[Auberge] Un couteau dans la nuit

La nuit s’était silencieusement installée sur le monde, la malchanceuse lune n’avait pas la possibilité de faire rayonner son éclat au monde, trop de nuages sombres voguaient là haut dans les cieux. Et même chez les Drows, il n’y avait pas beaucoup de bruit. Une ville silencieuse, endormie. Seules les lueurs des habitations indiquaient qu’il y avait encore une vie ici. Et c’est prés d’une de ces fenêtres que se trouvait Elrohïr, dans une petite taverne miteuse, tenue par un vieux Dow, ancien guerrier, aujourd’hui unijambiste. L’homme à la jambe de bois surveillait ses clients de son seul œil valide, jetant quelques regards interloqué vers le grand encapuchonné immobile devant sa fenêtre.

Avec un sourire, l’homme boitille jusqu'à l’étranger, posant sa main sur l’épaule de celui-ci, posant sur le bord de la fenêtre une chopine, lâchant un « cadeau de la maison » qui fait sourire doucement le rôdeur. Avec un petit sourire, l’encapuchonné se dresse de toute sa hauteur, s’étirant ainsi sans un bruit. Avec lenteur, il attrape la choppe, et en prend quelques gorgée.

« Je voudrais une chambre »

Sans un mot de plus, il farfouille ses loques, et sort de quoi payer, reportant son attention vers l’extérieur. L’homme revient avec une grosse clé et lui indique le chemin a prendre, retournant derrière son comptoir. Nouveau sourire, le rôdeur s’éloigne de la fenêtre, traversant lentement la principale salle de la taverne, se faufilant dans la foule présente, évitant les ivrognes un peu trop agressif à son gout.

Arrivé devant l’escalier, il jette un dernier regard vers l’arrière, certain de se sentir observé. Il fronce un peu les sourcils, essayant de se souvenir depuis quand cette impression le suit. Quelques heures, voire même jours non ? Déjà hier le tavernier lui avait parlé d’une femme qui avait posée des questions à son sujet. Ce n’était a coup sûr pas Nidith, cette dernière n’ayant pas besoin de poser de questions, la description qu’avait fait l’aubergiste collée pourtant à sa consœur Dow…

Qu’importe, ce soir, il serait fixé. D’un pas lent, il gravit les marches, les mains serrées sur le manche d’une de ses dagues cachées, et sur le pommeau de son épée. Le couleur, troisième porte à droite. Il passe la clé dans la serrure, et ouvre la lourde porte grinçante, entrant dans la pièce… totalement vide. Sourire aux lèvres, il entre-ouvre la fenêtre, laissant les rideaux déchirés se soulever au gré du léger vent.

D’un geste lent, il se dirige vers le centre de la pièce, s’asseyant par terre, mimant une méditation. Ce qu’il attendait ? Que cette personne qui le suivait agisse. Quelqu’un savait que sa tête était mise à prix, quelqu’un voulait la récompense, il en était à présent sûr et certain. Silence ! la porte s’ouvre lentement, il ferme les yeux, et prend une longue inspiration, ne bougeant toutefois pas, attendant la suite.

Devant la chambre d'Elrohïr, se faufilait une ombre dans le plus grand des silences. Le palier était désert, il y faisait assez sombre pour que nul ne puisse distinguer le visage de Kessia. Le parquet fait de vieux bois demeurait muet sous les pas feutrés de la jeune Drow. Des rires étouffés parvenaient de l'étage inférieur, les derniers ivrognes ne tarderaient pas à partir. Sur la mansarde, une petite lucarne indiquait que la lune ne serait pas de la partie ce soir-là. Parfait, Kessia ferait sans, cela ne la rendrait que plus discrète. La chambre de sa " proie " se trouvait juste là, porte entrouverte. De toute évidence, l'homme qui se trouvait dans cette pièce était au courant que quelque chose se tramait. Il avait jeté quelques coups d'oeil inquiets dans la soirée et semblait particulièrement vigilant.

Silencieuse, Kessia pénétra dans la chambre, la porte s'ouvrit à peine et ne protesta pas. Il faisait frais, la fenêtre dont les rideaux se soulevait sous la brise, laissait entrer un peu de lumière. Ce n'était pas grand chose, juste le reflet des éclairages de la rue, mais cela suffisait amplement à Kessia qui distingua sa victime au premier coup d'oeil. Il dormait, étendu de tout son long sur le lit. L'assassine ne se laissa pas leurrer, ce sommeil était purement fictif. Elle devina que l'homme était tendu et laissa monter un peu la pression en se tenant là, immobile, prête à bondir tel un félin.

