L’insouciance d'une balade. [TERMINEE]

Le Drow voyageait déjà depuis plusieurs jour en compagnie d'Altiom et il commençait à apprécier le franc parler et la décontraction de l'humain. Mais c'est surtout sa joie de vivre et la façon dont il abordait la vie qui avait plu au Drow: il ne savait pas ou il allait dormir le soir ni dans quels bras ni même comment et ce qu'il allait manger; mais il s'en contrefichait. De plus il avait quelqu'un à qui perler et c'était toujours mieux que Galendarid. L'un dans l'autre ils étaient presque des amis.

Ils se dirigeaient depuis plusieurs jours déjà sur un sentier moussu de la Forêt d'Aduram.
Dans les forêts tout était grouillant de vie.Mais là un silence étrange regnait dans la forêt d'Aduram. Ils marchaient donc au milieu de cette forêt au silence pesant, presque palapable, lorsqu'une rumeur de bataille leur parvint.
Ils arrivèrent dans une petite clairière et apperçurent une elfe entourée de ses gardes qui se faisaiet littéralement déborder. Equipés d'arcs ils avaient éliminé une bonne dizaine de pillards, mais ils seraient vite exterminés, submergés par le nombre de combatants.

Gwaewyr fit signe à Altiom de s'arrêter. Il lui indiqua la bataille qui se déroulait sous leurs yeux. Avec un sourire ils regardèrent alternativement le combat et leur partenaire respectif. Ils conclurent cet échange par un hochement de tête. Ils se séparèrent pour pouvoir prendre les pillards à revers, chacun d'un coté. Les défenseurs étant disposés en cercle, Altiom attaquerait par le sud et Gwaewyr par le nord.

Gwaewyr prit alors sa grande lance dans ses mains et laissa place à Galendarid. La lance était l'arme la plus appropriée pour ce genre de combat: grande et redoutable elle permettait d'éliminer plusieurs ennemis à la fois présentant l'avantage de conserver une certaine distance avec son adversaire direct.

Il se mit en position et imita le cri de l'oiseau moqueur, sa voix imitant à la perfection le chant de l'oiseau, donnant ainsi le signal a Altiom d'attaquer. Il sortit de sa cachette et chargea. Il dut cependant eviter les traits de certains des.....défenseurs!

- Bande de crétins congénitaux! Chiens galeux vérolés! Bâtards mal finis! rugit Galendarid et détruisant pûrement et simplement la boîte cranienne du premier pillard. Je suis avec vous!

Le premier instant de surprise passé les pillards commençèrent à s'organiser: une partie attaquant le Drow et l'autre les elfes. Le Drow sourit à pleines dents: il allait enfin pouvoir danser avec les morts! Il commença alors à attaquer, sautant, virevoltant, dansant, semant la mort à chacun de ses coups. Il jubilait et son rire emplit la clairière accompagnant les bruits d'armes entrechoquées.

Il continua ainsi pendant longtemps..... Ce combat va-t-il avoir une fin? Et dans le secret de son âme il espérait que non.

Le Drow s'amusait comme un petit fou, tranchant çà et là différents membres à différents adversaires. De loin on avait du mal à le distinguer clairement. On voyait plutôt une tornade noire qui blessait quiconque s'approchait trop près. Avec sa lance Galendarid tranchait, brisait, arrachait bref faisait le ménage.

Et il y en avait bien besoin. Les défenseurs elfes ne se défendaient pas trop mal et la petite fille en leurs prodiguant les premiers soins en sauva plus d'un. Son compagnon humain avait reçu un mauvais coup dans le genou et il se déplaçait à présent avec difficulté. Galendarid regarda autour de lui. Le carnage était presque beau à voir, une beauté cruelle, accentuée par la lumière rougeoyante du coucher de soleil. Nombre des brigands gisaient là, morts blessés légers et graves, mutilés se confondant. Galendarid fit alors le tour du carnage et acheva les blessés, méthodiquement, sans émotions aucunes, sourd aux suppliques de ceux qui pouvaient encore parler.

Il subit alors le regard nettement réprobateur de la petite fille. Il planta alors sa lance dans la tête d'un des brigands soutenant le regard de la petite elfette, et la fit tourner dans un bruit écœurant d'os brisés et de cervelle bouillie. La jeune elfe détourna la tête sûrement en prise à de violentes nausées. Galendarid éclata alors de rire.

