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 [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.

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Sendra Sevaeria
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MessageSujet: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeMar 26 Jan 2010 - 13:09

Quel ennui... Depuis combien de temps l'Onirique était-il en stationnement au Port de Méca ? Assez de temps pour lasser la Mousse du navire. Elle ne comprenait pas vraiment à quel jeu jouait l'Amiral de la Marine Marchande. A vrai dire, son Capitaine ne lui rendait aucun compte et n'avait aucune raison de le faire. Pour l'heure, la jeune femme ne recevait aucun ordre. Pourquoi se plaindre ? Combien de personnes rêvaient de se la couler douce comme elle ? Ces gens-là étaient probablement très nombreux. Mais elle... Son seul espoir était de travailler sans relâche pour ce connard. Cet enfer était interminable. Son seul espoir était de travailler pour l'homme qu'elle détestait et qu'elle aimait en même temps. Elle lui devait de l'argent, beaucoup d'argent. Elle se souvenait encore de l'être salvateur qu'elle avait vu en lui il y a quelques mois encore. Tout ce qu'elle gagnait, elle le lui donnait. Elle ne savait plus très bien comment elle en était arrivée à cette vie de misère... Tout ce qui la sauvait encore de la Mort, c'était la volonté curieuse et étrange d'Ajilah. Son don pour le maniement du sabre pirate n'était pas à sous estimer et Sendra représentait un très bon élément pour les attaques éclaires.

Mais aujourd'hui, elle ne voyait plus aucun espoir pour récupérer son bien. L'inactivité qu'elle subissait peut-être volontairement la détruisait encore un peu plus à chaque instant. L'Emeraude lui semblait plus lointaine que jamais. La seule raison pour laquelle Sendra Sevaeria servait docilement les caprices d'Ajilah, c'était elle. Le seul souvenir de sa mère... Par chance, une nouvelle journée débuta. Une nouvelle journée dans laquelle Sendra apercevait un dernier espoir. Ajilah s'était absenté elle ne savait où et ni pour combien de temps. Mais... Au temps mourir prise sur le fait que de désespoir, non ? Sabre de pirate dans la main droite, Sendra se rendit jusqu'à la porte de la cabine du Capitaine de l'Onirique. Évidemment, cette dernière était verrouillée... Et seul son enfoiré de Capitaine en possédait la clé. La jeune femme empoigna fermement son sabre et soupira profondément. Sa prochaine action déterminerait son avenir. Reculerait-elle docilement ou bien enfoncerait-elle cette porte infernale avec son arme de prédilection ? Pour un caractère tel que le sien, elle enfonça la porte et posa pour sa première fois les pieds dans la cabine du Capitaine. C'était un endroit désordonné comme l'intérieur de la tête d'Ajilah.

C'est... laid. Laid comme lui... Laid comme eux... Laid, laid, laid.

Et voici un signe de son profond dégout pour la gente masculine. Depuis ses expériences malsaines avec son paternel, Sendra détestait tout les hommes. Elle haïssait l'organe génital qu'elle considérait maintenant comme la queue fourchue du Diable. Pourtant, elle était amoureuse d'un homme, le pire de tous.

Que les recherches commencent...
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MessageSujet: Re: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeVen 29 Jan 2010 - 20:32

Etre l’amiral de Meca était réellement épuisant, et ne convenait pas du tout à Ajilah. Outre le fait qu’il devait s’occuper des autres - ce qui ne lui était pas du tout naturel - sa fonction l’enchaînait à l’Île bien plus efficacement que n’importe quel autre lien. Mais rien que pour voir la tête de son cher ami Sepiida à son retour, il endurait, car ainsi était le demi-elfe. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’était l’impact que pourrait avoir l’inactivité de l’équipage de l’Onirique sur sa chère et tendre Sendra… La plus part de ses hommes ne se plaignaient pas encore, ils étaient trop heureux de se la couler douce en toute impunité, et avec les encouragements de leur capitaine. Mais la mousse-esclave, elle, c’était une autre histoire.

« Tu es sûre de vouloir continuer ce que tu es en train de faire ? »

La voix était calme, amusée même, mais le regard du demi-elfe luisait dangereusement alors qu’il observait sa jeune recrue fouiller sa cabine. Elle n’avait vraiment pas eu de chance, d’ordinaire il ne l’aurait pas rejoint avant une ou deux heures, et c’était surement pour cela qu’elle avait fait sa petite tentative solitaire. Mais voilà qu’il avait été pris d’un doute, doute que seule une carte gardée précieusement dans sa cabine pouvait lever.

« Peut-être que si tu reposes cette liasse et que tu m’expliques calmement ce que tu espérais trouver, je ne tuerai pas. »

Contrairement à ce qu’on pouvait croire, Ajilah n’aimait pas tuer gratuitement, ni torturer. Il n’y avait rien d’amusant à cela. Mais Sendra avait une image si négative de son capitaine qu’elle prendrait sans doute pour mot comptant la menace qu’il venait de lui prodiguer. Bien entendu, il connaissait déjà la réponse à sa question, mais la ramener à son impuissance lui passerait le goût de recommencer.

« Sendra, Sendra, Sendra… N’apprendras-tu donc jamais ? »

Entrant complètement dans la cabine avant de s’adosser au mur à côté de la porte, il l’observa attentivement. Il connaissait les talents de la gamine, et ne la sous-estimait pas. Elle était sans doute capable de le défaire, si l’envie lui prenait de le défier en un duel à la régulière… Sauf qu’Ajilah ne connaissait même pas la signification du mot en question. La fourberie était une seconde nature… à moins que ça ne soit sa nature première, qui sait ?

« Alors… que faisons nous ? »

Qu’elle lui saute dessus, et elle était morte. Mais peut-être souhaitait-elle mourir ? Ajilah avait son arme avec lui, et pourrait lutter assez longtemps pour qu’on vienne à son secours en cas de besoin, même si l’idée ne l’enchantait guère.

« Je crois que nous sommes d’accords pour dire que tu ne peux pas continuer comme ça, ta petite folie le prouve. Peut-être est-il temps de renégocier les termes de notre contrat ? »

Faux espoir, ou réelle opportunité ?
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MessageSujet: Re: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeSam 30 Jan 2010 - 17:15

Les recherches de Sendra ne furent pas très longues. Au moment où elle fouillait le bureau du Capitaine de l'Onirique, la lumière qui éclairait ce dernier disparu. Une ombre s'était installée là où Sendra fixait la liasse de documents. Une ombre fine et élégante qu'elle reconnut. Pendant un court instant, Sendra fut pétrifiée de peur. Il était déjà là ? En effet, la mousse reconnut la voix d'Ajilah qui lui posa une première question. Une question qui avait plutôt le ton d'un ordre. Pour elle, cela voulait dire Cesse ou va en enfer. Mécaniquement, Sendra reposa lentement mais sûrement la liasse de documents sur le bureau et se raclât la gorge.

Tout ce qu'elle fit dans un premier temps, c'est de se masser la nuque. Le Capitaine bloquait toute issue de sortie et toute fuite était impensable. Peut-être serait-elle parvenue à l'écarter mais elle aurait été stoppée un peu plus loin par les occupants de l'Onirique. Qu'allait-elle bien pouvoir dire ?

