Retour aux sources | Joshua & Haize

Et il filait, le vaillant Onirique, pourfendant les vagues, glissant sur la surface agitée de l’Océan. Sa figure de proue, fidèle représentation de la terrible Eris - celle que les faibles et les ignorants nommaient Tari -, observait le paysage qui se découvrait à ses yeux. Toujours le même, celui de l’horizon tutoyant les flots. Bientôt à son regard boisé se découvrirait Meca. Voilà bien longtemps qu’Ajilah n’y avait plus mis les pieds…

Quatre ans… Quatre longues années que sa ville d’adoption lui était interdite. S’il n’avait pas réellement souffert de cet exil forcé - et mérité - il n’en restait pas moins heureux à l’idée de bientôt prendre sa revanche. Surtout qu’il revenait en conquérant. Non pas en adversaire las et soumis. Oh, certes, il allait se racheter, au sens premier du terme, et ce n’était guère glorieux, mais il n’empêchait qu’il irait la tête haute et le regard fier. Car ainsi était Ajilah. Deux ans à échapper, parfois in extremis, à ses poursuivants lui avaient soufflé l’idée que peut-être était-il privilégié. Il ne pouvait pas mourir sur l’île pirate, c’était impossible. Il avait tant fait et avait tant à faire…

Et puis, finalement, elle apparut, se dévoilant à son regard avide. Meca…

« Te voilà, ma toute belle. Cela faisait si longtemps… »

Baissant légèrement la tête, il pu observer la tête d’Eris contemplant son Océan. Au dessus de sa tête claquait son étendard, le drapeau pirate à la flamme verte. Le vent fouettait son visage, entrainant ses cheveux dans une danse infernale… Il se sentait vivant, incroyablement vivant, alors qu’il allait faire face au Conseil des Leaders. Il les mettrait devant leur faiblesse, et plus jamais il n’aurait à se soucier d’eux. Bien au contraire. Mais pour l’heure, il observait, attentif aux moindres mouvements. Bientôt, les navires de la Marine se mettraient en chasse, dans l’espoir de l’attraper. Sauf qu’ils ne feraient que l’escorter, comme le Roi qu’il s’amusait à devenir en cette belle journée d’hiver.

« Allez me chercher Joshua ! Et plus vite que ça ! »

Certain que ses ordres seraient exécutés à la lettre, il ne prit même pas la peine de se retourner. Sa nouvelle recrue n’avait pas fait trop de vagues pendant la traversée… Pris en charge par le fidèle Haer, il avait commencé à apprendre ce que serait sa nouvelle vie. Un apprentissage qui ne cesserait jamais. Mais qui, au fur et à mesure du temps, deviendrait de plus en plus jouissif. Sauf bien sur s’il n’avait pas la fibre marine. Mais ça, c’était un autre problème.

Derrière lui, il entendit des bruits de pas. Toujours sans se retourner, observant l’île qui doucement venait à lui, il prit la parole.

« Observe ce qui est surement le plus célèbre repaire de pirates de tout le continent. Ca t’inspire dis moi ? »

Joshua s’avança au niveau de la proue du bateau, là où il avait été appelé par le Capitaine. Cela faisait maintenant quelques semaines qu’il était sur ce navire et malgré des débuts difficiles, on pouvait dire qu’il avait pris de l’assurance en mer. Seules ses navires n’arrivaient pas encore à oublier l’odeur de fauve qu’il régnait dans les quartiers destinaient aux pirates. Il passait la majeur partie de son temps sur le pont, initiative que le dénommé Haer avait apprécié puisqu’il avait pu en profiter pour le former tout en s’affranchissant de son travail pour le donner à son cher apprenti.

C’est avec douleur qu’il se rappela de ses premiers jours. Entre un espèce de mal de mer du au changement de référentiel terrestre et un manque d’assurance lorsqu’il fallait s’occuper de dénouer certaines voiles pour en ouvrir d’autre à une distance raisonnable du sol. Cependant, c’est avec la rage au ventre qu’il avait affronté l’adversité de ses tâches avec bien entendu des défauts inhérent à ses débuts, mais avec une certaine efficacité. Ce sont les nuits qui furent le plus durs, entre courbatures et crampes, odeur de chacal et joyeux ronflement de ses camarades, c’est seulement lors la fatigue s’empressait de l’emporter au pays de Morphée qu’il trouvait là un repos qui était assez mérité.