Il n'aiderait pas les elfes à poursuivre les survivants, ceux-ci ne représentant plus aucune menace pour eux. De plus un "accident" est vite arrivé surtout lorsque vous êtes un Sombre dans une forêt en présence de Sylvains. Galendarid ne voulait pas courir ce risque. Il s'approcha alors de la jeune elfette histoire de lui faire comprendre que ce sauvetage ne se rait en AUCUN cas gratuit....

Altiom parvint clopin-clopant jusqu'aux quelques gardes encore debout (ou presque) et n'eut pas à prononcer le moindre mot. Sa bienfaitrice apposa ses mains sur ses nombreuses contusions, irradiant de lumière, il sentit la douleur s'atténuer, parfois disparaître. Le voyageur lui lança un regard empli de gratitude et lui chuchota un "merci", la voix tremblante.
Après quelques secondes de contemplation, il se releva vivement et prit place dans le cercle des défenseurs. Les bandits avaient souffert: plus de la moitié d'entre eux étaient à terre. Assommés, blessés, morts. Mais loin d'être idiots, ils avaient fait en sorte de diviser les gardes Elfes: seuls quatre Sylvestres assistaient encore la jeune femme. Quatre Sylvestres... et deux combattants aguerris à leurs côtés.
- Chers amis, il est temps de mettre un terme à cet affrontement. Cassez votre formation défensive et enfoncez leur ligne! Ils ne sont pas préparés à une charge! conseilla-t-il à ses coéquipiers. Et sur cette petite parenthèse stratégique, il courut aussi vite que le lui permettait son genou endolori en hurlant férocement à la face de ses ennemis. D'abord perplexe, les être Sylvains lui emboîtèrent le pas en reprenant son cri de guerre singulier: BOUYAKAAAAAAAAAAAAAAAAA!!!!!!!!!
Malgré les soins prodigués par l'Elfette, le noble déchu était au bout du rouleau. Mais il lui restait bien une dernière solution... cette étrange énergie intérieure qui l'avait tiré d'un mauvais pas lors de l'attaque du convoi. Il ferma les yeux, sans pour autant arrêter sa course. Le sang battait à ses tempes, il pouvait le sentir, il pouvait sentir l'air s'engouffrer avec violence dans ses poumons, ressortir dans un souffle rauque, un véritable mugissement, il pouvait sentir la douleur de ses meurtrissures s'évanouir, il pouvait sentir ses forces revenir. Altiom rouvrit les yeux: sans même s'en rendre compte il avait accéléré jusqu'à piquer un véritable sprint, laissant loin derrière ses alliés et déboulait droit sur l'un des brigands. Il le frappa avec une bestialité non contenue de son épaule, l'envoyant au tapis et chutant avec lui, entraîné par la puissance de sa charge. Sortant son stylet par instinct, il le planta profondément dans la gorge de l'opposant à terre et se releva sans même le récupérer. Saisissant son yari à la manière d'un javelot, le vagabond ajusta sa prise et projeta son arme d'hast sur le malandrin le plus proche, l'embrochant sauvagement.
Son soutien arriva promptement en la personne de Galendarid, lui évitant d'être submergé sous le nombre. Les autres Elfes déferlèrent alors sur les forbans débordés de toutes parts, totalement paniqués, hystériques!

L'escarmouche était terminée. Et c'était tant mieux! Le noble sans-le-sou n'aurait pas pu tenir cinq minutes de plus: les effets de sa force intérieur, de sa "magie" qu'il appréhendait avec difficulté, se dissipaient. Envahi par une incommensurable fatigue et transi de douleurs, il s'adossa à un arbre proche, observant le Drow achever les ennemis sans état d'âme. La plupart d'entre eux étaient déjà morts, et sans le savoir l'Être Sombre leur rendait service en leur épargnant des souffrances inutiles, il le laissa donc faire.
- Bon! Inutile de végéter plus longtemps, soliloqua l'Humain en se redressant. Et tout en aidant un frère d'armes Sylvestre à se déplacer jusqu'au groupe de survivants, il interpella la protectrice: chère demoiselle, nous n'avons pas eu l'honneur d'être présentés! Le Drow fourbu que voici se prénomme Gwaewyr Galendarid, Gwagwa pour les intimes, compléta-t-il à voix basse en se penchant vers Estë. Quant à ce joyeux drille, il s'agit d'Eidren, ou comme je le surnomme: Dredren. Moi? Vous pouvez m'appeler Altiom, Alti', Tiom, Titi, qu'importe! Je vous laisse maîtresse d'usiter du nom qui vous siéra le mieux charmante dame. Quoi qu'il en soit, vous nous feriez grand honneur en dévoilant le vôtre, conclut-il sur un ton enjôleur.

