Sans rancune [Oriale]

-Je t’avais dit qu’on te retrouverait l’homme oiseau.

L’homme ricana dans un rire qui avait tout de bovin, avant d’abattre son poing contre la joue de son interlocuteur, fermement maintenu à genoux par ses deux larrons. Ce dernier accusa le coup, crachant un peu de sang sur les pieds de son agresseur… ce qui lui valut une torgnole supplémentaire.
Viliam sentit sa lèvres inférieure fendre sous l'impact, et il se demanda aussi si on ne lui avait pas cassé le nez dans le combat mais ne lui fit pas le plaisir de crier ou de se débattre plus. Relevant les yeux entre deux mèches sombres, il le fixa d’un simple regard qui aurait tué s’il avait pu.

Le bandit n’était pas un homme adepte de la vengeance, mais le bougre qui le frappait avec tant de satisfaction, il gravait son visage flasque dans sa mémoire pour le moment où on lui donnerait la moindre occasion de lui faire bouffer ses propres dents. Que les deux abrutis qui le tenaient, bras en arrière et genoux au sol dans la neige glaciale ne se relâchent une seconde…

Les trois criminels lui étaient tombés dessus au détour d’une ruelle et a vrai dire au-delà de la douleur cinglante dans sa mâchoire et sa tempe qui allumaient une myriade de petite étincelles dans sa vision, le bandit se sentait surtout particulièrement con de n’avoir pas fait assez attention cette fois-là. S'il avait été plus attentif, l'issue aurait été différente.
Il avait fait une erreur, il la paierait. Il survivrait, il le savait, la prime sur sa tête était bien trop alléchante pour que ces gars-là la gâchent en le tuant bêtement… Mais il allait prendre une sacré rouste.

En parlant d’être alléché par l’or, le chef de la petite bande cessa d’user de ses poings et se saisit de la sacoche que Viliam avait eu à la ceinture avant qu'on n'en ne lui débarasse violemment. Sa rapière qui avait subit le même sort gisait un peu plus loin dans la ruelle, là où les hommes l’avaient lâchement attaqué.

-Et  y a même pas d’or pour nous dédommager ou nous dissuader de t’envoyer dire bonjour à la garde…Persifla-t-il, après avoir fouillé le sac.

Viliam retint un rictus, alors qu'il observa le criminel balancer le tout derrière lui, sans prêter la moindre attention aux bombes à fumée qui roulèrent en dehors. La poudre de la plante déstabilisante non plus ne semblait pas l’avoir intéressé. Une chance –ou une malchance ça dépendait du point de vue- qu’elle ne lui aient pas explosé à la gueule vu sa délicatesse.

Il y eut un instant de flottement durant lequel personne ne bougea, et tous les regards se rivèrent à la frêle saltimbanque apparue de nulle part et prenant son courage à deux mains pour faire face aux brutes.

Fuit. Fuit. Se disait mentalement le bandit, surpris et effaré du geste de la jeune femme qu'il reconnue immédiatement. Elle se mettait en danger pour lui. Elle ne devait pas.

-Eh t’entend ça l’oiseau. Le chef des brutes rit de plus belle en lui relevant sèchement le menton pour que leur regard se recroisent. Tu veux qu’elle appelle la garde ?

Ses deux accolytes se mirent aussi à ricaner, l’un deux ne se privant pas de couler un regard insistant sur le corps de la courageuse. Ils ne savaient tous que trop bien qu’ils n’avaient ni les uns ni l’autre intérêt à ce que cela arrive. Viliam était tout aussi recherché qu’eux, si ce n’était plus.

-T'aurais jamais dû revenir ma mignonne. Tu sais pas dans quoi tu te fourre.

Mais, tout changea en une fraction de secondes. Le chef des brutes eut le malheur de ne pas retirer sa main assez vite en se détournant vers Oriale. Sans crier gare, Viliam mordit à pleine dents et avec toute sa rage dans la chair molle des doigts de son agresseur. Il y mit toute sa force alors qu’il entendit l’homme lâcher un cri de surprise et de douleur. On le frappa sans doute pour le faire se dégager, mais tel un chien enragé, il ne lâcha pas aussi facilement. Pas avant d’avoir entendu et sentit un claquement sec en ses mâchoires et du sang dans sa bouche qui ne devait sans doute pas être que le siens. Il y eut un nouveau cri de douleur et sans doute un peu d’effrois.

