Noémie Amaranth
En attente de validation.. Nombre de messages : 141 Âge : 33 Date d'inscription : 24/09/2008 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte | Sujet: [Guerre Civile]Aube sanglante Dim 8 Nov 2009 - 17:51 | |
| Une silhouette traversa la rue des Brocailles à toute allure. Il faisait nuit, la lune n’était pas au rendez-vous, les ténèbres si ! Enveloppée dans un châle blanc comme la neige, la jeune Eugénie pressa le pas. Il fallait qu’elle rejoigne au plus vite son oncle Gerard. On la suivait...on la suivait depuis sa sortie du bar de la Chope Dorée.
Elle accéléra, trotinnant presque, ses pas foulant les pavés couverts de débris. La guerre n’avait pas épargné ce quartier de Diantra, et, même si ce quartier était aux mains des royalistes, il ne tiendrait plus très longtemps. Eugénie avait conseillé à son oncle de partir dans une zone sûre le plus vite possible. Les rues le soir devenaient dangereuses. Des rebelles hantaient les corridors sombres, des coupes-jarrets tendaient des pièges aux bourgeois. C’était un temps de haine, un temps de guerre.
Un grattement sinistre la tira de ses pensées. D’instinct, Eugénie passa sa main sur la dague en fer rouillé qu’elle gardait à portée de main. Elle ne savait pas s’en servir, mais l’arme avait un pouvoir dissuasif qui n’était pas négligeable. Mais alors, pourquoi cette sensation de peur s’emparait-elle de son corps ?
L’air se raffraichissait. Sûrement le froid mordant de l’autômne. Elle bifurqua dans la rue des Houlettes. Ce n’était pas le moment de flâner. Un rat passa devant elle. Même les créatures s’enfuiaient et elles avaient bien raison.
On la suivait, c’était une certitude. Un nouveau grattement vint à la faire sursauter. Quelque chose était sur ses traces. Un raclement lourd, et traînant...comme si on rampait dans les ombres. Un bref coup d’oeil en arrière ne la rassura pas pour autant. Dans les rues faiblement éclairées de cette partie de Diantra, on ne distinguait absolument rien.
L’obscurité était de plus en plus pesante sur les épaules de la pauvre Eugénie. Elle tira la dague de son fourreau et repartit en courant. La maison de son oncle était encore à deux rues d’ici. Quelques centaines de mètres, et elle serait en sûreté...
____________ On frappa à la porte du vieux Gérard. Le vieil homme tira son gourdin de sa cachette. Qui cela pouvait-il bien être à cette heure-ci ? Gérard, en bon bourgeois, était du côté des royalistes. Vivant dans un quartier aisé épargné par la guerre jusqu’à présent, il avait pris la résolution de ne quitter Diantra que les pieds devant. Il fallait dire que le bougre était un peu vieux con. L’idée de devoir s’en aller parce que des gueux assiégeaient la capitale...il ne pouvait la souffrir.
On frappa avec plus d’insistance.
“Qui est-ce ? demanda prudemment le vieillard.
-Oncle Gérard, c’est Eugénie...pour l’amour de Tari, ouvrez !
-Comment être bien sûr que c’est toi ?
-OUVREZ JE VOUS DIS !!!
-As-tu été suivie ?
-Oui...enfin...non ! Mais dépéchez-vous bon sang !!! Le temps presse !
-Voila voila...j’arrive...maugréa le bourgeois.”
Oncle Gérard passa tranquillement son gourdin à sa ceinture. Il attrapa le trousseau de clefs en fer forgé dans son salon et alla dévérouiller les 15 serrures et loquets de sa porte d’entrée, qu’il avait fait renforcer par le meilleur des artisans ferronnier...question de sécurité
La clef s’inséra parfaitement dans la première serrure.
On tapa avec plus d’insistance à la porte. La voix d’Eugénie presque suppliante retentit derrière la porte.
“Oncle Gérard, dépéchez-vous !!! Vite !!!
-Du calme la jeunesse !”
Ses mains tremblaient, fichu froid. Le trousseau lui échappa des mains. _____________
Derrière la porte, Eugénie continuait de tambouriner comme si elle avait le diable à ses trousses. Et c’était à peu près le cas. Tandis que son oncle s’évertuait à dévérouiller les serrures de sa satanée porte, sa nièce priait Tari et toutes ses incarnations pour que celui-ci se dépèche.
Son regard appeuré scruta les ombres. Le bruit se rapprochait. Elle entendait le cliquetis métallique de ce qui semblait être une chaîne...un râle le glaça le sang. On la suivait...ça rampait dans les ombres de cette ruelle. C’était là ! Ca l’observait.
Elle sanglota comme une madeleine, pressant son oncle d’ouvrir. Le raclement du fer sur la pierre glacée, le grondement sourd...Tout ça s’amplifiait. Eugénie ne tarda pas à prendre une décision. Notre Dame de Deina ! Elle devait se rendre là-bas !
Elle sauta par-dessus l’appui du perron et s’enfuit dans les ruelles, courrant à perdre haleine. Pourtant dans sa fuite, toujours ce bruit...comme si son poursuivant rampait à toute allure.
Eugénie courrut aussi vite qu’elle put, renversant tonneaux, sautant par-dessus des balustrades et se retournant, changeant de direction, priant les dieux. Notre Dame de Deina, telle était sa destination.
La jeune femme parvint jusqu’au perron de Notre Dame de Deina. Elle tambourina de toutes ses forces devant la porte.
“Asile !!! Je demande asile !!! Par pitié, ouvrez !!! AAAAAAAAAAAAAHHHHHH !!!”
Un hurlement à glacer le sang se répercuta dans la nef de la cathédrale. Les gargouilles de pierre elles-mêmes tremblaient encore. On hurla pendant dix bonnes minutes. Eugénie fut évicérée, coupée, trainée dans la neige, broyée, brûlée, oenuclée, découpée, mise en pièce, clouée,... Les hurlements finirent par s’estomper.
Quand l’un des prêtres se décida à ouvrir les portes, il découvrit l’horreur. Sur les portes du temple, une jeune femme était clouée...ou plutot ce qu’il en restait. Sa tête, empalée par les yeux par des pieux de fer, trônait au milieu de ce funèbre spectacle. Des morceaux de ses bras, de ses jambes et de ce qui avaient été autrefois son torse pendaient lamentablement, accrochés à des pieux de fer.
Cette oeuvre macabre était accompagnée d’un message sanglant, grossièrement tracé avec le sang de la pauvre Eugénie, mélé à la boue et aux immondices de la rue et gravé sur les portes du temple.
“MEURT !”
Le prêtre se glaça d’effroi. Il crut apercevoir une ombre au fond de la place...une ombre...qui rampait...immense ! Et toujours ce raclement métallique.
Une nouvelle aube se lève sur Diantra, assiégée par les armées rebelles.
Et un nouvel ennemi fait surface.
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