Le combat était fini. Un nombre impressionnant de cadavres jonchaient le sol dans une mare de sang. Seul quelques soldats elfes étaient encore debout, dont certains en piteux état… Ils formaient tous un cercle autour d’une ravissante elfe, certainement leur maîtresse. Cette dernière s’était affairée à soigner ses hommes autant que possible, Eidren l’avait même aperçue s’occuper d’Altiom.
Le demi elfe acheva un bandit agonisant, et lui arracha un morceau de manche avec lequel il essuya sa lame. Il partit ensuite en quête d’une de ses dagues qu’il avait lancé et la retrouva fichée dans le cou d’un gredin. Ayant à nouveau son équipement au complet, il s’approcha de l’elfette qu’Altiom avait déjà rejoint. Ce dernier avait apparemment déjà commencé les présentations, en ajoutant une fois de plus sa touche personnelle.
Dredren…songea le sang mêlé avec un sourire, il ne pouvait décidement pas s’empêcher d’affubler des sobriquets à ses compagnons.

L’elfe se présenta à son tour :
- Je me nomme Estë Elenwë, Protectrice de Mera. Enchanté.

- Tout le plaisir est pour moi.

Malgré le visage bienfaisant qu’affichait Estë, le sang mêlé décela tout de même une pointe d’inquiétude dans son regard. Un humain qui lui portait secours passait encore, mais un demi elfe et un drow…Et bien qu’Eidren connaissait peu Gwaewyr, il savait déjà que la suite de l’entrevue allait être…complexe. Ce qu’Estë parut elle aussi préssentir :


- Je vous remercie au nom de moi-même et de mes gardes, de nous avoir aidé. Qu'attendez-vous en retour à présent?

Au moins, elle avait les pieds sur terre, Eidren ne comptait pas partir sans recevoir une petite « récompense » et Gwaewyr serait sûrement du même avis. Toutefois, elle lui paraissait bien démunie : ses riches vêtements étaient resplendissants il y a encore quelques instants et étaient désormais maculés du sang de ses gardes qu’elle avait tenté de soigner.
Estë devait certainement faire partie de la noblesse elfique, du moins au vue de son titre . Protectrice de Méra. Ce titre était à lui seul promesse de richesse.
Le voleur aurait volontiers demandé l’hospitalité pour la nuit dans un des ces pavillons elfiques au confort renommé et aux hôtesses à la beauté légendaire…Hélas, son sang de demi elfe risquait de lui faire du tort et c’était sans parler du drow.

- Ma foi, si nous pouvions en discuter ailleurs…

Ah pour parler ça parlait! Ronds de jambes et autres baisemains Gwaewyr les avaient en aversion. Ce qui expliqua peut être le rictus de dégoût qui lui tordit la perfection de son visage. Il se savait en sécurité malgré les gardes de la petite elfette: en effet ceux-ci n'avaient même pas réussi à repousser une attaque de brigands pouilleux mal équipés et désordonnés. Par contre leur armure et leurs armes étaient d'une propreté irréprochable, cela il ne pouvait pas le nier. Mais à quoi servait une armure rutilante dans la bataille? A cette question il ne trouvait pas de réponse. Encore une garde d'apparat qui n'avait aucune utilité lors d'un combat. La preuve? Lui était diminué par sa récente blessure à l'épaule et son état était loin d'être totalement stabilisé, et il avait quand même défait une dizaine de brigands sans recevoir quelconque blessure.

Les gardes le regardaient, de la haine plein les yeux et il leur rendait une once de folie en plus. La petite elfette s'appelait Estë et était la protectrice de Mera.