Si Kessia se trouvait dans cette auberge, devant cet homme, à cet instant, c'était parce qu'elle avait passé un contrat avec l'un des plus riches marchands de la ville. Il était à la tête d'un réseau commercial important et gagnait en quelques jours plus que ce que pouvaient amasser la totalité des mendiants du Puy en toute une vie. Bref, pour une raison ou pour une autre, il avait demandé à Kessia, en échange d'une fort jolie somme, d'éliminer un homme du nom d'Elrohïr. Après une petite recherche et selon les indices récupérés auprès de son employeur, Kessia avait réussi à localiser l'individu, celui-là même qui faisait semblant de dormir à quelques mètres d'elle.

Il y eut un mouvement de la part de ce que Kessia considérait comme une simple marchandise. La Drow jaillit de l'obscurité, elle retomba sur le lit, au dessus de sa proie. L'une de ses dagues vint directement se planter dans ... le matelas. Il n'était déjà plus là, l'assassine apprécia la rapidité de l'inconnu et frissonna, avide de sang, impatiente de tester sa victime.

« Il est fortement déconseillé de laisser sa porte ouverte en territoire Drow ... »

La voix de velours de Kessia résonna. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire malsain.

Restant assit quelques secondes, le Drow sourit doucement, non, ce serait trop simple, et elle ne tomberait pas dans ce piège. Il se redresse alors, et mime à la perfection chaque mouvement d’un homme qui va se préparer a dormir, il retire son capuchon, ses loques, finissant simplement dans son pantalon de toile. Avec lenteur, il se glisse sous les draps, restant aux aguets, la mort rôde. Il ne peut s’empêcher de sourire d’ailleurs, trop amusé a l’idée qu’il était, pour l’une des rares fois de sa vie, la cible d’un assassin, de quelqu’un qui connaissait l’ombre au moins autant que lui.

Et il attend, et bientôt, il sent un mouvement, sans pour autant entendre le moindre bruit, l’attaque ne tardera pas, il le sait, il le sent. Ses yeux se ferment lentement,, et lorsqu’il les rouvre, c’est uniquement pour rouler hors du lit, terminant à genou au sol, fermant les yeux a l’écoute du délicieux bruit de la lame qui fend le vent, et s’enfonce dans le matelas. Il se redresse alors lentement, se pressant vers le petit meuble sur lequel il avait déposé son épée, restant toutefois dos à celle qui vient de tenter de lui ôter la vie.

A ses mots, il esquisse un petit sourire, qui se transforme en un ricanement cruel. Il se retourne lentement, cessant de rire, tirant son épée de son fourreau d’un geste lent, montrant clairement qu’il sera impardonnable si nouvelle attaque il y a. il n’est pas agressif pour autant dans sa manière d’agir, simplement menaçant.

D’un pas à la fois rapide et pourtant gracieux, il se dirige vers la porte, la fermant pour de bon cette fois. Ce qui allait se passer ici ne regarde qu’eux deux après tout. Nouveau sourire, il s’adosse à la porte, pointant l’épée vers elle.

« L’attaque était parfaite, l’arrivée magistrale, la discrétion magnifique, un odieux mélange qui aurait dû me faire tuer… hélas, tu as oublié une chose essentielle… personne ne me tuera d’une manière fourbe.»

Un petit rire s’échappe de ses lèvres, alors qu’il s’éloigne un peu de la porte, s’avançant cette fois vers elle, toujours sur le lit.

« Je ne t’ai jamais vu avant dans les tavernes ni autre… j’en conclu que tu es une assassine qui travaille pour quelqu’un, tu n’as pas entendu des rumeurs concernant ma mise a prix, mais tu as été embauchée, ça explique le fait que tu n’aies pas l’air d’un rat de taverne balourd, et ton professionnalisme… dis moi… a combien s’élève le contrat ? »

Nouveau rire, il s’approche un peu plus, cette fois, menaçant, il lève son arme, et l’enfonce sans la moindre hésitation… dans le matelas, relâchant l’arme, pour s’éloigner, et écarter les bras, laissant son torse nu facilement accessible pour la lame de la Drow, une invitation a venir l’attaquer. Savait-elle qu’il n’attendait que ça ? Surement, mais qu’importe sa réaction, le Drow savait qu’il s’en amuserait.

« Allez qu’attends-tu, je suis désarmé, et offert à ta lame. »

« Dis moi … a combien s’élève le contrat ? »

Kessia sourit de plus belle, satisfaite. Un adversaire rapide doublé d'un habile provocateur. Ce contrat s'annonçait bien, de quoi tromper l'ennui.
Porte close, les deux Drows ne se quittaient pas des yeux. Jusqu'au moment où la proie de Kessia feignit une attaque avant d'enfoncer son arme dans le matelas. Des plumes s'échappèrent, elle retombèrent avec lenteur sur le parquet abimé. La voix un peu cassée d'Elrohïr retentit :

« Allez qu’attends-tu, je suis désarmé, et offert à ta lame. »

Le sourire de l'assassine s'effaça, une moue déçue le remplaça. Cet homme s'avérait n'être qu'un lâche à la recherche d'une diversion, aussi grossière soit-elle.

