Un retour discret

Perdu. C'était le mot qu'il cherchait. A force de rester dans un petit endroit pendant si longtemps, on oublie le sens du mot perdu. On oublie le sens de beaucoup de mot, d'ailleurs. Foule, bruit, homme...

Mais le terme qu'il venait de retrouver lui convenait parfaitement. Il était perdu. Il était reparu il y a à peine quelques heures, près de la cité de Diantra. Oh, il se souvenait de quelque rues, ça oui. De quelque lieux. Mais dans l'ensemble, tout était différent. Les visages, les gens, leurs vêtement; il avait l'impression d'errer sur une terre inconnue. Pourtant, il avait vu cette ville un grand nombre de fois. Plutôt que de passer pour un fou ou un malade, il s'était entrainé un certain temps, dans la forêt, à parler. Jusqu'à retrouver un timbre de voix plus ou moins normal. Puis il s'était aventuré dans les passages de la capitale.



Il sentit un profond malaise enfler en lui. Trop de monde. Il ne supportait plus cet amas d'êtres odorants et bruyants. Les paysans lui paraissaient répugnant, les commerçant trop envahissant, les gardes trop fiers et les bourgeois trop gras. Il se fraya un chemin dans la populace, jusqu'à une auberge. Pas trop miteuse, ça allait. L'important était d'échapper à cette masse de médiocrité. Ashmat poussa la porte de chêne, grimaça devant la foule qui occupait les lieux, et alla s'installer dans un coin. La table était sale. Il posa une main dessus, et la retira en réalisant qu'elle collait. Ecoeurant. Le sorcier poussa un long soupire, et observa les clients, cherchant du regard quelqu'un qui pourrait le renseigner sur l'époque, le jour, le mois, l'année, et une partie des choses qui s'étaient déroulées depuis son départ en exil.