Lors de ses quelques moments de solitudes, les paroles du capitaine lui revenaient en mémoire. Des paroles qui le laissaient haineux et froid, de cette haine il puisait en partie la force de survivre dans ce lieu apocalyptique où anarchie, crime et violence étaient maîtres.
Néanmoins c’est ce même capitaine qui aujourd’hui venait de le tirer de cette tourmente, il le demandait. Après des semaines d’ignorance, voici que son bourreau se rappelait du prisonnier.

Ce sont les cheveux virevoltant au grès du vent sous son tricorne qu’il rejoignit Ajilah qui semblait jouir du spectacle qui s’offrait à lui. Alors qu’il continuait à s’avancer, le pirate lâche une phrase, sans doute adresser à lui bien qu’il n’avait pas signalé son arrivé.

« Observe ce qui est surement le plus célèbre repaire de pirates de tout le continent. Ca t’inspire dis moi ? »

Le mercenaire se figea et regarda le paysage qui s’offrait à lui. Il n’arrivait pas réellement à se concentrer l’île qui semblait de plus en plus proche. Ses oreilles guettaient le moindre bruit, son nez était agressé par le sel contenu dans l’air marin, ses sens étaient déroutés de l’exercice que lui proposait le Capitaine.

-« C’est la première île que je vois et qui est habitée. Je ne pense pas pouvoir donner le moindre avis objectif sur celle-ci. Néanmoins, j’aimerais vous accompagner sur celle-ci.

Je ne pense pas qu’il y a le moindre risque que je m’enfuis, cette une île entourée d’eau et ce n’est pas une vie qui d’après ce que j’en sais, m’inspire. »

Il était quelque peu curieux de voir cette île de ses propres yeux, une île où la règle est l’égalité. Est-ce que des humains ont réellement réussi à atteindre cet idéal ou bien dans cette idée se cache une autre vérité ?

PNJ PIRATES

Les petites embarcations de patrouilles sont à rames, donc efficacement rapides en eaux peu profondes. Tout navire non prévu est rapidement repéré et rapporté à la Cambuse. Et du poste d'observation qu'est la Cambuse, le Conseil des Leaders reconnait l'Onirique.

- Ramenez-moi vivant ce petit salaud d'Ajilah.
- Pourquoi il ose se pointer ici ?
- Doit être suicidaire.
- Où alors il a un plan.
- Envoyez les trois intercepteurs alors. On ne prend pas de chance.
- Mes trois derniers soldes qu'il ne sera pas agressif et qu'il se laissera conduire.
- J'suis vachement curieux, là...
- Vilain défaut... moi aussi... mais on envoie quand même les trois intercepteurs.
- J'vais aller les lancer moi-même, et j'intercepterai moi-même l'Onirique.
- Okj, si ça t'amuse, Dean.

Les pirates ne sont jamais contre les volontaires qui se risquent à leur place.

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Les trois intercepteurs quittent rapidement le quai et se dirigent directement vers l'Onirique. Les navires en stand-by d'accoster s'arrêtent, parce que quand les intercepteurs sortent, ils passent et bousillent tout. La plupart des petites embarcations ne survivent pas au passage d'un intercepteur.

La chorégraphie d'interception est parfaite. À peine le temps qu,il faut pour le dire, ils ont encerclé l'Onirique et la navire sur lequel prend place Dean avance. D'ailleurs, Dean en personne se tient sur le pont. Quel honneur. Le conseil a visiblement envoyer leurs gros noms.

Dean est un vieux de la vieille. Agé, mais il n'a jamais rien perdu de sa prestance piratesque. Et sa voix tonne encore, comme jadis. Il a vieillit, mais il se tient encore bien droit, ce qui est tout de même impressionnant pour un homme de son âge... et surtout un pirate de son âge.