... Capitaine...

Sendra plaqua sa main droite contre son front et ferma les yeux comme si elle avait été prise d'un soudain maux de tête. Finalement, elle se tourna vers lui et le fixa presque méchamment de son regard marron. Sa main droite descendit lentement le long de son corps jusqu'à empoigner la garde de son sabre pirate. Instantanément, Sendra le dégaina et le planta entre deux lattes du plancher. C'était le symbole qu'elle n'affronterait pas son Capitaine et qu'elle allait probablement se soumettre à sa volonté.

Je comptais la récupérer et m'en aller loin d'ici.

La mousse serra des poings et se remercia de porter des gantelets en cuir et de ne pas avoir les ongles longs. Autrement, elle se serait vilainement mutilée toute seule. La colère traversait chaque recoin de son visage et elle ne trouvait pas les mots pour faire comprendre à Ajilah à quel point elle en avait assez.

Depuis combien de temps le Navire ne s'est-il pas déplacé pour honorer la véritable Piraterie, Capitaine ? Deux mois ! J'en ai assez de rester ici et de me la couler douce comme vos imbéciles heureux de matelots. Avez-vous oublié pourquoi je suis encore vivante et à vos côtés ?

Sèchement, Sendra retira son sabre du plancher et fit quelques moulinets pour finalement pointer la lame de son arme de prédilection sur son Capitaine.

Parce que je manie cette arme mieux que personne sur l'Onirique, Capitaine. Et aujourd'hui, la situation de l'Onirique ne me permet plus de le faire.

Ce qu'elle ne comprenait pas non plus, c'était pourquoi il était l'Amiral de la Marine Marchande. Éliminer la Monarchie, la Royauté, la Tyrannie et prôner la Liberté. Sendra ne croirait jamais qu'un homme tel qu'Ajilah puisse être intéressé par un principe aussi bidon.

Vous vous fichez totalement de la Marine Marchande. Leurs idéaux idiots ne sont pas les vôtres, je le sais très bien. Alors bon sang, que faisons-nous ici ? Il n'y a rien d'autre que je ne sais faire à part pirater au nom d'un Capitaine.

Sendra serra des dents. Elle détestait ces scènes d'interrogations et d'aveux. C'était si ennuyeux. La mousse rengaina son arme et repris la parole.

Si je travaille pour vous aussi docilement, c'est pour reprendre mon bien. Je vous donne la plupart de mes butins pour la récupérer. Pour travailler, je dois pirater. Or, vous ne me le permettez pas depuis deux mois. Si nous ne quittons pas Méca, je quitte l'Onirique et j'offrirais mes talents de manieuse de sabres à un autre homme. N'ai-je pas mes chances avec le Fossoyeur, mon Capitaine ?
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MessageSujet: Re: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeDim 31 Jan 2010 - 19:05

Ajilah ne put retenir un haussement de sourcil surpris quand elle dégaina son arme. Ainsi, la jeune humaine allait s’en prendre à son capitaine ? C’était… embêtant, surtout quand on connaissait ses talents. Mais qu’à cela ne tienne, il avait plus d’un tour dans son sac. Enfin, c’était sans compter la relative intelligence de la mousse qui préféra planter son arme dans le plancher… Il secoua la tête.

« Abimer ma cabine ne me rendra pas plus clément, tu sais ? »

Alala, ces femmes, pourquoi fallait-elle qu’elle casse quelque chose quand elles étaient énervées. Et jamais quelque chose qui leur appartenait, toujours une propriété de quelqu’un d’autre. Elles ne savaient donc pas assumer leur sautes d’humeur ? Mais il y avait plus important, bien plus important que de préserver quelques planches de bois. Avec le temps, le demi-elfe s’était… attaché à Sendra, d’une certaine façon. Il n’était pas un homme cruel gratuitement, et s’il pouvait se comporter comme le pire des salauds sans un remord, il n’en restait pas moins un être pensant, un jouet d’Arcam qui possédait aussi des sentiments. Sendra n’était pas irremplaçable, deux hommes feraient très bien son travail. Mais deux hommes ne l’amuseraient pas autant.

Lui laisser entrevoir la possibilité d’une amélioration de sa condition sembla encourager la mousse à vider son sac. Un sac lourdement chargé, comme il pouvait s’y attendre. Après tout, il n’avait pas été tendre avec elle, se jouant de ses sentiments sans montrer jamais le moindre soupçon de regret. D’un autre côté, n’en avant aucun… il aurait eu du mal. De son point de vue, il lui avait offert une vie là où elle n’en avait aucune. Il la laissa parler, l’observait nonchalamment, esquissant parfois malgré lui un sourire amusé ou moqueur.

« Ma pauvre amie. »

Il fouilla dans sa poche et retira l’objet tant convoité. Il le regarda à peine, jouant avec ses doigts

« C’est pour ça que tu endures autant ? J’avais beau le savoir, te voir le confirmer à haute voix est… navrant. »

Il remit l’objet dans sa poche, croisant les bras.

« Tu t’es laissée humiliée tant d’année pour une pierre précieuse de pacotille ? Tu crois vraiment que la posséder changera quelque chose ? Que ça te rendra ta mère, que tu pourras te rappeler d’elle avec plus de facilité, que tu pourras lui rendre hommage mieux que tu le fais maintenant ? Je ne t’ai jamais empêchée de partir, tu t’es passée toi-même la chaîne autour du cou et tu t’es enchaînée pour… rien. Ta mère serait fière de toi. »

Etrangement, il semblait presque énervé. Peut-être parce que l’idéologie soumise et servile de Sendra était en totale contradiction avec la sienne. Ou parce qu’il n’aimait pas vraiment qu’on l’accuse d’inactivité. Ou parce qu’il jouait un jeu pour la faire réagir. Ou… Les solutions étaient multiples.

« J’ai une question, Sendra. Si tu rages autant de ne pouvoir user de tes... dons, c’est uniquement parce que tu ne peux pas récupérer ta fameuse pierre, ou parce que tu aimes ça ? »
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MessageSujet: Re: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeLun 1 Fév 2010 - 8:27

Évidemment qu'elle le savait. Elle s'en foutait totalement, à vrai dire. Oui, elle faisait partie de celles qui s'énervaient sur les biens des autres et qui n'assumaient pas leurs sautes d'humeurs. Après tout, Ajilah possédait la quasi totalité de l'or de Sendra. S'il avait envie de remplacer les deux planches de bois, qu'il utilise cet or là, tout simplement. Soudain, le regard de la brunette parût se remplir de colère. Comment osait-il ?! Empoigner et exhiber fièrement l'objet pour lequel Sendra offrait son butin au Capitaine de l'Onirique. C'était la gourde d'eau qui faisait déborder le vase !

Salaud. Salaud... Salaud ! Salaud ! Salaud ! ...

Pour une femme en colère, la chose la plus horrible était d'admettre qu'elle pouvait être en tord. Ne pensez même pas qu'elle puisse s'excuser, même menacée de passer à la planche. Mais alors admettre que son Capitaine pouvait proférer des paroles sensées ! Néanmoins... Et si une chose fut capable de l'irriter au plus au point, c'était de parler de la fierté de sa mère. La fierté de sa famille...

