Lançons les dés [Gabriel]

...Sa peau brulait, incendiait ses sens, la notion du temps ou de l'espace n'existait plus, balayés par l'ouragan, la tempête qui faisait rage, menaçant de détruire dans un océan de feu les restes d'une raison depuis longtemps abandonnée. La morsure de la flamme devanait intenable, torture délicieuse et terriblement volcanique...

Sirya ouvrit subitement les yeux et se retint de justesse aux draps de son lit pour ne pas percuter le sol plutôt durement, puis, elle roula sur le dos en jurant comme un charretier. Elle repoussa les draps entortillés autour de ses cuisses nues et soupira lourdement, tentant de reprendre un souffle rendu irrégulier et court. Son bras vint couvrir ses yeux tandis qu'un léger souffle de vent vint refroidir sa peau brulante et moite. Encore ce foutu rêve, cauchemar ou que sais je qui la hantait de plus en plus souvent ces dernières nuits.

Par la fenêtre entrouverte, elle pouvait voir la lune briler de toute ses feux, a peine voilée par un léger nuage de brume matinale. Pourtant le jour devait être encore loin, une heure ou deux avant le lever du soleil a vu de nez. Elle se passa une main lasse sur le front, essuyant les perles de sueurs qui s'y trouvaient niché et se força a penser a autre chose qu'a cette faim dévorante qui lui tordait le ventre. Peut être devrait elle s'envoyer en l'air un bon coup sur Meca ce soir, mais rien que d'y penser, elle grimaça. Sa mère lui avait apprit a respecter son corps et a en reconnaître les besoins, mais pas a se contenter du minimum. Bref, elle n'avait pas finit de faire des nuits courtes, voir blanches. Mais elle ne céderait pas, pas avant de lui avoir fait ravaler sa foutue arrogance du moins.

Elle se redressa sur son séant, maitrisant le doux balancement du navire sans mal et se leva. Sur la table dormait un petit paquet et elle savait d'où cela venait. Se mettant debout, totalement nue, elle s'avança jusqu'à la petite table fixée au sol par de grosses vis et contempla le paquet avec un léger sourire en coin. Sa mère avait fait dilligence, elle ne pouvait pas dire le contraire...Combien de temps cela lui prendrait il ? Très peu en vérité, le problème était dans le dosage, et Arcamenel savait qu'elle n'avait jamais été très douée pour l'herboristerie, mais pour cette fois, elle s'arrangerait pour que se soit parfait ! Et puis cela l'occuperait en attendant de trouver le bon moment pour le lui faire avaler.

Le bon moment...Mmmh...Ses yeux bleus allèrent de nouveau vers la fenêtre, une heure ou deux avant le lever du soleil...Un éclat amusé et sournois se mit a scintiller dans ses iris glaces. Se serait largement suffisant...

Il ne lui fallut qu'une demi heure pour préparer son petit ajout mystère et elle ne fut pas mécontente du résultat, sa mère lui avait assuré un effet immédiat ou presque, tout dépendait de l'organisme mais dans l'ensemble, c'était assez foudroyant...Parfait !

Ensuite, son regard se posa sur une des cartes sur laquelle elle travaillait en ce moment, un plan parfait qui dessinait a merveilles les différentes routes maritimes, mais qui sait il y manquait peut être quelque chose...Il manquait certainement quelque chose, songa-t-elle en souriant subitement...

Finalement, elle alla vers sa malle, en sortit une chemise d'homme un peu rapiécée, pas très sexy, mais n'oublions pas qu'il fallait jouer serré, et s'en vêtit. Le vetement lui arrivait facilement a mi cuisses et elle nageait légèrement dans les manches, idéal pour joue aux ombres chinoises n'est ce pas ? Elle boutonna le vêtement jusqu'à son cou et attacha ses cheveux emmêlés en catogan. On pouvait passer a la phase suivante.

Elle ouvrit doucement la porte de sa cabine et jeta un coup d'oeil sur les alentours. Ici et là quelques marins s'étaient endormit en faisant leur quart et, par miracle, aucun n'avait élu domicile vers la cabine qui l'interessait. D'ordinaire, elle savait se mouvoir sans bruit et agilement, mais là, comme un fait exprès, elle bouscula un lourd crochet de fer qui alla fermement buter contre les parois de la cabine de Gabriel. Avec son ouie, le Second ne manquerait pas d'être réveillé...Riant en silence, elle continua donc son chemin en veillant a ne jamais être totalement hors de vue et sauta bientôt sur la plage. Bon, il ne faisait pas exessivement chaud cette nuir, mais le froid aurait un avantage certain sur sa personne, parce qu'autant l'avouer, elle jouait avec le feu. Mais les dés étaient jetés, trop tard pour revenir en arrière...Songea-t-elle en abandonnant sa chemise sur le rivage et en s'enfonçant dans les flots...De quoi rafraichir toutes les ardeurs...ou presque.

Si certains étaient réveillés par des rêves fantasmagoriques et érotiques, ce n'était pas tout à fait le cas d'autres. Le Second avait la chance d'avoir vue sur l'extérieur depuis sa cabine par des fenêtres à croisillons. Et il était appuyé contre cette fenêtre, le bras contre le carreau froid, le front contre son bras, le regard vague, perdu vers un ailleurs que personne ne pouvait voir mise à part lui. Gabriel avait un passé lourd et riches en évènements, pas toujours heureux d'ailleurs et régulièrement, ce passé revenait le hanter au triple galop. Ajoutez à cela une soudaine douleur alors que la drogue n'agissait plus et vous aviez une idée de l'humeur de l'hybride.

Morose, il s'était levé une bonne demie heure plus tôt, boitant plus lourdement et s'était dirigé vers sa précieuse sacoche où reposaient ses herbes miraculeuses. Brave Seizaar, il n'avait pas son pareil pour lui dénicher des trucs vraiment efficaces.

Et maintenant, il avait la tête plus légère, de même que la démarche et les fantomes du passé le laissaient enfin en paix. Mais cela n'émoussait pas ses sens non. Au contraire, cela semblait les exacerber. Gabriel était trop habitué à la drogue pour que cela lui porte préjudice et le ralentisse. Il entendit soudain un bruit sourd derrière sa porte et se retourna vivement, tendant l'oreille. Il fronça les sourcils, incommodé par cet importun et se dirigea à longues enjambées vers la porte qu'il ouvrit à la volée. Il passa la tête pour regarder à droite et à gauche, recula, avant de se figer en prenant conscience de l'image qui venait de s'imprimer sur sa rétine avant même que son cerveau n'en prenne conscience. Il passa de nouveau la tête dans l'embrasure de la porte et suivit du regard la silhouette longiligne de Syria. Son coeur rata un battement devant le spectacle que cette maudite demie elfe lui offrait impunément : son corps de rêve, qu'il avait tant de fois imaginé nu, se trouvait à peine couvert d'une chemise trop grande qui soulignait étrangement sa beauté au lieu de la gâcher.

Comme hypnotiser, il ne chercha même pas à réfléchir et sortit, refermant la porte derrière lui, suivant Syria discrètement (du moins le pensait-il mais encore eut il fallu qu'il prenne conscience que la demie elfe lui tendait un piège et calculait le moindre de ses faits et gestes). Par Eris, que faisait-elle à se promener à moitié à poil sur un navire remplit de marins endormis? Comment se défendrait-elle si, rendu fou de désir, l'un d'eux l'attaquait? Parce que là, Gabriel se demandait où elle pouvait cacher une dague quand même.

Mal lui prit de la suivre jusqu'au dehors. Parce que dehors, il y avait la lumière de la lune qui rendait la chemise transparente et un jeu d'ombre ne laissait guère plus de place à l'imagination. Une soudaine envie rendit le pantalon de cuir du Second trop étroit pour lui. L'air vif et frais caressa sa peau nue. Dans sa fascination, il n'avait pas même pensé à mettre une chemise ou des bottes. Juste son pantalon.

Et alors qu'il pensait avoir atteint des summums de fantasme, Syria se glissa sur la plage, retira sa chemise, offrant son corps d'albâtre aux rayons gourmands de la lune qui la caressaient avec douceur. Pour un peu, il se serait fait poête et aurant envié la lune d'avoir ce droit. Finalement, son imagination n'avait pas rendu justice à Syria... Des humains,e lle tenait un côté volptueux, absent de chez les elfes. Et ce serait mentir que de dire que cela ne plaisait pas à l'hybride. Bouche bée, il observa l'entrée dans l'eau de la jeune femme, puis ses quelques brasses.

