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 Toucher le fond [Adriano]

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Adélina
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Adélina


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MessageSujet: Toucher le fond [Adriano]   Toucher le fond [Adriano] I_icon_minitimeMer 12 Avr 2023 - 9:51




Julas, Première ennéade de Verimios,
Soltariel la ville, Duché de Soltariel



C’était long… Trop long. Le chevalier laissa s’échapper un grognement avant d’attraper brusquement le verre que lui tendait un serviteur. Ce dernier, surpris, resta figé alors qu’il observait l’alonnais boire d’un trait un énième verre du liquide ambré. Une fois qu’il eut terminé le champion de Néera tandis  le verre de cristal vers le serviteur, l’intimant silencieusement à le remplir de nouveau. Le suderon s’activa, avant de se racler la gorge, osant finalement prendre la parole ;


« Messire, cet alcool est particulièrement traîtres… Peut-être pourrais-je vous proposer un verre de … »
« Non. »
« Enfin, vous avez déjà consommé une grande partie de la bouteille… »
« Alors, allez en chercher une autre ! » Ragea le nordien.


Le serviteur acquiesçat, avant de remplir de nouveau le verre que lui tendait Aubry de Lourbier, puis, déposa délicatement la bouteille sur la table a ses cotés pour ensuite sortir de la pièce. C’était un bien triste spectacle. Aubry de Lourbier, chevalier honoré, décoré, champion de Néera, était dans un sale état. La disparition de sa cousine - et suzeraine - l’avait affecté beaucoup plus qu’il ne le laissait paraître. Lui, qui lui avait promis de toujours la protégée, avait failli a sa promesse, et il avait bien du mal à se pardonner une telle erreur.


Et pourtant, il le savait, aucune quantité de culpabilité ne change le passé. Aucune quantité d’anxiété ne changerait le futur. Mais il abhorrait ce sentiment. Prisonnier de ses pensées, et surtout incapable de pendre les devants. Pour une fois, cet homme d’action était totalement maté, et devait faire ce qu’il redoutait le plus ; attendre. Le champion de Néera ne prit même pas la peine de se verser un nouveau verre, il attrapa la bouteille avant de tibuter vers la porte du balcon. Ouvrant assez vigoureusement ces dernières dont le bruit de l’impact sembla résonner dans tout le palais. Le nordien poussa un grognement avant de s’installer sur l’un des bancs, s’accotant sur la pierre froide alors que son regard se porta sur l’océan devant lui, cruel rappel de la situation dans laquelle il se trouvait. Il porta la fine bouteille à ses lèvres avant de s’envoyer une longue rasage.


Le nordien détestait peut-être les suderons, mais une chose était sûre, il savait faire de l’alcool. C’était définitivement un des plus délicieux cognac qu’il avait jamais porté à ses lèvres - et en aussi grandes quantités d’ailleurs. Il entendit la porte du salon se refermer, puis, des pas s’approcher du balcon. Se doutant que cela devait être le serviteur qui revenait avec plus de - disons rafraîchissement - Aubry ne tourna même pas la tête vers l’homme qui s’approchait. « Vous pouvez laisser la bouteille. J’irais la chercher. » Sa voix était pâteuse, terne, montrant aisément que l’homme avait perdu sa confiance le temps d’un soir. Ce nordien si fier, semblait réellement être en peine et surtout, éméché. Cela prit bien quelques secondes avant que le chevalier ne daigne finalement tourner la tête vers l'entrée de la porte, non sans laisser s’échapper un claquement de langue pour montrer son ennui à être ainsi dérangé.


Soudainement, ce dernier se redressa, et sa mine devint un peu plus sérieuse, alors qu’il aperçut l’homme qui venait d’arriver sur le balcon. Ce n’était pas un serviteur, mais bien le Duc en personne. « Votre Altesse... » Commença-t-il avant de retourner son regard vers l’océan. Son interlocuteur aurait pu facilement prendre son attitude comme une insulte, mais la réalité était que le nordien n’était guère dans un état d’esprit pour se relever et assumer la bienséance. Un silence sembla s’installer pendant quelques secondes alors que l’alonnais semblait remettre de l’ordre dans ses pensées. Puis, un soupir s’échappa alors que son expression s’adoucit, comme résigné à se montrer dans un tel état d’esprit. « Je dois vous avouer que je suis incapable de trouver le sommeil. » Le regard du Nordien était fixé sur l’océan, la ou les lunes semblaient se refléter sur l’eau qui semblait si calme. « Difficile de rester assis lorsque l’on est habitué à l'action. » Aubry tourna finalement le regard vers Adriano avant de lui tendre la bouteille, l’invitant silencieusement à le rejoindre. « Je suppose que vous connaissez bien ce sentiment. »

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Adriano Cortès di Alcacio
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MessageSujet: Re: Toucher le fond [Adriano]   Toucher le fond [Adriano] I_icon_minitimeMer 12 Avr 2023 - 11:06

Le temps passait, encore, et encore. Qui pourrait dire si l’entreprise allait réussir ? Est-ce que les pirates relâchés et financés n’allaient point dépenser la centaine d’écus directement dans les tavernes, réputées malfamées de Méca ? Ou bien n’iraient-ils point éponger quelques dettes, pour mieux revenir sur le terrain du pillage ? L’avenir, seul, saurait répondre aux questions du Duc.

Ce dernier, d’ailleurs, n’avait pas encore brisé sa parole. Les corsaires, forbans et flibustiers qui se trouvaient dans ses geôles, n’étaient ni exécutés, ni torturés, et aucun autre ne vint grossir les rangs des prisonniers. Il y avait bien des contrôles, des arrestations, mais les ordres étaient toujours les mêmes : relâcher les corsaires. Bien sûr, les identités étaient prises, tout comme les descriptions des navires, leurs noms, leurs types, bref… Toutes les informations nécessaires à l’identification de la flotte pirate, aussi désunie soit-elle.

