Le Compagnon [PV Nysstyre Do’Ilisharr][TERMINE]

Courir... Courir toujours plus vite !

Bon sang que ces paysans bigots pouvaient être stupides ! Une petite démonstration de ses talents d'amputeuse et on criait au démon ! Il faut dire que sa dégaine ne portait pas à la confiance : ses boucles vertes bouteilles plus épaisses et indomptables que jamais, ses pupilles à la couleur sanglante plus que désagréable , sa peau de poupée de porcelaine n'ayant jamais vu le soleil... Elle respirait la sorcière hérétique à plein nez ! Il n'en fallait guère plus à une troupe de bouzeux pour la poursuivre dans la forêt.

Elle n'aurait sans doute pas du les prendre de haut et offrire d'empailler la jambe coupée. C'était un peu avant-gardiste comme méthode et sans doute peu du gôut des autochtones, surtout lorsqu'elle avait conseillé à l'estropié de mettre le tout sur la cheminée, en souvenir...

Les cul-terreux ne comprennent vraiment rien à l'art !

Et pour le moment, ils la sanctionnaient de leur vulgaire néophysme en la poursuivant comme un lapin au beau milieux des bois. Il fallait être honnête, à par jouer de la guibole , elle n'avait guère d'autre recours : elle ne savait pas se battre . Tenir un scalpel était une chose , mais ça ne valait pas grand poids face à une frange de fouches hérissées ! Seul réconfort, le hachoir de son défunt Papa - paix à son âme chérie- battait ses cuisses dans son fourreau de cuir avec comme effet d'être plus rassurrant que véritablement éfficace.

La fuite. C'était tout ce qui restait comme option pour sauver ses jolie petites miches de vierge...

Plus elle s'enfonçait dans l'épaisse forêt d'Adruram, plus les voix de ses pérsécuteurs lui parurent lointaine. Depuis combien de temps courait-elle ? Etéit-elle encore en Aduram ou avait-elle pénétré en Anaëh...?
Epuisée, essouflée, elle ralentit le pas, noyée dans une opaque marée de feuillage vert. Rien ne semblait bouger autour d'elle. Rien...

Un gémissement.

Elle se raidit, son instinct de survie largement aiguisé par sa précédente échaufourrée.

Une plainte, un gargouillis. Et une odeur , caractéristique...

Du sang.

Elle déglutit péniblement et s'approcha du bruit infâme et pourtant qu'elle affectionnait tant d'habitude. Elle poussa délicatement quelques branchages, son balot de voyage collé contre la poitrine, le souffle en suspend.
Dans une clairière dégagée, gisait sept cadavres, souillant l'herbe de leur liquide vital : des elfes pour la pluspart, ou peut-être des drows... Elle avait si peu la mémoire des races- un mort était un mort ! Au milieu de ce carnage, une grande silhouette, bien bâtie, le visage et la silhouette encapuchonnée de noir, soulevait de terre le seul survivant qui, au vu de son état, en avait salement bavé.

- Parle... ma patience a des limites.

-Je... je suis désolé, ce n'est pas ce que vous croyez Lieutenant.

-Tu es un traitre, Shizreïm. Ta parole ne vaut rien...Si tu ne me dis pas qui sont les autres ...

-Non, Non! attendez maitre !

Le malheureux sembla se débattre pour sa vie comme un asticot au bout d'un hameçon, tandis que le silencieux assassin approchait sa lame de sa gorge. Pourquoi elle réagit alors ? Elle n'en su vraiment rien. Mais son esprit opportuniste fit réagire son corps tout seul. Elle toussota, attirant l'attention sur elle.

-Hum.. Hum... Excusez-moi !

Elle s'approcha des deux elfes avec la mine circonspect d'une inspectrice des impôts, mettant un instant de coté sa mise improbable. Elle tripotta le blessé comme si il s'agissait seulement d'un bout de viande.

-Sans vouloir vous offenser messire, il y'a de meilleure moyens pour obtenir une information!

Elle regarda les cadavre autours avec une moue réprobatrice devant tous ces cobayes gachés.

-C'est franchement du travail de cochon ! Mais si vous me laissez faire, j'aurais sans doute plus de résultats que vous !

Elle posa sa trousse de médecin au sol avec un sourire commerçant épinglé au visage.

L'athmospère avait subtilement changé.
Le massacre sanguinaire et méthodique avait laissé place à un certain sentiment délétère d'amusement. Elle produisait toujours cet effet là, où qu'elle aille. Il semblait toujours qu'elle virevoltait au milieu des situations les plus dramatiques avec la légereté d'une pomme d'amour de fête forraine.
Elle esquissa une jolie révérence comme le lui avait appris son char Papa -Paix à son âme, et que les crochets de bouchers soient maudits jusqu'à la rouille- et qui laissa à l'inconnu le soin de célébrer son décolté des yeux. Bien que frippée et quelque peu déchirée par sa récente course, sa robe écarlate et ses dentelles noires soulignaient toujours avec art et provocation sa silhouette bien faite et ses boucles d'un vert aggressif.

-Je vous en suis grée , messire. Néanmoins, je ne travaille jamais gratis ! Et en l'occurence , si ma préstation vous semble agréable , j'aimerais l'échanger contre quelque chose que vous pourriez m'offrir...

