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 Dans l'idyllique Chambrevert, où l'on discute de sujets plus prosaïques

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Aetius d'Ivrey
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MessageSujet: Dans l'idyllique Chambrevert, où l'on discute de sujets plus prosaïques   Dans l'idyllique Chambrevert, où l'on discute de sujets plus prosaïques I_icon_minitimeSam 3 Mar 2012 - 5:10

Chambrevert n’était pas comme le reste des salles du château des Dômes. Cette grande pièce et ses multiples antichambres et autres convenances architecturales avait été la victime des extravagances du roi Ultuant. Celui-ci n’était encore qu’un jeune prince lorsqu’il revint de son voyage en royaume elfique. Impressionné par la grâce de l’architecture des palais d’Anaëh, il avait décidé d’apporter un peu de ce raffinement outre-mont dans ses terres, et à plus forte raison dans son palais.

Assisté des plus grands architectes de la Péninsule et de nombreux savants elfes, il avait totalement réaménagé la pièce, située dans la Tour de la Librairie qui fut, elle-même, grandement modifiée lors des travaux entrepris par le prince Ultuant. Chambrevert, tenant tout un étage de la Tour, avait été percé de longues fenêtres donnant sur l’un des nombreux jardins qui bordaient, les bâtiments du château des Dômes. Le verre avait été, dit-on, un peu de magie en eux, car il reflétait une lumière solaire qui inondait le lieu de façon irréelle, et lorsque l’astre lunaire venait jeter ses rayons, la pièce était auréolé d’une luminosité étrange et agréable.

Mais ce qui étonnait le plus dans Chambrevert, c’était les colonnes qui maintenaient l’édifice. Taillée dans une pierre froide et d’un éclat tirant sur le vert, la colonnade qui jalonnait la chambre dans un chaos savamment orchestré, rappelait un peu l’aspect des arbres dans sa taille. Pour ne rien enlever à leur caractère ambigu, les colonnes s’épanouissaient en une multitude de faisceaux enrichi de feuilles faites dans ce qui semblait être un cristal vert et qui, par sorcellerie elfe soyons-en sûrs, semblait luire d’une lumière tirant sa source des feuilles elles-mêmes. Cette frondaison extravagante et enchanteresse laissait accroire qu’on n’était pas au cœur de la résidence royale, mais à l’ombre d’un bosquet, et que l’éclat du soleil de midi était assagi par les milliers de feuilles de cristal qui recouvraient le haut plafond.
Obombrés par ce chef d’œuvre elfique, une vingtaine d’hommes discutaient autour d’une grande table de chêne trônant au milieu de la pièce ou appuyé sur l’une des colonnes, indifférents aux beautés qui les environnaient. C’était les capitaines de l’armée royale, ou du moins les quelques ladres qui avaient reçu une invitation au couronnement par le régent Aetius. Quelques heures étaient passées depuis qu’ils avaient rendu l’hommage à leur roi, et on échangeait son avis sur la tournure qu’allait prendre la régence de l’Ivrey. La prise de Diantra par le jeune bâtard d’Ancenis avait des relents de guerre civile, et la sédition de Léandre d’Erac était sur toutes les lèvres. Cependant, on se retenait bien de donner des avis trop tranchés : la pièce était pleine d’hommes de Scylla.

En plus des omniprésents chevaliers au baudrier d’argent, il se trouvait leur capitaine à tous, l’effrayant Sigmund aux pieds d’airain, une espèce de quinquagénaire borgne, gras et vieillissant. Vétéran des nombreuses guerres qui eurent secoué la Péninsule et ses environs, le ‘chevalier’ étranger avait plutôt bien réussi sa conversion de capitaine mercenaire en chef de la garde royale. Avec lui se trouvait une poignée de clercs silencieux qui attendaient patiemment l’arrivée de leur maître, ainsi que le coquet Vincente Manolesti. Autre familier des palais du comte, ce dernier, bien qu’un peu plus jeune et vêtu avec plus d’étude, avait peu à envier à la réputation de violence de l’agreste cavalier Sigmund. Mercenaire lui aussi, on lui prêtait des usages de sortilèges terrifiants et un renom peu négligeable dans le monde interlope des corsaires et autres naufrageurs. Entre chien et loup, ce moine défroqué était acoquiné avec les pourceaux de tous les ports ainsi qu’une bonne partie des princes du sud.

