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Zaahrian Las'Danir
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MessageSujet: Disparue - Libre   Disparue - Libre I_icon_minitimeMer 5 Juil 2023 - 11:40

Première ennéade de Karfias
Jour 1
L'an 21
Il faisait nuit lorsque Zaahrian fut reçu par son client. Rien de surprenant. Les gens ayant les moyens de l’engager le faisaient sans hésitation, mais aucun d’eux ne tenait à le crier sur les toits. Soit ils le rencontraient à un endroit où on ne risquait pas de les reconnaître, soit ils le recevaient en leur demeure à l’heure où la plupart de ses habitants sont endormis. Zaahrian passa la porte de la bibliothèque qui faisait également office de bureau pour le propriétaire des lieux. De l’extérieur, la maison ne se démarquait pas vraiment du reste, mais l’intérieur avait été décoré avec goût et certains meubles étaient vraisemblablement des importations. Tout aussi impressionnante était la quantité de livres en sa possession. Sachant que chacun de ces volumes a été écrit à la main par un scribe puis décoré afin d’en faire des œuvres d’art. Il suffirait de deux ou trois de ces livres pour payer les frais de Zaahrian, mais personne n’avait jamais proposé de le payer de cette façon. Sans doute qu’on le croyait illettré.

Le maître de la maison n’était apparemment pas encore arrivé. L’esclave qui le guidait lui indiqua un fauteuil où s’asseoir.

« Mon maître sera là d’ici peu. Souhaitez-vous quelque chose à boire? »

Zaahrian le remercia d’un geste de la main.

« Ça ira, merci. »

L’homme s’inclina respectueusement puis sortit de la bibliothèque. Ils le laissaient vraiment seul avec tous ces livres? Zaahrian haussa un sourcil et, plutôt que de s’assoir sagement, se dirigea vers l’une des étagères. Il prit un volume au hasard, un truc énorme recouvert qui nécessitait l’utilisation d’un lutrin pour le consulter. Il en trouva un et y déposa le livre en faisant attention pour ne pas l’abimer. C’était un très beau volume recouvert d’un cuir épais agréable au toucher sur lequel on avait embossé une scène de charge de cavalerie. Les détails étaient remarquables.

« Les grandes batailles du royaume des hommes », lut Zaahrian à voix haute. Il le feuilleta en portant plus attention aux illustrations qu’à ce qui était écrit. Il avait vu des miniatures plus habiles que celles-ci, mais elles n’étaient pas mauvaises non plus. Il passa les prochaines minutes à lire jusqu’à ce qu’il entende des bruits de pas venant du couloir. Zaahrian ne leva pas les yeux du livre et attendit que le nouveau venu se manifeste.

« Vous savez lire? » Demanda la voix d’un homme d’âge mûr depuis l’ouverture de la porte. La remarque teintée de surprise piqua au vif Zaahrian.

« Je sais lire, je sais écrire, je sais danser et je sais baiser, entre autres choses », rétorqua Zaahrian avec un sourire crispé et juste assez d’acidité dans la voix pour mettre l’homme inconfortable.

« Je ne voulais pas vous insulter. Je suis étonné de l’intérêt que vous puissiez porter aux livres. »

Il désigna le fauteuil où Zaahrian aurait dû attendre. Il s’y installa sans prendre la peine de remettre le livre à sa place.

« Même quelqu’un ne sachant pas lire aurait de l’intérêt pour ces livres. Vous faites ainsi confiance à tous vos invités? »

L’homme sourit. Malgré sa bourde initiale, il semblait plutôt sympathique. Ses cheveux, poivre et sel étaient bien coiffés. Un réseau de rides parcourait son visage, en particulier au coin de ses yeux, indiquant qu’il avait le sourire facile. C’était le genre d’homme qui vieillissait bien. Son regard intelligent ne quittait pas Zaahrian et celui-ci subissait l’examen sans broncher.

« Vous avez la réputation d’être honnête et puis aucun de ces livres n’est facilement dissimulable sous un manteau pour être sorti en douce. »

« Évitez de mettre les gens au défi, vous pourriez avoir de mauvaises surprises. »

« J’en prends bonne note », répondit l’homme avec un sourire aimable.

Zaahrian sourit en retour. Il possédait un charme indéniable et devait avoir l’habitude d’obtenir ce qu’il voulait non pas par la force, mais en usant de belles paroles jusqu’à la soumission.

« Bon, ce n’est pas que je trouve cette conversation particulièrement déplaisante, mais j’aimerais savoir la raison de ma présence ici ce soir. Qui voulez-vous voir mort? »

L’homme ne répondit pas tout de suite. Il regardait plutôt Zaahrian avec curiosité comme s’il cherchait à déceler chez lui quelque chose. L’assassin soutint son regard sans broncher, mais sa patience s’égrainait au fil des secondes qui passaient.

« J’ai entendu une rumeur à propos de vous », dit-il enfin après un moment de silence. « Comme quoi vous avez été sérieusement blessé récemment. »

« Il ne faut pas croire tout ce que disent les rumeurs. »

« C’est vrai, mais vous me semblez un peu pâle pour quelqu’un vivant sous l’ardent soleil de Thaar. »

Apparemment, il n’y échapperait pas.

« J’ai effectivement rencontré quelques problèmes récemment, mais je peux vous assurer que je suis en pleine forme et parfaitement apte à remplir la mission que vous allez me confier. »

Plusieurs ennéades furent nécessaires au rétablissement de Zaahrian. Il essayait de ne pas trop penser à la façon dont on l’avait soigné, au rôle tenu par Guilin et surtout à cette femme dont il n’était même pas capable de prononcer le nom sans éprouver une profonde révulsion. Parmi tous les mages de cette ville, c’est à cette femme que Guilin avait pensé en premier. Bon sang, il suffisait de lancer une pierre dans une foule pour être certain d’en atteindre un. Là n’était pas le moment d’y penser. Il allait tuer cette femme. Les détails du quand et du comment lui échappait encore, mais il y travaillait.