Il prit une brusque inspiration et ferma les yeux, totalement troublé. Il n'avait jamais regardé Syria avec concupiscence, même quand il lui avait fait des avances sur le ton de la plaisanterie. Mais là... Là, il n'était qu'un vulgaire mâle complêtement dévoré par le désir. Impossible de reprendre ses esprits et de reprendre le contrôle de son corps. Malgré ses tentatives. C'était un rêve, ça ne pouvait être qu'un rêve sorti tout droit de ses délires... La drogue était peut-être trop forte et son cerveau déraillait, lui faisant prendre le chimérique, pour la réalité?

Sa haute silhouette se détachait sur le pont, bien visible par Syria, mais il n'y avait même pas pensé. Et il oscillait entre l'envie de fuir et celle de la rejoindre. Aussi resta-t-il immobile. Un bon compromis, non?

L'eau faisait doucement son effet, imprimant a sa peau sa marque salée mais surtout, sa froideur qui, avouons le, était des plus utile. Un a un, ses sens s'apaisèrent, une accalmie après la tempête qui les avaient emportés plus tôt. Ceci dit, elle était satisfaite, pour le moment, tout se déroulait comme prévu, mais elle demeurait prudente, on était pas a l'abri d'un coup du sort...Style, elle n'aurait pas imaginé que sa proie se promenerait impunément juste vêtu d'un pantalon. Pour une fois, elle maudit son ascendance qui lui donnait une vue parfaite dans la pénombre et une acuité que peu d'humain pouvait posséder. Un coup d'oeil en coin lui suffit pour distinguer la haute silhouette sur le pont, un autre pour savoir qu'il la regardait et encore un pour prendre consience qu'il s'exhibait a son grand dam.

...Ils étaient fermement dessinés sous ses doigts, en courbes puissantes, en déliés abrupts. Une carte sensuelle qui dévoilait ses attraits, se laissant flatter et savourer dans un gémissement presque hautain. Des vallées aussi douces qu'elles pouvaient être indomptables n'offrant qu'un instant généreux le droit a ses intentions...

Elle déglutit avant de plonger la tête sous l'eau, histoire de se laver de certains souvenirs récurents et de reprendre contenance, merde ! Ce n'était pas elle qui devait fantasmer ! Sortant la tête de l'eau, elle inspira profondément et se décida a sortir, sinon, elle finirait congelée a ce rythme...Quoique, pas sur, songea-t-elle en jettant un dernier coup d'oeil sur le pont, non, elle ne se rinçait pas l'oeil ! Elle vérifiait juste la réussite de son petit stratagème.

Sirya minuta presque le temps qu'elle mit a se vêtir a nouveau, il ne fallait pas que ce soit trop long, car cela en deviendrait suspect, mais pas trop rapide non plus. Baissant les yeux pour fermer le dernier bouton de sa chemise, elle remarqua sans peine que son corps réagissait...Au froid ! Oui, voilà, juste au froid ! Du moins, c'était une bonne excuse si celui ci venait a la trahir ouvertement. Tirant un peu sur l'ourlet de la chemise qui, lentement s'imbibait d'eau, elle redressa la tête et planta sans frémir ( ou presque ) ses yeux bleus dans ceux qui l'observaient. Elle prit soin de ne rien laisser transparaitre, ni agacement, ni sourire entendu puis, elle reprit le chemin du bateau d'une démarche tranquille et sereine. Bon sang ! Elle devrait pensé a se reconvertir le jour où Eris ne l'envouterait plus ! Une vraie comédienne. Débarquant sur le pont l'air de rien, elle s'approcha de Gabriel et :

-Tiens, déjà levé ? La prochaine fois, viens me rejoindre au lieux de mater d'en haut.

Cela aurait pu sonner comme une invitation a la débauche si le ton de sa voix n'était pas demeuré d'un plat absolu et son regard froid et absent. Un peu comme si elle ne voyait rien de mal a se baigner a deux. Cela dit, elle préféra éviter d'imaginer un tel instant, elle savait que si elle le faisait, elle flancherait lamentablement et risquait de déraper. Elle repoussa une mèche de cheveux volage de son front et sembla réfléchir quelques instant avant d'ouvrir de nouveau la bouche.

-Bon, si tu es réveillé, suis moi, s'il te plait, j'ai besoin de toi.

Un ordre ? Non, elle avait modulé sa voix de telle manière que cela ne sonna pas ainsi, tout juste si elle frôlait la limite entre la politesse et l'ordonation, soit, mais la politesse l'emportait tout de même. Il ne fallait pas le braquer non plus, sinon, la moitié de son plan tombait a l'eau. Lui tournant le dos, elle prit le chemin de sa cabine mais se retourna légèrement avec un sourire en coin sur les lèvres.

-Je t'offrirais un thé d'Alëandir pour te remercier, on ne pourra pas me traiter d'ingrate.

Puis, elle reprit sa marche sans plus s'occuper de lui, croisant les doigts interieurement pour qu'il la suive. Elle prénétra dans sa cabine, se baissant un peu pour éviter le luminaire a huile qui était supendu par quatre chaine au plafond et laissa la porte ouverte derrière elle...Allez quoi ! Un petit effort !

Elle allait le tuer à s'exhiber ainsi... Maudite tentatrice! Et pourquoi ne détournait-il pas le regard et ne retournait-il pas dans sa cabine plutôt que de la regarder encore et encore, d'une façon qui était tout sauf discrète? C'était ce qu'il devait faire, mais ses jambes refusaient de lui obéir et ses yeux de se retourner. Non, il regardait la nymphe des eaux comme un possédé et ne put s'ébrouer et retrouver ses esprits que quand elle arriva à sa hauteur après s'être rhabillée (ce qui, au passage, imbibait sa chemise d'eau et moulait de façon prononcée son corps d'albâtre).

Il s'ébroua et cligna des yeux, comme s'il s'éveillait d'un rêve et ouvrit la bouche pour répondre à l'effrontée qui l'avait aguichée de si odieuse façon avant de lui battre froid.

- "Je te pensais plus discrète que cela Syria, tu as fait un boucan à réveiller les morts. Et non merci, je préfère mater que d'aller me plonger dans une eau glaciale."

Cela dit, ça aurait eu pour effet bénéfique de calmer ses ardeurs. Appuyé contre le bateau, cela ne se voyait pas, mais il était mal à l'aise d'être la proie d'un désir si violent pour elle.

- "Très joli spectacle au demeurant."

Et là, même si son ton suintait l'ironie, il était on ne peut plus sérieux. Et encore, joli était vraiment un euphémisme, mais il n'allait pas à se mettre à baver devant elle et ramper à ses pieds quand même! Et comme si de rien n'était, elle lui demanda de la suivre, ayant besoin de lui. Comme s'il ne venait pas de la voir nue... Quelle drôle de fille.

- "Pourquoi faire?"

Méfiant? Non, quelle idée! Mais l'idée de s'enfermer avec elle quelque part après ça lui semblait soudain aussi séduisante intolérable. Il ne résisterait jamais.

- "T'as rien de plus fort qu'un thé?"

Sans être alcoolique, il n'était quand même pas un buveur de feuille de thés. Pas assez sylvain pour ça. Enfin, il s'en contenterait!

- "Ca va, pas la peine de m'offrir un truc en échange, je te suis."

Grave erreur, sans aucun doute, car bientôt, il se retrouva seul avec Syria, dans sa piaule. La porte se referma derrière lui et il se composa un masque neutre d'indifférence étudiée.

Piégé.

- "Alors?"

-Plus discrète ? J'avoue, j'étais mal réveillée.

Répondit elle avec un haussement d'épaule laconique. Non, mais elle n'allait pas lui dire qu'elle l'avait fait exprès non plus. Ceci dit, elle savait que cela pourrait surprendre, il était rare qu'elle fusse bruyante.

-Contente que ça t'es plut.

Et encore, ce n'était que le début, il n'avait pas idée de jusqu'à quel point elle pouvait aller. Trop fière ? Oui, certainement, mais il avait eut le chic d'écorner son orgeuil et ça, ça c'était tout simplement intolérable. Une petite voix lui chuchotait quand même que c'était qu'une pauvre excuse a deux écus, mais elle la fit taire, préférant se raccrocher a l'idée qu'elle ne préparait qu'une petite vengeance mesquine. C'était bien plus simple comme ça que de s'avouer une certaine faiblesse.

Donc, ce fut l'esprit tranquille (ou presque) qu'elle lança son hameçon. Et le poisson mordit allégrement !

