A la découverte du Monde [Pv Gwenhael]

{En provenance de la Forêt d’Anaëh}

Soleil montant vers le zénith, tout là haut, dans le ciel bleu parsemé de timides nuages, qui ça et là, s’aventuraient dans cette voûte céleste homogène. Le chant de quelques trop rares oiseaux viennent, parfois, troubler le silence qui règne dans cette forêt. Le monde est endormi, pour passer mieux encore l’hiver et ces rigueurs. Voici depuis quelques heures déjà que Gwenhael et Elenweï ont quitté, ensembles, pour vivre une nouvelle vie, la forêt protectrice d’Anaëh. Escorté, devancé par le fidèle chat sauvage de la druidesse, Isildur, les deux filles suivent inlassablement le sentier timide serpentant au milieu de la végétation et des arbres dans ce havre de paix…

La neige au sol, recouvrant de son épais manteau le sol, cachant ainsi les pièges éventuels, ne fait que ralentir la progression du groupe, amenant également avec lui cette terrible sensation de froid mordant, surtout aux pieds de la jeune Elfe, aux sandales de feuilles et lianes tressées. D’ailleurs, ses petits pieds nus sont rouges vifs, la peau mordu par la température agressive, légèrement en dessous du zéro. Pourtant, aucune plainte n’est formulée. L’animal de compagnie, toujours ouvrant la marche, ses sens en alerte, laisse ses traces typiques dans la neige, chemin balisé pour les deux filles qui le suivent en toute confiance. Petit à petit, la forêt se fait moins précise, et déjà, une clairière s’annonce à l’horizon…

"Gwen ? On s’arrête manger un morceau à la clairière, je meurs de faim…"

Timide aveu de la druidesse, qui bien malgré elle, laisse échapper de son ventre quelques gargouillis annonçant un creux et une envie de se restaurer. Marchant à bonne allure, le petit groupe découvre enfin cette fameuse clairière, et au loin, un lourd son sourd raisonne, reflété et amplifié par les arbres. Comme un écoulement, un grondement constant, tonnerre en écho, le bruit semble provenir de partout à la fois et en même temps d’un même et unique lieu. La cascade de l’Eden n’est plus très éloignée. Peu rassurée de marcher en milieu découvert ainsi, Elenweï est de plus en plus inquiète, mal à l’aise, et comme si Isildur avait sentit ce trouble chez sa maîtresse, le voici qui vient se dandiner, se frotter contre ses jambes nues, rassurant par ce contact de sa présence. La druidesse, dans un geste tendre et compréhensif vis-à-vis de cette attitude s’agenouille alors, et caresse avec affection le crâne poilu de son fidèle compagnon. A quelques pas de là, un tronc d’arbre mort couché sur le flanc…

"On s’asseoit un peu s’il te plaît ?"

Sans même attendre l’avis de sa compagne de voyage, Elenweï se dirige vers ce banc naturel, et s’y asseoit, soufflant discrètement, contente de pouvoir se reposer quelques temps. Timidement, la druidesse installe ses pieds à leur tour sur le tronc, les sortant de cette neige si froide. Contemplant ceux-ci rougis et froid, qui semble tant faire souffrir la jeune Elfe, Elenweï en profite pour sortir quelques baies sauvage de sa bourse de peau, et avec un certain charme attendrissant, commence à manger, partageant tout avec Isildur, assis à ses côtés. Assise là, immobile, le froid ne s’en fait alors que plus ressentir, et la druidesse ramène ses genoux contre sa poitrine, se mettant en boule pour lutter contre cette sensation désagréable, grimaçante, visiblement fatiguée par ses premières heures de marche, loin de chez elle, dans ce milieu à chaque pas un peu plus inconnu à ses yeux…

Tandis que la jeune Elfe continu de déguster discrètement sa maigre pitance avec son compagnon félin, des oiseaux soudain s’envolent en groupe de la forêt, annonciateur d’un danger en son sein sous l’œil d’Elenweï et Isildur. Cet air toujours inquiet sur le visage, la druidesse ne peut que rester assise, recroqueviller sur elle-même, à regarder les volatiles fuirent, Isildur suivant à son tour ceux-ci décrire un vol parfaitement synchroniser, comme un seul et même groupe…

"Je savais qu’on devait s’écarter du chemin. Il y a quelque chose qui ne va pas dans la forêt. Je le sens d’ici."