Kessia s'avança d'un pas léger, sortant de la zone d'obscurité dans laquelle elle se tenait. Les ombres de la rue dansaient sur sa silhouette aérienne. Sans ressentir de gêne, elle détailla celui qu'elle comptait éliminer d'un instant à l'autre. La dominant largement, il avait de larges épaules et le torse puissant de ceux qui vivent dehors, toujours à vagabonder sur les sentiers oubliés par les puissants de ce monde. La lumière était trop faible pour que Kessia puisse distinguer tous les détails du visage, mais elle put deviner des traits fins et des yeux qui luisaient dans l'obscurité.

De toute évidence, Kessia ne comptait pas en rester là. L'homme qui lui avait promis une jolie somme en échange de la tête d'Elrohïr, avait donné un très large délai, d'autres contrats attendaient et Kessia ne se battrait pas si son adversaire ne daignait pas prendre son arme et faire face. Au pire, elle lui trancherait la gorge dans son sommeil si il n'acceptait pas la réalité des choses assez vite.

Sans produire le moindre son, l'assassine récupéra l'épée et se glissa juste derrière l'homme. Elle s'approcha si près qu'il devait sentir son souffle. Il ne bougeait pas. Elle profita de la situation en s'avança encore, cette fois ils se touchaient presque, Kessia sentait la chaleur que dégageait sa peau. Elle lui chuchota de sa voix chantante :

" Reprends ce qui t'es du et bats-toi ... "

La jeune Drow frémit. Si près de lui, le désir de l'égorger était insoutenable. Elle se contint et glissa une main dans l'une des poches du pantalon de son adversaire qui demeurait immobile. Avec lenteur, elle dégagea une lame, fine et terriblement aiguisée, du tissu sombre. La petite dague aurait pu rester invisible, mais elle ne pouvait pas échapper à l'oeil averti d'un assassin. Kessia poursuivit d'un murmure :

" ... et c'est toi qui me parle de fourberie ? "

Petit rire discret, à peine perceptible pas Elrohïr. Elle savait qu'il y avait encore d'autres lames, dissimulées dans son habit. Elle ne tenait pas à aller les chercher, libre à lui de les conserver. La Drow s'écarta d'un mouvement souple et se retrouva juste devant lui. Elle souriait.

Toujours immobile, le Drow se laisse faire, il ne l’entend pas arriver, mais un frisson le parcourt tout de même, comme si son dos s’attendait a ce que la lame vienne le perforer. Au lieux de ça ? Elle ne fait que lui ramener son arme, juste derrière lui, il ne peut qu’étaler d’avantage son sourire, tout simplement conquis par son geste. Elle ne voulait donc pas faire sa basse besogne de cette manière? Il hoche doucement la tête négativement, laissant sa main retomber doucement, et se serrer autour de l’épée qu’elle tient elle aussi. Il la saisit, sans pour autant la brandir.

Nouveau sourire plus large encore lorsqu’il sent la main s’enfoncer dans sa poche, et en sortir la lame cachée dedans, et c’est un rire léger qui vient accompagner ses paroles, alors qu’il hausse les épaules, et lève les yeux au plafond, cette fois, il semble de bonne humeur. L’idée d’être assassiné ne l’effraye toujours pas, mieux encore, c’est une idée qui lui plait beaucoup. Inutile de dire que ce que fait la Drow l’intrigue, pourquoi ne l’avait-elle pas tué ? Elle avait la possibilité de le faire, et pourtant non ? Son employeur ne devait pas lui avoir parler d’Elrohïr, pas suffisamment du moins.

« Fourbe ? Non, une arme cachée dans une poche, c’est prévisible, c’est habituel, après tout, tu as fouillé la poche en sachant ce qui s’y caché, non ? Aucune fourberie la dedans puisque c'était a prévoir »

Riant de nouveau, il lâche l’épée, qui tombe sur le sol dans un cliquetis métallique, ses yeux se porte alors droit devant lui, plantait sur elle, il plisse un peu les paupières, la regardant de haut en bas, comme pour la juger. Le plus discrètement du monde, il glisse sa main dans son dos, sortant l’une de ses nouvelle lame, petite, pas plus grande qu’un doigt, mais affûtée.

