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 Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée]

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Elaine de Latour
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Elaine de Latour


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MessageSujet: Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée]   Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée] I_icon_minitimeVen 1 Avr 2011 - 0:33

    Nom/Prénom : Elaine
    Âge : 19 ans
    Sexe : Féminin
    Race : Humaine
    Particularité : Yeux très bleus. Cicatrices.
    Alignement : Neutre penchant très souvent vers le Neutre mauvais
    Métier : Prostituée/Danseuse (anciennement Herboriste).
    Classe d'arme : Corps à corps.

    Équipement :
    Une dague toute simple, dont le manche contient un petit réceptacle de poison. Elle la porte accrochée sur une lanière de cuir ceignant sa cuisse gauche, ou encore dans sa botte, lorsqu'elle ne peut faire autrement. Elle a également toujours sa bourse sur elle, qu'elle cache d'ordinaire dans un repli de sa robe ou entre ses seins.

    Description physique :
    Assez petite du haut de son 1m52, Elaine est l'incarnation d'une beauté puérile et un peu fanée. Avec ses yeux bleus constamment tristes et sa moue boudeuse, elle à fait chavirer les sens de plusieurs hommes, et même de quelques femmes. Aucune tache de rousseur ne vient orner son visage, comme si la nature n'avait pas voulu gâcher ce si joli nez qu'elle a, assez grand mais lui donnant, au lieu d'un air étrange, un charme incertain. ses longs cheveux roux, si souvent emmêlés, mais gardés longs plus par paresse que par envie, lui retombent sur les épaules en cascades sucrées.
    De nature assez frêle, Elaine n'a pas un physique frappant, ce qui lui permet de se fondre dans la foule à sa guise, que celle-ci soit composée de nobles ou de paysans. Son seul trait distinctif, ses yeux d'un bleu profond, presque mouvant, ne se révèle généralement aux gens qu'au tout dernier moment, lorsqu'ils la regardent bien en face, délaissant du même coup ses lèvres invitantes et sa gorge satinée.
    Loin de s'attifer avec des loques, Elaine a l'habitude de mettre de grandes robes avec des corsages serrés, révélant sa gorge et mettant sa poitrine en valeur, celle-ci paraissant alors plus grosse qu'elle ne l'est en réalité. Ses quelques robes d'apparat, faites sur mesure, sont généralement de savants mélanges de tissus transparents et de couleurs, en révélant peu, mais jouant avec l'imagination des gens, qui se charge amplement d'imaginer le reste.
    Les gens qui l'ont déjà vue danser ont pu remarquer que son dos s'orne d'une cicatrice étrange, sinueuse, qui descend en suivant sa colonne vertébrale jusqu'à son coccyx. Le peu de gens qui auront eu l'occasion de la voir nue, à la lumière, affirmeront également qu'une cicatrice semblable barre son bas-ventre, le traversant de part en part d'une façon inégale.


    Description mentale :
    Elaine n’a qu’un vague souvenir de ses parents, truffé de gifles et de coups. Cela à formé son caractère bien avant que n’importe quoi d’autre ne le fasse. Changeante et inégale, Elaine n’est toutefois pas ce qu’on peut qualifier de flamboyant, à tous les sens du terme. Pas nécessairement à l’aise en société, contrairement à ce que sa moue dédaigneuse, constamment rivée à son visage, ne pourrait le laisser croire. Pour ceux qui sont assez téméraires pour faire fi de sa gorge invitante, et passer outre l’avertissement de ses lèvres froncées, Elaine se révèle être d’une douceur étrangement triste. Tous ses gestes sont empreints d’une délicate langueur, et sa voix ne s’élève que rarement lorsqu’il ne s’agit pas de crier.
    Tirant son plaisir de la lente servitude dans laquelle elle est prisonnère, Elaine se laisse facilement faire par les autres, dans son propre intérêt. Sa jeunesse lui à appris à se méfier des agneaux trop doux, aussi n’accorde-t-elle que rarement sa pleine confiance. Elle ne rechigne pas à faire exactement ce qu’on lui demande, même si cela s’avère presque impossible, prenant goût à l’exquise punition qu’elle sait accompagner tout acte de rébellion. Elle sait donc se soumettre parfaitement, calquant ses désirs sur ceux de la personne qu’elle désigne alors comme son «maître», et qui durant un temps ne se verra pas remplacer dans son cœur. Par contre il est très probable qu’elle entre dans le jeu d’à peu près n’importe qui lui offrant, au moins pour un temps, un peu plus de son désir le plus cher.
    Cette chose, cette unique ambition dévorante, est toute simple; Elaine désire avoir une réputation. Une solide réputation de courtisane de haut vol, voilà ce qu’elle veut. Et pour cela, il lui faut sembler inaccessible. C’est donc ce qu’elle fait. Elle s’enferme dans sa chambre, se laisse le loisir de refuser des clients, et les mène ensuite, de façon fort discrète, à faire ce qu’elle veut; lui offrir une réputation toujours grandissante.
    La raison pour laquelle elle désire cette réputation plus que tout est fort simple; si tout le monde sait qui elle est, il y à de bonnes chances pour qu’elle doive également servir plusieurs personnes. Et quelle autre fierté un serviteur né peut-il tirer, autre que celle d’avoir bien fait son travail, de sa condition ? Celle d’être le meilleur, pardi.
    C’est pourquoi Elaine s’offre au plus offrant, laissant les autres qui se massent à sa porte pâtir de sa subite absence. Pour elle ce n’est pas très difficile, car elle accorde sa confiance aussi facilement qu’elle peut la retirer; parfois d’un seul battement de paupières tranquille.
    Il ne faut toutefois pas croire que la demoiselle n’aime pas son travail; elle le prend même plutôt à cœur. Pour elle c’est comme une sorte de bénédiction, une facilité à laquelle il est très dur de ne pas céder. En effet elle se dit que si elle avait été Herboriste, elle n’aurait jamais pu avoir cette réputation qu’elle désire tant, tout simplement parce que les herboristes restent toujours dans l’ombre. Une courtisane, ça passe partout, les gens en parlent en murmurant doucement, et leur réputation peut s’étendre comme une traînée de poudre, avant d’embraser un palais tout entier. Oui, c’est bien une bénédiction que ce travail facile, qui ne demande parfois presque aucun autre effort que d’écarter les jambes en poussant quelques gémissements bien sentis. D’autres clients sont plus difficiles à satisfaire, mais Elaine, fidèle à son désir de popularité, est extrêmement douée dans la pratique de son art, et elle n’hésite pas à s’en servir d’une manière qui frôle parfois la manipulation psychologique, bien qu’elle ne s’en rende pas vraiment compte. Pour elle un client satisfait lui donne toujours quelque chose en échange des quelques instants de volupté qu’elle lui à procurés; jamais parce qu’elle pourrait l’y avoir incité en le faisant supplier durant des heures, ou encore promettre monts et vallées.
    Comme elle dit souvent, pour répéter un vieil adage qu’on lui à raconté un jour, en remontant ses seins dans son corsage serré et en contemplant les fenêtres de quelque riche habitation : «Le pouvoir est aux rois... Et aux serviteurs qui se tiennent derrière eux. » Elle n’a peut-être pas tort.