Mais la frustration était, elle aussi, grandissante en l’esprit d’Adriano. Quoi qu’on en dise, l’ancien Amiral de la gigantesque flotte Soltaar était un homme de terrain, manipulant aussi bien la plume et le vélin que la dague et la barre. Se battre n’était peut-être pas une seconde nature, pour Adriano… Il était vrai qu’il était nettement plus calculateur et tacticien qu’homme de combat, meneur d’homme, ou en première ligne. Son sens tactique, et sa précision maritime, furent d’ailleurs d’une grande aide lors de la guerre contre Merval, tant le blocus maritime fut un immense succès. Lui, et sa flotte, purent mettre Merval à genoux en quelques mois, neutralisant le commerce, détruisant tous les navires miliaires qui tentaient de prendre d’assaut la ligne de front pour la percer. Plusieurs fois, il s’était tenu sur le pont supérieur de son navire Amiral, et avait harangué les soldats, marins et autres corsaires sous ses ordres, les motivants, leur ordonnant de tenir, d’avancer, de se battre et même de mourir pour le Soltaar. Choses qui furent faites avec la plus grande rigueur, pour, finalement, rapporter la victoire aux Soltaar. Une victoire méritée, assurément.

Attendre que les actions portent leurs fruits était devenu habituel pour Adriano. Lui qui, maintenant, était un Duc régnant sur une des plus grandes et prolifiques terres de Péninsule, avait prit l’habitude de régner, de décider, de faire construire, d’analyser, et surtout d’attendre que le temps fasse son office. Car rien ne se fait dans l’immédiat, et rien ne peut durer, si l’on ne prend pas le temps de le faire pousser… De le construire… De le semer… D’en prendre soin.

Tard ce soir, Adriano était encore en train de travailler, justement sur ces travaux qui demandent le temps de la patience. Sur son bureau, des ordres, des rapports, des informations. La flotte Soltaar venait de se parer de deux nouveaux navires imposants, lesquels auraient besoin d’un nom. Il revenait au Duc de les baptiser, chose qu’il fit bien rapidement. L’ordre suivant était un ordre de réquisition, pour un navire suspect, lequel était arrimé au port car la cargaison était suspecte. Des ordres similaires, Adriano en vit défiler une demi-douzaine sous ses yeux. Mais ce travail là était parmi les moins fastidieux : il suffisait de lire, de prendre une décision, de la noter, puis de renvoyer tout cela. Le plus long étaient les rapports financiers, les comptes-rendus des militaires, des fonctionnaires et des nobles.

En ce début d’été, c’étaient les rapports financiers qui prenaient le plus de temps. La machine administrative était cependant très efficace, car, déjà, Adriano pouvait lire les rapports prévisionnels des taxes sur les produits brutes, raffinés et sur les récoltes. Il pouvait aussi lire les prévisions économiques des taxes diverses sur le commerce, l’import-export, et les loyers et impôts prélevés sur les comptoirs commerciaux et sur les diverses compagnies. Son regard chercha immédiatement la ligne informant des paiements effectués par les nabots… Leurs comptoirs, financés par la couronne Péninsulaire, et donc, par Adriano lui-même, avaient coutés suffisamment cher comme cela. Maintenant, il leur fallait payer. Si la rancœur était toujours présente, au moins était-il satisfait de voir que les Nains payaient rubis sur ongle… Mais étant donné les profits qu’ils semblaient percevoir, c’était là, la moindre des choses.

Il était en train de rédiger une lettre à l’intention de l’Argentier du Duché, manœuvrant sa plus belle plume pour réaliser de belles lettres – on reconnaissait là le passionné de calligraphie – lorsqu’un bruit sourd lui fit relever la tête. Connaissant son palais par cœur, l’homme pu reconnaître la direction globale du son, se doutant qu’il provenait de l’aile où logeaient les Alonnais depuis plusieurs ennéades maintenant. De formidables invités, discrets, routiniers, mais qui dévoraient les plats avec une avidité fort curieuse. Il fallait dire que les Nordiens, à la différence des Suderons, étaient bien plus grands, costauds et mieux battis. Alors, forcément, nourrir des armoires à glace n'était point chose aisée.

Il termina sa lettre, abrégeant ce qu’il désirait donner comme ordres pour n’aller qu’à l’essentiel. Il se saisit ensuite de son verre en cristal, vidant le peu qu’il lui restait d’un liquide ambré fort, fruité, à l’arrière-goût prononcé. Puis, il se leva, remit sa chemise de velours au col de fourrure, et prit le chemin de l’aile des invités.

En chemin, il rencontra un serviteur, visiblement gêné. Ce dernier s’inclina, respectueusement, comme le code l’obligeait. De ses yeux malicieux, Adriano vit la bouteille, et reconnut alors le bourbon dont certains Alonnais étaient devenus friands. De plus en plus gêné, le serviteur baissa finalement la tête, avant de tenter de prendre la parole… Aussitôt stoppé par Adriano.
« Inutile, Luigi. » Dit Adriano au serviteur, connaissant chacun d’entre eux par leurs noms. « Si notre invité ne dort point à cette heure, et préfère se noyer dans nos plus fameux bourbons aux prix indécents… Je serais un bien mauvais hôte, si je n’allais point m’enquérir de son état. Ne croyez-vous point ? » Demanda-t-il, dans une question rhétorique. « Donnez-moi la bouteille voulez-vous. Je m’en occupes. »