Elle afficha un sourire froid et parfaitement professionnel tandis que l'esturgeon blessé tentait de s'échapper en rempant plus bas que terre. Sans se départir de son sourire aimable mais néanmoins factice et toujours tournée vers l'apparition sanguinaire, elle enfonça le talon éffilé de sa bottine dans les reins du malheureux.

-Ah... Mais j'imagine que vous voulez une preuve de mes dons avant de signer quelquonque accord !

Nouvelle pirouette presque parodique avant de se pencher sur le survivant une expression calmement carnassière épinglée sur l'ovale pâle et délicat de son visage.

-N'y voyez rien de personnel, mon cher. Je traiterais votre carcasse avec les égards que le science à pour elle.

Avec un geste négligent de la main elle s'adressa au bourreau précédent tout en sortant methodiquement chacuns des ses ustensiles sur une couverture de velour rouge qui jurait horriblement avec l'émeraude des bois ambiants. Elle désigna une cordelette finement tressée et solide.

-Auriez vous l'obligeance de ligoter votre victime à ce tronc d'arbre, voulez-vous ? Je suis une faible femme et mes doigts habiles ont besoin de toute leur souplesse pour vous contenter...

Se faissant elle s'installa confortablement en face du cobaye terrorisé, le hachoir de son père entre eux deux, comme une bénédiction sur le chemin du destin dans lequel elle venait de sauter à pieds joints.

-Ah nous deux mon bel ami....

Elle observa l'encapuchonné aux manières brutales. Si il y'a bien un seul principe que la demoiselle ait retenu de sa pute de génitrice c'est qu'on tenait les hommes autant par l'orgueil que par les couilles. La règle était doublement valable lorsqu'il s'agissait d'un de ces immortels : la suffisance méprisante des drows, la fierté retenue des elfes et la gouaille des nains... Un sourire soumis, une paire de protubérances mammaires et ils étaient faits comme des rats , noyés dans le gargarisme de leur propre engeance.

Sacrée Deirdre, pas si stupide tout compte fait !

L'interlocuteur en question agissait avec la préstence des imbéciles se croyant en terrain conquis. Nul besoin de lui faire croire le contraire après tout ! Elle avait juste besoin de lui pour le moment. Elle afficha un air faussement surpris, qui éclaira son teint pâle l'espace d'un instant suivi d'un sourire qui flatterait l'égo de n'importe quel mâle.

-Voyons messire, j'attends de vous que vous puissiez m'apprendre à me battre. Il semblerait qu'il n'y ait pas meilleure maitre de ce sujet à des lieux à la ronde...

Elle savoura son instant d'incrédulité pendant qu'il laçait obligeamment les liens du condamné - qui s'était tut dans l'expéctative de son sort funeste. Il semblait jeune et beau, selon les critères locaux, les traits lisses et pigmentés de gris, la froideur arrogante du bellâtre millénaire largement encré dans sa posture. De la chaire de premier ordre. Il aurait fait un trés bon spécimen de disséction sous ses scalpels aiguisés mais elle attendait autre chose de lui que la bauté luisante de ses entrailles offertes à la vue.

Et puis, elle aimait bien son odeur.

Il humait bon le sang et l'acier.

-Bon alors c'est pas compliqué, même toi tu peux y arriver. Il doit me dire où sont les autres villageois et où sont mes autres compagnons.
S'il claque tu auras droit aux formules d'usages... C'est à dire viol, torture et si tu survis au voyage on recommence à la maison mais avec du monde. Compris ?

Il ponctua d'un clin d'oeil qui se voulu dangereusement familier. Elle répliqua d'un sourire hérissé, de ceux que vous font les plantes carnivores avant de vous déguster la pulpe.

-Voyons, messire... Je suis une professionnelle ! Que dis-je une passionnée ! Mon art ne vous décevra pas, fit-elle d'une voix assurée, Alors ne me decevez pas non plus...

Elle avait sussuré les derniers mots entre ses lèvres carmines comme autant de promesses en suspend.

Les amabilités d'usage faites, elle s'attarda sur le pauvre spécimen ligotté en face d'elle. Ses cheveux bouclés d'un vert belliqueux et ses pupilles sanglantes dépourvues d'émotions lui conféraient une aura particulièrement méphitique pour un prisonnier qui se savait en sursis. Elle s'amusa de l'attente angoissé de sa victime avant de lui prendre délicatement la main et de lui encerrer le poignet avec amour dans un étaux de fer retenu par une vis et relié à sa cuisse, l'obligeant à garder les doigts immobiles. Elle alluma un petit feu puis disposa une de ses lames au dessus des flammes tandis qu'elle brandissait un autre scalpel en main.

-Mon cher, dit-elle de sa voix grave et légerement cassée par le tabac, notre bon ami ici présent souhaite savoir où se trouve votre village et le reste de votre engeance. Voulez-vous nous répondre ?

-...Non, l'humaine !cracha-t-il.