Finalement, un autre coup dans sa tempe le fit lâcher. Les étoiles dansaient toujours devant ses yeux alors que les hommes qui l’avaient lâché de surprise se précipitaient vers leur chef qui avait reculé et tenait compulsivement sa main en sang en hurlant des insultes et toute sorte de jurons à la limite du blasphème.

Viliam ne chercha pas plus loin. Profitant de la panique il se releva tant bien que mal, non sans cracher sang et chair. Il couru vers l’artiste trop téméraire récupérant sa rapière, son sac, et shootant dans une des bombes qui explosa sur les criminels en un épais nuage de fumée ocre et opaque. Il devait avoir l’air complètement fou, mais il n’en avait absolument rien à foutre, il voulait surtout qu’ils survivent pour l’instant avant de s’expliquer peut être plus tard.

-Vite venez !

Il n’attendit pas qu’elle réagisse pour lui prendre la main et se mettre à courir bien au hasard. Mais entre les coups, la douleurs, l’adrénaline, et sa tenue trempée qui le faisait crever de fois, la tête lui tournait tellement qu’il ne lui sembla pas faire deux ou trois rues avant de s’effondrer lâchant le poignet de sa malheureuse complice pour atterrir les mains et les genoux dans la neige.

-Barrez vous. Lança-t-il malgré tout à l'artiste, sans méchanceté. Il garda un instant les yeux fermés pour éviter de voir le monde tanguer. Qu'ils vous attrapent pas.

Ca va. -il non sans une expression de douleur venant le contredire.J'ai juste besoin... De repos et d'un feu. Souffla-t-il.Surtout...un feu.

Il sentit plus qu'il n'entendit le refus de la jeune saltimbanque. Elle l'avait soulevé et le soutenait tant bien que mal malgré la différence flagrante de gabarit entre eux. Elle était petite, quoi que pas si frèle vu sa vie et son métier. Mais lui était grand et plus épais. La situation aurait pu être comique si elle n'avais pas été si inconfortable et le danger si proche. Il fit de son mieux pour porter un maximum de son poids tout en se laissant être soutenu comme elle le pouvait.

-Je suis désolé. Marmonna-t-il un instant, sans savoir si elle l'avait entendu ou non.

Le monde tanguait  toujours, autour de lui, comme un navire prit dans une tempête terrible. Il posa une main sur sa tempe. Le bandit avait l'amère sensation d'un déjà vu fugace, comme si il avait déjà vécu cette scène. L'espace d'un instant, il se surpris même a se trouver persuadé d'avoir été blessé au visage avant que son supérieur ne le sauve.
Mais quel supérieur ?  Se dit il aussitôt. Il n'avait jamais , o grand jamais mis les pieds chez les guetteur. Ce souvenir ne lui appartenait pas.

Mais plutôt que de verbaliser ce nouveau trouble qui n'appartenait qu'à lui, il releva vaguement la tête pour voir où est-ce que la saltimbanque l'emmenait. Une taverne vue l'enseigne qui surmontait la porte ? Il fit une grimace, et baissa a nouveau le nez et rabbati sa capuche trempée sur sa tête. Elle qui lui en voulait tant pour les problèmes qu'il lui avait causé, elle allait le tuer de ses propres mains, une fois qu'il serait a nouveau en état.

Il laissa échapper un souffle douloureux alors qu’elle se débarrassa de lui en le laissant brusquement tomber sur le lit. Sur le dos, il mit bien quelques secondes à fixer le plafond, l’air de chercher à comprendre ce qui lui arrivait.

Du coin de l’œil, il vit la mage faire son œuvre avec le même brio que lorsqu’elle avait dansé et aussitôt il se glissa près de la cheminée grondante, se calant en boule près du feu, le dos contre l'un des montant de l'âtre. Du feu et de la lumière, la seule chose dont il rêvait sur le moment… Un net soulagement détendit un peu se traits épuisés alors qu’il tremblait toujours de froid. Dans cette chambre, probablement celle de la saltimbanque, il n’osait même pas ôter sa cape ni même se débarrasser de sa sacoche ou de sa rapière. Il  n'avait que simplement retiré sa capuche, maintenant qu'ils étaient seuls. Il avait probablement déjà dépassé bien des bornes pour la pauvre femme et ne cherchait pas à tirer plus sur la corde déjà bien éprouvée. Et puis lui non plus n'était pas des plus à l'aise a vrai dire. Il se promettait de filer aussitôt qu’il en aurait la force et que les étoiles cesseraient de danser devant ses yeux. Et si d'aventure il la retrouvait, il lui offrirait de quoi récompenser son geste.