-J'ai un petit soucis sur une route commerciale et comme tu connais la MM mieux que moi...

précisa-t-elle en balayant l'air d'une main désinvolte, puis, elle ouvrit le chemin jusqu'à sa cabine sans relever tout de suite ses objections quant au thé. Ah mais si ! Il en boiera !

La porte se referma derrière lui. Finalement, au fond, était ce une bonne idée ? Elle se morigéna intérieurement, elle n'avait pas tout planifié pour reculer a la première alerte ! Mais quelle alerte en même temps. Gabriel semblait envahir tout l'espace rien qu'en se tenant debout au milieu de la pièce. Là, elle eut conscience du lit en friche fixé contre une cloison, de sa tenue légère et de celle du Second. Allant chercher un pantalon dans sa malle, elle profita d'avoir le visage dans le coffre de bois pour fermer les yeux quelques instants et se préparer un masque d'indifférence aimable malgré la tension subite qui venait de s'emparer d'elle. Elle ne sut pas comment elle réussit a garder un calme apparent aussi réussit, mais toujours est il que quand elle se retourna avec son pantalon en main, son visage n'exprimait rien de spécial.

-Retourne toi s'il te plait, la carte qui me pose problème est derrière toi.

Excès de pudeur ? Non, mais il fallait qu'elle puisse jouer sur l'imagination, c'était un peu risqué ceci dit. Rien ne lui indiquait que l'hybride ai littéralement baver sur elle n'est ce pas ? Elle avait eu beau scruter ses yeux ou même déchiffrer ses expressions, il avait gardé un masque froid et poli. Et si elle se plantait ? Elle se savait belle oui, désirable, certainement, mais elle n'était pas la seule dans ce bas monde...

-Il me manque une ou deux routes secondaires, je le sais et je me dis que tu dois les connaître.

Continua-t-elle sur le ton de la conversation tout en enfilant son pantalon comme il n'y avait aucun homme au capital érotique poussé a son maximum dans sa cabine. Belle performance quand même. Elle troqua sa chemise usée contre une autre plus seyante mais moins amusante.

Quelques minutes plus tard, elle colla entre les mains de Gabriel une tasse fumante et dit avec un sourire en coin :

-Ce n'est pas de l'alcool, mais il faut se méfier des préjugés quand aux boissons elfiques.

Elle même s'était versé une tasse mais a la différence prêt que la sienne était.. « innocente ». D'ailleurs, innocente, elle ne l'était pas du tout en appuyant ses fesses sur la table, sirotant sa boisson d'un air absent en ayant calculé l'espace qui les séparait de telle manière qu'il serait forcément obligé, si il se penchait sur la carte en question, de la froler.

- "Ca te prend souvent de te lever en plein milieu de la nuit pour un bain de minuit? Besoin de te rafraichir les idées dans l'eau glaciale?"

Il ironisait, sans savoir qu'il était dangereusement près de la vérité. Mais cela ne lui effleurait même pas l'esprit que ça puisse être le cas. Pas avec Syria. Pas avec miss iceberg.

- "J'avoue, c'est une bonne façon de commencer la journée."

Lui qui était plutôt de mauvais poil, ce spectacle l'avait émoustillé et mis dans de meilleurs dispositions, même s'il restait un sentiment de frustration qui n'était pas prêt de le quitter... Et voilà que la bougresse l'invitait à la suivre jusque dans ses quartiers pour une histoire de carte. Un peu méditatif, il se contenta de hocher la tête, jetant un coup d'oeil au tatouage qui ornait le creux de son poignet, par réflexe. D'ordinaire, il était dissimulé par un large bracelet de cuir, mais en pleine nuit et sur le navire, il le retirait.

Ils se retoruvèrent bientôt dans la chambre de la demie elfe et il se sentit soudain étriqué dans cet espace confiné qui exudait son parfum. Surtout quand il voulut prendre une profonde inspiration et que ses poings se serrèrent, à la vue de la croupe offerte de Syria. La chemise cachait l'essentiel, mais pas la rondeur naissante d'une fesse ainsi positionnée. Par Eris, il allait la rejoindre et la prendre derechef par derrière si elle ne se redressait pas! Mais Eris l'entendit et Syria se tourna vers lui, un pantalon dans les mains. Il lui jeta un regard étrange, avant de sourire à moitié :

- "Ce n'est pas comme si tu ne venais pas de te balader nue devant moi il y a quelques minutes..."

Cela dit, il haussa les épaules, affectant une indifférence parfaite et se retourna comme demandé. Cela ne se vit pas, mais il dut y mettre une sacrée dose de volonté pour seulement détourner le regard. Surtout qu'il entendait le tissu se froisser et qu'il imaginait fort bien Syria retirer sa chemise, puis en mettre une autre, enfiler son pantalon... Aïe, voilà que son corps le trahissait davantage encore. Il s'approcha de la table, qui dissimulait la partie de son anatomie qui le mettait à mal et se concentra sur la carte, pour oublier les divagations de son imagination.

Il n'en sortit que quand Syria lui mit une tasse de thé entre les mains. Il haussa un sourcil ironique face à la boisson, avant de humer son arôme, méfiant. Finalement, il porta la tasse à ses lèvres et en but une gorgée, bouillante. Mais c'était quand même plutôt bon.

- "Ouais, c'pas mauvais ton truc."

Il posa sa tasse sur la table et se pencha pour observer de nouveau la carte, sauf que cette fois, sa peau toucha celle de Syria et qu'il frissona violemment, comme s'il avait reçu une décharge éléctrique. Il regarda subitement Syria, espérant qu'elle n'avait pas perçu son trouble et se racla la gorge pour reprendre contenance. Il glissa un index sur la carte, avec délicatesse pour ne pas la tâcher et fit sourir une ligne imaginaire.

- "Là, il manque une petite route. Et là également. Mais sinon... Excellent boulot, tu as un sacré coup de crayon Syria. A quand la rose des vents sur ta peau?"

-Cela m'arrive souvent oui.

Fit elle tranquillement en se demandant si Môsieur rangerait cette information dans un coin de sa tête pour, qui sait !, en profiter.

-L'eau a l'avantage de me délasser après avoir passé une partie de la nuit penchée sur une table.

Elle lui laissait tout loisir de choisir de quelle manière elle pouvait bien être penchée. Elle allait finir par se bruler a force, se dit elle, mais cela n'entama pas sa determination, chose qu'elle avait hérité de son père d'ailleurs. Elle ne réagit que par un haussement de sourcil a son appréciation, mais n'en savoura pas moins l'aveu, même si il n'avait l'air de rien. Attends mon tout beau, tu n'as encore rien vu.

L'attirer dans sa cabine lui parut être une vraie partie de plaisir, dans le sens propre comme au figuré d'ailleurs. Ceci dit, elle ne fit pas l'erreur de croire la victoire proche, que non, Gabriel pouvait lui concurrencer son titre de reine des glaces, surtout qu'il ne laissait absolument rien transparaitre.

Forcément, il lui fit une remarque sur sa soudaine pudeur alors qu'elle s'exhibait tranquillement sur la plage. Souffler le chaud et le froid, une bonne tactique paraît il mais restait a savoir si cela marchait réellement.

-Ce n'est pas comme si j'avais un spectateur.

Rétorqua-t-elle sans paraître vexée ou prendre ombrage, comme si ça la laissait indifférente, ce qui était loin d'être le cas. Elle boutonna son pantalon et, après avoir fourré entre les mains du Second une bombe a retardement, s'installa contre la table et cela ne rata pas. C'était prévu, seulement ce qu'elle n'avait pas du tout prévu serait l'effet que cela lui procurerait. Oh merde ! Elle s'écarta d'un pas qui se voulait négligeant alors qu'en fait, elle avait retenu de justesse un saut de côté des plus...euuh...Malhabile et surtout qui l'aurait trahie. Elle le vit boire une gorgée de son thé et elle cacha un sourire mesquin dans sa propre tasse, pitié ! Faites qu'elle ne se soit pas plantée dans les mesures ! Elle ne savait pas quels seraient alors les effets, ses iris retrécit sous l'attention avec lequel elle le dévisageait, elle prit quelques secondes pour comprendre de quoi il parlait...Ah oui ! Manquerait plus qu'elle oublie son excuse ! De quoi aurait elle l'air ?

Machinalement, elle baissa les yeux sur son croquis et tomba sur les mains de l'hybride lui montrant indiquant les tracés « oubliés ».