    ~~~~~

    Comment trouves-tu le forum ? :Il me semble vraiment très bien, après avoir parcouru quelques sujets et toute la section contexte. Je dirais qu'il est très rempli, et qu'il donne envie de RPer tout de suite (:
    Comment as-tu connu le forum ? :J'ai connu le forum depuis la première version, mais par manque de temps je n'ai jamais pu m'inscrire ! Ahaha, alors je le fais maintenant !
    Crédit avatar et signature (lien vers l'image d'origine et nom de l'artiste dans la mesure du possible) : ICI. Une magnifique image par charlie140588 sur Deviantart.
    (Dites-moi qu'elle n'est pas prise ce coup-ci !!)



Dernière édition par Elaine de Latour le Dim 26 Juin 2011 - 13:23, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée]   Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée] I_icon_minitimeDim 17 Avr 2011 - 2:07

    Histoire:
    Rares sont les gens qui ont déjà contemplé la mort dans le fond des yeux, et s’en sont sortis vivants grâce à leur charme. Encore plus rares sont ceux qui l’ont fait deux fois.

    Les ténèbres qui régnaient dans la chambre miteuse semblaient animées d’une vie qui leur était propre. Elles étaient épaisses et coulantes, et avaient l’air de s’acharner sur le contenu de la pièce, créant des taches foncées partout où elles le pouvaient.
    Elles semblaient particulièrement vindicatives envers une silhouette sombre qui gémissait, couchées sur un lit très simple, dans le coin le plus éloigné de la fenêtre.
    Une jeune femme, presque encore une adolescente, était étendue là, poussant de petits cris et s’entortillant dans ses couvertures, qui peinaient à recouvrir son corps nu, couvert de bleus et de cicatrices encore rouges. Dans la moiteur de cette nuit d’été, la plus longue de l’année, il était difficile pour l’homme qui venait de pénétrer dans la pièce par la fenêtre de distinguer la couleur des cheveux entremêlés et des yeux qui s’entrouvraient parfois sous le coup d’un songe trop violent. La fille semblait errer entre le rêve et l’éveil, son corps en sueur se contorsionnant de manière étrange, repoussant toujours plus ses couvertures en direction du sol. L’homme s’arrêta quelques instants, pour contempler le corps gracile étendu sous ses yeux. Les taches de rousseur qui constellaient les épaules semblaient s’enflammer sous l’effet de la lumière de la lune, qui les frappa soudainement, comme si l’astre avait cru que la simple action de les illuminer pourrait stopper l’homme dans ce qu’il s’apprêtait à faire. Mais la lumière s’en alla aussi vite qu’elle était venue, elle eut tout de même le temps d’éclairer le bas ventre et le dos de la jeune femme, tordus de manière étrange par un autre songe, accompagné de nouveaux gémissements, révélant par le fait même d’horribles cicatrices, l’une qui courait sur tout le dos, et l’autre qui traversait le ventre de part et d’autre.

    Cela raviva la haine de l’homme, qui se vit du même coup rappeler la raison de sa présence dans la maison close cette nuit là. Pas de voluptés au programme; cette nuit ce n’est pas de plaisir que la fille gémirait, mais de douleur. La simple pensée des petits cris de passion qu’elle émettait lorsqu’ils faisaient l’amour, de cette expression qui éclairait alors son visage, semblant l’illuminer de l’intérieur, raviva les dernières braises de passion qui subsistaient dans son cœur. Il n’était pas obligé de… Il pourrait peut-être se permettre une dernière nuit avec elle; après tout elle devait bien l’avoir attendu toute la nuit, comme d’habitude.
    Il dut se rappeler tout ce qu’on lui avait dit au sujet de la fille pour retrouver le peu d’esprit qui lui restait encore. Sortant une petite fiole de sa poche, le genre de chose qui coûte très cher et est excessivement fragile, il s’approcha silencieusement du lit. Là il observa les mouvements de la jeune femme et il se prépara à glisser le petit réceptacle entre ses dents lorsque l’occasion se présenterait.

    C’était sans compter sur la chance, cette maîtresse capricieuse du destin, si mal aimée et pourtant si largement généreuse avec ceux qui ne la dérangent pas trop lorsqu’elle est finalement seule avec le destin.
    Les songes de la jeune femme lui arrachèrent un dernier cri et elle émergea finalement de son sommeil avec un râle étrange, mélange de soulagement et de désespoir.
    Avant que l’homme ait pu faire un seul mouvement ses yeux entrèrent en contact avec deux lacs bleus, qui semblaient tenir d’yeux à la fille, celle-là même qu’il avait l’intention de tuer il y avait seulement quelques instants.
    Toute envie de meurtre quitta doucement l’homme, totalement sous l’emprise de la délicatesse qui s’exsudait du regard limpide qui le contemplait tranquillement.

    ***

    Elaine avait certes eu peur de voir un homme penché sur son lit, au beau milieu de la nuit la plus longue de l’année, alors même qu’elle s’éveillait d’un énième cauchemar, mais lorsqu’elle avait reconnu Guy elle s’était apaisée. Il n’était pas rare que son amant vienne lui rendre visite, sous le couvert rassurant de la nuit véritable, alors que même le plus téméraire des hommes était étendu dans un caniveau ou dans les bras d’une nymphe qui n’était certainement pas son épouse, et que tous les autres hommes susceptibles de lui rendre visite cuvaient leur vin quelque part dans le fond d’une ruelle, nobles ou pas.