- Pouah encore un de ces dieux à la con qui ne rêvent que d'un monde avec pleins de fleurs partout et des lapins qui gambadent gaiement pendant que ces saletés de cousins dégénérés peignent gentiment leurs poneys.

La remarque de Galendarid le fit sourire. Mais pas un sourire joyeux ou même chaleureux, pas un de ceux qui peuvent être communicatifs. Un sourire mauvais qui allait d'une oreille à l'autre laissant entrevoir une dentition impeccablement fournie.

Bien sur que le Drow allait demander quelque chose en retour. La petite elfette n'avait sûrement pas assez d'imagination dans ce domaine pour imaginer un instant ce que ces brigands lui auraient fait si le Drow et ses compères n'étaient pas intervenus. Lui en avait largement assez. Et cela lui donnait des idées.

A cette pensée son sourire s'élargit encore un peu plus et il laissa sa folie l'envahir. Les deux personnalités qui l'habitaient venaient de fusionner parfaitement. Il ne faisait qu'un à nouveau.

Quelque chose le tracassait néanmoins. Cette nouvelle identité nécessitait un nouveau nom.
Bah il trouverait bien plus tard. Lorsque son regard se posa sur les formes naissantes de la petite elfettes ses instincts enfouis en lui de par sa double personnalité se réveillèrent. Et les images qui dansaient dans son esprit auraient fait blêmir le plus aguerris des bourreaux.

Mais le plus intéressant dans tout ça c'était que la nature de sa magie avait profondément changé.

Des langues d'ombres dansaient autour de son corps l'enveloppant partiellement. Son visage se trouva aussi transformé ses pupilles se teintant de noir.

Lorsqu'il releva la tête la "transformation" fut complète. Un nouveau Drow venait de naître à partir de la folie d'un autre.

Et le nouvel arrivant n'avait rien d'un enfant de cœur. Loin de là. Les elfes présents allaient le découvrir à leurs dépens:

- Bien le bonjour noble dame, commença-t-il avec le ton le plus insultant qu'on puisse avoir.

Un garde fit alors un pas vers lui et l'apostropha:

- Hé toi un peu de respect quand tu t'adresse a Dame Es....

Il ne devait jamais finir sa phrase. D'un revers de sa lame le Drow lui soulagea les épaules du poids de sa tête - qui, se dit il ne devait pas être bien important - qui vola en l'air sous le regard ébahi des autres gardes. Ceux-ci essayèrent de réagir mais un regard interrogateur de la part du Drow les incita à plus de prudence.

- Où en étais-je déjà? ah oui aux présentations. Sachez ma Dame que je n'ai pas actuellement de nom.

Il s'interrompit alors illuminé qu'il était par sa trouvaille.

- Pardonnez moi je viens de me le rappeler: Comte Von Drak'Ûl pour vous servir, déclara-t-il avec emphase en exécutant une révérence complexe.

Il sonda alors les visages de son auditoire: les elfes étaient transis de peur,et ses compagnons étaient plus étonnés qu'autre chose. La petite elfe essayait de paraître sure d'elle mais la peur qu'il voyait dans ses yeux contredisait le port assuré de sa tête.

Avec une entrée aussi fracassante nul doute qu'on se souviendrait de lui. Tant mieux il avait de grands projets et il comptait bien les réaliser. Et en ce moment une certaine elfette était au centre de ses préoccupations.

- Bon, mes mignons, j'ai là une besogne toute personnelle à effectuer, veuillez tailler votre route dans les plus brefs délais je vous prie! Il marqua une courte pause, le temps de laisser apparaître un sourire carnassier sur ses lèvres. Puis tout en attrapant le bras de la jeune femme il continua: hohohoho... pas vous très chère... Il tira alors d'un coup sec qui arracha la moitié de sa robe. Et bien et bien, pas la moindre trace de sous-vêtements! En voilà une sacrée chiennasse...

