Histoire: I
« Gudwal, laisse ton père tranquille ! »Mai Neve ALMEDA, jeune mère un peu débordée s'affairait à la cuisine, essayant de calmer son fils unique, Gudwal Neil, tout juste âgé de 6 ans. L'enfant, exalté et surexcité quitta la bicoque, d'un pas vif et maladroit. La pièce unique abritait un matelas de fortune posé sur deux grosses planches de bois, qui servait à la fois de lit et de canapé, un coin où un feu brûlait sans cesse pour la cuisine et le chauffage, et quelques étagères remplies de vieilleries et de vaisselle en terre cuite.
« Il ne me dérangeait pas tu sais... »Tenta discrètement de dire Gwen Loth, l'époux de Mai. Sa femme ne répondit rien, et continua de lui tourner le dos en remuant la soupe. Il venait de rentrer de la carrière où il était mineur, c'était le midi, et il lui faudrait bientôt y retourner. Mai lui tendit un bol de soupe de légume et une cuillère grossière. Cependant, ce qui nous intéresse se passe dehors. Une plaine au creux des reliefs du Sud-Est de l'Atral, entre Diantra et la pointe Ouest. Un petit village de mineurs s'était installé dans ce petit recoin de la vallée. Le voisin le plus
proche de Gwen Loth et de sa famille, était Nefenhyr, un grand homme blond et rachitique, qui à la grande surprise de tous, avait un rendement extraordinaire à la mine. Il avait une petite fille, du même âge de Gudwal, Neala, qui avait l'habitude de jouer avec le petit ALMEDA comme avec son propre frère. Ils se mirent à gambader dans la vallée et autour des maisons, comme toujours.
« A tout à l'heure mon grand, prend soin de Neala cria au loin Gwen, qui quittait la maison pour retourner miner.
- J'espère bien que ton petit chenapan de fils prendra soin de ma merveilleuse fille, Gwen, plaisanta Nefenhyr en le rejoignant . » Mais le beau temps qui régnait dans la vallée finit par se laisser envahir par les nuage et la tempête, l'orage et le rugissement des éclairs dans le ciel. Hywel, la femme de Nefenhyr se réfugia avec sa fille chez Mai, ayant une peur inexplicable pour les orages. Elle s'était assise près du feu, en gardant Neala dans ses bras. Gudwal était redevenu calme, ce qui lui arrivait rarement, sa démarche était presque lascive, et il errait
dans la maison, comme une âme égarée.
« Qu'as-tu Gudwal? Va t'asseoir avec Hyw et Nea. »Dans le silence le plus pesant, le petit garçon rejoint son amie près du feu. Une tension s'était
installée, comme un poids qui ankyloserait chaque mouvement dans la pièce. La pluie battait contre le toit de chaume de la petite maison, et des nombreuses fuites goutaient à travers la pièce. Soudain, on frappa à la porte, violemment. Mai se dirigea vers cette dernière. On frappa encore le temps qu'elle l'ouvre. Essoufflé, le visage défait, couvert de boue, Sant, un collègue de Nefenhyr et de Gwen essayait d'articuler quelque chose. Il essuyait impétueusement la boue sur son visage, même s'il ne faisait que l'étaler. Hywel se
releva subitement et ordonna à Nea de rester au coin du feu avec Gudwal.
« Qu'est-ce qu'il se passe Sant?! Explique nous ! Cria Mai affolée,
- C'est la mine... ! Il... il y a eu un écoulement de boue violent qui est descendue le long du flanc ouest de la colline et... »Au même moment, d'autres mineurs, rescapés, parfois blessés, couraient dans le village en hurlant aux femmes de sortir, et aux anciens qu'il fallait impérativement se réunir. Ils glissaient et leur course était maladroite et faible. Sant repris la parole en même temps que son souffle.
« Et la coulée s'est engouffrée dans la mine... la plupart des mineurs étaient dehors en train de charger les charrettes de pierre... et je crois que Nefen et Gwen étaient dedans... »Mai s'effondra et frappa ses poings contre le sol. Hywel l'attrapa par le bras et la tira vers l'avant
pour qu'elle se relève.