    Cependant, lorsqu’elle avait lu dans ses yeux l’expression de la mort, et qu’elle avait compris qu’il ne venait pas, ce soir là, pour lui faire l’amour, elle s’était calmement résignée. Sa vie aurait été courte, mais que pouvait-elle faire d’autre ? Elle n’aurait jamais la force de retenir Guy s’il décidait d’agir contre elle, et sa dague était quelque part dans le coin opposé de la chambre, dans sa robe froissée par son dernier client.
    Elle regarda calmement Guy, se relevant lentement en laissant les couvertures s’écraser sur le sol et révéler toute la splendeur de sa nudité. Car Elaine était belle, vraiment belle même, et elle savait parfaitement que le spectacle de son corps nu sous la lumière chiche qui éclairait sa chambre ne manquerait pas d’émouvoir Guy.
    Son amant déglutit en effet, semblant hésiter sur la marche à suivre; devait-il la tuer maintenant, ou fuir lâchement et ne jamais plus pouvoir revenir ? Tandis que ce dilemme semblait le frapper de toute sa force, Elaine parvint à remarquer la fiole qu’il contenait, et à sa couleur ambrée elle constata qu’il s’agissait d’aconit broyé mélangé à de l’absinthe. Hallucinations avant une mort extrêmement lente et plutôt douloureuse. Elle ne put s’empêcher de penser que Guy devait bien peu s’y connaître en poisons, pour avoir choisi celui-là. Ou peut-être la détestait-il vraiment, après tout.
    Mais Guy commençait à reprendre ses esprits. Prenant une grande inspiration, Elaine s’adressa à son amant, son ton chargé de plus de supplication qu’elle ne l’aurait voulu :

    Guy, mon amour. Je ne t’attendais plus. Et c’est pour me tuer que tu es venu. Comme c’est romantique.

    Guy sembla déconcerté par le fait qu’elle s’adresse à lui, une expression de tristesse passa dans ses yeux, avant d’être remplacée par une colère qui flamba durement.

    Je suis venu pour te tuer, oui. C’est parce que j’ai appris des choses sur toi. Des choses que tu ne m’avais jamais dites, Elaine. Comment as-tu pu me faire une chose pareille ?

    Ne me dis pas que tu ignorais que je couche avec d’autres hommes, Guy. Tes crises de jalousie sont devenues redondantes, à la longue, répondit Elaine, se demandant où il voulait en venir.

    Non ! Ce n’est pas de ça que je parle ! Tu sais très bien pourquoi je suis ici, sale garce ! Tu le vois toujours, n’est-ce pas ? Ce garçon de ferme idiot, cet insipide créature ! Tu le préfères à moi… À MOI ! hurla-t-il, sachant très bien que personne ne viendrait vérifier la source de ce raffut.

    Et pour cause, il n’y avait personne d’autre qu’Elaine et la tenancière dans le bar, depuis que Marianne et Léa, les deux compagnes d’infortune d’Elaine, avaient fui la maison close. Et LaRochelle était au premier étage, avec le garde. Et comme à leur habitude, ils devaient tous les deux être étendus quelque part dans l’arrière boutique avec quelques bouteilles de rhum et pas beaucoup de vêtements.
    Guy se rapprocha d’Elaine, faisant complètement abstraction qu’elle était nue et sans défense, l’air menaçant.

    Elaine commença vraiment à s’inquiéter, voyant l’expression de Guy devenir de plus en plus venimeuse.

    M… Mais enfin Guy… Qui t’a dit ces choses ? Je… il y à bien un garçon de ferme qui est déjà venu quelques fois… Mais… enfin… on l’a éconduit parce qu’il ne payait jamais…

    Guy la saisit durement par les poignets et la jeta sur le lit sans ménagement. Elaine atterrit sur le dos et tenta de se relever; Guy se jeta alors sur elle, lui empêchant tout mouvement.

    Tu avoues alors ! Tu l’as revu ce garçon de ferme, même s’il ne payait pas. Je l’ai vu entrer dans l’auberge et en ressortir beaucoup plus longtemps après ! Tu m’as trahi Elaine… et tu vas payer pour ça, ajouta-il avec une expression complètement vide. Tu vas souffrir j’ai souffert, puis tu retourneras d’où tu viens; auprès de cette stupide Tari.


    Il se contorsionna pour atteindre le poignard qui pendait à sa ceinture, et tenta de poignarder la jeune femme.

    Elaine hurla, complètement terrifiée maintenant. Elle tenta de se débattre, mais Guy était vraiment trop lourd pour lui autoriser une quelconque liberté de mouvement.
    Les larmes lui montèrent aux yeux, et elle ne put s’empêcher de supplier, s’étonnant elle-même de la force avec laquelle elle résistait, elle qui croyait être résignée.

    Guy… Guy ! Je ne comprends pas ! Arrête, je ne comprends rien ! Guy, arrête ! ARRÊTE ! hurla-t-elle dans un dernier sanglot déchirant, les joues et les cheveux baignés de larmes.

    Guy sembla alors prendre conscience de ce qu’il faisait. Il la regarda d’un air hagard, puis s’écrasa lourdement sur elle. Il commença à sangloter, et finit par dire d’une voix résignée;


    Elaine… Elaine je suis désolé. Un homme… cet homme m’a raconté des choses… commença
    Guy en sanglotant. Elaine, tout serait tellement plus simple si tu voulais me raconter ton passé, termina-t-il amèrement.



    Elaine poussa un soupir. Elle était habituée au saute d’humeur de Guy, mais jamais celles-ci n’avaient pris une tournure aussi dramatique.
    Pourtant… de là à lui raconter son histoire pour que cela ne se produise plus…

    Guy continuait de sangloter, toujours couché sur Elaine. Celle-ci lui enleva la dague des mains, appréciant sa lourdeur glacée dans sa main moite.

    Guy. Je t’ai dit que je voulais laisser tout cela derrière moi. Et que si je te racontais mon histoire je devrais soit mourir, soit te tuer.
    Cette histoire est maudite, mon amour. Elle nous tuera tous les deux.


    Guy se releva tranquillement, permettant également à Elaine de se mettre en position assise. Il la regarda directement dans les yeux.

    Je ne crois pas à ces sornettes. Raconte-moi tout Elaine.

    Son expression était tellement calme qu’une idée complètement folle traversa l’esprit de la jeune femme. Peut-être pourrait-t-elle tout lui raconter sans qu’il ne soit complètement chaviré. Peut-être que l’amour qu’il semblait manifestement lui porter, et que l’amour étrange qu’Elaine lui portait en retour allaient tous deux le préserver de la malchance qui semblait s’acharner sur tous ceux à qui elle avait conté son histoire.