On aborde déjà l'Onirique, à babord et à tribord, les grappins agrippe le bastingage de l'Onirique et ils se remorquent à force de bras.

La réputation de Dean est d'être sans peur. Et il le démontre encore. Les mains sur la garde de ses sabres, le dos droit, soigneusement enserré dans sa redingote, il avance et traverse sur l'Onirique, comme un roi en terres conquises.

- Belle journée pour mourir, Ajilah ?

Ajilah éclata de rire. Là, devant lui, se dessinait trois silhouettes qu’il ne manquait pas de reconnaître. Des intercepteurs, ces terribles vaisseaux qu’utilisaient Meca pour arrêter les vaisseaux qui n’étaient pas les bienvenus. Il était étonnant de voir qu’après toutes ces années, ils n’avaient pas oublié… Etonnant, et si prévisible. Du moins aux yeux du sang mêlé, car pour lui, il est bien plus pirate que beaucoup de ces vieux de la vieille du Conseil des Leaders. Eris ne veille-t-elle pas sur lui, lui donnant depuis plus de deux ans une chance à en faire pâlir les villages qui voyaient sa bannière ? Concentré sur les navires, il ne fit même pas attention à l’arrivée de Joshua, notant seulement dans un coin de sa tête les paroles qu’il lui lança. Se retournant vers son navire, il hurla à plein poumon, une note joyeuse dans la voix, ses ordres.

« Ramenez la grande voile ! Faites moi ralentir la machine, qu’on ne leur fonce pas dedans par mégarde ! »

Pris d’une étrange frénésie, il éclata lui-même de rire à son trait d’humour, pas forcément humoristique d’ailleurs. Il jouait sa vie, celle de son équipage, il jouait son vaisseau, son précieux Onirique… Mais le jeu en valait la chandelle. Car il avait une chose que la Marine Marchande voulait absolument. Une chose qui mettrait fin à sa vie palpitante de fuyard et augurerait une nouvelle ère de piratage. Libéré de sa plus grande menace, il serait libre, enfin, d’agir à sa guise. Ramenant son regard sur Joshua, son sourire toujours accroché aux lèvres.

« Tu voulais voir Meca non ? »

L’Onirique était désormais totalement encerclé, et il était trop tard pour faire demi-tour. Déjà, on jetait les premiers grappins. Sans quitter son pirate débutant du regard, il continua comme si de rien était.

« A mon avis, tu as plus le choix… »

Il n’aurait jamais cru, par contre, qu’on lui ferait un tel honneur. Que Dean en personne, une légende quand on y reflechissait bien, se présenterait devant lui, guidant de sa volonté de fer trois vaisseaux… pour lui. Fallait-il qu’il ait sous-estimé sa réputation qu’il pensait déjà très grande ? C’était fort possible. Il ne fit pas un geste vers son nouveau pensionnaire, à part se tourner vers lui. Dean était un vétéran, un vrai, mais Ajilah n’était pas près de se laisser impressionner par les ans. Surtout quand on connaissait sa condition.

« Tu sais bien que tu mourras avant moi, hum ? »

Jetant ensuite un regard vers les grappins qui blessaient son cher navire, il secoua la tête… Ah, que les hommes pouvaient être barbares.

« Tu n’avais pas besoin d’être aussi rustre, Dean. Je me serais laissé tranquillement escorté, tu sais ? »

PNJ Dean

Dean ricane.

- Évidement. Mais je me tiens loin d'Eris, ça me donne une chance de faire encore quelques décennies.

Ce qui pour l'âge du pirate était très optimiste. Dean avait le calme de l'Océan. Mais selon la rumeur, il était encore capable d'arracher un bras d'un coup. Évidement, puisqu'il restait à terre depuis déjà quelques années, personne ne voulait de preuve. On se contentait de le croire.

Dean soulève pourtant un sourcil quand Ajilah informe qu'il se serait laissé escorté. Dean pousse même l'audace à ricaner.