Haussement de sourcils et soupir appuyé.
Elle abaissa son couteau sur le majeur du suplicié. Elle fit une entaille fine mais profonde tout autour du doigt et sur ses flans, mordant profondément dans la peau et les chaires, occasionnant un frémissement de douleur de son cobaye. Elle posa sont regard sanglant et inquisiteur sur lui, comme dans l'attente d'un sursaut de bon sens de sa part. Ne le voyant pas venir, elle souleva la peau comme on pèlerait un fruit, raclant le muscle juteux et les ligament jusqu'à l'os qui apparut bientôt.
Le condamné poussa un hurlement strident et ses yeux s'injectèrent brusquement de sang. Il se mit à suer abondamment.

-Je répète ma question , continua-t-elle sur un ton badin. Où se trouvent tes congénères ?

-Gnnnn... te.. dirais pas !

Elle persévéréra avec une lueur puissante dans le regard, une éspèce de déléctation presque enfantine devant un puzzle. Elle mis à nu la totalité de l'os, décallotant muscles, nerfs et peau sans le moindre frisson de dégôut.
Il hurla comme un possédé à nouveau. Elle laissa le plaisir subtile de la viande tendre lui revenir en bouche.

-Toujours pas ...?

-Gnn...NON !!!

Elle rinça l'os avec un peu d'alcool et se saisit de la lame chauffée à blanc pour circoncir la plaie et l'écoulement de sang. Elle envellopa le tout avec beaucoup de dextérité dans un linge enduit de consoude avant de passer à l'autre doigt...

La torture fut longue et particulièrement insoutenable.

Le torturé était pourvu d'un entêtement à la mesure du talent froid et méthodique de la jolie bourreau. A chaque fois qu'il semblait sombrer dans le coma , elle le ramenait à la dure réalité de sa condition par une piqure fortifiante accélérant les pulsations de son coeur. Elle jouait littéralement avec un bonheur de virtuose cette partition macabre et n'en était que plus belle. Le parfum du sang irradiait complétement cette femme au physique particulier. Elle était dans son élément en s'en déléctait avec un plaisir quasi-orgasmique et la frivolité d'une gamine jouant à la dinette.

Elle l'avait largement écorché jusqu'au poignet lorsque le maheureux se décida enfin à parler, balloté entre les vapeurs pernitieuses des drogues et la douleur infinie qui engourdissait son bras.

-...Au nord.. Au nord ouest, après le sentier.... au.. au bord du...fleuve... Pa pitié...

- Merci mon cher.

Elle se tourna avec un sourire éclatant de satisfaction, le joues presqu'aussi embrasées que si on lui avait fait une déclaration d'amour.

-Il est à vous, messire.

Il était vexé.

La légère dissonance de son timbre, ces gestes un peu sec. Elle avait marché sur quelque chose de délicat.

Ah ce n'étaitqu'un mâle après tout ! La fierté masculine a ce petit quelque chose de sensible et fragile qui donne envie de le percer à coup de talons aiguilles, un sourire carnassier aux lèvres. Enfin ménageons-le tout de même ! Elle devait conserver un minimum de son estime pour qu'il lui apprenne les bases de l'art du combat.
Elle se rappella vaguement que les drows orgnisaient leur système de valeurs autour de vagues volutes méritocratiques composées de prouesses guerrières et de prouesses reproductrices. Le cerveau de celui-là ne devait sans doute pas penser au delà, il ne fallait pas trop le bousculer... pauvre garçon !

Elle s'éxécuta donc en rammassant l'épée gisant au coté de la viande hachée de "ça". Elle attrapa son mégot au passage dont elle tira une bouffée salvatrice avant de le jeter dans un fourré. Le bonhomme semblait connaitre son affaire, tout comme il semblait passablement aggacé par sa présence. Pourquoi ne la tuait-il pas ? C'était encore ce qu'il y'avait de plus simple ! On lui avait dit que les drows ne s'encombraient pas de casse-pieds et allaient droit au but ! Une ôde au pragmatisme qui faisait vibrer la corde sensible de la jeune femme.

L'efficacité était un maitre mot de sa vie.

Elle découpa sa robe pour se mettre à l'aise - Désolée Giovanni ! c'était une fantastique création originale qui partirait encore à la poubelle - libérant ses jambes pour de meilleurs mouvements. Sous sa nonchalance affichée, elle enregistrait chacune des paroles de son "maitre". Elle était d'une intelligence vive, bien plus developpée que la moyenne. Son regard sanglant traitaient les informations à grande vitesse tandis que le peau-grise se dandinait devant-elle avec une suffisance presque comique.

Il avait quelque chose de touchant en fait : "On est pas trop aimé nous les aventuriers d'un style moins académique..."
Elle sourit. Elle aimait la formule qui signifiait quelque part qu'elle avait gagné un droit d'éxistence auprès de ce bellâtre rustre et sanguinaire.
Intérréssant.

Il annonça le début de hostilités.