Elenweï semblait à la fois triste, son visage exprimant une certaine souffrance visible, mais aussi peinée, toujours à contempler ses pieds. Il était alors aisé de comprendre que ceux-ci lui faisaient mal, sûrement à cause du froid et de la neige. Pourtant, la jeune Elfe n’exprimait aucune plainte. Elle était avec celle qui habitait son cœur, cette demi Elfe, qui de par sa simple présence, rassurait Elenweï, ce visage qui lui rappelait combien elle était amoureuse de Gwenhael…

Et dire que cette escapade devait être un beau moment, calme et serein au travers de la belle forêt d'Anaëh...oui enfin...devait être. Le problème en général entre la théorie et ce qui se passe dans la pratique, c'est qu'il y a toujours un décalage qui peut-être plus ou moins grand entre les deux. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que la première sortie d'Elenweï en dehors de sa forêt était loin d'être parfaite...et même très loin.
Tout avait pourtant si bien commencé, j'étais parvenue à convaincre la druidesse de véritablement partir, et nous avions passé quelques minutes à marcher main dans la main. Puis elle et son compagnon animal avaient fini par...sentir un danger. Sur le moment je n'avais pas compris, et je ne comprenais pas vraiment plus de quoi il s'agissait à présent. Mais au fil des jours que j'avais passée avec Elen', je m'étais très vite rendue compte qu'il valait mieux croire aux instincts d'un druide et au lien qui l'unissait à la nature, et à sa demande nous avions finalement changées de route.

Les heures de marche qui s'en étaient suivies furent pour le moins désagréables. Avec cette histoire danger dont je ne savais rien, j'étais restée en permanence sur mes gardes, portant mon arc avec une flèche prête à être tirée à tout instant. Nous marchions dans une ambiance presque mortelle, je ne parlais pas et Elen' non plus...et moi, absorbée par le fait de surveiller constamment les alentours, je n'avais même pas remarquée que la jeune elfe souffrait atrocement du froid.
Ce n'est que lorsqu'elle me demanda, et presque me supplia, de faire une pause que je me rendis véritablement compte de son état. La pauvre était vraiment frigorifiée, ce qui vu sa tenue pour le moins...légère, n'était en soit guère surprenant. Et alors qu'elle commençait à manger les quelques fruits qui se trouvaient dans sa bourse, j'éprouvais de la honte à m'être montrée si peu attentionnée depuis le début du voyage. Moi qui devait la protéger, je commençait déjà à faillir à ma tâche.
Rangeant mon arc alors qu'elle se mit à nouveau à parler de ce danger dont je n'avais pour le moment constatée aucun signe, je commençais intérieurement à me demander si Elen' n'était pas tout simplement angoissée du fait d'avoir quittée sa forêt natale. Nous étions à présent dans une clairière, bien loin de son ancien lieu d'habitation mais maintenant très proche des cascades de l'Eden, mais dans l'état dans lequel elle se trouvait Elen' n'allait pas pouvoir continuer plus loin...l'occasion semblait finalement se présenter pour que je puisse me rattraper.
J'empoignais mon sac de voyage dans lequel était, entre autres, rangé quelques provisions qu'il me restait: un peu de viande séchée au sel ainsi que quelques miches de pain qui se trouvaient dans un état encore convenable. J'hésitait un moment, avant de finalement sortir une miche de pain.

Elen', mange donc ça, ce n'est pas avec ces quelques pauvres fruits que tu va te remplir ton estomac. Je te rassure, ce truc est tout ce qu'il y a de plus végétal et certifié sans viande d'aucune sorte, pour autant que je le sache tu as donc droit au pain.

Moi qui étais tout d'abord partie pour lui donner un peu de viande, je m'étais bien vite arrêtée en me souvenant des nombreuses interdictions auxquelles Elenweï était soumise en tant que druide, notamment le fait de ne manger aucune viande d'un animal tué pour être mangé...et je doutais que ce que je transportais soit issu d'un animal mort de façon naturelle.
Je m'approchais d'elle, lui tendant la miche de pain, tout en affichant un sourire qui se voulait rassurant.

Allez grande druidesse, prend des forces et laisse moi voir tes pieds, je pense qu'ils ont vraiment besoin d'être réchauffés.

Agenouillée face à Elenweï, je me mis à retirer avec beaucoup de précautions ses sandales avant de commencer à masser ses pieds, ses chevilles et le bas de ses jambes qui étaient littéralement transis par le froid. Cela demanda un bon moment, mais finalement je sentis que le sang recommençait à circuler normalement dans ces zones, et les muscles répondaient au passage de mes mains.
Mais de mon côté, je devais littéralement garder le contrôle de moi pour ne pas rougir autant qu'une tomate au plein milieu de l'été. Je me surprenais même parfois à faire prendre à mes massages un rythme plus...sensuel, avant de finalement me reprendre.

Ca va mieux ?