On poireauta ainsi un temps, disputant et grignotant un quignon, un fromage ou un des fruits posés sur la table jusqu’à ce que Scylla arriva. Accompagné d’une suite réduite pour les circonstances (l’habile Hubert, deux de ses favoris, une demi-douzaine de chevaliers au baudrier d’argent marchaient à ses côtés ainsi qu’un homme encapuchonné dans une robe d’un bleu nuit), il avait vêtu quelque chose de plus… pacifique. Délesté de son armure de plates, rafraichi d’une légère toilette après des heures d’hommages, habillé d’un simple pourpoint, il ne semblait plus aussi grand qu’auparavant, et si on oubliait la lueur qui frémissait dans le bleu de ses yeux, sa coupe militaire et les éraflures qui jalonnaient gorge et faciès, il avait la gueule d’un de ces damoiseaux de cour, du genre amoureux transi à vous chanter une balade en dessous de votre balcon en rimaillant quelque mauvais poème écrit par sa main.

« Le bonjour, les hommes du roi, » se contenta-t-il d’énoncer en guise de salut. Sans ambages, il s’assit et, après avoir poussé un vague soupir puis souri, il déclara à l’assemblée qui l’imitait peu à peu : « Par le con denté de Tyra, je croyais que ces cérémonies n’en finiraient jamais ! » Sur sa demande, les derniers capitaines s’installèrent.

« Messires et messers, vous êtes la fine fleur de l’armée royale. C’est pour cela que vous vous trouvez à cette table aujourd’hui… Vous êtes les hommes qui n’ont pas failli au roi. Car l’armée a failli. Sinon je ne serai pas là, je ne serais pas régent, et le roi Eliam ne serait point roi, parce que son père serait encore en vie, protégé par ses soldats… »

Cette accusation, au lieu d’éveiller les remous de la petite assemblée, imposa le silence. Peut-être à cause des chevaliers de Scylla, debout derrière les capitaines. Laissant un temps pour encaisser le coup, Aetius alluma sa pipe et tira quelques bouffées avant de laisser échapper une volute de fumée qui, dans Chambrevert, prenait une teinte verdâtre.

« Il y aura des sanctions, bien sûr… Le Lys d’Or est déjà sur le point d’être destitué, je n’ai plus qu’à apposer le sceau royal sur l’ordonnance commandant sa destruction. Quelques-uns, ceux qui ont prouvé leur valeur, seront admis dans l’Ordre du Baudrier d’Argent, d’autres simplement dégradés, mais le reste… le reste je leur réserve une belle corde de Chanvre. Cet Ordre n’est plus qu’un ramassis de traîne-savate depuis la guerre civile, de toute façon…
« L’Ordre du Baudrier d’Argent disposera des droits, devoirs et privilèges du Lys d’Or. Il est affecté à la protection de la famille royale. Le maître de l’Arcanum est désormais Eliam Ier, comme son père avant lui. L’armée en elle-même sera réformée. Elle ne sera plus organisée en armes, mais par compagnies composée en lances, à la manière du nord. Le gros de la piétaille sera hallebardiers, les gens de trait et de machines dépendront du Maître des arbalétriers. Nous ne garderons pas les effectifs colossaux de l’armée actuelle. Nous payons trop cher pour n’avoir en retour que cette médiocrité. Des montres seront organisées afin de juger les hommes, de garder les meilleurs et de punir les plus faibles. Mes hommes s’occuperont de ces affaires, mais vos avis seront utiles. Nous ne sommes pas là pour détruire l’armée royale… »