...Ils étaient magiques, impérieux et arrogant, comme lui pouvait l'être, ils s'appropriaient sans gênes ses formes, les couvrant, royals, les matant, clamant sans honte le contraste de leur peau. Elles étaient toutes puissantes en forçant ses cuisses tremblantes. Soumettant peu à peu la chair qui leur était offertes, laissant derrière elles des milliers de brasiers incandescents...

Une perle de sueur coula le long de son dos. Diantre ! S'était elle trompé de tasse ? Elle douta soudain et regarda avec attention son recipient...Non pourtant, elle ne c'était pas trompée, alors c'était pire qu'elle ne le pensait...

-C'est bien ce que je pensais.

Fit elle en maitrisant le tremblement de sa voix a la perfection. Elle eut un léger sourire a la mention de la Rose.

-Un jour peut être...Mon père aurait voulu que je le fasse de son vivant, mais j'ai voulu attendre. On verra bien. Et puis, entre nous, je ne saurais pas où le mettre ce foutu tatouage.

Hop, elle en rajoutait une couche, le forçant a passer mentalement en revu son corps, enfin, en espérant que c'était ce qu'il était en train de faire bien sur.

Un sourire narquois recourba les lèvres du Second à la réponse de Syria, surtout concernant la table. Allons, allons, un peu de tenue, ce n'était surement pas de cette façon détournée qu'elle parlait!

- "Tu travailles trop... Mais tu sais, un massage vaut mieux encore qu'un bain glacé..."

Il avait dit cela d'un ton assez plat, comme si c'était une simple constatation et pas une proposition. Et pourtant, les dieux savaient que cela ne l'aurait pas dérangé outre mesure de poser ses mains sur le dos de la demie elfe et de le pétrit jusqu'à l'entendre soupirer d'aise. Cette pensée érotique le mit mal à l'aise. Ce n'était pourtant pas souvent qu'il se laissait aller à fantasmer ainsi sur une femme! Lui qui reprochait ce travers à Sepiida, voilà qu'il se faisait avoir également! Certes Syria était belle, mais tout de même, il n'était plus un jouvenceau facilement manipulable! Il savait retenir ses instincts! Sauf que la belle demie elfe mettait à mal son contrôle de lui-même, il ne pouvait le nier.

Elle était dangereuse.

Il se concentra sur la carte, malgré la porximité de la jeune femme qui l'empêchait de penser clairement. Il avait l'impression qu'elle envahissait son espace vital, qu'elle ne lui laissait rien à lui. Elle était près, trop près pour que cela ne soit pas sans incidence sur son anatomie. Il lui fit alors une remarque sur la rose des vents et elle s'amusa à lui demander indirectement où elle pourrait se le tatouer. De nouveau, il lança un coup d'oeil réflexe à son propre tatouage, niché au creux de son poignet, avant de regarder Syria de haut en bas et de bas en haut, comme pour visualiser son corps et chercher effectivement où l'on pourrait mettre la rose.

- "Il y a des tas de possibilités... Tout dépend de ce que tu souhaites... La nuque, sous les cheveux, le dos, le hanche, le creux de la cuisse..."

Sa voix dérapa légèrement alors qu'il énumérait les zones. De plus en plus intimes et sensibles. Et son imagination s'emballait. il avait soudain la bouche pâteuse et tendit la main vers sa tasse pour tenter de s'hydrater. Tasse qu'il vida finalement d'un trait. Il avait chaud, trop chaud, malgré son torse nu. Et surtout, passez-moi l'expression, il bandait comme un taureau. C'était de plus en plus dur et douloureux, sans motif valable. Non, là, il ne se sentait vraiment pas bien et surtout, il était géné qu'elle puisse deviner son émoi.

- "Hum, bien, je suppose que c'était tout ce que tu avais à me demander?"

Il tentait de maitriser sa voix, altérée par son désir de plus en plus impérieux. La tpete commençait à lui tourner. C'était vraiment étrange... Un peu comme un surdosage de drogue... Oh merde, il n'avait pas pensé à ça.

- "Syria... Il y a quoi dans ce thé?"

Une plante qui ne se mariait pas bien avec ce qu'il consommait habituellement? Evidemment, il était loin de se douter qu'elle y avait glissé un aphrodisiaque, et qu'il en subissait les conséquences... Mais pas tout à fait de la façon dont elle l'avait imaginé.

-Se sont des zones particulièrement sensibles...Je suis douillette, mais j'y penserais.

Fit elle perfidement sans pour autant que l'on puisse deviner la vilenie de ses pensées. Mais a son oreille sensible résonnait certain accord qui lui firent toucher la victoire du bout des doigts. Elle retint tout de même un sourire, attendons un peu et là oui, elle pourrait administrer le coup de grâce...Cela dit elle n'avait que sa voix comme point de repère étant donné qu'une certaine table lui cachait la preuve, ou non, de la réussite de son stratagème. C'était frustrant, parce qu'elle savait qu'elle ne pouvait pas tout a fait se fier au son de sa voix.

-Oui, c'est tout, merci pour ton aide, elle fut...précieuse.

Elle ne résista pas a glisser une petite pointe de machavalisme dans sa voix, mais se retint d'exploser quand même. Rien n'était joué encore, il fallait qu'il la supplie, là serait sa victoire complète et écrasante. Restait a savoir si elle aurait la force de le repousser froidement et ça, elle n'en était pas franchement sûre. Elle alla poser sa tasse sur une petite desserte et faillit trébucher bêtement en entendant Gabriel lui demander la composition du thé. Machinalement, elle jeta un oeil sur la recette a moitié visible écrite en langue elfique par sa mère...Et là, là, elle sut qu'elle avait provoquer une catastrophe...Et merde ! Elle avait inversé deux ingrédients ! Doublant les doses pour l'un et les divisant pour l'autre ! Triple buse ! Elle retint de justesse un juron avant de se retourner pour regarder le Second, un air légèrement inquiet sur le visage. Merde, de merde, de merde !

-Se qu'il y a dedans ? Oh, c'est une recette que ma mère m'a transmise, si ça peut te rassuré, il n'y a rien de toxique, n'aie donc crainte pour ta vie.

Elle avait dit ça avec un léger amusement ironique, mais en détaillant les traits du Second, elle sut que quelque chose n'allait franchement pas.

-Gabriel ? Tu te sens bien ?

Question débile, ça se voyait qu'il ne se sentait pas bien ! Foutu aphrodisiaque raté ! Elle aurait du demander a sa mère de lui faire le mélange, elle n'en serait pas là !

- "Toi douillette? Je ne l'aurais pas cru."

Et il n'y croyait pas au demeurant. Par contre, il se voyait bien tatouer la jeune femme en des zones que la décence lui interdisaient d'approcher... Oh oui, il imaginait très bien la scène, avec ce qu'il fallait d'érotisme pour lui fouetter les sangs. Ce serait quelque chose d'intime et sensuel, sans aller au delà, sans aucun doute.

- "De rien."

Il devait se concentrer maintenant, pour éviter de se sentir vraiment mal. Merde alors, qu'est-ce que c'était que ce truc qu'elle lui avait fait avaler? Du thé, simplement? Ou bien un truc un peu moins innocent? Non, parce qu'un thé n'aurait pas du avoir cet effet là sur lui... Qu'il soit très en forme au point de craquer son pantalon, encore, cela devait venir de la tension sexuelle étouffante dans cette pièce confinée... Mais la bouche pâteuse et les vertiges, il ne voyait vraiment pas. Et il ne s'était pas planté en prenant ses drogues, de cela il était certain. Il jeta un regard un peu trop brillant à Syria quand elle lui assura qu'il n'y avait rien de dangereux pour lui là dedans. Son teint mat était beaucoup plus pâle que d'habitude. Il se retenait de lui demander si cela pouvait intéragir avec d'autres plantes, mais ce serait là lui livrer une partie de lui-même et il en était hors de question. Sauf s'il mentait plus ou moins... Elle lui demanda alors s'il se sentait bien et un mince sourire se dessina sur ses lèvres, qui indiquait tout le contraire.

- "Non, pas vraiment."

Bon, il fallait qu'il trouve une solution. Il ne pouvait pas rester accriché à la table encore longtemps, ses jambes semblaient s'amollir sous lui et il aurait été de mauvais ton de s'effondrer devant elle. Cela aurait été de la faiblesse et les dieux savaient qu'il méprisait cela! Rejoindre le lit pour s'asseoir? Oui, mais il risquait de s'étaler sur le chemin. Il fallait pourtant bien trouver... Il prit une inspiration et se retourna pour aller jusqu'au lit, en titubant à moitié. Pas facile de marcher droit quand la pièce tourne autour de vous... D'ailleurs, cela devait donner un drôle de spectacle, lui d'habitude si assuré dans ses gestes et sa démarche. Tant bien que mal, il s'affala sur le lit, avant de se prendre la tête entre les mains, les coudes sur les genoux. Respirer... Il devait respirer en attendant que cela passe. Il ne manquerait plus qu'il vomisse là tiens.

