'ignorance de sa lignée et de son sang...

La posture de la femelle s'assouplie avec un soupir avant qu'elle ne lui concède la victoire.

- Comment doit t'il t'appeler alors ?
- Naukhel*.

Le sourire s'éteignit alors qu'il lâchait ce nom, le voile jeté sur ce qu'il était, depuis son arrivée à la Dross. De malveillantes, les mires se firent perturbées, et le géant recula, contrarié, telle une bête se rebiffant sous la contrainte, l'évitant. Un instant, où il jaugea la sombre, prêt encore à aller plus loin que la simple menace, le simple compromis... Quels autres choix avait-il ? Un rejeton dans les jambes... Il est mien... Elle... N'est plus... Avec un rictus vil qui ne leurs était pas destiné, le sombre repoussa la porte sans attaches, la laissant retomber dans la poussière. Sans autre mot, il disparut dans la Dross, ne laissant dans son sillage qu'un peu de sang.

Usst.

Mien.

FIN DU RP

Traduction: