Hans
Ancien
Nombre de messages : 1666 Âge : 33 Date d'inscription : 19/03/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 44 ans Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
| Sujet: Quand nuit noire se fait en plein jour. Ven 13 Aoû 2010 - 9:46 | |
| Pour la basse plèbe Arétrianne, voir l'astre solaire remplacé par une lune noire fit poi plus poi moins le même effet qu'un quelconque monstre attaquant un village. Les plus enhardis, ramassis de fier à bras et autre matamore, s'armèrent de fourches et de tout bric-à-brac possible, bien décidés à "li descodre ley meyschancetés avec moult grant fuisson de vigouresetey". Bellement rassemblés sur la place du village, la gueusaille tout ébaudie par un tel spectacle ne su que pousser force de beuglements ; d'aucuns pour se donner du courage, les autres, avec ce panurgisme que possèdent tant les manants, pour faire pareil. Un doyen se sentit de haranguer la foule, afin qu'elle "chasse li monstruositey de nostres doulxces pesnates".
Bien que nulle monstruosité n'eut daigné de se montrer, on attendit néanmoins quelques moments. Un brave, dont la cervelle devait être bien dolente, chargea "sus a li malebeste de mort !", enhardi d'une fureur toute pieuse, quoiqu'un peu fate. Voir ce parangon de dévotion s'écrouler sur le sol, mains sur les yeux, fut tant désagréables pour ses compères, que ni une, ni deux, les braves filèrent se barricader dans la chapelle. On sortit les calices, les icônes, et étonnamment aussi quelques masses d'armes. Tapis sous une voûte aux proportions ridicules, un prélat eut la judicieuse idée de sacrifier un coq à Mogar, comme c'était d'usage. Il s'ensuivit un va-et-viens de paroissiens, qui se pressèrent benoitement d'aller chercher leur poulet, et il ne s'en fut de peu qu'une rixe n'éclatât, tant chacun souhaitait que son gallinacé soit égorgé, afin que le Dieu protège sa bienheureuse masure. Un odeur acre et rance envahit la chapelle, et on fit tant brûler ces poulets qu'il fallut ouvrir les portes, que l'on s'était ironiquement si bien appliqué à barricader ce tantôt.
Dehors, les séides infernaux, vomis de la bouche du soleil désormais maudit, devaient se cacher quelque part, mais étonnamment, on ne découvrit jamais où, et la postérité oublierait sûrement ces tristes émeutes, toutes droit sorties de la superstition d'une populace pas toujours très érudite.
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