Cela semblait bien parti pour. Les rangs allaient être fortement clairsemés, et les capitaines avaient même entendu certaines rumeurs quant à la nouvelle génération qui s’en venait. Des clients d’Aetius, des fidèles, des gens de la Brande et d’Heldirion, de Hautval et Scylla…
« Ah, j’oubliais… messer capitaine de Bragebant, vous êtes relevé de vos fonctions et convaincu de félonie envers votre seigneur feu le roi Trystan. Chevaliers, qu’on l’accompagne jusqu’aux appartements qui lui sont réservés. »

Bragebant, un rustaud d’une cinquantaine d’année, était un petit noble du domaine royal ayant décidé de faire carrière dans les armes du roi. Lors de la guerre civile, il s’était illustré lors de la reprise de Diantra, et notamment du massacre de chevaliers rebelles. Ce coup d’éclat mâtiné de cruauté lui avait valu une solide renommée, et il n’hésitait pas à rappeler ses faits d’armes dès que faire se peut. Il avait, cependant, été d’une tiédeur frisant l’incompétence un mois plus tôt, lors de la révolte des Arbalétriers. Mais était-ce pour cela qu’il serait jugé, ou bien le régent prenait-il sa revanche sur ces soldats qui avaient tué ses frères, ses cousins et ses proches lors de la reprise de Diantra ?

Quoiqu’il en soit, il était maintenant hors Chambrevert, escorté d’une solide escouade de chevaliers. Lorsque les portes se furent refermées derrière lui, Aetius reprit.

« Sachez que l’armée est le cadet de mes soucis actuellement. La mort de Trystan et l’odeur de son cadavre ont l’air d’exciter beaucoup de convoitises. Certains de vous connaissent déjà le vieillard nommé Léandre de Lyron. Ce chien profite de la minorité de mon bon neveu pour s’accaparer son héritage, le duché d’Erac. Je pensais que le vieil homme essaierait de s’assurer une position forte et négocier quelques privilèges, mais nos agents semblent plus pessimiste : il veut tout prendre, et à la pointe de son glaive s’il le doit. » Aetius se tourna alors vers Vincente Manolesti et, d’un geste de la tête, l’incita à expliquer plus à fond ce qui se tramait là bas.
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Vincente Manolesti
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MessageSujet: Re: Dans l'idyllique Chambrevert, où l'on discute de sujets plus prosaïques   Dans l'idyllique Chambrevert, où l'on discute de sujets plus prosaïques I_icon_minitimeSam 3 Mar 2012 - 6:23

Après son aventure ou plutôt sa mésaventure sur l’île de Meca, Vincente s’était extirpé de l'île pour déambuler, arrivant finalement-en compagnie Fjama-jusqu’à Pharembourg. Là ils profitèrent quelques jours d’un climat plus calme que celui qu’ils avaient vécut sur l’îlot; Manolesti vacant à ses occupation, sympathisant avec le jeune Nerio et profitant des désirs de sa mère. Puis leurs chemins à nouveau se séparèrent, pour elle la nanie, pour lui Diantra. Il semblerait que les troubles s’étaient intensifiés dans la capitale allant jusqu’à la mort du souverain et que l’Ivrey était sur place afin d’assister le dauphin devenu roi par la force des choses (bref il y avait des cartes à jouer). Avant de se rendre à la capitale des hommes, le fringuant alla prendre la température dans les affaires qu’il avait en cours ici et là, afin d’écouter ce qui se disait dans la péninsule et histoire de relever les compteurs quoi.