- "Rappelle moi de t'étrangler dés que je pourrais. Ou de te noyer dans ton thé."

Sa voix était étouffée, alors qu'il parlait du bout des lèvres.

Et voilà, ce qu'elle craignait, il était plus malade qu'excité. Ah bravo ! Pour une prêtresse d'Arcamenel, elle faisait honte a son culte là. Les lèvres pincées, elle le vit se déplacer en titubant pour venir s'avachir sur son lit. Elle n'en revenait pas, tout ça pour rien !? Elle avait tout orchestré d'une main de maitre pour quoi ? Pour qu'il soit dans son lit oui, mais au bord de la nausée. Et maintenant que faire ? Hin ?! Il n'était pas sensé être malade ! La plaie !

-Arrête, tu es terrifiant dans tes menaces.

Fit elle platement en cherchant une solution a son problème. Voyons, soit elle le trainait jusqu'à la cabine qu'il occupait, soit elle appellait un membre d'équipage pour l'aider ( vu la carrure du monsieur..) Soit...

-Allonges toi, je n'ai pas envie que tu souille mon plancher.

Dit elle en s'approchant et en posant ses mains sur ses épaules dans l'intention de le pousser vers l'arrière. Elle déglutit légèrement quand même en sentant sous ses doigts la peau nue et froide de l'hybride et dire qu'elle avait passé la moitié de la nuit a y enfoncer ses ongles, le corps secoué de tremblements délicieux...Ouais, enfin, ce n'était pas le moment de fantasmer non plus !

Monsieur ne se laissant pas faire, elle passa a la menace directe.

-Si tu ne le fais pas maintenant, j'appelle Teoh pour qu'il m'aide a te remettre dans ton lit !

Sans vraiment savoir que heurter la fierté de l'hybride était l'une des seule manière de le faire flancher, elle cru que c'était par faiblesse qu'il finit par s'allonger. D'une main adroite, elle le couvrit d'une fourrure et par la même rata la preuve indiscutable d'une réussite certaine, étroitement exprimée par un pantalon de cuir. Dommage. Et maintenant hin ?!

-Je ne te pensais pas de faible constitution quand même quelques feuilles de thé ou hop, il n'y a plus personne.

Se moqua-t-elle en allant vider le récipient qui avait contenu sa petite mixture, l'air de rien.

- "Je serais terrifiant quand je les mettrais à exécution."

Sa voix vibrait de colère contenue. Une colère pourtant sourde. Il n'avait pas haussé la voix, il n'avait pas besoin de cela. Même si, en l'occurrence, il ne ferait aucun mal à Syria, du moins, pas ainsi.

- "Quoi?"

Il releva la tête, un peu trop vivement et ferma un instant les yeux alors que le monde tanguait autour de lui. Il avait mal compris là, non? Elle n'allait pas le faire s'allonger sur son lit à ELLE. Il sentit ses mains sur sa peau nue et un frisson violent secoua son corps alors qu'il faisait de la résistance, par fierté mal placée et esprit de contradiction. Quand elle passa aux menaces, il ouvrit la bouche pour répliquer mais rien ne lui vint, alors il la referma et jeta un regard noir à Syria.

- "Si tu fais ça, je te jure que je te jette par dessus bord."

Mais elle avait gagné. Une seule personne assistant à son humiliation, ça suffisait, pas besoin de rajouter le drow qui ne manquerait pas de lui casser les pieds avec ça chaque fois que possible. Elle le couvrit d'une fourrure, comme un enfant, accroissant son irritation, mais il se contenta de pincer les lèvres, encore plus pâle. Il avait l'impression qu'un éclair de feu lui déchirait le crâne maintenant. Et cette maudite tension dans le bas ventre... Cela dit, il trouva quand même la force de râler :

- "Tu me fais chier Syria."

C'était dit. Et maintenant? Il n'allait pas passer la nuit là quand même? Enfin, le restant de la nuit... Mais c'était peut-être préférable à lui demander de le raccompagner et s'étaler devant l'équipage...

- "Il y a peut-être un truc là dedans qui ne va pas avec une partie de mon sang..."

Le sang drow, évidemment.

-Blabla, on en reparlera quand tu sera capable de te lever.

Dit elle avec mesquinerie sachant très bien qu'a l'heure actuelle, il ne pouvait pas lui faire grand mal. Elle le regarda deux seconde sans rien dire. Quelque part, elle était arrivé là où elle le voulait mais pas tout a fait comme elle le voulait. La tragédie de toute une vie, songea-t-elle ironiquement. Le pire étant qu'elle se demandait si il serait capable de la jeter la tête la première dans l'océan et la réponse que lui chuchotta son subconscient lui fit légèrement froid dans le dos.

-Je fais chier beaucoup de mâles, Gabriel.

Et le pire étant que cela la faisait rire bien souvent. Quoique dans ce cas là, elle ne pouvait que constater le ratage complet de son plan. Lamentable. Mais comme quoi, le hasard se mêle toujours de tout. Mais n'allez pas croire qu'elle allait abandonner aussi facilement, oh que non !

Elle se contenta de hausser une épaule a la mention des herbes. Non aucuns soucis en soit, juste elle qui avait...merdé comme on dit.

-Va savoir ! Mais en attendant, tu es coincé dans mon lit et ça ne m'arrange pas.

Même si j'en rêve depuis des lustres, mais ça, elle n'allait pas le dire, certainement pas ! Pas tant qu'elle ne l'aurait pas rampant et bavant a ses pieds.

-Si tu sors d'ici déssappé comme tu l'es, je vais encore devoir latter quelques fondements.

Soupira-t-elle de nouveau en se demandant comment elle pourrait dormir la nuit prochaine avec le parfum de Gabrie sur ses draps ? Toute une nuit...Par Arcamenel !

- "Et t'en es fière?"

Remarquez, qu'elle soit aussi chiante expliquait pourquoi on ne la voyait jamais en compagnie d'un homme. C'était aussi attirant qu'énervant. Et là, il était davantage courroucé qu'autre chose, surtout parce qu'il n'était pas en pleine possession de ses moyens. Enfin, de certains, si, songea-t-il en sentant le désir qui se faisait de plus en plus douloureux.

Il lança un regard en coin à la demie elfe alors qu'elle râlait concernant son lit. Avec un sourire narquois, il repoussa légèrement les couvertures et s'éloigna un brin, avant de répliquer :

- "Mais je t'en prie, fais comme chez toi."

Oserait-elle le rejoindre et venir se coucher près de lui? N'était-ce pas jouer avec le feu que de la provoquer ainsi? Parce que si elle acceptait, il risquerait fort de ne plus se contrôler... Quoique le fait qu'il soit malade pouvait l'empêcher de faire une bêtise.

- "T'inquiète pas, ta réputation sera sauve va."

Un sourire plus amer recourba ses lèvres alors qu'il reprenait, ironique :

- "Merde, pas de chance quand même, je me retrouve dans ton lit et je n'en profiterais même pas. La vie est cruelle."

Et il ne plaisantait qu'à moitié. Mais la demie elfe ne pouvait pas le savoir, quoiqu'elle devait bien avoir conscience d'être un objet de fantasmes, non?

-A ton avis ?

Rétorqua-t-elle avec un léger sourire en coin des plus hautain. Oui, elle savait parfaitement l'effet qu'elle pouvait faire et soyons franc cela l'amusait au plus haut point. Et là, LA ! Il osa ! Enfoiré !

Elle plissa les yeux et sa machoire de contracta violemment. Encore un peu et elle aurait fait un pas en avant.

-Oh ? Serais tu finalement comme les trois quart de l'équipage ?

Ironisa-t-elle en levant le menton avec un sourire suffisant, horriblement dédaigneux, mais c'était ça où elle sautait dans le lit sans plus tergiverser et là, cela aurait été la catastrophe.

-J'ai un sérieux doute, mais il me sera facile de la rétablir.

Ouais, façon de parler. Elle ne pouvait pas dire franchement que môsieur était malade et ne pouvait se lever...De toute façon, personne ne la croierait, c'était desespérant.

-Ouais, on va dire ça, mais si j'entends la moindre rumeur, Gabriel, je t'émascule !

