Ce n’était pas un jour comme les autres. Déjà, depuis le début de matinée, Léopold semblait pressé, voire nerveux. Le vieillard s’efforçait bien de retenir sa bête mais l’âne n’en faisait qu’à sa tête. Pourtant ce n’était pas toujours ainsi, bien au contraire. Léopold était tout jeune mais malgré sa fougue, il obéissait sans rechigner. Il faut dire qu’il avait eu le temps de goûter au bâton de son vieux maître au cours des derniers mois, ce qui l’avait dissuader de désobéir.
Le vieux Mohsen marchait aux côtés de l’animal, bâton dans sa main droite. Le sentier devenait plus étroit de ce côté ci et dans un élan incontrôlé, l’âne avança brusquement et fit tomber un sac du paquetage qu’il avait sur son dos.
-"Allons donc ! Qu’as-tu bu cette nuit, bougre d’âne ? Etre agité de la sorte et tout faire dégringoler !"
Le vieillard ramassa le sac et marcha tranquillement en direction d’un Léopold quelque peu nerveux.
" Faire presser ton maître… Il n’a plus vingt ans et encore moins ses dix orteils ! Quelle idée de s’embarrasser d’un tel bourriquet !"
Une fois l’animal rejoint, Hyppolite lui fit une petite tape rassurante sur l’encolure puis il repositionna le sac en serrant fermement l’attache. Il renouvela le geste amical puis il observa l’horizon après avoir perçu un bruit qu’il connaissait bien. Un ruisseau semblait tout proche.
"Viens boire un coup, ça te détendra va !"
Le vieil homme attrapa la bride et guida Léopold. Un mouvement de tête de l’âne bouscula Funghi. L’homme le regarda d’un air suspect, profitant aussi de l’instant pour remonter son pantalon un peu trop grand.
"Par la guigne des pirates … Tu me fais une crise !"
Hyppolite traîna son âne jusqu’au ruisseau et le laissa libre de manière à ce qu’il puisse boire tranquillement. Lui-même, il en profita pour remplir sa gourde réservée à l’eau. Il peina pour se relever et il allait s’aider de la bride lorsque Léopold s’écarta volontairement. Hyppolite tomba au sol et renversa la gourde.
"Et depuis quand met-on les Mohsen à terre ? ! ! Léopoldddd ! !" Lança t-il en se relevant. "Léopold ! ! Si tu fais tomber la marchandise … Bougre d'... Mais où va t-il ?"
L’âne s’éloignait à petit pas, laissant le vieil homme derrière lui. Celui-ci hâta le pas pour le rattraper mais l'animal disparu derrière une petite côte. Espérons juste qu’il n’ait pas sentit la présence d’un ours.
Sujet: Bavardage sans âge 
Mer 3 Sep 2008 - 9:35
