Seule, dans une clairière...pour l'instant. ( libre )

Un rayon de lune filtra à travers les lourdes branches des arbres imposants, dessinant des dentelles d’ombres et de filaments argentés se répandant lentement sur le tapis de mousse , pour finalement caresser le visage de Nathrae, recroquevillée entre les racines d’un arbre. La douceur de la lune la réveilla; elle étira ses membres douloureux et essaya de redescendre sur Terre, repoussant les bras de Morphée.

Cela faisait peu de temps qu’elle avait décidé de quitter sa cité natale pour aller cavaler à travers monts et vallées. Sauf que voilà, le problème, car il y en avait un, était qu’elle n’osait pas quitter ce lieu relativement rassurant.

Pourtant, elle avait traversé les Terres Stériles et courageusement évité Yutar pour arriver ici mais maintenant, elle n’osait pas continuer. Une angoisse indescriptible lui serrait le ventre, elle s’inquiétait à l’idée de devoir vivre réellement seule.
Certes, elle avait survécu dans la forêt jusque là mais malgré son éducation, elle n’avait jamais vraiment était séparée de son frère, dépendant toujours de celui-ci. Maintenant, elle n’avait plus personne sur qui compter, plus personne pour la sortir d’un mauvais pas, personne…

Chassant ses idées noires, elle se dirigea vers le ruisseau serpentant non loin de là au milieu de la mousse et se rafraîchit. La nuit était étouffante, on était seulement au printemps et l’été promettait d’être splendide mais après, que se passerait-il ? L’automne arriverait, puis l’hiver. Arriverait-elle à le passer ?

Il faudrait qu’elle atteigne une ville assez neutre, où un drow passerait inaperçu parmis la masse et où, de préférence, son nom n’était pas trop trop connu.
Elle se laissa tomber au bord du ruisseau, les yeux perdus dans les étoiles, son esprit se perdant dans de lointains souvenirs. Elle s’assoupit.

Nathrae se réveilla en sursaut, poussant de grands cris, en sentant une chose froide couler le long de sa nuque dont la morsure la faisait frissonner. Une chose froide… comme une lame bien effilée, par exemple . On l'attaquait ! ...avec de l'eau ?
Un ricanement lui parvint.
Elle se releva rapidement, saisissant un des couteaux cachés dans ses vêtements, se retourna en position de défense vers cet horrible rire et vit un spectacle assez...singulier. Un homme était là...enfin...une sorte d'homme...un bouffon, un clown pendu la tête en bas à une branche, pas très confortable sans doute, mais elle jugea que ce n'était pas forcément le bon moment pour poser la question...Son instinct lui soufflait de se méfier. Cet homme était grand, très grand pour un être humain ! et malgré tout d’une constitution chétive, que son apparente souplesse devait compenser.
Elle frissonnait. Cet homme était inquiétant. Il paraissait froid et vide de tout sentiment, comme un drow en fait.
Il ressemblait à un elfe mais ses cheveux lui tombaient sur le visage et cachaient ses oreilles.
* N’empêche…il a une vague odeur quand même… *

La situation lui paraissait pour le moins improbable.
Un homme se tenait devant elle, déguisé en bouffon, un sourire cynique flottant sur son visage. Etait-ce un piège ? Ses poursuivants essayaient-ils de la perturber pour mieux lui faire payer les actes de sa famille ? En tout cas, cela ne marcherait pas avec elle, elle était peut-être une cartographe mais elle a été une mercenaire il y a un temps...un très long temps...bon d'accord, elle en avait beaucoup perdu mais bon...

D’une voie tremblante de colère, de peur peut-être aussi ( qui serait assez fou pour aller dans la forêt avec un costume aussi voyant ) elle lui demanda :

« Que veux-tu donc ? Qui t’envoies pour me tuer, humain ? J’espère que tu es bien payé pour te donner la peine de me ramener là bas… »

Un petit coup d’œil autour d’elle lui montra ses chances de s'échapper...