« Non pas que j’en doute, vous êtes le meilleur. Toutefois, ce que je vais vous demander d’accomplir diffère sans doute de ce que l’on vous demande d’habitude. Je veux que vous retrouviez quelqu’un et que vous le remmeniez ici. »

Zaahrian joignit ses mains, un sourire sur les lèvres.

« Ce n’est pas la première fois qu’on me demande de retrouver quelqu’un. Toutefois, j’avouerai que ce n’est pas mes contrats les plus faciles. Quand quelqu’un est mort, il n’y a rien à attendre de lui. Toutefois, ramener quelqu’un de vivant par la force, il faut s’attendre à ce qu’il ait des idées. Par expérience, elles sont rarement intelligentes. »

Ça amusa l’homme qui s’esclaffa. Un esclave entra alors dans la bibliothèque avec un plateau couvert de rafraichissement. Une coupe apparut devant lui, mais il s’abstint de boire. Qui sait ce que pouvait contenir cette coupe.

« Je n’en doute pas, surtout pour le cas qui nous intéresse aujourd’hui. Je parle de ma fille, Helen. »

De son bureau, il sortit un portrait miniature remarquablement exécuté représentant une jeune fille aux joues légèrement potelée et au teint frais comme une rose. Neuf fois sur dix, ces portraits embellissaient la réalité. Elle ne ressemblait probablement pas à ça.

« Il y a une ennéade, je lui ai annoncé qu’elle épouserait un ami à moi récemment devenu veuf. Il est vrai qu’il y a une différence d’âge assez importante, mais il a de l’argent et pas d’héritier contre lesquelles compétitionner. Honnêtement, je ne vois pas ce qu’elle pourrait espérer de plus. Bref, elle n’était pas de cet avis et cette idiote a décidé de s’enfuir et je n’ai aucune idée de l’endroit où elle est. »

Zaahrian avait une petite idée de ce que la demoiselle devait espérer d’un mariage, surtout pour avoir pris le risque de s’enfuir de la maison, mais il s’abstint de tout commentaire sur la question.

« Savez-vous si elle avait de l’argent sur elle? Elle pourrait être loin à l’heure actuelle. »

« Des bijoux ont disparu, elle pourrait les avoir monnayés, mais je doute qu’elle en sache la valeur réelle ou qu’elle ait un quelconque talent à la négociation. »

« A-t-elle des amis? De la famille quelque part qu’elle pourrait tenter de rejoindre? »

« J’ai un frère vivant en Péninsule, mais j’ai déjà fait vérifier les registres des bateaux et aucun nom ne correspond. »

« Elle pourrait avoir donné un faux nom. »

« Vous surestimez les aptitudes de ma fille. C’est une idiote. Qui plus est, une idiote qui n’a jamais eu à se débrouiller seule de sa vie. Sans une armée de serviteurs à ses côtés, je ne donne pas cher de sa peau. »

« Écrivez quand même à votre frère, au cas où il aurait soudainement la visite de sa nièce. On ne sait jamais. Vous avez bien conscience que ça risque de me prendre du temps. J’ai beaucoup de contact et je connais la ville comme le fond de ma poche, mais des filles qui disparaissent à Thaar, il y en a des dizaines par nuit. La plupart ne sont jamais retrouvées. »

Elle était peut-être déjà morte.

« N’avez-vous pas dit être le meilleur? Prouvez-le. Trouvez-la et ramenez-la ici. »

Zaahrian acquiesça d’un signe de tête.

« Et dans l’éventualité qu’elle soit retrouvée dans le quartier des lanternes… »

L’homme se renfrogna visiblement. L’idée ne lui plaisait pas.

« Vous la ramenez, même si la moitié de la ville lui est déjà passée dessus. Elle aura peut-être appris sa leçon », dit-il d’un ton sec.

Voilà une façon intéressante de voir les choses.

« Quant à mes honoraires… »

Le marchand prit une bourse qui était accrochée à sa ceinture et la déposa sur le bureau. Elle était remplie d’argent.

« Voilà pour commencer. Je veux des rapports tous les jours. Soit vous venez me les faire en personne, soit vous les écrivez, peu importe. Je veux tout connaître de votre démarche et voir une progression. »

« Marché conclu. »

++++++++

Trois jours plus tard

C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Zaahrian avait mis à contribution son réseau d’informateurs. Aux quatre coins de la ville, des hommes et des femmes gardaient l’œil ouvert à l’affut de cette jeune femme. Helen avait disparu sans laisser de trace. Son père était convaincu qu’elle ne pouvait pas être assez intelligente pour avoir préparé aussi bien son coup et Zaahrian commençait à croire qu’il la sous-estimait. En même temps, elle pouvait ne pas avoir eu de chance et être tombée sur des bandits convaincus de pouvoir en tirer un peu d’argent. Ils auraient dû voir qu’elle était de bonne famille et ainsi réclamer une rançon. Son père ne manquait pas d’argent. Peut-être aussi que ces brigands étaient des idiots et que plutôt se casser la tête avec une potentielle récompense, l’avait simplement vendue à un bordel. Combien pouvait rapporter une jeune fille? Tout dépendait de l’apparence, probablement.

Malheureusement, des bordels, ce n’était pas ce qui manquait à Thaar. Ce n’était pas non plus des endroits qu’il fréquentait souvent, sauf s’ils offraient des prostitués masculins, et encore. Il préférait celui d’Andrea à tous les autres. Il avait d’ailleurs commencé sa recherche là-bas, sans résultat. Zaahrian aurait été étonné aussi qu’elle y aboutisse. Les hommes et les femmes qui y travaillaient s’y retrouvaient de leur plein gré et aimaient leur travail, de toute évidence. Il leur avait quand même demandé de garder l’œil ouvert au cas où cette fille finirait par apparaître.