Ça avait le mérite d'être clair et se n'était même pas dit d'un ton énervé, non, d'un ton plat qui renforçait, si possible, la menace. Ceci dit, qu'il serait facile de se glisser entre les draps...Si facile...Elle se secoua mentalement. Il lui fallait garde la tête froide ! C'était indispensable ! Rira bien qui rira le dernier.

- "Ouais, je suppose que t'adores ça d'être une casse couilles de première."

Il avait répliqué d'une voix blasée. Cela dit, son cerveau fonctionnait encore un peu et il se vengea en lui proposant innocemment de venir dormir près de lui puisqu'il lui piquait sa paillasse. Il guetta sa réaction, se demandant si la froide Syria l'était finalement tant que ça au vu des commentaires qu'elle faisait parfois. Elle pensait sexe en tous les cas, à défaut de le vouloir.

- "Le trois quart de l'équipage veut te baiser. Moi, je te propose juste de dormir."

Un sourire malin recourba les lèvres du second alors qu'il reprenait avec morgue :

- "Mais si tu songes à plus, ma belle, je suis aussi disponible."

Et quel effort il faisait pour se contenir! Il avait une envie folle d'elle et était plus que prêt à faire ce que l'équipage voulait lui faire. Et s'il le faisait, ce serait sans douceur, mais brutalement et assez rapidement, au vu de son état.

- "Tu me vexes Syria... Me crois-tu homme à me vanter de ce genre d'exploit?"

Oui, bon d'accord, la modestie n'était pas sa principale qualité, mais Syria savait que niveau femmes, Gabriel était plus que discret. A se demander des fois s'il avait des rapports sexuels étant donné qu'il n'en parlait jamais, même avec les autres gars et qu'on ne l'avait pas vu depuis un bail avec une femme.

- "Ta réputation de frigide ne sera pas entachée va..."

Il ferma les yeux, luttant contre la nausée. Putain, qu'est-ce qu'il se sentait mal, pas possible que son maudit thé soit à l'origine de ces symptomes quand même? Il avait presqu'envie de demander si c'était pas un aphrodisiaque, mais ce serait avouer qu'il bandait comme un fou et qu'il avait envie d'elle à en crever et il ne pouvait s'abaisser à cela, évidemment.

- "Syria, t'as pas un truc contre les nausées par hasard? Et ne me resort pas ton thé ou, malade ou pas, je t'étripe."

Elle eut un reniflement hautain. Bien sur qu'elle adorait ça, elle les tenait pas les parties, enfin, pour la plupart. Alors il aurait été idiot de ne pas en profiter.

-Mmmh...Quelle délicatesse dans tes propos, Gabriel.

Baiser...Rien que ça. Oui, certes, c'était un terme parfaitement adapté si on ne regardait que la partie technique. Faire l'amour, c'était pour les romantiques qui avaient le coeur victime de palpitations. Ceci dit, elle se sentit légèrement agressée par ce mot. On ne la baisait PAS, on avait de la chance, ce n'était pas pareil. Autant la rabaisser au rang de putain pendant qu'on y était.

-C'est généreux de ta part de te mettre a ma disposition, on ne sait jamais, si l'envie m'en prends.

Ironisa-t-elle en allant s'installer a moitié sur une chaise trainant dans les parages. Puisque le lit était prit et qu'il était hors de question qu'elle s'en approche a moins de 30 cm, elle n'avait plus vraiment le choix.

-Par Eris, une perle rare ?

Se gaussa-t-elle en haussant une épaule, balançant une jambe sur l'accoudoir du fauteuil, un air narquois sur le visage. Bon, c'était un fait qu'elle n'avait jamais entendu la moindre rumeur sur le Second. Oh, elle savait qu'il n'était pas un moine pour autant, mais a part ça, il ne trainait pas la réputation sulfureuse d'Haize. Un bien ? Un mal ? Elle ne savait pas vraiment, mais en tout cas, un sacré défi.

-Oh, frigide ? Amusant, vraiment.

Elle n'en était pas vexée, pas du tout même. Frigide, iceberg et j'en passe, elle les avait entendu et même compter le nombre de paris qui avaient couru sur sa capacité a écarter les cuisses. Autant dire que certains avaient perdu des fortunes...Donc que Gabriel le croit ne la surprit pas vraiment, cela dit, il ne savait certainement pas a quel point sa simple présence faisait fondre la glace au point d'en faire un nuage de vapeur. Elle serra un peu les dents, légèrement agacée de ses propres réactions.

-Tout ce que je pourrais te donner serait sous forme de thé, Gab'. A moins que tu n'ai envie de macher quelques feuilles crues bien sur.

Gabriel lança un regard étrange à Syria alors qu'elle lui faisait remarquer son langage peu distingué... C'était assez amusant quand on savait qui il était réellement et quelle éducation ilo avait pu recevoir... Fils d'un noble richissime, demi frère d'un noble encore plus riche, élevé par une servante, certes, mais néanmoins bien élevé. Si Sara était encore de ce monde, si elle l'entendait parler ainsi, de surcroit à une femme, il aurait le droit à une sacrée taloche derrière la tête. Mais elle était morte maintenant e til ne pouvait que se souvenir d'elle et imaginer ses remontrances. Enfant, il avait eu le droit à nombre de punitions quand son langage ou ses manières déviaient. Combien de fois s'était-elle emparée de la pointe d'une oreille fragile pour l'immobiliser facilement et lui faire la morale? Trop de fois... La dernière fois qu'il l'avait revu, elle était mourante et loin de Méca et des pirates, il avait retrouvé, l'espace de quelques heures, ses manières d'antan et son langage châtié. Vite oublié ensuite.

- "Je ne pensais pas que cela froisserait ta fierté Sirya. Ce n'est jamais qu'un mot..."

Il haussa les épaules. Si elle se mettait à tiquer sur ce genre de broutilles, ils n'avanceraient guère. Et puis quoi, c'était vrai, les hommes pensaient juste à la baiser, pas à l'aimer... Syria n'inspirait pas l'amour de prime abord, trop glaciale pour cela, mais ça ne suffisait pas à refroidir les ardeurs pour autant.

- "Je suis quelqu'un de très serviable, entre autres qualités."

Il haussa un sourcil, narquois, alors qu'elle allait s'asseoir sur une chaise, loin de lui.

- "Et bien, tu as peur de moi ou quoi?"

Pourquoi cet éloignement? Craignait-elle quelque chose de lui? Qu'il lui saute dessus? Peut-être sentait-elle qu'il était sur les nerfs et qu'il ne faudrait pas grand chose pour qu'il craque... Bien que la nausée et les vertiges lui permettent de ne pas céder. Un mélange fort désagréable au demeurant. Elle se moqua de lui et de ses assertions concernant la vantardise. Il ne s'en offusqua pas et répliqua, mortellement sérieux :

- "Peut-être."

Il détourna le regard, finit par fermer les yeux pour tenter d'apaiser ses sens échauffés.

- "Amusant? Si tu le dis..."

C'était bien le but non? Si ça ne l'était pas, elle était super douée inconsciemment. Il demanda un truc pour les nausées et elle lui répliqua que s'il ne voulait pas de thé, il faudrait macher les feuilles.

- "File les feuilles."

Il ne voulait plus de thé, ça ne lui réussissait pas. Certes, elle risquait d'être surprise qu'il préfère mâcher des feuilles crues, ce qui est peu ragoutant, mais il avait l'habitude... Qu'elle s'interroge donc, ça l'occuperait.

Froissée ? Grrrr...Abruti congénital ! Pourquoi fallait il qu'il tape dans le mille a chaque fois ? Parfois, elle avait une envie démeusurée de lui claquer le tête juste pour faire disparaître ce sale sourire narquois de la face.

-Ma mère m'a apprit a respecter certaines choses.

répondit elle sibylline en haussant un sourcil. Nul doute qu'il aurait vexée encore plus Luinil si elle l'avait entendu. Après tout, il parlait de sa fille mais plus encore de son culte. Arcamenel était souvent bien incomprit, mais elle allait éviter d'y faire allusion. Son statut de prêtresse n'apparaissait jamais, en premier lieu parce que l'on ne pourrait alors comprendre la distance qu'elle mettait entre elle et les hommes, en second lieu, elle avait la manie de rater ses sorts.

-Pour un peu, je pourrais presque te trouver interessant.

Fit elle platement, par Arcam ! Si seulement elle pouvait le trouver quelconque ! Ça l'arrangerait prodigieusement ! Malheureusement, il semblerait que ce foutu hybride avait le pouvoir de mettre ses hormones sans dessus dessous...

