En route vers Aduram

La Demi-Drowe était d'humeur maussade et ce temps gris humide, cette pluie fine et pénétrante, n'y était pas pour rien. De plus son sommeil avait été agité ces derniers temps et il avait vainement essayé de la "réconforter".
Mais là la réaction était curieusement "déplacée".

- Mais je le sais. Et il ne te toucherait pour rien au monde! D'une il ne veut pas; et de deux je ne le laisserai pas faire.

Mais il sentit que la Drowe voulait plus.

- Si on perfectionnait ta maîtrise du combat? proposa-t-il. La caverne est assez grande et ça passera le temps.

Ainsi commençèrent leurs leçons d'escrime, le grand Drow enseignant son art à Maya. La Demi-Drowe apprenait vite et elle assimila très vite les bases. Il lui apprit à se servir aussi bien d'une épée que d'une lance. Mais c'est à la dague que Maya excellait. Il s'en rendit rapidement compte. Son corps souple et agile était pratiquement insaisissable. Mais ses mouvements manquaient encore de fluidité et de précision. Il allaient pouvoir passer à l'étape suivante.

- Aujourd'hui nous allons passer à la vitesse supérieure.

Il dégaina ses 2 dagues et se tint droit comme un "i". Puis il fléchit les jambes et plaça ses dagues devant lui, coudes levés, prise iversée.

- Attaque moi.

Je t’aurais Gwaewyr …

Ces mots firent sourire le Drow. La Demi-Drowe se releva en souplesse et il lui renvoya sa dague.

- Bien très bien même. Maintenant plus difficile. Touche moi.

Et il reprit la même posture que quelques minutes auparavant. la pluie ruisselait sur son visage et ses cheveux . Ils s'observèrent, tournant en rond dans une sorte de ballet intense et stressant. Puis Maya se décida à attaquer: elle tendit son bras a une vitesse stupéfiante et avec une précision mortelle. Il ne pouvait s'ésquiver ni a droite ni a gauche. Il ne lui restait qu'une solution: par en bas! Il se laissa promptement tomber sur le dos et utilisa la vitesse du bras de Maya et le fait qu'elle avait engagé tout son corps dans sa frappe, pour l'envoyer par dessus lui, lui emprisonnant la main et poussant sur ses pieds pour réaliser sa prise. Maya sembla prise au dépourvu et elle décrivit une parabole dans les airs. Elle devait etre moitié Drowe motié chat car elle se reçu en souplesse sur ses jambes. En y réfléchissant bien elle ressemblait VRAIMENT à un chat: tantôt câline tantôt joueuse, toujours gracieuse et d'une élégance nonchalante. Enfin elle n'avait rien à envier du félin tant en souplesse et en agilité qu'en cruauté (pour ce qu'il en savait).

Le combat reprit avec autant d'intensité sinon plus que le duel précédent, les deux protagonistes rivalisant d'igéniosité pour essayer de destabiliser l'adversaire. Puis tout alla très vite. Gwaewyr intensifia la cadence de ses coups avançant sur la pauvre Maya qui ne pouvait que se protéger de la grêle de coups qui pleuvait sur elle. C'est alors qu'elle se baissa et prenant de solides appuis, le plaqua au sol.

La Demi-Drowe le regarda, dardant ses yeux de lave dans les orbites lunaires et froids de Gwaewyr. La pluie ruisselait sur le visage de Maya et on pouvait avoir l'impression qu'elle pleurait. De leurs corps encore chaud du combat s'élevait des volutes de vapeur d'eau de pluie qui s'évaporait, remplissant l'air d'arabesques de fumée, les lavant de leur sueur et de la boue qui les couvrait presque entièrement. Gwaewyr renaissait.

Touché, dit elle simplement.

Et pris d'une impulsion subite il l'embrassa tendrement. Puis il lui posa une question qui le taraudait depuis un certain temps:
- Que suis-je pour toi Maya, un amant de passage ou..... autre chose? dit-il hésitant.
Il soutint, non sans mal, le regard de la Demi-Drowe attendant anxieusement sa réponse.

Gwaewyr laissa Maya s'occuper de lui en silence savourant l'instant, et le contact doux de ses doigts. Il repensait à ce qu'elle lui avait dit. Lui aussi avait peur de perdre Maya et il doutait de l'oublier jamais.

- Tu sais même si jamais la vie nous sépare je ne risque pas de t'oublier! Et puis je pense sincèrement ne jamais aimer quelqu'un comme je t'aime toi. Je t'aime Maya. Je t'aime et je t'aimerais jusqu'à mon dernier souffle. C'en est limite viscéral et la puissance de ce sentiment le rend impossible à décrire avec de simple mots. Après tu me crois si tu en as envie mais je n'ai jamais ressenti ce sentiment avec personne avant toi. Moi aussi j'ai peur Maya, j'ai peur de te perdre, que tu me détestes, j'ai même peur de moi même.