Lui demandais-je alors que je venais de relever la tête dans sa direction, avant de finalement finir m'asseoir à ses côtés, tout prêt d'elle. Avec mon armure je n'éprouvais pas vraiment de sensation de froid, mais j'avais besoin de sentir la présence d'Elen' à mes côtés. Tendrement, je tendis une de mes mains vers l'une de ses joues, que je me mis à caresser du revers de la main avec beaucoup de précaution et de délicatesse.
Si je me voyais dans un miroir à ce moment là, je ne serais pas sûre de me reconnaître tant les traits de mon visage, d'habitude durs, étaient désormais doux. L'amour change une personne profondément, à ce que l'on dit...et je ne pouvais que me demander si la personne qui avait un jour dit cette phrase savait à quel point il, ou elle, avait raison.

«- Pourquoi on n’attaque pas maintenant hein ? Pourquoi on attend ?
-Patience. On va attaquer. Encore un petit moment. »

Quatre hommes étaient embusqués, observant attentivement les deux elfes. L’une était vêtue d’une armure, tandis que l’autre portait une simple peau de bête. Curieux couple que voila. Une guerrière et une simple petite souris effarouchée. Celui qui semblait être le chef sourit et se lécha les lèvres en regardant la jeune fille à la peau de bête. Des envies montaient en lui tandis qu’il la regardait. Des envies qu’il comptait bien assouvir avec elle. Et avec l’autre aussi.

Cela faisait plusieurs jours qu’ils les suivaient, guettant une opportunité pour les surprendre et les attaquer. Ils les avaient entendus parler dans la forêt, quelques jours plus tôt, et s’étaient mis à leur poursuite. Ils avaient voulu les attaquer depuis qu’ils les avaient vus, mais leur chef les avait incités à la patience. La guerrière était sur ses gardes, il fallait attendre le moment où elle se relâcherait. Et ce moment semblait arrivé. Elle ne surveillait plus les alentours. Ils bénéficiaient de l’effet de surprise.

« On y va ! »

Le chef sortit un arc, encocha une flèche, visa et tira. La flèche frôla la petite souris, avant de se planter sur le tronc où étaient assises les deux elfes. Les trois autres brigands sortirent du bois tandis que leur chef criait :

« On ne bouge plus mesdemoiselles, si vous ne voulez pas vous faire transpercer ! »

Puis il sortit, l’arc à la main. Un des trois autres brigands avait lui aussi un arc, et une flèche encochée, les deux autres ayant l’épée au poing. Il s’avança doucement et regarda les deux elfes.

« Joli petit lot que nous avons là, hein les gars ? Haha ! Mesdemoiselles, bonjour. Comme vous pouvez vous en rendre compte, vous êtes à notre merci, aussi si vous ne voulez pas avoir de problème, faites ce que nous vous disons et tout ira bien. »

Il sortit un sac en toile d’une de ses poches, et la lança aux filles.

« Mettez tous vos objets de valeur et votre or dedans. Dépêchons. »

La jeune elfe avec sa peau de bête semblait effrayée. L’homme sourit de plus belle.

« Je te fais peur ma jolie ? Tant mieux. Tu as raison d’avoir peur. Je ne te ferais pas de mal tant que tu m’obéiras. Mais si tu veux, je connais un moyen de te faire beaucoup de bien. »

L’homme rit tandis qu’il s’avançait vers la jeune fille, une furieuse envie de la violer s’emparant de lui. Il allait bien s’amuser avec elle.

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Ombre fugace
Maître de ton destin

-Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D.
Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/

Elenweï, jeune Elfe ayant vouée sa vie à servir, protéger la nature, sa forêt, perdue en cet instant sur les méandres de l’incertitude, de l’inconnu, face à un destin dont elle ne saisit pas encore toute la portée, la grandeur. Sous cet hiver particulièrement rude, sortit de son environnement qui lui semblait si protecteur, la druidesse ne sait plus, ne connaît plus, se sent tellement perdue, ici, dans cette clairière, entourée d’un danger dont elle sent l’imminence, mais dont elle ignore encore la provenance. Recroquevillée sur elle-même, souffrant de ce froid mordant, la guérisseuse ne peut que contempler sa belle, qui à cet instant, dans un geste de partage, lui offre ce pain…

"Merci Gwen, c’est tellement gentil à toi. Tout ce qui est à moi l’est aussi à toi"

Des paroles tellement vraies dans l’esprit de la jeune et innocente druidesse, enfant de la Nature, protégée de la forêt d’Anaëh. Avec gêne, les joues rougissantes trahissant sur le fait ses sentiments pour la demi Elfe, Elenweï observa, sans pouvoir avoir la moindre réaction autre que la surprise, Gwenhael venir s’enquérir de l’état de ses petits pieds transis de froid. Aussi, sous les caresses et tendre massage de sa radieuse compagne de voyage, dans ce moment de compassion et tendresse infinie, la druidesse appréciait déjà ce savoir faire et cette sensualité que lui procurait la guerrière, aux petits soins envers la jeune Elfe à la chevelure blonde. Déjà, Elenweï sentait la chaleur revenir dans ses jambes, ses pieds, remède qui ne s’apprend dans aucun livre, cette force qui pousse deux êtres à surpasser les épreuves ensemble, quoiqu’il arrive, et que l’on nomme amour, sous l’œil suspicieux et jaloux d’Isildur envers la demi Elfe, couché là, à leurs pieds…