[HJ : désolé pour le retard ]


Le silhouette se releva brusquement, adoptant une posture de combat. Rulv évaluait la situation d'un seul œil. Ce n'était surement pas un homme, trop petit pour ça. Mais que ferait un enfant, seul au milieu de ces bois ? Il éclata de rire, c'était tellement... excitant.
Le bouffon se laissa tomber au sol, et s'écrasa. Au aurait pu croire qu'il se soit rompu le cou, mais un ricanement émana du corps. Soudain il roula sur lui même, et se positionna au sol, telle une araignée. Ses yeux froids fixèrent plus attentivement. Il ne s'était pas trompé, ce n'était ni un homme, ni un enfant. Cette peau sombre, quand bien même c'était la nuit, révélait que la nature de cet être était sans aucun doute maléfique. Etait-ce pour autant un Drow ? Peut être pas.

Le bouffon entama un cercle autour du mystérieux personnage, toujours sur ses quatre membres. En réalité il imitait la fauve, mais sans avoir l'expérience des amateurs de scènes, il était difficile de le deviner. Il se stoppa soudain, face à son interlocuteur, immobile. Une idée lui vint à l'esprit, il jubila.

- Qui sait... souffla-t-il. Venir te tuer ? J'en suis heureusement incapable, quelle tâche ingrate.

Il parlait de son habituelle vois flutée, froide. C'était une bonne occasion de pouvoir tester ses talents de comédien. De quoi avait-il donc si peur ? Certes des brigands rodaient dans les alentours, mais fort heureusement la Dross empêchait tout incident. Il devait donc être traqué par quelqu'un de l'extérieur, quelqu'un qui ne savait pas où il mettait les pied. Sa proie non plus, d'ailleurs.

- Tic tac tic tac tic tac... Tu ne les entends pas approcher ? Ils seront bientôt là hi hi hi...

Il fonça imperceptiblement les sourcil, quelque chose dans la voix de son adversaire était étrange. Son ton n'était pas assez fort, pas assez grave pour un adulte. Etrange, tout cela...

( HJ : Mais ce n’est pas grave ^o^ )

Elle se sentait de plus en plus inquiète, mal à l’aise ; l’homme bougeait étrangement autour d’elle, augmentant son malaise. Et cette manie de rire pour rien !
Mais bon sang ! Elle était une drow ! Ce n’était pas un misérable…et bien…clown qui allait lui faire peur.
Il avait murmuré quelque chose qu’elle n’avait pas entendu malgré son ouïe sur-développée. L’homme n’était sans doute pas seul, était sûrement mercenaire, et connaissant le caractère de ses ennemis, ils ne lui avaient sans doute pas parlé de ses capacités, juste des "petits" différents entre sa famille et ses anciens "clients .
L’homme s’arrêta face à elle, toujours dans cette position anormale, lorsque quelqu’un vous menace d’un couteau en tout cas.

- Tic tac tic tac tic tac... Tu ne les entends pas approcher ? Ils seront bientôt là hi hi hi...

Elle frissonna, c’était bien un ennemi. Fou, certes, mais un ennemi quand même.Et qui ne semblait pas être des plus faibles qu’elle ait déjà croisés.

« Tu viens donc régler les problèmes de tes maîtres, comme un chienchien bien obéissant ! cracha-t-elle d’un ton qu’elle voulait dur, peine perdue. Sont –ils lâches pour ne pas venir eux-même ? Ne sais-tu donc pas qui je suis ? ( humhum ... Inexplicablement, elle s’étouffe sur cette dernière injonction ) »

Elle se mit à haïr sa voix de féminine, trop chevrotante, pas assez dure ni menaçante.
Tout en gardant un œil sur le bouffon, elle chercha ses affaires du regard. Son sac se trouvait entre les racines d’un vieil arbre, non loin. Elle recula doucement vers l’arbre, où se trouvait son sac ( oui bon…à moins qu’il y ait une brique dedans, je vous avoue que c’est pas très utile dans ce cas-là) et donc des armes un peu plus convaincantes. Elle reculait donc, brandissant toujours sa dague quand elle se prit les pieds dans une racine et tomba sur le dos, douloureusement.