- Le contraire serait du suicide, Ajilah et tu le sais bien. Je ne doute pas un moment que tu te serais laissé escorté, mais t'en a tellement fait chier ces dernières années que je crois pas que sans mon intervention, t'aurais eu l'occasion de te laisser escorter. En clair, Dean annonce que la MM l'aurait éliminé sans la moindre explication, sans la moindre chance de s'expliquer. Mais Dean était de ceux qui savent tout. De ceux qui ont une telle expérience qu'ils reconnaissent les gens et leurs potentielles intentions en quelques minutes. Et ceux qui ont de la chance ont toujours raison. Mais je te connaissais à l'époque, Ajilah et je connais tes déplacements des dernières années. Si t'es ici, c'est pas pour mourir. Ni pour penser réussir là où t'as lamentablement échoué la dernière fois. Dean observe Ajilah et savoure son effet. Allez, t'as quoi pour racheter l'honneur de porter la Rose des Vents ?

Si Ajilah était revenu, c'est qu'il voulait réintégrer la Rose des Vents. La plupart des déserteurs transformaient leurs tatouage en une infâme cicatrice. Dean serait très à l'aise de parier encore 3 soldes que le capitaine devant lui la porte encore.

Joshua resta muet devant le spectacle qui s’offrait à lui. Il ne connaissait rien aux coutumes des pirates ni même au passé de son Capitaine. Lorsque les intercepteurs se présentèrent pour s’opposer à l’Onirique, le Capitaine ordonna que l’on ramène la grande voile. Le jeune mercenaire serra la mâchoire puis se retourna pour s’exécuter comme Haer lui avait appris. Il n’était toutefois pas seul cette fois-ci et c’est dans un esprit d’équipe que les pirates qui eurent la même réaction que Joshua, l’aidèrent à exécuter les ordres. Il n’y eut ni raillerie, ni coup vache, simplement des pirates qui obéissaient aux ordres de leur capitaine. Le mercenaire apprécia dans un sens le respect mutuel pour mener cette action, mais être englobé en tant que pirates de façon aussi démonstrative, lui laissait un goût désagréable dans la bouche.

Peu de temps après, il redescendit et rejoignit le Capitaine Ajilah. Déjà la vitesse de l’Onirique avait diminué, puis se stabiliser petit à petit.

-« Nous avons fait selon vos ordres Capitaine.

Suite à cela, Ajilah lui adressa quelques paroles sur sa visite de Meca. Comme il venait de le dire, ils n’auraient plus le choix, sans doute le pirate le savait déjà. Il avait bien du s’amuser lorsque qu’il lui avait proposé de l’accompagner sur Meca, sa visite était prévue depuis un moment.

L’homme garda le silence devant les échanges de procéder entre Dean et Ajilah. Il était témoin de cette scène sans avoir son mot à dire, cela ne le dérangeait d’ailleurs absolument pas. La seule chose qui l’inquiétait, était de ressortir vivant de cette altercation. Toutefois, il se fiait à son capitaine pour rester en vie. S’il savait déjà ce qui allait se passer, c’est qu’il avait appréhendé et analysé la situation et qu’il avait au moins une petite idée de comment servir ses ambitions tout en restant maître de la situation.

« Bien, très bien même… Tout est prêt pour accueillir nos invités. »

Par invités, Ajilah parlait bien des pirates résolument hostiles qui commençaient déjà à abimer son précieux navire avec leur grappin… Car s’ils en avaient l’occasion, c’était uniquement parce qu’il l’avait voulu. Une chose qu’ils ne tarderaient pas à apprendre. Bien entendu, le fait que l’homme qui commandait son arrestation ne soit autre que Dean, le vieux loup de mer du Conseil des Leaders, entachait un peu son plaisir. L’homme ne se laissa pas démonter par l’assurance du sang-mêlé, ricanant même à ses déclarations… La plus part se serait contenté de l’insulter et de le maudire pour son impudence. Oui, vraiment, Dean était de ses hommes qui méritaient le respect.

« Ainsi, le Conseil manque toujours autant de clairvoyance. Heureusement qu’il en reste quelques uns pour garder la tête sur les épaules. »

Il n’y avait nulle flatterie dans sa remarque, il énonçait juste un fait avec simplicité. En un sens, ce que la vieux pirate venait de lui apprendre le confortait dans ses préjugés. Il avait envisagé cette possibilité, bien sûr, et avait accepté de courir le risque… Au final, il avait eu raison. Maintenant que les joueurs étaient en place, la partie pouvait réellement commencer. Il avait juste gagné le droit de jouer.