Elle tenta de se camper sur ses jambes de la manière la plus convainquante possible. Elle avait l'air parfaitement empotée, mais qu'à cela ne tienne ! L'épée tenue à deux mains, le hachoir dans son étuis battant ses hanches, elle accueillit l'assaut comme elle put. Il lui entailla par trois fois les épaules de chaque coté avant qu'elle ne commence enfin à arriver à parer. Lentement, sans tenir compte de la douleur - elle ne se droguait aps pour rien !- elle assimiler la mécanique agile de chacun de ses mouvements. Elle le laissa pénétrer sa garde souvent, l'obligeant à s'allonger de plus en plus .
Et puis soudain, alors qu'il se fendait d'une nouvelle escarmourche et qu'elle le laissait une nouvelle fois entrer dans sa sphère personnelle, elle lacha son épée, pour se rouler autours de son bras et tirer dessus. Utilisant le poids et la vitesse de son adversaire pour le faire basculer par dessus elle, elle le fit tomber à terre et dégaina son hachoir pour le coller contre sa joue .

Un filet de sang perla de l'infime entaille.

-Moi j'aime bien mon hachoir. C'est celui de papa !

Elle le rengaina avec délicatesse non sans embrasser le plat de son héritage fétiche. Puis d'un geste désinvolte, elle utilisa un bout de sa manche pour essuyer l'estafilade carmine sur la peau grise du drow. Il fulminait littéralement.

-Alors je suis en progrès ? fit-elle innocemment, un sourire en coin étirant ses jolies lèvres.

Agaçant !

Il avait cette manière désagréable de toujours vouloir se poser en dominant. Et de la toucher. Elle détestait qu'on la touche !
Le contact humain agissait en meilleur répulsif que n'importe quelle poison sur sa personne. Elle trouvait plus agréable d'être intime avec un mort ou de mettre la distance de ses outils entre elle et la chair chaude et pulsante d'un vivant. Cette vie était par trop indécente, elle qui avait du lutter pour aspirer sa première goulée d'air malgré les potions infâmes ingurgitées par cette trainée de Deirdre pour l'évacuer. La proximité physique, la peau suintant de sueur, le sang mêlé, était autant de facteur de dégoût pour la jeune femme.

Elle poussa,doc, un petit hoquet de surprise et se raidit lorsqu'il trouva malin de la retourner sous lui.

Mais par les Dieux, il avait au moins la courtoisie de ne pas en profiter -juste de flatter son image de drow - en la caressant de ses lames plutôt que de ses doigts. Merci !
Elle digéra assez mal les paroles insultantes sur son défunt papa, mais là encore, elle devrait mettre la fierté familiale de coté et apprendre ce qu'on avait à lui apprendre.

Elle s'épuisait à une vitesse folle.

L'épée était trop lourde pour ses petits bras tendus dans l'effort, les ampoules commençaient à naitre sur la paume de ses mains à force de frottement sur la garde, ses vêtements n'étaient plus que lambeaux humides de sang et de sueurs... Elle en bavait sévère !
Néanmoins, son intelligence sollicitée par la présence d'un casse-tête d'un genre nouveau à résoudre, elle parvenait à rester debout. Son cerveau marchait à plein régime, analysant ses mouvements, les angles de rotation de son épée, la manière dont ses muscles se fendaient dans l'effort. Fascinant...

Esquive, esquive, parade, esquive, saut... Là ! Maintenant une ouverture ! L'espace d'un instant il avait abaissé la garde pour porter son coup d'estoc - lui saignant le flan comme une truie replète au passage .
Elle enroula sa lame, qu'elle arriva à tenir d'une main, autour de son épée, parant son coup et, tounant soudain sur elle même, elle pénétra dans son périmètre, dégaina son hachoir et le posa sur sa gorge. Ils se toisèrent durant un long moment , leur gestes suspendus en vol.

-Vous êtes mort , messire !dit-elle en souriant.

Et comme un enfant marquant les point d'un quelconque jeu, elle laissa le fil du hachoir descendre sur son torse pour y faire une croix en son centre . La peau perla de sang comme sur la joue, mais là encore sans gravité.
Alors comme son esprit venait de sortir victorieux de sa joute cérébrale, son corps meurtri se rappella à son bon souvenir. Ses jambes flageollèrent et cédèrent sous elle sans autre forme de procès. Elle était éssouflée, blessée et en manque de tabac.
Ils ne s'en étaient pas rendus compte mais la journée avait bien avancée et la nuit pointait déjà le bout de son nez à travers les feuillages opaque d'Aduram.

-Pause ! J'ai.. j'ai besoin d'une cigarette !

Elle sortit sa blague de sous son corset -fou, ce qu'on pouvait planquer là dedans !- et se roula une petite tige de papier fourré avec fébrilité. Elle chercha de quoi l'allumer déséspérement.

-oh... zut, mon briquet et mon amadou...

Les deux était trempés et innutilisables. Elle regarda la précieuse cigarette comme si on venait lui apprendre le décès de son père.

-Quelle tristesse... , gémit-elle en regardant son instructeur, enfin... de toute manière je ne suis pas en état de continuer. Un bain et un peu de sommeil sont un minimum vital à respecter, même chez les guerriers drows, non ?