Je ne te permets de parler de fierté, Ajilah !

S'écria-t-elle, tutoyant et nommant pour la première fois son cauchemar amoureux par son prénom. Sendra rageait et encore une fois, elle pouvait remercier de porter ses gants en cuir et de ne pas avoir des ongles très longs.

Ma mère n'a jamais voulu d'un avenir dans la Piraterie pour sa fille. Si je suis ici, c'est à cause de mon bel enfoiré de paternel. Vous, les hommes, êtes tous les mêmes...

Pourtant, elle s'était bel et bien enchaînée pour rien à l'Onirique. Il était évident qu'elle ne survivrait plus très longtemps avec cette vie de misère. Finalement, l'Emeraude était-elle plus importante que sa propre vie ? Au fond, sa mère n'aurait pas voulu la voir monter au paradis ou descendre en enfer maintenant. La dernière question du bel homme eut pour effet de calmer quelque peu la situation. Enfin quelque chose qui ne visait ni sa famille, ni ses valeurs morales.

Aimer... Cela est un bien grand mot. Ma vie est misèreuse, un point c'est tout. Je ne peux que l'accepter. Ceux qui ont été faibles doivent devenir fort quitte à causer du tord aux innocents. C'est la dure loi de ceux qui ne sont pas nés dans le Château d'Erac ou de Langehack. Tout ce que l'on m'a appris à faire, c'est de me servir de cette arme pour piller. Pourquoi ferais-je autre chose ?
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MessageSujet: Re: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeJeu 4 Fév 2010 - 13:29

Sendra était prévisible. En un sens, c’était normal… Elle était à bout, Ajilah l’avait menée dans ses retranchements et elle en payait désormais le prix. La colère, alliée à la fatigue, est une bien mauvaise conseillère. Pour une raison obscure, elle avait décidé de ne pas attaquer son capitaine. C’était pourtant une solution envisageable, dans sa situation. Si elle parvenait à l’éliminer rapidement, elle pourrait alors s’enfuir. Il avait la pierre, et le demi-elfe avait pensé que ce serait une motivation suffisante. Il avait eu tord, selon toute vraisemblance elle allait continuer à subir. Comment pouvait-on être aussi stupide ? Joueur mesquin et sans scrupule, il décida de taper là où ça faisait mal. Il lui exposa toute l’ironie de sa situation, toute la stupidité de son comportement… Et, pour couronner le tout, il cita sa mère. Ca, plus la vision de l’émeraude tant convoitée… La réponse fut à la hauteur de ses espérances.

« Tu te permets bien des choses, Sendra. Dommage que ce ne soit pas les bonnes. »

Il se détacha doucement du mur, les bras toujours croisés, le regard chargé de défi et les lèvres incurvés en un sourire moqueur. « Ajilah ». C’était la première fois qu’elle lui parlait aussi directement, aussi franchement. Le demi-elfe n’attachait pas au respect la même étiquette que la Péninsule. Le tutoiement n’était pas pour lui, et n’était pas plus pour les autres.

« Ta mère est morte. »

Sendra l’accepterait-elle réellement un jour ? Aux yeux du capitaine, elle se complaisait dans le passé, et espérait que l’Emeraude était la solution à tout. Il avait plus d’une fois caressé l’idée de la rendre à la mer, et d’observer l’humaine brisée sortir enfin de son carcan, et sans doute mourir ensuite. Il ne l’avait pas fait, et il le regrettait.

« On ne devient pas pirate. On est pirate, ou on ne l’est pas. Il y a des hommes, sur ce navire, qui ne seront jamais plus que des mousses, des matelots sans avenir autre que celui de crever la bouche ouverte pendant un raid. Es-tu née pirate, Sendra ? Je l’ai cru, mais je doute… Une pirate, une vraie, ne se laisserai pas faire de la sorte, qu’importe les conséquences. Il y a deux options, en fait, et si tu le permets, je vais te faire une jolie métaphore. Soit tu es une chenille qui attend désespérément de faire son cocon pour devenir un beau papillon, soit tu es un misérable vers de terre, n’attendant qu’une botte pour l’écraser. »

Il glissa négligemment ses mains dans ses poches, alors que son regard se faisait inquisiteur. Qu’était Sendra ?

« Sors d’ici, et réfléchis à tout cela. Reviens me voir ce soir, je te rendrai ta pierre de pacotille et ta liberté. »

Il esquissa un léger sourire.

« A toi de voir ce que tu en feras. Meca est pleine de possibilités, même si l’Onirique est la meilleure opportunité dont tu puisses rêver. »
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MessageSujet: Re: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeMer 10 Fév 2010 - 16:32

Le vide total. La pénombre s'était installée dans les yeux marrons de la femme précédemment très en colère. Quel bel enfoiré, cet Ajilah. Aussitôt pouvait-il être le pire des connards, aussitôt il était capable de devenir un père moralisateur. Venant de cet homme en particulier... C'était vraiment blasant. Pourtant, et ça lui trouait le cul de le dire... Ajilah avait... raison. La situation ne pouvait pas continuer comme elle l'était actuellement. Pourtant, sur ce coup-là, Ajilah était un bel imbécile. Sendra Sevaeria n'était pas née avec le devenir d'être pirate. Son paternel en personne n'avait jamais été un pirate. Il avait été un homme qui parcourait les eaux d'Ydril comme marchand itinérant possédant un piètre équipage. Un mercenaire du nom de Sevos, talentueux épéiste qui fut chargé de la protection de la petite embarcation et également maître d'arme de Sendra. C'est avec lui qu'elle avait acquis le niveau pour prétendre être la plus performante manieuse de sabres de l'Onirique. Et un ami de son père dont l'importance est très négligeable. Sendra fut forcée à rejoindre cet équipage marchand d'Ydril par son père et c'est seulement un jour que Ajilah vint la sauver de cette vie monotone. Pouvait-on ainsi dire qu'elle était née pirate ? Non, c'est seulement sa rencontre avec Ajilah et sa mauvaise expérience avec sa mère et l'émeraude qui avaient fait d'elle d'une pirate contre son gré. Pourtant, pirater... C'était la seule chose qu'elle savait faire et saurait faire, désormais.

Non, je ne suis pas née pirate. Je suis devenue pirate parce que je n'avais pas d'autres choix que de vous suivre après le décès de ma mère. Je suis une bien piètre mousse.

Acheva-t-elle, en soupirant. Peut-être que la piraterie n'était pas faites pour elle, finalement ? Sa mère était morte, oui. Pourquoi le lui répétait-il ? N'était-ce pas déjà assez douloureux de vivre ainsi ? L'émeraude... Quel souvenir avait-elle réellement ? C'était un dernier symbole d'appartenance à sa mère qu'elle n'avait pas assez connue. Oui, Sendra considérait ne pas avoir passé assez de temps avec sa mère. Ajilah pouvait-il le comprendre ? C'était probable et il était sans nul doute que cela ne faisait ni chaud ni froid au personnage. Enfin, la métaphore d'Ajilah prit tout son sens dans la tête de Sendra. Etre une chenille aspirant à devenir un papillon ou bien une larve lamentablement écrasée ?