A son tour de jouer avec la proximité, il s’avance, sa main désarmée se levant doucement, frôlant sa joue, pour glisser finalement le long de son bras, et attrape son poignet, la forçant a lever sa main armée, collant l’arme de la jeune femme sous sa propre gorge, nouvelle invitation à le tuer.

« Tues moi donc, c’est ce que tu souhaite, et tu iras amener mon corps, ou un bout de mon corps a celui qui te paye… et même mort, je ne serais pas le perdant l’histoire, contrairement à toi »

Ricanant doucement, il laisse son autre main, faisant jaillir la lame qu’il place a quelques centimètre de l’œil de la Drow, ricanant niaisement

« Voila, ça c’est de la fourberie… »

Reprenant un air sérieux, il range son arme, relâche sa main, après s’être volontairement entaillé très légèrement la peau de la gorge, il se recule, et attrape son épée qu’il lève vers elle.

« C’est toi la perdante dans l’histoire, tu me tues, celui qui te paye livre les reste a quelqu’un d’autre, lui touche la somme exact de ma mise a prix, et toi, tu n’es ni reconnue pour ton acte, ni même payé comme il se doit… perdante en somme »

Avec un rire léger, il s’incline en avant, avant de reprendre une pose martiale

« Allez, tu veux te battre, alors jouons! »

[ Mon RP a disparu au cours d'une mauvaise manip', celui-ci est plus petit est moins bien écrit, j'espère qu'il te va quand même ]

Kessia fit claquer sa langue, agacée. Elle n'avait pas envie de débattre avec Elrohïr, ce n'était pas dans ses habitudes. D'ailleurs, il était en train de justifier et cela devenait lassant.

« Et toi, tu n’es ni reconnue pour ton acte, ni même payée comme il se doit … perdante en somme »

La jeune Drow se demanda si cela valait le coup de réagir à cette remarque. De quel droit disait-il cela ? Il ne connaissait ni la somme que toucherait Kessia, ni le nom de son employeur et encore moins le raisons qui poussaient ce dernier à souhaiter sa mort. Alors, de quoi parlait-il ? Elrohïr était-il vraiment celui qu'il en avait l'air ? Vivait-il réellement dans le même monde que Kessia ? Si la réponse avait été oui, il aurait su qu'un assassin n'avait aucun intérêt à se faire connaitre ainsi. Si elle allait réclamer sa prime, son nom serait inscrit partout dans la ville ! De quoi s'attirer l'attention des citadins, alors que les tueurs du genre de Kessia aspiraient justement à se faire oublier par la population. Après réflexion, il valait mieux ne pas répondre.

« Allez, tu veux te battre, alors jouons ! »

Cette fois, la Drow sourit. Enfin ! Ils s'affrontèrent du regard. Lui alerte, prêt à réagir au moindre mouvement suspect. Elle, calme, le regardant comme un fauve convoitant sa proie. Leurs yeux brillaient d'excitation, ils vibraient d'envie d'engager le combat. Qui attaqua en premier ? Kessia n'aurait su le dire avec certitude, mais bientôt, ils s'élancèrent tous les deux, faisant siffler leurs lames, virevoltant dans les airs. Le ballet mortel débutait, les deux adversaires, implacables dans leur grâce, maniaient remarquablement bien leurs armes qui cherchaient, vives comme l'éclair, à percer les défenses de l'adversaire. Kessia, aérienne, se mouvait avec une facilité déconcertante, esquivant sans peine les attaques d'Elrohïr. Elle paraissait froide mais se délectait du combat, ravie d'avoir en face d'elle un homme à l'aise avec une épée à la main. Il était rapide et plein d'énergie, la jeune Drow admit qu'il s'en sortait bien.

Mais à une moment, il ne parvint pas à parer une attaque et dut se baisser pour esquiver. Kessia repéra immédiatement la faille et profita de cet instant d'inattention pour enfoncer sauvagement sa dague dans la chair de sa proie. La lame pénétra sans aucune difficulté et l'assassine sentit un os céder sous la pression du métal. Il y eut un craquement sinistre, Elrohïr laissa échapper un grognement de douleur. L'arme s'était enfoncée entre deux cotes, Kessia ne savait pas exactement ce qui c'était brisé à l'intérieur, mais cela avait l'air de vraiment faire souffrir. Le rictus plein de souffrance d'Elrohïr lui plaisait beaucoup, c'était une merveilleuse vision qui apportait plus de satisfaction que n'importe quoi d'autre.

Le combat continua malgré le souffle du rôdeur qui se faisait de plus en plus bruyant, l'assassine eut un petit sourire satisfait, son adversaire s'avérait être dur au mal. Tant mieux.