Ce soir, il était dans les Lanternes. Partout où il regardait, il y avait des femmes en tenue indécente essayant d’attirer la clientèle et celle-ci ne manquait pas non plus. Des hommes libidineux passaient à côté de lui sans remarquer sa présence, ensorcelés par l’une des créatures de la nuit. Le fait qu’il manquait des dents à certaines d’entre elles ne semblait pas les déranger. Il faut se le dire, ce n’était pas toutes des beautés. Et il ne toucherait à aucune d’elles, même avec une perche. Bon, certains de ces établissements surpassaient les autres, mais pour un bordel correct, il y en avait quatre qui se rapprochait du taudis. En même temps, Zaahrian était habitué au luxe qu’offrait Andrea. Son opinion était donc biaisée. Dans tous les cas, il était maintenant dans le quartier chaud de la ville, endroit qu’il ne connaissait pas tant que ça pour retrouver une fille qui était peut-être déjà morte. Par où commencer?
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MessageSujet: Re: Disparue - Libre   Disparue - Libre I_icon_minitimeSam 22 Juil 2023 - 14:12


Une chose était certaine, Zaahrian n’arriverait à rien en restant planté au milieu de la place. Il devait faire quelque chose.

« Hey mon grand blond! Si tu as du mal à choisir, on peut sans doute t’aider! »

Réalisant que l’on s’adressait à lui, Zaahrian se retourna et vit deux femmes qui le regardaient depuis la porte d’entrée d’un des bordels. Elles lui souriaient tout en se tortillant dans un vain effort de l’attirer à elles. Vains, car Zaahrian était insensible à ce genre de spectacle. Il ne trouvait rien d’attirant à la vue d’une poitrine disproportionnée comprimée dans un corsage beaucoup trop serré d’où elle menaçait de jaillir à tout moment. L’une d’elles remonta sa jupe tout en se déhanchant et Zaahrian put apercevoir sur une cuisse les marques laissées par des mains trop violentes. Combien d’hommes avait-elle vus aujourd’hui? Combien parmi eux s’étaient montrés attentifs? Combien, au contraire, avaient levé la main sur elle? Il devrait éprouver de l’empathie et pourtant son cœur restait insensible. Il n’avait pas envie de leur adresser la parole, mais il devait commencer quelque part. Se forçant à sourire, il s’avança vers elle, décidé à jouer le jeu pour la cause.

« C’est un choix terriblement difficile. »

Il passa ses bras autour de leur taille et les deux femmes se collèrent à lui sans hésiter. Elles empestaient le parfum bon marché qui ne parvenait pas à couvrir l’odeur de sueur qui imprégnait leurs robes. De loin, on voyait qu’elles étaient usées, mais c’était encore plus flagrant de près. La couture se défaisait au niveau de l’ourlet et chacune arborait des taches de natures suspectes.

« Si seulement tous nos clients pouvaient avoir une aussi belle gueule! »

« Pour lui, j’écarte les cuisses quand il veut. »

L’une d’elles lui palpa familièrement les fesses et s’en suivit un échange de remarques grivoises entre les deux femmes qui aurait pu le faire rougir s’il n’avait pas été aussi agacé.

« Allons, allons, nous avons tout notre temps, je vous assure. »

« Eh bien, mon beau, tu as peut-être un joli minois, notre temps n’est pas gratuit. »

« J’en doute pas un seul instant. L’argent n’est pas un problème, mais avant que nous passions aux choses sérieuses… Avez-vous remarqué quelque chose d’inhabituel? De nouvelles filles? Certaines qui auraient disparu? »

Les deux prostitués échangèrent un regard avant de se tourner vers Zaahrian, l’avarice brillant dans leurs yeux. Elles ne parleraient pas gratuitement. Pourquoi espérer autre chose venant d’une prostituée? De sa bourse, il tira deux pièces.

« De nouvelles filles, il y en a tout le temps. D’autres qui disparaissent aussi. Ce sont les Lanternes, après tout. »

« Savez-vous les raisons derrière ces disparitions? »

Elles éclatèrent de rire, mais il n’y avait rien de joyeux dans ce rire.

« La plupart du temps elles crèvent de leurs propres mains ou de celles d’un autre. De maladie ou en accouchant d’un mioche de trop. Souvent en essayant d’en débarrasser un. »

Elles n’apprenaient rien à Zaahrian et ça ne l’aidait pas vraiment pour sa mission actuelle. De sa poche, il tira la miniature de la jeune femme et la montra aux deux femmes.

« Ça vous dit quelque chose. »

L’une d’elles sourit, dévoilant une dentition incomplète et tachée.

« Peut-être… »

Zaahrian sortit une autre pièce qu’il déposa au creux de la main tendue.

« Ou pas! En tout cas, je ne l’ai jamais vu ici. »

« Moi non plus », renchérit la deuxième femme, le regard fixé sur le portrait. « Elle a plutôt l’air jolie. Elle sera surement populaire. »

Il rangea le portrait et la bourse. L’une des femmes remarqua soudainement quelque chose derrière Zaahrian et s’exclama.

« Lui aussi, j’dirais pas nom pour le prendre dans mon lit. »

Zaahrian tourna la tête pour apercevoir au travers des passants Guilin qui le regardait, immobile. Il grimaça.

« Je dois vous abandonner quelques minutes. Je reviens. »

Il n’avait nullement l’intention de le faire, c’était simplement pour être courtois. Zaahrian regarda Guilin, puis s’éloigna en s’engouffrant dans une ruelle. Il allait le suivre. L’agitation fit place au silence et Zaahrian crut pendant un instant être seul jusqu’à ce qu’il les entende. Un peu plus loin, un couple était en plein ébat. La femme était penchée sur une caisse en bois, sa jupe relevée. Derrière elle, l’homme la tenait solidement par les hanches, son pantalon aux chevilles. Zaahrian pouvait voir ses fesses contractées par l’effort et il resta figé devant ce spectacle bien que le couple ne semblât pas l’avoir remarqué. Il se secoua et reprit son chemin en essayant d’ignorer les gémissements de la femme entrecoupés des grognements de l’homme. Il croisa ensuite quelques femmes trop vieilles pour le métier, mais assez désespérées pour le pratiquer encore. Zaahrian s’arrêta lorsqu’un mur lui barra le chemin. Derrière lui, il entendit distinctement les bruits de pas de Guilin. Il voulait être entendu.