-Désolé. Répétât-il en lui jetant un coup d’œil un peu penaud. Comme si ça changeait grand-chose, il se passa maladroitement le revers du bras sur la figure, histoire d’en ôter le sang qui devait encore le maculer. C'est vrai qu'il ne devait pas ressembler à grand chose... De toute façon, il devait déjà avoir quelques hématomes violacés sur sa peau basanée. Il sentait douloureusement sa pommette et avait l'impression que ses tempes résonnaient encore à chacun des ses mots.  Je vous ai mis dans une situation encore pire que l’autre jour. Soupira-t-il. Mais…merci. Il baissa les yeux. Sans vous je sais pas où je serais maintenant.

-Il n’empêche que vous avez un sacré courage et croyez moi tout le monde l'aurait pas eut.

Il la fixa un instant, plissant les yeux et s’interrogeant à demi sur cette nouvelle vive réaction. Au moins ne semblait-elle pas plus traumatisée que ça. Viliam n’avait simplement pas voulu la mettre plus mal à l’aise ni passer pour un gros lourd.
Mais vu que ça ne la dérangeait pas…Il n’allait pas se faire prier. Rapidement sa cape fut abandonnée, puis ses bottes qui avaient plus l’air d’outres remplies d’eau... Enfin, il déboutonna sa chemise qui lui collait désagréablement à la peau. Parmi les quelques cicatrices et les hématomes qui la parcouraient, preuves banales d’une vie dans les rues, il portait un dessin d’encre, a la droite de son abdomen. C’était un oiseau aux ailes déployées et dont les serres brisaient une chaine. Le tout avait l'air d'épouser et de couvrir les traces d’une blessure certainement plus importante que le reste. Le bandit se fit un instant la réflexion qu’ils n’étaient sans doute pas nombreux les étrangers à son groupe à l’avoir vu ainsi. Mais après tout pour eux ce n’était rien de plus qu’un tatouage et il n’en semblait pas spécialement gêné.

En revanche, pudeur étrange ou autre chose à cacher, le bandit avait gardé son foulard autrefois blanc à son cou, même s’il était sali et trempé. Sa rapière et son sac n’étaient pas non plus bien loin de portée de main. Une vie à courir laissait certains réflexes dont il ne se rendait même plus compte.

-Vous devriez venir vous réchauffer aussi près du feu. Lança-t-il avec une certaine douceur à la saltimbanque qui était restée debout, alors que lui se radossait au pan de la cheminée. Après tout on est chez vous. Enfin heu…je crois…? Et vous devez être aussi gelée. Il ajouta avec un rictus amusé. Même le feu il est à vous en plus. C'est pratique comme truc.

D’ailleurs il ne savait même pas son nom à cette pauvre fille qu'il surnommait mentalement ''la saltimbanque"…

-La Liberté. Répondit-il, avec un vague sourire, tandis que son regard s’égara dans les flammes.

Cela faisait presque un an à présent qu’il portait ce tatouage, recouvrant de bien tristes cicatrices. Le guet avait alors mis son foyer à feu et à sang et il avait été grièvement blessé, son flanc transpercé par un débris de bois. Son salut il ne l’avait dû qu’à la volonté des soldats de le maintenir suffisamment longtemps en vie.

Là, les yeux rivés au petit ballet de flammes, appuyé contre un mur chaud, et en relativement sécurité, il pouvait presque revoir avec netteté les évènements de cette nuit terrible, le brasier, les cris, l’odeur du feu et du sang. Pourtant, il ne voulait nullement s’apitoyer sur son propre sort. Cette marque à l’encre était tout le contraire. Loin de seulement cacher les cicatrices, c’était pour le bandit une façon de se réapproprier autant son corps que les évènements en eux même qu'il avait désormais surmontés. Un symbole de renouveau et d’espoir alors que la liberté pour laquelle il combattait il l’avait une fois de plus retrouvée.