« Dis à tes hommes de fouiller mes calles, ils trouveront un cadeau pour le Conseil. Je sais que le cœur des pirates est aussi pur que leur but et qu’ils sont incorruptibles, mais peut-être ce "petit" don me permettra-t-il de parler aux dirigeants de Meca. »

L’ironie de nouveau, mordante et bien présente. L’or présent représentait une petite année de pillage. Un trésor lentement amassé afin d’avoir les mains libres pour en obtenir un bien plus grand plus tard. Car s’il était devenu un des pirates les plus actifs de son époque, il n’en restait pas moins que devoir éviter la Marine Marchande et la Marine Royale - aussi ridicule soit-elle - en même temps restait un exercice dangereux et fortement limitant. Attaquer des petits villages isolés était amusant un temps, mais le demi-elfe avait besoin de plus… Toujours plus.

« Quant à toi, que dirais-tu de m’inviter dans ma cabine histoire que nous profitions de la bouteille de rhum qui y traine ? »

Se faire inviter dans sa cabine… Même si ça avait été dit sur le ton de la plaisanterie, il s’agissait de l’aspect de la chose qui déplaisait le plus au capitaine de l’Onirique. Si par malheur il échouait, qu’il survive ou non, il perdait son navire… Et même s’il ne doutait pas de sa capacité à recommencer une troisième fois toute cette histoire que peut être la piraterie, l’idée ne lui faisait pas plaisir.

« Tu viendras bien avec nous, Joshua ? Crois-moi, Dean peut être un très bon professeur dans ses domaines. »

PNJ Dean

Dean était un homme pratique. Et il trouvait plus pratique un retour d'Ajilah que de continuer de pester contre lui. Restait à savoir si ce qu'il allait offrir en échange serait suffisant. Dean sourit lorsque le renégat parle de la clairvoyance du Conseil.

- Nous laissons la clairvoyance à Madame Ingrid. Le Conseil fait comme il pense.

Autour, les pirates assaillant l'Onirique restaient au second rôle. Ils avaient solidement attachés le navire d'Ajilah à l'intercepteur de tête, mais aucun, n'avait posé le pied sur le pont de l'Onirique plus loin que trois pas autour des cordages. Dean était un pirate dominant assez exigeant. Il suivait son propre protocole et vu son âge avancé, tout le monde le connaissait et ils le respectaient à la lettre.

Dean secoue la tête. C'est pas ce que le Conseil avait décidé. Dean était, la plupart du temps, un homme franc. Du moins le plus franc possible pour un pirate. Et de toute façon, Ajilah ne peut que remarquer que ça n'allait pas se passer comme il le voulait.

- Malheureusement, le Conseil ne souhaite pas que ce soit moi qui règle les détails de ton possible. Si tu dis qu'il y a de quoi satisfaire le Conseil dans tes cales, et bien soit. Ce sera peut-être en ta faveur. Le Conseil désire que tu sois mené devant lui et c'est ce que je ferai. Mort ou vif, évidement. Il esquisse un signe de tête et les pirates retournent sur leurs intercepteur respectif. Toi, Ajilah, tu viens avec moi. Et si ce monsieur est ton second, ou peu importe, il peut venir aussi. Si je dois être son professeur, autant qu,il sache exactement comment ça se passe. Il a un quelque chose qui me plaît. Sourire. Rien n'est moins sûr. Ton équipage resteras à bord de l'Onirique et ils seront consigné à ce navire jusqu'à ton retour. Ou non. Dans le pire des cas, ils seront incendié avec l'Onirique. Au mieux... eh bien ce sera le mieux.

Sans attendre de réplique, parce que Dean ne tolèrera pas de réplique, il se dirige, comme un maître chez lui, sur son Intercepteur.

- C'est bien dommage, Sepiida aurait adoré te revoir. Mais malheureusement, il est absent. Il en a fait du chemin le petit depuis le temps.

