Yoeg - Prêtre de Zhak'Bar et Capitaine

Nom, prénom. Zull’Rhan, Yoeg.
Âge. Deux siècles.
Sexe. Mâle.
Race. Elfe noir.
Classe d’armes. Magie.

Alignement. Neutre strict.

Métier. Prêtre de Zhak'Bar & capitaine

Possession, équipement. Yoeg étant un prêtre particulièrement austère, il se revêt d’une simple bure. Cette dernière est sa vieille compagne depuis ses plus jeunes années de noviciat au sein du culte de Zhak’Bar Melrith, le dieu des cataclysmes. Elle est sale, usée, délavée mais d’une incroyable résilience. Cette apparence pauvre ne rend pas honneur à la richesse de sa famille, qui possède une grande propriété terrienne dans l’est oliyan serti d’un magnifique palais. Mais si cette aube mal dégrossie peut mentir sur son statut de fortuné, la collection de livres et de parchemins que l’on retrouve toujours dans l’un de ses navires dénote un certain goût pour les choses de l’esprit et les moyens de le sustenter, ce goût. Car le jeune drow commande un boutre thari, mais nous y reviendrons.
Enfin, il possède un kriss sacrificiel. Il s’agit d’un couteau menu ciselé dans une pierre noire. La légende voudrait que ces kriss aient été fabriqués d’une pierre venue du ciel, envoyée par Zhak’Bar lui-même pour ses émissaires.


Description physique. Yoeg dégage quelque chose de sévère. D’un naturel fin qui confine à l’émacié du fait d’une sous-alimentation chronique, les traits – d’aucuns les prétendent travaillés à coup de hache par un dieu bûcheron – sont taillés et durs. Ce visage rugueux, bien qu’étonnamment régulier, n’est pas harmonieux, encore moins beau, et sa coupe, une iroquoise rasée de frais, n’arrange en rien les choses. Son bas-crâne nu descend jusqu’à deux oreilles pointues d’un bleu coincé entre le nuit et le gris. Ses yeux sont plus flous. Affectés de ce qui semble être une cataracte traumatique, ses pupilles et iris autrefois d’or ont blanchies et se confondent quasiment avec le blanc laiteux de la cornée. Ses yeux blancs peuvent emplir les étrangers d’effroi ou d’appréhension en croisant ce regard manquant, mais peuvent également réveiller un peu de pitié ou de mépris pour cet infirme oculaire lorsqu’on apprend à connaître le sieur.
Car ce regard de lait ne va pas sans inconvénient. Yoeg, à mesure que ce mal progressait, a peu à peu perdu son acuité toute elfique ; les couleurs s’estompèrent pour laisser place à un monde dominé par la grisaille, la lumière solaire provoque des éblouissements parfois suivis de migraines. En tant que nyctalope, sa vision, une fois affranchi des rayons diurnes, reste bonne, bien que les éléments lointains soient souvent flou et que ses yeux se brouillent parfois d’un voile blanchâtre. Malgré cette semi-cécité, Yoeg prétend qu’il peut voir les œuvres de son dieu avec une acuité et un spectre de couleurs dépassant les facultés de sa race, mais on peut se demande s’il s’agit des effets des transes contemplatives plutôt qu’un phénomène réel.

Les origines de ce regard d’aveugle sont floues et le fait que Yoeg se refuse à tout commentaire à ce sujet a permis le développement de toutes une série d’hypothèses fumeuses. Pour certains, il s’agirait d’une malédiction des prêtres de Kiran Delth’moor, la déesse des maladies, pour d’autres, la ligne rougeâtre passant d’un de ses yeux à l’autre viendrait d’un pigment qui aurait, en plus d’avoir marqué la peau de Yoeg, marqué sa vision. D’aucuns enfin pensent cette cataracte due à la trop longue exposition du Zull’Rhan aux rais du soleil.