Peu importe mon choix... Je ne compte pas être une larve écrasée sous le pied d'un homme.

Elle se rappelait des nombreuses humiliations subites par son père qui était un homme. Et à plus grande échelle, elle se rappelait de la basse condition de la femme dans ce bas monde. Devenir une femme influente et tenir les mâles d'une main de fer, c'était peut-être quelque chose dont elle avait envie. Voir Ajilah à genoux devant elle... lui cédant sa place de Capitaine de l'Onirique. C'était une image si tentante. Pourtant, Ajilah était différent des autres. Que ce soit un Humain, un Sylvain ou bien autre chose... L'apparence n'avait que peu d'importance. C'était encore une raison de l'aimer et de le détester encore un peu plus.

Méca est une sélection d'imbéciles sans noms. Du moins, les principes mêmes de cet île sont risibles à mes yeux. En cela, oui... L'Onirique est peut-être la meilleur opportunitée pour moi. Qu'attends-tu pour réduire à néant les idéaux stupides de Méca et promouvoir la piraterie ? Tu n'es pas un homme pour vivre là-dedans... Alors dis-moi une bonne fois pour toute quel est le devenir de cet équipage qu'est l'Onirique, toi qui t'en vante tant ! Je veux t'entendre me faire rêver de participer à l'avenir de l'Onirique pour enfin m'en aller et réfléchir à tout ceci. Le peux-tu, Capitaine ?
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MessageSujet: Re: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeJeu 11 Fév 2010 - 0:43

Sendra commençait-elle à comprendre ? Peut-être bien. Elle avait perdu de sa fougue, la flamme de sa colère - totalement illégitime, il était important de le signaler - semblait avoir été douchée par le discours de son capitaine. Discours dont le demi-elfe n’était d’ailleurs pas peu fier… Mais on pouvait sans peine lui pardonner ce petit élan d’autosatisfaction d’avoir mouché une personne qui le haïssait simplement en lui balançant ce qu’il tenait pour des évidences. Il ignorait encore beaucoup de choses sur le passé de sa jeune mousse, et pour cause, il s’en moquait éperdument. Ce qu’il savait n’attirait pas sa sympathie, et ce qu’elle lui avait montré était plutôt prompt à faire naître son mépris qu’autre chose.

« Tu sous-estimes Eris. Si elle avait décidé à ta naissance que tu étais une pirate, tu aurais fini par la rejoindre, un jour ou l’autre. »

Et il savait de quoi il parlait, n’était-il pas, au même titre que Haize - et plus encore, selon son humble point de vue - un favoris d’Eris ? L’océan était une créature obscure à bien des hommes, une entité puissante, autant qu’incompréhensible, mais pas pour celui qui avait passé une grande partie de sa vie à louvoyer sur son dos tumultueux. Il esquissa un sourire alors qu’elle reprenait à son compte sa brillante métaphore et secoua la tête.

« Je vais te confier un secret, Sendra. »

Magnanime, Ajilah l’était. Il dispensait son savoir à qui de droit, et la jeune mousse en avait bien besoin. Elle avait vécu des choses difficiles, il voulait bien en convenir, mais il ne s’y attardait pas. Oh, non, il n’était pas du genre à prendre quelqu’un par l’épaule et à la bercer jusqu’à ce que les pleurs se tarissent. Lui donnait l’air de rien un coup de pousse à ceux qu’il pensait digne de recevoir son aide… et s’ils ne saisissaient pas l’occasion, il les balançait sans un remord par-dessus bord. Sendra avait bien souvent failli passer par-dessus bord, elle n’avait du sa survie qu’à la distraction occasionnelle qu’elle représentait. A ses yeux, son émeraude était sans valeur. Par contre, voir jusqu’où elle pouvait aller pour la récupérer n’avait pas de prix.

« On naît pirate ou on ne naît pas pirate, c’est un fait avéré. Mais la piraterie n’est pas un titre de noblesse vide de sens. La vérité, Sendra, est qu’on décide ou non de naître pirate. »

Drôle de philosophie, mais il y croyait dur comme fer. D’où son mépris pour les gens de la Péninsule, qu’il voyait comme des moutons sans âmes, des bêtes de sommes tout juste bon à trimer pour plus intelligents qu’eux. Alors que la liberté leur tendait les bras, et qu’ils n’avaient qu’une fourche à jeter pour pouvoir la saisir. La liberté absolue était son idéale, et il le vivait pleinement. Sendra, elle, se complaisait dans l’enchainement absolu, et il ne pouvait le supporter bien longtemps. Le coup de pouce avait été donné, elle devait désormais s’en aller. D’une voix ferme, il la… vira de chez lui, pour être totalement exact, mais cela ne sembla pas l’atteindre, et elle se lança dans un monologue dont il ne tira que le constat suivant : décidément, Sendra ne comprenait vraiment rien. Il avait déjà ignoré la question une fois… Et il allait recommencer, juste pour rire. Il n’avait déjà été que trop gentil avec une gamine qui n’en méritait pas tant.

« On en reparlera ce soir. Allez, file. »

Là encore, il avait passé le fait qu’elle avait contourné un de ses ordres… Vraiment, sa grandeur d’âme le perdrait. Même si bien peu était capable de comprendre à quel point il en irradiait.
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MessageSujet: Re: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeVen 26 Fév 2010 - 23:26

Ajilah venait de révéler à sa mousse un bien drôle de secret. A l'entendre se déclarer, on aurait pu le confondre avec un prêtre. Un prêtre spécialisé dans la piraterie. Mais bon, il était bien connu que les spécialistes étaient en réalité des imbéciles nez. Que voulait-il dire être spécialiste ? C'était s'intéresser à un sujet, un domaine bien précis et pour la plupart du temps vouer son temps à ce seul domaine jusqu'à en oublier tout les autres. Cela rendait certaines personnes... idiotes. Beaucoup plus idiotes que celui qui n'avait pas cette appellation de spécialiste. Enfin, Sendra pouvait tout à fait comprendre qu'Eris était une Déesse des Mers tout comme Néera était la Déesse de la Vie pour la Péninsule.

J'admets que j'ai encore beaucoup de choses à apprendre, Capitaine.

La tension venait de retomber à zéro et Ajilah pourrait s'en vanter longtemps. Il venait de mater la colérique Sendra et avait remballé sa fierté pour un bon moment. Il était évident qu'elle ne faisait pas le poids contre son Capitaine en matière de philosophie pirate. Ajilah parlait avec expérience, faits et gestes alors que Sendra n'était rien d'autre qu'une néophyte.

Toutes mes excuses, Capitaine. Je me retire.

**********

Quelques heures plus tard, en soirée...

Sendra Sevaeria s'était isolée toute la journée dans ses locaux de mousse. Elle n'avait fait que penser à la discussion matinale très brute et peu diplomatique qu'elle avait entretenu avec le Capitaine de l'Onirique. Comment était-elle sensée surmonter tout cela ? Remontons jusqu'aux prémices de cette tumultueuse situation...