Il attendit une quelconque réponse de la Demi-Drowe mais son visage était fermé et ses yeux illisibles.

- Je t'aime Maya. Une fois que c'était sorti c'était beaucoup plus simple à dire.
Je n'ai jamais été aussi heureux de ma vie que pendant le peu de temps que j'ai passé avec toi. Et j'espère que cette relation entre nous durera le plus longtemps possible. Avec toi je me sens libre, apaisé bref serein. Si je suis ton Drow alors tu es mienne au même titre.

Il espérait au plus profond de son être que Maya le comprenait. Et qu'elle accepterait cette demande implicite de continuer avec lui.

Sa question perturba quelque peu le Drow. Il ne pouvait pas raisonnablement penser qu'il était le premier amant de Maya, mais le fait de savoir qu'il était le premier pour qui elle ressentait ce qu'elle ressentait (et il espérait que c'était de l'amour) apaisait le sentiment de jalousie maladive qui pointait en lui. Une sorte de curiosité morbide le poussait à lui demander combien elle en avait eu, qui ils étaient...... Mais il se l'interdit, la Demi-Drowe semblait assez perturbée comme ça pour qu'il lui rappelle de mauvais souvenir.

- Mais qui te dit qu'ils sont mauvais?

Gwaewyr tiqua mais il ne pouvait pas rester sourd à la vérité sous-jacente de la remarque de Galendarid sans passer pour un idiot borné. Elle avait (sûrmement) eu du plaisir avec ces hommes et il ne pourrait jamais éffacer ça. Il ne lui restait plus qu'à lui en procurer encore plus et lui faire oublier toutes ces aventures...... Il espérait que cela suffirait.

Lorsque la Demi-Drowe vint se blottir contre lui, le contraste était saisissant: lui, immense rocher protégeant de son ombre protectrice une fleur aussi belle que fragile. Il était ennivré par el parfum des cheveux de SA Demi-Drowe qui, sans mauvais jeu de mots, était devenue sa moitié. Il ne comprenait cependant pas sa difficulté à admettre ses sentiments.

Il décida donc de l'interroger plus avant sur son histoire.

- Dis-moi, commença-t-il, pourquoi ne pas profiter de ce temps pourri pour en apprendre plus l'un sur l'autre? Je ne connais presque rien de toi.... et tu n'en connais pas beaucoup plus sur moi si je ne m'abuse.

Il se détacha de son étreinte et étala sa cape sur le sol. Il remit une bûche dans le feu et s'installa de façon confortable sur la cape. Il attendait.

Maya tremblait de tous ses membres. Au fur et à mesure du récit de la Demi-Drowe, Gwaewyr s'en voulait de plus en plus de lui avoir demandé de s'ouvrir à lui.

Mais maintenant il la comprenait mieux et il s'expliquait plus facilement ses sautes d'humeurs et ses nuits difficiles: hantée par le meurtre de son père, elle dormait peu et d'un sommeil agité. Même mort ce salaud la harcelait (et cela avait un coté paradoxal) dans son esprit même, là où elle pensait être le plus à l'abri.

Maintenant il savait. Elle comptait sur lui pour la libérer de ses cauchemars, pour qu'elle puisse enfin vivre sans la peur. Et il acceptait ce rôle volontiers.

- A moi je suppose, dit il après un long silence.

Il lui conta alors tout ce qu'il savait de lui. Ses souvenirs d'enfance étant vagues voire inexistants, il passa sans plus approfondir sur cette période de sa vie. Son adolescence avait été relativement tranquille tout comme son passage à l'age adulte. Puis vint la période de l'armée qui ne s'était pas trop mal passée jusqu'à ce qu'il veuille devenir mage. Là l'Enfer, SON Enfer commençait. Servitude et avilissement avaient été les maîtres mots de cette période de sa vie. Il s'était juré de ne plus jamais servir personne comme il l'avait fait en ce temps. Puis vint la délivrance, le meurtre de son maître.

-........ et là tu m'es apparue, tombée du ciel tel un Ange ou une Déesse, mettant fin à ma (presque) solitude, dépoussiérant des recoins oubliés de mon âme, me faisant ressentir ce merveilleux sentiment que je croyais hors d'atteinte... l'amour.

Il la regarda avec une tendresse et une tristesse sans borne, mais l'amour qui passait par ces pupilles était presque palpable. Il la serra encore plus fort et l'embrassa tentant de noyer ses souvenirs dans l'ivresse de l'amour charnel.