Les nuages n'étaient plus là, le vent les avait chassés et à présent, la lune éclairait faiblement la chambre. Quelque chose de sombre se répandait sur le sol, Kessia compris qu'il s'agissait du sang d'Elrohïr, elle frissonna de plaisir. Et le combat se poursuivit, épée et dagues se croisaient, se défiaient, se provoquaient, furieuses, comme animées par une énergie nouvelle.

La douce attente, comme si autour d’eux, la vie était en pause, rien ne bouge, même le vent semble se calmer alors qu’ils se fixent, et se jaugent, armes en mains, prêts à en découdre. Calmes malgré ce qui s’annonce, les deux protagonistes se fixent, sans ciller, ne laissant paraitre aucun signe de faiblesse, chacun est concentré, ou du moi, prêt a s’élancer dans l’affrontement. Il ne faut que le petit mouvement qui les forcera à attaquer. Ils attendent, encore, qui cédera? Les deux en même temps semble-t-il, les lames se percutent, les frôlent, terribles cliquetis métallique et son des armes qui fendent l’air son les seules choses que l’on peut entendre.

C’était comme une danse, ou chacun prend et perd l’avantage, un coup manqué force l’autre à tenter une nouvelle attaque, parée dans l’instant suivant pour lancer un contre vengeur, qui lui aussi loupe, la danse mortelle dure ainsi quelques minutes, et pourtant, la fatigue ne se fait pas sentir, les deux bretteurs ne semblent pas remarquer que le vent s’est de nouveau levé, et qu’il se déchaine, faisant battre les rideaux, et chassant les nuages petit à petit.

Une erreur suffit, l’épée glisse sur la lame de la Drow plutôt que de la bloquer, coup trop fort, la lame dévie, il est mit en difficulté, pas le temps de redresser l’arme convenablement, sa garde est balayée, et voila le croc d’acier qui s’enfonce entre ses côtes, et en cherchant a parer l’imparable, le Drow fais levier entre ses os et la lame, le craquement sinistre qui s’en suit lui indique clairement la fracture. La douleur ne lui déplait pas, mais le reflexe naturel de tout être vivant s’en suit, un cri s’évade de sa gorge. Il fléchit un peu, manquant de finir à genou, mais c’est finalement un petit rire qui s’évade ses lèvres.

Il se redresse, pressant une main sur la plaie, et déjà son épée repart vers la Drow, cherchant à lui balayer la gorge, l’attaque est ratée, mais elle ne passe pas loin, signe que la blessure a beau être sévère, le Drow ne baissera pas les bras. L’affrontement reprend de plus belle, quoiqu’Elrohir fait preuve de moins de finesse, les coup sont plus imprécis, sa main droite étant pressée contre son torse, mais il remédie à cela par des coups beaucoup plus puissant, plus difficile a parer, les rebonds de l’arme étant plus difficile à prévoir .

Et pourtant, elle reprend l’avantage, une mauvaise attaque, qui broie le lit en deux, faisant voler des plumes dans toute la pièce, la dague surgit alors, deux fois, laissant deux longue balafre s’étendre sur le torse du Drow, qui plie genou et termine courbé en deux, l’épée lui échappant des mains sur la surprise. Grognant, il attend le coup de grâce, l’arme se lève et avant même qu’elle n’amorce un coup verticale pour l’abattre, il est debout, sa main tirant un nouvel as caché, une lame dissimulée, sa main libre vient chercher le poignet de la Drow, bloquant son attaque, et offrant son corps à la lame, qui s’enfonce une fois dans sa cuisse, puis férocement dans son bras porteur, assez profondément pour qu’il soit incapable de ressortir la lame de lui-même.

Elle se venge bien sur par un coup de pied qui le fait reculer, et c’est en titubant qu’il rejoint son épée, la ramassant et se préparant a une nouveau offensive, cette fois, les deux acteurs sont tout deux brouillon, et imprécis, les coups fusent mais ne sont plus aussi féroce et dangereux, la danse est plus lente, un slow presque sensuel, qui se finit par le tremblement des jambes du Drow, un genou a terre, puis deux, le regard qui se trouble, le bruit de son épée qui tombe à terre, un regard vers le sol, couvert de sang, son sang ? Il redresse la tête, fixant l’assassine, et un rire terrible traverse sa gorge, alors qu’il rejette les bras en arrière, attendant la mort…

Kessia avait la cuisse à vif. Son bras ne lui répondait plus. Elle gémit de douleur. Le métal l'avait mordu profondément, elle sentait son sang filer contre sa peau, tacher sa tunique, puis percuter le sol dans un « plic ploc » lugubre. Le combat continua malgré tout. Les sens de l'assassine étaient exacerbés par la douleur. Elle voyait bien qu'Elrohïr luttait de son coté, il avait des gestes lents et très approximatifs. Le coup final fut rapidement porté. Une expression de profonde horreur se peignit sur le visage du rôdeur lorsqu'il compris que la deuxième dague de Kessia venait de s'enfoncer dans sa chair. Il tituba puis trébucha avant de tomber sur le sol souillé de leur sang dans un bruit mat.