Il entra, et découvrit Aubry, sur le petit balcon. Visiblement dans un état second, Adriano esquissa un sourire, qu’il fit disparaître, reprenant un facies neutre. Il s’approcha, doucement, et eut un autre rictus lorsqu’Aubry reconnu le Duc en personne, lui donnant du prédicat sans autre forme de procédure nobiliaire. L’instant pourrait être amusant… Un simple chevalier, oubliant jusqu’aux plus petites formalité, son cerveau noyé dans l’alcool. Quiconque aurait pu le punir, ou lui en tenir rigueur, assurément. Mais cela n’aiderait point les plans du Duc. A la place, il leva doucement la main, tendant la bouteille de l’autre.
« Messire… » Dit-il, baissant sa main. « Il n’y a personne a impressionner, ici. Abandonnant donc les convenances, voulez-vous ? Profitons de cet élixir, et de cette paix ambiante. »

Il plaça la bouteille sur la petite table, meuble de balcon, avant de prendre place aux côtés du chevalier, debout, face à l’océan dont on ne percevait à cette heure-ci, que le son des vagues et des remous, tant la noirceur de la nuit recouvrait chaque parcelle du royaume. Il prit un verre, qui se trouvait dans un petit meuble, et se servit un peu de ce doux breuvage.
« Difficile, en effet. » Répondit Adriano, plaçant la coupe à ses lèvres et laissant glisser un mince filet de cet alcool fort qui enflammait la gorge. « L’action permet de vivre pleinement, en cela, je pense que nous sommes d’accord. Le combat, la préparation, l’entraînement… Tout cela permet de ne plus penser. Car, en première ligne, si l’on pense, on meurt. » Disait-il, davantage comme une confession, une observation, plus que comme une question. « Malheureusement, ici, vous n’êtes plus un homme d’action. L’ennemi a prit un avantage considérable… Pour ne point tomber des nues, il nous faut penser, réfléchir, nous préparer, et attendre. Se précipiter… Serait précipiter Adélina dans la tombe, elle aussi. En plus de son enfant. » Confiait-il, regardant Aubry en coin. « Est-ce que tous les Alonnan ont votre tempérament ? »
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Adélina
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MessageSujet: Re: Toucher le fond [Adriano]   Toucher le fond [Adriano] I_icon_minitimeVen 14 Avr 2023 - 18:55




Aubry souffla du nez alors qu’il entendit la réplique du Duc alors qu’un léger sourire vint orner ses lèvres. « Peut-être » Il remonta la bouteille à ses lèvres avant d’en prendre une grande gorgée. Une fois fait, il grimaça avant de soupirer. « Adélina et mon oncle sont les stratèges - je ne suis que leur protecteur. Me retrouver dans cette situation me dérange particulièrement. » Il le savait qu’il n’était pas le meilleur homme pour mener cette mission. Aubry était un homme d’action. Il exécutait. Protègeait. Ne rien faire le tuait à petit feu. Il avait l’impression de revivre l’annonce de la mort de son père et tout ce qui s’en était suivi… Le nordien s’accota de nouveau contre le mur de pierre, portant de nouveau son regard vers l’horizon. « Il faut dire que ma relation avec Adélina dépasse celle du chevalier et de sa suzeraine… » Commença-t-il avant de rouvrir les yeux rapidement, se rendant compte que ses paroles pourraient porter à confusion, il se retourna vers le Duc pour s’expliquer « Je l’ai vu grandir. J’étais page, puis écuyer de notre oncle pendant des années. Quand sa mère est morte, c’est moi et Charles qui avons été la secourir. C’est une scène que je n’oublierai jamais. » Dit-il avant de faire une grimace de dégoût, semblant se remémorer la puanteur et l’horreur de ce qu’il avait vu ce jour-la.


Adriano écoutait le récit du chevalier, veillant à ne boire que ce qu’il devait pour pouvoir profiter de cette boisson forte, sans pour autant vaciller face aux assauts de l’alcool. Il comprit bien aisément qu’Aubry et Adélina étaient très proches, sans doute trop, selon les goûts de certains. Aubry devait tout connaître des secrets d’Adélina, et tout connaître des secrets de la famille Lourbier. S’il n’était point connu que les Nordiens usent de machinations et de secrets, les guerres intestines, nombreuses ces dernières années, illustrent les tensions qui règnent au Nord, et, sans doute, l’existence de complots. L’occasion était trop belle et Adriano devait donc s’en saisir.

<< Je reconnais votre position, messire. Mais je suis sûr que La Mère ressent vos peines et vos doutes, et que, dans sa grande mansuétude, elle saura vous rétribuer pour vos sacrifices consentis ces dernières ennéades. >> Dit-il, tant pour apaiser les doutes du chevalier que pour lui passer un peu de pommade dans le dos. Le Duc faisant tout son possible pour déclencher une guerre sainte contre les cultistes, faire vibrer la corde religieuse était un atout comme un autre. << La secourir ? >> Répéta Adriano. << Adélina et moi n’avons point encore pu parler de nos passés respectifs… A-t-elle déjà été enlevée par le passé ? >>

Aubry acquiesça à la remarque du Duc au sujet de Néera. Il n’osait point le dire, mais il ne voulait même pas imaginer le regard que la mère avait sur son champion à ce moment précis. Il prit une nouvelle gorgée à même la bouteille avant de s’asseoir difficilement sur l’un des sièges qui ornait le balcon. Il fit signe au Duc de s’asseoir à son tour avant de reprendre; « Non. Il est arrivé beaucoup de malheur à Adélina, mais cette situation-là . » Dit-il en grimaçant. « C’est bien la première fois… » Il s’arrêta un moment, se demandant s' il devait confier ce qui était arrivé à sa cousine. Aubry savait pertinemment que cette dernière n’était pas friande de partager son histoire. Même Théodoric ne l’avait jamais su. « Lors de la guerre civile d’Alonna, les choses ont pris un tournant assez dévastateur. En plus d’être en guerre contre Jérôme de Clairssac et les Broissieux, les Lourbier ont dû abandonner le front pour aller s’occuper de leurs terres. Là où il y avait une épidémie de peste qui ravageait le Lodiaker. » Son regard se baissa sur le sol, avant de reprendre la parole, « Bransat a été particulièrement touché. Le trois quart de la population de la seigneurie ont été décimés et cela inclut la famille seigneuriale. Brigitte et Bernier, la mère et le frère aîné d’Adélina en sont morts. Nous sommes arrivés trop tard. » Aubry soupira avant de continuer son récit, « L’un des prêtres de Néera qui l’accompagnait lors de son dernier séjour ici l’a aidé à s’échapper du château avant que la maladie ne la touche aussi. Nous les avons retrouvés dans une cabane dans la forêt, faibles et mal nourris… Je n’ose même pas imaginer ce qu’elle a pu voir…et pour être honnête elle n’en n’a jamais parlé à personne. Préférant balayer le sujet. Père Nicolin nous a raconté brièvement ce qui s’était passé, mais c’est tout ce que l’on a su. »


