Lessryn Vesz'Talinth [Haut-Prêtre de Meingal Sasshik'Etsh]

Nom/Prénom : Lessryn Vesz'Talinth.
Âge : 278 ans.
Sexe : Masculin.
Race : Le Sombre Peuple.
Particularité : Inspiré, et visionnaire. C'est du moins ce que disent certaines rumeurs.


Alignement : Loyal Mauvais - Tueurs de l'Ombre.
Métier : Haut-Prêtre de Meingal Sasshik'Etsh.
Classe d'arme : La magie de son Dieu ; cependant, servir Meingal implique de savoir jouer du poignard ou de la crosse quand cela est nécessaire.


Équipement :

Pour ne pas déparer avec son allure austère, il affectionne les parures cérémonielles les plus sobres et les plus dépouillées qu'il soit possible de concevoir pour un Sombre. La plus commune est ce manteau couleur de suie, au col serré haut sur la gorge, dépourvu de tout ornement hormis les liserés écarlates qu'arborent franges et ourlets, comme les symboles d'anciennes éclaboussures sanglantes - à moins qu'il ne s'agisse là de véritables séquelles d'un quelconque sacrifice. Parmi ces arabesques sont sertis rubis et grenats, chacun de la taille d'un oeil. Le regard de l'Implacable ne connaît nul repos.

Contre la hanche gauche, passé dans la ceinture, un kriss sacrificiel qui a déjà connu bien des chairs et des coeurs. Celui-là, par lequel s'applique la sentence du Dieu, est finement travaillé et ornementé de gemmes carmines là encore ; Lessryn ne permet pas que sa lame ne s'émousse.

Au flanc droit, son opposé : un glaive des plus communs, de la taille d'une épée courte, uniquement pourvu d'une lanière de cuir. D'un côté l'apparat, de l'autre le dépouillement, car Meingal frappe tout autant le riche que l'esclave.

En dernier lieu vient la crosse, de bois et d'os mêlé, servant le plus souvent de canne ou d'appui ; mais son lourd pommeau fermé en griffe semble fort capable, si la puissance du bras est suffisante, de briser un crâne sous ses assauts.


Description physique :

Lessryn est de ces êtres qu'on ne peut pas ne pas remarquer.


Il est grand. Très grand. De sept pieds de haut est sa taille, dépassant de ce fait la plupart de ses congénères. A l'instar des autres Sombres toutefois, sa musculature est correctement développée et adaptée à sa stature ; sans être massif, sa carrure peut imposer d'emblée le respect.

Sa peau a la couleur d'un bois sombre, ou d'une braise mal éteinte ; quelque chose qui oscille entre brun et gris, sans se définir tout à fait, sans se réclamer de l'une ou l'autre teinte. Mais si la peau n'a rien d'extraordinaire chez un peuple qui arbore traditionnellement la Ténèbre à même sa chair, ses cheveux en revanche, délaissant la neige et l'ivoire, sont d'un rouge sanglant, glorieux, triomphant. Portés longs et relâchés le plus souvent, jusqu'à tomber le long des épaules comme des rivières et frôler, au zénith de leur gloire, jusqu'aux reins, ils sont la marque du Dieu Balafré, l'hommage au sang versé en Son nom, à celui qui fut offert autant qu'à celui qui viendra.

L'allure est noble, majestueuse, hiératique. Les gestes sont lents, précis, assurés. Les mains, longues et fortes, sont de ces fiers instruments habiles à la caresse tout autant que prompts à dispenser le courroux du Dieu. Car si Meingal sait se faire fielleux et patient, il reste avant tout celui qui juge et qui abat.

La voix est profonde, rauque. De ces timbres rampants, capables de couler dans un murmure ainsi que de tonner une sentence. Et l'oeil enfin, rouge grenat, brûle en-dedans, constamment. Investi, habité. Car Vengeance ne prend jamais de repos.


Description mentale :


Investi, habité... Cette lueur au fond des iris est de celles qui trahissent les caractères absolus, dévoués et fanatiques, sinon transis par leur foi. Lessryn est un enfant de Vengeance. Il est né par elle, pour elle, ne connaît qu'elle, n'existe que pour servir Ses desseins, se faire Sa voix et avoir l'insigne honneur d'être le bras qui exécutera Sa sentence. Il est lié à tout jamais au Dieu Balafré, la moindre de ses pensées est teintée des nuances amères apprises auprès du Culte.