« Fichue bottes maudites ! Siffla-t-elle »

Et elle se promit encore qu’elle les jetterait dès qu’elle pourrait mais pour le moment, à part avoir l’air ridicule et être dans une posture incommodante, cela ne lui servait pas à grand chose…
L’étranger la regardait d’un air moqueur devant une telle maladresse…

Pour une raison mystérieuse, l'inconnu semblait agité, voir même apeuré. De quoi avait-il si peur ? Certes le bouffon n'était pas forcément rassurant, mais pour quelqu'un qui dormait en pleine forêt d'Aduram, seul, cela ne devrait pas être grand chose. Quelque chose de plus grave se tramait, Rulv en était certain : il avait un don pour détecter les ennuis.

La vraie était de savoir si quelqu'un de vraiment dangereux se dirigeait par ici, ou pas. Oh, bien sûr, il pourrait fuir, mais cela l'obligerait à rentrer à la Dross, il n'était quand même pas sorti pour si peu de temps. Il détestait être interrompu lors de ses numéros, et sa rancune était vraiment tenace. Mieux valait pour eux que ses traqueurs n'apparaissent pas maintenant, dans le cas contraire les prédateurs deviendraient les proies.

Le bouffon remarqua une chose intéressante : son adversaire tenait une lame. Il sourit, cela faisait bien longtemps que personne n'avait réussi à le toucher, au corps à corps. Cette perspective le fit sourire, et il sorti cinq balles d'une poche intérieur, avec lesquelles il entreprit de jongler.

- Dis moi... Tu comptes faire quoi, avec ce bout de métal ? Hi hi

Deux balles tombèrent, il baissa la tête, l'air faussement étonné.

- Hey, tu pourrais crier moins fort s'il te plait ? demanda-t-il d'une voix mielleuse. Tu me déconcentre AH AH !

Il hurla d'un rire froid, aigu. Ses traits se déformèrent, rendant son visage lisse affreux. De plus un filet de bave coulait le long de son menton, il semblait au paroxysme de l'extase. Cela dura quelques minutes, puis il se calma, le souffle court. Il fixa l'inconnu, plongeant son regard vif dans le sien.

- Huhu et qui es-tu, jeune humain ? Tu ne sembles pas saisir la signification de ces lieux, toi qui dormais à point fermé dans un tel endroit... murmura-t-il, d'une voix soudainement rauque.


Le pseudo aventurier bougea, discrètement au début, puis franchement. Qu'essayait-il de faire ? Rulv n'eut pas le temps de le savoir, car son adversaire se vautra lamentablement sur le sol. Le bouffon resta la bouche ouverte quelques secondes, puis se roula au sol, pleurant de rire. C'était tellement... horripilant. Il alla rejoindre l'inconnu, si bien qu'ils n'étaient plus qu'à deux mètres l'un de l'autre.

- Tu ne sembles pas très agiles hi hi, dommage pour toi. Tu ne pourras jamais les semer...

Nathrae se releva douloureusement sur un coude, se massant le dos de l’autre main, rouge de honte. Enfin d’un côté, ce n’était vraiment pas la première fois qu’elle se ridiculisait par sa maladresse et ce ne serait sans doute pas la dernière...
Ce n’était vraiment pas son jour de chance aujourd’hui. Mais il avait raison, son éternelle inattention finirait par la conduire à sa perte et même si elle était une ancienne combattante relativement redoutable, cela ne suffirait sans doute pas à survivre.
Ses pensées, sa décontenance, devaient sans doute se lire sur son visage car le bouffon ricana une fois de plus.
Toutefois, la question du clown la rendait furibonde. Elle ? Une humaine ? Cette affirmation touchait la corde sensible des drows, leur fierté démesurée.

« Je…je ne suis pas humaine ! Ne me range pas dans cette catégorie d’êtres immondes ! »

Elle bouillonnait littéralement de rage, ce résidu d’humain avait osé !
Malgré cela, les paroles du bouffon avaient piqué au vif sa curiosité. Ce lieu, qu’avait-il donc de si particulier ? Elle avait passé ces derniers jours à l’explorer dans ses moindres recoins, évitant « courageusement » les rares personnes de passage, pour en dresser une carte des plus fidèles possible.