Adriano écouta le récit avec attention, prenant place à l’invitation du chevalier Alonnais. Faisant danser le verre dans sa main, remplaçant le col de fourrure sur son cou pour le protéger de l’Alizée frais qui soufflait doucement cette nuit-là, le Duc écoutait le récit et s'imaginait les scènes qui, à n’en point douter, devaient être horribles pour qui que ce soit, roturier, noble, soldat… Ou fillette, à l’époque.
<< Que voilà une manière bien cruelle de débuter sa vie… >> Dit Adriano, feignant la tristesse et l’horreur. << Une chance que La Mère l’eut bénie de la présence d’un prêtre courageux et dévoué. J’ai moi-même pu mesurer l’étendue de la dévotion du Saint Père, lorsqu’il arriva sur mes terres. Lui, et les siens, furent prompt à débusquer les cultistes avec une efficacité toute minutieuse. >> Dit-il. << Nous autres, Suderons, ne savions rien des malheurs qui secouèrent le Nord. Malheureusement, la mésentente qui règne entre nos deux peuplades, depuis des années, empêche l’amitié, et parfois, l’entraide. Je suis fort malheureux de savoir que ces épidémies n’ont pu trouver aucune aide, et provoqué tant de morts. J’espère qu’aujourd’hui, la situation en Alonnan est meilleure ? >>

Aubry hocha vaguement la tête avant de s’appuyer ses coudes sur ses genoux. Il n’y avait pas a dire, père Nicolin avait été d’une grande aide, et ce depuis bien des années. Toujours à supporter les Lourbier comme il pouvait. Éduquant la jeune baronne sur la mère. Il était presque de la famille en soi. « Oui…Oui » Répondit-il rapidement, comme pour rassurer le Duc. « Adélina est une très bonne suzeraine. C’est assez impressionnant à quel point elle a réussi à faire sa place et se faire respecter avec les grands seigneurs alonnais. Certes nous avons toujours des détracteurs, mais Adélina ne leur laisse aucune marge de manœuvre pour aller contre elle. Votre fiancée est brillante. Peut-être un peu timide par rapport aux relations avec autrui, mais elle sait ce qu’elle fait pour faire fleurir l’Alonnan, et éventuellement Soltariel. » Il était évident que le chevalier tentait tant bien que mal de rassurer Adriano sur les compétences de la jeune femme, comme si il avait peur de ruiner son bonheur en racontant les déboires de la baronne.


Adriano, d’ailleurs, eut un sourire et un petit hoquet de rire. Voir ainsi les efforts distillés par le chevalier éméché, pour pouvoir rassurer le Pair du Royaume sur les capacités de régence d’Adélina, avait quelque chose d’amusant. Bien sûr, il cherchait à tester… Mais il ne s’attendait point non plus à ce que la défense d’Adélina aille en ce sens. Cela eut tout de même le mérite de rappeler à Adriano que la future place d’Adélina était, tout de même, de diriger tout un Duché avec lui… Alors… La chose était tout de même intéressante à savoir.

<< Comme je le disais, malheureusement, ma connaissance du Nord n’est que trop vague. Notre promptitude à ne regarder que le Nord de nos frontières, et à oublier tout ce qui se trouve à l’Ouest au Nord de Diantra, est une malédiction évidente. Nous autres, Suderons, gagnerions assurément à regarder au-delà de nos terres ensoleillées. >>[i] Dit-il, comme une leçon donnée à lui-même pour de futures considérations. << Votre promptitude à défendre les capacités de votre suzeraine fait plaisir à voir, et en cela, je la sais gré de vous remercier. Mais, puisqu’il est question de la vie d’Adélina, et de ma méconnaissance du Nord… Dites moi… >>[i] Il se tourne vers Aubry, son verre à la main. << … Que se passe-t-il au Nord, aujourd’hui ? Êtes-vous enfin en paix ? Ne craignez-vous point que ces maudits Nains ne passent la frontière, après l’éclat de colère de leur ridicule souverain ? >>

Aubry eut un rictus en attendant la demande du suderon. « C’est moi qui devrait vous poser la question! Nous n’y étions pas.»Le nordien prit une nouvelle gorgée du breuvage ambré, laissant le liquide réchauffer sa gorge avant de l’avaler. Son sourire se dissipa avant qu’il ne hausse les épaules d’un air nonchalant. « Adélina ne semble guère s'inquiéter des nains. Alonna a accueilli certains il y a plusieurs années et ils n’ont jamais commis d’affronts ou provoquer quelconques problèmes. » Bon cela était peut-être un manque de diplomatie de la part dudit souverain mais le chevalier ne s’y connaissait pas assez pour commenter quoique se soit. « Alonna a repoussé les noirelfes de ses terres. Alors les nains… Disons que ce n’est pas ça qui nous empêche de dormir la nuit. Quant aux autres nordiens… » Aubry souffla du nez, levant la bouteille pour l’arrêter à quelques centimètres de ses lèvres. « Disons que si nous avons l’air en paix, c’est une belle image que nous projetons. »