    Ce peut-être était vraiment très tentant…
    Elaine ramena ses jambes contre sa poitrine nue.

    Je n’ai pas vraiment de souvenirs de mes parents. Seulement des coups et des cris. Beaucoup d’obscurité aussi, commença-t-elle dans un soupir.
    On m’a dit que c’étaient des fermiers et qu’ils avaient très peu d’argent, et surtout pas besoin d’un enfant. Ma mère ne semblait pas m’aimer beaucoup, ce qui va avec mes souvenirs. Mon père… mon père était absent j’imagine, car il n’est pas dans mes souvenirs. Je me rappelle de sa voix, rauque et violente. C’est tout.
    Peu import cela, mon enfance à la mérite de vouloir être oubliée, et c’est précisément ce que je m’efforce de faire.
    Mes parents m’ont vendue à un homme qui se disait magicien et habitait une tour perdue dans la forêt. Il m’a dit qu’il les avait rencontrés à une foire, où ils vendaient la presque totalité de leur récolte. Il m’a affirmé avoir été ému de me voir si malheureuse avec eux, mais je crois plutôt que c’est la vue de mon petit corps malingre qui l’a excité.
    Il a dit avoir besoin d’un apprenti, et mes parents m’ont offert pour presque rien. J’avais 5 ans.


    Elaine marqua une pause, tentant de mettre de l’ordre dans ses idées. Elle se rappelait difficilement les premières années passées avec Ivon, car elle était beaucoup trop jeune pour penser à quoi que ce soit d’autre qu’avoir peur.
    Elle jeta un regard à Guy, qui semblait ravi de l’écouter, mais également assez mal à l’aise.
    Elaine avait l’impression qu’elle n’aurait pas du dire ce qu’elle était en train de dire. Elle continua, tentant de dissiper cette impression.


    L’homme s’appelait Ivon. Il était, en fait de magicien, herboriste. Durant les premières années il m’a vraiment traitée comme son apprentie, m’apprenant des choses sur les plantes, les philtres et les potions, mais surtout les poisons. Ivon était… Il fournissait des poisons au plus offrant, dit-elle avec hésitation, et ne parlait pas contre une somme d’argent supplémentaire. Je crois pourvoir affirmer sans aucun doute que nous avons pris part à beaucoup d’assassinats durant ces 10 ans où il me traita comme son apprentie. Beaucoup d’assassinats...

    Elle vit que Guy voulait lui poser une question, mais elle se contenta de l’arrêter d’un geste :


    Ne m’interromps pas. J’arrêterai si je ne peux pas continuer à parler.

    Elle jeta un regard à son compagnon. Voyant que Guy semblait avoir relégué sa question aux oubliettes, elle s'autorisa à poursuivre.



    Dans ce temps là nous habitions à la périphérie du duché de Soltariel et de la Baronnie de Sybrondil, bien que je ne sois pas sûre de la position exacte de la tour, n'ayant trouvée aucune carte qui puisse en faire mention. Mes rares sorties n'ont pas plus aidées à mon orientation; de toute manière mon sens de l'orientation est assez défaillant, mentit-elle.

    Elle ne voulait pas révéler que si aucune carte ne faisait mention de la tour, c'est parce que celle-ci avait brûle dans son intégralité, et qu'elle était toute désignée comme la coupable principale.
    Certaines choses sont faites pour ne pas être révélées.


    Je me rappelle tout de même que beaucoup de paysans savaient son emplacement, car mon maître était reconnu parmi eux pour pouvoir remédier à beaucoup de problèmes. Peu, par contre, savaient quelque chose à propos de son commerce de poisons, sauf peut-être les plus fortunés.
    Je crois que c'est pour cela qu'on le tolérait; ses poisons étaient forts utiles, et si jamais il était emprisonné, comme il aurait dû l'être... Par là je veux dire que nous ne payions jamais rien, que tout nous était donné gratuitement par les clients d'Ivon, et que jamais quelqu'un ne venait nous déranger dans notre réclusion, même si beaucoup de gens, je crois, étaient au courant dans le duché de Soltariel. Nous aurions du aller en prison pour ce que nous faisions; vendre illégalement des remèdes et des amulettes de charlatans, vivre complètement en marge des lois, et surtout vendre des potions qui pouvaient tuer un homme adultes en quelques secondes... Oui, si mon maître avait été emprisonné, je pense que beaucoup de gens en auraient pâti, et je ne parle pas seulement des paysans qui venaient chercher quelque chose pour leur mal de dents.

    Durant les dix années que j'ai été avec Ivon, donc, j'ai appris le métier d'herboriste. Il me gardait éveillée, la nuit, pour m'apprendre le contenu de ses nombreux livres, et pour m'emmener cueillir des herbes au clair de lune, car c'est là qu'on les distingue le mieux. Il me battait rarement, le plus souvent quand il lui arrivait d'être ivre. Cela peut te sembler étrange, mais j'étais tout de même heureuse avec lui durant ces premières années.
    C'est lorsque j'ai atteint l'âge d'être femme que ça s'est gâté. Avant cela j'avais à faire quelques tâches ménagères que tous les enfants ont à faire habituellement; ranger, préparer la nourriture, veiller à garder la tour et ses alentours bien entretenus... Mais après mon quinzième anniversaire, jour qui à également correspondu avec l'arrivée de mes règles, il à commencé à me demander des choses impossibles: trier le grain dans les sacs quel les paysans nous apportaient en guise de paiement, de sorte que lorsqu'il rentrerait après son voyage à Ydril il ne resterait que du bon grain, ou encore nettoyer le toit de la tour avec une brosse à plancher, jusqu'à ce que le bois retrouve sa vraie couleur sans que je sache ou se trouvaient les cordes qui m'auraient évité de tomber. Bien sûr je n'arrivais jamais à faire quoi que ce soit, et lorsqu'il revenait il me châtiait durement, souvent jusqu'à ce que je m'évanouisse.
    Ses absences pour aller à Ydril ou à Soltariel étaient de plus en plus longues et de plus en plus fréquentes. Il rentrait souvent complètement saoul, de plus en plus souvent. Oh ! Il buvait également beaucoup avant, mais jamais lorsqu'il partait en voyage, car il disait que c'était mauvais pour la clientèle, et jamais il ne m'avait battue avec tant de hargne lorsqu'il était complètement ivre.