La jeune Drow chercha un appui, elle sentait qu'elle perdait équilibre. La douleur devenait insoutenable. Sa main trouva une petite table à coté du lit brisé. Plic ploc. Le sang qui tombe. Kessia reprend son souffle, sa respiration est silencieuse mais saccadée. Elle serre la mâchoire et se reprend. Ses blessures passent après, pour l'instant il faut récupérer les deux dagues et trancher la tête d'Elrohïr, seule preuve que son contrat est bien respecté. Lorsqu'elle se redresse, Kessia comprend que cela ne sera pas possible. Son bras la lance, sa cuisse se vide de son sang. L'assassine cherche des yeux quelque chose qui pourrait faire office de bandage. Elle récupère une des loques d'Elrohïr et se la noue autour de la jambe en espérant que l'hémorragie s'arrête. Le tissu est presque aussitôt imbibé de sang. Kessia soupire. Elle a mal mais cela l'inquiète surtout car elle devra surement aller chez un guérisseur, la plaie n'a pas l'air d'être du genre à cicatriser.

L'assassine regarde la lame qui tient toute seule, prise dans la chair de son bras. Elle tire un grand coup dessus et réprime un cri. Et ce sang, qui ne tarit pas ... Le métal luit d'un éclat malsain, il est taché, des petits bouts roses y sont accrochés. Kessia jette l'arme. Plic ploc. Cette fois il faut absolument bouger. Elle se traine jusqu'à Elrohïr. Respirait-il encore à ce moment ? A vrai dire, l'assassine ne s'en est pas préoccupée. Elle a récupéré ses dagues en les tirant aussi fort qu'elle a put. Le rôdeur n'a pas cillé, inerte. Sous l'effort, Kessia contracte ses muscles, le sang jaillit de plus belle.

L'assassine tâte sous sa tunique, au dessus du bandage, y range ses dagues. Cette fois, il fait tout noir dans la chambre. Plic ploc. Le vent n'y souffle plus. Elle ne voit plus rien, dans cette nuit impénétrable, et comprend que ce sont ces yeux qui lui jouent des tours. Sans comprendre ce qui s'est passé, Kessia s'affale, les yeux brouillés de sang, elle a juste le temps de comprendre que ce n'est pas le sol, qu'elle a percuté, mais Elrohïr.

Le sol poussiéreux, couvert de sang, voila ce qu’il voyait. Au loin, un bruit de cheval qui galope, des cris, des pleurs, des prières, des bruit d’armes qui s’entrechoquent, des discussion, funèbres et pleine de description violente. L’odeur âcre et ferreuse du sang. Une nouvelle douleur, qui repend en lui une chaleur qui lui fait du bien, il ne bronche même pas, malgré ces maux terribles. Est-il mort ? Même si son corps dit oui, lui sait que ce n’est pas encore le moment. Ce qu’il lui fait, c’est que son corps se remette un peu des attaques de l’acier. Lentement, ses yeux se ferme, et plus une seule sensation. Bientôt, il sent une présence dans l’obscurité qui vient de le saisir, quelqu’un est affalé sur lui. Il esquisse un sourire, se sentant étrangement bien.

Les minutes passent, et bientôt, la porte grince, il l’entend, en gémissant, il redresse al tête, alors qu’un cri étouffé s’évade de sa gorge, son corps tout entier le tiraille, le brule, il a l’impression d’avoir était piétiné par un cheval. Grognant de nouveau, il tend la main, alors que ses yeux commence a distinguer de nouveau la pièce, des plumes partout, du sang, un lit fracassé. Un chaos parfait, qui fait naitre un petit sourire sur son visage. Son front revient alors se heurter au sol, il faut qu’il dorme.

Ses yeux qui se rouvrent, le cœur qui tambourine trop vite, il ne faut surtout pas qu’il dorme! Ne pas écouter son corps, faire les soins basique pour espérer pouvoir se réveiller demain matin. Il repousse l’assassin de sa main gauche, de l’autre, il se traine jusqu’au lit, attrapant la tunique qu’il avait laissée dessus. Il arrache alors des bouts de tissus qu’il tente d’enrouler autour de son corps meurtries, serrant le bandage de fortune aussi fortement que possible, que la plaie soit pressée, et que l’hémorragie cesse, il verrait plus tard pour les fracture, et pour la cicatrisation aussi, il faudrait recoudre de toute manière.