Sendra quitta très tôt le foyer familial, non pas de gré mais de force. Elle fut contrainte d'accompagner son père dans ses incursions marchandes autour d'Ydrill pendant un certain nombre d'années. Toute son adolescence et son innocence furent détruites pendant cette période. Lorsqu'un jour, l'Onirique accosta le rafiot familial et pilla ses marchandises, le père de Sendra se suicidant en se jetant à la mer. Ajilah décida pour elle ne sut jamais quelle(s) raison(s) d'emmener Sendra et Sevos, son maître d'arme, sur l'Onirique et il accepta même de permettre à Sendra de revoir sa mère. Jusqu'ici, Ajilah paraissait être un idéal masculin. Après avoir été violée plusieurs fois par son propre père, il fallait évidemment s'attendre à ce que Sendra développe une phobie contre les hommes, phobie qu'elle maîtrisait parfaitement derrière son masque de glace. Puis, il y eut le tragique épisode avec sa mère qui mourut pendant que Sendra se mit à la recherche d'un médecin pour la sauver. C'est à ce moment-là qu'elle y avait laissé cette émeraude, paiement à Ajilah qui avait avancé les soins. A partir de là, elle s'était engagée sur l'Onirique dans le seul but de la reprendre. La majorité de ses biens revenaient à son Capitaine et à ce rythme, la situation pouvait s'étendre sur quelques années encore.

Ainsi, Sendra était de nouveau face à face avec Ajilah et la nouvelle conversation allait débuter avec les nouvelles impressions de la mousse.

Bonsoir, Capitaine. J'ai bien réfléchis à tout ceci... Et je dois avouer qu'en cet instant présent, mon avenir à vos côtés est encore incertain.

Elle n'était ni énervée, ni contrariée. En fait, elle semblait plutôt sereine. Peu importe comment se déroulerait cette entrevue, la situation allait évoluer. Soit elle resterait, soit elle partirait. Ou alors elle mourrait, peut-être. Ce n'était pas parce qu'une femme naturellement en colère s'était légèrement adoucit que ses mots n'allaient pas être mâchés. Ce soir, Sendra Sevaeria avait décidé d'envoyer à la figure d'Ajilah l'entière vérité, son entière vérité. Un point de vue réfléchit et très posé. N'était-ce pas ce qu'Ajilah attendait de sa mousse, après tout ?

Je renonce à l'émeraude, Capitaine. Elle n'en vaut franchement pas la peine. Souvenez-vous, je me suis engagé sur l'Onirique dans le but de la récupérer. Pendant tout ce temps, c'est cet objet qui m'a rattaché à vous. J'ai été, et je suis encore votre objet, source de distraction. Je l'ai bien compris lorsque je suis arrivée ici et je pensais pouvoir en faire abstraction et faire comme si de rien n'était... Pourtant...

Elle poussa un profond soupire.

... Je suis à bout. Lasse. Insipide.

Si Ajilah venait à nier cette déclaration, alors elle avouerait être totalement perdue et considérerait presque cet homme comme un dieu. Elle en était certaine maintenant, son talent de manieuse de sabre n'était que très secondaire. Ajilah s'amusait de la situation de Sendra et avec tout les affronts qu'elle engendra par le passé, elle aurait du passer depuis très longtemps par dessus bord. Le jeu devait se terminer, pour son bien être. La marionnette ne voulait plus en être une. Elle voulait que les humiliations cessent et reprendre un soupçon de vie normal. On ne vivait qu'une seule fois et elle s'apprêtait à entrer dans son premier quart de siècle. Et avec une telle vie, on vivait rarement très longtemps...

Je refuse d'être votre jouet plus longtemps. Mais maintenant, qu'est-ce qui me rattache à vous ? Vous êtes fier de votre personne, de tout ce que vous faites. Vous bravez les illogismes comme un conquérant et cela vous amuse. Mais au fond, je suis certaine que vous cachez votre passé avec cette attitude désagréable. On ne se fait jamais détestable sans raisons. Pourtant, vous êtes un mortel, tout simplement.

Quel affront, c'était ainsi que Sendra passait à l'attaque. Elle pensait qu'il était préférable que son Capitaine sache ce qu'elle pensait de lui avant de prendre la quelconque décision. Lorsque l'on engage quelqu'un, on se doit de connaître les qualités et les défauts de cette personne.

Néanmoins, votre façon d'être vous rend unique et original. Etre un connard vous va comme un gant.

Ça sentait l'érection mentale, tout cela.

Dans votre monde, je ne suis qu'une néophyte. Je suis à vos côtés sans vraiment l'être. Vous riez plus que vous ne me formez, moi, mousse sans connaissances. Et si pour une fois, vous me parliez de vous ? De votre façon de voir le monde, les gens ? De votre manière de concevoir l'avenir de l'Onirique ? J'en suis toujours persuadée, votre place n'est pas au sommet de la Marine Marchande mais de plaire à Eris comme un chevalier sur un champ de bataille.

Encore une fois, elle soupira. Elle avait beau le détester, le haïr, elle ne pouvait s'empêcher de l'admirer en parallèle. Peut-être qu'au fond, Sendra Sevaeria voulait ce qu'il y avait de mieux pour son Capitaine. C'était les bassesses d'une histoire mélangée entre l'amour et la haine.

Je n'ai d'avenir nul part. Le Fossoyeur de Sepiida ne m'intéresse guère. Au fond de moi, je crois que je ne possède un avenir que sur l'Onirique. Alors, Capitaine... Pouvez-vous concevoir de cesser de me percevoir comme un jouet et d'enfin me montrer les merveilles d'Eris ? Le choix vous appartient. Chassez-moi ou gardez-moi. Ce sont les deux seules possibilités que j'entrevois, non ?

Sendra était-elle vraiment prête à apprendre et écouter ? En réalité, sa tirade sonnait comme un appel à l'aide, un appel aux secours. Peu importe le choix que ferait Ajilah, c'était lui qui possédait la clé des chaînes de Sendra. Il était libre de l'enchainer un peu plus, il était certain qu'il était capable de la manipuler à sa guise, ou alors de la libérer de ses chaines et de faire de la néophyte un véritable pirate. Un pirate de l'Onirique. Jusqu'à maintenant, Ajilah s'était montré seulement beau parleur avec la jeune femme. Oui, pendant tout ce temps, Sendra n'avait vu que des mots qui faisaient la plupart du temps mal. Était-il seulement capable de lui prouver que Eris était aussi imprévisible et terrible qu'il le prétendait ? Était-il vraiment capable de la convaincre du fait que l'Onirique était le meilleur avenir possible pour elle ? En tant que Capitaine, le bel homme avait encore à faire pour remettre Sendra sur la voie qu'il considérait comme la bonne voie.

Alors, allez-vous fuir ce que vous avez engendré avec moi ou alors allez-vous accepter le fait que j'ai besoin de vous, Capitaine ?
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MessageSujet: Re: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeSam 27 Fév 2010 - 22:32

« Bonsoir capitaine. » Une entrée en matière somme toute banale, et si civilisée. D’instinct, Ajilah sut que le reste de la conversation allait lui plaire. Sendra allait encore prendre des gants, faire attention à ses paroles, doser chaque mot comme s’il était le dernier. Enfin, si tel était son choix, le demi-elfe n’allait pas s’y opposer. Lui n’avait pas à faire preuve d’une telle prudence, dans tous les cas, il avait un équipage derrière lui et… Eh bien, disons que cela aidait à mettre en confiance. Il n’était pas courageux, ni lâche, il savait ce qu’il valait, connaissait ses limites, et avait depuis longtemps compris que s’il pouvait tenir tête à la jeune mousse, c’était uniquement grâce à son sang elfique. Qu’il fusse totalement humain, et il aurait été comme n’importe quel membre de son équipage face à la génie des sabres : impuissant.