Toutefois, à l'opposé de toute attente, Lessryn n'est ni une créature colérique, ni tourmentée, ni prise de fréquents accès de rage - en réalité si, mais la manifestation de sa rage est froide et rentrée le plus souvent. Le Sombre, tout comme son apparence, se fait majestueux et austère de caractère. Il est patient, réfléchi. Soupèse coupables et innocents sous l'oeil impartial du Juge, et applique la loi du Dieu sans faillir. Il est précis, et implacable. Il n'est pas plus cruel qu'un autre, mais ne montre aucune pitié.

Tel est Lessryn. Mais le portrait ne serait pas complet s'il n'était pas fait mention des étranges capacités que certains lui prêtent, à savoir un certain don de prescience. On raconte qu'au cours de ses rêves, le Dieu lui-même se serait penché pour lui chuchoter l'exacte nature du conflit qui opposa le Sombre Peuple à ses mornes cousins de la surface, au tout début des âges, lorsqu'ils étaient encore un seul et unique peuple ; et de ce jour, l'esprit habité de Lessryn serait parfois capable de percer le brouillard qui préserve l'avenir et d'en ramener certaines images - toujours obscures cependant, au sens malheureusement cryptique. Que les visions aient été ou non suivies de faits, la rumeur ne le dit pas.*


Histoire :


"Nul n'offense la légitime servante de Meingal sans en payer le prix".

Ainsi s'exprimait Sszar Izzen, dents serrées et haine au coeur, tandis qu'avec une délectation malsaine elle se repassait en tête le saccage de ses propres appartements. Ils étaient venus nombreux, ils avaient brandi en guise de prétexte un outrage dont elle n'était pas la cause, avant de s'approprier ses biens, d'emmener son compagnon hurlant, de fouler aux pieds son ancienne gloire et de bafouer son nom. Elle savait, pourtant, que l'on briguait depuis longtemps son titre et la fortune de sa famille ; que d'aucuns lorgnaient sur sa place au clergé et que ceux-là se disaient, à mi-voix, qu'il eût été bien pratique qu'une opprobre quelconque tombe sur son nom et la discrédite enfin. L'art du complot est une tradition du Sombre Peuple : nombreux furent les fils noués sans qu'elle n'en sache rien, et la toile dans laquelle elle tomba fit d'elle une incroyante coupable bafouant le nom d'Uriz ; ainsi le courroux du Père des Batailles s'abattit sur elle, quand bien même elle n'eût rien fait qui eût pu outrager le Culte. Elle, Sszar Izzen, digne Haute-Prêtresse de Meingal le Balafré, venait de perdre son titre et son droit à l'existence ; et tandis qu'ailleurs on sacrifiait son compagnon sur l'autel du Dieu qu'elle avait toujours servi, la fuyarde de son côté jurait sur sa foi qu'une telle injustice trouverait tôt ou tard sa rétribution.

Une unique chose, hormis sa propre vie, demeurait en possession d'Izzen. Cette chose était l'enfant qu'elle berçait dans son ventre et qu'elle nourrit, des mois durant, au son de sa haine et de sa rancoeur. Pour que nul ne la reconnaisse après sa déchéance, elle se défigura à la pointe du couteau ; trouva refuge au sein des quartiers les plus insalubres ; et, tous les jours, dans sa retraite nauséabonde, songeant à sa vengeance, elle priait Meingal.

L'enfant naquit. Ce fut un fils ; lorsque la mère put constater de la couleur de ses cheveux, elle sut qu'elle avait été entendu. Car l'enfant, au lieu de présenter la toison pâle si fréquente chez ses congénères, celle-là même qu'Izzen portait en voile devant son visage mutilé, l'enfant, oui, arborait les couleurs d'Uriz, Kiel et Meingal mêlés, ce rouge épais du sang versé, le meilleur et le plus redouté des étendards. Son fils allait être l'instrument de sa vengeance, le cadeau du Dieu en réponse à ses prières.

"Grandis, lui dit-elle. Grandis, fais-toi fiel et flamme. Et lorsque notre heure sera venue, tu porteras jusqu'en son Temple le juste courroux du Rétributeur."

Et l'enfant grandit, grandit, grandit. Comme une plante malade qu'auraient alimentée rage, colère et rancoeur. Il se révéla beau, comme le doit être un enfant du Sombre Peuple. Il se révéla dur, façonné par l'avidité de sa mère. Et il se révéla vif, d'esprit comme de corps. Des années durant, l'ancienne Haute-Prêtresse l'instruisit au culte de Meingal, à ce qu'il est, aux voies qu'il emprunte pour s'adresser à ses fidèles, et à tous les complexes méandres de l'art de la Vengeance. Elle l'instruisit aussi au sujet de son ennemi, Bel'Malag, désormais Haut-Prêtre depuis la déchéance d'Izzen. L'enfant apprit vite, apprit bien. Et quand il fut prêt, acéré et aiguisé comme le poignard du sacrifice, elle le laissa aller. Son rejeton avait tant fait sienne toute la rancoeur dont elle l'avait nourri qu'il n'était plus besoin d'autres prétextes.