Alors qu’il sombre de nouveau, il voix la tache plus foncé sur le sol, l’assassine, une grimace légère, il revient auprès d’elle, cette fois sans arme, examinant ses plaies malgré sa vision qui commence à devenir plus flou. Vacillant, il vient ajouter un peu plus de tissus autour de plaies de la Drow, vérifiant rapidement son état général, avant que la douleur et la faiblesse ne le saisisse de nouveau, il doit lutter pour rester conscient, la trainant jusqu’à ce qui reste de lit, l’adossant sur le matelas éclaté. Pas le temps de prend lui-même la peine de se mettre en pseudo confort, il tombe déjà en avant, la tête sur ses genoux.

Lorsqu’il rouvre les yeux, c’est au son de coups puissant donnés à la porte, la voix du tavernier retentissant de suite après.

« Hey debout la dedans, j’amène le repas »

Le rôdeur plisse les yeux, se forçant a répondre, sa voix déformée par la faiblesse

« Plus tard, il faut qu’on se remette »

L’homme ricane, relançant quelques mots

« Ah, alors t’étais pas seul gamin, ça explique le boucan hier soir… mes hommages à la dame »

Avec un grognement, il se retire de sur elle, cherchant a se mettre debout, trop d’effort semble-t-il, il tombe en arrière, les bras étendu de chaque coté du corps, dos par terre, les yeux braqués sur le plafond. Quelle soirée, et la matinée s’avérait encore pire.

Kessia fut réveillée par la brise. Elle ouvrit les yeux avec lenteur et mit plusieurs minutes avant de se remémorer les évènements de la veille. Le combat, les lames qui se plantent dans la chair, son bras ouvert, Elrohïr qui trébuche, le parquet maculé de sang ... Les images se bousculaient dans sa tête, désordonnées, confuses. Et puis après ? Rien, le vide, l'obscurité. L'oubli. Juste l'insupportable douleur.

A présent, le jour s'était levé. C'était une aube grisâtre et froide. Le ciel était chargé et menaçant. L'assassine parvint à se lever et constata que la douleur était moins vive, à présent. A condition de ne pas faire de geste brusque, les blessures ne se rouvriraient pas. Bon, c'était déjà un point positif. Kessia remarqua enfin Elrohïr. Il s'était déplacé durant la nuit, ce qui signifiait qu'il vivait encore, et cette pensée contraria fortement la jeune Drow. Elle n'allait pas pouvoir lui trancher la tête ici, ses cris ameuteraient toute l'auberge. Bon. Il allait falloir se débrouiller pour sortir de ce pétrin avec lui. Seule, elle n'aurait eut aucun mal, mais à présent, tous ses plans s'écroulaient.

L'assassine s'avança jusqu'à la fenêtre grande ouverte, écarta les rideaux d'une main et étudia les alentours d'un oeil attentif, cherchant par où partir. La rue, une dizaine de mètre plus bas, était pleine d'agitation : des marchands, des travailleurs, des marins ... Impossible de sauter par dessus pour atteindre le toit d'en face, ils seraient repérés à coup sûr. Kessia tourna la tête et avisa une petite cour parfaitement close à sa gauche. Ce devait être une extension de l'auberge, il y avait de nombreux balais, des tables abimées et quelques chaises cassées. Le tout avait une allure de dépotoir abandonné. Si ils sautaient sur le petit muret en contrebas, longeaient l'auberge et rejoignaient la petite cour, atteindre la ruelle en parallèle était possible. Cette dernière, du peu que la Drow en voyait, avait l'air déserte et sombre, c'était parfait pour eux.

Bon, maintenant que Kessia avait un plan, elle se sentait un peu mieux et avait les idées plus claires. Elle se dirigea en boitant légèrement vers la porte de bois sombre qui donnait sur le couloir et tendit l'oreille. Pas un bruit, juste quelques voix venant de l'étage inférieur. Elle identifia le grincement d'une porte qui s'ouvrait, une homme à la voix très grave qui commandait quelque chose mais rien à leur étage. Méfiante, Kessia ouvrit doucement la porte et trouva à ses pieds ce qu'elle avait espéré, un plateau sur lequel reposait deux pains, un pichet et un petit plat au Jak’nir. L'aubergiste l'avait surement déposé un peu plus tôt dans la matinée, comme il est coutume de faire chez les Drows. Avait-il frappé sans entrer devant l'absence de réponse ou était-il entré ? Non, probablement n'avait-il pas osé sinon les gardes seraient venus. L'assassine récupéra le plateau. Au moment où elle allait fermer la porte, elle remarqua la discussion des deux hommes au rez-de-chaussé :