« Je pensais t’avoir ordonné de quitter la ville, » déclara Zaahrian lorsque les bruits de pas s’arrêtèrent.

« Je n’ai pas l’intention de le faire. »

Guilin se tenait à quelques pas de Zaahrian, droit comme un piquet, le visage impassible.

« Ce n’était pas une suggestion. Je ne veux plus te voir. Soit heureux que je te laisse en vie. »

« Tue-moi, si ça te chante. »

La bouche de Zaahrian se retroussa en un sourire mauvais.

« Ne me tente pas. »

« Fais-le! »

En une fraction de seconde, il était sur Guilin, la lame de sa dague appuyée sur la gorge de l’autre assassin. Il n’avait pas bougé. C’était à peine s’il avait tressailli.

« Ce n’est pas l’envie qui manque, crois-moi. Mais comme pour tes pathétiques excuses, je ne vois pas en quoi ça changerait quelque chose. »

La lame entailla légèrement la peau et un filet de sang coula sur la gorge de Guilin.

« Je vais trouver une solution. »

« Tu l’as déjà dit et jusqu’à maintenant, tu n’as rien proposé. Que fais-tu ici ce soir? »

Zaahrian rangea le couteau. Guilin déglutit, mais ne porta pas la main à sa gorge malgré la plaie qui brulait. Il continuait de regarder Zaahrian.

« Je surveille tes arrières. »

« Je n’ai pas besoin d’être chaperonné, mais je suppose que l’ordre vient de ta patronne. Tu pourras lui dire que je suis en pleine forme, prêt à l’emploi. »

« Ce n’est pas à cause d’elle que je suis là. »

« Ouais ben, peu importe. Je m’en fous. Je ne veux plus te voir Guilin, surtout si c’est pour que tu me plantes un autre couteau dans le dos! »

« Je t’ai sauvé la vie, Zaahrian. J’aurais fait bien pire sans hésitation. Je ne le regrette pas et je t’ai dit que j’allais trouver une solution. Sache que je préfère encore que tu me haïsses aujourd’hui plutôt que d’avoir eu à mettre ton corps en terre. Tu es mon frère et je t’aime. Ça ne changera pas. »

La réaction de Zaahrian fut automatique. Son poing percuta le visage de Guilin avec force, le faisant tomber au sol. S’en suivirent trois violents coups de pied dans les côtes, chacun faisant gémir Guilin. Il s’arrêta, haletant. Le regard sur la silhouette recroquevillée de Guilin. Il se pencha pour l’attraper par les cheveux, le forçant à se relever à moitié.

« Tu connais pourtant mon histoire. Tu savais comment je réagirais, mais ça ne t’a pas empêché de le faire. Arrête de prétendre que tu es mon frère. Tu m’as vendu! »

Il le repoussa et pendant un moment, Guilin ne bougea pas. Il finit néanmoins par se relever de peine et misère. Il avait le nez en sang et peut-être une côte fêlée. Il avait mal, mais Zaahrian pouvait déverser sur lui toute sa colère, il ne broncherait pas. Il avait raison, Guilin connaissait très bien l’histoire de Zaahrian, mais ça ne l’avait pas empêché de faire ce qu’il a fait. Il ne lui pardonnera sans doute jamais, mais il était vivant. C’était ça l’important. Ils avaient du temps pour trouver une solution.

« J’ai du travail à faire, dégage de ma vue. »

« Tu cherches… quelqu’un? »

Guilin peinait à articuler, sa mâchoire lui faisait mal. Zaahrian cognait plus fort que jamais.

« Une fille. Son père veut que je la ramène. »

« Il y a… Il y a une fille qui a disparu récemment à l’auberge… où je reste. Elle avait loué une chambre pour la nuit. Au matin… il n’y avait plus personne, mais ses bagages étaient encore là. Elle n’avait pas grand-chose, alors le propriétaire a gardé le tout en attendant qu’elle revienne, ce qu’elle n’a jamais fait. »

« Où ça? »

« C’est pas loin. L’auberge du chien borgne. »

« Je sais c’est où. »

Zaahrian commençait à s’éloigner lorsque Guilin s’exclama derrière lui.

« Je viens avec toi. »

Il s’arrêta, regardant Guilin clopiner en sa direction. Zaahrian grimaça.

« Peu importe. »

Et il reprit la route vers l’auberge du chien borgne sans ralentir le pas.

HRP:


Dernière édition par Zaahrian Las'Danir le Dim 23 Juil 2023 - 15:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Disparue - Libre   Disparue - Libre I_icon_minitimeDim 23 Juil 2023 - 15:10


L’auberge se dressait sur deux étages non loin du quartier des Lanternes sur une rue relativement fréquentable. La bâtisse en elle-même ne donnait pas l’impression d’être sur le point de s’effondrer, ce qui était une bonne chose, mais Zaahrian avait vu des endroits plus accueillants. Comme dans la majorité des tavernes, le rez-de-chaussée contenait la salle commune où l’on servait les repas. L’espace était plutôt restreint et pour contrer cela, le propriétaire avait décidé d’y entasser le plus de tables et de chaises possible au point qu’il était difficile d’y circuler sans marcher sur les pieds de quelqu’un. Malgré la chaleur étouffante à l’intérieur, l’ambiance était bonne et les gens riaient influencés par la bière coulant à flots. À la grande surprise de Zaahrian, il y avait effectivement un chien. Une créature très ancienne plus proche d’être un tapis qu’un être vivant. Il lui manquait un œil.