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Adriano Cortès di Alcacio
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MessageSujet: Re: Toucher le fond [Adriano]   Toucher le fond [Adriano] I_icon_minitimeDim 23 Avr 2023 - 16:30

A l’instar de son acolyte du soir, Adriano lui aussi eut un petit rictus, mêlé d’un souffle du nez, alors que la réponse du chevalier prêtait à sourire, d’une certaine manière. Effectivement, Adriano était présent lors de ce sommet pathétique, et, des deux nobles sur le balcon, il était celui qui était le plus à même de connaître les aspirations et les craintes du royaume. Puisqu’il était Pair, voyez-vous. Et le chevalier n’était… Et bien… Qu’un chevalier. Si les explications quant à la présence Naine en Alonna provoquèrent quelques grimaces de dégoût sur le visage du Duc, la notion d’image projetée, cette fois, eut tout l’intérêt du Duc. Ainsi donc, le Nord n’était uni qu’en apparence. La chose était… Intéressante.
<< Une belle image… >> Répète-t-il. << Que voilà bien triste annonce. Lorsque je suis venu par chez vous, vos terres semblaient pourtant en paix, et unies… Je comprends ainsi l’importance de votre présence auprès d’Adélina. >> Commença-t-il, caressant l’égo du chevalier dont l’alcoolémie semblait croître de seconde en seconde. << Si, comme vous le dites si tristement, l’unité du Nord n’est qu’une façade, je suis bien heureux de vous savoir aux côtés de celle qui est ma promise, et pour laquelle je nourris déjà de doux sentiments. Avec vous, je la sais en sécurité, et cela réchauffe mon coeur. Lorsque nous aurons récupéré Adélina, et que la menace pirate sera éloignée, je sais que rien ni personne ne pourra plus lui porter atteinte, au Nord, comme au Sud. >> Dit-il, continuant ainsi à brosser l’égo du chevalier, tout en buvant, lui aussi, un peu de ce liquide réchauffant et enivrant. << Mais, puisque vous et moi parlons honnêtement et sans étiquette… Dites moi… Y a-t-il une quelconque menace pesant sur Adélina, par chez vous ? >>

Aubry eut un léger sourire alors qu’il entendit la réplique du Duc. Puis, ce dernier s’effaca aussi vite qu’il était apparu en réalisant qu’il avait failli a sa tâche.« Si seulement je serais resté à Bransat quelques heures de plus… Ceci ne serait jamais arrivé… » La voix du Champion de Néera s’étrangla avant qu’il ne laisse s’échapper un soupir. Il porta de nouveau la bouteille à sa bouche, voulant engourdir encore plus son esprit. La tête commençait à lui tourner, et sa voix devenait de plus en plus pâteuse. Au moins, ainsi, l’esprit engourdi, il ne souffrait plus du sort de sa cousine. Il se racla la gorge avant de continuer. « Ce n’est pas un secret que le Marquis de Sainte-Berthilde ne nous tient pas en haute estime. Après tout, Adélina à enquêter contre son épouse, et à apporter des preuves plus qu’accablante sur cette dernière. C’est à se demander quand est-ce que la condamnation va tomber. A un moment, il n’aura plus le choix d’agir…» Il eut un sourire en se rappelant de comment ils s’étaient emparés du trône avant de continuer; « Quant au Brochant, son père a tout fait pour nous faire disparaître, inutile de dire que nous le portons pas dans notre coeur. C’est pour cela que nous avons demandé l’aide au Langehack pour obtenir le trône. » Aubry eut une grimace avant de continuer; « C’était avant que cette sorcière de Marquise essaie de tuer Adélina. »

Tant de révélations, tant d’informations, voilà qui rendait soudainement la discussion passionnante et intéressante. Le chevalier était assurément différent aujourd’hui, de ce qu’il pu être au premier jour de son arrivée à Soltariel. Déblatérant un flot d’informations qu’Adélina n’aurait sans doute jamais oser partager, l’esprit d’Adriano se congratuler presque d’avoir réussi à manipuler cet esprit, à grands renforts d’alcools et de tristesse. La chose était… Vile, à n’en point douter. Mais, pour Adriano, la fin justifiait les moyens, et rien - ou presque - ne pourrait l’empêcher d’extraire la moindre information utile de ce cerveau embué d’alcool. Ainsi allait le monde. Et dans ce monde, l’information était le nerf de toute guerre, de tout combat, de toute ambition.
<< Ainsi donc, ce n’est point la première fois que vous, ou Adélina, devaient faire face à des menaces plus qu’oppressantes. Je penses très sincèrement que vous pouvez être fier de vous, messire chevalier. Face à telles menaces et difficultés, bien des gens auraient abandonné, ou auraient succombé aux affres de la vilénie et de la violence facile et gratuite. Je remercie La Mère qu’elle ai su vous garder vous, Adélina, et les vôtres, dans le droit chemin. >> Dit Adriano, le regard malicieux, prenant une nouvelle gorgée ambrée et trinquant en l’honneur du chevalier. << Et c’est avec tristesse que j’apprends que la Marquise, en plus de s’en être possiblement prise à son propre paternel, a tenté de s’en prendre à la douce Adélina. Vous serez surpris d’apprendre que, d’après mes dernières informations, la Marquise accueillerait et protégerait des cultes sectateurs luttant contre La Mère et le culte Pentien. Je n’ai eu que les preuves de prisonniers passés à la question… Mais tous furent unanimes : le Langehack abrite des têtes pensantes des sectes, notamment draconniques, lesquelles massacrèrent ma famille il y a une année. >> Partageait-il, désirant manipuler plus encore le jeune homme. << Je vous le redis, Messire : si vous aviez besoin d’un soutien, au Nord, comme au Sud, comptez sur moi. Et si d’autres menaces ou informations nous sont importantes pour protéger la douce Baronne, nous devrions nous les partager sans détours. >>

