Thonar jeta son os de poulet dans son auge tandis qu’il regarda l’ensemble de l’assemblée avec un œil torve. Ce n’était qu’un tas de lardons pour lui, tous bon à s’empiffrer en attendant une guerre ! Il observa alors Magnus qui ne mangeait presque rien et prit la parole.
« Le Guerrier attend son heure pour sauter à la gorge de quelqu’un ou le Comte observe ses ouailles pour savoir qui va être mis à la potence ? »
L’intéressé regarda son oncle en arquant un sourcil. Le Haut-Prêtre semblait encore bien excité pour son vieil âge.
« Ma Justice est juste, Oncle. Et mon arme n’est pas assoiffée d’sang. »
« Juste, ce n’est pas ce que j’ai entendu dans mes lointaines contrées. Il paraît que tu as fait d’une exécution des festivités où tu as torturé à mort des criminels au lieu de les tuer proprement. »
« Ils l’avaient mérité ! Ils avaient mis le feu à des villages, tuant villageois et violant femmes ! Il avait kidnappé notre sœur, aussi. »
« Notre Père ne voit pas la justice dans la torture. Les tuer dans un raid aurait été mieux. Mais, je ne suis pas là pour discuter de ta politique, neveu. »
Cette fois Magnus se leva de tout son long. Son armure faisait ce bruit métallique caractéristique et il se dirigea en face de son vieil oncle paternel.
« Au contraire, mon Oncle. Vous êtes ici pour parler politique. »
Il prit le parchemin que lui tendait son intendant aux ressources et le déposa dans la mimine rugueuse de l’homme. Celui-ci le déplia et observa le prêtre de Néera qui était en bout de tablée puis Magnus.
« Tu as prévenu d'une possible infestation du Karamstra, nos clergés ? Quels clergés ? »
Magnus se mit à rire.
« Tous, on oncle ! Lorsque la baronne d'Alonna nous a prévenu d'une possible infestation de cette secte en Arétria, j'ai dépêché des espions dans chaque ville et villages du comté. Nous avons arrêté trois personnes qui nous ont révélé des lieux où pourraient se trouver ces enculeurs de chèvres. Quand nous avons fait cela, j'ai de suite prévenu les clergés de chaque dieu du culte Pentien."
Thonar regarda une fois de plus le prêtre de Néera qui semblait d’accord avec cela.
« Est-ce vrai ?»
Demanda t-il à l'encontre du Prêtre qui hocha la tête en guise d'acceptation. Thonar regarda son neveu.
«Tu nous demandes de rassembler un groupe avec l'accord de nos supérieurs respectifs et d'éradiquer la menace ? Et ensuite ? »
Magnus se dirigea vers le prêtre de Kyria dont le temple se trouvait à Karlsburg et vers le prêtre de Tyra qui avait élu domicile dans l’ancien temple de Lün à sa reconquête. Thonar observa ses hommes. Des prêtres classiques. Il eut un regard noir à l’encontre de Ulrik. Les Otharites et les Tyraïtes ne s’aimaient pas vraiment mais cela importait peu pour le reste. Ils seraient unis sous une même bannière. Le Grand-Prêtre n’aurait tout de même aucune confiance en ces hommes et femmes qui idolâtre la Mort. Il porta son attention sur Magnus.
"Nous renforcerons encore plus la position du Culte Pentien, nous montrerons à l'ensemble de la population que les paysans et les nobles sont égaux face aux jugement des Dieux." Il observa une fois de plus son oncle puis les prêtres présents. Chacun était d'accord pour cela avec leurs supérieurs avec eux. Il fallait que Thonar soit d'accord pour représenter Othar.
" Acceptez vous mon oncle ou dois-je trouver quelqu’un qui ait l’étoffe d’un vrai Otharite ? »
Piqué dans le vif, Thonar se dirigea vers son neveu tout en observant les prêtres prêts à se joindre à la cause. Il lui asséna une petite tape sur la joue comme un père à son fils.
« Très bien. Je suis ton Otharite. Combien d’hommes aurais-je à disposition ? »
« Nous en parlerons bientôt, mon oncle, mais je veux que parmi ses hommes, vous preniez Arianna."
L'intéressée regarda tout le monde puis son frère et son oncle qu'elle ne connaissait pas. Elle voyait réellement son rêve se réaliser ?
"Elle sait combattre ?""Pour sûr, elle veut devenir une Corneille et elle en a l'étoffe.""Très bien, nous verrons cela."Arianna regarda son frère avec des yeux noyés par les larmes, elle allait enfin voir son rêve se réaliser, celui de combattre pour son frère. Elle allait enfin montrer son talent à l'épée autre que sur un terrain d'entrainement face à des hommes dédaigneux. Elle ne remercierait jamais assez son frère et Magnus le sentait, elle était heureuse. Sa famille était bien placée, il était lui aussi heureux.