« Il faut qu'on aille voir là-bas s'ils sont dedans ou pas ! » Les deux femmes courraient, Mai luttant pour se relever lorsqu'elle trébuchait, la pluie battant un rythme infernal sur leurs épaules et leur tête, comme un chant de guerre, une guerre qu'elles auraient perdue. Sant les suivait tant bien que mal, dépassé par les événements.
II
Neuf années se sont écoulées. La mine a fermé quelque temps après l'écoulement, et le lieu a été déserté par les anciens mineurs et leur famille. Le temps semble figé dans ce lieu, et même si les enfants grandissent, peu de choses évoluent. Hywel et Neala vivent avec Mai et Gudwal. Ce sont les seuls à être resté, sûrement pour la mémoire des défunts, un peu par dépit de n'avoir d'autre choix. Ils vivent alors de chasse, d'un peu d'agriculture, et de beaucoup de courage, isolés.
« Gudwal, promets-moi que tu seras toujours là, quoi qu'il arrive... »Nea regardait dans les yeux son ami, son frère, comme si c'était la seule personne qui lui restait. Gudwal hocha la tête, mais ne dit rien. Ses yeux se perdaient dans le vague. Un vague hypnotique. Ils étaient assis sur une souche d'arbre, les pieds dans la neige. Il faisait froid, mais de toute façon en cette saison il ne se passait rien. La réserve de nourriture devait leur suffire à se nourrir, et ils étaient censés couper du bois pour le feu.
« Aujourd'hui, j'ai 15 ans, tu sais... enfin oui tu le sais, bien sûr que tu le sais... mais je ne sais pas ce que toi tu as... »Gudwal demeurait silencieux, hypnotisé par on ne sait quelle force mystique, qui attirait ses yeux vers la neige.
« Répond moi, enfin ! »Nea le secoua. En un soubresaut discret, il revint à la réalité. Avec le temps il s'était assagit, peut-être un peu trop, et semblait maintenant vidé de tout sentiment positif. Le décès de son père lui semblait
injuste, et le fait de rester ici, ancré dans des souvenirs qu'il préférerait oublier, encore plus. Il se leva, pris la hachette, et dévisagea l'adolescente. Nea se mit à trembler, à ressentir une peur jamais encore éprouvée. La peur de l'autre, comme une peur d'elle-même. Il leva la hachette. Son visage se crispa. La demoiselle, poussa un cri, la hachette se planta, droite, d'un coup nette dans la cime d'un petit arbuste qui s'écroula. Gudwal le pris sous son bras et se dirigea, toujours sans un mot vers la maison.
Nea resta là, effrayée et rassurée en même temps. Comment avait-elle pu penser que son ami voudrait la tuer? Pour qu'elle stupide raison avait-elle cru, un instant, perdre la vie par sa faute? Elle se décida à prendre le chemin du retour. Et puis soudainement, un hennissement violent brisa le silence solennel du petit bois couvert de neige. Elle se retourna brusquement, et derrière elle, se tenait droit et fier, un homme à
cheval.
« Dis-moi mon enfant, sais-tu où est Gudwal Loth Almeda, et surtout s'il vit encore ici avec sa famille? »Nea pointa fébrilement son doigt vers l'Ouest. Le cavalier la salua élégamment en s'abaissant et partit au petit trot vers la bicoque. Elle espérait intimement qu'elle ne serait responsable d'aucun mal.
« Neve, ma douce et belle Mai. Cela fait si longtemps... »Mai se retourna, et un sourire radieux vint orner son visage.
« Edward Segar Almeda, que viens-tu faire dans cette région si reculée?
- Je viens voir mon cher frère, ton époux, car je lui ai fait jadis une belle promesse que je me dois de tenir.
- Oh... Gwen est... partit... loin sous terre... »Le silence s'installa, pesant, lourd, englobant les deux êtres. Hywel sortit de la maison. Vivre en autarcie lui avait fait oublier la beauté des habits des citadins. Elle ne se risqua cependant pas à saluer l'inconnu, et se
dirigea vers le bois, pour chercher sa fille.
« Viens Edward, rentre ici, mets-toi à ton aise, nous allons discuter seul à seul...