Aubry laissa s’échapper un claquement de langue agacé lorsque le Duc se mit à parler de la Marquise de Langehack. Inutile de dire à quel point il détestait cette femme et son père. Deux perfides individus qui n'avaient aucune notion de l’honneur. Son regard sembla s'obscurcir, laissant place à un trop plein d'émotions qu’il conservait depuis beaucoup trop longtemps. « La Marquise est une arcaménite… Je crois que vous ne connaissez absolument pas cette harpie… » Le nordien se redressa avant de jeter un regard vers le suderon. « Elle a failli tuer Adélina. Sous mes yeux… en pleine rue de la capitale! Le Marquis ne nous a pas pris au sérieux, et à refuser d’enquêter ou de punir sa fille… Nous étions furieux… Il a même osé proposer d’annuler les fiançailles entre Adélina et Théodoric. Si ce n’était pas du fait qu’ils étaient déjà mariés, je crois qu’il les aurait empêcher d’être ensemble. » Aubry se redressa soudainement. Semblant se rendre compte qu’il avait dépassé les limites… Il reprit rapidement, tentant d’étouffer ce qu’il venait de dire. « Le Marquis n’est pas mieux. Vous savez qu’il était marié à une Princesse Marchande? Et qu’ils avaient même eu un enfant? Pathétique… Aucun honneur…Tôt ou tard Prudence payera pour ce qu’elle a fait a Adélina et Théodoric.»

Peu à peu, les révélations données par le chevalier décidément bien bavard, et témoin de bien des choses, prouvèrent à Adriano que ses machinations étaient bien plus abouties et retorses qu’il ne l’aurait imaginé. Prudence, Arcaménite, et assassine perfide, protégée par son défunt père, lequel avait visiblement failli à bien des choses, depuis bien des lunes. La chose était… Intéressante, assurément. Notant tous les détails et toutes les informations, Adriano fit une moue inquiète et concernée, celle-là même que portent les hommes lorsque l’émotion se fait grande, et que la justice devient obligatoire, quoi qu’il en coûte.
<< Une Arcaménite… Et une perfide. Décidément, le Langehack est verni de voir ainsi se succéder à sa tête, deux êtres bouffis par la vanité, l’orgueil et la déraison. Quelles preuves avez-vous de cette perfidie religieuse ? >>

Aubry grimaça avant de reprendre la parole; « Aucune pour le moment. Que les dires de Théodoric… » Mais il ne lui en fallait ps plus. Les deux hommes avaient bâti une solide relation lors de la quête qu’on lui avait donné pour retrouver le Roi. Le chevalier se redressa soudainement avant de tourner la tête vers le Duc. « Pourquoi vous me posez toutes ces questions? »

Regardant sa boisson ambrée comme le pensif regarderait un ciel azuré, Adriano temporisa face à la question du chevalier. Il expira longuement, son cerveau, trop occupé à calculer, raisonner, tenter d’entrevoir entre les limbes des informations distillées, ce qui pouvait être utilisé rapidement de ce qui devait demeurer tue pour le moment. Finalement, il se retourne en direction d’Aubry.
<< Vous n’êtes pas sans savoir que porter de telles accusations, sur une Paire du Royaume, en présence d’un autre Pair, est fort dangereux. D’aucun vous ferais payer de votre vie, pour cette outrecuidance. >> Dit-il finalement, un regard dardant sur le chevalier quelques flammes obscures, alors qu’il jouait là de l’étendue de sa puissance nobiliaire. << Toutefois… >> Il s’adoucit. << Les rumeurs et les sombres réputations que l’on prête à la Marquise, et qui s’accumulent depuis bien des lunes, m'obligent à vous mander la provenance de vos informations, car rien, pas même un Pair, ne doit entraver la sécurité du royaume. Ainsi vous ai-je posé ces questions. >> Dit-il, retournant à son verre, adoucissant alors l’atmosphère entre les deux individus. << J’ai moi aussi mis le Roy en garde. Une enquête, diligentée par le sieur Athanase de Cley, est en cours. Mais une enquête réalisée sur des soupçons peu vérifiés, et sans réels témoignages étayés, ne peut mettre en danger une femme telle que Prudence de Langehack. Toutefois, et La Mère m’en soi ce soir témoin, je refuse, et je refuserais toujours, qu’une quelconque perfidie ne vienne faire pourrir les jeunes pousses d’unité de notre royaume, plantées voilà peu par la résurrection du seul et unique Roy de Péninsule. >> Dit-il, d’un ton patriotique et avec une ferveur religieuse que le chevalier devait tout à fait connaître. Ainsi, en plus de distiller quelques informations au preu chevalier, il tente, à nouveau, de faire baisser sa garde et de le mettre de son côté. << Si vous, ou qui que ce soit, Sieur Aubry, avez quelques preuves à apporter, vous trouverez ici, à Soltariel, le soutien nécessaire, non seulement pour protéger Adélina des griffes de cette pécheresse… >> Dit-il, remettant alors le sort d’Adélina sur le devant des discussions afin de faire s’apesantir à nouveau, le chevalier dont la mission fut un échec. << … Mais également pour protéger le Roy, La Mère, et tous les Pentiens. >>

L’air du chevalier sembla se refermer alors que son regard se retourna vers le Duc. Il avait beau avoir l’esprit un peu embué, cela ne l’empêchait guère de ne pas apprécier ce que venait de lui dire l’homme assis à ses côtés. « Je viens de vous dire que Prudence a fait poignarder Adélina devant mes yeux, et vous doutez de mes dires? Ce seul fait est un cassus belli entre le Nord et le Langehack. La seule raison pour laquelle cela n’a pas été fait a été par respect pour Théodoric. » Aubry retourna son regard vers l’horizon, l’air réellement ennuyé par le duc avant de répliquer; « Vous avez beau être Duc, et pair, cela n’empêche guère qu’un affront a été fait a votre allié et fiancé. Affront qui est toujours impuni. » Après tout, Adriano n’avait-il pas un devoir de protection envers sa fiancée? « Si j’étais vous, je n’attendrais pas après Athanase de Cley. Avec ce que Théodoric m’a raconté, je crois qu’il y a beaucoup plus à découvrir sur les Langehack qu’ils ne le laissent paraître. »