« Hé…dis moi… »

Elle marqua un temps d’arrêt, hésitant un peu. S’il était un ennemi, elle ferait mieux de déguerpir mais … si c’était vraiment le cas, il l’aurait tuée plus tôt. Et ce n’était pas le genre de ses anciens « clients » d’embaucher des mercenaires qui jouaient avec leur victime, ils préféraient le travail rapide et bien fait. De plus, il passait son temps à la provoquer...comme s'il...se jouait d'elle ?

« Je m’appelle Nathrae, humain. Qui es-tu et que fais-tu en ces lieux ? Mais avant cela…explique-moi. »

Elle plongea ses yeux sombres dans le regard de son interlocuteur. Un regard intelligent et rusé…mais peut-être pas fou.

Une branche craqua. Le son, si faible soit-il pour l’oreille humaine, résonna puissamment pour elle.
Elle se retourna vivement vers le lieu d’où provenait le son, serrant toujours sa dague. Cette fois-ci, si ce n’était pas un ennemi, elle irait échanger sa bonne étoile de bas-marché, quitte à y dépenser une fortune !
Le bouffon regardait lui aussi en direction du son, d’un air furieux. Cela la rassura, cet homme n’avait sans doute pas de complices.
Nathrae était à deux pas de son sac et cette fois-ci, elle put se baisser pour saisir le sabre de son frère et glisser quelques armes de jets dans ses manches. Enfin elle était en pleine possession de ses moyens !
Elle se dirigea lentement vers l’arbre, sans essayer d’être spécialement discrète car se sachant observée par l’inconnu. A ce stade, elle ne voulait pas être prise par surprise.
Elle avançait donc, le sabre pointé droit devant elle, le dos droit mais pas raide ( attention ! Nuance ^^ ), les épaules relâchées, la tête relevée , la main droite plus haute que la main gauche sur la garde de son sabre et le pieds droit avancé. Position parfaite, elle esquissa un sourire à cette pensée. Au moins, elle savait encore comment se tenir.

Arrivée à hauteur de l’arbre, elle se précipita en avant en tournant sur elle-même, se trouvant ainsi face à l’inconnu.
Elle leva son sabre et l’abattit sur le nouvel arrivant qui contre-carra son attaque. Elle fronça légèrement les sourcils.
C’était…oui, un drow ! Ces cheveux blancs et cette peau noire, même en pleine nuit, impossible de se tromper ! De plus, elle aurait dû deviner à l’odeur.

Elle recula devant cet ennemi, ne sachant comment réagir. Peut-être pouvait-elle essayer de faire appel à son sens de la solidarité raciale. Elle ravala sa proposition, le regard glacial et assassin de l’autre lui prouvant le contraire.

« Ami ou ennemi ? Que faisais-tu donc à nous espionner ? »

Dans son dos, elle pouvait sentir le bouffon avancer tranquilement. En profiterait-il ? Il était donc un ennemi lui aussi ?

Plus le temps passait, plus Rulv se demandait ce qu'il faisait à cet endroit. Certes c'était fort amusant, mais pas très utile pour sa préparation. L'autre ne semblait pas très débrouillard, typiquement humain, en somme. Comment des êtres comme lui arrivaient-ils à survivre, dans ce monde ? Cette question intéressait fortement l'artiste, qui lui même était obligé d'user de tous ses talents, pour vivre correctement.

« Je…je ne suis pas humaine ! Ne me range pas dans cette catégorie d’êtres immondes ! »

Le bouffon laissa échapper un cri suraigu de stupéfaction. Elle était du sexe féminin ! De plus ce n'était pas un humain... Mais quoi alors ? Surement pas une Naine, trop grande pour cela. Une Elfe alors ? Non, jamais un Elfe ne serait tombé à cause d'une racine, c'était bien trop pitoyable. Les yeux de Rulv se plissèrent, c'était une Drow. En y repensant c'était évident, toute cette arrogance, cette fierté... Il pouffa, c'était vraiment très drôle.

- Hi hi, c'est pourtant à cela, que tu me fais penser...

Il savait qu'elle ne résisterait pas longtemps à ces provocations? Après tout, c'était dans son sang, elle ne pouvait lutter. Il y eut soudain un revirement de situation, la Sombre sembla hésiter, et sa voix changea de ton. Le bouffon apprit qu'elle s'appelait Nathrae.