« Ma chère Sendra, te revoir aussi vite est un réel plaisir, aussi incertaine soit ta route en cette froide soirée de printemps. » badina-t-il, un sourire moqueur aux lèvres.

La jeune mousse avait changé. Etrangement, et pour son plus grand plaisir, elle avait été touché par le discours de son capitaine… Qu’on ne s’y trompe pas, Ajilah n’était pas une brute sans cervelle. Il aimait détruire, oui, comme tout homme qui s’assumait un minimum. Il aimait voir les panaches lourds et étouffants de fumées obscurcir la nuit noire, tandis que les flammes qui les faisaient naître dévoraient le visage qui, sur son ordre, avait été pillé. Mais il aimait aussi construire, voir ses actions porter leur fruit. Former était un passe temps comme un autre, et qu’y avait-il de plus passionnant que de former quelqu’un qui ne voulait pas l’être ?

Il pencha la tête quand elle avoue renoncer à l’Emeraude. Etait-ce vrai ? Il voulait bien le croire, mais il subsistait un doute. Peut-être voulait-elle y renoncer, mais peut-être ne le pouvait-elle pas. Ca aurait été d’une banalité affligeante, divertissante, et il se ferait une joie de vérifier sa théorie. Mais pour l’heure, il était trop absorbé par le discours de la jeune femme pour mettre son plan à exécution. Il ne put retenir un éclat de rire quand elle tenta de le prendre à défaut, affirmant que s’il montrait un visage aussi défavorable, c’était uniquement pour se protéger de… quelque chose. Elle n’avait aucune piste véritable pour égayer sa théorie, et il y avait peut-être une raison à cela.

« Si tu trouves le courage de fouiller mon passé, tu trouveras peut-être ce que tu cherches. » Ou peut-être pas, mais Ajilah rirait de ses tentatives, surveillant du coin de l’œil l’enquête qu’elle mènerait… si elle osait le faire. « Mais je te remercie néanmoins, ton compliment me va droit au cœur. »

Un connard, lui ? Si peu. Après tout, n’était-il pas la patience incarnée ? Certes, il avait mené la vie dure à Sendra, et pas qu’un peu. La voir se débattre dans un monde qui n’était pas le sien avait été une source de distraction continuelle, mais la voir s’y adapter malgré elle et commencer à s’y faire les crocs… Eh bien, disons qu’il s’était presque senti comme un père admirant son enfant devenir un homme, ou une femme, dans le cas présent. Bon, peut-être pas un père, l’homme admirant à l’occasion les formes somme toute appétissante de la jeune femme sans la moindre pudeur.

« Le Fossoyeur porte bien son nom… Laisse-le ramasser les cadavres que nous laissons sur notre sillage, va. » ne put-il s’empêcher de commenter. Fier de son navire, lui ? Un poil, l’Onirique était sa plus belle création, et son précieux héritage… un legs qu’il ne confierait qu’à Eris elle-même, le jour où plus malin que lui l’enverrait par le fond.

Et puis s’en fut trop. Bien trop, même pour l’homme dévoué qu’il était. Sendra était-elle folle ? N’avait-elle rien appris de ses longs mois d’esclavage - bon, peut-être pas à ce point là, mais presque - et surtout, n’avait-elle pas compris qu’il ne fallait au grand jamais se placer sous dépendance d’Ajilah ? Il ne dit rien, ne se moqua pas, n’esquissa pas même un sourire, mais nota bien soigneusement l’information dans un coin de sa tête. Elle avait besoin de lui, hein ? Folle qu’elle était, elle servirait, autant qu’elle pourrait en supporter. Jusqu’à ce, qu’enfin, elle se rebelle, et qu’enfin, elle fasse une adversaire digne de ce nom. Elle avait peut-être l’habileté, mais Ajilah savait, sans l’ombre d’un doute, que s’il devait affronter la jeune femme en duel, il aurait le dessus.

Car lui savait ce qu’était la hargne.

« Bien, bien. »

Se levant souplement, il lança son éternel regard mi-amusé mi-moqueur à Sendra, puis s’approcha de l’unique « fenêtre » de la pièce. Ouvrant le hublot, il respira un instant l’air marin, puis esquissa un sourire.

« Tu renonces à l’Emeraude, elle n’est donc plus d’aucune utilité. » Sortant la pierre tant désirée de sa poche, il la mit à hauteur de son visage et l’admira un court instant, avant de regarder la mousse. « Tu ne verras donc aucun inconvénient à ce que je m’en débarrasse ? »
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MessageSujet: Re: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeDim 28 Fév 2010 - 15:08

Ajilah ne répudia pas Sendra, ni ne l'encouragea dans son élan. Encore une fois, le vil homme gardait derrière son beau visage ce qu'il pensait réellement. Du moins, c'était comme si la majorité des paroles de la mousse n'avaient été que du vent. En fait, il ne fit sourire Sendra qu'une seule fois avec sa pique envers le Fossoyeur. Partageaient-ils enfin le même avis ? Non, Sendra avait eu tord pendant un court instant. D'une moquerie, Ajilah avait répondu à la question ignorée de Sendra le matin-même. Quand quitterons-nous Méca et la Marine Marchande pour pirater ? Enfin, elle ne fit pas la différence entre le futur et le présent du verbe laisser employé par le Demi. Par cet emploi de la langue, Ajilah montrait qu'à ses yeux, l'Onirique était déjà bien supérieur au Fossoyeur. Pourtant, avec l'absence de Haize Sepiida sur Méca et la façon de se la couler douce, à ses yeux, encore sur Méca, d'Ajilah, les deux navires avaient encore des preuves à faire pour maintenir leur réputation. Ainsi, connaissant plus que bien la fierté naturelle de son Capitaine, Sendra comprit qu'il comptait bien répondre aux attentes de la mousse bien que ce ne serait pas pour elle mais pour lui et son Onirique directement. Par ce fait, Sendra ne lui appartenait-elle pas ?

Je ne fouillerais pas votre passé, il ne m'intéresse pas plus que ça, vous savez ?

Oui... Celle qui quittait petit à petit son sombre passé devait-elle prendre la peine de se rattacher à celui d'un autre ? Non, elle devait se convaincre et prendre conscience qu'il n'y avait que l'instant présent et quelque peu l'avenir qui était important. Ce qui est passé reste du passé, quelque chose d'inéchangeable. Un peu comme espérer faire revivre sa mère par le biais de son émeraude. Enfin, officiellement l'émeraude d'Ajilah mais officieusement la sienne.