-C’est une notion qui me tient…particulièrement à cœur disons. Assez pour supporter l'aiguille quelques heures. Sourit-il un peu plus franchement en penchant la tête sur le côté avant de grimacer à cause de ce même geste. D’un réflexe sa main vint frotter l’arrête de son nez, comme s’il vérifiait à nouveau qu’il n’avait pas été brisé. Pourquoi c'était toujours aussi douloureux...? J’imagine que c’est bizarre pour une saltimbanque. Être libre c’est un peu votre quotidien. Il haussa vaguement les épaules. Il s'en fichait, au fond, qu'elle le trouve bizarre. D’ailleurs, au fait, je m’appelle Viliam. Ajouta-t-il l’air de se rappeler qu’elle lui avait aussi demandé cela, en sous-entendu. Et vous ?

Ah il en avait vu des contextes plus qu’étranges pour faire connaissance… Que ce fut après avoir être passé accidentellement - et littéralement- à travers la fenêtre d'une baraque, ou encore être coincé par une tempête avec un parfait inconnu...Mais celui-ci ferait sans doute longtemps partie du haut du panier… Il espérait juste que si elle tenait tant à faire la causette, il serait quand même loin avant qu’elle ne se décide à s’interroger sur les paroles des trois criminels. En l’état il ne se sentait pas vraiment la force d’expliquer que oui il était un hors la loi mais que non il n’était pas une brute écervelée et que fugitif ne signifiait pas n'avoir aucun principes…C’était déjà suffisamment pénible de se faire insulter lorsqu’on tenait debout et qu’on pensait clair.

Viliam ne put s’empêcher un sourire amusé étirer ses lèvres tandis qu’il fixait à nouveau la flamboyante Oriale.

Leur conception de la liberté était bien différente et cela n’avait rien de surprenant. Mais il ne pouvait s’empêcher de s’en amuser sans méchanceté. Pour lui, ce qu’elle appelait attache, c’était parmi ce qu’il avait tant lutté à construire. Il ne se marierait jamais et n’aurait jamais d’enfant, la vie était ainsi faite. Parfois il s'en attristait un peu en y pensant. Mais il se ravisait bien vite, car sa seule et véritable famille, c’était ses frères d’armes, dont la vie était mise en jeu en permanence. C’était là une attache qu’il chérissait particulièrement car le lien qu'ils avaient était aussi fort qu'il pouvait rapidement leur être arraché. Non sa liberté, il la voyait bien ailleurs.

-Disons que vous semblez libre de vos mouvements et des envies de votre cœur. Tout le monde n’a pas cette chance. Et puis je suppose que si vous voyagez, vous avez dû voir un sacré paquet de trucs digne de récits. C'est une jolie forme de liberté selon moi

Mais alors qu’il se tût pour profiter du crépitement du feu, et ferma les yeux, elle posa finalement cette question qu’il redoutait. Eh bien tant pis.

-Oui. Répondit-il sans ambages en reposant son regard sombre sur elle. Mais avant que vous décidiez de me foutre dehors ou de l'appeler à votre tour, je tient à préciser que je ne suis pas de la trempe de ces types. Vous avez rien à craindre de moi, même si j'étais en état de tenir debout, vous avez ma parole devant Nééra. Je suis recherché parce que je fait partie d'un groupe de rebelles dont la cible n'est pas les gens comme vous et moi, mais bien les bourgeois pleins aux as qui croient que l'argent achète la justice et la morale. Y a des choses qui doivent changer dans cette foutue ville et on est là pour le rappeler. Ni plus ni moins.

Il haussa les épaules avant de poser ses mains derrière son crâne. Bon il 'était quand même gardé de préciser que plus que de faire partie de ce groupe, il en était le chef. Un pas à la fois comme on disait.

-Bref, j'ai beau faire de mon mieux pour aider les gens dans le besoin, à force le guet peut pas me blairer. Et c'était particulièrement réciproque... Il avait dit ça comme s’il parlait de pluie et de beau temps. Cela faisait longtemps qu'il s'y était résolu. Et c'est pas les seuls. Si vous aviez pas été là, les gars de tout à l’heure m’aurait surement vendu après s’être suffisamment défoulés. Et raison pour laquelle je ne voulais pas qu’on voit mon visage tout à l’heure. Fit-il référence à sa capuche qu’il avait relevée en approchant de l’établissement. Je pense que je vous ai attiré suffisamment d’ennuis pour que vous n’ayez pas non plus à vous soucier d’avoir été aperçue ici en compagnie d’un fugitif.

Viliam mit un temps à répondre. L’espace de quelques secondes, il se contenta de fixer le plafond, sans rien dire.