Un éclair insondable traversa ses yeux lorsqu'il la provoqua. Il était perspicace ce con, même si il ne pouvait vraiment se douter d'avoir taper, encore une fois, en plein dans le centre.

-J'ai terriblement peur de succomber a mes instincts primaires qui consisteraient tout bêtement a te sauter dessus comme une chienne en chaleur.

Mange toi ça ! On aurait presque pu la croire sur parole, mais sa voix était demeurée neutre, sans émotion particulière, mais pour une fois, elle disait vrai sur le coup. Et ça faisait du bien quelque part, mais elle avait bien prit garde a ne rien laisser filtrer, un visage de marbre et un demi sourire qui pouvait tout dire ou rien, au choix. Cela dit, ses yeux bleus étaient restés aussi limpide que l'eau d'Eris, rien n'y brulait.

-Amusant oui, m'imaginer frigide est certainement le meilleur moyen de se rassurer après un rateau bien senti. Ou alors se dire que j'aime les femmes...Mmmh...Je crois que j'ai entendu de tout et ça m'amuse oui.

Lacha-t-elle en souriant largement. Elle haussa les sourcils en entendant Gabriel lui demander des feuilles...Crues qui plus est...Elle l'observa quelques secondes, sceptique. Non mais ne lui dites pas que môsieur était foutu d'avaler des feuilles comme ça !? Telle une chèvre ?!

-Franchement, tu prefère pas que je les fasse infuser ? Non parce que le goût n'est déjà pas attrayant comme ça, alors crues...Je tiens a mes draps.

Malgré ça, elle s'était levée et fouillait désormais dans un petit sac de cuir suspendu a un clou fiché dans une poutre. Bon, elle devait avoir ce qu'il fallait pour calmer les nausées, voir alléger une migraine et étant donné que ces propriétés étaient détenues par une seule plante, inutile de faire des mélange hasardeux.

Bien, deuxième épreuve, s'approcher du lit. Elle dégluti discrètement, plaqua sur son visage un air neutre et s'approcha de l'objet de ses tourments d'une démarche tranquille.

-Tiens, mais je te préviens, fais gaffe a mes draps !

Gabriel haussa un sourcil sceptique alors que Syria répondait d'un ton un peu guindé que sa mère lui avait apprit à respecter certaines choses... Certaines choses comme l'amour? Non, ce serait trop risible... Syria était une pirate, une dure à cuire, elle ne pouvait pas croire en ces fadaises n'est-ce pas?

- "Ne me dit pas que tu es une romantique qui se réserve pour l'homme qu'elle aime Syria?"

Il y avait une pointe d'incrédulité et de moquerie dans la voix de Gabriel alors qu'il posait cette question. Il était clair qu'il trouvait ce concept ridicule, surtout pour une fille comme Syria.

- "Je suis déçu Syria, je pensais être intéressant, plus que les autres matelots en tous les cas."

Il avait prit un ton de tragédie en disant cela, comme si les paroles de la belle l'avaient mortellement blessé. Il n'en était rien. Il n'avait pas besoin de la demie elfe pour connaitre sa valeur. Un sourire s'élargit sur le visage blême du second à la répartie de la donzelle :

- "Et bien, succombe Syria, succombe, je veux bien me dévouer pour assouvir tes pulsions."

Et il plaisantait à peine.

- "Un rateau? Si ça te console de penser ça, grand bien te fasse... Cela dit, je serais déçu d'apprendre que tu préfères les filles, quelle perte pour la gente masculine!"

Cela dit, il avait beau badiner avec elle, cela ne parvenait pas à chasser son malaise et il finit par céder en lui demandant quelque chose pour ne pas ruiner les draps de son lit. Il la prit au dépourvu en préférant les feuilles crues au thé, mais peu importe, il ne changerait pas d'avis.

- "Fais ce que je te dis Syria."

Elle s'exécuta finalement et vint jusqu'à lui pour lui filer les feuilles. Il tendit la main jusqu'à elle et frôla ses doigts délicats en s'emparant des feuilles. Une onde éléctrique sembla courir le long de son échine à ce bref contact et il frissonna, mais on pouvait mettre cela sur le compte de son malaise, n'est-ce pas?

- "T'es pénible."

Il n'allait pas vomir sur ses draps bordel! Il mit les feuilles dans sa bouche et se mit à mâcher lentement. Heureusement qu'il avait l'habitude ou il aurait effectivement tout rendu. Les feuilles n'étaient pas faites pour être machées ainsi, mais au moins, il savait à peu près ce qu'il prenait, ce qui n'était pas le cas du thé.

- "Tu n'as pas essayé de m'empoisonner, par hasard?"

Sirya faillit exploser de rire a la réplique de Gabriel, un éclair amusé traversa vivement ses prunelles claires tandis qu'un sourire goguenard fleurissait sur ses lèvres.

-Ais je l'air d'une jeune écervelée qui croit le premier bonhomme venu lui promettant la lune ? Soyons sérieux Gabriel, non ma mère m'a tout simplement apprit a me respecter, suffisement en tout cas pour ne PAS me faire baiser, comme tu dis.

Luinil avait très tôt fait l'éducation sexuelle de sa fille, rendant quelque chose qui, aux yeux des autres pouvait être sale et intime, en quelque chose de normal et necessaire. Non pas que la Grande Prêtresse soit de ses femmes qui s'offre a tout va, ne confondez pas tout hin ! Juste qu'elle tenait l'amour physique comme un plaisir, une joie et non comme quelque chose de honteux. Aussi Sirya avait elle la même approche. Ce qui rendait ses propres actes un peu incohérent. Si elle avait suivit l'enseignement de Luinil, elle se serait tout simplement invitée dans le lit du Second, y aurait passé une nuit et serait passé a autre chose. Si elle avait suivit les conseils de Luinil, elle n'aurait certainement pas eut recours a tout un tas de subterfuges...Mais voilà, la fierté était une chose puissement ancré en elle...Une vraie contradiction.

-Disons que les autres ne savent pas faire taire leur regard.

Répondit elle lentement. Ah ça, elle pouvait tout lire dans leur yeux, de la concupicence, de l'envie, de la colère...Seulement voilà, Gabriel c'était autre chose, il était très difficile de lire son humeur même si la moitié du temps, il se la jouait ironique et blasé.

-Mmmh...Quelle tentation tu représentes a moitié agonisant...Je ne sais pas comment je fais pour résister.

Ironisa-t-elle tout en se posant réellement la question. Comment faisait elle ? Rien que le regarder tranquillement allongé de tout son long sur son lit lui tordait le ventre, sans compter que ce salopard s'amusait a la provoquer sans même sans rendre compte.

-Je ne préfère pas les femmes, bien que leur douceur ne saurait être égalée par celle des hommes...

fit elle perfidement, un rien de sensualité dans la voix, sous entendant qu'elle avait déjà essayé avec une femme et c'était vrai en plus. Une expérience délicieuse oui où douceur et sensualité étaient de mise, mais qui ne l'avait jamais réellement satisfaite. Elle se demandait si l'imagination de l'hybride allait se mettre en branle ou si, tout ça le laisserait finalement indifférent...Rha, elle aurait payé cher pour pouvoir lire dans ses pensées !

Il insista pour avoir ses foutues feuilles et finalement, elle les lui donna en haussant une épaule, mais il avait interet a ne pas dégobiller sur ses draps ! Elle n'avait déjà pas énormément de linge ! Elle n'eut qu'un reniflement hautain a sa mauvaise humeur, et de toute façon, pas sur qu'elle puisse sortir deux mots dans la seconde avec l'empreinte brulante de sa peau au creux de sa paume. Elle retournait s'assoir lorsqu'il lui demanda si elle n'avait ps essayé de l'empoisonner. Son visage se rembrunit. Non, hélàs, ce n'était pas le but, si tout avait pu fonctionner comme elle l'aurait voulu...Enfin, inutile de revenir sur ses propres bêtises.

-Je serais curieuse d'entendre mon mobile...Qu'aurais tu donc pu faire pour t'attirer mes foudres ?

Fit elle en se laissant de nouveau tombé dans le fauteuil élimée, une jambe sur l'accoudoir, balançant dans le vide, le coude sur l'autre, soutenant sa nuque. Elle posait un regard franchement amusé sur l'hybride. Il machouillait sans même grimacer...Incroyable !

- "Ah je vois."

Ok, Madame avait sa fierté et préférait choisir un mec qui serait digne d'Elle, que de se contenter du commun des mortels. C'était noté.

- "T'es sacrément arrogante quand même. Y'a pas un mec digne de toi dans ton entourage?"