Elle avait envie de rire, de ces rires jaunes qu'on a quand on sait qu'on s'est fourré dans une situation délicate. Et effectivement celle-ci l'était. Elle maudissait sa morgue personnelle qui l'amenait parfois à méconsidérer l'éxactitude de sa position : cet homme était un parfait inconnu voilà quelque heures, de plus il était d'une engeance réputée peu clémente et dont le passe-temps favori étaient le viol et le meurtre.
Bon, Là comme ça, il avait juste l'air d'un bellâtre un peu trop sur de sa virilité, mais elle n'avait préssenti aucun danger jusqu'à maintenant, jusqu'à son regard .

Ce regard bizarre plus que ses mots durs d'ailleurs

Elle avait l'habitude d'être traitée en impie, elle ne s'en était jamais vraiment formalisée.
Jusqu'à présent elle s'était préservée de toute la lubricité du monde parceque sa réputation sulfureuse la précédait sans cesse. Ses boucles vertes improbables, sa pâleur de poupée et surtout l'éclat sanglant de ses pupilles : Elle inspirait la peur. La peur à l'état pur mêlé au dégôut de ce qui est différent. Elle n'avait même jamais pensé être un objet d'intérêt intrinsèque en vertue de sa qualité de femme.
La Morte-née, la Sorcière, l'enfant des Démons...Elle avait reçu un tas de qualificatifs folkloriques pour son physique particulier et son détachement face aux vies de cloportes comme son voisinage ou de ses paires à l'Académie. "Coquille vide" était un nouveau titre qu'elle ajouterait commodément à sa liste . Déroutant ce décalage entre ce regard et ces paroles : Dévore-t-on du regard la personne que vous insultez ?

Etrange.

Comment réagir ?

Nul besoin de se départir maintenant de sa nonchalance caractéristique. Elle se glissa avec un sans-gêne absolu à coté de lui dans le creux du tronc , à la naissance de la branche robuste où il était assis, juggulant son envie de vomir dès qu'elle le frôlait.

-Je vous prends un peu de votre cape...

Elle tira sur sa toge et s'enroula dedans sans lui demander son avis. Elle était assise de manière très raide en équilibre contre lui un peu dans le renfoncement, un peu sur la branche, ses jambes battant l'air, son dos le moins collé possible contre son épaule et la naissance de son torse. Il n'avait qu'à la pousser s'il voulait la faire tomber et elle se serait fracassée comme un bibelot en terre cuite en contre-bas.

Mais il ne le fit pas, même si il semblait en crever d'envie. Elle resta dans cette position inconfortable un moment avant de prendre une inspiration et de se caler dans le renfoncement d'écorce, résignée, épaule contre épaule avec lui. Elle réprima frisson désagréable et cette envie tentante de lui mordre le nez pour la reluquer de cette manière. Elle regarda droit devant elle. Rigide.

Silence de mort.

Elle serra le hachoir dans son étuis de peau. Papa était là avec elle. Aucune raison de se laisser impressionner par un gus ayant quelques millénaires derrière lui. Ces immortels sont toujours un peu lent à la comprenette. Elle avait la spontanéité de sa jeunesse et son intelligence pour elle. Peuh ! Elle n'avait rien à craindre, elle avait toujours suivi son instint. Et son instint l'intimait de rester auprès de ce compagnon particulier.

Elle glissa un regard vers lui. Il observait les feuillage comme si c'était la chose la plus intérréssante du monde, avec une moue d'émotions diverses contenues sous un visage glaciale. Mais ça tempêtait derrière ses yeux. C'était net.

-Je vous agace, hein ?

Elle avait posé la question avec un sérieux absolu, sa voix grave en suspend dans l'air.

-En toute honneteté, j'aurez cru que vous m'auriez-tué plus tôt que ça...

Elle s'interrompit avec un sourire amusé.

-ça n'est pas un appel au meurtre, je vous le dis avant que vous n'ayez une initiative.. hum.. impromptue. Je tiens à ma petite coquille vide...

Rire sec.Pas de réponse. Nouveau silence pesant.
Elle pouvait sentir la banquise gelée sur laquelle elle s'amusait à glisser éffrontément. Elle aurait du dormir et se taire, elle le savait, mais sa curiosité naturelle était trop forte.

-...C'est quoi votre nom ?

-Mais humainement parlant vous êtes une chieuse doublée d'une pisseuse... Et en toute honnêteté j'aurais du... Mais vous avez du talent... Quand il sera plus mûr peut-être pourrez-vous survivre à notre rencontre....

Elle sentit naitre une drôle de boule dans sa poitrine, comme un parfum de nostalgie, quelque chose de précieux qu'elle avait presque oublié, non qu'on lui avait enlevé.
La vie est parfois bien étrange. On vous lance dans le jeu sans que vous n'ayez rien demandé. Vous vous cognez votre première bouffée d'air frais comme une vrai torture, tout frippé et braillard que vous ête. Et la première personne qui vous touche, vous laisse une marque indélibile toute votre éxistence.
C'est son père qui l'avait prise dans ses gros bras tatoués imposants, alors qu'elle n'était qu'à l'état de nourisson chétif en proie à la malnutrition, abandonné à la porte de la "Boucherie du Rouge-George" à Ydrill. Elle n'avait plus voulu qu'une autre personne ne la touche depuis. Les êtres humains tout entier ne valait pas le petit orteil de son père, pas même un de ces immortels, pas même un drow...