- Enchanté hi hi hi. Je ne suis qu'un humble artiste, mais tu sembles avoir compris la supercherie. Que fais-je ici ? Qui sait...

Il récupéra ses cinq balles et se remit à jongler, un affreux sourire ses ses lèvres. Et puis soudain, un bruit émana de la forêt noire. Pas un bruit naturel, mais celui d'un être plutôt peu discret... Un rictus de colère passa sur le visage de Rulv, il détestait être espionné. Quelques secondes après, son visage redevint lisse, et il continua à jongler. Il savait très bien d'où provenait le bruit, et Nathrae l'avait elle aussi entendu. Etant traquée, elle s'en chargerait, sans l'ombre d'un doute.
C'est sans surprise que la Drow alla menacer l'espion, sabre au poing. Etait-ce le moment de disparaitre ? Peut être pas... le bouffon détestait les combats, choses complêtement stupides, mais l'idée de rencontrer ces fameux traqueurs le séduisait fortement. Il avança donc un peu, tourbillonnant sous ses balles, un sourire vicieux sur la bouche.

Nathrae poussa un imperceptible soupir de soulagement. En tout cas, c’était bon pour jeter sa bonne étoile à la poubelle. Son rendez-vous avec la mort s’en retrouvait repousser et elle n’allait rechigner pas là-dessus !
La réponse de son confrère la rassura et il ne semblait pas mentir, elle avait devant elle un drow tout ce qu’il y avait de plus parfait : calculateur, voué à la traîtrise et portant un mépris aux autres. Bref, un Drow tout ce qu’il y a de plus malhonnête, et donc parfait. Elle pouvait sans doute lui faire confiance...si on pouvait seulement faire confiance à un Drow.
De plus, le bouffon était lui aussi neutre à son passé, un sourire de contentement et un brin niais traversa son visage.

" Mais dis-moi, serais-tu dans une position difficile ? Tu ne sembles vraiment pas maîtresse de la situation. "

Elle leva les yeux au ciel, non pas d’exaspération mais plutôt d’hésitation.

« Je maîtrise tout ceci parfaitement ! Répliqua-t-elle. Elle marqua une pause d’hésitation. Enfin…oui, je crois…enfin…ça dépends. »

Elle jeta un bref regard du côté du bouffon, tout sourire et elle s’écarta comme pour l’inviter à rejoindre le cercle, mais surtout parce qu’elle n’aimait pas spécialement le sentir dans son dos.
Celui-ci les observait tous deux, continuant son manège inquiétant.
Ravalant sa salive, elle essayait de sourire avec décontraction. Sourire qu’elle ravala aussitôt en se souvenant de ses paroles.

« Ainsi tu me considères comme humaine ? Siffla-t-elle entre ses dents, furibonde, en le foudroyant du regard. Et comment me verras-tu le jour où tu me serviras de repas, stupide et prétentieux déchet d'humain ?

Puis changeant aussitôt d'attitude, elle se tourna vers les deux hommes avec une joie feinte et dans un geste qui se voulait accueillant, leur demanda avec un sourire d’excuse

« Dites moi vous deux, quels sont vos noms ? Et au fait, pourrais-je savoir où je suis ? J’ai un peu voyagé par hasard, sans vraiment faire attention. Il y a t-il une ville non loin ? »

Étrangement, le nouveau venu se révéla être un deuxième Drow, une femelle, qui plus est. Elles étaient donc désormais deux. Son regard n'était pas le même que celui d el'autre : il tait plus confiant, plus arrogant, plus sombre.La situation devenait-elle dangereuse ? difficile à dire. Si l'une d'entre elle attaquait le bouffon, celui-ci n'aurait pas trop de mal à esquiver et filer ensuite. Cela serait alors dur de la rattraper. cependant si elles l'attaquaient à deux, la tâche deviendra beaucoup plus ardue pour Rulv, voir même périlleuse. En prévention de ce cas de figure, il avait discrètement déversé de l'alcool, un peu partout au bord du fleuve. Mais sa fiole se vidait rapidement, il n'en aurait sûrement pas assez pour faire un craché, il était contrarié.
Nathrae sembla le solliciter, reculant un peu. Rulv laissa ses balles lui tomber sur la tête, et s'écroula au sol. Il se contorsionna, le torse plaqué au sol, et les jambes rabattues au dessus de son dos : ses pieds étaient à présent placés de part et d'autre de sa tête. Sa souplesse était impressionnante, même un Elfe aurait salué la rapidité avec laquelle il avait exécuté cette figure.

