Un moment rare | Dante

Je suis certain que c'est une De Paville. Ca c'est indubitable. Mais il y a des trucs qui ne collent pas. Elle se fait appeler Bonne Ma'. Mais Bonne Ma est Thaari depuis au moins quinze ans. si c'est pas vingt. J'ai faite mon enquête mine de rien. Je voulais pas t'en parler avant d'avoir des certitudes.

Il y a un moment de pause tandis qu'ils marchent, chacuns dans leur pensées. .

Mais j'en ai pas. Je sais qu'elle s'intéresse énormément à toi. Et plus qu'une tante. Pour ma part, je trouve pas ca logique. Pourquoi lui qui s'est jamais remarié et qui l'aimait supposément tant se serait contenté d'un ertsaz?  Et si c'était ta tante, pourquoi il te la cacherait? Pourquoi elle a si peur a chaque fois que ton sujet est insinué? J'ai aucune preuve, mais mon instinct me dit que c'est pas net. Elazar Redinem n'a jamais fait de compromis et si elle était qu'un faire valoir, il ne lui aurait pas donné voix au chapitre comme quand j'ai mangé avec eux. Et je ne peux pas trop fouiller, et je veux pas mettre Eugène en avant pour qu'il le fasse pour le moment.  

Oui, parce que c'est très louche... Redinem est toxique. Et il ne s'agit plus de revanche en cet instant, mais de protection.

Louise n’en croit pas ses oreilles. Et cela n’a absolument aucun sens.

Sa mère est morte.

Elisabeth de Paville est morte, elle l'a enterrée dans la crypte de Fernel avec tous les honneurs à son retour de Serramire.

Il n’y a pas d’autre de Paville survivant, elle en est le dernier vestige, tout comme les de Fernel.

Serait-ce une intrigante ? Une intrigante Thaarie ?  

Mais si c’était le cas, Elazar l’aurait de suite devinée, démasquée et tuée. Il ne l’aurait pas épousée.
La châtelaine finit par prendre appui sur un chêne, les mains posées sur ses genoux, le souffle un peu court.

- Je ne connais aucune Bonne Ma’. C’est la première fois que j’entends ce nom. Et j’apprends ça comme ça au détour d’une promenade, comme si c’était rien. Ce n’est pas rien, Dante, c’est très grave.

Louise pose sa main sur son front, réfléchissant à toute vitesse.

- Je dois en avoir le cœur net. Mais il faut faire cela intelligemment. Ne pas foncer tête baissée. Que dirais-tu si nous nous rendions ensemble chez notre Père ce soir, Dante ?

Un regard pour le grand assassin, un regard dans lequel flambe une détermination qui n’a rien à envier à celle du vieil empoisonneur.

- Tu m’accompagnes ? Nous allons voir comment il va s’expliquer. Si on le prend par surprise, peut-être cessera-t-il de fuir...