Elle regarda ce compagnon aux manières paradoxales : son racisme ancestral bien campé, son mépris insondable pour tout ce qui n'était pas lui, sa peau toute lisse et imberbe typique de la personne qui dissimule son passé et efface les traces du temps -quand on a eu un père couturé de cicatrices comme seule référence masculine, on a pein à croire qu'un bellâtre au torse découvert et épilé de frais n'est autre qu'un bouffon - et pourtant, il se montrait presque...paternel.
Mais elle aimait bien son odeur quand même, cette odeur féreuse de sang. Nulle doute qu'il devait être couturé de cicatrices à l'intérieur. Et elle se promit qu'un jour, lorsqu'elle serait devenu assez "mûre", elle retrouverait son compagnon pour l'ouvrir et l'explorer de part en part.

-Bon... Vous venez vous reposer ? Et arrêtez de craindre mon contact, tous les drows ne sont pas avides de sexe... Et je ne vais pas vous tuer non plus, à moins que vous ne continuiez à être aussi pénible... On ne vous apprend pas à vous taire ? Vous devriez essayer. En plus la nuit ne va pas tarder et c'est magnifique...

Elle éclata de rire, soudain parfaitement détendue.Elle n'avait rien à craindre, en réalité, elle n'avait jamais rien eu à craindre Elle s'allongea près de lui, cette fois-ci dépourvu de toute raideur. Elle tourna son visage noyé de boucles jades vers lui, le bout de son nez à quelques centimètre de sa joue. Sa peau était vraiment trés pâle, et ses yeux aurait put être deux parfait rubis. Il la regardait, avec le même mélange d'agacement, de résignation, et d'interrogation.

-Loin de moi l'envie de me moquer de votre sens de la poésie, Messire Peau-grise, mais ça fait longtemps qu'on ne m'avait pas grondé...

Elle tourna la tête vers le plafond étoilé sans s'étaler plus. La voute du ciel s'était marbrée de sombre trés vite, enrobée par les dentelles de la nuit.

Un silence, se glissa entre eux, palpable.

Et puis sans crier gare elle tira un peu sur sa cape et se roula contre lui, l'obligeant à partager un peu de tissus. Elle le regarda dans les yeux avec un petit air victorieux parfaitement horripilant, ses lèvres sanguines fendues d' un sourire amusé. Elle murmura à son oreille.

-Je ne te crains pas...

Elle ferma les yeux et affecta de dormir, blottie contre lui, en équilibre sur leur branche.

Il avançait vite le bougre !

Mais fidèle à son entêtement premier , elle tint la cadence. Heureusement qu'elle portait un pantalon à présent !
Elle pouvait prouver à n'importe quelle crétin supérieur drow qu'elle savait suivre la foulée de ses grands pas. Comme si son brave peau-grise semblait gêné à son tour de son insistance -et de sa propention surprenante à la garder avec lui malgré tout- il se montra encore plus froid et désagréable que la veille. Afin de s'isoler du monde et certainement d'elle-même il se drapa dans sa capuche et dans un mutisme pénible.

Le chemin fut vite parcouru.

Elle avait faim, elle soufflait comme un boeuf prêt à être égorgé, et sa chemise lui collait sommairement à sa peau en sueur. Mais elle n'émit pas une plainte, pas même un gémissement. Elle releva son opulente chevelure verte en queue de cheval pour dégager son cou et ses épaules de cette masse de chaleur confinée. On avait beau être à la fin de l'automne, le vent ne semblait pas atteindre ces satanés bois.

Elle regardait ce grand crétin ténébreux jouer à cache-cache dans les hautes herbes tandis qu'elle avançait résolument entre les arbres. Après tout quand on a les cheveux verts et les yeux rouge, on renonce assez vite au camouflage. Soudain le drow disparut au détour d'un fourré. Elle regarda autours d'elle indécise sur le chemin à prendre. En contrebas le village qu'ils cherchaient vaquait à de paisibles occupations. Elle se sentit tout à coup tirée à couvert par le décolté, directement derrière un buisson. Son compagnon la regardait avec un air furieux , la main toujours aggripé à son corsage.

-Tu vas te planquer, Oui ! Déjà qu'avec ta sale dégaine c'est pas simple d'être discret alors si en plus tu te pavanes devant l'ennemi ! Et je te parles pas de ton odeur d'humaine qui leur chatouille déjà les narines.

-c'est bon ça va, grand Manitou. Grace à votre scélérité à touver mes attribus mamaires, je suis bien cachée maintenant...

Il retira sa main avec un air dégôuté tandis qu'elle le fusillait du regard sans broncher.

-Si tu crois que j'ai le temps de penser à ça,...Surtout avec ta sale trogne.

-Comme il vous plaira messire. Quand votre obligeance aura terminé avec ses justifications malencontreuses, il m'éxpliquera comment il compte s'attaquer à ce patelin..., répondit-elle du tac au tac. Qu'il était bon parfois de se chiner avec quelqu'un d'autre en toute joyeuseté, elle en avait oublié la saveur à force d'errer entre nulle part et ailleurs.

Le gôut de l'autre.

-C'est simple, tu verras si tu es assez douée pour arriver à me suivre...

-Ouais... vous n'avez pas de plan, en fait.