    Voyant que Guy devenait de plus en plus mal à l'aise, Elaine stoppa son récit. Elle aussi commençait à se sentir étrange, de raconter tous ces détails à quelqu'un d'autre. Guy remarqua sa pause, et lui demanda de continuer:



    Continue, ne t'arrêtes pas en si bon chemin. Tu l'as dit toit même que si tu arrêtais tu ne pourrais plus continuer.

    Elaine secoua la tête, repoussant ses longs cheveux roux de son visage. Raconter sa triste histoire ne lui disait rien qui vaille, et ce n'était pas cela qui allait l'aider à obtenir une bonne réputation.
    Mais, voyant le regard insistant de Guy, elle poussa un soupir et continua sur sa lancée:



    C'est lorsqu'il à commencé à me violer que j'ai compris que ma vie allait vraiment devenir un enfer. Jamais il ne m'avait touché auparavant, même s'il m'avait souvent affirmé avoir envie de le faire, mais être stoppée par la froideur qu'il voyait dans mes yeux.
    Cette fois là même mes regards les plus froids n'ont pu l'arrêter. Ça ne m'a pas dérangée outre mesure, par contre. Je prenais cela pour une étrange forme d'amour,

    dit-elle d'un trait en regardant attentivement la réaction de Guy, prête à arrêter si jamais il montrait un quelconque signe de dégout.

    Guy fronçait en effet le nez, mais il lui fit signe de continuer.

    Après tout personne ne peut revenir en arrière.

    Elaine approuva doucement de la tête, et continua son récit.

    Tout ce que je viens de te raconter à duré environ un an. Puis, non-content de m’avoir pour lui tout seul, il a fallu qu’Ivon décide d’engager un jeune homme qui venait souvent traîner dans les environs de la tour. Je n’ai jamais su quel âge il pouvait bien avoir. Sûrement aux alentours de 20 ou 25 ans. Il ne nous avait jamais rien fait, mais Ivon ne tolérait pas qu’on erre sur ce qu’il appelait son «territoire», une minuscule parcelle de forêt que personne d’autre que lui n’aurait eu l’idée de réclamer.
    «Tu piétines les fleurs, foutu vagabond !», qu’il avait l’habitude de lui crier lorsqu’il le voyait passer entre les branches. «Tu n’as aucune idée de ce que je vais te faire un de ces jours !», continuait-il.

    Au lieu de mettre ses menaces à exécution, il à décidé de demander au jeune homme, qui, nous l’avons appris plus tard, se nommait Louis, il lui à demandé s’il savait réparer un toit «Puisque ma bonne à rien d’apprentie ne peut pas le faire, et que le toit me fuit directement sur la tête», a-t-il précisé.
    Je me rappelle encore l’air de son visage lorsque, au lieu d’avoir l’air content Louis lui a craché au visage en lui demandant pour qui il le prenait. Lorsqu’il à tourné les talons d’un air outré Ivon s’est mis à rire très fort et lui a proposé le gîte pour quelque nuits, le temps que la pleine lune soit passée. «Pour que tu arrêtes de piétiner ses foutues plantes qui sont si dures à dégoter», continua Elaine en imitant Ivon.

    Finalement Louis est resté beaucoup plus longtemps, surtout qu’Ivon l’avait mis directement dans sa chambre, sous la plus grosse fuite, que je n’étais effectivement pas capable de réparer, continua-t-elle avec un demi-sourire.

    Pendant un temps tout s’est bien déroulé; Ivon semblait plein d’entrain, il emmenait même Louis avec nous durant nos escapades nocturnes, ou encore lui laissait conduire la charrette lorsqu’il allait en ville. Ils revenaient saouls comme des cochons, et c’est moi qui devait décharger toute la charrette : mais au moins on me laissait tranquille la plupart du temps. J’avais 16 ans alors.


    Les yeux d’Elaine se perdirent dans le vague, et une expression triste passa sur son visage. Elle se demandait si cela valait la peine de continuer. Après tout Guy finirait par se lasser d’elle, comme tous les autres hommes avant lui, et il faudrait bien qu’elle se dégote rapidement quelqu’un d’autre parmi ses quelques clients riches pour le remplacer, sinon sa réputation en prendrait un solide coup.
    Aussi, à quoi pourrait lui servir de raconter son histoire à cet homme dont elle ne savait presque rien, et qui venait la voir soit pour la couvrir de cadeaux et l’embrasser chastement toute la nuit, ce à quoi elle n’était pas habituée, ou bien pour l’escalader sauvagement sans même prendre le temps de se dévêtir. Il se laissait rarement aller aux confidences, sauf peut-être pour parler de sa femme et de son fils, qui grandissait si vite, si vite…

    — Guy… je ne sais pas si
    Tout ça à mal fini, n’est-ce pas ? observa alors celui-ci, avec une expression avide. Raconte-moi la fin.

    Tout cela était dit avec une autorité à peine dévoilée. Le visage de Guy, même s’il paraissait avenant, était crispé et ses yeux bruns étaient durs comme l’acier du poignard que tenait Elaine. Elle ouvrit les yeux plus grand, et ne put s’empêcher d’avoir une petite pensée pour l’épouse de Guy, qui ne devait le voir que pour se faire parler de la sorte, et pour se laisser passivement engrosser.

    « Quelle désolation que cette vie de mule, pensa Elaine. Comment fait-elle pour dormir dans le même lit que lui que lui en sachant pertinemment qu’elle n’est qu’une simple porteuse pour lui, et que s’il pouvait décemment me mettre dans son lit il le ferait allègrement, rien que pour pouvoir me prendre toutes les nuits sans exception ? Quelle idée horrible. »

    Un frisson lui parcourut la colonne vertébrale, et elle chassa les images de femme docile qui lui venaient en tête. Elle aimait la servitude, sans aucun doute, mais l’attitude effacée des épouses de ses clients lui donnait mal à la tête. Elle n’arrivait pas à s’imaginer à leur place. Que faisaient-elles donc pour leurs époux ? Elles n’étaient jamais contentes, se refusaient d’être heureuses car elles pouvaient enfin consacrer leur vies à quelqu’un et ne rien faire d’autre. Elles voulaient être libres, mais ne voulaient, d’autre part aucunement s’affranchir, même si leurs maris les ignoraient purement et simplement.
    Elle ne serait jamais comme ces femmes terrifiées qui se fanaient en même temps que leur hymen se déchirait, qui enduraient passivement la passion de leur mari, l’épuisant le plus vite possible pour qu’il les laisse tranquille dès qu’un bébé serait en route.
    Non, jamais. Elle rendrait au centuple ce que les hommes lui donneraient, et leur ferait tellement plaisir que sa réputation la précéderait aussitôt qu’elle entrerait dans une pièce :
    «Regardez-là, jamais elle ne se fanera, elle. Abandonnez tout, femmes et enfants, et laissez-vous tomber dans ses bras. Elle sera la maîtresse parfaite; elle est soumise et attentive.»
    Oui, plus tard sa vie serait comme ça; magnifique et servile.

    Voyant que Guy s’impatientait, la jeune femme reprit, à contrecœur, son récit là où elle l’avait laissé.

    Oui, tout à très mal fini, Guy. Plus mal encore que tu n’oses l’imaginer.
    Louis à fini par tomber amoureux de moi.. enfin, d’une certaine manière, c’est ce qu’il à tenté de me faire croire. Et moi… Je ne sais trop. Je dirais que j’étais assez attachée à lui pour m’abandonner.
    Il me prenait quand il pouvait; lorsqu’Ivon était parti, lorsqu’il était trop saoul pour remarquer que nous partions, parfois même la nuit ou dans la grange. Il était insatiable. Cela te met mal à l’aise ? Je croyais pourtant que… dit elle avec un vrai sourire, cette fois, en regardant Guy droit dans les yeux. Écoute, ce n’était pas sérieux…
    Enfin. Jusqu’à ce que je —
    Guy, je ne vois pas en quoi ça peut améliorer les choses que tu saches cette partie de ma vie, et puis —


    Elaine fut brusquement plaquée au lit par Guy, ayant uniquement le temps de mettre la dague sous elle, hors de la portée de l’homme.

    J’en ai plus qu’assez que tu me répondes à moitié, chipie ! Tu vas me dire ce qui s’est passé une bonne fois pour toutes, tu as compris ?!

    Le regard était pénétrant, et Elaine acquiesça doucement. Elle voulut se relever, mais Guy la maintint sur le matelas.

    Non, continue comme ça, je suis bien.

    Je suis tombée enceinte, Guy. C’est ce que tu voulais savoir ? commença Elaine, soudainement lasse de tout ce drame autour d’une simple histoire. Guy l’empêchait même de se relever ! Elle continua, agacée par l’inconfort de sa position.
    Lorsque Ivon l’a appris il à piqué une colère noire ! Mais pas autant que Louis; lui il m’a purement et simplement battue avant même que j’aie pu finir de m’expliquer. Il m’a soufflé quelques insultes avant de ramasser ses affaires et de partir en coup de vent. Lorsque Ivon l’a intercepté, dans le cadre de porte, il lui à répondu «Demandez donc à cette catin pourquoi je pars. Sorcière !», et il l’avait poussé pour sortir.
    Il n’est jamais revenu, évidement.
    Et aux questions d’Ivon, j’ai répondu la stricte vérité. Cela l’a mis dans un état tout simplement épouvantable. Il m’a battu lui aussi, puis m’a laissé à même le sol et est parti se saouler quelque part.
    Il n’est revenu que quelques jours plus tard, deux ou trois je dirais. J’étais si hébétée par la tournure qu’avaient pris les évènements, que je ne pouvais plus rien faire dans la tour. Regarder par la fenêtre, guettant mon maître ou Louis était devenu ma seule et unique occupation. Même mes pensées semblaient engluées dans une torpeur malsaine.
    Elaine secoua la tête. Mais lorsqu’Ivon est revenu, il était tout miel. Il m’a gentiment demandé où en était ma grossesse, à palpé mon ventre. Cinq mois, selon-lui.
    «Je sais quoi faire avec ton bébé. Porte le encore quelques temps mon enfant, et je te délivrerai de ton fardeau» m’a-t-il dit avec un regard qui m’a fait froid dans le dos.

    Durant le reste de ma grossesse, ma vie à repris son cours normal, et Ivon ne m’a plus jamais parlé de ce bébé que je portais. Il ne semblait pas dégouté de moi, car il a repris son habitude de me monter lorsqu’il était fin saoul.


    Elaine se mordit les lèvres. Elle n’avait pas le choix de parler, mais ce qui suivait était tout simplement horrible.
    Une nuit, alors que j’étais sur le point d’accoucher Ivon m’a amenée chercher des herbes dans la forêt, supposément pour mon accouchement. J’appréhendais ce qui allait se passer, aussi j’ai fait tout ce qu’il me demandé. Même boire à sa gourde sans poser de questions, ce que je n’aurais jamais fait avant, à tout le moins sans vérifier le contenu.
    Tu comprendras bien qu’il m’a droguée. Je me suis réveillée couchée par terre, une douleur fulgurante me traversant toute entière. Et ce que j’ai vu… je ne l’oublierais jamais. Penché au-dessus de moi Ivon fouillait dans mon ventre gonflé. Il l’avait ouvert avec sa dague, que je voyais luire, pleine de sang et de liquide blanchâtre à coté de ma tête. J’étais complètement paralysée; il voulait m’enlever mon bébé ! Il a remarqué que je m’étais réveillée, mais il m’a seulement souri. C’est à ce moment que j’ai vraiment compris qu’il était complètement fou, que quelque chose clochait toutes ces années, et que j’avais mis le doigt dessus.
    Il a sorti de mon ventre une masse de chair informe. Il l’a prise haut dans les airs, comme s’il voulait le présenter à je ne sais quoi qui nous aurait regardé d’en haut, et est parti avec. J’aurais voulu crier, me débattre, mais j’étais complètement figée, incapable ne serait-ce que d’ouvrir la bouche.
    Il n’est revenu me recoudre que bien plus tard, alors que j’étais sur le point de m’abandonner à la mort, ou bien au sommeil, que je sentais tout deux très proches, en sanglotant comme un enfant. Il a fait sa besogne en silence, et m’a lancé qu’il viendrait me chercher le lendemain avant de partir.

    Tu te doutes bien qu’il n’est pas venu, n’est-ce pas Guy ? De toute façon il n’en aurait pas eu besoin. Aussitôt que j’ai pu sentir mes jambes je me suis relevée.


    Guy la regardait, sidéré. Il avait relâché sa prise sur elle, et s’était relevé doucement au fil de son récit. Il semblait avoir du mal à la croire. Qui l’aurait fait de toute façon ? Il avait voulu savoir, et il saurait. Gagnée par une nouvelle confiance, qui venait en grande partie de la peur qu’elle voyait naître dans les yeux de Guy alors qu’il croyait deviner la fin de son histoire, Elaine continua son récit, sachant qu’elle ne mourrait probablement pas cette nuit là.

    Tu vas bien mon amour ? Tu as l’air… pâle, dit-elle doucement.

    Puis, voyant qu’il acquiesçait, elle amorça la fin de son récit.

    Je n’ai pas eu à marcher longtemps, je me suis rapidement rendue compte que j’étais dans une clairière non-loin de la tour, où Ivon avait l’habitude de faire de faux rituels de purification depuis quelques années déjà. Il s’était rendu compte que vendre des herbes était payant, mais pas autant que d’emberlificoter les gens pour qu’ils dépensent quelques pièces de plus dans un tour de passe-passe destiné à purifier leur âme. Lui qui acceptait la nourriture, le fourrage ou le bois pour l’hiver, lorsque je l’avais rejoint, n’acceptait désormais que l’argent et l’alcool. Il faut dire que bien peu de gens venaient le voir depuis la fin de l’hiver… Je crois qu’il désirait cette solitude. Pour mijoter son plan et sa hargne contre moi sans être trop déragé par de simples paysans qui avaient mal aux dents ou aux genoux. Il acceptait parfois des contrats de poison contre une grosse somme d’argent. Avec cela il s’achetait des livres, des livres de magie noire et de rituels étranges. Je n’avas jamais vraiment compris ce qu’il comptait en faire, même si je pensais qu’il s’en servirait contre moi, à un moment ou à une autre; je n’imaginais simplement pas qu’il allait me chercher des noises lorsque j’étais enceinte. Mais je m’éloigne de mon histoire…
    Bref, j’ai marché durant quelques minutes, puis je suis arrivée en vue de la tour. Rien ne bougeait aux alentours, tout était plongé dans un silence étrange. Je me suis avancée silencieusement jusqu’à la porte de la tour, et je l’ai poussée. L’intérieur était plongé dans l’obscurité et une odeur infecte, un mélange d’alcool, de sang et d’autre chose, comme un relent de moisissure. J’avais le cœur au bord des lèvres, et je souffrais littéralement le martyr à cause de mon ventre. Du sang me coulait le long des cuisses, et ça n’augurait rien de bon. Je voulais malgré tout retrouver mon bébé, je voulais savoir si c’était un garçon ou une fille, s’il allait bien et s’il avait tout ses membres. Avec le temps j’en étais venue à l’accepter, et même à l’attendre un petit peu. Il me semblait si lointain, comme une délivrance de mon horrible maître et de ma vie de misère.

    Enfin…Tout ça à bien peu d’importance désormais.
    J’ai marché jusqu’à ce que j’arrive à la chambre de mon maître. Elle n’était pas très loin, étant donné la taille ridicule de la tour dans laquelle nous habitions. La marche m’a paru étrangement longue, pourtant je savais parfaitement qu’il me faudrait seulement quelques secondes pour arriver à sa chambre. Le silence épais qui régnait sembla s’alourdir alors que je poussai la porte.

    Ivon était étendu sur son lit. La première chose qui me frappa fut l’odeur. C’était tout simplement horrible, un mélange de sang, de vomi, d’alcool, et d’autre chose que je n’arrivai pas à identifier sur le moment. Ensuite, je remarquai son visage. Guy… Je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. Le regard d’Ivon était complètement fou, il me regardait sans me voir, mais j’ai pu voir toute la noirceur du monde.
    Il finit par laisser échapper un rire dément, plus un grincement qu’autre chose. Cela à attiré mon attention sur sa bouche. Et là, j’ai vu.
    Sa bouche était maculée de sang frais. Il en avait qui lui coulait sur le menton et dans le cou, mais également sur sa chemise. Et, étendu dans son giron, il y avait mon bébé; ou ce qui en restait. Le ventre ouvert et la bouche tordue en un ultime cri, mon bébé reposait là, aussi mort qu’on peut bien l’être. Ses yeux avaient été arrachés, et je crois bien qu’Ivon avait tenté de lui couper une jambe, car il tenait une de ses chevilles dans une main, et un couteau dans l’autre. Impossible de dire s’il s’agissait d’une fille ou d’un garçon, avec tout ce sang. Je crois bien m’être mise à hurler, car Ivon à soudainement semblé m’apercevoir. Il à encore ricané d’une horrible façon, avant de se mettre à parler :
    « Je crois bien que je vais vivre encore quelque temps, petite. J’ai volé toutes ses années de vie à ton bébé en mangeant son cœur alors qu’il battait encore. J’y ai gagné quelques petites années, ma jolie. Encore quelques-unes que je vais pouvoir passer avec toi, putain !» C’est tout ce qu’il m’a dit, et ça été tout à fait suffisant. La colère m’a envahie, et je me suis avancée pour le frapper.

    J’ai donné un coup de poing dans le vide. Ivon s’est écarté et à attrapé son couteau. Il a tenté de me poignarder avec, et je crois bien qu’il aurait réussi s’il n’avait pas été également complètement saoul. Mon bébé est tombé par terre, et Ivon s’est empêtré dedans. Il à réussi à me lacérer le dos profondément, mais je me suis dégagée en le frappant. Il est tombé et à entraîné la seule lampe de la tour. Elle est tombée directement sur lui, et il à pris feu, ses vêtements trempés d’alcool aidant. Il s’est mis à hurler, hurler… Il s’est relevé brusquement, et s’est jeté sur le lit, sur tout ce qui se trouvait dans la chambre.

    Je ne comprenais plus rien, tout autour de moi prenait feu. Les tapisseries, les livres surtout, et la paille qui se trouvait absolument partout dans la tour. J’aimerais dire que j’ai fait quelque chose d’héroïque ce soir là, mais ce serait mentir.
    Lorsque Ivon à tenté de se tourner vers moi, je l’ai repoussé d’un coup de pied afin qu’il retombe dans le brasier. Il a hurlé et est tombé vers l’arrière, son visage fondant et de cloques partout sur les bras. L’odeur de chair brûlée était intenable, aussi je me suis sauvée aussi vite que j’ai pu. Je suis sortie de la tour en vitesse, avec absolument rien, même pas une arme ou une pièce d’argent, de la peur et de la douleur plein le ventre.

    Inutile de dire que je ne suis pas allée bien loin. Je suis tombée sur la route entre la tour de mon maître et Soltariel. Quelques heures de marche de plus et j’aurais atteint la périphérie de la ville. J’ignore ce qui serait arrivée si je m’étais rendue à la ville; peut-être les choses auraient-t-elles été différentes, alors.