Il fit semblant de parler : sa carotide étant écrasée par terre, seuls des sons non articulés sortaient de sa bouche. Cela sembla beaucoup l'amuser, en effet des larmes de joies jaillirent de ses yeux, et on pouvait se douter qu'il se retenait d'hurler de rire.
Une fois son long discours, inutile, achevé, il se redressa, sans que ses pieds ne quittent le sol. Il fit semblant de s'étirer la colonne vertébrale, puis ramassa ses balles, qu'il rangea dans sa poche.

- Et vous, qui êtes vous ? demanda-t-il, un grand sourire sur le visage.

Jusqu'à présent il n'avait jamais eu l'occasion de tester l'humour des Drows, en tant que bouffon. Il verrait bien quelles étaient leur limites...

Autant Nathrae pouvait être aisément effrayé par l’homme, autant elle commençait à trouver que la situation devenait franchement ridicule.
Cet homme l’horripilait et elle était furieuse que le bouffon puisse se moquer d’elle, un être humain osait se moquer de Drows, ne se trouvait-il pas en minorité ?
Elle jeta un coup d’œil sur son camarade raciale qui semblait successivement consterné et furieux par le comportement du clown.

Ses pupilles se teintèrent d’un pourpre ténébreux et un sourire vicieux se traça sur ses .lèvres.

« Votre sens de l’humour humain semble ma foi très … "subtil" … »

C’était une de ses habitudes étranges qui existaient depuis toujours chez Nathrae ; quand elle était en colère, elle vouvoyait les gens.

Et dégainant ses deux dagues elle s’approcha du bouffon, passant sa langue sur ses dents.

« Les Drows aussi ont un sens de l’humour développé …Quoi que plus sanglant. Murmura-t-elle pour l’homme. Vous m’insupportez ; vous, votre folie feinte et vos manières de … »

Elle ne poursuivit pas son discours, cela n’en valait pas la peine puisque l’homme la regardait avec une perversité, un sadisme et une ironie mélangés.

Silencieusement et sans cris superflus, elle se jeta sur lui, les deux dagues en avant…

Rulv s'arrêta brusquement de rire, Natrhae remettait en cause son humour, elle remettait en cause l'existence même du bouffon. C'était inacceptable.

- Sanglant ? Tu te méprends, jeune fi...

Il laissa échapper une exclamation de surprise, juste avant de faire une rapide roulade arrière. La drow venait de l'attaquer, lui assénant un coup au visage. La lame avait pénétrée très légèrement sa joue gauche, du sang coulait de la blessure. Furtivement il entrechoqua deux pierre, une étincelle fila vers le sol.

Le temps sembla s'arrêter. Le visage du bouffon se tordit en un affreux sourire, tandis qu'il voyait la Drow repartir à la charge. Mais une barrière incandescente s'éleva entre eux, formant un cercle presque parfais autour des guerrières. Il avait eu raison de vider sa fiole avant l'arrivée de la deuxième Drow, cela assurerait sa retraite.
Il recula de quelques pas, et regarda ses adversaires. Le liquide rouge perlait sur le sol, dans un flot continu. La chaleur des flammes lui léchait le visage, qu'elle agréable sensation ! Il se sentait puissant.

- Hiiii ! Tel est pris qui croyait prendre... vous qui donnez tant d'importance au sang, vous venez de perdre face à l'un de vos cousin lointain ha ha ha !

Il grimpa rapidement sur l'arbre le plus proche, puis se suspendit à une branche la tête en bas. Riant de plus belle, il se balança tout en regardant les deux Drows. Que feraient-elles maintenant ? Cela amuserait beaucoup Rulv, sans aucun doute.