« Faites attention au chien », gronda l’aubergiste après que Zaahrian ait failli trébucher sur l’animal en question. Celui-ci se leva, se déplaça de 30 centimètres avant de se coucher à nouveau en soupirant.

« Je n’ai pas l’impression qu’il lui en reste pour longtemps. »

Le visage de l’homme se fendit d’un sourire.

« Ça fait 4 ans qu’il est comme ça. Il est increvable. »

Zaahrian regarda le chien au pelage rongé par les mites avant de s’adresser à l’aubergiste.

« La bière est bonne? »

« À vous de me le dire. »

Il tira de sous le comptoir un bock à la propreté douteuse qu’il remplit de bière avant de déposer le tout devant Zaahrian. Celui-ci y jeta un regard dubitatif avant d’en prendre prudemment une gorgée. Si l’on oubliait le fait qu’elle était tiède, elle n’était pas mauvaise.

« Ce n’est pas la pire chose que j’ai ingérée dans ma vie », déclara Zaahrian avec un demi-sourire. Il posa de quoi payer sur le comptoir avant de sortir le portrait d’Helen. L’aubergiste regarda la miniature sans comprendre puis ses deux sourcils se relevèrent pratiquement jusqu’à la ligne de ses cheveux sous l’effet de la surprise. Il prit le portrait pour le regarder d’un peu plus près, puis rapporta son attention sur Zaahrian.

« C’est la fille! »

« C’est effectivement une fille », confirma Zaahrian en continuant à siroter sa bière.

« J’veux dire, cette fille était ici. Elle est plus ronde en réalité que sur le portrait, mais les yeux sont les mêmes. »

« Plus ronde? »

« Oui, comme un baril de bière. Je les aime bien charnues, il y a plus de chair à laquelle s’accrocher! »

« Vous m’en direz tant… »

Trop fréquemment, des aubergistes abusaient de leur clientèle féminine vulnérable en leur demandant un paiement en nature plutôt qu’en argent en échange d’une chambre dans leur établissement. Était-il l’un de ceux-là?

« Elle est arrivée ici il y a un peu plus de deux ennéades avec quelques affaires. Elle a dit s’appeler Helen, qu’elle cherchait un endroit où loger et qu’elle avait de l’argent pour payer. Elle était contrariée, disant à qui voulait l’entendre que son père voulait la marier à un vieux balai rabougri. »

Jusqu’à présent, ça concordait avec l’histoire du père.

« Qu’est-il arrivé par la suite? »

« Eh bien… j’en sais rien. Un matin, ça fait cinq jours de ça, elle a déclaré qu’elle sortait et le soir venu, elle n’est jamais rentrée. Je l’ai attendu le lendemain, mais elle n’a pas non plus donné de nouvelles. J’ai pensé qu’elle devait s’être fatiguée des conditions ici et qu’elle était rentrée chez elle. Il suffisait de la voir pour comprendre qu’elle a toujours été gâtée dans la vie. Puis bon, je ne veux être méchant, mais ce n’était pas la lampe la plus brillante du lot non plus. »

« Il ne vous est pas venu à l’esprit qu’elle pourrait avoir eu des problèmes. Le quartier des Lanternes n’est pas très loin et ici, ce n’est pas non plus le coin le plus accueillant de Thaar. »

L’aubergiste sembla s’offusquer de sa remarque.

« Évidemment, mais je ne suis pas son père. Elle était en âge de se débrouiller toute seule, ce n’est pas mon problème si elle est trop bête pour en être capable. J’ai gardé ses affaires au cas qu’elle revienne. Elles sont à l’arrière si vous voulez y jeter un coup d’œil. »

« Parfait. Je vais les faire envoyer à son père. Voyez-vous, elle n’est pas non plus rentrée à la maison et il la cherche. Avez-vous vu des rabatteurs récemment? »

Le visage de l’aubergiste s’assombrit.

« Ils ne sont pas toujours faciles à identifier. C’est possible qu’il y en ait eu, je ne demande pas à mes clients ce qu’ils font pour gagner leur vie. »

Ils n’avaient pas besoin d’être des rabatteurs professionnels non plus. Un homme en quête d’argents faciles pouvait avoir décidé de ne pas laisser passer cette chance en voyant Helen. Si elle était aussi idiote et indiscrète qu’on la dépeignait, elle pouvait avoir creusé sa propre tombe sans s’en rendre compte.

« Je suppose que je vais devoir retourner dans les Lanternes. »

« Il y a des endroits bien pires où passer la soirée », commenta l’aubergiste en servant une bière à un autre client. Son ton sous-entendait clairement la façon dont il mènerait ses interrogations s’il était à la place de Zaahrian.

« Vous devriez vous adresser à Magdelaine. Mag, pour les intimes. C’est la matrone à la tête du Miel indécent. »

Zaahrian s’étrangla avec une gorgée de bière.

« Mais où trouvent-ils des noms pareils!? »

Il se donna une tape sur la poitrine pour faire passer sa toux.

« Eh bien, vous savez… »

« Oui bon… Et qu’est-ce qu’elle a d’intéressant cette Magdelaine? »

« Beaucoup de choses, mais elle sait surtout pas mal tout ce qui se passe dans les environs. Elle pourra sans doute vous aider. »

À cet instant, la porte de l’auberge s’ouvrit et Guilin se traina à l’intérieur. Il avait une sale tête. Le nez toujours en sang, son teint tirait sur le vert, il regarda brièvement Zaahrian avant de poursuivre jusqu’à l’escalier menant à l’étage supérieur.

« Qu’est-ce qu’il lui est arrivé? »

« Je dirais qu’il est rentré tête première dans un mur et que ce dernier a gagné. Donnez-moi quelques minutes. Je reviens. »

Zaahrian monta à son tour l’escalier pour aboutir au bout d’un étroit corridor où s’alignaient des portes. Il trouva la chambre de Guilin sans difficulté.