Description mentale. Yoeg a très tôt évolué dans les conflits de chapelle de son temple. Assoiffé d’absolus, il s’est laissé charmer par une mouvance encore jeune que l’on pourrait appeler suprématiste. Il s’agit d’une interprétation hétérodoxe du dogme de Zhak’Bar qui ferait de lui la main du premier dieu, créateur de toutes choses. Cette mouvance voudrait que le premier dieu, mû par une sorte de colère implacable face à la perversion de sa création, détruirait son œuvre corrompue au moyen de divers cataclysmes. Vision un peu pessimiste du monde, donc, et remise en cause direct de la hiérarchie divine, Zhak’Bar n’étant autre que le père de tous les dieux.

Yoeg, sans grande surprise, a donc choisi ce chemin. Cela se retrouve dans son caractère et son attitude. En effet, il a pris l’habitude de concevoir le monde comme indigne et se confine dans un comportement sacerdotal dégradant – il se considère lui-même comme une créature impropre aux yeux de son dieu, ce qui motive certains de ses gestes : le port d’une bure sale, ses mortifications, ses jeûnes, etc. Malgré ce caractère des plus impliqués et à la fois des plus contemplatifs, il n’a pas su se dépêtrer de vieux passe-temps de fils de bonne famille. Ainsi prête-t-il une attention importante aux évolutions politiques et culturels du Doeb, sa terre originelle, et il a un faible pour la lecture, surtout sacramentelle et théologique, mais aussi plus diverse.


Histoire. L’ascension des Zull’Rhan, une famille de basse extraction, commence vraiment avec la bataille des Cendres, il y a plus de quatre cents ans, et ses conséquences sur l’Ithri’Vaan. Thenghen Zull’Rhan, un homme d’intendance du IVème Ost, vit sa carrière faire un bond en avant lorsque le Puy décida qu’il était temps d’exploiter le pays vaincu. D’abord lié au ravitaillement militaire, puis à l’approvisionnement Ithri’Vaan-Puy, Thenghen se tailla une fortune faite des services efficaces, de tractation avec les têtes du IVème Ost et autres prédations sur les pays conquis.

C’est donc en tant que fils d’un notable de la province, enfant d’un fonctionnaire du Puy, que Yoeg, l’aîné de la fratrie, vit le jour. Il fut bientôt suivi par d’autres frères et sœurs. Il partagea son enfance entre les tours des parvenus et des officiers de Sol’Dorn et l’atmosphère campagnarde de ce qu’on appelle pompeusement – mais à juste titre – le Palais Thenghen, la villa familiale. Ce complexe de bâtisse, véritable chef-d’œuvre d’architecture estréventinoirelfique, trône sur un promontoire rocheux au pied des montagnes du Jezkedanz, appelées Jesdanes par les Péninsulaires. Cette chaîne de monts jeunes, certes lâche, constituait autrefois la frontière naturelle entre l’empire estréventin et les nations d’Estrévent, dont Jezkedanz, qui signifie les Crocs des Dragons. Le relief est accidenté, mais d’étroites trouées et des cols empêchent la chaîne de former une frontière étanche, si bien qu’il n’est pas rare de voir des tribus de Zurthans les pratiquer pour se rendre dans le bassin oliyan.