Les choses devenaient quelque peu intéressantes. Les choses se clarifiaient au sujet d’Ajilah, néanmoins il semblait assez jeune pour un homme qui devait avoir connu petit une personne qui était aujourd’hui importante. Les mots de « Marine Marchande » sonnaient assez mal dans l’esprit de Joshua, il connaissait comme toute personne du Royaume ce nom mais il était dur de l’associé à des codes de pirate et d’autres usages dont faisaient preuves ces barbares de la mer.

Voilà maintenant qu’il était invité à rejoindre la discussion entre le fameux Dean et son Capitaine sur un des navires intercepteurs. Au vu des dernières paroles du pirate de la Marine Marchande, cela valait mieux que de finir brûlé sur ce bateau qui l’avait ôté de la terre ferme. Néanmoins une mort peut être bien plus atroce l’attendait ici, mais qu’avait il à se reprocher ? Il n’avait encore commis aucun crime qui se sache et il n’était en rien dans les problèmes qu’avaient pu causer son capitaine par le passé.

-« Je viendrai avec vous Capitaine. »

Il accepta par cette phrase l’invitation mais demeurait sceptique sur l’apprentissage que Dean pourrait lui apporter. Est-ce que le pirate appréciait aussi son tricorne ? Cette fausse bienveillance le mettait mal à l’aise et il avait finalement autant confiance en Ajilah qu’en Dean, sous entendu, qu’il n’en avait aucune envers les deux mécréants.

Le dénommé Dean s’avança sans attendre une réponse du Capitaine, mais Joshua attendit qu’Ajilah prenne les devants pour le suivre. Il n’était sûrement d’usage qu’il passe avant le Capitaine du navire sur lequel il se trouvait. La suite sembler se profiler de façon de plus intéressantes.

« Oh ? Je vois qu’il n’y a même plus besoin d’être généreux pour gagner le droit de parler au Conseil, de nos jours. Et tant pis pour le rhum, ça m’en fera plus pour moi à mon retour. »

Heureusement pour lui, l’or ne l’intéressait pas vraiment. A la rigueur, amasser l’or était bien plus intéressant que le posséder. Sinon, il aurait surement regretté d’avoir donné une aussi grosse part de son trésor personnel à des incapables Ce qu’il allait leur donner valait bien plus que des cales remplies d’or, il le savait, et il savait que les pseudo-Leaders s’en rendraient compte. Il faudrait expliquer la perte d’autant de monnaies sonnantes et trébuchantes à son équipage, bien plus rapiats que lui, mais il ne se faisait pas trop de soucis. Il s’en sortait toujours, non. La remarque sur l’Onirique le fit sourire, tant il savait que Dean y allait au bluff. On ne brûlait pas un bateau comme celui du demi-elfe, on changeait la proue, le drapeau, le nom, et on l’utilisait. Pas comme si on en trouvait autant que la Marine Marchande le voudrait…

« On sait très bien quel sera le destin de l’Onirique si je meurs là-bas. Je ne vous l’ai pas emprunté pour rien, c’est une belle pièce de collection. »

Autant ne pas tourner autour du pot, Ajilah n’était pas homme qui acceptait facilement les menaces… Celui qui les faisait s’exposait à devoir honorer sa parole s’il voulait continuer à parler. Bien entendu, il ne pouvait pas se permettre ce luxe avec Dean, qui du haut de son âge vénérable, se croyait au dessus de tout, mais lui rappeler certains faits n’était pas une vengeance des plus déplaisantes. S’il connaissait bien le vieil homme, il ne se doutait pas que la réplique le ferait sourire, peut-être secouer la tête, mais il s’en moquait.

Il était Ajilah, capitaine de l’Onirique.

« Je te suis, Dean. Pas la peine d’user ta salive en d’inutiles menaces. Allons-y, Joshua. Si on te demande qu’est-ce qui t’a valu cet honneur, tu diras que j’ai voulu te faire rencontrer le fameux Conseil des Leaders de Meca. »

Il n’y avait plus rien à dire, car tout était dit. Restait à rencontrer le Conseil, et à mettre un terme à une histoire vieille de quatre longues années.