« Tu ne prends même pas la peine de verrouiller ta porte », déclara Zaahrian en refermant derrière lui. Guilin était penché au-dessus d’une cuvette en train de nettoyer le sang séché de son visage à l’aide d’un linge.

« Je me doutais que tu allais me suivre. Que me veux-tu cette fois? »

« À ce que je sache, tu m’as suivi en premier. C’est juste pour te dire que la fille qui a disparu c’est bien celle que je cherche. Quel coup de chance! Si je ne t’avais pas foutu à la porte, tu n’aurais pas abouti ici et je n’en aurai rien su. Comme quoi il y a un côté positif à tout! »

« Ravi d’avoir été utile. »

Zaahrian observa son ancien ami, les bras croisés.

« Garde tes distances, d’accord? En attendant que j’arrange la situation, mieux vaut éviter qu’on se croise. Parce qu’en ce moment, je trouve difficile de poser les yeux sur toi sans avoir envie de te frapper. Peut-être qu’avec le temps… Eh bien, tu m’as sauvé la vie, je suppose que je devrais t’en être reconnaissant. »

Sans rien dire de plus, Zaahrian sorti de la chambre. Guilin resta là, les yeux fixés sur la porte fermée. Puis lentement, il s’assit sur le lit, enfouis son visage dans ses mains et pleura en silence. L’espoir que leur relation redevienne comme avant était mince, mais oui, il était vivant.
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MessageSujet: Re: Disparue - Libre   Disparue - Libre I_icon_minitimeMer 30 Aoû 2023 - 21:43

Il n’y avait plus de doutes maintenant sur le fait que quelque chose était arrivé à Helen et bien qu’il soit encore possible de la retrouver vivante, Zaahrian se préparait à plutôt tomber sur un cadavre. C’est ce qu’il dit au père lorsqu’il lui ramena les effets personnels de sa fille, mais la piste se poursuivait encore et l’homme n’était pas encore prêt à baisser les bras. Le lendemain, Zaahrian retournait dans le quartier des lanternes afin d’y rencontre la mystérieuse Magdelaine qui se révéla être une vraie surprise.

Jamais il n’avait vu de sa vie une femme pareil. Déjà, elle était grande. Zaahrian s’approchant du deux mètres, les femmes lui arrivaient généralement au niveau de la poitrine. Cette femme atteignait son menton! Il n’avait jamais vu ça chez une humaine et il se demanda si elle n’était pas, en fait, une hybride. Ensuite, elle était grosse. Ne craignons pas les mots, elle était énorme. Un mur de chaire se tenait devant lui, coincé dans une robe qui exacerbait des courbes déjà très généreuses. Là il comprenait quand l’aubergiste parlait de quelque chose à quoi s’accrocher. Malgré un physique peu attrayant pour Zaahrian, il pouvait difficilement ignorer le charisme que dégageait cette femme. Elle assumait chaque centimètre de son corps, ce qui la rendait étonnamment attirante.

« Vous devez être Magdelaine », demanda Zaahrian sans pouvoir réprimer son sourire.

« Appelle-moi Mag, mon beau. Je ne vais pas demander ton nom, je sais qui tu es, Zaahrian. »

Elle désigna un fauteuil où Zaahrian s’installa. Elle l’avait fait venir dans son bureau qui était en réalité une vaste chambre à coucher avec un lit gigantesque ornée de draperies en velours rouge. Il y avait aussi une coiffeuse en bois précieux sur laquelle était exposé un assortiment de cosmétiques et de parfums.

« J’ai eu le plaisir de voir la statue en ton honneur au marché et j’ose espérer que je pourrais me régaler du modèle original avant la fin de la soirée. »

Magdelaine lui tendit une coupe de vin en souriant. Zaahrian se sentit alors rougir. Pourquoi rougissait-il? Cette femme était pourtant bien loin de ses standards habituels, mais le regard qu’elle portait sur lui ne cachait rien des pensées qui lui traversaient la tête. Il saisit la coupe et la porta aussitôt à ses lèvres, tentative maladroite de cacher son inconfort. C’était un vin excellent et certainement plus fort qu’il ne le laissait croire.

« Je crains que ma rencontre avec vous soit pour une autre affaire. J’en suis désolé. »

Il lui adressa un sourire qui fit glousser la femme. Elle s’installa sur le canapé en avant de lui de façon à mettre de l’avant ses courbes généreuses que Zaahrian fit son possible pour ignorer.

« Les rumeurs que j’ai entendues seraient donc vraies », dit-elle, le regard pensif alors que son pouce caressait distraitement le pied de sa coupe.

« Quelle rumeur? »

« Que tu préfères la compagnie des hommes. »

Zaahrian fut pris de court pendant un instant. Il s’attendait à ce qu’elle fasse référence à l’affaire qui l’amenait ici.

« Je ne m’en suis jamais caché », répondit-il poliment sans se départir de son sourire.

« Mais tu as une fille! »

Cette fois, son sourire faillit légèrement. L’aubergiste l’avait bien averti que cette femme savait beaucoup de choses, mais il aurait préféré qu’elle n’en sache pas autant sur lui.

« Par expérience, il y a des hommes partageant les mêmes intérêts que moi qui sont mariés et ont même des enfants, que ce soit par devoir envers leur nom ou simplement par peur d’assumer ce qu’ils sont vraiment. »

« Oh et puis-je avoir un nom? Je suis une femme extrêmement curieuse, vois-tu. »

« Ce n’est pas à moi de dévoiler ces secrets. »

« Quels ennuis! Mais je garde à l’esprit que c’est possible! »

Zaahrian ravala de justesse la remarque qui venait de lui passer à l’esprit et se concentra plutôt sur sa coupe de vin. Elle pourrait essayer de le saouler, mais il faudrait bien plus qu’une bouteille pour le faire céder. Il risquait de se noyer bien avant.