L'instant qui suivit ne surprit pas du tout Sendra Sevaeria. Ajilah menaçait de jeter l'émeraude à Eris au travers de son hublot. Évidemment, le silence fut de taille et le visage de la mousse était expressivement neutre. Pas de rictus ni de sourire bienveillant en guise de refus ou d'approbation. En réalité, Ajilah mourrait d'envie de savoir si Sendra était bien capable de s'en séparer dès maintenant. Le vil homme avait déjà tellement joué avec les sentiments de Sendra pendant tout ces longs mois. N'existait-il pas un moyen pour faire pencher la balance et humilié gentiment l'homme fort à son tour ? Avouez, ce serait si jouissif d'inverser les rôles. C'était-là l'unique raison pour laquelle Sendra ne répondit pas tout de suite à Ajilah une approbation sans retour immédiate.

Je vous interdis de la jeter à Eris, Capitaine. Vous n'avez pas le droit de faire cela !

C'était cela, sa réponse ? Un brin de colère se tissa sur son visage devenu un peu fade avec les longs mois de dures labeurs en se contentant de manger un peu de pain rassis et un bol de soupe malodorant chaque matin, midi et soir. La brunette rêvait d'un calamar ou de fruits de mers comme elle avait eu l'habitude de manger avec sa mère lorsqu'elle était une enfant. Ce qu'aucun des deux protagonistes ne semblaient pas avoir réalisés, c'était que Sendra était passé de l'enfance à l'âge adulte sans connaître la moindre adolescence. Du moins, une adolescence hors normes et totalement bafoué par les vices de son paternel. Ce qui faisait souvent la beauté d'une femme, c'était son innocence et dans ces termes... Sendra avait tout perdu, semblait-il. Bref, avec cette réaction, Ajilah ne pouvait croire autre chose que le fait que Sendra se résiliait déjà et que son discours n'avait été que du vent. Par la comédie, la mousse espérait faire naître en Ajilah un brin de déception... Brin de déception qu'elle ne tarda pas à briser si la naissance de ce dernier fut.

Je vais le faire, Capitaine. C'est à moi et à moi seule de rompre les liens avec mon passé et de l'abandonner à Eris pour me tourner vers l'avenir.

Aucun rictus, aucun sourire. Seul un visage de marbre qui l'enlaidissait sans aucun doute un peu plus. Pour rayonner, Sendra avait bien du chemin à parcourir et aux côtés d'Ajilah, ce ne serait pas chose aisé. Mais si elle y parvenait avec le facteur Ajilah dans cette équation fortement compliquée, elle deviendrait quelqu'un. Quelqu'un qu'Ajilah en personne respecterait et craindrait. Oui, cette seule idée redonnait un semblant d'espoir et de vie à la mousse. Ajilah, respecter et craindre quelqu'un à la fois ? Il ne devait y avoir qu'Eris qui entrait dans ses termes-ci. Une mortelle serait-elle capable de réaliser ce fol exploît ?

Donnez-moi l'émeraude, s'il vous plaît.

Si Ajilah doutait du fait que Sendra pouvait accepter de le laisser jeter l'objet de ses tourments, de ses folies et de ses passions passées à la Mer, comment pouvait-il se convaincre que Sendra en personne allait la jeter avec ses propres mains et de son plein gré ? Enfin, cessons de parler de Sendra et retournons vers les impressions du principal concerné, Ajilah... Il était presque certain qu'il rigolait intérieurement s'il comprenait tout le raisonnement de Sendra. Ne tentait-elle tout simplement pas de se faire les griffes dans un monde encore insoupçonné et inconnu pour elle ?
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MessageSujet: Re: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeDim 28 Fév 2010 - 19:58

Ajilah était mi-figue mi-raison, au fond. Il ne savait trop s’il devait se réjouir ou se lamenter. La seule chose certaine, au fond, était que les choses allaient changer. En bien, en mal ? Il avait du mal à imaginer pire attitude que celle de Sendra depuis leur rencontre. Servile, impassible, soumise… Elle lui avait donné une latitude infinie, tout cela pour une pauvre pierre sans autre valeur que celle qu’elle voulait bien lui accorder. La seule chose qui avait motivé le pirate à la garder avec lui avait été de voir jusqu’à quel point elle pouvait être stupide, et à partir de quand sa patience allait commencer à s’étioler. Et il avait l’amusante impression qu’il aurait très bien pu faire durer ce jeu si particulier encore très très longtemps. Tout comme il soupçonnait qu’elle aurait fini par se pendre plutôt que de se rebeller ouvertement. Affligeant.

Mais pour l’heure, il regardait le centre du problème, la clé des chaînes de cette chère Sendra… le minerai qui avait du la maintenir éveillée des nuits durant. Le spectre de sa mère, au fond, qu’elle n’avait jamais oublié. L’air maritime lui caressait le visage, moqueur et tentateur, et il avait soudainement très envie d’enlever à sa jeune mousse le plaisir de trancher elle-même les liens qui la retenaient à son passé. Un passé qu’il avait lui-même enterré quand il l’avait récupérée sur l’Onirique, en envoyant par le fond le navire qui avait été son foyer durant toute son « adolescence ».

« Hum… Tu m’interdis ? »

Ajilah et interdire étaient deux choses qui n’allaient pas ensemble. On n’interdisait pas au demi-elfe, jamais. Il voguait sur l’Eris, seul maître de son destin. La liberté absolue, cher idéal de cette Marine Marchande qu’il avait tué par plaisir, était sienne, il l’avait domptée et ce n’était pas une mousse qui la lui retirerait. Un léger mouvement de poignet, et l’Emeraude s’envola, quittant sa main pour… le rebord du hublot, une dizaine de centimètres au dessus, pour être tout à fait exact. L’émeraude maltraitée retomba au sol avec un petit claquement, puis roula un peu avant de s’arrêter. Tournant la tête vers Sendra, comme si de rien était, il esquissa un léger sourire.

« Et voilà. »

Il lui fit un très léger clin d’œil, ne cherchant même pas à voir si son visage était devenu livide, si elle rageait ou que savait-il encore, et parti s’assoir sur son éternelle chaise, face à son éternel bureau. Se mettant à l’aise, il poussa du bout de la botte les divers objets qui le gênaient puis étendit paresseusement ses jambes.

« Bien, tu restes donc à bord… »

Joignant les mains sur son ventre, il l’observa un long moment, guettant ses mouvements. Irait-elle chercher l’Emeraude. La jetterait-elle, ou la garderait-elle ? Qu’elle fasse, il s’en moquait, au fond. Ce n’était qu’une jolie pierre aux reflets verts agréables à l’œil, rien de plus.

« Tu es restée mousse assez longtemps, je pense. »

Combien ? Un an ? Deux ans ? Il avait arrêté de compter. Pas une fois elle n’était venue le voir pour parler « avenir », et il ne l’avait pas fait non plus. L’heure était venue, apparemment.
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MessageSujet: Re: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeDim 28 Fév 2010 - 20:32

Échec et mat. Le Capitaine venait de démontrer une fois de plus qu'il était l'homme le plus frustrant qu'elle aurait imaginé connaître dans sa vie éphémère. Il ne l'avait pas jetée à Eris et il ne lui avait pas redonnée. Non, il s'était contenté de... la faire tomber au sol et de l'ignorer. Ce geste pourtant si simple et commun venait de couper court à toute ambition d'impressionner celui qui ne pouvait pas l'être. Sendra soupira de dépit devant la simplette prestation et essaya de songer à autre chose. La seule façon de vaincre Ajilah était de se montrer encore plus imprévisible que lui pour espérer le surprendre et malheureusement, Sendra ne s'en savait pas capable, du moins pour l'instant présent.