Du courage ? Etait-ce vraiment le courage qui guidait ses gestes ? Il ne le pensait pas. C’était une forme d’espoir presque désespéré. Une sorte de "sinon quoi ?" perpétuel. Sans cette vie il n’était rien. Ce n’était vraisemblablement pas le cas de la saltimbanque. Il eut une pensée pour Eänwen, qui dans un élan impulsé par l’alcool lui avait tenu un discours pas si différent.

Son sourire se fit un peu désolé.

-Et dans ce cas, que ferions-nous sans la saltimbanque manieuse de flamme pour rêver d’autre chose ? Plaisantât-il gentiment.

Elle avait déjà fait preuve de plus de bonté que bien d’autre et il n'en exigeait pas d'avantage pour avoir une opinion possitive d'elle. Mais sa vie n’était pas la sienne et elle ne devait pas en rougir,à l’instar de ce qu’il avait répondu à l’aubergiste. Aux yeux du bandit, Oriale avait une chance qu’elle ne devait pas gâcher.

-Et puis vous l’avez dit l’autre jour. Moi j’ai l’habitude de prendre des claques. Je sais me battre et botter le derrière de ceux qui me cherchent d'un peu trop près.Fit-il, exagérant volontairement la chose pour en occulter la triste réalité. Faut bien plus de courage dans votre position pour vous interposer comme vous l’avez fait.

Il eut ensuite une idée et ôta alors ses mains de leur appui. Il se pencha prudemment et s’en vint chercher des objets dans sa sacoche encore humide. Il eut une grimace en constatant l’état de son contenu, mais finit par y dégager un morceau de parchemin pas trop détrempé et un crayon, avec lesquels il gribouilla quelque chose.

-D’ailleurs, j’ai pas ça sur moi là. Fit-il.Mais je tiens à vous remercier pour cette soirée que vous passez ici, à vous occuper d’un inconnu plutôt qu’à gagner votre pain. Cherchez l’échoppe de tissus de Akim, la mériale, près du canal. Sur sa porte est dessinée... Ben... une mériale. Comme son nom l’indiquait, les choses étaient bien faites. Ils vous fera passer les pièces d'or que vous avez méritées. Il tendit finalement le morceau de papier gondolé à la jeune femme. Le dessin représentait à grands traits l’échoppe en question avec la porte décorée d'un oiseau chantant, et dans un coin il avait tracé une ébauche de carte des quartiers alentours. Et si jamais il vous arrive encore des ennuis. Un sourire malicieux. Vous n’avez qu’à lui demander à voir les oiseaux blancs. Il comprendra.

-J’étais très jeune la première fois que j’ai pris les armes. Plus que vous je pense. Disons que c’était à peu près le seul choix que j’avais à l’époque. Et pour ce qui est de finir avec des avis de recherches, ben..Un haussement d'épaule. De toute façon j'aurais pu tuer un homme ou voler une pomme que la garde aurait voulu ma peau de la même façon.

Un sourire. Il savait que ses paroles étaient vagues, mais ce n’était pas une période dont il appréciait parler. Bien des détails échappaient même à ses plus proches amis. Certains secrets étaient moins douloureux bien calfeutrés dans le silence.

-La plupart de mes amis partagent cette vision des choses : Tôt ou tard, la ville nous aura. Mais quitte à ce que ça finisse mal, autant que ça finisse pour quelque chose en lequel on croit : un espoir de mieux pour tous ces gens qui n’ont plus rien d’autre. Alors oui, les gens sont pas toujours réceptifs, voir bien le contraire. Mais pour un qui l'est pas, on en a deux qui mangent un jour de plus ou qui ne devront plus soutenir le regard du porc qui les exploite. Alors pour nous ça vaut le coup. Mais bon, c’est pas très joyeux j’en convient. Un bref rire. Et vous, comment vous êtes venue à cette vocation ? Demanda-t-il sincèrement intéressé. Comment ça s’apprend la magie ?

Les yeux du bandit brillaient d’intérêt à cette question. Il n’avait jamais vraiment côtoyé de mage, et ses lacunes dans le sujet ne rendaient celui ci que plus fascinant à ses yeux. Dans un monde comme le leur ou la vie ne tenait qu'à la force de leur volonté de survivre, des gens étaient capable de dompter le feu ou la terre et de plier le vent à leur volonté...comment ne pas s'en extasier ?