« Je suis ici pour une fille qui a disparu. »

De sa poche il sortit la miniature qu’il tendit à Mag. Elle le lui prit des mains afin de l’examiner de plus près.

« Elle est jolie », commenta-t-elle, « mais je ne crois pas l’avoir déjà vu ici. Cela dit, ça ne veut pas dire qu’elle ne soit pas dans les Lanternes. Les filles vont et viennent, c’est bien connu. »

« Son père cherche à la retrouver. Le dernier endroit où elle a été aperçue c’est dans une auberge située pas très loin d’ici, le chien borgne. C’est son propriétaire qui m’a conseillé de venir ici. Elle serait sortie un matin et n’est jamais rentrée, laissant toutes ses affaires dans sa chambre. »

La prostituée fronça les sourcils, perplexe.

« Ça n’augure rien de bon. »

« C’est ce que je pense aussi et je crois qu’elle pourrait ne pas être la seule à avoir disparu. Est-ce qu’il y a eu des disparitions récemment dans le quartier. »

La bonne humeur de Mag s’évanouit pendant un instant.

« Les Lanternes, c’est l’endroit où les gens disparaissent, c’est bien connu. Et le Guet ne fait jamais rien et ce n’est pas près de changer, pas avec ce qui vient de se passer. »

Zaahrian grimaça. Il en avait entendu parler, c’était même le sujet du moment. Viliam avait été bien occupé. Ça expliquait pourquoi il n’était pas venu s’enquérir de son état de santé suite au désastreux sauvetage qui l’avait presque tué.

« Je ne suis pas le Guet et si je peux aider, je vais le faire. Dites-moi ce que vous savez. »

Étrangement, Mag semblait hésiter, attitude qui contrastait grandement avec la confiance qu’elle manifestait depuis le début de leur entretien. Elle rendit le portrait à Zaahrian et but une gorgée de vin. Ses sourcils froncés indiquaient une intense réflexion.

« Il y a toujours des gens qui disparaissent ici. Une fille disparait, on finit généralement par retrouver son cadavre. On ne saura jamais qui est le responsable du crime, mais nous avons quand même retrouvé la fille. Là, ce sont des gens qui disparaissent et qu’on ne retrouve pas du tout. C’est plus rare, mais récemment, ça arrive plus souvent. »

« Et depuis combien de temps observez-vous ce phénomène? »

« Deux mois, peut-être, et ça concernerait une vingtaine de personnes, pas seulement des filles. Au moins trois jeunes hommes comptent parmi les disparus. Évidemment, ce ne sont que des spéculations. Il peut y avoir de multiples raisons derrière ces incidents. Ils ne sont pas forcément reliés. »

« Peut-être… »

À ces mots, un raffut épouvantable s’éleva depuis le rez-de-chaussée. Des filles criaient, affolées. Au moins un homme tentait de les calmer, sa voix l’élevant à peine au-dessus des cris hystériques. Zaahrian se leva d’un bond, dague à la main et dévala l’escalier, suivit par Mag étonnement agile malgré sa corpulence. Au centre du salon, c’était formé un attroupement autour d’une jeune femme étendue sur le sol. À l’écart une autre femme s’était affalée sur un canapé et un client l’éventait frénétiquement à l’aide d’un éventail.

« Poussez-vous », tonna Zaahrian alors qu’il jouait du coude pour atteindre la victime sur le sol. Il trouva une jeune fille dans un habit de servante présentant une vilaine blessure à la tête. Le sang coulait de sa tempe sur son visage. Elle était très pâle et son regard absent n’indiquait rien de bon. Il s’agenouilla à côté d’elle et vérifia sa respiration.

« Elle a besoin de soin, et vite. Que s’est-il passé? »

« Quelqu’un l’a attaqué. » C’était la femme sur le canapé. La foule s’écarta pour que Zaahrian puisse la voir.

« Dans la ruelle derrière. Elle venait nous apporter du fromage. Je lui ai donné son argent avant de refermer la porte. Puis j’ai entendu un cri aigu. J’ai ouvert, pour voir et je l’ai trouvé au sol. Au-dessus d’elle, il y avait un homme, je crois. Il portait une grande robe. Il m’a vu et il s’est tout de suite enfui. »

Zaahrian n’entendit pas la suite. Il se leva et fonça vers l’arrière de la maison, bousculant des gens au passage. Il trouva la cuisine, puis la porte où la jeune femme était passée. Il l’ouvrit et déboula dans la ruelle qui était vide. Il n’y avait aucune trace de l’homme mystérieux. Il vit des gouttes de sang au sol, celui de la victime. Son panier avec lequel elle avait transporté le fromage gisait, renversé dans la poussière. Zaahrian leva les yeux et regarda en direction des toits. Personne ne l’observait. Il examina rapidement les alentours à la recherche d’éventuelles cachettes. Il trouva une sorte d’alcôve où l’agresseur devait s’être caché en attendant sa victime. Naturellement, elle était vide. Peu importe le responsable, il ne s’était pas attardé sur les lieux de son crime. Frustré, Zaahrian retourna vers le bordel lorsque quelque chose attira son attention. Au sol, près du mur, un petit objet argenté luisait sous la lumière de la lune. Zaahrian le ramassa. Ce n’était pas plus gros qu’une pièce et en avait la même forme. Il était gravé d’entrelacs complexes au centre duquel il y avait un œil. Le même symbole se trouvait sur les deux faces, mais d’un côté l’œil était ouvert alors que de l’autre il était fermé. Le simple fait de tenir l’objet provoqua un frisson chez Zaahrian qui ne se souvenait pas d’avoir déjà vu un objet semblable. Il pensa tout de suite à un culte. Le médaillon servait peut-être à identifier les membres. Il pouvait aussi s’agir d’un focaliseur magique.