A ces mots un garde, n'y tenant plus, se jeta sur Von D. dague au poing. Sa cible se décala légèrement de côté, esquiva ainsi, et lui écrasa la boîte crânienne de sa botte. Il se camoufla alors dans les ombres, totalement invisible à ses adversaires dans la pâleur du crépuscule, et subtilisa discrètement le poignard d'un des Sylvains... qui fut égorgé par sa propre arme sans réellement comprendre quoi que ce soit à la scène. Le dernier debout fit front avec son comparse hybride et l'humain. Entourant sa lame de ténèbres, il trancha net la main du sylvestre (incapable d'anticiper la trajectoire de l'arme) qui dans un râle de douleur ne put qu'admirer avec quelle grâce le drow le gratifia d'un estoc parfaitement exécuté droit dans la gorge.

Altiom, tout juste capable de rester debout, se prit un coup de genou en plein ventre et crachota une gerbe de sang avant de s’affaler ; contre Eiren cependant le combat durant légèrement plus longtemps, ce dernier ayant quelques (maigres) connaissances des arcanes. Mais son manque d'entraînement ésotérique lui coûta la victoire (ainsi qu'une accablante fatigue), et c'est à genou qu'il termina le duel.

- Bien! Mes chers amis, arrêtons-là l'échange de politesse et contentons-nous d'un simple "au revoir", je m'en voudrais de vous retenir... son sourire se mua en un rictus méprisant et sa voix en un crissement rauque à l'accent péremptoire. Et vous vous en voudriez de me retenir une seule seconde de plus...

Les deux vaincus n'eurent d'autre choix que d'abandonner-là Estë aux mains avides du tortionnaire libidineux.

- A nous deux ma belle... le calvaire de la pauvre enfant ne faisant que commencer.

Spoiler:

Le drow était là, solidement ligoté à un vieux chêne et essayait de se défaire de ses liens… en vain. Chaque esquisse de mouvement lui arrachait un rictus de douleur : la profonde plaie de son épaule s’était rouverte, le sang aurait dû ruisseler à gros bouillon mais au lieu de cela, il était pâteux –le coagulant remplissant-là son office- et s’écoulait lentement. Dans son état actuel, le comte allait jouir d’une mort longue et presque trop douce, se vidant irrémédiablement de son fluide vital. Mais cette perspective n’était pas au goût du demi elfe qui trouvait ce châtiment encore trop doux pour cette aberration qu’était devenu celui qu’il avait sauvé. Tout comme Altiom, un profond sentiment de trahison, amplifié par l’horreur des sévices subit par Estë, rongeait son être et réclamait justice. Le Sombre allait subir une justice impitoyable, lui rendant au centuple les souffrances dont il était l’auteur.
-Il est à toi Eidren. Fais-toi plaisir, je reviendrai finir le travail
- Compte sur moi, lui répondit le sang mêlé avec un entrain non déguisé.

Sans un mot, il s’avança en direction de l’elfe noir. Ce dernier lançait des regards courroucés à l’attention du demi elfe qui l’ignora superbement.
- Tu n’obtiendras pas une seule supplique de ma part sale bâtard !
Et à l’instant même où il finissait sa phrase, un revers de lame coupa net celle-ci, ainsi que ses deux joues. Avant qu’il ne puisse répliquer, une main gantée s’engouffra dans sa bouche, tira fébrilement à lui une langue qui gigotait tant bien que mal pour échapper à son funeste sort, et d’un coup sec referma la mâchoire du captif (tranchant le muscle frétillant et brisant quelques dents au passage). La face ensanglantée du drow était défigurée : son visage se résumait à de multiples lambeaux de chairs poisseux qui ballottaient au rythme de sa respiration saccadée.
- Tu semblais caresser l’illusion que j’allais te laisser le droit à la parole.
Quelques borborygmes s’échappèrent de la gorge du drow, écumante d’hémoglobine.
-Non, ferme ta gueule, intima le mercenaire.
Finalement, cédant à une pulsion soudaine, Eidren lui déchira son épaule meutrie faisant saillir les os de sa clavicule hors de sa chair, dans une symphonie de craquements sinistres. Une douleur d’une atrocité sans pareil s’empara ( ) de tout l’être du drow, tétanisé.
Outre les « remords » d’avoir cédé à ses pulsions, le demi elfe ressentait une certaine satisfaction à contempler le pitoyable état de Gwaewyr. Il se détourna nonchalamment de sa victime pour aller voir Altiom et Estë.
- Je te laisse les restes.