Semoras s’était délecté de la missive portée par un coursier en provenance de l’Ancenois. Son voisin, le baron Aemon, l’enjoignait à la plus grande méfiance envers le groupuscule répondant au nom de « l’Armée des Divins », titre aussi pompeux que ridicule, de l’avis de l’Olysséen, groupe armé qui paraissait faire preuve d’un zèle certain dans l’application de la force qui était en sa possession. Nul doute qu’il fut un temps où la chose aurait été passée sous silence, de par les nécessités de la guerre, mais maintenant que les noirauds avaient été défaits, les troupes s’en trouvaient désœuvrées et certains malveillants pouvaient chercher à en profiter. Or était-il pire serpent qu’un elfe ? Dans le fond, peu importait sa couleur. Ces vipères cherchaient à s’immiscer partout dans les hautes sphères du pouvoir, à prendre le contrôle du royaume des Hommes afin de l’asservir et l’utiliser pour satisfaire leurs sombres désirs.
Il était du devoir des gens de bien de combattre le Fléau.
Le baron fit alors publier un édit inspiré de celui publié par son voisin, rappelant à son peuple qu’il était avant tout vassal du trône d’Olyssea et que quiconque dans la province ploierait genoux devant une autre autorité, à laquelle le sire Semoras n’était pas affilié ou qui n’avait pas reçu d’autorisation formelle de sa part , se verrait contraint d’abandonner tous ses biens au sein de la baronnie, qui seraient affectés à un usage plus profitable aux bonnes gens de la région.