Autrefois fortin minuscule, l’emplacement fut accaparé par Thenghen qui, à mesure que l’emprise du Puy sur le territoire s’estompait, en devint le propriétaire. Malgré un terrain gibbeux, voire escarpé, de vastes et diverses plantations sont cultivées par les esclaves Zull’Rhan. Ainsi peut-on trouver des coteaux de vignes, les tiges rougeâtres des cotonniers colorés, d’immenses figuiers autour de la villa qui domine ces centaines d’âcres martyrisés, asservis et exploités. Si ces fruits et ses produits apportent un revenu à la maison, leur culture reste secondaire pour les Zull’Rhan ; Thenghen étant un fonctionnaire, une sorte de grossiste au service du Puy, sa villa et la campagne environnante furent avant tout un instrument de prestige. Cela explique grandement l’accroissement perpétuel de ce complexe de bâtisses. Dans les premiers siècles d’usage strictement militaire, la villa Thenghen s’enrichit de pressoirs, d’ateliers et d’écuries, de boulangeries, de celliers et de dortoirs. Les masures de bouse des esclaves firent place à des ailes en pierre, plus tard à des bâtiments de marbre où des jardins enclavés, ombragés par les feuilles de vigne, faisait respirer ce monument à la gloire de Thenghen le parvenu. Et à mesure que celui-ci s’embourgeoisait, à mesure qu’il était invité aux conseils et qu’il lui était demandé de faire profiter à sa race de sa bonne fortune, la villa se mit à s’allonger. Une grande tour fut construite au cœur de la maisonnée, bientôt suivi par l’autre grand corps de cet enchevêtrement somptueux, la salle d’Arcanes, une vaste pièce composée d’une bibliothèque immense et de salle d’études où les savants, les artistes et les mages en vue se réunissent dans l’été, quand la chaleur rend la puanteur de Sol’Dorn insupportable.

Spoiler:

Tout est donc dressé à la gloire d’un mode de vie doux, à la gloire du maître ayant apporté opulence et prospérité à ses domaines. Et c’est dans ce cadre de mollesse et de plaisirs que Yoeg a passé la majeure partie de son enfance. Lorsque vint l’âge adulte, cependant, le jeune drow ne put plus supporter cette atmosphère décadente. Il avait soif d’idéaux, d’absolu, d’extrêmes. Opposé à son père, à sa vie de luxe qu’il considérait comme une existence de faiblesse, il refusa de suivre le chemin paternel et se tourna vers la métropole, où il avait décidé de suivre des études religieuses.

Il fut de nouveau choqué par la mollesse apparente des différents cultes, et, lorsqu’il le put, se tourna vers Zhak’Bar Melrith, le dieu des Cataclysmes. Ce choix lui paraissait le plus adéquat, et ce dieu, jugé secondaire, représentait pour lui l’idéal de révolte qu’il imaginait sourdre dans le cœur de tous les drows. Mais dès son entrée, il continuait à se défier de ces attitudes faibles de la part des prêtres consacrés. Il se jeta donc dans le mouvement suprématiste. Avoir l’orgueil de servir le premier des dieux, celui qui détruira ce monde, était assez pour son besoin d’infini. Peu à peu, il apprit des prédicateurs puis prêcha à son tour. Il était de toutes les luttes, participants aux controverses et aux intrigues. Mais beaucoup d’autres compagnons, il finit par être écarté du pouvoir et, la mort dans l’âme, décida de s’exiler, de retourner en Estrévent, où il pourrait prêcher Zhak’Bar Melrith et admirer ses œuvres.

Il finit ses vagabondages à Thaar, où l’influence de sa famille, mais également de ses prêches, lui permirent de bâtir un petit oratoire au nom de son dieu. C’était il y a presque trois générations humaines, et l’oratoire devint temple. Temple étranger, temple drow certes, mais dont le message avait charmé un certain nombre dans cette ville de marins. Pouvoir conjurer le dieu des tempêtes, apaiser sa colère et s’assurer un bon voyage, il fallait manquer de beaucoup de sens pratique pour n’en pas voir l’aubaine religieuse. Ainsi l’influence de son dieu crût un peu, bien qu’elle restât maigre, marginale.

Enfin, et pour la faire vite, Yoeg se prit d’une certaine admiration pour les mers, qu’il concevait comme l’une des créations les plus infinies de son maître. Bientôt, il accompagna un capitaine au bord d’une galère, et, pendant l’implosion du IVème Ost, forma un équipage de déserteurs drows et de thaarii. Bien qu’incapable de piloter le boutre en question, il en reste le maître. Il faut bien avouer que les marins cherchant des noises à un prêtre du dieu des tempêtes sont somme toute assez rares.