A l'aube d'une nouvelle vie | Solo

Fin 5ème ennéade
Automne, Favrius 19:XI

La douce alcôve.
C'est un nom qui laisse peu de doutes sur les services qui y sont offerts mais dont la subtilité témoigne de la qualité de la prestation. N'y entre pas qui veut car tout cela a un coût et ce n'est pas sans raison que l'établissement est situé dans les Soieries. Cependant, les clients ne viennent pas que pour les plaisirs de la chair. Tous les autres aspects y sont abordés. Conversation, musique, boisson... Hommes et femmes peuvent se rassasier d'autant de délices qu'il en existe. C'est un endroit que toutes les prostituées connaissent et dont elles rêvent sans pouvoir l'approcher... Ici, les employés sont protégés par la personne qui tient cette maison close de grand luxe. Ils ne manquent jamais de rien et bénéficient de tout ce dont ils ont besoin.

Et c'est ici que Sauveur a conduit Lina. S'il n'est pas amateur des bordels, ayant eu bien d'autres moyens de se satisfaire, il a entendu parler de l'installation de cet endroit au moment de la guerre de Naelis. C'était dans cette cité qu'ils étaient alors installés et dont ils ont déménagé pour pouvoir continuer leurs activités en sécurité. Le bruit s'est vite répandu dans les réceptions auxquelles il a participé en tant que compagnon d'une Princesse. Il n'y a pas prêté attention sur le moment mais l'information lui est revenue assez aisément.
Un dernier échange de regards et l'Hadjaoui pousse la porte pour entrer, suivi par la prostituée dont il vient de défaire les liens avec son ancien employeur. Mais il lui faut une nouvelle protection, et donc un nouveau travail, pour être tout à fait débarrassée de ses chaînes.

Dans le grand hall d'entrée, plusieurs personnes se trouvent là, étalées sur les divans, assis à des tables, badinant et riant dans une ambiance calme et feutrée. Certains sont en pleine séduction, cherchant à éveiller quelques intérêts chez leur partenaire en attendant de voir s'ils se concrétiseront. Bien vite, une jeune femme s'approche du couple fraîchement débarqué. Elle a remarqué leurs vêtements simples et en a déduit qu'il ne sont pas clients, mais cela ne l'empêche pas de devoir bien les accueillir.

-Bonjour. Dit-elle d'une voix douce. De quoi avez-vous besoin ?
-Nous voulons parler à Andrea. Répond le géant.

Une silhouette toute de blanc vêtue s'anime alors et rejoint le petit groupe devant la porte d'entrée. Il s'agit d'un elfe aux traits et à l'allure androgyne. Il est extrêmement fin mais aussi très avenant. Il inspire autant le calme que la confiance. En revanche, il serait bien difficile de déterminer son sexe sans ce torse glabre qu'il dévoile entre les pans d'une longue robe plus féminine.

-Je prends le relais, merci Leleth. La jeune femme s'éclipse et le maître des lieux se tourne vers ses visiteurs. Quelque chose me dit que vous n'êtes pas venus pour vous amuser. Il pose son regard sur Lina et ses traits joviaux se ternissent légèrement. Une douce main vient caresser la joue de la belle avant de s'y poser. Il semble percevoir ses tourments... Comme s'il pouvait lire en elle. Puis il la libère après quelques secondes. Venez, allons discuter dans mon bureau.

A l'étage se tint une longue conversation au terme de laquelle un accord fut conclu. Lina était engagée. Elle bénéficierai d'une chambre à la Douce Alcôve, à l'étage des employés, au moins le temps qu'elle se trouve une logement si elle désirait s'émanciper un peu. Elle pouvait prendre le temps qu'elle voudrait pour se reposer et ne commencer le travail qu'une fois qu'elle se sentirait prête. Rien ne la forcerait jamais à coucher avec un client si elle ne le voulait pas et elle pouvait prendre son temps pour choisir avec qui se remettre en selle. Enfin, elle serait libre de partir quand bon lui semblerait.
Un accord très avantageux pour la jeune femme qui accepta. Elle était consciente que cet endroit restait une maison close et que, si elle ne parvenait plus à offrir ses faveurs, elle devrait trouver un autre emploi. Néanmoins, Andrea l'y aiderait alors.

La discussion terminée, l'androgyne les conduit à l'étage des emplyés et leur fait visiter. Un escalier privatif mène à l'extérieur et permet d'entrer et sortir sans avoir à traverser le reste de l'établissement. Une façon de ne pas mêler travail et vie privée. Enfin, il les laisse devant la porte ouverte d'une chambre disponible. Ils verraient plus tard pour équiper la jeune femme de tenues appropriées pour son nouvel emploi dans un établissement de luxe.
Sauveur regarde Lina en train de découvrir sa nouvelle chambre. C'est propre et assez lumineux. Elle n'a pas à se plaindre. Aux mines et aux attitudes des employés qu'elle a croisé, elle en a conclu qu'ils étaient heureux ici. C'est comme un rêve auquel elle peine vraiment à croire.

-Je te jure que tu es réveillée. Commente l'ancien gladiateur en la voyant errer d'un air hagard.

Lina se retourne vers lui et sourit. Il la sent assez soulagée. Tout le monde ne peut espérer travailler dans ce genre d'endroit et sa place n'était absolument pas acquise. Mais Andrea s'est montré très à l'écoute et c'est soucié autant du rôle qu'elle aurait à jouer dans ses affaires que d'elle. Elle n'avait pas osé espérer qu'il dirait oui.

-C'est tellement beau pour être vrai...
-Pourtant c'est le cas.

Achevant de faire le tour des lieux, elle se rapproche de lui.

-Je ne sais pas comment te remercier.
-Tu viens de le faire...
-Hm... Tu restes un peu ?
-J'ai des affaires à régler.
-Tu viens d'en régler une, c'est ça ?
-Non, tu n'entrais pas dans mes plans. Mais j'ai certaines personnes à voir.
-Ta dulcinée ?
-Entre autre... Je repasserai dans quelques jours pour m'assurer que tout va bien.

Sans qu'il n'ait le temps de crier gare, les lèvres de Lina se posent sur les siennes. Un baiser doux et langoureux auquel il répond, presque malgré lui.

-Reste un peu... Souffle-t-elle. Ça fait tellement longtemps qu'on ne m'a pas fait l'amour... avec tendresse. Et tu m'as rappelé cette nuit... L'une des meilleures de toute ma vie.

Sauveur détaille le regard de Lina. Il ne veut plus d'histoire de cœur pour le moment mais ce n'est pas ce qu'il voit dans ses yeux. Elle ne réclame pas son amour, seulement son attention et sa douceur. Alors, lorsqu'elle s'approche de nouveau, il ne la repousse pas. Il lui rend son baiser, posant ses mains sur ses hanches. Et, quelques instants plus tard, la porte se referme derrière eux.