C'était un peu l'hopital qui se foutait de la charité... Gabriel ne couchait pas à tout va avec n'importe qui. Il avait ses exigeances et les putes, très peu pour lui. C'était pratique, oui, mais en même temps, on ne savait pas où elles avaient trainé et qui était passé dessus avant. C'était un pirate, certes, il n'avait pas à avoir des gouts raffinés, mais il était quand même noble au départ et avait reçu une éducation dans ce sens. Alors oui, Gabriel était raffiné, plus que la plupart des pirates de Méca, même s'il le cachait.

- "Et dans le mien, tu ne lis rien?"

Question facile. Son regard était souvent inexpressif, de même que son visage. Oh attention, on lisait l'intelligence dans ses yeux bleus, il n'avait pas non plus un regard bovin, mais ses émotions y passaient rarement, rendant difficiles les conversations avec lui.

- "Même à moitié agonisant, je vaux mieux que les 3/4 des pirates de Méca."

Cela aurait pu passer pour une fanfaronnade, s'il n'avait pas été convaincu que c'était la vérité. Il tomba un instant le masque de l'indifférence quand Syria parla de la douceur des femmes, comme si elle en avait fait personnellement l'expérience. Oh non pitié... là, c'était un fantasme absolu et son imagination s'emballait en imginant Syria avec une femme... Il se recomposa un masque impavide et lâcha d'une voix dénuée d'émotion :

- "Tu es surprenante... Mais tu as tort, il y a des hommes aussi doux que les femmes, tu n'es juste pas tombée sur les bons ma chère."

Bon, il n'entrait pas dans cette catégorie, du moins, pas tout le temps. En général, il restait chaste si longtemps que quand il cédait, c'était aussi violent que l'éruption d'un volcan. Gabriel était un passionné, un violent, même s'il n'avait jamais réellement blessé ses compagnes.

- "Etrange, j'aurais pensé que tu aurais préféré l'ardeur à la douceur."

Il récupéra alors les feuilles et les mâcha, avant de parler d'empoisonnement. L'expression de Syria se modifia à peine, mais elle tabla sur l'ironie en lui demandant de sortir un mobile. Il lui décocha un sourire diabolique de sensualité et de charme :

- "Mais parce que tu es folle de moi et que tu ne le supportes pas, alors tu as décidé de m'éliminer!"

Il plaisantait... Et il ne savait pas à quel point, il avait visé juste.

-Il faut croire que non. Mais ne t'en fait pas le jour où j'en trouverais un digne d'interêt, tu sera le premier au courant, après tout, tu as l'air de t'inquiéter de ma vie sexuelle.

Persifla-t-elle avec un demi sourire en se traitant mentalement d'idiote, si seulement cela pouvait être le cas, ça lui éviterait des nuits blanches particulièrement dérangeante pour sa libido. Parmis tout les mâles oeuvrant sur le Fossoyeur, il avait fallut qu'elle tilte sur lui...Et encore, elle avait mit le temps avant de s'en rendre compte, ce n'est qu'a partir du moment où il s'était mit a envahir ses rêves qu'elle avait commencer a s'inquiéter sérieusement. Elle n'était pas du style a rêvasser avec un air énamouré sur le visage. Non, elle avait les pieds sur terre, mais pardessus tout, elle n'aimait pas ce pouvoir qu'il avait de se glisser dans ses songes sans y être invité.

Ceci dit, elle devait être un peu masochiste aussi puisqu'elle entretenait ses fantasmes en ayant décidé de lui rabattre le caquet.

-Pas vraiment non.

Dit elle du bout des lèvres, pestant a l'idée de s'être embarqué sur ce chemin. Encore une faiblese avouée, elle n'aimait pas prêter le flanc. Enfin, ce qui est fait, est fait, elle n'allait pas revenir sur ses propres paroles.

-Qui parlait d'arrogance ?

Ironisa-t-elle en haussant un sourcil amusé. Ben tiens, môsieur jouait les vantard maintenant ? Ceci dit, il n'avait pas tord, elle le craignait. Les ¾ de l'équipage était le plus souvent bourrés ou repoussant ou trop jeune ou...pas du tout a son goût...Et là...Elle faillit se frotter les yeux. Alors qu'elle balançait sa petite provocation, elle aurait jurer avoir perçu une brêche dans l'expression neutre du Second. Ou alors elle avait des hallucinations, difficile a dire...

-Mmmh...Tu as des éléments de comparaison pour affirmer que je me trompe ?

Dit elle perfidement en sachant très bien que Gabriel n'était pas le genre d'homme a se vautrer entre les bras d'autres spécimens masculins.

-Disons que ce n'est pas comparable, qui mieux qu'une femme connait le corps d'une femme ?

Ceci dit, il avait raison dans un sens, elle n'avait rien contre l'ardeur et le déchainement des sens, mais elle avait toujours su garder un certain contrôle sur ses relations ou ses émotions, ne perdant jamais complètement pied, question de survie parfois.

Oh le sale coup bas ! C'était quoi ce sourire ? Un sourire qui laissait entrevoir tout ce que a quoi elle pouvait rêver...Elle eut comme une envie sauvage de le lui effacer a coups de griffes bien sentit ! Et que dire de ses mots !? Par Arcam ! Avait il percé son jeu ?! Un léger doute s'insinua en elle, faisant plisser ses paupières...Non, mais non...Comment pourrait il le savoir ? C'était impossible ! On se détend...

-Se serait mal me connaître Gabriel, je suis beaucoup plus sournoise que ça.

Siffla-t-elle doucement, non sans glisser une note d'érotisme dans sa voix.

- "Ce serait dommage qu'une jolie plante comme toi dépérisse faute d'être arrosée."

Quelle jolie métaphore... Gabriel poète et délicat, on aura tout vu. Mais bon, il avait quand même une certaine éducation qu'il n'avait pas totalement oublié et Syria était assez intelligente pour comprendre cela qu'un vocabulaire gras et dénué de raffinement. Il sourit quand elle avoua ne pas savoir lire dans son regard.

- "De toutes façons, il n'y a rien d'intéressant à décrypter."

Et pourtant, accéder aux pensées du second, c'était quelque chose. Mais impossible pour la plupart des gens. Son regard était un miroir, oui, mais qui ne reflétait pas ses propres états d'âme. Il ne reflétait que le vide, une illusion qu'il entretenait soigneusement.

- "Oh, mais je sais que je suis un batard arrogant, je ne m'en cache pas."

Pas du tout même.

- "Mais avoue que je suis aussi lucide sur ce point."

Cela dit, Syria réussit à l'ébranler quelques secondes en parlant de plaisirs interdits avec d'autres femmes. Pfiou, il avait chaud tout à coup. Au moins, cela avait l'avantage de le détourner de son malaise. Il était trop sidéré pour y prêter attention maintenant. Mais il le dissimula, comme le reste. Il éclata de rire quand elle lui demanda si il avait des éléments de comparaison concernant la douceur des hommes.

- "Non, aucun, si laisser sous entendre que deux nanas ont fait des choses fait fantasmer bien des hommes, le contraire n'est pas vrai. Et j'aime résolument les femmes."

Cela dit, elle marqua un point en rappelant qu'une femme connaissait mieux qu'un homme l'anatomie féminine.

- "Cela dépend de l'entrainement de l'homme ma chère."

Il se fit alors charmeur et son sourire s'affina alors qu'elle rétorquait être plus sournoise que cela.

- "Alors tu m'as drogué pour abuser de moi sans que je m'en souvienne et pouvoir jouir de moi sans que jamais cela ne soit révélé?"

Il se redressa et son sourire s'effaça. Il s'assit au bord du lit, prenant une ample inspiration et se remit debout. Ca tanguait toujours autour de lui, mais il n'avait plus envie de vomir. Il devait partir, ce petit jeu était amusant, mais dans son état, il risquait fort d'en perdre le contrôle.

- "Bien, ce fut un plaisir Syria. Appelle moi la prochaine fois que tu veux te baigner, je me ferais une joie de t'accompagner."

Son sourire narquois revint en force. Sa peau sombre était toujours trop claire, trahissant le fait qu'il n'allait pas aussi bien qu'il le laissait supposer, mais son visage était verrouillé en une expression déterminée et dure. Il se dirigea vers la porte, l'ouvrit, se retourna une dernière fois vers la demie elfe, et lui lança un baiser du bout des doigts, avant de refermer la porte, de retourner dans sa chambre et de s'écrouler lamentablement, en attendant que son malaise passe enfin, et le sang toujours échauffé pat Syria...