- J'en conviens, Mai... »Il quitta sa monture, et l'attacha à une pique de bois enfoncée dans le sol, qui servait a attacher les chiens lorsque la lieu était encore vivant. Edward portait une tenue raffinée, de soie et de velours, sa démarche était élégante, et même lorsqu'il descendait de son cheval, ses mouvement étaient gracieux et parfaitement contrôlés. Il retira ses gants de cuir, et poussa la porte de la maison. C'était un homme robuste et élancé, grand, brun, aux cheveux longs et légèrement ondulés. Il avait une barbe mal rasée, mais soignée, qu'il grattait régulièrement. Un fleuret dans son étui battait le rythme de sa marche contre son flanc. Et sans ses fastueux atours, il ressemblait énormément à feu Gwen, ainsi qu'à Gudwal, qui prenait avec le temps une carrure semblable à ses ainés.
« Ma vieille robe et ce pauvre tablier me donne l'air misérable auprès de toi Edward...
- Qu'importe, je ne suis pas là pour vous juger, vous faites partie de ma famille ton fils et toi.
- S'il en est ainsi...
- Explique moi ce qu'il s'est passé, ce que mon pauvre frère a subit...
- Il y a neuf ans, le village était encore peuplé... et puis... cet orage, elle sanglota et se mit à suffoquer. Je...
- La pluie battait terriblement. Je m'en souviens comme hier, et un écoulement de boue a dévalé le flanc ouest de la colline, avant de s'engouffrer dans la mine, et d'y enfermer les deux mineurs qui y restaient... Mon père, et Nefenhyr. Les autres eurent de la chance, c'était l'heure du chargement des charrettes pour Diantra. »Gudwal se tenait dans l'ouverture de la porte, les jambes trempées. Il entra et posa le bois près du feu pour qu'il sèche plus rapidement.
« Mon neveu, que tu as grandis, tu vas bientôt ressembler à ton père...
- Je ne veux pas lui ressembler. Je ne veux plus en entendre parler.
- Que dire... il faut que je parle un peu avec ta mère, laisse-nous s'il te plait... »Mai repris son souffle, et essuya ses larmes. Edward avait promis à Gwen qu'il emporterait avec lui son fils l'année de ses 15 ans, et jusqu'à ce qu'il s'émancipe. Vivant dans un luxueux manoir, Gudwal bénéficierait alors d'études poussées, de précepteurs attentionnés, d'un maître d'arme, et d'une vie près de la ville.
Le lendemain il fit ses affaires, et monta a l'arrière du cheval, avec un petit sac de vêtements et une gourde. Nea n'en su rien, et on lui annonça que son ami était partit qu'en fin de journée. Elle pleura. Elle hurla. Une partie d'elle se déchirait...
III
« Essaye un peu de parer ceci, mon oncle ! »Gudwal tenta une botte, mais son Edward le désarma aussitôt, projetant son fleuret à l'autre bout de la salle d'entrainement.
« Tu as encore du travail à fournir mon garçon. Entraine-toi encore un peu avec le maître d'arme aujourd'hui, nous mangerons dans une petite heure. »Gudwal acquiesça, couru reprendre son arme et se remit au travail. Lorsqu'il combattait, il pensait à Nea. Cela faisait tellement longtemps qu'il ne l'avait pas vu... Elle devait être belle maintenant... Tellement. Mais ces moments de déconcentration lui valaient toujours une défaite cuisante.
« Mais bon sang, concentre-toi un peu! Tu n'arriveras jamais à désarmer ton oncle en pensant à autre chose comme ça ! Laisse-moi deviner, tu as une fille dans la peau toi... »Le maître d'arme s'appuya contre le mur, le regard suspicieux. Gudwal jeta son fleuret à terre, et s'éloigna dans sa chambre. Vingt et un ans. Presque un homme. Il vivait maintenant dans le luxe de la bourgeoisie cultivée dans la province autour de Diantra. Edward maniait le fleuret et les mots comme une religion. Il ne croyait en rien ni personne, si ce n'est la puissance et l'envergure des mots, ainsi que la grâce du
combat au fleuret. Et Gudwal, lui, ne croyait en rien du tout. Il aimait le fleuret, mais se décourageait bien trop vite. Les mots lui semblaient étrangers, mais des idées fleurissantes se bousculaient dans sa tête, et des inventions plus surprenantes les unes que les autres défilaient dans ses pensées, sans qu'il ne mette ses inspirations au propre. La cloche du diner résonna dans la demeure. A table, il se surpris à ne pouvoir s'empêcher de parler...