Environ une quinzaine plus tard, on le retrouvait dans une salle, aux allures elfique (du moins le pirate n’ayant jamais vraiment foutu un pied dans l’une de leurs citées, il ne faisait que le présumer) orné d’un chapeau magnifique à plume noire, affublé de Bash et grignotant, tout en buvant distraitement. Il examinait la salle sans vraiment chercher à savoir qui était son voisin ou même reconnaitre l’une des crapules qui se trouvaient dans la pièce, car oui la plupart avaient une tête patibulaire. Pendant que le mage était en excursion, Scylla avait réussi à lui faire parvenir une missive qui battait le rappel des troupes et ainsi on était là, à attendre que le régent nous fasse les honneurs de sa présence. Enfin Aetius entra dans la pièce dans une parure moins militaire que celle qu’il arborait lors du couronnement du nouveau roi Eliam Ier et après un rapide salut de connivences, on palabra quelques minutes sur l’incompétence locale. Ça sentait le sapin, pour un bon nombre de gradés pensa le pirate et le régent expliqua sans ambages que l’armée serait morcelées, remplacée par une force moins grande mais plus…adéquate ? On en vint enfin au cas d’Erac pour lequel le noble s’adressa à la vipère noire, qui concevait encore mal de se retrouver dans une salle du palais royale, mais qui s’adapterait sans doute rapidement à cette opulence; pour sur le régent savait recevoir. Il vida son godet et fit l'exposé de ses informations :

" Messers, la situation en Eraçon parait en effet préoccupante. Il semblerait que certains profitent de la mort du roy pour dévoiler leurs vrais visages et cracher sur la couronne et ses possessions. J’ai appris de source sur que le félon Léandre de Lyrion, le corps de notre bon roi encore tiède, avait levé une armée et fait route sur Erac. Si Léandre est un traite et un chien enjoignant les lâches et barbares rivois à le rejoindre dans sa marche, Erac est une catin qui à l’approche de la cohorte a ouvert toute grande les cuisses pour se faire prendre par l’envahisseur sans jamais protester. Ainsi l’ignoble Léandre se proclama duc et bafoua son roi et son hommage, abandonnant la ville aux saccages, aux viols et aux massacres; on dit que le brigandage continu à l’heure où je fais le récit de cet affront envers la couronne. " Un discours plein de poigne et d’émotions à n’en pas douter, d’ailleurs tout en servant un verre avec une nonchalance contrastant radicalement avec ce discours aussi patriotique qu’enflammé, il demanda à l’Ivrey " Ça va mon chapeau ? "
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Aetius d'Ivrey
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MessageSujet: Re: Dans l'idyllique Chambrevert, où l'on discute de sujets plus prosaïques   Dans l'idyllique Chambrevert, où l'on discute de sujets plus prosaïques I_icon_minitimeMer 7 Mar 2012 - 15:22

A la demande la Vipère noire, Aetius jaugea un instant le maître-oeuvre de bonneterie qui trônait sur le chef du pirate. Plongé dans l’observation du chapeau, il ne lâcha pas un instant du regarde cette étrange créature noire et emplumée. Il revint soudainement à ses pensées, détourna le regard du chapeau enchanté et balaya d’un geste ses rêveries.

« Vous l’aurez compris, nous n’avons pas à faire à un chevalier, mais à une bête assoiffée de sang. Ce vieillard profite de la jeunesse de notre bon roi pour mettre en coupe réglée son duché… »

Etonnamment, cela n’avait pas l’air de le déranger plus que ça. Encore une fois, l’ambiguïté de sa position le marquait. Car s’il était régent du royaume au nom de son « bon neveu » Eliam Ier, il était aussi la cause de toute l’agitation qui avait prise quelques semaines plus tôt les Diantrais, il était le fils, bâtard, certes, d’un seigneur rebelle qui avait amené le chaos et la destruction dans la cité royale, effrayé par la force que commençait à prendre le roi Trystan et ses idées progressistes. Aetius devait-il donc se comporter comme le digne tuteur du petit roi en protégeant ses possessions et fortifiant sa position au sein de son royaume, ou bien devait-il écouter ses intérêts de prince féodal et profiter de sa charge pour ses ambitions personnelles, pour l’affaiblissement de la royauté ?