Lui que l'on nommait Lessryn s'en alla jusqu'au Temple du Dieu Balafré. Il se présenta sur le seuil, et annonça que tel était son Chemin, par lui voulu, par lui choisi. On fit de lui un nouveau disciple et, pendant longtemps, il resta dans l'ombre, garda le silence, et écouta.

Bel'Malag n'avait pas la foi furieuse de sa mère. Probablement n'avait-il pas de foi tout court. C'était un de ces opportunistes du Sombre Peuple, trop avides et matérialistes pour être sensibles aux chuchotements des Dieux. Il priait Vengeance mais n'en connaissait pas la couleur. Il ne vit pas même l'avertissement des cheveux de Lessryn.

Son nouvel élève s'avérait doué, pourtant. Aucune facette du Dieu Balafré ne lui était inconnu, lui l'enfant né pour et par Justice, pour et par Vengeance. De son savoir et de sa majesté naquit un début de déférence parmi les autres prêtres. Quelque chose qui ne se disait pas, mais qui se ressentait comme un malaise léger ou comme une rumeur qui glisse sans s'attarder. Quelques uns osèrent dire que Meingal lui-même devait visiter Lessryn plus souvent que le Haut-Prêtre. Et peut-être avaient-ils raison.

Pourtant, l'élève prodige restait peu loquace en présence de Bel'Malag. Il répondait aux enseignements et aux épreuves des autres disciples, mais une seule chose franchissait ses lèvres lorsque le Haut-Prêtre s'adressait à lui.

"Meingal attend."

Meingal attend. Ce n'était pas quelque chose d'aussi puéril qu'une provocation. Ce n'était pas même une menace. C'était cette promesse, ce futur inéluctable que Lessryn avait emmené avec lui au sein du Temple. Meingal attend. La curiosité, l'agacement, l'indifférence de Bel'Malag s'effritèrent tour à tour. Et comme un serpent, le fiel de Tesso Uns'aa Ulnen s'installa dans son esprit, s'y lova, et distilla la saveur impérissable du doute.

Meingal attend. Etait-ce le regard, droit et déterminé, qui jamais ne flanchait ? Etait-ce la courbe du visage ou bien l'allure, qui évoquait à Bel'Malag un quelque chose de désagréablement familier ? Meingal attend. Où donc avait-il pu croiser tel regard, connaître de tels gestes, retrouver cette forme de visage ? Derrière Lessryn planait le fantôme de Sszar Izzen, mais jamais le Haut-Prêtre ne put réellement le comprendre.

Meingal attend. Ceci le hanta jusque dans ses rêves. C'était cette ombre qu'il ne parvenait à saisir. C'était ce glaive suspendu derrière sa nuque, qu'il n'osait contempler de peur qu'il ne s'abatte. C'était ce couperet, si lourd et menaçant qu'il semblait être la main du Dieu lui-même. C'était l'attente de Meingal, la Vengeance lente et patiente, qui n'avance pas sur les ailes du vent mais que rien ne peut empêcher d'atteindre son but.

Et l'esprit de Bel'Malag finit par céder. Il n'avait plus la grâce du Dieu Balafré, il n'avait plus sa place en tant que Haut-Prêtre - s'il l'avait toutefois jamais eue. Hurlant et implorant pardon, il se jeta aux pieds de l'autel sanglant, et quêta une réponse à ses tourments.

Mais Vengeance ne pardonne pas.

Ce fut ainsi que le reste des prêtres le trouvèrent, allongé sur la table sacrificielle parée du sang de mille et mille victimes ; son visage était à jamais tordu dans l'angoisse, et son propre kriss, autour duquel ses mains étaient restées crispées, faisait une saillie glorieuse hors de sa chair, fiché dans sa poitrine. Puis ils virent Lessryn, debout près de l'autel, les mains vierges et innocentes de celui qui n'a pas versé le sang de son confrère, et Lessryn, silencieux, souriait.

Alors, à cet instant, tous surent qui Meingal avait choisi.


* [ HJ : Au sujet des "visions" : Je préfère préciser que je ne souhaite pas en faire un outil majeur et surpuissant, plutôt quelque chose à la manière des anciennes pythies - à savoir des images confuses sous forme de symboles et d'énigmes, juste de quoi enrichir mon roleplay. Que le "don" en soit réellement un ou bien simplement le résultat d'hallucinations n'a pas grande importance ; je laisse ce détail à la discrétion du staff :) ]


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