« La fille est morte. »

Zaahrian leva les yeux de sa trouvaille pour voir Mag qui se tenait dans l’embrasure de la porte, pâle malgré la faible lumière ambiante. Il n’était pas surpris de la nouvelle. Sans une intervention immédiate, elle n’avait aucune chance. Une telle blessure à la tête pardonnait rarement.

« Celui qui l’a attaqué ne voulait pas la kidnapper, il la voulait morte. »

Quant aux raisons de l’agression… Un rite d’initiation, peut-être? Dans ce cas, un membre sénior avait peut-être observé la scène. Il ne devait pas non plus écarter la possibilité qu’un fou furieux s’attaquait à de jeunes filles afin de satisfaire de sombres pulsions.

« Qu’as-tu trouvé? »

Zaahrian lança le médaillon dans les airs et le rattrapa.

« Quelque chose qui appartient à notre meurtrier. »

Quelque chose que son propriétaire voudra sans doute le récupérer et Zaahrian sera là pour l’accueillir.
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MessageSujet: Re: Disparue - Libre   Disparue - Libre I_icon_minitimeMer 18 Oct 2023 - 11:05

Zaahrian fit les arrangements nécessaires afin de passer la nuit au bordel. Mag essaya de le convaincre de rester dans sa chambre, ce qu’il refusa sous prétexte qu’elle ne donnait pas sur la ruelle. Il se retrouva donc au dernier étage dans une pièce plutôt exigüe meublée seulement d’un lit. L’odeur qui y flottait le persuada qu’il ne voulait pas y dormir et alla plutôt se poster directement à la fenêtre, rideau à peine ouvert et lumière éteinte. Il était très tard, passé minuit. Le bordel était encore en activité et les bruits qu’il entendait de l’autre côté de la cloison ne laissaient aucun doute sur les activités du lieu. Une femme lâcha un cri nettement trop extatique pour qu’il soit sincère et Zaahrian sourit malgré lui. À quelques reprises, on vint cogner à sa porte. Chaque fois, il trouva une jeune femme venue lui proposer ses services. En dernier, il trouva un jeune homme confus quant aux raisons de sa présence. Quelqu’un lui avait simplement dit d’aller frapper à cette porte. Zaahrian s’énerva et menaça de s’en prendre à Mag si on ne le laissait pas travailler. Il était fatigué et n’avait ni le goût ni l’énergie pour ce genre de jeu. À partir de là, plus personne ne vint le déranger et il put continuer sa surveillance en paix.

Il était sur le point de s’endormir lorsqu’un mouvement attira son attention. Il devait être trois heures du matin et l’établissement s’était enfin calmé. Zaahrian se redressa afin de mieux voir. Une silhouette se faufilait dans la ruelle, vêtue d’une longue cape qui correspondait à la description que lui avait faite la prostituée au moment de l’attaque. Il vit l’homme se pencher à la recherche de quelque chose et l’assassin sourit. C’était son homme, il en était certain maintenant. Il devait agir rapidement. Il passa la fenêtre, resta suspendu un bref instant à son cadre avant de se laisser tomber sur le sol. Même pour lui, la marche était un peu haute et il sentit l’impact dans ses jambes. Le bruit attira l’attention de l’inconnu et il essaya de fuir, mais Zaahrian était déjà sur lui.

Zaahrian ne voulait pas le tuer. Il avait besoin de lui vivant pour l’interroger, mais l’homme face à lui était décidé à ne pas se laisser faire. Loin d’avoir le même niveau de compétence que l’assassin, il savait néanmoins se défendre juste assez pour lui opposer un peu de résistance. Il réussit à le plaquer au sol, un genou dans le dos. Ils étaient tous les deux essoufflés et transpiraient abondamment. Malgré qu’il soit en forme, Zaahrian n’était pas encore exactement au même niveau qu’avant.

« Bon… Maintenant, tu vas venir avec moi et nous allons avoir une gentille conversation tous les deux. » Pour toute réponse, il n’eut droit qu’à un grognement incompréhensible. « Ça va être intéressant », rétorqua joyeusement Zaahrian. Il l’aida à se remettre debout et à l’instant où il fut sur ses pieds, venu de nulle part, une flèche se planta dans le torse de l’homme. Sous le choc, Zaahrian le lâcha aussitôt pour se cacher. Derrière de vieilles caisses en bois, il regardait autour de lui, essayant de voir qui aurait pu tirer cette flèche.

« Je sais que vous êtes là! » Cria Zaahrian sans se soucier des gens qui dormaient dans les alentours. Pour toute réponse, il n’eut que le silence. La lumière ambiante était très faible malgré la présence de la lune au-dessus de leur tête indiquant que le tireur devait être tout proche au moment des faits. Agacé, Zaahrian osa s’approcher, mais il n’eut aucune riposte. S’il avait été la cible depuis le début, l’archer aurait tiré avant, lorsqu’il était debout et l’autre homme maintenu au sol.

Le blessé n’était pas encore mort. Zaahrian lui retira son capuchon et le masque de tissus qui lui cachait la moitié du visage. C’était un homme d’environ 40 ans qu’il n’avait jamais vu avant. Les traits de son visage se déformaient sous l’effet de la douleur, mais lorsqu’il vit Zaahrian, un rictus apparu sur ses lèvres. Puis, il se figea, mort.

« Mais c’est quoi cette connerie? »

Zaahrian vit la flèche qui saillait toujours du torse et il l’arracha d’un coup sec. Pendant un bref instant, il imagina Guilin être l’archer, mais il utilisait une sorte bien spécifique de flèche qu’il fabriquait lui-même. Celle-ci n’était pas de sa main. Il y avait quelque chose sur la hampe, Zaahrian le sentait sous ses doigts. Il s’approcha d’une source de lumière et essuya le sang. Quelqu’un avait inscrit quelque chose sur la flèche.

« Le silence, tu garderas. La mort, tu choisiras. »

Le regard de Zaahrian passa de la flèche au mort gisant au sol.

« Mais sur quelle merde je viens de tomber? »

Fin

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