« Morneblois, on vous prétend un peu bête sauvage, vous aussi. Que diriez-vous d’aller rendre la monnaie de sa pièce au seigneur de Lyron ? Prenez quelques dizaines de vos archers, pensez à des hommes qui connaissent le pays éracien. Si vous n’en avez point, je suis sûr que les Heldirois se feront un plaisir de se porter volontaires. »

Les Heldirois, ces gens des montagnes hautvaloises, avaient la réputation d’être des brigands et notamment des voleurs de chevaux. L’Ancenois, Hautval et l’Eraçon avaient de tout temps été leurs cibles préférées, si bien que de nombreux hommes d’Heldirion connaissaient ces pays aussi bien que l’habitant.
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MessageSujet: Re: Dans l'idyllique Chambrevert, où l'on discute de sujets plus prosaïques   Dans l'idyllique Chambrevert, où l'on discute de sujets plus prosaïques I_icon_minitimeMer 14 Mar 2012 - 21:07

Une heure après avoir juré allégeance à son roi, Alrik s'en vint à la Chambrevert, ayant entre-temps troqué l'uniforme de la Garde contre un classique pourpoint. Rien de très luxueux mais suffisant cependant pour ne pas passer pour un gueux au milieu d'aristocrates. Lorsqu'il poussa la porte, il ne crut tout d'abord pas à ce qu'il vit. Une forêt au milieu du château. Il s'avança émerveillé devant le bosquet avant de se rendre compte que ce n'étaient pas de vraies feuilles, mais une sorcellerie elfe telle qu'il n'en avait jamais vu. Qu'importe la mascarade, Alrik se sentait dans son élément, et c'était plutôt une bonne chose qu'il se sente en confiance avant de participer à une assemblée où il aurait, à coup sûr, à justifier de la défaite des hommes du roi face aux émeutiers. Il dévisagea les hommes présents, beaucoup d'hommes du comte avec notamment le tristement célèbre chef des chevaliers du baudrier d'argent, et les fidèles du roi s'ils étaient peu représentés l'étaient d'une bien mauvaise manière, Bragebant faisant partie des hommes n'ayant pas hésité une seconde avant d'assassiner le peuple de Diantra.

Le comte de Scylla s'en vint enfin, et commença par rappeler le cuisant échec de la semaine dernière, ils ne pouvaient qu'assumer leur faute bien sûr, la contester aurait été inutile. Puis il en vint aux réformes qui s'imposaient, il comptait destituer le Lys d'Or pour le remplacer par l'Ordre du Baudrier d'Argent, s'il était indéniable que la garde rapprochée du Roi avait failli, Alrik restait tout de même dubitatif quant au bon développement du Roi aux côtés d'une machine de mort telle que Sigmund aux pieds d'Airain. Enfin, l'annonce la plus importante - et la plus redoutée - tomba comme un couperet, les effectifs de l'armée allaient être réduits, seuls les meilleurs resteraient. Alrik s'inquiéta sur le sort de l'Ordre des Faiseurs de nuit, s'il était à peu près certain de pouvoir battre n'importe quel archer à Diantra, qu'en serait-il de ses amis ? Combien d'archers allaient être mis à la porte si l'on gardait le gros des forces en hallebardiers ? Tandis qu'il réfléchissait à ce problème plus qu'épineux, il ne fit pas attention à la destitution de Bragebant, pour qui il n'avait pas le moindre soupçon de compassion.

Puis l'on en vint au problème d'Erac, un grand classique lors d'une passation de pouvoir, les nobles pensant toujours pouvoir échapper au pouvoir royal. Mais bien que Diantra ait été affaiblie et que l'armée allait être diminuée, elle valait toujours mieux n'importe laquelle des armées ducales et certains apprentis stratèges avaient trop vite fait de l'oublier. Lorsqu'il entendit le sénéchal l'appeler, il n'en crut pas ses oreilles, Aetius d'Ivrey voulait qu'il mène une attaque en Erac ? Après réflexion, c'était plutôt logique, le comte de Scylla voulait en faire autant avec moins d'hommes, il avait dû entendre parler de quelque traque ou embuscade victorieuse qu'Alrik avait mené, et en tant que Capitaine, il avait l'habitude de faire le maximum avec les hommes qu'il avait sous la main. Il se mit au garde à vous :

« À vos ordres ! »
Et comme il ne pouvait décemment pas laisser passer la pique, sénéchal ou pas :
« Je vous montrerais laquelle des deux bêtes mérite la victoire. »
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