-Ta gueule.

Elle haussa les épaules avec une moue signifiant "Moi?! J'ai rien dit...." tandis qu'il ronchonnait dans ses fougères. Finalement, n'écoutant que son envie de tuer, il se leva prestemment en dégainant sa lame. Il fonça dans le tas tandis qu'elle trottinait sur ses pas :

- Leçon du jour : exercice pratique sur le terrain ! Tâche de survivre..., fit-il en décapitant une femme qui hurlait comme une damnée alors qu'il la retenait par les cheveux.

Par la suite ce ne fut que tourbillon de sang, de tripes et de pulpe de chair écrabouillée. Elle crevait la dalle et avait du mal à se concentrer avec tous ces peaux-grises qui glapissaient comme des truies. Il faut dire que son compagnon savait y faire : le voir danser au milieu des morts en sursis avait quelque chose d'impérieux et de jouissif. c'était ça la beauté en réalité. Savoir tuer avec majesté !

Elle croqua nonchalemment dans une pomme tombée de la main d'un des cadavres. Elle ne mangeait pas beaucoup, certes, mais passer à l'action le ventre vide, c'était plutôt rude. Elle planta son hachoir dans la hanche d'une vieille femme qui s'était roulée vers elle en gémissant et suivit le sillon sanglant laissé par son tendre ami. Il avait massacré une bonne partie des âmes vivantes dans ce village. Elle entrevue un jeune garçon dans l'embrasure d'une porte, tremblant de trouille mais ne s'en occupa pas plus avant.

Devant elle, le Drow tenait deux renégats, un mâle et une femelle, plutôt jeunes et gesticulant comme des poissons hors de l'eau . Son brave maitre d'arme les avait cloués au même tronc d'arbre avec des dagues aiguisées. C'est fou comme la ressemblance avec les oeuvres anthomologiques du doyen de l'Académie était frappante : on aurait dit deux papillons formolés prêt à se faire épingler dans une boite...

Elle prit le malheureux en pleine poire. Il suintait tellement la peur par tous les pores de sa peau que son contact dégouta la demoiselle. Alors qu'elle se dégageait le plus rapidement possible de lui pour se remettre sur ses deux pieds, le vieillard se raidit et ouvrit des yeux comme des soucoupes.

-Les yeux rouges....

Elle secoua son pantalon de reste de feuilles mortes et posa un regard peu amène sur le survivant.

- Quoi mes yeux ?

- Les yeux rouges, la peau pâle, cette couleur de cheveux... C'est .. la marque...

Ah non! Foutre Dieu - n'importe lequel du panthéon - pas encore cette assommante litanie sur les signes notoires du malin sur sa trogne, la malédiction de son sang méphitique et tout le toutim ! Que ces péquenots étaient pénibles et si crédules...

-Ouais.. ouais...C'est ça ! On lui dira...

-Désolé mon vieux mais je crois que la fillette à mes côtés veux t'offrir quelque chose...

Son compagnon, épris de sa propre théâtralité, émit une longue diatribe qui en termes pompeux, voulaient juste dire qu'elle allait torturer le pauvre ère sous les yeux de deux autres papillons. L'idée était certes plaisante, et elle pouvait noter une volonté, légère, de mettre son talents en avant, mais nom d'un scalpel rouillé, elle aurait préféré qu'il lui apprenne à se battre.Après tout , peut-être qu'elle payait son instruction de cette manière : une démonstration de torture, un cours d'épée.

- Bon... je vous amuse, mais après on poursuit la leçon d'hier !

Agenouillé à ses pied les vieil homme se mit à ricaner comme un dément. Il la regardait fixement avec ses yeux globuleux et fous en murmurant des mots inintelligibles.

- Le Sang de l'Arbre ... les yeux rouges....ahahah...le sang de l'arbre...AHAHA...

Elle l'observa de manière froide, chirurgicale. Malgré un long détachement nourrit par son caractère en lui même et la vie qu'elle avait mené, le discours incohérent du malheureux la mit mal à l'aise.

-Le Cimetière des Obscurs.. ahahah.. ils reviennent.... ils reviennent.. les yeux rouges...

-Ta gueule !

Elle lui colla son talon dans l'œil faisant exploser le globe oculaire sous sa pointe. Il hurla de douleur avant de se remettre à rire comme un taré. Elle lui offrit une bonne série de coups de pied dans les côtes sans le moindre ménagement.

-J'aime pas ton charabia d'illuminé. Moi, je suis une femme de science !

-Vous n'êtes rien d'autre qu'une racine... Une infime racine errant à la surface... Mais un jour votre Père vous rappellera à lui et vous retournerez à la terre... ahahaha... maudit soient les Obscurs...., gêmit-il en se tordant au sol.

-Mon père est mort sale con !

Elle écrasa une de ses mains au sol brandit son hachoir et lui trancha le bras avec une violence non retenue. Elle était en train de perdre son sang froid comme ce gueux pissait le sang à ses pieds. Elle en prit conscience comme une douche glacée subite. Elle se redressa et tenta de penser raisonnablement.

- Tu m'as énervée. C'est rare, reprit-elle d'une voix calme, posée, parfaitement maitresse d'elle-même.