Elle se contenta donc de le suivre du regard et de l'observer se mettre à son aise. Elle en avait presque oublié qu'il s'agissait de sa cabine, la cabine du Capitaine de l'Onirique. C'était presque un honneur de discuter ici, non ?

Je reste à bord, donc... Capitaine ?

Le destin semblait être scellé et Sendra venait de reperdre toute son assurance. Du moins, elle faisait très clairement profil bas et allait probablement se contenter de répondre aux questions de son supérieur comme un... bon chien. Encore une fois, c'était frustrant d'être la seule perdante même quand tout s'arrangeait peu à peu en apparence. Quel être détestable, cet Ajilah, vraiment...

Et que vais-je devenir, alors, Capitaine ?

Oui, l'heure fatidique tant attendue était arrivée. Vers une nouvelle vie, vers un nouveau monde. Sendra Sevaeria s'adapterait-elle seulement à un tel renouveau ?

Je suis tout ouïe, Capitaine. Quel est mon avenir sur l'Onirique ? Comment puis-je le servir ?

Elle était devenue comme l'élève qui attendait de recevoir la leçon de son maître. Elle devait le reconnaître et lui aussi, après un, deux ans...? Elle n'y connaissait pas encore grand chose. Tout ce qu'elle avait pu faire, c'était observer sans réellement appliquer.
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MessageSujet: Re: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeJeu 4 Mar 2010 - 20:24

Ah… Ajilah s’était bien amusé. Jouer au mentor était parfois bien plus gratifiant qu’on pouvait s’y attendre, et le début de commencement d’ombre de révolution qu’il avait insufflé à la jolie Sendra était une victoire sur laquelle il n’aurait pas parié lui-même… Et pourtant, il se tenait en haute estime, c’était pour dire. Elle n’avait pas fait un geste pour ramasser l’émeraude, et si jamais elle l’abandonnait là en partant, il ferait en sorte de l’entreposer quelque part, histoire qu’elle la voit à chaque fois que ses pas la conduiraient dans la fameuse cabine.

« Si tu vas rester ? » Il la regarda comme s’il contemplait une idiote finie, et elle devait l’être un peu, pour poser de telles questions. « Eris me foudroie, Sendra, tu m’écoutes, quand je te parle ? »

Il avait presque envie de la sortir de son antre d’un bon coup de pied bien placé, mais non… Il avait réussi à faire preuve de patience tout au long de la rude entrevue, et il n’allait pas céder alors qu’elle touchait à sa fin. Quoi que… L’image de la jeune femme volant à travers l’encadrement de la porte pour s’écraser contre le mur d’en face avait de quoi le motiver. Se redressant légèrement, il darda un regard perçant à la jeune impudente.

« Quand je te disais que c’était à toi de choisir, tu regardais par la fenêtre en espérant voir une mouette passer ? » ajouta-t-il, un brin acerbe.

Puis il haussa les épaules, simplement, et se détendit. Ce n’était pas ce soir que Sendra lui ferait regretter son attitude, et si cela arrivait un jour, eh bien… Elle n’était pas indispensable, et il serait facile de s’en débarrasser.

« Comme tu n’oses même pas me suggérer ce qui pourrais te plaire, tu seras gabier. Va voir Haer, et dis lui que tu es sous sa responsabilité le temps qu’il te forme. »

Il ne put retenir un léger ricanement de plaisir anticipé, entendant déjà le plaidoyer que lui ferait son fidèle chauve quand il allait apprendre qu’il lui faudrait jouer les « nounous pour donzelles qu’avaient rien à faire sur l’plancher de l’Onirique ». Mais son second était le meilleur marin qu’il avait connu, et il avait pour lui une pédagogie unique et diablement efficace.

« Bon, je pense qu’on a fait le tour de la question, que dirais-tu de dégager un peu, pour voir ? » lâcha-t-il, un brin condescendant.

Eh, manquait plus que Sendra commence à l’apprécier… Il avait une réputation à tenir.
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MessageSujet: Re: [L'Onirique] Le Maître et la Chienne.   [L'Onirique] Le Maître et la Chienne. I_icon_minitimeDim 7 Mar 2010 - 15:43

Et voilà qu'Ajilah reprenait ses moqueries incessantes. Il avait vraiment le don de lui taper sur les nerfs mais ce n'était ni le moment, ni l'endroit pour s'abandonner à ses instincts. Sendra resta totalement silencieuse face au premier pique de son Capitaine. Certes, la question fut d'une stupidité sans précédente... Mais n'avait-elle pas le droit d'avoir du mal à y croire ? Ce matin-même, Ajilah ignorait encore s'il allait la garder ou non. Enfin soit, qu'il la traite d'imbécile si cela lui chantait... L'avenir changerait certaines choses et Sendra comptait bien s'aventurer dans les changements. Mais la seconde remarque fut de trop.

Sans vouloir vous offenser, Capitaine... Vous n'avez à aucun moment demandé mon avis sur la question. Vous pensiez juste que je suis restée mousse assez longtemps.

Peut-être que ce fut clair pour Ajilah, mais pas pour Sendra qui commençait seulement à apprendre à connaître le Capitaine de l'Onirique. En fait, par cette remarque, Sendra ne faisait que de mettre encore un peu plus d'huile sur le feu déjà bien entamé. Mais c'est ce qui faisait tout le charme de la relation Ajilah-Sendra, non ?

Bien, je m'en vais discuter avec Haer de mon nouveau rôle parmi vous. Mais avant...

Sendra porta peut-être le regard qu'elle n'aurait jamais du porter devant Ajilah. Du moins, peut-être pas maintenant. Ses yeux marrons se rivèrent sur l'émeraude encore au sol qui n'avait pas bougé d'un pouce. Sans hésitation, Sendra s'avança, s'abaissa et la saisit dans sa main gauche.

Si vous teniez à ce caillou, vous ne le traineriez pas ainsi par terre. Je n'ai pas l'intention de le garder pour moi. Je compte le revendre sur le marché de Méca pour me racheter quelques vêtements et retrouver un semblant de vie.

Dans sa condition actuelle, Sendra n'était pas vraiment très propre et ses vêtements étaient très mal en point. Son argument était valable étant donné que tout le neuf dixième de tout ses biens finissaient dans les poches d'Ajilah depuis sa venue sur l'Onirique. Se redressant, elle tourna une dernière fois ses yeux vers lui.

A moins que vous ne vous y opposiez ? Sinon, à bientôt.

Le regard froid, elle se dirigeait en direction de la porte de la cabine du Capitaine de l'Onirique. Elle n'allait pas ignorer son ordre une fois de plus et s'en aller sur le champ sauf si Ajilah lui ordonnait le contraire pour discuter encore un peu de l'émeraude. Autrement... Elle était déjà partie.
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