Nathrae évita de peu la barrière de feu qui se dressa devant elle ... quoi qu'elle pouvait désormais rayer son projet de se faire une nouvelle coiffure : ses mèches de devant avaient à moitié grillé et c'est à grande peine qu'elle en sauva quelques mèches.
Elle jeta un regard sceptique au clown. Croyait-il vraiment que cela suffirait à les arrêter ?
Elle vit néanmoins le sang couler, à sa plus grande satisfaction. Pas longtemps prétentieux cet homme !
Pour la forme, ( Hein ! vraiment, elle savait déjà qu'elle le raterait, n'allez donc pas croire qu'elle ne savait pas viser ! xD) elle se saisit de ses armes de jets cachées à l'intérieur de ses manches et les envoya vers le clown qui eut à peine à se déplacer pour les éviter.

Elle ne fit pas vraiment attention à ce que lui disait le bouffon, jusqu'à ce qu'elle entendit les derniers mots où elle manqua d'avoir un choc.
Cette vermine innommable, abominablement répugnante ! Un elfe !!!
Elle grogna d'une haine enfuie si profondément dans son cœur de drow et ses yeux noirs n'avaient désormais plus aucun reflets ténébreux. Ils étaient juste écarlates.

" Espèce d'enf... "

( Restons poli -___- )
Elle entendit son confrère drow rire doucement, l'air parfaitement serein mais tout de même un semblant désespéré.

Nathrae l'atteignit la première. Elle lança sa dague en avant et rata, et de loin, la gorge de ce satané bouffon. Nalfein était sidérée qu'elle ait laissé passé cette ouverture, alors qu'elle aurait pu l'égorger d'un seul geste !
Un cercle enflammé se dessina soudain autour des deux Drows. Toujours ricanant, le clown alla se pendre aux branches d'un arbre. Le sang coulait de sa joue jusque sur le sol, formant une flaque portée à ébullition par la chaleur des flammes. Il arborait un air suffisant, persuadé d'être en position de supériorité, ce qui agaça Nalfein au plus haut point. Mais pour qui se prenait-il ? La dernière personne qui s'était permise de la toisait ainsi y avait laissé sa main.

- Hiiii ! Tel est pris
qui croyait prendre... vous qui donnez tant d'importance au sang, vous
venez de perdre face à l'un de vos cousin lointain ha ha ha ! ricana-t-il.

Tremblante de rage, Nalfein n'avait plus qu'une envie, l'éventrer et le pendre à sa fichue branche par les tripes. Elle n'entendit même pas ce que siffla Nathrae à l'adresse du bouffon. Elle attrapa le premier poignard qu'elle avait à portée de main et, d'un geste vif, le lança en direction du bouffon, visant son genoux droit. Elle voulait s'amuser un peu, le faire souffrir, et elle ne manquait jamais sa cible...

Le poignard que lanca Nalfein ne rata pas sa cible mais ne blessa que légèrement l'elfe. D'ailleurs, celui-ci ne bougeait toujours pas et regardait les deux Drows d'une curiosité malsaine.
De loin, il était inutile de s'attaquer au clown, il fallait soit s'approcher soit...et bien...s'enfuir lamentablement mais ce dernier détail ne génait pas le moins du monde sa fierté.

Le bouffon se croyait en position de supériorité, ce qui lui arracha un petit sourire. Cette éternelle prétention elfique, propre aux deuw races, allait sans doute être détruite.
Nathrae recula légèrement, ne s'approchant pas trop de la morsure du feu, et regarda au-dessus des flammes.

Elle croisa le regard du Drow, la même idée l'avait apparement traversé.
D'un seul et même mouvement, ils se jetèrent à travers les flammes pour retomber dans le ruisseau et éviter de trop sérieuses brûlures.
Une vive douleur se répandit dans tout son corps. Ses bras, qu'elle avait croisés devant elle pour protéger son visage du feu, étaient blessés par le feu. La chair de son bras droit était brûlée à vif, du sang coulait de la plaie et ce bras là était pour le moment inutile. Le gauche était assez peu endommagé.
Nalfein était déjà en garde tandis qu'elle se relevait douloureusement...