    Peu-importe, désormais. LaRochelle est arrivée. Elle revenait à Ydril après avoir mené quelques transactions à Soltariel. Elle revenait avec une charrette presque vide, car elle avait dû laisser quelques filles à une taverne afin de payer une dette qu’elle avait à l’aubergiste.
    Lorsqu’elle ma vue, effondrée sur le bord de la route, elle à eu envie de passer son chemin sans s’arrêter, croyant que j’étais une gueuse quelconque, le genre à quémander cet argent qu’elle n’avait jamais pour autre chose que la boisson.
    Mais je me suis retournée sur le ventre, et elle à vu, plus que mes plaies, mon visage. Ce fut suffisant pour qu’elle me charge sur son chariot et rebrousse chemin vers Soltariel à toute allure. Là-bas, j’ai passé plusieurs jours dans une chambre d’hôtel, visitée par un étrange médecin qui devait sûrement beaucoup à ma maîtresse, à voir la façon dont il agissait avec moi. Il m’a tout de même bien soignée; je suis tout de même ici devant-toi.
    Après, tu connais sûrement la suite. LaRochelle m’a ammenée ici, et je suis à son service depuis. Je rembourse ma dette, qui s’élève au prix de ma vie, vie que je devrai sûrement reprendre un jour si je veux partir d’ici. Je ne suis pas si mal, depuis trois ans. Le travail n’est pas difficile,
    termina-t-elle avec un sourire coquin en espérant faire réagir Guy.

    Malheureusement, celui-ci se leva, hagard. Il avait l’air troublé, et semblait hésiter entre sauter par la fenêtre et répondre aux avances d’Elaine. Il finit par parler :

    Quelle… quelle menteuse tu fais, Elaine de Latour ! C’est tout simplement impossible que tu aie… Tout simplement…

    Guy finit par partir d’un rire qu’Elaine ne lui avait jamais entendu. Il grinça des dents et se mit à ricaner lentement. Un frisson parcourut l’échine d’Elaine; elle repensa à Ivon.

    Eh bien, si c’est comme ça. Tu ne peux t’empêcher de me mentir pour sauver ta peau, alors tu dois aussi me mentir au sujet de ce garçon de ferme. Quelle lâcheté, même venant d’une putain comme toi ! Je vais te tuer pour ça !

    Sans plus de préambules, Guy se jeta sur Elaine. Mue par un réflexe inattendu, celle-ci se jeta sur le plancher et rampa vers ses vêtements, cherchant sa dague du regard. Guy se retourna rapidement et se jeta sur son dos; au même moment Elaine se retourna sur le dos, et leva son arme. Celle-ci alla se planter directement dans la bouche ouverte de Guy, et il poussa un hurlement en reculant vers la fenêtre ouverte, laissant la dague dans les mains de la jeune femme. Il regarda Elaine, les yeux convulsés, une sorte de râle gargouillant s’échappant de sa bouche débordante de sang. Il bascula alors à l’extérieur, sous les yeux épouvantés de la jeune femme.
    C’est ce moment que choisit LaRochelle pour entrer dans la chambre, suivie du garde pas très habillé et plutôt saoul avec lequel elle avait sûrement fini la soirée. Voyant Elaine dans le coin de la chambre, le sang qui se trouvait à avoir éclaboussé peu près tout ce qui se trouvait dans la chambre, Elaine comprise, et le couteau qu’elle tenait dans ses mains, elle comprit.
    Elle se dirigea vers la fenêtre, qu’Elaine avait cru bon de lui pointer sans dire un mot, et constata les dégâts. Guy gisait en bas des trois étages, la tête fracassée sur les pavés.
    Eh bien, on dirait que tu as fait du bon travail. Un de nos meilleurs clients. Pauvre Elaine, tu n’auras plus de salaire pour un bout de temps… annonça-t-elle calmement, d’un ton froid et égal. Et je crois que cette mort ajoute encore à ta dette, puisque je dois aller ramasser tout ça sans me faire voir. Tu ne voudrais pas de problèmes, n’est-ce pas ? demanda-t-elle à la jeune femme, qui s’empressa de secouer la tête.
    Bien, ramasse ta chambre, et viens nous aider en bas,
    dit-elle d’un ton léger tout en s’avançant vers la porte, suivie par le garde qui n’avait pas l’air de saisir toute la situation.

    Elaine soupira lorsque LaRochelle et l’homme eurent franchi la porte. Elle était coincée là pour encore quelques années.

    Elle se leva, empoigna les draps qui traînaient par terre, et entreprit d’essuyer le sang.





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Dun Eyr
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MessageSujet: Re: Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée]   Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée] I_icon_minitimeDim 26 Juin 2011 - 14:30

Bien le bonjour à toi :-)

(Oh, une fiche ressortie des tiroirs chargés de poussière ^_^)

Comme promis (il y a longtemps !), j'ai lu ta fiche achevée ; et c'est du bon, du très très bon, tu es validée -- et je te renouvelle mes admiratives félicitations pour ta plume What a Face

Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée] Tampon13

Like a Star @ heaven Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur !
Like a Star @ heaven Inventaire ~ Pour suivre ton évolution {obligatoire}.
Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.


Code:

[Métier & Classe] : Prostituée & Danseuse.

[Âge & Sexe] : 19 ans & féminin.

[Classe d'arme] : Corps à corps.

[Alignement] : Neutre Mauvais.


(Influence sociale 15  --  Puissance Magique 10)


Bon amusement en jeu, à très bientôt !

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MessageSujet: Re: Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée]   Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée] I_icon_minitimeDim 26 Juin 2011 - 14:46

Coucou Dudu.

PS : Bienvenue, Elaine.
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MessageSujet: Re: Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée]   Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée] I_icon_minitimeDim 26 Juin 2011 - 14:55

Merci beaucoup pour une validation si rapide ! Et merci encore pour tes compliments, ça fait très plaisir (:
Également merci à toi Aetius !

PS: Ma fiche sera changée par un admin, ou je dois le faire ? Car c'est impossible de changer quoi que ce soit en ce moment...
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MessageSujet: Re: Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée]   Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée] I_icon_minitimeDim 26 Juin 2011 - 16:17

Un admin.
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MessageSujet: Re: Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée]   Elaine de Latour; La Rose de Nuit {Humaine} [Walidatouillée] I_icon_minitime

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