« Mon oncle, je dois retourner dans la vallée chercher Neala. Je ne peux pas la laisser moisir dans cette contrée là. Je dois absolument l'emmener en ville. Elle est brillante, elle sera tout aussi utile que moi !
- Tu es loin d'être utile mon garçon, néanmoins, je crois pouvoir te comprendre. Vas-y si tu veux, mais sache que je ne m'occuperai de rien. Prends un cheval dans les écuries, des affaires, et débrouille toi pour retrouver le chemin. »Quelques jours plus tard il avait rejoint la vallée. Sa mère était décédée de fatigue, Hywel et Neala vivaient toujours là, bien qu'Hywel fut mourante. Il accepta de rester auprès d'elle le temps qu'elle s'en aille, et lorsque ce triste jour vint, il expliqua à Neala qu'il fallait qu'elle vienne avec lui. La jeune femme accepta. Elle était devenu ce qu'il avait toujours imaginé d'elle. Une femme avec un si joli visage, des yeux verts profonds et mystérieux, et cette chevelure blonde, presque blanche, qui tombait sur ses épaules et ondulait dans son dos. Il était définitivement amoureux.
A son retour, Nea s'intégra rapidement dans la demeure, et rattrapa le savoir qu'elle n'avait pas eu grâce à des cours intensifs de philosophie, de science, de géographie et de cosmologie. Elle se démarqua par sa grande faculté de concentration, et ses facilités en philosophie, à imaginer et raisonner. Elle et Gudwal se marièrent une journée d'été à Diantra, près de leur de 23 ans, se jurant fidélité pour toujours.
IV
« AAAAAAAAAAAAH....pporte moi un tissu imbibé d'eau. Je t'en supplie ! »Nea hurlait de souffrance, et s'énervait contre la grande gouvernante de la maison qui semblait désarmée face à la situation.
« Oui Madame, j'y cours … !
- C'est pas vrai, faite quelque chose, ma nièce est en train d'accoucher et vous restez plantez là comme des potiches décoratives. Bougez-vous, bon sang ! »Les autres gouvernantes baissèrent la tête et s'excusant et se mirent à s'affairer dans le manoir pour y trouver tout ce qui aurait pu servir. Dans le corridor, Gudwal tournait en rond. Il paniquait, ne savait que faire, priait pour un Dieu auquel il n'avait jamais cru, pour que sa femme en sorte indemne, et l'enfant aussi. Les heures passèrent, et soudain une tête se glissa entre la chambre où Nea et les gouvernantes étaient,
et le corridor.
« C'est une fille, Monsieur Neil. Si vous voulez venir la voir pour la nommer... »Il entra, et embrassa sa femme, épuisée, en sueur, qui somnolait maintenant sur le lit, la petite fille dans les bras.
« Tout va bien ?! … oui... Elle s'appellera Elaine, Elaine Gwendalyn Tadhg , car ce sera une écrivaine pure et joyeuse. Elaine Gwendalyn Tadhg Almeda. »V
Les années passèrent encore. L'oncle Edward mourut de vieillesse, le maître d'arme aussi, mais il légua son fleuret qui appartenait encore autrefois à Edward, à la petite Elaine, lorsqu'elle eut fini son entrainement.
Ses parent vieillirent aussi, et héritèrent de la demeure. Ils l'encouragèrent à partir découvrir les alentours, le monde dans lequel elle vivait, elle qui n'avait connu que les beaux murs du Manoir Almeda. Elaine avait toujours été intéressée par les lettres, et l'écriture faisait autant partie de sa vie que la grâce, l'élégance, la politesse, ou le fleuret. Le jours de ses 22 ans, elle prépara le cheval le plus rapide et le plus endurant des
écuries, une jument du nom de Kaelig. Et bientôt, elle partit à l'aventure, avec le strict nécessaire, quittant son confort au profit de la découverte.
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Désolée des éventuelles fautes, j'ai fait ça la nuit dernière en grande partie, alors la fatigue, etc...