Elle essuya son hachoir qu'elle rangea dans sa gaine de peau. Elle étala à nouveau ses instruments au sol sur une petite couverture de soie rouge. Avec une sérénité retrouvée, elle effectua son rituel maniaque habituel. Elle sortit une fiole contenant un liquide blanc et épais qu'elle fit ingurgiter de force à sa victime. Le lait de pavot fit peu à peu son effet plongeant le survivant dans un état comateux.

Avec une sens de la méthode inhumain elle se saisit de sa scie chirurgicale chauffée à blanc et coupa précisément les membres restant à leur jointure. Tout en endiguant les hémorragies avec un couteau plat lui aussi porté au feu, elle sortit un nécessaire à couture. Ce qu'elle effectua par la suite fit tout simplement vomir les deux épinglés sur leur tronc. Elle recousit les membres coupés sur les épaules, le visage et le torse de son patient. Elle sculpta littéralement un arbre de chair. Lorsqu'elle eut finit, sa chemise, sa peau pâle et veloutée , ses boucles vertes étaient maculées de sang chaud dont l'écarlate soutenu se disputait à ses pupilles. Elle se retourna vers le drow avec une expression d'impassibilité professionnelle.

Elle était saisissante.

Magnifiquement saisissante.

-Le spectacle est terminé, messire. Je suis à la disposition de votre bon vouloir.

Elle l' observa un moment interloquée par cette soudaine colère. Elle ne comprenait pas les réactions de son compagnon. Il passait de la grandiloquence jubilatoire aux trépignements d'un enfant capricieux sans prévenir. Pourquoi devait-elle subir le courroux de ce peau grise ? Après tout elle lui avait offert ce qu'il avait demandé, non ? Elle était entrée dans son jeu, lui laissant la possibilité de se rincer l'œil de sang et de barbaque suintante. Elle n'était qu'une sale humaine après tout, un morceau de cette sale engeance qui ne construit rien et salit tout.

Elle le vit se répandre en insultes violentes qui lui vidèrent peu à peu la tête et la laissèrent comme une coquille creuse.

Vous n'êtes rien d'autre qu'une racine...Une infime racine errant à la surface...

Les mots du vieillard résonnèrent dans cette coquille avec une écho dissonant. Elle avait déjà expérimenté cette sensation de précipice et ce toujours avant de plonger dans les horreurs de ses crises. Le Grand Mal se coulait systématiquement en elle comme un amant électrique et la vidait de toute énergie et de toutes pensées cohérentes, laissant son enveloppe charnelle exsangue et abandonné dans la réalité.
Il ne fallait pas que sa maladie se déclare maintenant, pas alors qu'il se ruait sur elle avec la ferme intention de la tuer.

Parce que c'est que faisait cet âne batté à cet instant même.

Une pensée saugrenue lui effleura le cerveau au moment précis où elle tentait mollement de parer son premier coup avec le hachoir de son père. Ce crétin de drow était un bel homme quand il était hors de lui. Elle regretta cette réflexion au moment même où son épée pénétra son flan. La lame du hachoir avait ralentit l'effet perforant de l'attaque, mais elle sentit un flot visqueux et chaud inonder sa bouche. Elle vacilla sous le coup mais eu la force d'agripper le col du gaillard alors qu'il amorçait furieusement un nouveau mouvement. Elle utilisa une fois de plus la force de son adversaire contre lui en lui assénant un violent coup de boule.

- Je t'emmerde...

Sonnés tous deux , ils tombèrent à la renverse.Avant qu'il reprenne ses esprits -et donc sa force bien supérieure à la sienne- elle lui écrasa un direct de son droit dans le visage, esquintant son petit minois tout lisse.

-J'ai pas... glouglouta-elle alors que de la bave sanguinolente s'entêtait à couler sur son menton sans son accord.J'ai pas ... BÂCLÉ !!

A cheval sur lui , elle effectuait des mouvements désordonnés et sans véritable porté pour lui au vue de ses forces déclinantes. Elle semblait se débattre, plus que se battre vraiment et au final il eut raison d'elle en la repoussant violemment sur le dos tout en lui retenant les poignets. Elle grimaça en embrassa le sol.

-putain ça fait mal...

Elle avait carrément envie de rire. D'ailleurs elle le fit en imaginant la plaie lui déchirant la taille et qui avait du s'élargir avec ses grands gestes inutiles. Sa seule satisfaction fut de voir sont sale visage tout lisse se violacé au niveau de l'œil droit.

-Toi aussi tu bâcles... Tu réduis... souvent.. tes éléves en charpie ? railla-t-elle entre deux goulées d'air mal négociées. Je risque pas d'apprendre grand chose, si tu me tues par caprice...

Elle n'était pas franchement en position de le critiquer de la sorte. Un mouvement de lame bien placé de sa part, et elle aurait disparu de la surface de Miradelphia. Mais quelque chose lui disait qu'il ne le ferait pas, pas de suite du moins... C'est avec cette innocente certitude qu'elle sombra dans une semi-inconscience fiévreuse, son sang se rependant sur les feuilles mortes et se mélangeant à celui du vieillard qui s'était moqué d'elle...