"Merci Gwen, tu es si douce avec moi…"

Son regard plongé dans celui de l’être qu’elle aimait tant, passion dévorante pour la demi Elfe agenouillée face à elle. Sourire complice, amour partagé, un bonheur immense naissait petit à petit entre elles, et rien ne semblait pouvoir les atteindre, alors que la druidesse gardait avec précaution la miche de pain offerte entre ses mains. Soudain, sans crier gare, Isildur se mit à grogner, et une flèche sortit des fourêts siffla à l’oreille de l’Elfe, qui, sous la surprise bascula en arrière, derrière ce tronc d’arbre en travers qui leurs servait de banc naturel. Tout alla alors très vite, attaque surprise et ce danger tant ressentit depuis le début du voyage qui se montrait enfin…

"Gwen ! Fais attention !!"

Mais les brigands, supérieur en nombre avaient bien l’intention de s’amuser avec les deux filles, et sous leurs regards malsains aux idées perverses, Elenweï mourrait de peur, tremblante, à demi cachée derrière cet arbre mort. Pourtant, une chose était sur : il ne faut jamais se fier aux apparences, car bien souvent, celles-ci sont trompeuses, et sous-estimer son adversaire peut rapidement conduire à une défaite cuisante. Et malgré l’air innocent, frêle de la druidesse et la grâce et l’élégance du corps caché sous son armure de la demi Elfe, elles n’en restaient pas moins de farouches combattantes, du moins pour Gwenhael…

"Pitié... Partez maintenant, laissez nous… On ne vous dénoncera pas, je vous le jure Messires…"

Espérant dans un premier temps que ces demandes seraient entendues par les brigands, Elenweï s’aventura à laisser dépasser sa tête de derrière le tronc d’arbre gisant sur le sol, pour observer leurs comportements. Et ceux-ci étaient des moins réconfortant, annonçant de biens cruelles intentions. Aussi, la druidesse se tourna elle vers son chat sauvage, resté couché sur le sol, prêt à attaquer. Un simple échange de regard, et les deux compagnons se comprirent immédiatement. Rampant tel un prédateur s’approchant de sa proie, Isildur se rapprocha de l’homme le plus à gauche qui tenait en sa main une dague, puis, d’un bon que seul pouvait réaliser un félin, il sauta à la gorge de l’individu, tous crocs plantés dans la carotide du brigand, lui arrachant en retombant sur ses pattes derrière lui. Le spectacle offert fut alors terrible. Un jet puissant de sang s’extirpa de la plaie béante, tandis que le brigand s’écroulait à terre, se tenant la gorge, incapable de crier sa détresse. La neige au sol prise une teinte rouge, couleur carmin imbibée d’hémoglobine, alors que le brigand, bouche ouverte, haletant cherchait sa respiration, le sang emplissant sa trachée, de petites bulles revenant à la surface dans son orifice buccale. Le brigand blessé à mort était bel et bien en train de se noyer dans son propre sang, et sa fin fut malheureusement des plus douloureuse. Une chose était sur, plus jamais Isildur serait regardé de la même manière après cela par Gwenhael…

"Isildur !"

A l’appel de sa maîtresse, l’animal bondit et courut pour la rejoindre, venant se mettre de nouveau à l’abri à ses côtés, derrière le tronc d’arbre, tandis que la druidesse se mise à parler dans cette langue inconnue, comparable au bruissement du vent dans le feuillage des arbres, son regard tourné vers la forêt derrière les brigands. Sans crier gare, sortit de nulle part, un ours brun adulte, énorme carnassier déboula de la végétation dans un grognement de rage, se ruant à l’assaut des brigands, courant toutes griffes dehors, prêt à dévorer tout ceux encore debout sur son passage. Autant dire que l’effet se voulait terrifiant. Arrivée à la hauteur des assaillants, l’ours brun se mit sur ses pattes arrière, devenant une montagne de muscle alimentée d’une furie bestiale, pattes avants aux griffes acérées prêtes à trancher dans le vif les hommes qui se tenaient là, face à la bête hargneuse. Elenweï cachée derrière son arbre, regardait la scène avec inquiétude, surtout pour Gwenhael…

"Gwen, mets toi à l’abri" lui murmura t’elle alors de sa position…

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