« Je croyais qu'il était seul alors j'lui ai pas donné de chambre double, ils ont dû être serrés »

Et ils ricanèrent. Kessia se doutait qu'ils faisaient allusion à l'un des clients, elle les soupçonnait même de parler d'Elrohïr, ils avaient dû entendre du bruit cette nuit. Tant pis, elle referma la porte sans faire de bruit et posa le plateau au centre de la chambre, entre deux pieds de lit cassés. Bien qu'elle soit Drow, l'assassine n'aimait les plats épicés, elle délaissa donc le plat au Jak'nir et préféra manger un petit pain. Il était doux et sucré, cela lui fit du bien de manger un peu. Le pichet contenait, semblait-il, du jus d'Odral, elle en but de grandes gorgées. Cela fait, Kessia se sentait mieux, elle décida de refaire son bandage puis de réveiller Elrohïr si ce dernier n'avait pas ouvert les yeux d'ici là.

De nouveau, il se tire du sommeil, rageant contre sa blessure qui le malmène un peu plus qu’il n’aurait put le penser. Il la laisse faire, gardant les yeux ouvert sans pour autant bouger, mieux valait lui donner la satisfaction qu’elle l’avait presque tué, sinon elle serait bien capable de finir son œuvre, et cette fois, il ne pourrait rien y faire pour l’en empêcher, maudite erreur de débutant qui lui avait fait perdre tout le combat, si lui était plutôt doué pour les affrontements, elle avait un don pour exploiter la moindre opportunité, une chance qu’elle avait manqué de réussite au final, sinon, il ne serait pas entrain de se réjouir de la situation.

Car oui, la douleur et l’idée amère d’avoir perdu était présente, mais la certitude de s’être amusé l’était aussi, il avait frôlé la mort une fois de plus, et il se sentait plus vivant que jamais. Il ne bouge même lorsqu’elle vient chercher le plateau en passant près de lui. Il attends qu’elle mange un peu, avant de se redresser sur les coudes, plantant son regard sur elle, et affichant un sourire aussi rayonnant que possible.

« Salut… quelle nuit, j’en suis tout retourné… rare qu’on m’épuise comme ça »

Il ricane d’abord, mais tousse ensuite, surpris par cette quinte. La blessure est donc plus sérieuse qu’il ne l’aurait pensé. Rageant, il s’aide du mur pour se hisser sur ses pieds, posant la main sur la plaie, grimaçant en essayant de porter un diagnostique sur son état.

« Oh nan… j’crois que le côte est décalée et qu’elle flotte… »

Sans un mot de plus, il titube jusqu’au plateau, prenant le bout de pain restant, l’arrachant en deux bouts, il attrape aussi le plat de Jak’nir qu’il engloutit comme un affamé, enfonçant aussi le pain dans sa bouche, il parle, bouche encore pleine pour justifier sa voracité soudaine.

« Hey c’est pas tout les matins qu’on finit dans cette état là… et en plus, j’adore le repas »

Avec un petit rire moqueur, il se traine jusqu’à à la fenêtre, observant tout comme elle la situation. Et tout comme elle, il se dit exactement la même chose, descendre et finir dans la grande rue serait bien étrange, et surtout, plus compliqué d’après lui. En effet, s’ils voulaient descendre et finir dans la rue principale, ils ne pouvaient que sauter, en revanche pour atteindre la petite cour, des corniche de bois et des rebords de fenêtres étaient présents.

« Bon, pas que la chambre m’ennuie, mais je crois qu’on ferrait mieux de s’en aller… enfin si tu veux rester, libre à toi, mais t’auras du mal à me tuer plus tard si j’suis dehors et que toi t’as les gardes au train… »

D’un pas lent, il boitille jusqu’à l’autre bout de la pièce, attrapant les sangles de cuir de ses harnais qu’il renfile, en profitant pour mieux ajuster ses bandages de fortunes. Lui qui habituellement est plutôt rapide, voila qu’il met plus d’une dizaine de minutes a se revêtir, la douleur n’aidant pas a enfiler et ajuster certaines choses. Sans un mot, il ouvre la fenêtre, et entreprend de grimper sur le rebord, la douleur revenant au triple galop, il manque de tomber dans le vide.

« Quoiqu’en fait, j’crois que t’auras pas besoin de faire grand-chose, j’vais me tuer tout seul je sens... »

» Tu veux faire quoi cette nuit? La même chose que chaque nuit, Krish!
» Le couteau sous la gorge |Ernest
» Remuer le couteau dans la plaie... [Solo]
» L'arrivé a l'auberge
» Du brouet à l'auberge.

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