L’attitude changeante du chevalier avait quelque chose d’impressionnant. Outre la différence de gabarit, et le fait que l’homme pouvait aisément battre le Duc en duel, cette propension à défendre Adélina avait quelque chose de passionnant. Alors, face aux dires et à l’attitude du chevalier, Adriano reprit une gorgée.
<< Ne vous méprenez pas. >> Dit le Duc. <> Dit-il, martelant ces mots en parlant avec puissance. << Je ne doute pas de vos dires. Mais vos dires… Restent des dires. Si Adélina devait revenir parmi nous, et qu’elle acceptait alors d’appuyer votre témoignage, par une accusation réelle et officielle en tant que victime de Prudence, alors, l’affaire prendrait un tournant bien plus grand. Et puis, la mort de Griffon de Langehack, bien que méritée si vous voulez mon avis, a envoyé un message fort à tous les Pairs : peu importe le statut, l’erreur n’est pas pardonnable. Aussi, décapiter la tête d’un Marquisat sur décision royale, est une première dans notre histoire. Et Néera m’en soit témoin, l’instabilité du Langehack ne fait que s’accentuer. Décapiter le Marquisat à nouveau, serait, cette fois, contre-productif pour le Roy. Le seul moyen de découvrir ce qu’il y a à découvrir sur le Langehack, c’est par l’enquête… Puis, peut-être, par la guerre. Une guerre contre Langehack, avec nos troupes Alonnaises et notre marine Soltaar. Mais d’ici là… Nous devons avoir plus d’informations. Et vous le savez. >>
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Adélina
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MessageSujet: Re: Toucher le fond [Adriano]   Toucher le fond [Adriano] I_icon_minitimeJeu 1 Juin 2023 - 18:32




[justify]Aubry souffla du nez en attendant la remarque du Duc, son regard ancré dans la nuit noir alors qu’il réprimait la colère qui grondrait en lui. Pas nécessairement contre le Duc - bien que, sans le vouloir, ce dernier ait remonté des souvenirs que l’alonnais ne pouvait pas réellement supporter. Il revivait malgré lui le cauchemar à Diantra. Il se souvenait encore de la panique qu’il avait ressenti lorsqu’Adélina avait perdu conscience dans ses bras, ou encore le désespoir qui avait traversé le visage de Théodoric alors qu’il avait lui aussi aperçu son épouse ainsi. Aubry ferma les yeux, avant de serrer les dents, laissant s’échapper involontairement un claquement de langue. Il resta silencieux une bonne minute, chassant les souvenirs qui venait engourdir son esprit presqu’autant que le liquide qu’il avalait à grande lampée depuis une bonne heure. « Nous verrons. C’est la décision d’Adélina. » Le chevalier secoua la tête avant de faire cul sec pour terminer la bouteille de whiskey qu’on lui avait donné. Il déposa la bouteille bruyamment sur le sol, avant de laisser sa tête tomber contre le mur, fermant les yeux. Il espérait que l’alcool l’aiderait a oublier, a embrumer son esprit, mais tout semblait pire dans cette état. « Pourquoi choisir Adélina? » Aubry ouvrit rapidement les yeux, fixant le Duc. Cette question lui brûlait les lèvres depuis bien longtemps.


L’attitude du chevalier fit naître une moue désappointée, presque de dégoût, sur le visage du Duc. L’alcool était en train de vaincre l’esprit embrumé de l’homme d’arme. En plus de détruire les fortifications d’un esprit fort, et donc, de révéler les secrets contenus dans cette caboche, l’alcool commençait à détruire sa forme physique et psychique. La fatigue l’envahissait à vue d'œil, en plus du désespoir et de la tristesse… Peut-être n’aurait-il point dû rappeler au chevalier, les tristes souvenirs liés au passé d’Adélina. A n’en point douter, Aubry ne tardera point à fermer l'œil contre ce mur, pour sombrer dans un sommeil de plomb et d’alcool dont les rêves seraient à jamais oubliés.


<< Pourquoi Adélina ? >> Répétait-il, portant le verre à ses lèvres pour n’en boire qu’un petit trait. << Vous n’êtes pas sans connaître les terribles événements qui me menèrent à prendre les rênes du duché. Les terres Suderonnes sont magnifiques, mais comme toutes les belles choses de ce monde, une part d’ombre se trouve toujours non loin. Dans cette ombre, agissent des cultistes draconniques… Et, au cours d’un voyage familial, ces sectes nous ont attaqués et ont assassiné mon père, mon épouse et nos enfants. De tous les nobles de Péninsule, seule Adélina fut prompt à m’envoyer un témoignage de soutien, et une aide physique. Avec les prêtres de Val-Néera, et vos soldats, Adélina fut d’une aide incroyable : nous avons pu enrayer l’évolution des cultistes et répandre à nouveau la parole Pentienne, et attaquer un rassemblement des sectes. Grâce aux prisonniers, nous avons pu décimer les rangs des cultistes au sein de ma cours, de la ville, et du duché, et identifier des cellules sur les terres voisines, y compris à Merval. La dévotion d’Adélina et son courage m’ont profondément touché… Et ainsi ai-je ressenti les prémices de quelques émules romantiques. >>

Le chevalier resta silencieux un moment, semblant encaisser ce que venait de lui dire le Duc. Puis, il haussa un sourcil avant de tourner la tête vers Adriano, osant finalement prendre la parole; « Les prémices de quelques émules romantiques… avec une femme mariée? » Car, n’oublions pas à ce moment-là, la jeune femme était bel et bien mariée à Théodoric, et Aubry le savait, jamais elle n’aurai trahi les voeux qu’elle avait fait devant la DameDieu.


Soudainement, le Duc comprit. Il venait de vendre une mèche qui, si l’individu en face n’avait point été saoul à en mourir, pourrait lui coûter très cher. Cachant cette pensée et cette réaction de stupeur, le Duc fit une moue acquiescante, comme s’il jouait la carte de la sincérité.
<< J’avoue avoir ressenti maintes fois le besoin de me confesser aux prêtres, dans les temps qui suivirent. Néera nous apprend à respecter l’amour, la vie, les mariages… Un homme et une femme, mariés, ne doivent jamais trouver autre chose sur leurs chemins, que leur amour, et leur famille. Ces sentiments débutants… Furent une source de honte, pour moi. Veuf depuis peu, et séduit par la foi, la force et la bienveillance d’une jeune femme mariée au Champion de Néera… J’ai eu honte… Certaines choses ne se contrôlent pas, je crois. >>


Aubry n’avait pas lâché du regard le suderon alors que ce dernier semblait se mettre à nu devant lui. Ce n’était définitivement pas un discours à laquelle il s’était attendu. À croire que l’alcool avait réchauffé ce dernier aussi. Le nordien eut un léger sourire pincé avant de retourner son regard devant lui. « Je ne vous avais guère imaginé ainsi… » Il souffla du nez avant de déposer la bouteille au sol, ses mains se rejoignirent se tripotant nerveusement. « Mais vous avez raison. Nous ne pouvons contrôler nos sentiments… » Après tout, lui-même avait refoulé les siens pendant de nombreuses années. Soudainement une pensée lui traversa l’esprit et ce dernier eut un léger sourire avant de reprendre; « Et dire qu’Adélina croyait que vous la détestiez… »

A cette révélation, le Duc eut une moue de surprise. Il regarda alors le chevalier, l’air indécis, inquisiteur, comme s’il cherchait la, une once d’humour peu dosé, peu agréable. Etait-il en train de le tester ? Ou était-il enfin conquis par le Duc, et parlait là à coeur ouvert ?
<< La détester ?! >> Dit-il, s’exclamant. << Par La Mère… Quelle étrange pensée. Qu’ai-je donc pu faire pour lui faire penser cela ? >>


Aubry ne put s’empêcher de sourire en entendant la réplique du Duc. Adélina lui avait raconté leur première rencontre et à quel point leur premier dîner avait été difficile. « Adélina m’a raconté le premier dîner que vous avez vu ensemble a son arrivée à Soltariel. Que vous avez tenté de la flatter en complimentant les soldats qui l'accompagnaient. » Aubry tourna la tête vers le Duc avant de continuer; « Je sais qu’elle s’est braquée à votre compliment et que c’est pour cela qu’elle a mené court à votre premier dîner. Elle avait l’impression que vous la détestiez parce qu’elle s’était braquée. Qui plus est, elle a volontairement éviter votre compagnie lors de son premier séjour. » Aubry rigola avant de rajouter; « Je lui ai bien dit que cela était totalement ridicule… Mais c’est aussi une des raisons pourquoi elle vous a offert l’épée. Pour revenir dans vos bonnes grâces. »


Le Duc eut une moue compréhensive, amusée, presque… Douce. Le fait d’avoir vécu la chose d’un point de vue totalement différent que celui d’Adélina, était amusant. D’une certaine manière, en tout cas. Oui, Adriano avait été… Gêné, et quelque peu piqué dans son orgueil, face à l’attitude d’Adélina. Mais point de mauvais ressentiment, ni de haine, en réalité. Le cadeau, toutefois, fut d’un goût incroyable, et eut l’effet escompté.

<< Je comprends… >> Dit-il, cogitant quelque peu. << Je n’aurais jamais imaginé cela, si l’on ne mAde l’avais point dit. Sans doute chérirais-je cette épée d’autant plus, dorénavant. >>



Aubry hocha la tête un moment, alors que son regard se porta sur l’horizon, regardant l’infini bleu - ou du moins ce qu’il devait être l’océan. A cette heure, il était difficile de voir quoi que ce soit. « J’espère qu’elle va bien… » Inutile de préciser de qui il parlait. Sa cousine restait constamment dans ses pensées. Savoir qu’elle était en danger constant - voir peut-être morte le torturait. Il se passa la main sur le visage, semblant vouloir chasser le sommeil ou tenter de trouver un semblant de lucidité. Le géant s’étira pour attraper une nouvelle bouteille de whiskey, avant d’en faire sauter le bouchon. « Une fois qu’elle sera venue, quel sera le plan? Allez-vous repousser le mariage? Ou le précipiter? »


Adriano avait le regard dans le vide. Lui-même n’avait que très peu réfléchit à ce qui se passerait “après”. Pas par manque d’intérêt… Ou par manque de sentiments. L’homme d’arme qu’il était savait que, dans pareille situation, mieux valait demeurer prêt à tout, sans jamais présumer de rien. Peut-être qu’Adélina était déjà morte… Peut-être qu’elle était devenue folle, captive d’un monstre sanguinaire. Peut-être s’était-elle ôtée la vie, pour éviter qu’elle n’appartienne finalement à quelqu’un d’autre qu’elle, sur cette île de Méca…

<< Eh bien… Je n’en sais rien, pour être honnête. Tout dépendra de l’état d’Adélina… Mais, avant toute chose, je pense qu’elle aura besoin de temps, et de toute l’aide de Néera et de ses proches. Ensuite… Eh bien… Nous verrons. >> Il se lève. << Je crains de devoir retourner à mes obligations. Gardez la bouteille, messire. Nous nous reverrons au matin. >>


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